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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 21:23

ENSEMBLE ART SONIC «Le Bal Perdu»

Joce Mienniel (flûtes), Sylvain Rifflet (clarinettes), Sophie Bernardo (basson), Baptiste Germser (cor), Cédric Chatelain (hautbois, cor anglais). Invité : Didier Ithurssary (accordéon)

Paris, 11-14 avril 2016

Drugstore Malone DM 006 / L'Autre Distribution

 

Après «Cinque Terre», enregistré en 2013, Art Sonic récidive avec un second CD. Toujours une sorte de «musique de chambre progressive», comme le définissait alors le groupe, avec cette fois un parti pris de bal populaire. Des valses, signées par les maîtres de l'accordéon jazz (Gus Viseur, Jo Privat, Marc Perrone....), mais aussi par Gainsbourg, Alain Goraguer (à l'origine sur un texte de Boris Vian : la Java des bombes atomiques), et Il Camino d'Aldo Romano, avec le double pari d'orchestrer selon les ressources, considérables, offertes par l'instrumentation du quintette à vent classique, mais avec les libertés que le jazz et les musiques populaires autorisent. Le résultat est musicalement subtil, mais aussi très vivant, et comme le jazz c'est aussi une musique qui s'écoute avec les pieds (ici ceux des fondus de la valse), ça tangue avec bonheur. De l'humour, de la légèreté (la page introductive baptisée Ouverture ; le désir de danser qui traverse tout le disque), mais aussi un formidable amour, doublé d'un savoir-faire, d'artisans de la musique. Et des arrangements-orchestrations signés par les membres du groupe (les deux initiateurs : Joce Mienniel et Sylvain Rifflet, mais aussi par le corniste Baptiste Germser), qui reprennent parfois, en les citant, des arrangements antérieurs (d'André Popp à Christophe Monniot en passant par Lionel Belmondo). Bref de la (très bonne) musique de musiciens, entièrement faites à la main. On aime !

Xavier Prévost

 

En concert au festival Banlieues Bleues le 16 mars 2017 à la Dynamo de Pantin

Des infos :

http://www.drugstoremalone.com/drugstoremalone/EAS_Le_Bal_perdu.html

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11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 11:41
NUCLEAR FAMILY Joe MCPHEE & André JAUME

NUCLEAR FAMILY Joe MCPHEE & André JAUME

Corbett Vs Dempsey

Joe McPhee alto & tenor saxophones, pocket cornet

André Jaume alto and tenor saxophones, bass clarinet

 

Enregistré en studio à Paris pour le  label suisse Hat Hut en 1979, ce Nuclear family est une nouveauté qui est restée près de 40 ans oubliée, puisque cet album n’est jamais sorti ! Mystère de la production, défaut de distribution? On ne saura vraiment jamais ce qui s’est passé mais l’essentiel est que nous puissions entendre aujourd’hui, avec le recul et une certaine émotion- il faut bien le reconnaître, deux très grands improvisateurs autour de grands classiques du jazz.

Deux compositions de Mingus et non des moindres, «Pithecanthropus Erectus», "Self Portrait in Three Colors", « Blue Monk » de T.S Monk, « Come Sunday » de Duke Ellington, « Chelsea Bridge » de l’alter ego du Duke, Billy Strayhorn et cerise sur le gâteau, « Lonely Woman » d’Ornette en final (avec un solo d' André Jaume), sont les thèmes repris, déconstruits, en utilisant dans divers contextes leurs instruments, alto, ténor, cornet de poche, clarinette basse. Ils passent de l’un à l’autre avec aisance selon le « mood », la couleur qu’ils veulent donner, inversent en miroir les rôles, se complétant intelligemment et avec sensibilité. Le jazz de la grand époque (encore proche en 1979) mais aussi par extension, leur «actualité musicale», toujours empreinte de révolte et de rage. Pour rappel, Nation Time de Mc Phee date de 1970.

Le titre peut s’expliquer de différentes façons : «Nuclear» est le nom d’une des compositions de McPhee, où il joue du cornet de poche, ne manquant ni de délicatesse ni de force, avec une réponse des mieux adaptées, sur «la même longueur d’onde» de Jaume au ténor et à la clarinette basse. Pour McPhee, le son qu’il tire de son embouchure est « a plausibly impossible sound ». Yaurait-il à voir avec une autre forme d’explosion nucléaire, sonique cette fois?

