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20 décembre 2016 2 20 /12 /décembre /2016 16:47

Simon Nabatov (piano), Cologne, mai 1995 ; (piano et effets électroniques), Cologne, juin 2013

Leo Records CD LR 780 (Orkhêstra)

 

Une expérience étonnante : rapprocher, par alternance des plages sur le CD, des compositions de Thelonious Monk enregistrées par Simon Nabatov en 1995, et des compositions-improvisations du même Nabatov, avec traitement électronique du son de piano, captées en 2013. L'aventure intrigue, d'abord par le choix des thèmes de Monk : à côté des très connus Epistrophy ou Pannonica, on trouve les plus confidentiels Skippy, Oska T. ou Light Blue. Ensuite par le rapprochement de ces thèmes, joués avec un drive impressionnant par ce pianiste qui sait ce que swinguer veut dire, avec des séquences plus méditatives, dont l'étrangeté s'accentue encore par les traitements électroniques. Au delà de cette différence que l'on pourrait croire radicale se profile une même réalité, celle précisément de l'étrange. Dans les notes du livret le critique canadien Stuart Broomer, lui-même pianiste, évoque Lautréamont et la fameuse « rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie » (Maldoror, chant sixième). Et c'est là bien plus qu'une boutade : une manière de lire, dans la volonté de Simon Nabatov de rapprocher ces deux enregistrements, comme un manifeste d'artiste. Ce qu'il y avait d'étrangement neuf dans ces thèmes de Monk composés à partir des années 40 fait bien écho au désir du pianiste d'aujourd'hui, qui est encore d'explorer l'inouï, fût-ce avec les instruments dont la technologie nous dote. D'ailleurs toutes les plages de 2013 ne font pas forcément assaut de technologie ; le traitement sonore intervient sporadiquement, toujours de façon pertinente, pour nous signifier ce que Mallarmé appelait « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui » (Poésies, 1887) ; au vers suivant il écrit « Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre » : pour connaître la réponse à cette interrogation, il suffit peut-être d'écouter sur le disque la confrontation entre deux moments aventureux de cette musique, de l'audace de Monk en son temps à cette approche prospective du piano contemporain. Les deux univers se rejoignent dans un certain art de fracturer le temps. Il faut tenter l'écoute, car si l'on plonge dans la musique, l'émoi est au bout du chemin.

Xavier Prévost

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15 décembre 2016 4 15 /12 /décembre /2016 16:51

 Si vous suivez le blog des DNJ, vous avez forcément des ami(e)s jazzfans auxquel(le)s faire des cadeaux, ou encore des idées de cadeaux à suggérer à vos proches pour vous-même. Que ce soit pour Noël, ou pour le Nouvel An (la naissance de l'an neuf est moins connotée....), voici deux suggestions fondées sur une écoute.... de jazzfan.

 

 

MILES DAVIS « Freedom Jazz Dance, The Bootleg series vol. 5 »

Miles Davis (trompette), Wayne Shorter (saxophone ténor), Herbie Hancock (piano), Ron Carter (contrebasse), Tony Williams (batterie).

New York, 1966-1968

Columbia Legacy 88985357372 / Sony (3 CD)

 

En 3 CD, les enregistrements destinés à l'album « Miles Smiles », et aussi des titres de « Sorcerer », « Nefertiti » et « Water Babies », avec évidemment les prises éditées, mais surtout les nombreuses autres prises, et tous les dialogues entre Miles, les producteurs, les musiciens.... Et en prime Miles chez lui, au piano, parlant avec Wayne Shorter (peu prolixe !) d'un blues qu'ils élaborent. Certaines des prises inédites valent vraiment le détour. C'est un document pour passionnés, certes, mais un document essentiel, et jouissif !

On trouve tous les détails (en particulier le script des dialogues) sur le site de Pete Losin : http://www.plosin.com/milesAhead/Disco.aspx?id=BootlegFJD

CADEAUX à des JAZZFANS ?  COFFRETS !

MUHAL RICHARD ABRAMS « The Complete Remastered Recordings on Black Saint & Soul Note , Volume 2 »

Muhal Richard Abrams (piano, synthétiseur, voix) et au fil de 9 CD Malachi Favors, George Lewis, Anthony Davis, Leroy Jenkins, Anthony Braxton, Henry Threadgill, Amina Claudine Myers, John Blake, John Purcell, Roscoe Mitchell....

