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27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 17:50

 

Deux jours en Arles, bravant les grèves de transports pour le plaisir de visiter encore ce beau festival, et cette belle ville. Le voyageur, en ces temps troublés, choisit d'être en avance pour avoir une petite chance d'arriver à l'heure, ce qui occasionne l'indispensable pause au bar du Train Bleu : le -très bon- café a pris plus de 9% depuis la dernière fois, et il avait déjà ces dernières années fait un bond de 10% : l'évolution du coût de la vie n'est pas la même à tous les comptoirs....).

Quoi qu'il en soit (comme on dit à l'Alcazar de Marseille), belle escapade. Et l'irremplaçable Nathalie Basson est venu me cueillir à la Gare TGV d'Avignon pour m'éviter les incertitudes de la fin de voyage. En Arles donc, comme je m'obstine à le dire, et à l'écrire, pour résister à l'horrible hiatus du 'à A....'.

24 mai, 16h

J'arrive à la Chapelle du Méjan (dont les suites de la Révolution Française avaient fait un entrepôt pour les toisons des moutons de race mérinos....). C'est, dans le giron d'Actes-Sud (qui occupe tout le secteur : librairie, cinéma, bar-restaurant, bureaux....), un beau lieu de concerts, et d'exposition. Dans ce dernier registre, c'est encore pour quelques jours une belle présentation des toiles du peintre coréen Kim Tschang-Yeul. Retrouvailles avec l'Ami Jean-Paul Ricard, l'autre animateur de ce festival. Le trio du guitariste Philippe Mouratoglou s'active pour la balance : Bruno Chevillon est à la contrebasse, et Ramon Lopez à la batterie, agrémentée de tablas (dont il est un fin connaisseur). Le groupe va fêter la sortie du tout récent «Univers-Solitude» (Vision Fugitive / l'autre distribution), et le concert va aussi comporter deux blues du disque «Steady Rollin' Man, Echoes of Robert Johnson» (même label), enregistré en 2012 avec Jean-Marc Foltz et Bruno Chevillon. 

24 mai, 20h30

Au concert la musique du trio, déjà très intense dans le CD chroniqué dans ces colonnes (suivre ce lien), va prendre encore de l'épaisseur. Le groupe n'a pas joué depuis l'enregistrement du disque en novembre dernier, et ces retrouvailles sont importantes : les échanges sont vifs, tendus et attentifs, la musique est là. Et cela se confirme avec les blues, en duo avec la basse. Philippe Mouratoglou est aussi un vrai chanteur, habité par son sujet. Quand le trio reprend ses droits, la musique va gagner encore en esprit d'aventure, car cet art-là s'éprend de liberté(s).

Le contrebassiste Luca Bulgarelli

25 mai, 16h

Les transports ferroviaires ont repris leur cours (presque) normal, mais les liaisons aériennes sont perturbées. Enrico Pieranunzi était à pied d'œuvre depuis la veille, André Ceccarelli et le contrebassiste Luca Bulgarelli le rejoignent, et tandis que le trio commence l'indispensable réglage de la sonorisation et des retours, le saxophoniste Seamus Blake (Canadien new-yorkais et désormais parisien) les rejoint : le quartette est au complet. Le saxophoniste a joué avec le pianiste à New-York (il y aurait même un inédit, en quintette, au Village Vanguard), le batteur est un habitué des trios du Maestro, et le bassiste a partagé avec Enrico quelques aventures transalpines. C'est la première étape d'une tournée européenne qui verra, ici ou là, des changements de batteur ou de bassiste.

25 mai, 18h30

Tandis que ses parents, la bassoniste Sophie Bernado et le saxophoniste-clarinettiste Hugues Mayot, procèdent à la répétition-balance du trio 'Ikui Doki' avec la harpiste Rafaëlle Rinaudo, la petite Alma (six mois) dort du sommeil du juste, avec sur les oreilles un casque anti-bruit qui veille jalousement sur sa quiétude.

