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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 07:28

Alban Darche (saxophone ténor), Samuel Blaser (trombone), Sébastien Boisseau (contrebasse), John Hollenbeck (batterie)

Berlin, juin 2015

Yolk Music J 2068 / L'Autre distribution

 

Deux ans après la publication du premier opus, revoici JASS, composé énigmatique de jazz de stricte obédience, de jazz contemporain, de musique atonale et d'effervescence collective, comme seul le jazz peut en produire. Un composé qui repose sur l'assemblage de très fortes personnalités musicales autant qu'instrumentales. Le saxophoniste et le batteur signent la majorité des titres, mais l'esprit est bien collectif. On serait quelque part entre les quartettes d'Ornette Coleman et les labyrinthes rythmiques du mouvement M'Base. Le très segmenté cohabite avec le lyrisme assumé, les combinaisons harmoniques sophistiquées avec l'expressivité la plus directe. Et comme ce sont quatre solistes hors pairs, le jouage est d'une densité constante. Deux Nantais, un Suisse de Berlin, et un Américain lui aussi Berlinois, c'est un assemblage idéal pour cette musique qui brasse les identités et parcourt les territoires avec virtuosité. On peut chercher à percer le mystère à chaque réécoute, ou choisir de simplement se laisser porter : le bonheur est au bout du chemin.

Xavier Prévost

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Le groupe joue la 8 décembre à Paris (11ème) , Salle Henri Selmer, 18 Rue de la Fontaine au Roii ; puis le 9 à la Jazz Station de Sierre, en Suisse, et le 10 à La Fabrique de Nantes.

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Un avant-ouïr sur le site d'Alban Darche

http://www.albandarche.com/fr/discographie/

http://www.yolkrecords.com/fr/index.php?p=album&id=79

 

 

 

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7 décembre 2016 3 07 /12 /décembre /2016 10:12

Marion Rampal (voix), Anne Paceo (batterie, voix), Pierre-François Blanchard (claviers, voix)

Invités : Julia Sarr (voix), Sébastien Llado (trombone, voix)

Mignaloux-Beauvoir (Vienne), sans date

e-motive Records EMO 161 / L'Autre distribution

 

Une vraie voix, et un vrai feeling, au service d'un répertoire d'une folle diversité, et d'une originalité certaine. Après un premier disque sous son nom, et des collaborations avec Raphaël Imbert, Perrine Mansuy et Archie Shepp, Marion Rampal nous offre un paysage où les horizons de La Nouvelle-Orléans se confondent avec des effluves de Memphis, l'Anglais avec le Cajun, l'ambiance soul avec un doux mélange de jazz et de pop, et où la chaleur expressive de Bill Withers nous revient en mémoire, dans une incarnation féminine. Un blues de Blind Willie Johnson, hardiment revisité, y côtoie la voix louisianaise d'Alma Barthélémy (enregistrée en 1957), mêlée au chant de Marion Rampal. L'Anglais, le Français et les langues créolisées de la Louisiane se mêlent dans une inspiration unique : Marion Rampal est le creuset de cette fusion culturelle où l'or fondu restitue une pépite, singulière et d'une valeur indiscutable. Comme un chemin à rebours que seule l'authenticité musicale rend possible.

Xavier Prévost

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Marion Rampal se produit le 8 décembre à Paris, au Studio de l'Ermitage, et le 27 janvier au festival Altitude Jazz de Briançon.

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=js-QeopWpIE

 

 

 

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 11:56

 

Jean Philippe Scali (saxophone baryton, clarinette basse),Glenn Ferris (trombone), Frédéric Nardin (piano, orgue, piano électrique), Samuel Hubert (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie)