New York et Milan, 1975-1995

CamJazz BXS 1041 / Harmonia Mundi (9 CD)

 

Quatre ans après le volume inaugural (8 CD de l période 1979-1994), la suite des aventures du pianiste-compositeur-activiste de la créativité musicale afro-américaine avec les labels italiens Black Saint et Soul Note. Des disques sous son nom, des duos (avec Amina Claudine Myers, Malachi Favors, Roscoe Mitchell....), des collaborations de sideman (avec George Lewis, Leroy Jenkins), et bien sûr des disques en leader. C'est une occasion supplémentaire (et elle n'est pas inutile, tant l'importance de ce musicien est souvent ignorée) de vérifier comment la créativité la plus audacieuse se conjugue avec le prolongement de la tradition, dans une effervescence qui jamais ne faiblit. En 9 CD, un beau panorama de la Great Black Music durant deux décennies. Pas un coffret de spécialiste : un objet sonore à mettre entre toutes les oreilles mélomanes !

Xavier Prévost

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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 09:32

Fred Hersch (piano, John Hébert (contrebasse), Eric McPherson (batterie)

New York, Village Vanguard, 27 mars 2016

Palmetto Records 7 5395721832 4 / Bertus

 

Publié en août dernier, ce disque est désormais distribué en France par Bertus. Après un disque en solo, et un autre en trio dans ce même lieu qu'il désigne comme le « Carnegie Hall du jazz » (c'est beaucoup plus petit mais tout aussi prestigieux !), Fred Hersch a choisi de publier l'essentiel d'une soirée dans le club mythique de la Septième Avenue : tout le premier set, et 2 thèmes captés lors du second. Ce disque est déjà deux fois nommé pour les Grammy Awards 2017, et c'est justice : formidable inspiration, pianisme superlatif, connivence parfaite avec ses fidèles partenaires du trio. On commence avec un standard pas très connu de Richard Rodgers : A Cockeyed Optimist. Puis ce sont des compositions du pianiste, dont une dédiée à Benoît Delbecq, où il fait écho au langage de notre compatriote ; et une autre où Fred Hersch fait exploser le contrepoint par le formidable degré de tension qu'il instaure. Un très beau thème de Kenny Wheeler est l'occasion d'un dialogue rythmique épatant avec ses partenaires ; une version d'anthologie de The Peacocks (de Jimmy Rowles), une reprise des Beatles, For No One, et le tour est joué. Restent, issus de la fin du second set, une reprise de Monk, We See, et un rappel en solo. On aurait aimé être là.... mais ce disque nous console !

Xavier Prévost

 

Fred Hersch jouera en solo à Paris, au Duc des Lombards, les 15 & 16 décembre, à 19h30 et 21h30.

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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 20:52

You and the Night and the Music, concert de TSF Jazz
12 décembre Olympia (75009)
Cette soirée du lundi de la mi-décembre à l’Olympia est devenue avec le temps-on célébrait la 14 ème édition- un rendez-vous majeur de la saison parisienne. S’y retrouvent les habitués des clubs et, en plus grand nombre, les amateurs de jazz qui entendent tout simplement prendre du bon temps et mettre à jour leurs connaissances. Le programme mitonné par TSF Jazz tend en effet à l’exhaustivité et n’écarte aucun des genres qui caractérisent le jazz en ce début du 21 ème siècle. Sur la scène du music-hall du Boulevard des Capucines, ce ne sont pas moins de 20 formations qui ont présenté le 12 décembre un panorama aussi divers que contrasté, où les sonorités électroniques alternaient avec les accents d’Europe centrale, les rythmiques sud-américaines, sans oublier- et c’est bien là le cœur du sujet-les tenants d’une modernité créative dans la droite ligne des John Coltrane, Miles Davis et autres Sonny Rollins.
En l’espace de trois heures, le spectateur aura pu déguster le jazz cuvée 2016 sous toutes ses formes actuelles, ou plutôt se mettre en bouche. La règle du jeu fixait la prestation de groupe à un unique morceau (5 à 6 minutes en moyenne), seuls la chanteuse-danseuse de claquettes britannique Lucy Dixon et le guitariste Biréli Lagrène- dont chacun se sera aperçu (enfin !) qu’il ne peut être réduit au rôle du plus brillant des héritiers de Django- ayant droit à deux chansons. C’est dire si l’exercice était astreignant pour chaque formation, sorte de speed dating, où il faut convaincre sans préliminaires.  Face à cette contrainte, stressante à l’évidente pour d’aucuns, certains démontrèrent leur maestria : le saxophoniste Samy Thiebault et son quintet, trois duos (Laurent de Wilde et Ray Lema, Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo, Biréli Lagrene eet William Brunard), et, le plus convaincant à nos oreilles, le quartet de Mark Turner (Avishai Cohe, trompette, Joe Martin, basse et Marcus Gilmore, batterie).  Le public, plutôt bon enfant, eut donc droit à un menu riche, voire copieux d’autant que fidèle à sa bonne habitude, TSF Jazz avait convié pour assurer l’ouverture et la clôture, deux grandes formations rutilantes de l’hexagone, The Amazing Keystone big band et le Red Star Orchestra de Johane Myran avec Thomas de Pourquery. Reste maintenant aux spectateurs d’un soir à approfondir leurs connaissances-et leurs coups de cœur- par le disque et le concert.
Programme complet sur www.tsfjazz.com
Jean-Louis Lemarchand
 