25 mai, 20h30

L'heure du concert est venue pour 'Ikui Doki', l'un des groupes qui cette année ont reçu le label Jazz Migration, et parcourent à ce titre festivals, clubs et lieux de concerts. La musique est un subtil mélange de relectures, très très libres, de la musique française du début du vingtième siècle (Debussy....), et de compositions originales qui exploitent le potentiel de cette nomenclature instrumentale inédite. La harpe, électro-acoustique, dérive de la version celtique. On oscille en permanence entre un esprit chambriste et des foucades contemporaines et acérées, avec d'indiscutables références au jazz, mais aussi à Philip Glass, au rock, au free jazz, et à toutes les musiques du monde. La harpe s'aventure même parfois du côté de Jimi Hendrix ! Et cette première partie de soirée se conclut par un écho des rythmes de l'Afrique de l'Ouest, comme le jazz le fit si souvent depuis les années 60 (et même avant).

25 mai, 22h

Le quartette d'Enrico Pieranunzi va conclure la soirée. Le répertoire est largement emprunté aux disques publiés avec Donny McCaslin au sax. On entendra aussi des thèmes plus anciens, comme le blues Entropy, gravé en quartette et en 1980. L'émulation est forte : le pianiste mène la danse, mais il laisse beaucoup d'espaces d'expression à ses partenaires, tout en jouant avec le tempo et le rythme. Seamus Blake, au ténor tout au long du concert, fait merveille. Les échanges sont vifs et féconds, que ce soit avec la basse de Luca Bulgarelli ou la batterie d'André Ceccarelli. Sur un thème plus lent, et mélancolique, Flowering Stones (du disque «Stories», enregistré en 2011 avec Scott Colley et Antonio Sanchez), la tension va monter progressivement, et après un beau chorus de sax le solo d'Enrico Pieranunzi va parcourir toutes les facettes du piano dans le jazz moderne, le tout épicé de furia transalpine. Et jusqu'à la fin du concert la musique va s'offrir les libertés qu'autorise la passion, et qui va enflammer jusqu'à la ballade offerte en rappel : belle soirée décidément. Merci 'Jazz in Arles'.

Xavier Prévost

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27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 17:50

Philippe Milanta. Wash,

Philippe Milanta, piano solo.

Studio -Cordibay, Chérisy. 27-29 décembre 2012. Camille Productions/Socadisc.

Non, il n’y a pas de coquille sur la pochette. Cet enregistrement de Philippe Milanta date bien de décembre 2012. Par un de ces (heureux) hasards de la production discographique, ces séances sortent seulement aujourd’hui. De l’eau a coulé sous les ponts, l’Elysée a changé de locataire, mais Philippe Milanta a conservé cette fluidité qui contribua largement au succès de ses deux précédents albums « For Duke and Paul » (pour Ellington et Gonsalves), en duo avec André Villéger (prix du jazz classique de l’Académie du Jazz 2015) et « Strictly Strayhorn » en trio avec le complice Villéger et Thomas Bramerie, basse (2017). En sauvant de l’oubli cet enregistrement de 2012, Michel Stochitch (Camille Productions) complète ainsi son œuvre éditoriale consacrée au pianiste en le présentant en solo. L’exercice est toujours déroutant et permet de révéler la personnalité du pianiste, sans aucun filet face à son clavier. Philippe Milanta évolue avec aisance dans le répertoire de Duke Ellington et le démontre ici dans un pot-pourri –Solitude, In a Sentimental Mood, A Single Petal of Rose-enrichi d’un extrait de Reflets dans l’eau de Debussy. Une même délicatesse élégante caractérise cette heure de musique quasiment consacrée aux compositions du pianiste. Il n’est pas question ici d’épater la galerie ni d’exposer sa science.  Nous sommes près de la confidence et chacun est invité à prêter l’oreille et à s’abandonner au charme discret,  désuet,  tout simplement classique du piano de Philippe Milanta.
Jean-Louis Lemarchand
En concert le 30 mai au Sunside (75001) à 21 h.