Il faut aussi comprendre l’inclusion de nos deux amis dans un plus grand ensemble, une famille de musiciens beaucoup plus large. Ils se situent parfaitement dans cette suite augmentée, dans le sillage des Monk, Mingus et Ellington. Ecoutez les reprendre avec une fidélité émue les thèmes splendides de «Blue Monk», "Chelsea Bridge", «Come Sunday» avant de les désintégrer justement.

Il ne saurait y avoir enfin de titre plus juste pour évoquer ce que l’on ressent en écoutant ces frères de son, à défaut de sang, ces musiciens de "clan "qui ne se sont jamais perdus de vue. Ils posent en page intérieure sur une photo d’époque de Christian Ducasse, côte à côte, complices, constamment sous tension, superbement réactifs. C’est toujours à l’ampleur de la voix, à la fascination du chant intérieur, à l’expression libre que tous deux se réfèrent. Ils imposent un climat insolite, rebelle, intégrant avec souplesse imprévus et artefacts de leur musique qui se veut aussi dérangeante. Car elle était réellement engagée et politique. Vibrantes démonstrations d’un souffle , d'une "anima" free, distorsions légères, transgressions exprimées en un élan continu pour rendre compte des fractures de l’âme et du corps.

Un témoignage précieux qui nous est enfin restitué : à se procurer de toute urgence.

Sophie Chambon

 

 


 

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 15:27

Pierre Bouteiller nous a quittés...

C’est le titre du communiqué de TSF,  radio où il anima "Si bémol et fadaises", reçu ce matin dans ma messagerie, au moment même où j’apprenais la nouvelle sur « sa » radio, France Inter.

Nous n’entendrons plus son « Bonjour » désinvolte . Une voix majuscule de la radio s’est éteinte. Lui qui fit ajouter un "s" à France Musiques, quand il fut appelé à la direction de la maison. Preuve d'un éclectisme inspiré pour ce formidable dilettante, qui savait improviser.

Un peu plus tard, toujours sur France Inter, Jean Lebrun, dans son excellente émission La Marche de l’Histoire, rend hommage à un autre disparu de la radio (« les Cinglés du music hall » sur France Inter) et de la télévision, Jean Christophe Averty ( «Les raisins verts » ) que l’on enterre aujourd’hui à 15h, à Montrouge, dans son 14 ème natal.

Ces deux professionnels avaient en commun un amour sincère du jazz ( Bouteiller venu à la radio en écoutant "Pour ceux qui aiment le jazz" de Ténot et Filipacchi sur Europe numéro 1), et un humour très caustique qui leur a valu pas mal de déboires. Et de se faire virer pour un bon mot ou une émission trop dérangeante. "Les ennuis​​​​​, il faut les commencer très tôt" avouait en badinant Pierre Bouteiller.

Pourquoi suis-je émue ? Sans doute par une nostalgie compréhensible, car tous deux me renvoient à l’enfance, à l’enfance de la télé, aux années soixante, aux concerts de jazz de Juan les Pins et à la radio. Quand je rentrais du lycée, maman, assidue de l’émission de 9h de Pierre Bouteiller, me distillait les précieuses informations de son magazine culturel, les anecdotes souvent vachardes du génial persifleur.

Question jazz, Bouteiller n’était pas franchement d’avant-garde à cette époque, il aimait inconditionnellement Sinatra,  le piano et les pianistes, les jazzmen Art Tatum, Errol Garner, Count Basie, Oscar Peterson, Bud Powell, Stan Kenton, Chet Baker, le jazz vocal et sa triade Ella, Billie, Sarah ... Rien que du bon, du très bon, des valeurs sûres. Et si je ne connaissais pas encore Neal Hefti et son « Girl Talk » qui était l’indicatif de son émission, je l’ai très vite associé à la version française de Claude Nougaro, « Dansez sur moi » avec Maurice Vander au piano. 

Ces professionnels ont fait office de passeurs pour le "grand public" comme aimait à le désigner Averty, partageant dans leur "playlist" leur amour de Trénet, Montand, Nougaro, Brel, Gréco, de la variété de qualité, du jazz, du cinéma....mélangeant toutes les disciplines avec talent, déplaçant les lignes sur le grand échiquier de notre mémoire collective.

Voilà pourquoi, la do mi sol, j’aimerai toujours le music hall, toujours, toujours, toujours, le music hall... et  aussi Radio Days,  qui fut très longtemps mon film préféré de Woody Allen.