Meudon, 29-31 janvier 2016

Gaya 029 / Socadisc

Ça commence très fort : groove intense, à la Mingus, sur un rythme monkien faussement claudiquant. Le ton est donné, plein jazz, et du meilleur. Jean-Philippe Scali aime les sons graves, et ce qu'ils portent en eux d'éruptions à effets prolongés. Le titre de l'album, « Low Down », annonce la couleur : doucement et à fond dans l'accentuation rythmique, et l'expressivité. Et la promesse est largement tenue. L'invité, Glenn Ferris, qui fut le professeur du saxophoniste au Conservatoire National Supérieur de Paris, est un Maître du groove, et les jeunes gens qui les accompagnent en connaissent un fameux rayon dans ce registre : faire puissant sans faire lourd, marquer le temps avec un accent prononcé, sans jamais risquer la lourdeur. Des compositions du leader, dont un Reflections qui n'est pas celui de Monk, mais avec un Sisyphe qui respire l'esprit du Grand Thelonious ; deux thèmes de Glenn Ferris, désormais standards du jazz hexagonal, Purge et Refugees ; et pour magnifique conclusion, le Goodbye Pork Pie Hat de Mingus : bref un disque pour ceux qui aiment vraiment un jazz moderne qui reste tout près de ses sources les plus vives.

Xavier Prévost

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Le groupe joue le 6 décembre à Paris au Studio de l'Ermitage

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Un aperçu sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=wOr8t3v4EOQ

 

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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 21:45


Album de 144 pages, réalisé par Reporters sans frontières avec le soutien de la Fondation BNP Paribas, 9,90 €  vente en kiosque.

La liberté d’expression n’est-elle pas une vertu cardinale du jazz ? On ne s’étonnera pas que Reporters sans frontières ait choisi le jazz comme thème central pour un album de photos dédié à la liberté de la presse. Couvrant toute l’histoire du jazz, ce reportage présente sous la signature des photographes de Magnum Photos –au premier rang desquels Guy Le Querrec (dont la couverture avec Miles Davis à Pleyel en 1969), mais aussi Philippe Halsman, Robert Capa (un seul cliché) et l’extraordinaire collection de Frank Driggs- le gotha des musiciens : Armstrong, Parker, Ellington, Holiday, Fitzgerald, Portal, Shepp, Hawkins, Rollins… Que des photos en noir et blanc révélant la personnalité des artistes sur scène, dans les loges, dans leurs chambres d’hôtel, servies avec des légendes précises. A signaler aussi des textes dus à Toni Morrison, Jacques Gamblin, Francis Marmande, Jean-Pierre Marielle et (remis quelques jours avant son décès) Michel Butor.
La Fondation BNP Paribas qui soutient cette initiative et s’est engagée depuis deux décennies auprès des musiciens de jazz, organise pour la sortie du livre un grand concert avec le all stars des artistes Fondation BNP Paribas au profit de Reporters sans frontières.


Jean-Louis Lemarchand

Concert mardi 6 décembre, Maison de la Radio (75016) à 19.45. Première partie : All Stars de musiciens de Jazz soutenus par la Fondation BNP Paribas, sous la direction musicale de Pierre Bertrand : Airelle Besson, Pierre Bertrand, Sylvain Beuf, Emanuel Bex, Julien Charlet, Ablaye Cissoko, Jean-Pierre Como, Laurent Cugny, Sophia Domancich, Thomas Enhco, Stéphane Guillaume, Stéphane Huchard, François Moutin, Louis Moutin, Murat Öztürk, Anne Paceo, Manuel Rocheman, Olivier Temime, Baptiste Trotignon, Jacques Vidal, Christophe Wallemme et Louis Winsberg. Deuxième partie  Shai Maestro Trio à l'occasion du lancement du nouvel album The Stone Skipper Diffusion en direct sur France Musique. : http://www.maisondelaradio.fr/evenement/jazz-pour-rsf
La maison de la radio accueille en son hall du 5 au 23 décembre une exposition de Guy Le Querrec et Patrick Zachmann de Magnum Photos consacrée au jazz.

