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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 17:42

Sylvain Kassap, Benjamin Duboc, Hamid Drake, le 9 novembre

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Lundi 7 novembre 2016

Le festival a commencé samedi en fantaisie multiforme : Fanfare orléanaise à fort tempérament hispanique, power trio helvète, Brotherhood Heritage (hommage vivant au regretté Chris Mc Gregor, voir le festival Europa du Mans)  http://www.lesdnj.com/2016/05/europa-jazz-une-journee-mancelle.html  et Truffaz pour conclure. Dimanche après-midi c'était recueillement de rigueur, avec John Surman en solo dans la Cathédrale. Les amis présents m'ont raconté ces deux journées, dont ils étaient plutôt contents. Arrivé dimanche soir sur le tard, je ne pourrai tenter de vous faire revivre, en forme de panorama, que les jours suivants.

Lundi, à l'heure de l'Angélus, dans la petite salle de la Maison de la Culture, c'était « Between », duo improvisé de musique et de danse, avec la danseuse-chorégraphe Héla Fattoumi et le violoncelliste Gaspar Claus. Plusieurs tableaux enchaînés dans une grande fluidité, mais en toute urgence, avec des images fortes, une prise de pouvoir du corps dans l'espace, et une poésie d'une belle expressivité.

Puis, à l'heure des Vêpres, à l'Auditorium Jean Jaurès, voici le Quatuor Ixi, formidable lancer de syncopes dans l'univers des cordes, avec un savant tuilage de l'improvisé dans l'écrit, des compositions inscrites dans des formes inventives (signées par le violoniste Régis Huby, l'altiste Guillaume Roy, et le violoncelliste Atsushi Sakaï), et de fulgurantes interventions du violoniste Théo Ceccaldi. Après 20 ans d'expérience commune des deux fondateurs, Régis et Guillaume, une belle confirmation du fait que, sans négliger l'histoire de cette instrumentation, notamment au vingtième siècle, on peut envisager autrement le son d'ensemble et l'interaction des voix.

Et à Complies, dans la grande salle de ma Maison de la Culture, la soirée commence avec le trio de Gary Peacock, annoncé en seconde partie. Il ouvre le spectacle car un probème d'annulations de vols internationaux affecte l'un des membres du trio qui va suivre. Le contrebassiste joue une longue introduction, et l'on se demande un instant où elle va aboutir. Vient le piano de Marc Copland, qui révèle le standard choisi, Estate. Ce début est un peu hésitant, voire laborieux. Tout s'éclaire ensuite, avec Jade Vision, Footprints et Watch What Happens. Le pianiste excelle dans l'art de poser des harmonies très riches, parfois audacieuses, et cela nourrit le cheminement du trio. Le batteur Mark Ferber montre une certaine subtilité, et une richesse de timbres. On est en vitesse de croisière. On aura ensuite des compositions originales, dont Vignette de Peacock, qui figurait sur le disque « Tales of Another » en 1977, sous le nom du contrebassiste avec pour pianiste un certain.... Keith Jarrett. Et après I Loves You Porgy, le rappel conclura pour de bon avec Doxy, de Sonny Rollins. Un beau moment de trio, avec cependant quelques baisses de régime.

Un trio devait suivre, vers 22h : Sclavis / Courtois / Pifarély. Mais Vincent Cortois, retenu à Sarajevo depuis la veille en soirée par plusieurs annulations successives de vol, pour mauvais temps et avec leurs conséquences en terme de saturation des vols suivants, n'a pas pu rallier Nevers dans les délais. C'est donc en duo que Dominique Pifarély au violon, et Louis Sclavis aux clarinettes, vont jouer une partie du répertoire de ce nouveau trio (qui fera l'objet prochainement d'un disque ECM). Pour avoir entendu ce trio à Paris à l'Atelier du Plateau, je peux témoigner que les versions étaient très différentes, mais pas moins vivantes. Les deux musiciens se sont stimulés, entre soubassement et solos, à tour de rôle, donnant à ce concert une densité mémorable. Quelques compositions d'un autre répertoire sont venues compléter ce programme qui a séduit toute l'assistance, et fait oublier le désagrément de cette défection très involontaire.

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Mardi 8 novembre 2016

Départ en impro totale, dès midi et quart, avec le duo Joëlle Léandre / Serge Teyssot-Gay. Ils jouent régulièrement ensemble, et ont aussi enregistré, mais le concert garde la fraîcheur d'un commencement. Le guitariste enfouit d'abord son énergie rock dans de longues tenues, sans attaque, auxquelles la contrebassiste répond à l'archet, en circonvolutions soyeuses. Puis le débat s'anime. Le pizzicato s'installe, l'expression se fait plus vive, les modes de jeu plus hétérodoxes : on entre dans le vif du sujet. Joëlle élabore un groove puissant, sur lequel elle pose, de sa belle voix, des profondeurs venues du gospel et des révoltes afro-américaines. Plus loin elle inventera une langue de fantaisie. Et toujours la force d'expression passe la rampe, soutenue en écho par le guitariste. Et la boucle de l'improvisation se refermera en douceur, quand la connivence des improvisateurs indiquera le terme, naturel et cohérent, d'une nouvelle page d'improvisation.

