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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 07:07
DAVID PATROIS TRIO : «  Flux tendu »

Avant Scene 2015

David Patrois (vb, marimba), Jean-Charles Richard (ss,bs), Luc Isenmann (dms)

Le vibraphoniste David Patrois a de bien belle manière de fêter ses 50 ans : en nous offrant, à nous la sortie d’un nouvel album en trio autour du saxophoniste Jean-Charles Richard et du batteur Luc Isenmann. Dans un format basique et intime il développe une musique de sa propre fabrique, émanation d’un jazz très français, assimilable à rien d’autre tout où, à l’exception d’un Monk et d’un Dolphy il en signe 8 des 10 compositions de l’album.

Dans ce trio, chacun dans son rôle contribue à la circulation de l’énergie autour des lignes claires et épurées du soprano ou du groove percussif et moelleux du vibraphone de Patrois, des lignes de basses profondes du baryton ou encore du drive toujours extrêmement stylé et inventif de Luc Isenmann.

Entre les trois l’entente est cordiale. La musique aux structures complexes et savante y est rendue limpide grâce à l’habileté des combinaisons sonores superbement orchestrées par un David Patrois inspiré et véritable maître de cérémonie. La musique mulitcolore prend des chemins de traverses, rebondit sur le groove du vibraphone, s’entrecroise, s’élance et nous la suivons comme du regard dans ses impromptus méandres.

Appel à tous les programmateurs, ce trio là est fait pour exister sur scène. C’est effectivement une question de flux. Communicatif.

Jean-Marc Gelin

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 16:29
JEAN-MARC PADOVANI « Motian in Motion »

Jean-Marc Padovani (saxophones ténor & soprano), Didier Malherbe (doudouk), Paul Brousseau (piano, piano électrique), Claude Tchamitchian (contrebasse), Ramon Lopez (batterie, tablas)

Villetaneuse, 8-10 décembre 2014

Naïve NJ 625671, avec le concours de MFA, Musique Française d'Aujourd'hui

D'entrée de jeu, pour évoquer les racines arméniennes de Paul Motian, la parole est donnée au doudouk, présent sur la moitié de plages, et joué en praticien aguerri par Didier Malherbe. C'est ensuite The Sunflower, un thème enregistré pour la première fois par Motian en 1979 (« Le Voyage »), où l'on retrouve une bonne part du lyrisme déchiré de la version princeps, et une exaltation de cette construction si typique du batteur-compositeur, que l'on pourrait dire « en procession dissymétrique ». L'une des forces de ce disque en Hommage à Paul Motian, c'est de n'être pas allé systématiquement vers ses compositions les plus connues (Le Voyage, Dance....), mais de picorer au fil du répertoire des œuvres du même intérêt, mais de moindre notoriété. Jean-Marc Padovani est totalement en phase avec cet univers, où se mêlent le jazz de stricte obédience de l'après guerre (Shakalaka et ses multiples breaks : à sa manière, Motian était un enfant du bebop) et la liberté du free et de ses prolongements (prolongements dont le compositeur-batteur fut un acteur). Paul Brousseau, au piano comme au piano électrique, épouse les contours de ces paysages sonores ; Ramon Lopez est au diapason de ces univers contrastés, auxquels il procure avec pertinence des accents très libres (quand on joue dans un hommage à Motian, c'est une qualité indispensable !) ; et, convié dans les morceaux qui requièrent la couleur instrumentale du doudouk, instrument arménien à anche double, Didier Malherbe sert exactement cette musique, en lui apportant les prolongements improvisés les plus idoines. C'est un musicien lié à l'Arménie, comme Motian, qui tient la contrebasse : Claude Tchamitchian est ici en terre de connaissance, et à la fin du brillant solo de contrebasse de It Is, après avoir éloquemment joué en pizzicato, il se saisit de l'archet pour ouvrir l'écrin où vont se lover les ornementations du doudouk. Quant au saxophoniste-leader, qui avait joué naguère avec Motian, il est totalement engagé dans la musique qu'il a choisi de servir, et de célébrer, exact de bout en bout, tout en laissant à ses partenaires l'espace requis par une conception ouverte et démocratique de cette musique. Pas de doute, même s'il nous a quittés en 2011, Paul Motian est toujours vivant, car il est en mouvement, comme le titre du disque l'indique.

Xavier Prévost

Le groupe est en concert à Paris, à La Chapelle des Lombards, rue de Lappe, du 20 au 22 octobre, à 19h30. Et il sera le 7 novembre à Nevers pour le festival « D'Jazz ».