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 22:36

Pierre de Bethmann (piano, piano électrique, composition), Chloé Cailleton (voix), Stéphane Guillaume (flûte, flûte alto), David El-Malek (saxophone ténor), Sylvain Beuf (saxophone alto), Thomas Savy (clarinette basse), Sylvain Gontard (trompette, bugle), Baptiste Germser (cor), Denis Leloup (trombone), Bastien Stil (tuba), Simon Tailleu (contrebasse), Kar Jannuska (batterie)

Paris, 8-10 juin 2016

Aléa 008 / Socadisc

 

Pierre de Bethmann poursuit l'aventure de son Medium Ensemble, commencée en 2013 lors d'une résidence à L'Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise. Douze musiciens, douze solistes hors de pairs, au service d'un projet un peu fou : jouer un jazz qui ne se soucie ni de l'air du temps, ni de l'impératif transgressif, ni de la duplication du passé, mais qui souhaite « persister à s'intéresser au swing, au son, à l'harmonie et à la mélodie en assumant ne faire que de la musique, en croyant encore au pouvoir d'émotion de celle-ci ». C'est ainsi que, dans un assez long texte très bien écrit, en forme de manifeste d'artiste, Pierre de Bethmann nous révèle, dans le livret de ce double CD, ce qu'il croit, ce qu'il fait, ce qu'il réussit, pourquoi et avec qui. Il le fait sous son propre label, et il en profite pour rééditer le premier opus de cet orchestre, Medium Ensemble / Volume 1 « Sisyphe », paru au défunt catalogue Plus Loin. De l'artisanat de Grand Art, en quelque sorte, sur une tonalité légèrement mélancolique qui rappelle parfois l'écriture de Carla Bley, avec un savant tissage des voix qui produit, hors de tout académisme, un son neuf, où la voix de Chloé Cailleton, utilisée comme un instrument, apporte une touche inimitable. C'est comme un très beau voyage dans les lointains, une incursion dans le rêve : réussite absolue. L'Académie Charles Cros lui a décerné son Grand Prix Jazz 2106 : ce n'est que justice, car cet ensemble moyen, comme le suggère son intitulé de Medium Ensemble (entre le combo et le big band), est très, très au-dessus de la moyenne !

Xavier Prévost

 

Des extraits en écoute

http://pierredebethmann.fr/audio-player/54

 

L'orchestre jouera le samedi 3 décembre 2016 à 17h30 à Paris, Maison de la Radio, pour un concert « Jazz sur le Vif », puis le 21 janvier 2017 au New Morning, et le 22 avril à Vincennes, au Théâtre Sorano.

 

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24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 21:24

Le Palmarès 2106 de l'Académie Charles Cros a été proclamés jeudi 24 novembre à 11h au studio 105 de la Maison de la Radio

 

Prix in honorem Jazz

Henri Texier, pour l'ensemble de sa carrière, à l'occasion de la publication de "Sky Dancers"  Label bleu / L'Autre Distribution

 

Grand Prix Jazz

Pierre de Bethmann Medium Ensemble / vol. 2 "Exo"  Alea / Socadisc

 

Grand Prix Blues


Michael Kiwanuka   "Love & Hate"    Polydor / Socadisc

 

Au cours d'une cérémonie qui accueillait les artistes primés, issus de la musique classique et contemporaine, de la chanson, du jazz et des musiques du Monde, Henri Texier a joué en duo avec son fils Sébastien Texier au saxophone alto, et Pierre de Bethmann a joué en solo. Le lauréat du grand prix blues était retenu aux Pays-Bas pour un concert, et n'était pas représenté.

 

Coups de cœur Jazz et Blues

Les Coups de cœur Jazz & Blues ont été proclamés à 18h sur France Musique dans l'émission Open Jazz d'Alex Dutilh

https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/l-actualite-du-jazz-academie-charles-cros-69eme-palmares-jazz-et-blues-les-prix-et-coups-de-coeur-29919

 

Coups de cœur Jazz

  • Pierre de Bethmann Medium Ensemble / vol. 2 "Exo" Aléa / Socadisc
  •  
  • Avishai Cohen "Into the Silence" ECM / Universal
  •  
  • Das Kapital et Royal Symphonic Wind Orchestra Vooruit "Eisler Explosion" Das Kapital Records / L’Autre Distribution
  •  
  • Flash Pig invite Pierre de Bethmann, Emile Parisien, Manu Codjia Nome / L’Autre Distribution
  •  
  • Tord Gustavsen "What was said" ECM / Universal
  •  
  • Dominique Pifarély Quartet "Tracé Provisoire" ECM / Universal
  •  
  • Ping Machine "Easy Listening" / "Ubik" (2 CD) Neuklang Future / Harmonia Mundi
  •  
  • François Rilhac "It's only a paper moon" Black and Blue / Socadisc
  •  
  • Shabakaand the Ancestors "Wisdom of Elders" Brownswood Recordings / La Baleine
  •  
  • Umlaut Big Band "Euro Swing volume 2" Umlaut Records / http://www.umlaut\-bigband.com
  •  
  • Ben Wendel "What we bring" Motéma / Membran