À 18h30, au Café Charbon, concert de Voodoo, rassemblé par le guitariste lyonnais Philippe Gordiani. Une très belle idée : réveiller l'imaginaire d'une rencontre musicale manquée entre Miles Davis et Jimi Hendrix. Le groupe a enregistré durant plusieurs jours dans le lieu en vue d'un prochain disque, qui sera complété par l'enregistrement du concert. Le trompettiste Antoine Berjeaut ne se réfère pas directement à Miles Davis, et cela participe à la force du projet. Le but est de composer, à partir des thèmes de Miles, période électrique, et de Hendrix, un ensemble qui restitue l'énergie de groupe, le groove, l'engagement des musiciens dans l'unité d'ensemble. Alice Perret aux claviers, Joachim Florent à la guitare basse, et Emmanuel Scarpa à la batterie, ont exactement le profil de la situation. C'est d'une grande effervescence collective, les solos se fondent dans la texture du groupe : belle réussite. On attend le disque avec une certaine impatience.

À 20h30, dans la grande salle de la Maison de la Culture, la soirée commence avec Equal Crossings, le groupe de Régis Huby. Grande suite en trois mouvements (publiée sur le disque éponyme chez Abalone / L'Autre distribution), c'est une œuvre qui traverse les territoires du jazz, de la musique improvisée, et de la musique contemporaine, voire du rock progressif. On glisse en permanence de l'écrit à l'improvisé, avec des interprètes-improvisateurs de haut vol : Marc Ducret, Bruno Angelini, et Michele Rabbia. Les échanges improvisés sont vifs et impressionnants, les parties écrites affichent une densité indéniable, avec des successions de tensions et de détentes qui donnent à la grande forme son armature. Une fois encore (après le quatuor Ixi), Régis Huby impose la qualité de son travail comme une évidence.

Vers 22h15, au même endroit, c'est la conclusion de la journée, avec le duo trompette-piano Paolo FresuUri Caine. C'est un duo régulier, qui s'est produit dans beaucoup de pays, depuis une dizaine d'années. Son matériau musical ? Les standards (de Broadway, et ceux du jazz), et sur l'autre versant la musique classique, et plutôt la période baroque. On va de Bach à Monteverdi et Barbara Strozzi, en passant par Gershwin, Miles Davis, Charlie Haden, Dizzy Gillespie, Sonny Rollins.... Le trompettiste impose son extraordinaire sens mélodique, en douceur, et devient véhément dans l'improvisation, glissant en permanence de la trompette au bugle. Uri Caine affiche un jeu nourri, fébrile mais d'une grande précision, et fait sonner le piano (ou le piano électrique) comme un orchestre. Parfois ils improvisent simultanément, croisant leurs lignes dans un dialogue vertigineux. Parfois un peu chargé côté piano, mais quand même, quelle joute !

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Mercredi 9 novembre 2016

Tout commence autour de midi, dans la salle Lauberty de la Maison de la Culture, avec le duo Busking, qui associe la guitariste Hasse Poulsen à la contrebassiste Hélène Labarrière. Comme ils l'ont fait sur leur disque éponyme (Innacor / L'Autre distribution), ils vont improviser à partir de chansons pop anglaises, danoises... ou francophones. La matière musicale est traitée avec la plus grande liberté d'improvisation, mais en passant souvent par un exposé fidèle, en appuyant si nécessaire sur le côté folky. De Phantom of the Paradise à Starmania en passant par Formidable, tous ces thèmes populaires sont visités avec une liberté confondante. Et sur Lucy In The Sky With Diamonds, le guitariste part dans un délire psychédélique sous acide, lequel atterrira en douceur sur une réexposition sereine par la contrebassiste. Belle pirouette qui révèle l'essence du projet.

Vers18h30, à l'Auditorium Jean-Jaurès, le groupe « Ethics » du contrebassiste Michel Benita fait entendre sa musique de mélanges sans frontières. On part souvent d'une base apaisée, d'un matériau musical d'une simplicité apparente, plutôt folky, et les éléments s'agrègent autour de la contrebasse, qui délivre la pulsation matricielle, et de la batterie de Philippe « Pipon » Garcia, doublée d'effets électro-acoustique qui balisent le terrain. Le bugle de Matthieu Michel trace des lignes claires, avec ce timbre inimitable, souvent en unisson ou en dialogue avec le koto de Mieko Miyazaki. Et la guitare de N'Guyên Lê joue tous les rôles, atmosphérique autant que soliste. On se laisse porter par une sorte d'envoûtement, jusqu'à une tension dans les improvisations qui parfois atteint un paroxysme rock, version fusion, ou encore progressif, attisé par la voix de Mieko Miyazaki. Le tout sur un répertoire où le disque récent, « River Silver » (ECM) ; prend une belle place, mais dans une approche attisée par le contexte de musique vivante.

 

D'JAZZ NEVERS : trois journées panoramiques

©Maxim François

À 20h30 la salle Philippe-Genty de la Maison de la Culture accueille en première partie un concert spectacle, J'ai horreur du printemps, inspiré par la bande dessinée Le Petit Cirque, de Fred. Mélange d'images de la BD, de musique originale (Stéphan Oliva, avec Christophe Monniot, Claude Tchamitchian et Ramon Lopez) et de poésie acrobatique. Conceptrice avec Stéphan Oliva de ce beau projet, Mélissa Von Vépy se présente comme artiste aérienne. Elle surgit de dessus l'écran, sur lequel elle évolue de son agilité acrobate (qui lui vient de sa pratique du trapèze) et le spectacle s'intègre aux images de la BD, mises en mouvement. C'est d'une infinie poésie, comme une parfaite réussite d'un spectacle pluri-disciplinaire qui aurait vraiment trouvé son accomplissement.