 

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 15:17

New jazz divas. 2cd. Wagram music.

Les DNJ boudent : Les flops de novembre !

Le choix artistique effectué par notre confrère Lionel Eskenazi n’est ici nullement remis en cause : des chanteuses confirmées (Krall, Gardot, Kent, Ducros, Marie, Norby…) des voix à découvrir (Ida Sand, Hermann-Sabin, Zoe…) illustrent bien le thème retenu. Reste que l’amateur ne dispose dans cette collection à prix ami d’aucune information discographique.

jean-Louis Lemarchand

 

MIROSLAV VITOUS « Ziljabu Nights , Live at Theater Gütersloh » Intuition / Socadisc
 

 

Les DNJ boudent : Les flops de novembre !

Un disque enregistré en concert en Allemagne, et une déception. Vitous fait aujourd'hui, beaucoup moins bien, quelque chose qui se rapproche de son formidable  « Infinite Search » (1969, réédité ensuite avec bonus sous le titre de « Mountain In The Clouds ») avec Hancock, McLaughlin, DeJohnette, Joe Henderson... Gardons nos émois passés.
Xavier Prévost

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 15:01

KURT ELLING : « Beautiful days » sings Christmas
Okeh 2016

 

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Loin des niaiseries auxquelles les crooners nos ont habitué à l’approche de Noel, Kurt Elling livre ici une ouvre intelligente et sensible. C’est moins les chants de Noël que cette petite musique qui s’installe avec un brin de nostalgie lorsque les invités sont partis et que l’on fini seul les dernières coupes de champagne en se disant que ce «  beautiful day » est déjà passé.
Magnifique
Jean-Marc Gelin

 

 

Marion Rampal  : «  main Blue »
E-motive 2016

 

 

 

 

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Quel travail sur sa voix effectué par la chanteuse qui entre là dans un blues dépoussiéré et tripal ! On a l’impression qu’avec une telle voix elle peut tous chanter, chanter tous les blues des plus trash aux plus pops avec autant de conviction. Un album qui va marquer la carrière de la chanteuse. Jean-Marc Gelin

 

 

DANIEL ZIMMERMANN « Montagnes Russes » Label Bleu / L'Autre distribution

 

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Un groupe d'instrumentistes hors pairs (Pierre Durand, Jérôme Regard, Julien Charlet....) au service d'une musique exigeante, et très vivante. Mélancolie et groove s'y trouvent conjugués, et le trombone y est roi, entre racines afro-américaines et nostalgie du Vieux Monde. Une sorte de manifeste musical qui coïncide avec le profil du musicien et l'identité du label, tout à la fois.
Xavier Prévost

 

 

JOONA TOIVANEN « Lone Room » CamJazz / Harmonia Mundi

 

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Un artiste finlandais, dans un disque annoncé pour septembre, apparemment distribué mi-octobre, et arrivé jusqu'à moi début novembre. Piano méditatif, parfois préparé, pour un univers rêveur, et qui s'échappe de temps à autre vers des lointains inattendus, comme chez Paul Bley. Et une mélancolie que n'aurait pas reniée Sibelius.
Xavier Prévost