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27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 11:07

Dom 2018
Olinka Mitroshina (p, vc), Georges Guy (g) + Serge Haessler (tp), Marine Thibaut (fl), Pascal Pistone (p) Thescam (elect)

Fascinating rhythm, Nice work, I got rhythm, But not for me, It ain’t necessarily so etc… autant de monuments de Broadway et de Guerswhin qui ont alimenté les meilleurs pages du real Book.

Inusable matière au jazz et… au blues.

Lorsqu’en septembre l’on s’apprêtera à fêter les 120 ans de la naissance du compositeur, les manières de lui rendre hommage seront délicieuses lorsqu’elles s’exprimeront sous la voix et l’inspiration d’Olinka Mitroshina.
La chanteuse et pianiste, droit venue de ses terres russes ( qui savent ce que le blues veut dire) et que l’on commence à voir et à entendre animer les jams sous les voûtes des caves parisiennes , embrasse son sujet avec un délice gourmand avec une pointe de désuétude qu’elle noie dans sa propre modernité.
Il y a chez Olinka une sorte de truc amoureux avec ces grands standards et avec l’une des plus grandes interprètes du blues, la grande, l’immense , l’incommensurable Bessie Smith. Alors Olinka ne l’imite pas ( ce serait fou !) mais s’en inspire. Que ce soit  sur Bess, you is my woman now ou encore sur ce Bessie’s mood écrit des mains de la chanteuse).
Tout dans les arrangements respire l’amour du blues. Qu’il s’agisse du blues du delta ou de celui (autre subtilité) qui vient de ses digressions comme thème d’étude sur I got rythm qui avec une intelligence malicieuse jette des ponts entre le classique ( à la mode Ravel) et le ragtime. Jerry Roll Morton dit pas mieux !

Parfois Olinka pose ses doigts sur la piano avec talent et avec l’énergie qui vibre. Parfois elle ajoute par-ci par là une touche hyper discrète d’électrique, parfois le son d’un trompette qui chante avec elle. Et puisil y a aussi la guitare de Georges Guy comme sortie tout droit du Delta.
Et puis au delà de ces arrangements, il y a cette voix, grave comme il faut , un peu crade parfois comme il convient au blues lorsque celui-ci vous colle aux basques et flotte dans des vapeurs d’alcool et de trucs pas corrects. Une voix avec ses modulations qui charrient l’histoire de cette musique, comme on porte son bagage léger, son jean préféré ou ses souvenirs d’amoureux perdus. Il y a de l’âme dans cette voix. Et une sacrée personnalité ( écoutez bien l’album jusqu’au bout, une surprise vous attend à la fin du chemin :-) )
Cet album s’écoute en boucle. Je ne m’en lasse pas. Il m’a fait voyager aux confluents du Mississipi , il m’a fait voyager dans les bouges de Chicago, il m’a fait voyager dans le temps dans lequel notre monde restait pourtant bien présent, il m’a fait voyager immobile mais léger.
Parce que dans cet album il est question de joies, de peines, de larmes.
De blues , quoi !
Jean-Marc Gelin

 

OLinka Mitroshina anime tous les jeudis soirs la jam du Port Du Salut. Prochain concert le jeudi 31 mai à 21h45....

 

 

 

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25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 10:04

 

Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fred Escoffier (piano, claviers), Bruno Chevillon (contrebasse, guitare basse), Éric Échampard (batterie)

Paris, février 2016 & Meudon, septembre 2017

ONJ Records JF007 / l'autre distribution

(CD simple & double Vinyle)

 