Sophie Chambon

 

 

 

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 15:30

Jean-Marie Machado (piano), Didier Ithurssary (accordéon)

Pernes-les-Fontaines, juin 2016

Cantabile 06 / L'Autre Distribution

 

Éloge de la mélancolie : ce pourrait être le sous-titre de ce disque, comme d'ailleurs celui de cette chronique. Jean-Marie Machado et Didier Ithurssary excellent dans ce registre, nourri de mémoire, d'émois anciens, et de passions musicales enfouies. Mélancolique souvent par le choix des tonalités, par l'évocation des lieux, et par les reprises : Perseguição, immortalisé voici plus de 50 ans par Ester de Abreu, ou le premier Nocturne de Chopin, rajeuni par une accentuation rythmique marquée, avant de revenir à sa nostalgie foncière, et de nourrir une improvisation très ouverte. Mélancolique aussi par l'évocation chaleureuse d'un ami disparu voici tout juste un an, le batteur-chanteur-compositeur Jacques Mahieux, avec un titre qui lui ressemble : No church but songs. Mais le répertoire fait aussi une place au tempo vif : Vuelta, sorte de danse hypnotique 'à la Bartók', ou Broussailles, escapade cursive 'à la Tristano'. Dans tous les cas, le lyrisme est intense, le degré d'élaboration musicale élevé, et le feeling omniprésent. Lunaire en somme, comme le suggère son titre, «Lua» : la lune, en portugais, la langue de ses origines pour Jean-Marie Machado, qui signe une fois de plus, et en belle compagnie, une beau disque d'artiste.

Xavier Prévost

En concert le 11 mars 2017 à Savigny-le-Temple, Espace Prévert, et le 13 mars à Paris au Café de la Danse

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 16:24

Rose Kroner, Anne-Marie Jean, Chloé Cailleton, Solange Vergara,

Manu Inacio, Larry Browne, Sylvain Belgarde, Pierre Bodson (voix)

Sylvain Bellegarde (guitare), Larry Browne (trompette)

Rapahël Dever (contrebasse), Frédéric Delestré (batterie), Thierry Lalo (piano, arrangements & direction musicale)

Villefontaine (Isère), 20-21mai 2015

DVD Black & Blue BB 854 2 / Socadisc (PAL, zone 2)

 

Pour fêter leurs vingt ans, les Voice Messengers s'étaient offert une tournée de printemps en 2015, et les concerts de Villefontaine, entre Lyon et Grenoble, ont été captés en vidéo, ce qui permet d'apprécier, en plus de la musique, la mise en espace chorégraphiée. Le groupe vocal, à l'origine de 11 chanteurs, puis de 14, est depuis quelques années composé de 8 chanteuses et chanteurs (4 femmes et 4 hommes). Je crois savoir qu'il fixe pour l'avenir son effectif à 6 vocalistes. Une section rythmique, avec le directeur musical au piano, complète le groupe. L'éloge de Thierry Lalo, pianiste, arrangeur et âme de ce groupe, n'est plus à faire. Sa connaissance du jazz est profonde (se rappeler son livre sur John Lewis) et son engagement dans ce groupe total, depuis 1994. Des standards de Broadway bien sûr, mais aussi de la chanson française (Que reste-t-il de nos amours) ; de standards du jazz (Billy's Bounce de Charlie Parker, Sail Away de Tom Harrell, et Stolen Moments d'Oliver Nelson, avec un texte original en français de Cécile Rigazio) ; et des poèmes de Paul Verlaine, Marguerite Yourcenar et Guillaume Apollinaire, sur des musiques de Thierry Lalo. Voilà pour le répertoire, qui culmine certainement par l'acrobatique Mimi Medley, en hommage à la grande prêtresse du jazz vocal en France, la très regrettée Mimi Perrin, et au répertoire vertigineux (vertige de la musique et du texte francophone) des Double Six. Tout le concert respire la vitalité, le bonheur de chanter. Chloé Cailleton s'offre le luxe de faire reprendre ses riffs improvisés par un public plein de verve, et de talent. Et les inévitables très minimes imperfections du live n'oblitèrent nullement l'excellence de la prestation. Soyons chauvins : un groupe vocal de jazz d'un tel effectif ne semble pas avoir de rival dans la jazzosphère. Alors il convient d'écouter-voir ce trésor national !