 

Domi Emorine et Marcel Loeffler. Cristal Records/Harmonia Mundi

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Un duo d’accordéons qui réunit une référence de l’instrument (Marcel Loeffler) et une interprète en devenir (Domi Emorine). Accompagnés par une rythmique à cordes (guitare et basse), ils naviguent sur un répertoire des plus éclectiques (de Sauguet, Ravel à  Petrucciani, Evans et Azzola). Le plaisir simple est au rendez-vous. Jean-Louis lemarchand

 

 

Mingus Erectus. Noël Balen. Le Castor Astral

 

Les DNJ s'éclatent : les tops de novembre !!

Un bel hommage à Charles Mingus signé par Noël Balen, écrivain-poète et contrebassiste qui prend deux formes : poétique avec des textes de l’auteur évoquant le créateur en colère et musical grâce à la mobilisation de stars (Portal, Terrasson, Bojan Z, Ferris…). Un peu disparate (Philip Catherine et Ricky Ford au top, Liz McComb dépaysée) mais une fougue globalement entraînante. Jean-Louis Lemarchand

 

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 07:51
IN & OUT MARTIAL SOLAL/ BERNARD LUBAT

 In & Out

Martial Solal- Bernard Lubat

Un film de Thierry Augé

DVD La Huit Edition/ Orkhestra

www.lahuit.com

Concert du 24 janvier 2014 au Festival Sons d’Hiver (113 mn)

 

Un dispositif original nous permet d’assister à un concert enregistré à Sons d’hiver en 2014, où se font face sur deux pianos, deux géants du jazz, le pianiste Martial Solal et le batteur multi-instrumentiste Bernard Lubat. Mais plus passionnant encore que de les entendre jouer en direct, est de les observer commenter leur propre jeu qu’ils visionnent sur un écran, chez eux : un difficile exercice d’analyse de ce qu’ils donnent à voir, en concert solo.

Car les deux jazzmen ne joueront pas ensemble, Solal interprétant ses propres compositions et Lubat improvisant à son ordinaire avec force démonstration. Aurait-il été possible de les faire jouer de concert, tant ils diffèrent sur tous les plans ? Et pourtant c’est du jazz dont il est question pendant ce film, c’est à une leçon de jazz que l’on assiste, différente de celles données par Antoine Hervé mais ô combien instructive.

 La part belle est donnée à Martial Solal, l’homme au complet gris, qui raisonne en orchestrateur et expose sa façon de travailler avec humour et intelligence. Si «écouter sa musique prend du temps, éloignant ainsi beaucoup d’auditeurs», il explique d’abord qu’il refuse de montrer du «feeling», mais tente de raconter «une histoire cohérente, même débridée». Il développe de façon pédagogique les multiples facettes de l’improvisation, invention dans l’instant, en relation avec une idée ou un thème, ou création d’une trame harmonique sans rapport avec le thème. Il donne ainsi une clé précieuse : la réharmonisation permet de se réapproprier un thème tout en le changeant complètement, si on multiplie, par exemple, la vitesse d’exécution des notes tout en gardant le tempo. Et il montre avec « Zag Zig », une de ses compositions farfelues, comment la rythmique change la donne, se régalant de perdre l’auditeur avant de le récupérer. Intéressant aussi sa façon de montrer l’indépendance des 2 mains, la droite improvisant alors que la gauche continue les exercices de façon automatique. Sur le célèbre «I got rhythm», il  révèle de façon lumineuse comment la mise en place des notes par rapport au tempo entraîne ou non le swing.

Son exposé est impressionnant de clarté, résumant ainsi l’expérience de sa longue vie sur un tabouret, au service de la musique et du jazz en particulier.

Changement radical avec l’entrée en scène de Bernard Lubat, rigolant et toujours contestataire « Choisissez vos cavaliers ». Il mouline de l’air, citant à son habitude les auteurs, Wilde, ou Aragon « On ne joue bien que contre ». Il manifeste sans doute un peu d’appréhension dans cet exercice où, fatalement, on va le comparer à Solal et « il se sent novice »…Difficile avec ce remarquable histrion, ce bateleur fou de déceler le vrai du faux, puisqu’il pratique le « mentir-vrai ». Ainsi il dit avoir du mal avec les mélodies et pourtant il nous en livre aussitôt quelques-unes avec superbe : ses mains s’élancent sur le clavier, ça swingue, boppe et joue évidemment. En le regardant marteler les touches, on comprend aussi que ce qui le travaille, et qu’il travaille depuis toujours, c’est le tambour qui marque la narration temporelle.