 

Coups de cœur Blues

  • William Bell "This Is Where I Live" Stax / Universal
  •  
  • Guy King "Truth" Delmark / Socadisc
  •  
  • Michael Kiwanuka "Love and Hate" Polydor / Universal

 

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 07:23

Tout va monter
Joëlle Léandre-Benoît Delbecq-Carnage The Executioner-
Joëlle Léandre     (contrebasse, voix), Benoît Delbecq (piano, piano préparé, claviers), Carnage « The Executioner » (beatbox, voix, percussions). Enregistré au théâtre Dunois (75013) le 18 février 2013. Nato –L’autre distribution

« Je suis constamment en partance », nous confiait en 2009 Joëlle Léandre. Une constante chez la contrebassiste aujourd’hui encore au moment où ses maisons de disques célèbrent ses 40 ans d’un parcours jamais rectiligne. Inclassable, entre jazz et musique contemporaine, improvisatrice permanente. « Quand tu improvises, tu ne penses à rien. Plus tu as la tête vide, plus l’improvisation est réussie », disait-elle aussi à l’époque. Un dernier exemple en est donné avec cet enregistrement réalisé dans un de ses lieux préférés, le théâtre Dunois, à proximité de la gare d’Austerlitz, voici trois ans. Sur scène, Joëlle Léandre retrouvait un autre as de l’impro, le pianiste Benoît Delbecque, spécialiste du piano préparé, et le beat-boxer etatsunien Carnage « The Executioner », partenaire de la rappeuse Desdamona dans le groupe hip-hop de Minneapolis Ill Chemistry. Une rencontre inédite entre plusieurs mondes où chacun, relève dans le livret de présentation Stéphane Ollivier, « en consentant à se déplacer sur le territoire de l’autre, fit ce trajet hors de soi, sans quoi aucune vie commune n’est possible ». Là est l’esprit, la conviction profonde de Joëlle Léandre qui se manifeste à son zénith sur scène où, comme le remarquait Xavier Prévost, témoin de son concert en duo au récent festival de Nevers le 8 novembre, « la force d'expression passe la rampe ». Vous l’avez compris, il ne faut pas manquer ce corps à corps de Joëlle Léandre avec sa contrebasse.
Jean-Louis Lemarchand

Joëlle Léandre sera en concert le 28 novembre à l’Eglise St Eustache (75001) à 20 h30 avec « 40 ans de tribulations » à l’initiative de trois labels (Fou Records, Nato, RogueArt) en compagnie de Christiane Bopp, Mat Maneri et Maggie Nicols. Places en prévente sur le site web.roguart.com

 

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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 13:04

Mathilde Febrer (violon), Elisabeth Keledjian (batterie), Max Robin (guitare, composition)

invités :

Antonin-Tri Hoang (clarinettes, saxophones alto), Blaise Chevallier (contrebasse)

Montreuil, 2014

Label Ouest 304 040.2 / L'Autre distribution

 

