Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 07:12
 

 

Comme à l’accoutumée, c’est sans promotion aucune que le groupe vocal « Take 6 » fit salle comble lundi 2 novembre ! Mais cette fois-ci il ne se produisait pas au « New Morning » qui l’a déjà accueilli à plusieurs reprises mais dans la salle majestueuse du Théâtre du Châtelet. En première partie le public découvrit un sidérant chanteur-joueur de ukulélé, Matthew Andre, qui se produisit soit en solo soit en duo avec le claviériste Dominique Fillon. Quant au groupe-vedette, il donna un show (pas d’autre mot, dans la grande tradition de l’entertainment américain) hyper-rodé pour les plus initiés mais toujours aussi jubilatoire dans son enchaînement, son explosive diversité esthétique, le spectre époustouflant de ses possibilités vocales et une empathie continue avec le public. Ce qui fait la force de « Take 6 » aujourd’hui, c’est de faire « groover » avec une justesse incroyable (dans la forme et dans l’esprit plus encore) la grande musique noire en quasiment toutes ses composantes, là où bien des jazzmen purs et durs ont laissé perplexe dans une entreprise ou une revendication similaire…Du gospel le plus dépouillé à Mickaël Jackson, de Stevie Wonder (partie de cuivres synthétisées comprises) à Miles Davis (ce virtuosissime « Seven Steps to Heaven » qui fit croire un instant que Al Jarreau trépignait dans les coulisses pour venir l’interpréter !) et aux standards (de « Just In Time » aux « Moulins de Mon Cœur »), le voyage musical est impressionnant mais se double au surplus d’un hommage constant à la grande tradition scénique négro-américaine : « jokes », « minstrel », « vocal contest », chaloupés « doo-wop » du plus bel effet ou « moon walk dance » d’une aisance féline ! Ce qui reste inouï aujourd’hui encore, c’est non pas la perfection dans la reprise vocale d’indémodables succès mais bien le traitement orchestral de la voix, des voix, avec les effets de sections, les brisures rythmiques, les combinaisons sophistiquées, les contrastes de registres ou, à l’inverse, les unissons les plus suaves que cela implique ! Je ne sais pas si ce groupe est porté par la grâce mais je crois comprendre pourquoi il croit en la grâce…

Stéphane Carini

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires