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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 09:26

Les jazzmen saisis par Arthur Elgort

 


Exposition de photos. Colette, 213, rue St Honoré. 75001. 26 septembre-5 novembre 2016-

 

 


Réputé pour ses photos de mode-Linda Evangelista, Kate Moss, Cindy Crawford eurent l’honneur de ses objectifs-le new-yorkais Arthur Elgort (76 ans) aime le jazz. Il combine ses deux passions dans deux clichés pris en 1988 lors d’une croisière du jazz sur le SS Norway (l’ex France) pour Vogue Italia où la top model britannique Jeny Howorth prend la pose aux côtés de Dizzy Gillespie et Dexter Gordon. La quinzaine d’autres photos de jazz exposées (1), datant de 1987 à 2000, parues pour la plupart dans des magazines (Vogue, The New Yorker), sont exclusivement consacrées aux jazzmen, à l’exception d’une jazzwoman, la pianiste Dorothy Donegan dont le regretté André Clergeat vantait le « toucher perlé »( Dictionnaire du Jazz). Le plateau ne manque pas de gueule : Wynton Marsalis, Art Blakey, Roy Hargrove, Illinois Jacquet, Sonny Rollins (gros plan touchant), Lionel Hampton (à 83 ans), George Benson et Jon Hendricks (tout sourire). Une mention spéciale pour des photos de groupe posant en pleine rue à New-York, le Lincoln Center Jazz Orchestra (ci-contre en 1992), et un quartet de belle allure-Milt Hinton, Roy Hargrove, James Carter, John Faddis (2000).  
(1). La rétrospective Arthur Elgort présente globalement une centaine de photos ayant trait principalement à la mode et au ballet.  Toutes les photographies sont disponibles.
Jean-Louis Lemarchand
 

 

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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 09:20

The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation

Exposition au Musée du Quai Branly Jacques Chirac (jusqu’au 15 janvier 2017)

On lui devait l’exposition –monumentale-« le siècle du jazz » en 2009. Daniel Soutif revient au Musée du Quai Branly avec « The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation ». Grand connaisseur de la culture américaine, chroniqueur de jazz, et agrégé de philosophie, Daniel Soutif a mis le même soin à ce travail encyclopédique qui porte sur un siècle et demi. Si l’abolition de l’esclavage date de 1865, les lois établissant la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis (lois dites « Jim Crow ») entrent en vigueur en 1877 et ne seront abolies qu’en 1964 par le président Lyndon B.Johnson par le Civil Rights Act. L’engagement des artistes africains-américains –appellation en vigueur depuis la fin des années 80 pour désigner les Noirs américains-pour l’égalité des droits avec les blancs et faire disparaître cette « ligne de couleur » va perdurer jusqu’à nos jours. Sur les cimaises du Musée du Quai Branly, l’amateur de jazz  retrouvera aussi bien une sélection de partitions des chansons célèbres du début du XXème siècle illustrant le répertoire des minstrels, ces blancs qui singeaient les noirs (un prêt du collectionneur émérite Philippe Baudoin) que des pochettes de disques de Free Jazz et en bande-son une interprétation de Louis Armstrong des années 20 et Strange Fruit de Billie Holiday, intégré dans une section-choc sur les lynchages. Mais il aura tout loisir d’élargir son regard. Visiter cette exposition, c’est à la fois se plonger au cœur de la lutte des Noirs américains et découvrir toutes les formes qu’elle prenait, sur les scènes de spectacle, les stades et autres rings aussi bien que par les écrits, les chansons, les peintures, les photographies. Des milliers de documents témoignent de la formidable créativité de ces contestataires de l’ordre blanc. Autant dire qu’une seule visite (1) ne suffit pas à épuiser toutes les ressources de The Color Line. Et encore, Daniel Soutif reconnaît que son exposition « est de ce point de vue un peu comme un iceberg. Il en faudra bien d’autres, tant thématiques que monographiques, pour enfin réellement faire connaître la richesse de la production artistique africaine-américaine ».
Une visite également conseillée aux trois ministres qui invitaient à l’inauguration de l’exposition et avaient brillé ce jour-là par leur absence.
 Jean-Louis Lemarchand
Frémeaux & Associés propose à cette occasion le coffret officiel de l’exposition, une anthologie sous présentée avec plus de 150 titres présentés dans 3 CD portant sur la période 1916-1962, et réalisée par Bruno Blum.
 