J'apprécie beaucoup Max Robin. Pas seulement parce qu'il partage avec moi le goût d'un écrivain un peu obscur de la seconde moitié du XXème siècle. Ni parce qu'il m'a fait découvrir, voici près de 20 ans, Angelo Debarre (ce qui n'est pas rien ! ). Mais parce qu'il est un musicien sans œillères, pratiquant le jazz manouche comme le jazz moderne, goûtant la sinuosité des grilles harmoniquement serrées comme la douce dérive du jazz modal. Et ce disque est un peu le manifeste de ce qu'il aime, et de ce qu'il est. Un peu chambriste, swinguant beaucoup, aimant la guitare qui chante à chaque note, et les partenaires qui mettent de la mélodie dans l'improvisation. Ici pas de prouesses, mais le sentiment de l'artisanat d'art qui peaufine sans esbroufe, qui joue le lyrisme sans l'emphase. L'album est dédié au regretté Frédéric Sylvestre, orfèvre lui aussi en mélodies qui savent chanter. Compositions du guitariste, sauf Max et les ferrailleurs, clin d'œil au film de Claude Sautet et à ce thème de Philippe Sarde. Les Ferrailleuses : une très bonne violoniste (qui caresse le son plutôt qu'elle ne ferraille....) et un batteriste (j'ai un peu de mal avec batteuse) qui place juste, à l'endroit du rebond, la pulsation porteuse. Et pour invités, le très musicien Antonin-Tri Hoang, qui met de l'âme à toutes les musiques qu'il effleure, ainsi que Blaise Chevallier, déjà vieux routier de la contrebasse qui choisit toujours très bien les groupes auxquels il collabore. Au total une musique qui traverse les cloisons stylistique au nom de l'universel désir de chanter, de swinguer, et d'improviser sur de belles compositions originales. On aime !

Xavier Prévost

 

Le groupe jouera le jeudi 17 novembre 2016 à Paris au Sunset

 

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 10:13

Kurt Elling (voix, percussions), John McLean (guitares), Stuart Mindeman (claviers), Clark Sommers (contrebasse), Jill Kaeding (violoncelle), Jim Gailloreto (saxophone soprano), Tito Carillo (trompette), Kendrick Scott (batterie), Kalyan Pathak (percussions), Luiza Elling (voix)

Chicago, date non précisée

Okeh Masterworks 88985346772/ Sony

En sacrifiant au rite du disque de Noël (sous-titré « Kurt Elling Sings Christmas »), le baryton de Chicago fait bien davantage que d'offrir un objet de saison négociable sur le marché du disque. Il propose un disque de jazz, avec son groupe régulier, augmenté de quelques contributions complémentaires, dont celle de sa toute jeune fille Luiza pour l'ultime plage. Et il n'a pas sacrifié à tous les choix obligés des scies de saison (White Chritsmas, Jingle Bells.....). On avait beaucoup aimé sa participation au disque « Upward Spiral » de Branford Marsalis sous le même label. Et là on continue d'adhérer à ce vrai talent de jazzman (voir la plage 8, Little Drummer Boy, formidable trio voix-basse-batterie). Kurt Elling se fend aussi d'un texte original sur l'une des pièces pour piano d'Eward Grieg. Beau disque de jazz, vraiment, où l'amateur chenu aurait aimé voir figurer Blue Christmas, de et par Bob Dorough, parodie acide du chant de Noël gravée en 1962 avec Miles Davis, Wayne Shorter, et arrangement de Gil Evans (sessions « Quiet Nights »). Bref c'est Noël pour tous les jazzfans, sans distinction de culture, de religion ou d'irréligion !

Xavier Prévost

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Kurt Elling est en tournée européenne : le 15 novembre à Paris au New Morning, le 17 à Fontainebleau (festival Jazz au Théâtre), le 18 à Bordeaux (Rocher de Palmer)

 

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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 09:25

Avant le concert Portal/Kühn/Humair/Chevillon, le 10 novembre

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Jeudi 10 novembre 2016

J'ai manqué le solo de Joachim Florent au Palais Ducal, mais j'ai pu assister, à l'Auditorium Jean-Jaurès, au concert du quartette de Nils Wogram « Root 70 ». Le groupe du tromboniste allemand existe depuis 15 ans, mais c'est la première fois qu'il vient en France. Musique très élaborée, qui évoque l'esprit des années 50-60 (Mingus, Ornette Coleman, la West Coast....) pulsation et raffinement mêlés ; et esprit contemporain qui construit d'assez grandes formes, sophistiquées. Belle brochette : un formidable saxophoniste néo-zélandais, Hayden Chisholm, formé à Cologne, et qui peut sonner comme Paul Desmond ou Hal McKusick, tout en visant l'horizon de demain ; un contrebassiste britannique, Phil Donkin, qui navigue de l'Allemagne aux USA ; et un batteur allemand de Brooklyn, Jochen Rückert, qui forme avec le précédent un très belle, et subtile, assise rythmique. Vraie découverte !