Un belle idée : réenregistrer, en acoustique, un répertoire qui a été capté, et publié, en version électrique. La matière du disque originel («Rebirth», publié en 2016) avait été produite au studio Ferber. Pour cette relecture unplugged, cela s'est fait dans la Chapelle Saint-Philippe de Meudon. Parti pris très acoustique, donc. Les 8 premières plages donnent les versions 'Reverse', sans électricité ni électronique, du disque «Rebirth». C'est très éloquent, comme une réflexion philosophique sur le même et l'autre, l'identité et l'altérité. Mais cette philosophie-là est incarnée, enracinée dans la matière sonore, qu'elle soit sans artifices technologiques ou au contraire nimbée dans ses atours électro-numériques. Il y a plusieurs manière d'écouter le disque : analytique, en allant chaque fois chercher la version électrique pour la rapprocher, avant ou après, de l'acoustique ; ou au contraire hédoniste, en s'immergeant dans la continuité du CD, sons 'naturels' d'abord, puis sons 'technologiques'. J'ai testé les deux modalités d'approche, et très honnêtement je serais bien incapable de privilégier une approche plutôt que l'autre, d'autant que mon choix initial (l'ordre du CD) conditionne déjà ma perception, et ma réception. Donc vous savez ce qui vous reste à faire : écouter le disque pour vivre cette riche expérience. Quoi qu'il en soit, plugged ou unplugged, la musique est sans arrêt intensément présente, nous rappelant, si nécessaire, que dans le sentiment esthétique l'art et la technique ne sauraient se confondre. Nous rappelant aussi que Fabrice Martinez est décidément un musicien de haut vol, et qu'il serait tragiquement irresponsable de le négliger, fût-ce par distraction !

Xavier Prévost

 

Le groupe jouera, pour la sortie du disque, le 28 mai 2018 à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin, au même programme qu'un autre groupe qui publie également un nouveau CD sous le label ONJ Records, celui du tromboniste Fidel Fourneyron. Fabrice Martinez et son groupe 'Chut !' joueront également le 31 mai à Quimper, au Théâtre de Cornouaille

 

Infos et extraits sur le site de l'ONJ

http://www.onj.org/record-label/fabrice-martinez-chut-rebirth-reverse/

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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 19:15

Geenleaf music 2018
Joe Lovano (ts) Dave Douglas (tp), Lawrence Fields (p), bassist Linda May Han Oh (cb) Joey Baron dms)

Les arbres dit-on ne montent pas au ciel. Les géants du jazz eux, le peuvent ! Et dans leurs sillages non seulement ils atteignent des sommets éternels mais en plus, ils vous emmènent avec eux tutoyer les anges.

Le nouvel album que signent Joe Lovano et Dave Douglas, deux vieux compagnons de route, est de ceux qui marquent l’année de leur sortie mais aussi l’avènement d’un événement musical d’où émerge un groupe en tous points exceptionnel. D’une dimension rare.