Voilà donc un double portrait mis en image qui devrait parler à ceux qui aiment le jazz. Deux figures essentielles de cette musique qui lui ont consacré leur vie, avec talent.

Sophie Chambon

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 06:41
Emile Parisien/ Vincent Peirani  Living Being/ Belle Epoque

Emile Parisien Vincent Peirani

Living Being / Belle Epoque

Deux films de Gilles Le Mao et Geoffroy Lachassagne

1DVD LA HUIT

138mn Stéréo

www.lahuit.com

 

En deux films, adoptant le même dispositif (entretien avec les musiciens et concert retransmis), nous est présenté le travail de l’accordéoniste Vincent Peirani en quintet pour Living Being, sorti sur le label ACT en 2015 et en duo avec le saxophoniste Emile Parisien pour Belle Epoque en 2014.

Dans le premier film, chaque musicien s’exprime sur la façon dont le groupe fonctionne en tant que « living being » justement, organisme vivant qui cherche, transforme le matériau proposé. On assiste à une répétition de caractère plutôt « bon enfant » où le leader, grand escogriffe de plus de 2m qui joue assis et pieds nus, dirige son groupe en réorientant les interventions selon la partition qu’il a composée « à la table ». Il se méfie en effet des automatismes dus à sa pratique de l’instrument et propose une trame que chacun peut modifier, dans une certaine mesure. C’est bien un travail d’ensemble où l’on assiste à la « fabrique » de la musique : on suit le travail sur « Suite à 5 »où le batteur Yoann SERRA montre comment en gardant un jeu de cymbales jazzy, il joue des coups simples, épurés aux baguettes. Emile Parisien, seul instrument acoustique, avoue sa chance de pouvoir « chanter » avec son saxophone, jouant les mélodies sur un tapis rythmique complexe et pourtant suffisamment fluide.

La caméra suit ensuite le concert en variant plans d’ensemble et gros plans, attentive aux jeux des mains sur les cordes ou les touches.

Des compositions diverses retiennent l’attention comme la reprise de Jeff Buckley  « Dream Brother » de Grace, ou le « Working Rythm » très groovy.

Enregistrement au théâtre Simone Signoret de Conflans-Ste Honorine.

Avant de filmer le duo accordéon/soprano lors du concert du 7 mai 2015 au Théâtre des Sources de Fontenay-aux-Roses, chacun évoque sa rencontre initiée, une fois encore, par le batteur Daniel Humair en 2009 avec le quartet de DH, au festival Jazz au fil de l’Oise. Visiblement, l’accordéoniste qui confesse un tempérament inquiet, n’était pas très rassuré à l’idée de cette collaboration. Emile Parisien est connu pour un engagement très fort, une gestuelle très dansante et une certaine originalité. Avait-il quelque crainte d’être bousculé dans ses habitudes ? On aperçoit quelques extraits de ce concert avec un batteur aux anges, car la collaboration a magnifiquement fonctionné.

Pour le saxophoniste, les choses paraissent plus évidentes et il insiste sur cette formidable chance de créer un univers sonore à 2 pour ce projet Belle Epoque qui devait s’inspirer au départ des compositions de  Sydney Bechet.  Les 2 musiciens  d’abord réticents, se sont mis au travail, ont découvert l’évolution de style de ce musicien extraordinaire, et ils ont su intégrer des morceaux dans leur histoire déjà existante. Ainsi ils arrivent à s’approprier les thèmes « Temptation Rag », Egyptian Fantasy», « Song of the Medina » pour finir sur « Dancers in love » de Duke Ellington. En modifiant les orchestrations, croisant leurs sons, leur collaboration s’inscrit dans la tradition tout en la renouvelant. A moins que Belle Epoque ne se comprenne autrement, à savoir, comment ces deux musiciens récompensés de tous les prix possibles, arrivent à imprimer leur marque et à jouer à leur façon très singulière, expressive, débordant d’énergie et d’invention, chantant littéralement une musique résolument populaire, issue autant du jazz que du classique et du contemporain. Ce duo est représentatif de la scène jazz française et ce film le montre bien.