Xavier Prévost

 

En concert le 10 mars 2017 à Aulnay-sous-Bois, théâtre Jacques Prévert, et le 31 mars à Paris au Sunside (2 concerts : 20h & 22h)

 

Sur Youtube, un extrait du DVD

https://www.youtube.com/watch?time_continue=6&v=KT6XDqM5BME

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7 mars 2017 2 07 /03 /mars /2017 18:08

Arnaud Roulin (piano, synthétiseur, électroniuqe, accordéon, percussions),Frédéric Galiay (guitare basse, voix), Edward Perraud (batterie, voix, électronique), Laurent Bardainne (saxophone ténor, voix, synthétiseur), Fabrice Martinez (trompette, bugle, voix, percussions), Thomas de Pourquery (saxophone alto, voix, électronique, percussions, composition)

La Frette-sur-Seine, juillet 2016

Label Bleu LBLC 6723 / L'Autre Distribution

 

Après «Thomas de Pourquery & Supersonic Play Sun Ra», publié en 2014, on guette dans cette nouvelle mouture l'ombre du Mage interstellaire. Et si la troisième plage est bien un thème d'icelui (WeTravel The Space Ways), il semble que l'on puisse écouter ce disque sans le subordonner à cette référence, hormis peut-être le goût d'une liberté sans limites (fussent-elles inter-galactiques). L'énergie est folle, à n'en pas douter, mais elle n'oblitère ni le talent de composition/arrangement, ni l'irrépressible groove, et moins encore cette faculté de chanter avec douceur ou violence, d'improviser en toute liberté sans perdre de vue les sources plurielles du langage choisi à l'instant ''T''. Tout se mêle ici, dans un état de conscience comme décuplé qui semble viser le pur bonheur de jouer, l'horizon d'une jouissance musicale sans frein. Tous les musiciens sont impeccables d'engagement et de pertinence. C'est une fête de l'oreille et de l'esprit, l'occasion de se rappeler que l'on pense aussi avec ses oreilles (et même avec ses pieds, quand la danse s'en mêle). Jouissif ? Alors jouissons, une fois libérés de nos entraves stylistiques !

Xavier Prévost

 

Le groupe fait l'ouverture du festival Tendance Jazz d'Amiens  le 8 mars 2017. Et il donnera un concert de sortie du disque à Paris, à la Gaîté Lyrique, le 25 avril.

 

 

Un des thèmes du disque, dans une version de scène, sur Youtube

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7 mars 2017 2 07 /03 /mars /2017 09:39

Après un disque en quartette («Mikado», Grand Prix Jazz de l'Académie Charles Cros 2014), le pianiste revient en trio, ou plutôt en trios : deux CD, deux combinaisons trianguliares suscitées par deux approches musicales distinctes ; et deux incontestables réussites.

 

«The Party»

Paul Lay (piano, composition), Clemens Van Der Feen (contrebasse), Dré Pallemaerts (batterie)

Malakoff, 6-10 juin 2016

Laborie Jazz CDLJ 41 / Socadisc

 

Avec «The Party», c'est le trio de jazz dans sa forme canonique, avec contrebasse et batterie, et le choix du jazz tel qu'on l'identifie généralement. Mais ce trio-là ne ronronne pas. Le piano du studio Sextan est d'une qualité rare. Paul avoue avoir mis quelque temps à en apprivoiser les ressources, mais le résultat vaut le détour : précis, soyeux, l'instrument délivre du pur cristal, des harmoniques très riches, mais aussi des grondements telluriques. Le pianiste a scénarisé le répertoire d'une manière programmatique, comme le ferait un album concept. Mais l'essentiel est ailleurs : dans la richesse d'inspiration des compositions (très variées dans leur conception), et dans la parfaite coïncidence avec une idée du jazz qui englobe l'esprit des standards (alors qu'il s'agit exclusivement de compositions originales, excepté le magnifique I Fall In Love Too Easily conclusif, en solo). La grande aisance du pianiste n'a rien d'ostentatoire, et les phrases qui jaillissent sont d'une pertinence qui n'exclut pas la surprise. La connivence est parfaite avec Clemens Van Der Feen et Dré Pallemaerts, déjà présents sur le disque en quartette : Paul Lay a manifestement trouvé les partenaires qui conviennent idéalement à son approche du trio, la structure de ses compositions leur laisse tout l'espace pour s'exprimer, et ils maintiennent dans le déroulement de la musique une effervescence permanente. Décidément, ce disque est une totale réussite !