La trace des géants, ici c’est Footprint et Wayne Shorter ( « Adam’s apple - 1966), cette trace que suivent ici les membres de ce fabuleux quintet. La musique du saxophoniste est en effet ici à l’honneur comme le matériau privilégié qui nourrit l’âme et l’esprit de ces musiciens emmenés par un duo d’une rare intensité. Car entre le ténor de Cleveland (Joe Lovano) et le trompettiste de New-York (Dave Douglas), la complicité est déjà ancienne. Fusion. Télépathie. Ces deux-là parlent le même language. Se comprennent. Se complètent. Lorsqu’ils jouent ensemble c’est comme si le même esprit flottait sur eux, les enveloppaient du même voile animé du même souffle. Du même vent qui les emportent. Au son plein et ample de l’un répond les incises parfois brillantes et parfois éthérées de l’autre. Une même compréhension de l’harmonie qu’ils aiment à caresser. La musique est entre eux comme un trésor en partage. Le fil conducteur qui les amènent à jouer ensemble dans le même mouvement, avec la même intensité.
Alors quand ils s’inspirent de la musique de Wayne Shorter, l’un des plus grands compositeur de jazz du XXème siècle, il ne peut en résulter que pures merveilles.
Ici l’harmonie si chère à Shorter devient prétexte aux enveloppements, aux effluves musicales qui tournoient comme tournoient leur jeu de questions-réponses, en contre-chants sublimes et en âmes flottantes.
Téléphathique vous dit-on !
Et il faut cela pour s’attaquer à des monuments comme ce Fee-Fi-Fo-Fum tiré du mythique « Speak no evil », modèle d’écriture sublime et complexe ou encore ce Juju tiré de l’album éponyme (1965) et ici magnifiquement arrangé par Joe Lovano dans le pur esprit Shorterien.
Tout dans cet album est prétexte à monument.
Et pour couronner le tout encore fallait t-il s’appuyer sur une rythmique de très très haut vol qui vient à leur rencontre telle la charge de la brigade légère. L’association de Linda May han Oh à la contrebasse et de Joey Barron à la batterie confine au génie. On ne présente plus le batteur dont chacune des prestations est un modèle d’intelligence du drive quel que soit l’environnement dans lequel il s’exprime. La contrebassiste quand à elle livre peut être l’un de ses meilleurs albums. Elle est un socle solide, l’assurance du groove sous jacent, la base de tout. Peu de contrebassiste au monde peuvent élever leur niveau comme celui de Linda qui porte une grande partie de cet album. Quand au pianiste Saint Louis, Lawrence Fields, là aussi chacune des interventions porte une incroyable richesse harmonique. Comme de pures enluminures. Qu’il soit devant les solistes ou derrière, qu’importe. C’est un jeu d’une rare pertinence.
Produit sur le propre label de Dave Douglas, « Scandal » est un pur chef d’oeuvre.
Il n’ y a que Wayne Shorter lui même et son quartet qui domine le monde du jazz depuis quelques décennies qui puisse rivaliser sur ce terrain. Avec Danilo Perez, John Pattitucci et Brian Blade, ils tutoient les Dieux.
Joe Lovano et Dave Douglas quand à eux tutoient les anges.
Jean-Marc Gelin

 

LE QUINTET SERA A MARCIAC DIMANCHE 29 JUILLET

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19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 23:00

 

Antonio Sanchez (batterie, composition), Vince Mendoza (arrangements, direction d'orchestre)

WDR Big Band : Johan Hörlen (saxophones alto et soprano), Karolina Strassmayer, Pascal Bartoszak (saxophones altos), Olivier Peters & Paul Heller (saxophones ténors), Jens Neufang (saxophone baryton), Wim Both, Rob Bruynen, Andy Haderer, Ruud Breuls, John Marshall, Tom Walsh, Rüdiger Baldauf, Lorenzo Ludemann, Martin Reuthner, Jan Schneider (trompettes), Ludwig Nuss, Shanon Barnett, Andy Hunter (trombones), Mattis Cederberg (trombone basse), Paul Shigihara (guitare), John Goldsby (contrebasse), Omer Klein (piano)

Cologne, 5-10 décembre 2016

CamJazz CAMJ7922-2 / Harmonia Mundi

 

Comme sa consœur de Hambourg (NDR : Norddeutscher Rundfuk) , la radio-télévision de Cologne (WDR : Westdeutscher Rundfunk) dispose d'un très bon big band permanent. D'autres organismes de radiodiffusion des länder allemands conservent encore ce privilège, mais WDR et NDR ont la politique la plus active et la plus ambitieuse. L'invité du WDR Big Band est cette fois le batteur Antonio Sanchez, qui apporte des compositions issues de ses disque précédents («The Meridian Suite», «Three Times Three», «New Life») et en confie l'arrangement à Vince Mendoza. Si j'ai parfois été réservé sur le travail de cet arrangeur quand il ajoute des cordes (assez académiques) à l'orchestre de jazz, j'adore les couleurs qu'il déploie avec la nomenclature d'un orchestre de jazz. Et là, franchement, je suis comblé. Les thèmes sont plus qu'exploités : magnifiés. Et les nombreux très bon solistes de l'orchestre (Johan Hörlen, Ruud Breuls, Paul Heller, John Marshall, Andy Hunter....) trouvent à s'exprimer dans des formes très soignées, voire sophistiquées. Le batteur est aussi présent comme soliste, mais s'il n'envahit pas les plages, la qualité (et la spatialisation) de la prise de son lui confèrent une présence intime, au cœur du sujet. Un panoramique large et contrasté met en relief les différentes sections de l'orchestre (avec parfois un brin d'ostentation, mais quel beau travail). Vivement recommandé donc aux amateurs de big band, de beaux arrangements, de batterie, de bons solistes, de belle prise de son, et plus largement.... aux amateurs de jazz : ça fait du monde !