Enthousiasmant !

 

Sophie Chambon

 

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9 décembre 2016 5 09 /12 /décembre /2016 09:37
ART BLAKEY & THE JAZZ MESSENGERS.....Noël

 

Noël approche avec son cortège de réjouissances plus ou moins programmées. Mais pour se faire plaisir et faire plaisir aux êtres chers, voici le temps des listes, subjectives évidemment, de petits plaisirs à (s’)offrir.

Pour commencer ma sélection, aujourdhui , voilà deux « oldies but goldies» :

ART BLAKEY and THE JAZZ MESSENGERS

5 original albums

Blue Note / Universal

The Jazz labels.com

Blue Note  ressort une partie de son catalogue sous forme de petits coffrets sympas, faciles à ranger, à petit prix, contenant chacun 5 albums majeurs de grands musiciens Art Blakey, Joe Henderson, Herbie Hancock, Dexter Gordon, Wayne Shorter , Kenny Burrell

Absolument incontournable pour tout amateur qui n’aurait pas (plus) les vinyles d’autant que le CD reproduit intégralement la pochette d’origine avec les liner notes de Nat Hentoff ( !) et  pour tout néophyte qui veut entendre le son jazz de la grande époque.

Par exemple pour Art Blakey, le batteur "bâtisseur de mondes",selon la jolie formule de Pascal Anquetil dans son Portraits légendaires de jazz (Tana Editions) (autre idée formidable de cadeau), le coffret propose : A Night in Tunisia (1960), The Freedom Rider (1961), Buhaina’s Delight(1962), The African Beat ( avec the Afro Drum Ensemble 1962) Free For All (1965).

Indispensable!

 

Unheard Bird : the Unissued Takes

2CD VERVE/UNIVERSAL

 

Le Double CD inédit d’enregistrements de Charlie Parker, bien nommé Unheard bird, sort sur VERVE.

Attention ces inédits composés de fausses prises, alternate takes, départs, reprises  produits par Norman Granz entre 1949 et 1952, ne conviendra pas à tous. Il s’adresse aux fondus du Bird, aux collectionneurs un rien fétichistes….à ceux qui ont le culte du génie du saxophone alto, imité mais jamais égalé, l’un des tenants de la grammaire du bop. Un créateur exceptionnel dont la moindre phrase peut vous faire retenir votre respiration, tant elle frappe au cœur.

 

Sophie CHAMBON

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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 07:28

Alban Darche (saxophone ténor), Samuel Blaser (trombone), Sébastien Boisseau (contrebasse), John Hollenbeck (batterie)

Berlin, juin 2015

Yolk Music J 2068 / L'Autre distribution

 

Deux ans après la publication du premier opus, revoici JASS, composé énigmatique de jazz de stricte obédience, de jazz contemporain, de musique atonale et d'effervescence collective, comme seul le jazz peut en produire. Un composé qui repose sur l'assemblage de très fortes personnalités musicales autant qu'instrumentales. Le saxophoniste et le batteur signent la majorité des titres, mais l'esprit est bien collectif. On serait quelque part entre les quartettes d'Ornette Coleman et les labyrinthes rythmiques du mouvement M'Base. Le très segmenté cohabite avec le lyrisme assumé, les combinaisons harmoniques sophistiquées avec l'expressivité la plus directe. Et comme ce sont quatre solistes hors pairs, le jouage est d'une densité constante. Deux Nantais, un Suisse de Berlin, et un Américain lui aussi Berlinois, c'est un assemblage idéal pour cette musique qui brasse les identités et parcourt les territoires avec virtuosité. On peut chercher à percer le mystère à chaque réécoute, ou choisir de simplement se laisser porter : le bonheur est au bout du chemin.

Xavier Prévost

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Le groupe joue la 8 décembre à Paris (11ème) , Salle Henri Selmer, 18 Rue de la Fontaine au Roii ; puis le 9 à la Jazz Station de Sierre, en Suisse, et le 10 à La Fabrique de Nantes.

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Un avant-ouïr sur le site d'Alban Darche

http://www.albandarche.com/fr/discographie/

http://www.yolkrecords.com/fr/index.php?p=album&id=79

 

 

 

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