Vers 22h30 ce sera un trio d'improvisation, qui rassemble le clarinettiste Sylvain Kassap, le batteur Hamid Drake, et le contrebassiste Benjamin Duboc. Une phrase de clarinette basse installe un espace où la contrebasse, furtive, et la batterie, bruissante, vont s'insérer. Puis le dialogue s'installe, l'échange s'intensifie, et l'effervescence bat son plein. Une autre clarinette, petite, et démontée en deux segments joués simultanément, va introduire un autre climat, et de nouveaux emportements. Et ainsi de suite, dans un concert où le fil de l'improvisation défie le fil du temps, de surprise en égarement, d'incertitude en affirmation fougueuse. Tout le charme de la musique improvisée tient dans ce cheminement, magnifiquement erratique. Son charme, et sa beauté.

Xavier Prévost

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 13:38

« Dans le prolongement »

Régis Huby (violon, composition), Théo Ceccaldi (violon), Guillaume Roy (alto), Atsushi Sakaï (violoncelle), François Couturier (piano)

Théâtre 71, Malakoff, 3 novembre 2016, 20h30

Le violoniste-compositeur-improvisateur Régis Huby est en résidence artistique pour deux saisons au Théâtre 71 de Malakoff, lequel a eu la bonne idée d'accueillir cette production du Centre culturel de rencontre de l'Abbaye de Noirac. Le Quatuor ixi, piloté depuis 20 ans par le binôme Régis Huby – Guillaume Roy, navigue avec audace entre le jazz, la musique improvisée et l'histoire récente du quatuor à cordes. Et pour l'occasion le quatuor convie un pianiste qui partage avec lui le goût des chemins de traverse, entre les idiomes et les styles.

En guise de bienvenue à l'invité, le quatuor choisit de commencer avec une composition du pianiste, tirée du répertoire de son « Tarkovsky Quartet » : recueillement, ascèse et lyrisme. Puis viennent les compositions de Régis Huby, objet de cette création. Le langage du quatuor porte toutes les traces de son histoire : tropisme jazz, goût de l'improvisation, écriture exigeante, marquée par l'histoire musicale du vingtième siècle. Le mélomane moyen mais attentif que je suis pense parfois à Alban Berg pour l'expressivité, à Bartók pour les intervalles tendus et les réminiscences traditionnelles (ici, un court instant, la musique celtique), pour les rythmes aussi ; et à Stravinski pour les séquences rythmiques lancinantes, les syncopes et l'incantation ; et quelques instants, dans un solo, furtivement, le souvenir de Tzigane de Ravel.. Les compositions sont construites pour accueillir, par tuilage discret, des cadences improvisées de chacun. Les deux violonistes font un instant cadence commune, où leur musicalité et leur énergie font merveille. Régis Huby me confie, à la fin du concert, qu'il ressent chez Théo Ceccaldi la fougue du violoniste qu'il était lui-même voici vingt ans, et me dit que Guillaume Roy éprouve en les écoutant la même sensation. La musique est bâtie sur des contrastes parfois violents, mais les nuances sont palpables, et ce quintette avec piano respire l'harmonie jusque dans les dissonances : au-delà de l'harmonie purement musicale, une adéquation humaine, reflet du rythme qui régit le vivant. Les improvisations de chacun insèrent dans le déroulement cette tension, et cette mise en suspens, nécessaires à toute expression artistique. Vient une composition de Guillaume Roy, qui prolonge la pièce centrale qui donne son titre à cette création : Dans le prolongement. Communauté de langage, même liberté, même densité. Conclusion du concert avec à nouveau une pièce signée Régis Huby, et en rappel un thème du répertoire du Quatuor Ixi, réarrangé pour accueillir l'invité de la soirée, qui a magnifiquement tenu sa place dans ce Quintette à cordes pas tout à fait éphémère puisqu'il revivra, notamment en janvier à la Maison de la Culture de Grenoble, et en mars à Sceaux, aux Gémeaux.

Xavier Prévost

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Le quatuor IXI dans l'émission À l'Improviste d'Anne Montaron sur France Musique le 21 février 2015

http://www.francemusique.fr/player/resource/74633-85783

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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 11:07
MARTIAL SOLAL et DAVE LIEBMAN en duo à la Maison de la Radio

    En arrivant vers 18h, pour la fin de la balance, je croise près des coulisses Jean-Jacques Quesada, saxophoniste élève et ami de Dave Liebman. Il m'invite à me faire discret en traversant le plateau, car Martial et Dave sont en train d'enregistrer quelques pièces pour compléter un disque qui pourrait paraître, avec des extraits du concert à venir, et de la seconde soirée de décembre 2015, au Sunside, captée par France Musique pour le Jazz Club. Les deux musiciens sont très concentrés, et leur plaisir de jouer est palpable. Après la balance, retour dans les loges pour un tête-à-tête studieux : les deux compères veulent choisir quelques standards, en privilégiant ceux qu'ils n'ont joués ni en décembre dernier, ni cet été au festival Jazz and Wine, à Sauternes.