Xavier Prévost

 

Des extraits sur le site de CamJazz

http://www.camjazz.com/home/8052405142993-channels-of-energy-cd.html

 


 

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 22:18

Baptiste Herbin saxophone alto et soprano, Eduardo Farias, piano, Daryl Hall, basse, Ali Jackson, batterie. Studio Palissy, Beaumont (63110), 23 octobre 2017. Space Time Records/Socadisc.

 

J’avais failli oublier le dernier album de Baptiste Herbin. Négligence coupable. En le choisissant comme disque de la semaine (du 21 au 27 mai), Fip vient me rappeler à l’ordre. Le saxophoniste (alto et soprano) confirme tous les espoirs placés en lui dès ses débuts ne serait-ce que par Aldo Romano. Au sein du quatuor de saxophones Fireworks (avec Jean-Charles Richard, Vincent David et Stéphane Guillaume) il démontre son ample connaissance de l’instrument (cf notre compte-rendu du 3 février 2018). En leader, Baptiste Herbin révèle non seulement sa fougue mais aussi son ouverture d’esprit. Julian « Cannonball » Adderley reste l’un de ses maîtres et il le manifeste, « pied au plancher », dans « For Julian », titre ouvrant Dreams and Connections. L’esprit du be-bop tendance hard bop est bien là dans ses compositions -7 sur les 10 morceaux de l’album- et plus spécialement dans Dreams and Connections. Mais Baptiste Herbin fait une incursion dans la musique classique (Poor Butterfly, de Hubbell-Puccini) et, innovation, la brésilienne (Confusao Geral, Um a zero). Fréquentant régulièrement la scène brésilienne, où il a effectué une récente tournée, le saxophoniste y a détecté un pianiste, Eduardo Farias, révélation de cet album et du concert de lancement le 4 avril dernier au New Morning. La rythmique –Daryl Hall, basse, et Ali Jackson, batterie- apporte une base vive et souple à ce quartet qui propose un des albums les plus revigorants (et les plus concentrés, moins de 50 minutes) de ce premier semestre.
Jean-Louis Lemarchand
Prochains concerts de Baptiste Herbin : en juin : 3 et 10 à Moscou avec son quartet, 16 à Paris au Duc des Lombards au sein du quintet de Pierre Marcus, 22 à Marseille dans le Robin McKelle Band ; 23 à Versailles, en duo avec Sylvain Beuf.

 

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 09:15

 

Philippe Mouratoglou (guitares acoustiques), Bruno Chevillon (contrebasse), Ramon Lopez (batterie)

Pernes-les-Fontaines, novembre 2017

Vision Fugitive VF 313015 / l'autre distribution

 

