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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 05:44


Poulsenroychevillon.jpgGuillaume Roy (v), Hasse Poulsen (g), Bruno Chevillon (cb)
Quark records

A l'instar de "El[le]" de Françoise Toullec, Une certaine forme de politesse livre une musique aux confins de la musique improvisée et de la musique contemporaine. Musique abstraite et pour le coup, loin du jazz, musique contemporaine dans la sonorité toute en désaccords. Improvisée car, là, rien n'est écrit. Jeu de cordes, doigts qui s'entremêlent sur les instruments, tentative de s'harmoniser avec la volonté de dérouter l'auditeur, musique glissante et percussive ("Détruire, peut être"). Roy / Poulsen / Chevillon propose une musique énergique et puissante en alternance avec des moments de flottements souvent déroutants.
Mais, n'est ce pas le but recherché par ce trio... finalement? Si on extrapole l'idée générale des douze titres du cd, le trio évoque des situations de conflits, d'angoisse, de tension, de mal-être, de malaise. On l'entend dans la musique ainsi que des moments de retraits, d'absence et d'indifférence. Le trio présente une image expressive de ce qu'est notre société d'aujourd'hui: on se parle sans s'écouter ni échanger, on répond par mail sans se connaitre en distribuant provocation, agressivité, conseils ou effets d'annonces (regardez les commentaires des blogs pour vous vous en convaincre) tout en restant derrière notre écran. On gesticule dans son coin sans parler à qui on veut s'adresser. Tout cela amène a un sérieux rétrécissement de l'échange.
Il en résulte une musique dure qu'on écoutera avec attention en concert et même avec passion pour peu qu'on nous expose l'idée de départ. Le fait que le groupe ait enregistré dans une salle, à la Dynamo d'Aubervilliers, sans public explique peut être cette sensation de distance et de flottement entre les intervenants et par conséquent dans la musique. Comme si l'énergie et l'intérêt de la musique s'atténuait entre la scène et la console d'enregistrement; parce qu'il n'y a personne entre pour la capter, la dynamiser, la secouer, l'encourager, la fantasmer. Et cela, les musiciens du trio l'ont subi et cela s'entend: il n'y a pas de résonance symbiotique dans la musique.
Jérôme Gransac

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commentaires

H
<br /> enfin quelqu'un qui le dit...<br /> <br /> <br />
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