   Exceptionnellement, ce Jazz sur le Vif est à 20h, et au grand studio 104. Après Invitation, au ténor, Liebman passe au soprano pour Stella by Starlight. Solal, dans ses intros comme dans ses exposés, batifole au large du thème (il effleure à nouveau Invitation, et il y reviendra plus tard dans le concert....), quand son partenaire choisit souvent un énoncé presque littéral, avant de s'aventurer loin des bases. Retour au ténor pour une composition du pianiste, In and Out. Un peu de mélancolie, des intervalles distendus, l'esquisse d'un autre monde. Puis standard à nouveau, avec Just Friends, que Martial aime beaucoup jouer en duo. Envolée du pianiste, arrêt surprise, et enchaînement de Liebman pour un stop chorus qui tutoie l'horizon. Dave passe au soprano pour Small One, une de ses compositions, qu'il avait jouée avec Elvin Jones. Petite valse sentimentale (et assez noble) qui explose très vite en saillies pyrotechniques. Et pour conclure la première partie, un inoxydable standard du jazz, A Night in Tunisia, que Martial décortique avec science et humour dans l'intro, avant de laisser Dave jouer le thème en toute liberté.

   La reprise, pour le second set, se joue sur une version très cubiste de Night and Day. Les deux complices s'en donnent à cœur joie dans cet espace de liberté que constitue un standard tellement ressassé qu'il est une injonction majeure de liberté. Et ils ne s'en privent pas. Comme sur Satin Doll qui suivra, pour un chassé-croisé du meilleur aloi. Vient le moment où la saxophoniste, délaissant les saxophones, opte pour cette toute petite flûte indienne qu'il adore, et dont il extrait un thème de son cru, Cosmos. Martial Solal procure les accords et les arpèges requis, en ouvrant çà et là des portes secrètes. Retour au soprano pour Summertime : Martial dynamite l'intro, et Dave expose fidèlement, avec une belle expressivité, avant de s'aventurer vers le grand large. Martial posera une coda abrupte, comme pour dire que l'on s'est assez amusé avec cette vieille scie. Car le moment est venu d'une autre composition du pianiste, Coming Yesterday, inaugurée en 1978 pour le disque « Suite for Trio » : thème sinueux, suspendu, qui débouchera sur de torrides envolées de Liebman au soprano. Un standard encore, et quel, avec Body and Soul, traité avec toutes les libertés qu'autorise le talent : un monument si souvent visité vaut bien quelques détours dans les méandres de la mémoire, et les duettistes ne se privent d'aucune audace. Pour le rappel, un bon vieil anatole (mais semble-t-il pas en Si bémol), et What Is This Thing Called Love pour vraiment conclure, par une pirouette qui s'impose sur Hot House. Quel voyage, une fois de plus ! Un voyage organisé par Arnaud Merlin pour la série « Jazz sur le vif », qui donne rendez-vous le samedi 19 novembre à l'horaire coutumier, 17h30, et dans le lieu habituel, le studio 105, pour écouter le quartet du saxophoniste néerlandais Barend Middelhoff, et celui du tromboniste suisse Samuel Blaser. Encore une très belle affiche.

Xavier Prévost

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France Musique n'a pour le moment pas indiqué de date de diffusion pour le très beau concert Solal-Liebman

 

 

 

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 18:15

Joshua Redman-Brad Mehldau. Nearness (Nonesuch-Warner Bros)

 

Les DNJ boudent un peu : les flops du mois d'octobre

Le talent des duettistes n’est pas en jeu mais leur rencontre reste convenue et manque de ce feu sacré qui les habite généralement sur scène séparément. Ce concert de juillet 2011 publié aujourd’hui aurait pu rester dans les tiroirs.
Jean-Louis Lemarchand

 

 

DONNY McCASLIN  «Beyond Now» 

Motéma / Membran

 

Les DNJ boudent un peu : les flops du mois d'octobre

J'aime beaucoup ce saxophoniste mais le disque, magnifiquement produit, étouffe la musique par sa production même. Hommage à David Bowie, que le saxophonsite accompagnait dans son ultime disque, et super équipe : Jason Lindner, Tim Lefevre Mark Giuliana.... A contrario le dernier disque d'André Minvielle «1 Time» est mal produit, mais je l'adore, musicalement, textuellement, HUMAINEMENT !

Xavier Prevost

 

 

MACHA GHARIBIAN  :" Trans extended"

Jazz Village

 

 

Les DNJ boudent un peu : les flops du mois d'octobre

Pour être tout à fait honnête ce n'est pas un vrai flop car il y a des moments vraiment réussis dans cet album. C'est juste une réaction très personnelle par rapport aux concerts de louanges que reçoit la pianiste et qui me semblent un peu exagérés par rapport à cet album que je trouve pour le coup, extrêmement "produit".
 Jean-Marc Gelin

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 17:55

FRANÇOIS RILHAC  «It's Only A Papermoon» 

Black & Blue / Socadisc

 

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Black & Blue / Socadisc
Inédit (enregistré en1985) posthume (il est mort moins de 10 ans après) d'un pianiste incroyable, qui jouait le stride comme personne, et qui pouvait aussi illustrer Tatum de la manière la plus crédible, et vivante, avec un swing intense et une belle muscalité. Une pépite, a traiter comme telle : trésor pour amateurs. Xavier Prevost

 