La première minute de la première plage ressemble au début d'une improvisation libre fondée sur l'écoute et l'interaction. Mais bien vite la composition se dévoile, et pourtant le dialogue tendu et attentif, comme dans la musique improvisée, semble toujours prévaloir, ou tout au moins conserver ses pleins droits. Dialogue tendu, empathique mais pas emphatique, tant il est vrai qu'en art (tous les arts, pas seulement plastiques, mais aussi la musique, la littérature, la grande cuisine ou l'équitation de haute école....), en art donc la tension est génératrice de ce mouvement par quoi la sensation, ou le 'sentiment esthétique', surviennent. La tension est souvent associée à la détente dans bien des théories esthétiques, qu'il s'agisse de jazz (pour élucider laborieusement le swing) ou de tout autre domaine (la tension provoquée par les dissonances olfactives et gustatives peut être un sommet de l'art culinaire). Et dans la musique au sens large, une tension sans réelle résolution peut produire une véritable jouissance esthétique, quand une franche et nette résolution provoquerait un simple plaisir. Ce trio, dans son fonctionnement libertaire et totalement maîtrisé tout à la fois, nous transporte dans cet espace d'incertitude, où la musique n'est jamais prévisible, et pourtant toujours exactement pertinente. Ce pourrait être un climat folky, une ballade irlandaise ou un standard mélancolique, mais l'intensité gronde et veille. Des plages courtes alternent avec des développements plus étendus, cependant la musique ne nous lâche pas, elle nous tient captifs. Même si les compositions sont de la plume du guitariste, la musique est constamment collective, à un degré qui tutoie l'absolu. Viennent, successivement : un hommage d'une sombre beauté au chanteur Scott Walker, États-unien qui a choisi l'Angleterre, et qui bien que méconnu, a marqué la pop music tout en reprenant Brel comme personne ; puis une reprise de Lonely Woman d'Ornette Coleman, thème lentement disséqué avec une intensité plus qu'humaine. Et le disque se poursuit, pour deux plages encore, jusqu'à la clôture d'un ensemble que je qualifierai, sans réserve, d'une sidérante beauté.

Xavier Prévost

 

Le trio sera en concert le 24 mai au Festival 'Jazz in Arles' et le 14 juin à Paris au Studio de l'Ermitage

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=5tm8n1zT0_I&feature=youtu.be

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 17:33

 

Dexter Goldberg (piano), Bertrand Beruard (contrebasse), Kevin Lucchetti (batterie)

Malakoff, 27-29 octobre 2017

jazz&people  JPCD 818004 / PIAS

 

Choisir pour son premier CD un graphisme, et une couleur, qui rappellent « Swingin' Affair » de Dexter Gordon (Blue Note, 1962), ce pourrait être abusif. Ce n'est pas le cas, même quand on est pianiste, si l'on se prénomme Dexter.... et que l'on est fils de saxophoniste. Mais l'allusion s'arrête là, sauf à considérer qu'il s'agit aussi d'une revendication de jazzman. Je ne fais évidemment pas allusion au 'vrai jazz' revendiqué par une vieille garde, mais plutôt à une manière d'être, de s'investir dans la musique, dans son caractère collectif, dans le goût de la pulsation, du groove, de la liberté qui permet de s'évader, plusieurs fois au cours de la même plage, du cadre que l'on aurait pu postuler comme immuable. Dexter Goldberg aurait pu se précipiter, dès sa sortie du département de jazz du Conservatoire (national et supérieur) de Paris, pour graver un premier CD. Il a, judicieusement, fait un autre choix, celui de la maturation. Son langage, et son trio, sont parvenus à une certaine maturité, laquelle justifiait pleinement l'enregistrement d'un premier opus. Venu assez tard au piano, mais précocement au jazz, il aborde cette musique par le vif du sujet, qu'il s'agisse d'une ballade mélancolique ou d'un thème à l'impulsion rythmique très affirmée. Dans ce dernier cas, il ne dédaigne pas, au détour d'une barre de mesure, de changer de tempo, voire de bifurquer provisoirement vers un autre sentier thématique. Un jazz libre en somme, même s'il s'inscrit dans un relatif classicisme, celui qui prospéra des années 50 à 70 pour trouver encore aujourd'hui tout son sens. On perçoit, au fil du disque, un goût de la scénarisation et de la segmentation qui rappelle un peu ce que pratiquait Ahmad Jamal dès les années 50, et encore aujourd'hui (parfois chez Jamal jusqu'à saturation....). Chez Dexter Goldberg, le choix de compositions originales, à l'exclusion de tout standard, paraît judicieux, et assumé. On peut, surtout pour un premier disque en leader, raisonner différemment et considérer qu'un ou deux standards seraient un (examen de) passage obligé, façon de valider sa légitimité à l'aune des références existantes. Mais ce qui paraît vraiment légitime, c'est peut-être de s'affranchir d'un quelconque adoubement pour suivre le conseil de René Char «Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque» ; et en paraphrasant le poète on ajoutera.... à t'écouter ils s'habitueront ; et même ils en redemanderont !