    www.quaibranly.fr

 

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Published by Jean-Louis Lemarchand - dans Evènements
6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 20:55

---- NEIL COWLEY TRIO « Spacebound Apes » , www.neilcowleytrio.com

Tops et flops de septembre : Part 2,  Les flops

Un album concept, enrobé d'un copieux discours d'escorte, sous forme d'une nouvelle illustrée sur le site http://lincolnsdiary.tumblr.com/ . Effet béquille assuré, pour une musique souvent assez dépouillée, mais dont le minimalisme peine à engendrer l'intensité émotionnelle : la joliesse n'induit pas nécessairement l'émoi.

Xavier Prevost

Il l'annonce c'est un album concept. Encore faut il que concept il y ait. Le pianiste veut raconter une histoire mais se trouve mal inspiré , se répète entre le rivage d'une pop martelée et d'un jazz tire larmes. Mais l'émotion prend trop peu et il ne reste pas grand chose au final.

Jean-Marc Gelin

AVICHAI ORNOY « Sneakin' in » , Jazz Family / Socadisc

Tops et flops de septembre : Part 2,  Les flops

On nous annonce un flûtiste virtuose (Orchestre philharmonique d'Israël), rompu aussi au klezmer, qui publie son premier opus jazzistique. Mais le résultat est très convenu, malgré un blues dévoyé sur les traces de Sing Me Softly Of The Blues de Carla Bley. Une découverte qui se transforme en déception.

Xavier Prevost

---- Nils Petter Molvaer , Buyoancy (Okek-Sony)

Tops et flops de septembre : Part 2,  Les flops

Circulez y a rien à voir. Pour ceux qui aiment le jeu épuré du trompettiste norvégien et la zénitude boréale, rien de nouveau. NPM à déjà fait le disque et se répète à l'infini d'un désert nordique.

Jean-Marc Gelin

---- 3 minutes pour comprendre, les 50 concepts, styles et musiciens du jazz. Dave Gelly.

Le Courrier du Livre. 160 pages. (titre original 30 seconds Jazz. The Ivy Press Ltd).


« Ce livre offre une histoire du jazz », annonce en introduction Dave Gelly, collaborateur du respecté magazine britannique Observer depuis 1974. Nous voilà alléchés. Pas pour longtemps. Raccourcis, approximations et simplifications sont légion. On retiendra un beau choix d’illustrations.
Jean-Louis Lemarchand

Tops et flops de septembre : Part 2,  Les flops

« Ce livre offre une histoire du jazz », annonce en introduction Dave Gelly, collaborateur du respecté magazine britannique Observer depuis 1974. Nous voilà alléchés. Pas pour longtemps. Raccourcis, approximations et simplifications sont légion. On retiendra un beau choix d’illustrations.
Jean-Louis Lemarchand

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 20:11

Les DNJ ont aimé

**** URSUS MINOR « What Matters Now » ,

Hope Street / L'Autre Distribution

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

Utopie réalisée, grâce à la complicité du Festival Kind of Belou, et au financement participatif. Très bel objet musical (double CD) et graphique (dessins et photos dans un livret de 140 pages). Jazz, soul, rock, spoken words : autour du groupe des artistes de tous univers (Desdamona, Dominique Pifarély, Ada Ayer....).

Xavier Prevost

**** Kandace Springs, Soul Eyes

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

Native de Nashville, remarquée par Prince, Kandace Springs choisit un titre de Mal Waldron pour son premier album chez Blue Note. Osé. Test réussi pour une chanteuse qui se révèle aussi une redoutable pianiste.

Jean-Louis Lemarchand

**** Dahfer Youssef : " Diwan of beauty and odd"

Okeh 2016

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

La rencontre du jazz et de l'orient produit des merveilles de transes mystiques. Ici le chanteur réunit à crème du jazz dans un moment d'une rare incandescence. Ambrose Akinmusire se fond dans la voix exceptionnelle de Dahfer et Aaron Park se mue en enlumineur de génie.

Jean-Marc Gelin

**** Joey Alexander, Countdown (Motema)

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

Enfant prodige, Joey Alexander séduisit Wynton Marsalis qui le programma à Marciac l’an passé. Ce deuxième disque de l’ado australien (13 ans) confirme le diagnostic. Attention virtuose ! Il s’attaque à Monk, Coltrane, Strayhorn, excusez du peu et livre même deux compositions propres. A suivre.

Jean-Louis Lemarchand


**** Nils Petter Molvaer , Buyoancy (Okek-Sony)

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

On retrouve avec plaisir le trompettiste norvégien dans ses œuvres. L’électronique et effets divers ne viennent jamais perturber une sonorité toujours aérienne. Nils Petter Molvaer et ses trois comparses scandinaves nous font littéralement planer ou flotter (pour reprendre le titre de l’album).

Jean-Louis Lemarchand

**** JIM BLACK « The Constant » , Intakt Records /

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

Un disque de batteur vraiment compositeur, inspiré par le souvenir de « Footloose ! » de Paul Bley (1962-63). Sens mélodique très original, intervalles distendus, liberté de circulation entre les trois musiciens (le pianiste autrichien Elias Stemeseder et la contrebassiste états-unien Thomas Morgan) : magnifique !

Xavier Prevost

**** Big band de L'OEUF :" Petits plats pour grand ensemble"

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

Voilà un big band à vous réveiller les papilles. Toujours alerte, épicé comme il se doit, inventif avec du swing intelligent. Un vrai travail d'orfèvre qui vous fait aimer cette cuisine là. A consommer avec avidité.

Jean-Marc Gelin

**** Les Nébuleuses
Quintet + Swing trio
Christophe Dal S
asso
Jazz & People

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops


Ou comment trouver l’inspiration, en regardant le ciel, les étoiles, la matière mystérieuse de l’univers, et comparer avec l’origine et le sens de la création artistique.
Les sept compositions et arrangements du flûtiste Christophe dal Sasso se partagent entre forme écrite et improvisation, principes sériels et jazz post-coltranien. Une écriture savante qui va voir du côté de Messiaen, de Boulez, avec un lyrisme rare : Christophe Dal Sasso est un compositeur fécond, un arrangeur diabolique, qui vous embarque à bord d’un étrange vaisseau spatial, avec un équipage fin prêt pour une aventure incroyable, un formidable quintet jazz et un trio de cordes, où chacun joue sa partition, offrant à l’ensemble sa ligne propre dans des directions comme éclatées. Les énergies libérées se déploient dans l’espace et le temps. La musique, généreusement expansionniste, ne prend jamais le pouvoir mais se développe au contraire, à perte de l’ouïe. Et vous fera planer.
Sophie Chambon

**** Visitation
Cyril Achard invite Geraldine Laure
nt

Tops et flops de septembre : Part 1,  Les Tops

ACM Jazz Label
Un duo insolite, acoustique, guitare six cordes nylon sans médiator-saxophone alto dont la musique touche, dans sa complexité heureuse, au sein d’une création continue. Ils jouent les compositions originales du guitariste mais aussi les standards… à leur façon, les retouchant avec leur sensibilité, leur fougue. La musique touche car dans sa complexité heureuse, elle reste très immédiate, généreuse, au sein d’une création continue qui semble couler, encore que l’on comprenne très vite qu’elle suit une tructure rigoureuse. C’est sans doute ce mystère des arrangements, de cette science si délicate de la ré-harmonisation, qui s’appuie sur une technique très maîtrisée : comment faire retrouver très vite, par l’exposition du thème, la saveur initiale du morceau et nous emmener loin pour nous faire retrouver au final le fredon initial. Comme dans un bon équilibre culinaire, le duo joue « actuel » sur des bases classiques.
Sophie Chambon

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 20:05
Itamar Borochov : " Boomerang"

Itamar Borochov : " Boomerang"
Laborie Jazz 2016
Itamar Borochov (tp), Michael Kinf-g (p), Avri Borochov (cb, oud), Jay Sawyer (dms)


Voici donc venue la toute nouvelle découverte de Jean-Michel Leygonie qui poursuit son travail de chercheur d’or. Une pépite donc qui nous arrive tout droit telle une comète venue d'une planète où le jazz règne en maître. Une pépite qui pour son premier album le place sur des orbites où gravitent aujourd'hui des trompettiste de la trempe d'Ambrose Akinmusire, d'Avishai Cohen ou de Jeremy Pelt. Enr bref , un talent immense.
Et le pire c’est que c’est presque par hasard que le Directeur du label a mis la main sur ce trompettiste qui un jour à Jazzahead lui remit un CD , à tout hasard. Et le hasard fit bien les choses puisque de Brême à Limoges, Jean-Michel Leygonie se passa en boucle cet album onze heures durant, peinant à conduire tant l’émotion le submergeait.

Il faut dire qu’Itamar Borochov n’affiche pas seulement la beauté et l'élégance dans sa façon d'être mais aussi et surtout dans sa manière de jouer. A t-on entendu récemment un trompettiste de cette envergure qui apporte dans son jeu autant de force et d’expressivité ?

Soulful !


Ses phrases déchirent le ciel comme des moments d'embrasement et des zébrures divines. Lorsqu'il joue, le jeune trompettiste israélien (qui vit à New-York ) y met une âme qui vous emporte et peut soit vous renverser cul par terre ou bien vous bouleverser à en pleurer.
Pour l'occasion Itamar Borochov est magnifiquement accompagné par une rythmique qui semble comprendre ce qui se joue là : Une page essentielle entre hard bop et tradition venue d'orient. En fusion. Et à ce jeu-là Michael King au piano sert son sujet avec brio

Itamar Borochov brille de mille feux. De ce genre de feux sacrés qui relèvent d’un séculaire secret transporté par Louis, Miles, Clifford et Freddy…. jusqu'à lui.
Exceptionnel !
Jean-Marc Gelin

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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 22:13
LAURENT COURTHALIAC + 7 : «  All my life, a tribute to Woody Allen »

LAURENT COURTHALIAC + 7 : « All my life, a tribute to Woody Allen »
Laurent Courthaliac (p, arrgts), Bastien Ballaz (tb), Dimitry Baevsky (as), David Sauzay (ts), Xavier Richardeau (bs), Clovis Nicolas (cb), Pete Van Nostrand (dms)
Jazz & People 2016


Voilà un petit bonbon à mettre dans votre assiette. Déjà, rien qu’avec l’appel du pied ( l’hommage à Woody Allen) vous savez que vous allez traîner vos oreilles du côté de Broadway et de ses compositeurs mythiques en flânant en passage dans les rues de Manhattan par un soir de line printanière.
Pour cette occasion le pianiste Laurent Courthaliac a réuni une superbe formation qui, bien qu’il ne s’agisse que d’un octet sonne néanmoins comme un vrai big band et semble se faire un plaisir immense à jouer sur des arrangements classieux un musique à faire gémir de plaisir les amateurs de jazz qui reconnaîtrons bien sûr tout ces standards joués dans une pure veine mainstream ( But not for me, Embaceable you, Strike up the band , Just you just me etc….).
C’est si soyeux et si caressant qu’on imagine ce seven stars dans des smoking, noeud pap’ autour du cou façon grand orchestre. Embraceable you a des airs de Count Basie alors que Just you just me sonne comme chez Stan Kenton.
Dans cet hommage à Woddy Allen on reconnaît certains thèmes qui émaillent les films du réalisateur ( « Ev’ryone says I love you ») et d’autres qui bien sûr manquent à l’appel comme ce merveilleux I’m thru with love que personnellement j’aurai aimé retrouver ici (<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/mSCKujA-D84" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>).

C’est du pur plaisir de bout en bout. C’est un truc à le passer en boucle toute la journée parce que ça joue terrible, parce que c’est classe et parce que c’est léger, parce qu’il porte avec lui toutes les bandes sons de cet univers de Woody Allen qui, au travers des rues de New-York, en passant devant les théâtres de Broadway ou sur les rives de Manhattan donne à ce jazz- là son caractère intemporel.
Yeah man !
Jean-Marc Gelin

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28 septembre 2016 3 28 /09 /septembre /2016 18:54
SHIRLEY HORN « Live at the 4 Queens »

Shirley Horn (voix & piano)

Charles Ables (guitare basse)

Steve Williams (batterie)

Las Vegas, 2 mai 1988

Resonance Records / Socadisc

Miles Davis l'admirait, depuis les années 60 (et Miles était plutôt économe de ses admirations....). Il lui accorda même le privilège de sa présence (rarissime) comme sideman sur le disque « You Won't Forget Me » (Verve, 1990). Quoi d'étonnant : il y a chez elle cette retenue, ce placement rythmique funambule, que l'on trouve aussi chez le trompettiste. Et cela dans le chant comme dans l'accompagnement qu'elle se donne au piano. A la fin de sa vie, quand immobilisée sur un fauteuil roulant elle cédait le clavier à un (bon) pianiste, cela sautait aux oreilles, surtout quand au rappel elle quittait son fauteuil pour se faire porter sur la banquette du piano : elle s'accompagnait comme personne !

Avec cet inédit, capté au Four Queens Hotel de Las Vegas, elle nous revient en majesté rétrospective. L'année précédente elle a gravé deux disques, dont un en public (« I Thought About You ») ; et quelques mois plus tard elle enregistrera « Close Enough For Love ». Et comme toujours le répertoire se renouvelle. Après un premier instrumental (Hi-Fly, de Randy Weston), un peu altéré par une prise de son médiocre, voici You'd Be So Nice toCome Home To, swing en douceur et nuances de la voix, voix qui souffre encore un peu de la restitution sonore, laquelle heureusement va s'améliorer au fil des plages. L'interprétation est d'une grande liberté, accentuée encore par la pertinence de l'accompagnement. Régal assuré tout au long de l'album. Encore un instrumental sur Isn't It Romantic, qu'elle avait déjà enregistré en 1987, un Lover Man qui donne le frisson, tout comme Just For a Thrill (qu'elle reprendra en 1993 dans son hommage à Ray Charles). Et elle conclut au piano sur un blues d'Oscar Peterson. La publication de ce concert est assurément une bonne nouvelle pour ceux qui aiment Shirley Horn, et pour ceux qui devraient se hâter de la découvrir pour l'aimer. En plus, le livret recèle une foule de témoignages de ses producteurs, partenaires et collègues, dont Sheila Jordan.

Xavier Prévost

Des infos sur Vimeo

https://vimeo.com/183150689

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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 10:16
Les UZ-topies de Bernard Lubat

Les Uz-topies de Bernard Lubat

Dialogiques

Collection Jazz en France

232 pages.

84 photos, Documents. Bibliographie, discographie, vidéo-filmographie, index.

21 euros.

Voilà encore un projet abouti et formidable qui sort aux éditions Outre Mesure de Claude Fabre, l’une des plus sérieuses maisons de la jazzosphère, un livre sur le parcours incroyable du musicien et de l’homme, Bernard Lubat. Le cas Lubat, si on paraphrasait le livre-thèse d’Alain Gerber sur Coltrane, il y a bien longtemps déjà. Chaque livre de la maison d’édition est un nouveau plaisir de découverte et dans ce cas, de lecture. Car Les Uztopies de Bernard Lubat se lit comme un roman… Que l’on aime le jazz, le free, l’improvisation, que l’on soit un soixante-huitard nostalgique de sa jeunesse et de la flambée révolutionnaire ou un jeune des années 2000, que l’on soit de gauche, situationniste ou communiste, régionaliste, occitan, éducateur….

Extrêmement bien écrit à partir des entretiens (et même de l’enquête) menés pendant quinze ans par le sociologue-universitaire Fabien Granjon, le livre parvient à faire le tour de ce personnage hors du commun dont le langage à lui seul vaut la peine d’être considéré. Chacun de ces quatorze chapitres constitue la plus complète des biographies, traitant de l’engagement, de l’Amusique, de la politique. Des titres clairs Uzesticité & Histoire(s), Estaminet & Hestejadas , Des industries culturelles, Art et Politique, l’Educ’action Populaire, la Créolisation ( Edouard Glissant et sa Politique de la Relation a fait lui aussi escale à Uzeste)…

Emaillé de longs extraits passionnants, entrelardé de citations ( Jazz Magazine y est abondamment mentionné), d’improvisations de ce bateleur génial qui use des mots comme de ses mailloches ou baguettes, le texte se lit avec une gourmandise rare : on plonge dans la langue ainsi créée, sur le champ, et les expressions se précipitent sur le bout de la langue, se pressent pour être entendues. Pas de hasard si le Gascon, le grand Claude Nougaro, fut aussi un familier, partageant en poète ce goût des des mots roulés en bouche. Rythme, Improvisation et Commencements est sans doute l‘un des chapitres les plus aboutis sur la pratique de la musique. Le livre est savant, sans que cela soit jamais embarrassant, ouvrant des passages, des ponts vers les sociologues ( Bourdieu), les philosophes( Deleuze, Badiou), les linguistes ( Meschonnic, Bakhtine), les écrivains comme Fernando Pessoa et son «intranquillité»…

Comment, après avoir connu une vie et des « années ébouriffantes », ces années fastes d’engagement et de musiques aux côtés des Jeff Gilson, René Thomas, Eddy Louiss, Jean-François Jenny Clark… des rencontres avec toutes les générations qui ont compté dans le jazz, du bop au free, sans oublier les grands Américains qui tournaient en France, a-t-il pu se retirer du monde, en quelque sorte, revenir au village, dans ses Landes girondines autour de l’Estaminet parental ? Comment a-t-il réussi à faire venir et garder autour de lui une compagnie ( l’artificier Patrick Auzier, André Minvielle, Marc Perrone…), sans compter les fidèles musiciens ou intellectuels qui reviennent (presque chaque année) aux Hestejadas pour les « soli sauvages » ou les débats combattifs et combattants, François Corneloup, Michel Portal, Louis Sclavis, Archie Shepp, Francis Marmande?

En fait, il a créé une véritable utopie permanente (est-ce encore une utopie d’ailleurs ?), il a recentré et recomposé autour de lui et de son ombilic, tout un petit monde, une garde rapprochée « à la vie à la mort » ? On s’habitue vite à déchiffrer langage et expressions, parfois un peu agaçantes comme « Transarticité et Mozique » qui sous-tendent cependant un discours toujours très construit et pertinent. Derrière l’étendard de l’éternelle révolte, il est encore et toujours question d’un jazz « vif » dans ses « Improvisions ». Sa démarche est peut être celle d’un inventeur permanent, toujours en recherche d’autre chose.

Voilà pourquoi Lubat, musicien exceptionnel, a une discographie, somme toute modeste, sur plus de quarante ans , de son premier Vibraphones en 1970 (Tele Music ) à son dernier, paru chez Cristal en duo avec le guitariste basque Sylvain Luc, en 2016. Mais Lubat n’oublie rien et nous montre ainsi sa place et ... le chemin. Un livre indispensable pour qui s’intéresse à la musique. Mais pas seulement.

Encore un cadeau que vous nous offrez, merci Monsieur Fabre !

NB : Bibliographie, discographie exhaustive, vidéo-filmographie et index précis ; des documents photographiques rares et formidables, souvent tirés des archives de la Compagnie Lubat et de Laure Duthilleul qui partagea longtemps la vie et l’aventure lubatienne.

Sophie Chambon

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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 10:04
L’OEUF : «  Petits plats pour grand ensemble »

L’OEUF : « Petits plats pour grand ensemble »
http://www.inouiedistribution.org
http://www.loeufbigband.fr/accueil_OEUF.html

Forcément lorsque l’on vient de la cité des gaules et que l’on a grandit en plein coeur de Lyon, l’art culinaire ça vous est comme qui dirait, une seconde nature. Et quand on fait du jazz…. aussi.

Mettre les petits plats dans les grands (ensembles), voilà bien le menu que propose ce superbe big band Lyonnais pour un nouvel album au menu plus qu’alléchant. Jugez-en par la carte : Mise en embouchure, velouténor au bugle forestier, salade de croches, cuisses de coulisses, trois pâtes et un canard, filet de sol et baryton mayonnaise et pour finir, douceur du jour.
Et surtout au menu plus que complet. Car mes amis, si vous vous asseyez à leur table vous pourrez tout gouter à satiété : du swing, du groove, du funk, de la musique avec tout plein de tiroirs à ouvrir. Les cuivres et l’électrique fondent en bouche. Des saveurs oubliées vous reviennent avec l’apparition d’un banjo et la musique festoie sur un gros funk un peu crade. Dans leur cuisine tout le monde joue ensemble, circule, les uns passant devant les autres dans des contre-chants superbes alors qu’à certain fourneaux (pupitres) ils travaillent à l’unisson avec l’attention au liant que l’on apporte aux meilleurs sauces. Le plus toqué c’est Pierre Baldy-Moulinier véritable orfèvre en surprises qui éclatent non pas en bouche mais derrière vos ouïes. Une musique qui évite les pièges d’une fade linéarité pour offrir des goûts et des arrière-goûts et tout plein de surprise cachées dans cette cuisine légère et souple qui parfois vous bouscule même un peu. Avec un zeste de Mingus et un pincée de Thad Jones en voilà un qui sait relever ses plats.
Et voilà un big band où les cuivres laissent entendre le piano et la guitare dans un fourmillement constant et toujours surprenant. Et je peux vous dire que si vous entrez dans leur restaurant vous ne pourrez pas y être mieux servis. 18 musiciens de grande classe (mais pas du tout pompeux ni pompants) et quelques solistes de haute volée y font monter les sauces.
Asseyez vous à leur table, fermez les yeux et dégustez et surtout ne vous inquiétez de rien, ils s’occupent de tout ! Pour le plus grand plaisir de vos sens éveillés.
Jean-Marc Gelin

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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 09:26
Niels Petter Molvaer, ou la relation Nord-Sud


Il affiche une décontraction qui fait plaisir à voir, Nils Petter Molvaer en ces premiers jours de septembre. Tout à la joie de retrouver ses comparses norvégiens pour donner la musique de Buoyancy (flottement en français), album qui vient de sortir dans les bacs, mais qu’ils n’ont guère eu l’opportunité de jouer sur scène. Le lendemain, le 9 septembre, sur la scène de La Villette, le trompettiste enchaînera les titres avec sérénité et cette légèreté qui constitue sa signature depuis deux décennies.
Les DNJ : Ici même à La Villette, Miles Davis donnait son dernier concert européen voici 25 ans. Ecoutez-vous encore sa musique ?


-Nils Petter Molvaer : J’aime bien On the Corner. Mais pour être franc, je n’écoute pas beaucoup de musique et surtout pas mes vieux enregistrements (rires). C’est un peu par périodes et pour cela Spotify est formidable.

Les DNJ : Vous considérez-vous comme un représentant de la culture norvégienne ?

Nils Petter Molvaer : Je ne réfléchis pas en termes de culture norvégienne. Je suis très content de jouer avec des musiciens norvégiens. Mais je suis beaucoup plus intéressé par la rencontre des cultures que par la défense d’une seule culture, même si c’est la mienne.

Les DNJ : Vous êtes fidèle à votre pays natal …

Nils Petter Molvaer : Je vis toujours dans une île, Sula, où je suis né. L’air y est très frais et ma famille est là-bas, mes parents et mes enfants. Quand je ne suis pas en tournée, plus de deux cents jours par an tout de même, j’essaye de vivre comme tout le monde, travailler mon instrument, écrire de la musique de 10 h à 15 h, et aussi marcher dans la campagne, aller à la pêche. J’aime beaucoup cet équilibre entre la vie de musiciens itinérant qui est amené à rencontrer des gens partout dans le monde et la vie à la maison en famille pour penser à la musique, composer.

Les DNJ L’envie de vous installer à New-York, comme nombre de jazzmen européens, ne vous taraude pas ?

Nils Petter Molvaer : Je pourrais vivre à Paris, à Berlin mais à New York, ce serait impossible. Tout simplement parce que ce serait un cauchemar sur le plan financier. Vous savez bien que les jazzmen new yorkais viennent gagner leur vie à Paris (rires).

Les DNJ : Depuis vingt ans, et la sortie de Khmer, vous mariez jazz et électronique. Peut-on encore réaliser des découvertes sur ce terrain ?

Nils Petter Molvaer : Il y a toujours des découvertes à effectuer. Dans mon dernier disque, Buoyancy, nous sommes restés une semaine en studio mais j’ai ajouté des sons par la suite, comme par exemple des bruits entendus la nuit dans une île en Indonésie.

Les DNJ : L’an prochain, vous serez à nouveau à l’affiche à Paris pour un projet avec le danseur-chorégraphe Nicolas Le Riche. Vous composez également pour le cinéma. Vous avez crée votre propre label. C’est un plan de carrière ?

Nils Petter Molvaer : Je n’ai jamais pensé à contrôler ma carrière. J’aime bien cette incertitude, la rencontre de gens, le voyage en général. Mais dans le même temps, je veux me montrer aussi précis que je le peux dans l’expression musicale.

Jean-Louis Lemarchand

Buoyancy. Nils Petter Molvaer (trompette, electronique, voix), Geir Sundstol (guitares, banjo), Jo Berger Myhre (basse, electronique), Erland Dahlen (batterie, piano, xylophone). Sony-Okeh.

Niels Petter Molvaer, ou la relation Nord-Sud
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