Abbey Lincoln. Love Having You Around . Live at the Keystone Corner, vol 2. (High Note Records-Socadisc)

 

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

A son zénith, Abbey Lincoln, propose en 1980 dans un club californien  sa version d’Africa de Coltrane –l’unique disponible en disque-et un titre-clé de l’album engagé We Insist : Freedom Now ! signé Max Roach et Oscar Brown, Driva Man. En souvenir d’une chanteuse (1930-2010) authentique, intransigeante et poignante.
Jean-Louis Lemarchand

 

 

PIERRE DURAND  : « Chapter 2, Libertad »
Les disques de Lily 2016

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Véritable coup de coeur pour celui qui s’impose comme l’un des jazzman les plus intéressant de cette année 2016 et qui multiplie les projets les plus divers. En l’occurrence plongée fascinante dans sa propre histoire du jazz dont la lecture est quasi chamanique. Et e plus il est magnifiquement accompagné. Un grand disque !
Jean-Marc Gelin

 

 

 

DANIEL ERDMANN'S VELVET REVOLUTION  «A Short Moment of Zero G»  BMC / UVM Distribution

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Une instrumentation inusités (sax-violon-vibraphone), un jazz de chambre sans complaisance, d'une belle inventivité, un formidable sens de l'équilibre entre les voix, une interaction tendue, mais sans violence. De la très belle «musique de musicien, entièrement faite à la main», comme disait l'ami Jacques Mahieux.

Xavier Prevost

 

 

Awake. As we fall. (Jazz & People-Harmonia Mundi).

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Justifiant son nom, ce quintet constitue une des belles surprises de l’année. Les deux leaders-Romain Cuoq (ténor) et Anthony Jambon (guitare) se partagent les compositions d’un album bien enlevé auquel, invité, Emile Parisien apporte sa pertinence.

Jean-Louis Lemarchand

 

 

Donny Mc Caslin : «  Beyon now »
Motema 2016

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Grande claque à l’écoute de ce nouvel album inspiré par la collaboration du saxophoniste avec feu David Bowie sur l’ultime album de ce dernier. Un lyrisme absolument ébouriffant sur des nappes électriques pop-post psyché. Fascinant, brutal et puissant. Un album à très très haute intensité
jean-Marc Gelin

 

SCHWAB SORO : "Volons !"
Label Neuklang/ Bauer Studios
Sortie 21 Octobre 2016
www.schwabsoro.com

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Avec Volons ! deuxième album de ce formidable duo découvert avec leur premier Cd Schwab Soro en 2014, le plaisir est intact et on se régale d’un bout à l’autre de ces compositions délicates du contrebassiste Raphael Schwab alors que son complice de Ping Machine, le saxophoniste alto Julien Soro, toujours aussi vif et imprévisible, nous entraîne de « Mambo » en « Jolie Valse Joyeuse ». Une dynamique commune au service d’un jazz « vif » et sensible qui nous prend souvent à revers. Lumineux en ce début d’automne !

Sophie Chambon

 

 

Jazz Guitar
Label Cristal Records/Harmonia mundi

 

Les DNJ s'éclatent : les tops du mois octobre !

Que vous soyez amoureux fou de l‘instrument ou curieux de ses développements dans le jazz, ce nouvel opus est pour vous ! 2 albums : le premier CD constitué d’une sélection de standards du grand Claude Carrière, le deuxième, florilège du catalogue de la maison de disques. Bien vu pour (re)découvrir les géniaux guitaristes jazz ( il n’y a pas que Django, Charlie Christian et Wes Montgomery) comme Herb Ellis, Barney Kessel, Kenny Burrell, Sacha Distel (eh oui !). Sur le deuxième album, la fine fleur de la guitare jazz de Gérard Marais à Pierre Perchaud, Pierre Durand, David Chevallier…Incontournable !
  Sophie Chambon

 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 11:02

@jean-louis LemarchandPassé à la postérité de son vivant, recordman des ventes (25 millions pour 70 albums), compositeur prolixe (300 œuvres), Georges Jouvin, alias « la trompette d’or », disparu le 24 octobre dernier à 93 ans,  restera comme  le  roi de la musique populaire des années 50-70, celle qui se jouait dans les bals, s’écoutait  dans les transistors et s’exportait jusqu’en Amérique latine.  Interprète formé à la très classique école des Conservatoires (Rennes, Paris) avec moult premiers prix (harmonie, solfège, trompette) et premiers concerts dans la « grande » musique, Georges Jouvin  a fait quelques incursions dans l’univers du jazz. L’histoire retiendra un enregistrement avec Charlie Parker en novembre 1950. « Bird », alors en tournée en Europe, enregistre au Studio du  Poste Parisien pour une émission de la RTF (l’ancêtre de Radio France) avec le grand orchestre de Maurice Moufflard, lui-même trompettiste.  Dans la section des trompettes, le jeune Jouvin (27 ans) côtoie Roger Guérin,  Pierre Fassin et Yves Aloutte. Il ne reste qu’un morceau de cet enregistrement, Lady Bird, composition de Tadd Dameron.  Les exégètes de Parker (Alain Tercinet, Parker’s Mood, ed.Parenthèses) relèvent que le saxophoniste n’a laissé qu’une autre version de ce titre (enregistrée en 1951 à Framingham). Quant à Georges Jouvin, il va employer dans son grand orchestre de nombreux jazzmen dont le saxophoniste Jean-Claude Fohrenbach  qui, se souvient le producteur Claude Carrière, jouait, debout, d’un orgue électronique de fac ture italienne, le Farfisa. Et vice-président de la Sacem à trois reprises, il ne manquait pas de manifester son amour pour le jazz en assistant à des concerts ou en retrouvant ses amis musiciens, comme lors de la remise de la légion d’honneur (photo ci-contre), en 2010, à René Urtreger.
Jean-Louis Lemarchand
   