Xavier Prévost

 

Le trio est en concert le 17 mai 2018 au Prisme d'Élancourt (Yvelines), le 18 à Paris au Sunside, et le19 à Saint-Gillles-Croix-de-Vie (Vendée), au festival Saint Jazz sur Vie

 

Sur Youtube le clip Waves of Sand

https://www.youtube.com/watch?v=TddVFFD3agM

 

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 08:02

GUILLAUME CHERPITEL : « Choc »
Autoprod
http://guillaume-cherpitel.com/discographie/

Guillaume Cherpitel (p), Alexandre Ambroziak  (dms), Jean-Luc Déat / Contrebasse


Guillaume Cherpitel est un jeune pianiste de Metz encore très peu connu à Paris. Nous l’avions pourtant remarqué lors de son précédent album (http://lesdnj.over-blog.com/article-guillaume-cherpitel-cercles-et-variations-47116602.html) paru en 2010 qui avait alors fait une forte impression par la maturité qu’il dégageait, déjà.
Je n’ai donc pas hésité un seconde en recevant ce nouvel opus, impatient de découvrir si la promesse d’un nouveau talent du jazz allait être tenue. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Guillaume Cherpitel franchit encore une nouvelle étape. Car disons-le tout net, cet album est un petit bijou ! Une pépite !
Celui qui fut honoré du 1er prix de soliste lors d’un concours de jazz, s’y montre en effet exceptionnel dans au moins trois registres : l’interprétation; l’improvisation et les compositions (qu’il signe pour toutes les plages de cet album). En entendant la richesse de son jeu et de ses propositions, en entendant ce qu’il parvient à créer en trio je pense à certains illustres de ses prédécesseurs et notamment à Jean-Michel Pilc. Car c’est vrai qu’il s’en dégage une maîtrise hallucinante des harmonies entre lesquelles Guillaume Cherpitel  se ballade avec un brio jamais ostentatoire. Le naturel qu’il nous faut pour parler, lui l’a au bout de ses doigts explorant toutes les possibilités du piano avec une agilité déconcertante. Passant de thèmes atonaux à un groove toujours élégant et un swing qui coule de source, mêlant des références au jazz mais aussi à un certain classicisme dans une combinaison parfaite.

Guilllaume Cherpitel a côtoyé quelques maîtres contemporains comme Omar Sosa ou Bojan Z. J’aurai aussi juré qu’il avait dû allumer quelques cierges en écoutant dévotement Alain Jean-Marie tant sa classe chaloupée évoque parfois le maestro.
Car c’est cela en fait, quelque chose d’indéfinissable mais qui fait que Guillaume Cheptel exhale le jazz comme une forme d’incarnation.

Seule (toute) petite ombre au tableau : celle qu’évoquait Bill Evans lorsqu’il évoquait ses relations difficiles avec les  batteurs de trio. Car en l’occurrence c’est là où le bât blesse un peu, le batteur n’étant pas au diapason du trio, avec une sonorité par trop métallique et une expressivité qui aurait mérité plus d’effacement. Sans quoi l’Album eût été d’une rare perfection.

IL Y A URGENCE À DECOUVRIR GUILLAUME CHERPITEL.
On l’exhorte : «jeune homme, faîtes vous découvrir ! », on l’encourage « Dévoilez-vous auprès des journalistes, des programmateurs et de tout ceux qui aiment le jazz », et l’on interpelle toute la profession : Guillaume Cherpitel a de l’or au bout de ses doigts.
Jean-Marc Gelin

 

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