 

 

«Alcazar Memories»

Pauyl Lay (piano), Isabel Sörling (voix), Simon Tailleu (contrebasse)

Malakoff, 30 mai-3 juin 2016

Laborie Jazz CDLJ 40 / Socadisc

 

L'autre trio, c'est celui du disque «Alcazar Memories», avec la chanteuse suédoise (et souvent parisienne : elle a étudié au Conservatoire de Paris) Isabel Sörling. L'idée maîtresse de ce trio, c'est de relire en toute liberté la chanson populaire, qu'elle soit suédoise ; française.... ou américaine. Le contrebassiste du trio, Simon Tailleu, était membre du premier trio de Paul Lay, pour le disque «Unveiling», en 2010. Simon Tailleu est de Martigues, presque marseillais donc : quoi de plus naturel que de le retrouver dans une évocation de l'Alcazar de Marseille ? Quoi qu'il en soit, Vincent Scotto (Adieu Venise provençale) revit dans une version très singulière, au côté d'Amour et Printemps, valse qui fut très populaire, signée par le Strasbourgeois Émile Waldteufel, (que l'on appelait à la fin du XIXème siècle le Wagner français ! ). Il y a place aussi pour des chansons originales, composées par le pianiste. La chanteuse a signé nombre de textes ; elle traverse les langues et les langages musicaux avec un naturel confondant, incarnant chaque chanson dans un registre différent, et réinventant dans l'ultime plage The Man I Love. Ce trio-là est aussi une vraie réussite. Un an après le prix Django Reinhardt de l'Académie du jazz, l'année 2017 pourrait bien être encore marquée par le talent de Paul Lay.

Xavier Prévost

 

Les deux CD sont également disponibles en un coffret Laborie Jazz LC 24585 / Socadisc

 

Les deux trios joueront le 15 mars à Paris au Café de la Danse

 

Le trio «The Party» se produira le 7 mars à Charleville-Mézières, le 16 à Agen, le 17 à Limoges, le 18 à Marciac, le 19 à Orthez et le 30 à la Criée de Marseille

 

Le trio «Alcazar Memories» jouera au Château de Maintenon (Eure-et-Loir) le 12 mars, et les 6 & 7 avril à Guebwiller

 

Découvrir «The Party» sur Youtube

 

Découvrir «Alcazar Memories» sur Youtube

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 22:13

Vincent Bourgeyx (piano), Matt Pennman (contrebasse), Obed Calvaire (batterie)

Invités : David Prez (saxophones ténor & soprano), Sara Lazarus (voix)

Meudon, mai 2016

Fresh Sound New Talent FSNT 516 / Socadisc

 

Un nouveau disque de Vincent Bourgeyx, c'est toujours une bonne nouvelle. Le Bordelais, formé au Berklee College de Boston, a fait un début de carrière aux U.S.A., et la scène française a de ce fait peiné à l'identifier jusqu'à l'orée des années 2000. C'est pourtant son cinquième disque en leader, et une fois encore une magnifique preuve de jazzité, de swing et de partage artistique. À la basse, son ancien condisciple de Boston, Matt Pennman. À la batterie, Obed Calvaire, Américain de Miami originaire d'Haïti, entendu avec Wynton Marsalis comme avec Ambrose Akinmusire, Mark Murphy ou Jacques Schwarz-Bart. Les compositions originales sont sinueuses à souhait, car le musicien aime musarder entre les tonalités (tonuler comme disent certains, pour évoquer ce qu'improprement on qualifierait de modulation). Les thèmes sont motivants, la rythmique est d'une qualité extrême, David Prez au ténor sur six plages (et sur une seule au soprano) est d'une pertinence musicale constante, et dans un évident plaisir de jouer. Sara Lazarus, magnifique d'interprétation et de diction, comme toujours, nous régale de standards peu visités (I Got Lost In His Arms, d'Irving Berlin, et I've Grown Accustomed To His Face, de Lerner & Loewe). Les plages en trio sont épatantes de swing et d'inventivité : l'idiome est maîtrisé, magnifié même, et les clichés sont gaiement contournés : Tune Up, de Miles Davis, est de ce point de vue plus qu'éloquent. En solo ce sera une courte valse sur un thème original, et un standard (For All We Know), phrasé avec une ferveur presque vocale après une intro tissée de méandres. On se précipite, surtout si l'on n'a pas encore eu le plaisir de découvrir ce très bon pianiste.