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 08:15
DONNY MC CASLIN : «  Beyond now »

DONNY MC CASLIN : «  Beyond now »
Motema 2016
Donny Mc Caslin (ts), Tim Lefebvre (b), Mark Giuliana (dms), Jason Linder (kybds) , Nate Wood (g)

 

Autant vous le dire, vous allez vous en prendre une et une sévère !
Ceux qui pensent que Donny Mc Caslin est le jeune saxophoniste bien gentil, petite mèche sur le côté, celui qui tient sagementnle pupitre dans l’orchestre de Maria Schneider, celui que l’on présenterait à sa belle-mère, et bien ceux-là vont en prendre pour leur grade. Et une sévère.
Car Mc Caslin est en fait un vrai tueur. Ce dont les auditeurs avisés s’étaient déjà un peu rendu compte dans les précédents albums.Donny Mc Caslin est pour moi un killer comme on n’en a pas vu depuis le temps où les gars sortaient leurs armes sur les scènes de kansas City.

Marqué par sa collaboration avec David Bowie sur l’ultime album très jazz de ce dernier ( « Black stars » auquel participaient aussi les autres musiciens ici présents), Donny Mc Caslin s’est ainsi transformé en une sorte de Mister Hyde émergeant de substances électriques aux nappes sonores brumeuses et pyschédéliques ( Coelacanth). Les références à David Bowie sont bien sûr très présentes comme sur Small Plot of lands très marqué par l’influence de la star anglaise et repris de l’album « Outside » sorti en 1995.
 
Sur ce tapis très pop, Donny MC Caslin sort sa lame affutée comme un rasoir. Tranchante et agile.
« Donny Mc the knife »
Rarement on a entendu un saxophoniste donner autant de puissance et de lyrisme lyrique à son discours. Il faut dire que Donny Mc Caslin a un sens incroyable de la mise en scène ( certains disent même que l’album est sur-produit) et que son phrasé acrobatique apporte à l’album une dimension «  hors-sol » comme on peut l’entendre sur cette ouverture absolument magistrale sur Shake loose qui vous laisse sur le cul et tout ébouriffés.
A la fois lunaire et brutal. A la fois pop et jazz. A la fois sensuel, intellectuel et tripal, à la fois flottant et inquiétant, le jazz de Donny Mc Caslin porte très haut le renouveau du jazz dans une production digne des grands héros du genre.
De bons gros sons de basses matelassent l’album, portés par un Tim Lefebvre en lévitation ( Tedeski trucks band). Les tapis harmoniques de Jason Linder vous enveloppent dans une sorte d’entre deux plus ou moins psyché alors que la guitare de Nate Wood fini par vos assener quelques coups de boutoirs saisissants, comme des attaques en règle.
Produit par David Binney, l’album vous embarque de morceau en morceau dans un univers qui lui est propre, à la fois onirique et inquiétant, dans une mise en tension palpable.

Incandescent !


Jean-Marc Gelin

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26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 16:48
Noël BALEN  MINGUS ERECTUS

Noël BALEN

Mingus Erectus

Les Fables de Charles

Le Castor Astral

Livre-CD

Photographies d’Amaury Voslion

Couverture de José Correa

www.noelbalen.com

Belle idée que d’illustrer un livre par un CD, quand il s’agit d’une ode à la mémoire du fabuleux contrebassiste Charles Mingus, farouche résistant à tous les racismes, insoumis perpétuel dont on a pu découvrir la vie singulière et tragique dans une autobiographie explicitement nommée Moins qu’un chien ( Editions Parenthèses).

Ecrivain, critique, musicien ( bassiste et contrebassiste) Noel Balen a de multiples intérêts dans la vie  ce qui  n’est pas pour nous déplaire. Outre sa passion pour le jazz ( L’Odyssée du Jazz, Liana Levi, 1993, 7ème édition tout de même ) et d’illustres figures musicales, jazz ou pop dont il a tracé de vigoureux portraits (Miles Davis, Billie Holiday, Django Reinhardt, Charles Trenet, Neil Young ), il est passionné de gastronomie et d’œnologie (ayant co-écrit des fictions devenues des séries romanesques sur le vin comme Le Sang de La Vigne et Crimes Gourmands, sans flic mais avec critique gastronomique qui mène l’enquête, sa compagne Vanessa).

Ouvrage soigné sorti chez Le Castor Astral, maison sérieuse aux auteurs passionnés et experts, on pourra apprécier autant les petits poèmes de Balen que leur illustration sonore aux accents de jazz poetry, un recueil de « fables de Charles ». Mettant en mots une série d’épisodes qui donnent une remarquable idée de l’intensité douloureuse, de la violence rageuse qui animait Mingus « droit dans ses notes », Balen traduit l’état d’esprit du compositeur contrebassiste toujours fiévreux et l’intensité de ces hymnes-manifestes ancrés dans le blues et gospel . En se référant aux titres de chacun de ces courts poèmes, on se repasse les moments forts de sa vie -il y en eut beaucoup : les amitiés (« Brother Danny », « So long Eric »), les concerts mythiques ( Toronto, 15 mai 1953 »), la femme aimée ( « Elle, Susan ») les séjours au Mexique (« Tijuana Fuck », « Cuernavaca ­­56 »). Il y a même une sorte de rapide déroulé biographique, une drôle de notice nécrologique «  A kind of Bio (comme une sorte de bout de bio) » de celui qui n’était pas né sous la bonne étoile, « On the sunny side of the street ».