 

D'JAZZ NEVERS : trois journées conclusives

En début de soirée, dans la grande salle de la Maison de la Culture, « Regards de Breizh », autour des photos de Guy Le Querrec. Le grand orchestre Nautilis accompagne les images du photographe, fils de Bretagne qui portait alors (années 60 à 80) un regard sur son cher territoire. Sur un grand écran, les photos parlent de ce monde authentique, parfois oublié de l'histoire, des personnages singuliers, et de cette vie quotidienne, ou festive, telle qu'elle ne se vit pas ailleurs. On aimerait que les photos soient offertes plus longtemps à notre regard : certaines sont connues, d'autres à découvrir. Cela va trop vite, mais nous gardons intact notre émerveillement, porté par une musique un peu illustrative, que l'on aurait aimée, peut-être, davantage en contrepoint. Mais le plaisir est là.

Puis la scène sera investie par Michel Portal et ses partenaires. Tous quatre étaient là en 1987 pour le premier festival ; c'est le 30ème, 29 ans plus tard. La passion de jouer n'a pas faibli. Joachim Kühn est à la fête avec ses complices, Portal et Daniel Humair, avec qui il a tant partagé. Et le contrebassiste Bruno Chevillon, familier des trois depuis quelques années déjà, est un aiguillon qui fait rebondir, ou qui détourne, la connivence bien établie. Principalement des thèmes de Portal et de Kühn, de facture assez proche : segmentée, anguleuse, sur des unissons rigoureux. Ces compositions sont surtout des tremplins, et ça décolle. Bel instant, très présent, qui caresse aussi nos souvenirs d'auditeurs.

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Vendredi 11 novembre2016

Autour de midi, dans la petite salle de la Maison de la Culture, l'incroyable quartette « La Scala ». Quatre musiciens de la nouvelle génération, qui explorent les chemins de traverse : Bartók, les musiques populaires, le jazz, les musiques répétitives, voire le rock progressif. Roberto Negro au piano, Théo Ceccaldi au violon, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Adrien Chennebaut à la batterie sont des virtuoses de la pensée musicale autant que de l'aisance instrumentale. C'est vivant, décapant, enthousiasmant !

 

En fin d'après-midi, à l'écart du centre ville, dans le nouvel Espace Stéphane Hessel, le contrebassiste Claude Tchamitchian présente la nouvelle mouture de son grand ensemble, Acoustic Lousadzak. Deux violons, deux clarinettes, trompette, guitare, piano et batterie, avec des orfèvres du jazz écrit et improvisé, et Géraldine Keller, voix de la musique contemporaine qui s'égare volontiers du côté du jazz et de l'impro. Jazz de chambre, où l'écrit et l'improvisé alternent, parfois se mêlent, avec de grands emportements lyriques. Sur un texte adapté d'Agota Kristof, le grand poème de la vie se déploie dans une forme ambitieuse. Un disque intitulé « Need Eden » est d'ores et déjà enregistré, qui paraîtra en début d'année chez émouvance/Harmonia Mundi.

D'JAZZ NEVERS : trois journées conclusives

En répétition, de gauche à droite, Ramon Lopez, François Raulin, Anne Alvaro et François Corneloup, pour le concert-récit « Restez, je m'en vais »

 

Le soir, dans la grande salle Philippe-Genty de la Maison de la Culture, concert avec récitante. Le pianiste François Raulin a composé une musique inspirée par l'histoire d'Ishi, un Amérindien dernier survivant d'une tribu exterminée au début du XXème siècle par les colons de Californie. Son témoignage, enregistré sur des rouleauxde phonographe avant sa mort en 1916, a été transcrit dans un livre, dont la comédienne Anne Alvaro a choisi des extraits. Elle les profère avec une formidable expression, calant sa diction sur les mouvements la musique. François Corneloup aux saxophones, et Ramon Lopez à la batterie, étaient les partenaires de ce requiem-poing levé pour le dernier vivant d'un peuple anéanti. Beauté intense d'une sorte de poème tragique.