Xavier Prévost

Un aperçu sur Youtube en suivant ce lien

 

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4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 18:14

Bruno Chevillon (guitare basse, contrebasse, électronique, tambourin, voix), Éric Échampard (batterie, voix), Benjamin de la Fuente (violon, guitare ténor, électronique, slide guitar, voix), Samuel Sighicelli (orgue, échantillonneur, synthétiseur analogique, piano électrique, piano, voix)

Pernes-les-Fontaines, juillet et novembre 2015

La Buissonne RJAL 397027 / PIAS

 

Troisième disque du groupe, et toujours une musique de tous les paradoxes. On entre dans l'objet phonographique par une longue plage qui mêle les rêves fusionnels des années soixante finissantes, entre Pink Floyd et Led Zeppelin, où pop expérimentale, rock dur, musique électroacoustique et électronique s'entrelaçaient dans un horizon prospectif légèrement psychotropique. L'aventure se poursuit, de plage en plage, en convoquant toutes les ressources artistiques, qu'elles soient instrumentales, stylistiques, théoriques ou technologiques. Ce qui frappe pourtant, au-delà de tout, c'est la puissante énergie vitale qui se dégage d'une telle rencontre : l'improvisation interactive, et la liberté offerte au pulsionnel, semblent se sublimer dans un indiscutable sens de la forme. Forme mouvante et instable, et qui pourtant se donne à lire comme telle. Certaines plages (I Wonder...) offrent un déroulement d'apparence plus linéaire, selon une sorte de crescendo dramatique amorti par l'étrangeté de l'espace sonore. La plage suivante, 1064° C (point de fusion de l'or), nous ramène en plein rock psychédélique. Et ainsi de suite.... Chaque étape défie toute taxinomie fiable pour un tel objet musical. C'est totalement fascinant, d'une netteté sonore incroyable, et l'on se dit que cette musique parlera forcément à ceux qui aiment le jazz. On est loin d'Armstrong et de Parker, mais pas si loin de l'espace ouvert en 1969 par Miles Davis avec «Bitches Brew». Non que la musique de Caravaggio ressemble en quelque manière à celle de Miles, mais parce qu'on y trouve une sorte de liberté insolente, d'aspiration à la métamorphose, qui habite le jazz dans son meilleur. C'est indiscutablement une musique de l'avenir, et pourquoi pas l'avenir de la musique (en tout cas l'un de ses possibles).

Xavier Prévost

 

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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 05:55

La beauté de Bud Powell

Jean-Baptiste Fichet

Editions Bartillat

 

C'est un paradoxe. Même s'il fut l'une des têtes d'affiche d'un prestigieux club pari sien (le Blue Note, quartier des Champs-Elysées) des années durant, Bud Powell (1924-66)n'aura guère inspiré les auteurs français. Signé Francis Paudras, La danse des infidèles (1986), reste comme l'ouvrage de référence et de révérence, reflétant toute l'admiration que portait son auteur au pianiste qu'il protégea tout au long de son séjour parisien

On retrouve sous la plume de Jean-Baptiste Fichet, dans La beauté de Bud Powell, ce même sentiment admiratif : « la lumière émise par Bud Powell, la beauté qu'il a cherchée continuent de balayer l'univers-au présent. Le pianiste a laissé derrière lui cette floraison de bourgeons, milliers de buds portant pollen, graines disséminées aux vents du jazz ».

Jugeant au départ le jazz plutôt « hermétique », Jean-Baptiste Fichet (34 ans, de formation commerciale) a finalement ressenti un choc, un « coup de foudre » à l'écoute d'Off Minor, thème de Monk dans sa version de Bud. Il écrit (page 31) : « Off Minor : dix fois, cent fois, mille fois. Moulin à prières. Sourate. Mantra ». On l'aura compris. Plutôt qu'une biographie- les fans de Bud pourront se reporter au volumineux ouvrage de Peter Pullman, Wail-The Life of Bud Powell, 2012, disponible sur le site de l'auteur new yorkais), c'est un portrait très personnel que nous propose Jean-Baptiste Fichet. Le livre a toute la fraîcheur d'un premier ouvrage avec ses envolées lyriques et ses multiples évocations littéraires. N'y cherchez pas-et c'est tout à l'honneur de l'auteur, d'anecdotes croustillantes ou sordides qui sont le lot commun des biographies destinées au grand public. L'homme décrit en 200 pages «  a une aptitude extraordinaire pour la musique, une inaptitude féroce pour tout le reste ». En lui, analyse Jean-Baptiste Fichet « cohabitent toute beauté et toute douleur ». Un bien beau livre tout en sensibilité, un hommage littéraire au jazzman tourmenté qualifié de « génie » par Duke Ellington et Charlie Parker.

 

Jean-Louis Lemarchand

Jean-Baptiste Fichet présente son livre ce vendredi 3 mars à 19 h à la librairie Les Traversées (2, rue Edouard Quenu. 75005).

 

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