Le CD qui fait intervenir sur 18 plages de très nombreux musiciens (voir la liste sur http://www.castorastral.com/livre/mingus-erectus/), chanteurs, acteurs sur les textes même du recueil a été produit et réalisé par  Noel Balen et Etienne Gauthier (compositions et arrangements) qui orchestre un ensemble à cordes. Auquel se joint une section de cuivres Thomas Enhco (tp), Julien Cavard(as), Glenn Ferris (tb), dirigée par Philippe Jakko et le Fame’s Macedonian Symphonic Orchestra. La liste des intervenants, imposante, réunit un ensemble assez composite d’artistes actuels. Un ouvrage collectif qui ne se veut pas une somme mais qui conserve en dépit d'un apparent éclatement, une unité, une dimension poétique et originale. Un magma très personnel, un hommage sincère à l’un des plus grands musiciens de jazz qui prend la forme d’une aventure permanente, avec des interventions plus "sauvages", parlées, slamées, chantées.

Nb: un CD inédit commercialisé avec le livre seulement mais des concerts sont prévus avec les artistes du disque . A suivre donc!

Sophie Chambon

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19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 22:55

Les Disques de Lily 2016
Pierre Durand (g), Hugues Mayot (ts), Guido Zorn (cb), Joe Quitke (dms)

Distr. par Absilone

http://www.lesdisquesdelily.fr


Nous nous étions enthousiasmés en 2012 pour le 1er chapitre de Pierre Durand qu’il ouvrait, en solo chez le tout jeune label de Jérôme Gransac (http://www.lesdnj.com/article-pierre-durand-chapter-one-nola-improvisations-111479928.html). Il s’agissait alors d’un petit chef d’oeuvre iconoclaste.
4 ans après ce coup de maître, le guitariste revient pour un coup de génie dans le format plus classique du quartet. Avec toujours le même élan et toujours la même difficulté pour le chroniqueur d’en parler tant il sort des sentiers battus.
Ici Pierre Durand se lance dans une sorte d’exploration très personnelle du jazz et de ses racines. Avec une sorte de vision vernaculaire et un soupçon de chamanisme il y a, dans son approche une volonté de jeter des ponts entre un jazz ancré dans la terre et ses dérivés plus modernes, plus occidentaux. Cet album, c’est le blues et c’est l’esprit.
Avec une écriture magnifique et un sens consommé des arrangements, on navigue alors entre chiens et loups, sur une musique qui puise au coeur des territoires indiens, qui plonge dans une Nouvelle Orléans de carnaval animiste, qui traverse le rock Hendrixien autant que les rivages d’un blues très gras. Et pour l’occasion le guitariste s’entoure magnifiquement.
A l’expression virile et parfois rageuse d’Hugues Mayot répond le lyrisme et le sens mélodique de Pierre Durand qui emprunte toujours les routes les moins évidentes , les plus sinueuses et les plus belles aussi. A l'entednre on pense à John Scofield à Bill Frisell et même à Ralph Towner.

Quand à la rythmique, elle ancre le groove de bien fine manière entre procession de carnaval et riffs traînants.

Au final cet album possède un charme magique et envoutant qui séduit autant qu’il déroute. Qui intrigue autant qu’il emporte. Et le maître de ce sortilège, Pierre Durand est définitivement un griot du jazz.
Jean-Marc Gelin

 

Pierre Durand présentera Libertad à Paris au Sunside le 30 novembre

 

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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 21:26

C'est un événement : un concert de Martial Solal en trio ! Cela fait pas mal de temps que ce n'était pas arrivé. Après avoir cessé de se produire pendant toute une année, Martial avait fait son retour en club, au Sunside, en décembre 2015, pour un duo inédit avec Dave Liebman. Et le voici, pour un trio tout aussi neuf, dans la grande salle de l'Opéra de Lyon. Fidèle auditeur de Martial, au disque comme au concert, et depuis des décennies, je ne voulais pour rien au monde manquer cet événement. Direction Lyon, donc, où je gagnerai l'Opéra par la ligne « A » du métro ; Martial jouera ce soir quelques mesures de Take the « A » Train : clin d'œil.... ou hasard objectif ?