D'JAZZ NEVERS : trois journées conclusives

En seconde partie du même concert,

le quartette du trompettiste Avishai Cohen, avec le répertoire du disque « Into The Silence » , paru en début d'année chez ECM. Musique méditative, belle expression du trompettiste, soutien complice du pianiste Yonathan Avishai. En début de concert leurs partenaires, deux remplaçants, tardent à trouver leurs marques. Puis tout se délie : Yoni Zelnik, à la contrebasse, entre pleinement dans le jeu, et le batteur Jonathan Blake rebondit sur les climats avec un drumming parfois un peu trop appuyé. Mais le public est embarqué, et en rappel Art Deco de Don Cherry donne à entendre un autre climat. Beau concert, en définitive.

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Samedi 12 novembre 2016

Midi et quinze minutes. Le pianiste Stéphan Oliva entame une intro-mystère pour ce duo avec Jean-Marc Foltz. Gershwin est au programme, et c'est The Man I Love qui se révèle, à la clarinette. Développements recueillis, avec des réharmonisations tendues, et coda sur Fascinating Rhythm en version plus que lente, pour rester dans la tonalité du programme. Variations autour de Porgy and Bess et de Rhapsody in Blue, standards inoxydables (I Can't Get Started, Summertime....), nous sommes comblés. Ces versions sont résolument neuves, et c'est magnifique d'intensité.

D'JAZZ NEVERS : trois journées conclusives

Changement de décor à 18h30 à l'Auditorium Jean-Jaurès

 avec Coronado : musique aux rythmes fracturés, développés en de longs flux asymétriques. Le guitariste Gilles Coronado édifie des dialogues élaborés, et vifs, avec ses partenaires : Matthieu Metzger au saxophone alto, Antonin Rayon à l'orgue (et autres claviers) et Franck Vaillant à la batterie. Ils suivent des cycles rythmiques audacieux, mais ne s'égarent nullement, et n'hésitent pas à se rejoindre sur une énergie très rock. Un son neuf, une musique d'ailleurs : le rêve en quelques sorte.

D'JAZZ NEVERS : trois journées conclusives

Et pour conclure, à 20h30 dans la grande salle de la Maison de la Culture, l'apothéose du festival, avec John Scofield, qui aurait dû jouer le 14 novembre 2015, et s'était trouvé retenu à l'étranger en raison des attentats de la veille. Le voici, heureux de pouvoir enfin honorer le rendez-vous. Il parle avec tact de ces événements douloureux, et nous offre un concert bâti sur le répertoire de son dernier disque, « Country For Old Men » (Impulse/Universal). Musique country certes, mais jouée avec l'âme du blues. Extraordinaire expression à la guitare, qui chante, gronde et pleure. Pas de clichés, toujours des chemins neufs : une merveille ; et un groupe de rêve : Steve Swallow à la guitare basse acoustique, Bill Stewart à la batterie, et Larry Goldings à l'orgue (et au piano). Concert mémorable, où l'on entend une chanson de Dolly Parton devenir le tremplin d'une envolée en 6/8 digne de Coltrane sur Chim Chim Cheree !

Xavier Prévost

 

Liens pour les vidéos de Culture Box

http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/jazz-blues/d-jazz-nevers-festival/anne-alvaro-trio-raulincornelouplopez-au-d-jazz-nevers-247977

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/jazz-blues/d-jazz-nevers-festival/avishai-cohen-quartet-au-d-jazz-nevers-247979

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/jazz-blues/d-jazz-nevers-festival/john-scofield-au-d-jazz-nevers-247981

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/jazz-blues/d-jazz-nevers-festival/magnetic-ensemble-feat-francois-corneloup-au-d-jazz-nevers-247983

 

Lien pour le Jazz Club de France Musique

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2016-2017/anne-alvaro-le-trio-de-raulin-corneloup-lopez-nevers-11-12-2016-19-00

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