 

 

 

QUELQUES HEURES avec MARTIAL SOLAL à l'Opéra de Lyon

À 17h, je suis dans les coulisses, derrière le grand plateau. Martial arrive, très entouré. Il marche lentement, un peu voûté par la fatigue du voyage : « Je me sentirai mieux quand je serai assis, me dit-il ». Effectivement, une fois installé devant le piano, Martial oublie sa fatigue et pilote les préparatifs. Les régisseurs installent la batterie, que Bernard Lubat va disposer à sa guise. Bernard et Martial sont de vieilles connaissances. Dans sa première vie professionnelle de jazzman presque de stricte obédience, le batteur a parfois apporté son concours au pianiste. Mais leur plus récente rencontre s'est faite à deux pianos, au festival Sons d'hiver en janvier 2104 : un DVD intitulé « In and Out », et signé Thierry Augé, en témoigne. Pendant que Bernard s'affaire sur le réglage de ses toms, Martial dialogue avec le contrebassiste Mads Vinding. Le pianiste l'a rencontré en 1999 à Copenhague lorsque, récipiendaire du prestigieux Jazzpar Prize, il devait donner un concert de création avec des musiciens danois. Martial apprécie ce grand contrebassiste, pilier du célèbre Montmartre Jazzclub de la capitale danoise, où il a accompagné tout le gotha du jazz international durant des lustres. François Postaire, qui programme le jazz à l'Opéra, veille sur le plateau à ce que tout soit fait pour le mieux. Les équipes de son et de lumière s'affairent avec une fluide efficacité. La balance peut commencer. Un tour de chauffe sur un standard, Here's That Rainy Day, avant de passer aux compositions originales de Martial : Coming Yesterday , Aigue Marine... ; Certaines nécessitent une très précise mise en place, ce qui n'est pas un problème pour ces partenaires de haut-vol. On affine le son avec quelques standards, dont On Green Dolphin Street, que Martial affectionne, mais qui ne sera pas joué le soir. Le son du trio est au point : c'est le moment d'accueillir l'invitée : Claudia Solal. Martial a prévu de jouer deux standards, puis une improvisation totale, avec sa fille. Pour les standards (Lush Life et In Walked Bud), ils font un petit galop d'essai, histoire de vérifier que tout fonctionne. On rectifie ici un accord de passage, là une inflexion, et le tour est joué. Mais pour le duo improvisé, pas question de répéter : ces deux intrépides improviseront à vue... et il en ont vues d'autres ! Tout est paré. Sophie Jarjat, l'attachée de presse, s'enquiert de l'accueil des invités des artistes. La peintre Anna Solal, la femme de Martial, s'assure que personne n'a été oublié parmi les amis attendus à concert-événement. En attendant l'ascenseur qui va le conduire aux loges Martial, très détendu, admet qu'une pause lui fera le plus grand bien. Mais, pour me rassurer, ou plutôt pour me taquiner, il me dit « La tête et les doigts fonctionnent parfaitement ! ». Qui pourrait en douter ?

 

QUELQUES HEURES avec MARTIAL SOLAL à l'Opéra de Lyon

Et le concert à 20h30 en administre, s'il en était besoin, la preuve éclatante. En trio d'abord, avec Swing Spring pour se mettre en jambe sur un classique du bop, suivi par deux très belles compositions de Martial : Aigue Marine et Coming Yesterday. Puis, prétextant avec humour que ses partenaires ont besoin de repos, il nous offre en solo un éclatant medley du répertoire de Duke Ellington. Il connaît cette musique, il l'aime, et prend avec elle toutes les libertés qu'autorise l'amour. Puis il accueille Claudia « ma chanteuse préférée, dit-il, et pas seulement parce qu'elle est ma fille ». Ils jouent les deux standards prévus : Claudia fait merveille d'expression dans Lush Life, et introduit In Walked Bud en chantant a cappella, avant d'être rejointe par Martial, en pleine effervescence bebop. Le troisième duo, totalement improvisé, est fascinant : dialogue télépathique, où les audaces de la chanteuse stimulent les réponses inouïes du pianiste. C'est un enchantement, jusqu'à l'instant final où, dans le suspens d'un élan que l'on croirait indécis, Martial pose les notes conclusives. Le public est conquis, et continuera de l'être au retour du trio : standards encore, avec un fabuleux solo de Bernard Lubat, aux balais, sur Here's That Rainy Day. Dans le suivant Mads Vinding aura largement loisir de s'exprimer, avant que le trio ne se lance dans le labyrinthe de Zag-Zig, une composition de Martial pleine de chausse-trapes et de rebondissements. Un Tea For Two d'apparence récréative permettra à chacun de jouer le jeu du jazz : surprises, acuité musicale, liberté d'improviser.... Le public est aux anges, et rappelle à tout-va. Bons princes, les musiciens reviennent pour un Lover Man porteur de mémoire et d'émois ; rappelés encore ils nous offriront What Is This Thing Called Love, et au troisième rappel, après que Claudia, mandée en coulisse par Bernard Lubat, s'est jointe au trio pour recevoir les vivats, c'est en solo que Martial va conclure. D'abord en donnant mille fantaisies, très musicales, et plutôt hardies, sur l'air de Happy Birthday To You. (au prétexte suivant « Il y a bien ce soir dans la salle, dit-il, quelqu'un dont c'est l'anniversaire.... »). Puis, faisant mine de partir encore, il nous donne une version inédite, façon puzzle, de sa partition pour le film À Bout de souffle. Ovation d'un public heureux, bonheur partagé avec un artiste manifestement comblé par cette soirée où chacun a donné le meilleur : un rêve en somme !

Xavier Prévost

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Martial Solal jouera en duo avec Dave Liebman le samedi 29 octobre à 20h, dans le grand studio 104 de la Maison de la Radio, pour un concert « Jazz sur le vif » exceptionnel.

http://www.maisondelaradio.fr/evenement/jazz/jazz-sur-le-vif-20

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