Une présentation sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=EHM8UPsZzc0

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 08:31

Salle presque comble hier pour cette soirée événement autour des 50 de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians), le très célèbre mouvement crée en 1965 à Chicago dans la lignée des mouvements protestataires du Black art Movement.

Trois invités emblématiques du mouvement, Henri Threadgill, Roscoe Mitchell et Wadada Leo Smith pour rythmer trois moments de cette soirée.

Autant la formation que dirigeait Henri Threadgill ( bien qu’atypique avec deux saxs alto, un violoncelle, deux pianos et un tuba) semblait un peu engoncée dans de vieux schémas pas vraiment renouvelés et franchement un peu endormie autant en deuxième partie Roscoe Mitchell su mettre très brièvement le feu en duo avec le batteur Mike Reed. 30 mn environ d’un solo quasi ininterrompu et dévalé dans un souffle continu et puissant au soprano, oubliant toute beauté du son pour offrir un discours fleuve radical.

Autre forme de radicalité avec les grands espaces minimalistes du trompettiste Wadada Leo Smith au son d’une ampleur magnifique, transperçant le plafond du théâtre de Châtelet rendu à la nuit rêveuse.

Et pour poursuivre : à lire absolument

« La Nuée – l’AACM : un jeu de société musicale », le livre référence d’Alexandre Pierrepont aux Editions Parenthèses

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 07:53
BERNARD SOUROQUE TIRE SA REVERENCE

(Communiqué du Festival Jazz des Cinq Continents)

Bernard nous a quitté ce dimanche 11 octobre 2015 et c’est avec une tristesse immense que le Marseille Jazz des cinq continents perd l’un de ses fondateurs.

Bernard était l’âme de ce festival et celui qui nous a pendant 15 ans propulsé vers les sommets de par son ambition artistique.

Bernard est et restera à jamais dans nos cœurs et dans l’ADN du Festival. Il sera toujours à nos côtés et nous poursuivrons son œuvre, celle d’un festival de Jazz ouvert vers le monde et l’amour de cette musique.

Marseille Jazz des cinq continents rendra hommage à Bernard Souroque dans quelques semaines.

Pour l’équipe du Festival, Régis Guerbois – Président de l’Association Festival international de Jazz de Marseille des Cinq Continents

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 07:39
Epistrophy, la nouvelle revue dédiée au jazz

Sortie d'une nouvelle revue dédiée au jazz, Epistrophy ( sous la direction de Mathieu Jouan) placée sur le terrain de l'étude musicologique, pour l'heure peu concurrencé si ce n'est par les très institutionnels "Cahiers du Jazz".

Au sommaire du 1er numéro (que nous n'avons malheureusement pas reçu )

http://www.epistrophy.fr/

  • Introduction :
    Christian Béthune
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18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 22:59
THE LOST STRING Marc RIBOT

THE LOST STRING Marc RIBOT

Anaïs PROZAIC

DVD sorti en 2007

La huit production en collaboration avec Mezzo

https://www.youtube.com/watch?v=PRNxdNfyH4E

Ah Ribot ! Voilà un portrait très complet qui suit de très près le musicien juif Newarkais (descendant d’un rabbin de Biélorussie), l’un de ces «guitar hero» capable de tout jouer, de « faire du bruit » mais aussi d’utiliser des fragments, des citations nombreuses dans ce qui est étiqueté parfois comme « downtown music », ou de l’entertainment, de la musique savante ou de la musique pour clubs. Difficile de le classer, comme le jazz d’ailleurs, depuis le bebop, précise-t-il. On suit avec intérêt son apprentissage de la musique qu’il commença par la trompette, avant que la pose de bracelets dentaires ne l’oriente vers la guitare, sans avoir pu vraiment entendre Miles, ce qui aurait peut-être changé la donne. Il apprécie beaucoup de travailler en 1979 avec l’organiste Jack Mc Duff dans le « Chiltin circuit » pour noirs, affirmant que le seul public qui l’ait jamais bien écouté était celui des amateurs de jazz qui applaudissaient la retenue alors que le public blanc avait tendance à confondre guitare et trompette, hurlant au prodige en entendant une note aigue ! Il a appris son métier en jouant dans toutes sortes de formations, avec les artistes de la Stax comme Solomon Burke enregistrant Soul alive, jugé par les critiques comme un album à l’ esthétique « rigoureusement noire », accompagnant aussi les tournées de RufusThomas, Wilson Pickett. Il semble alors vouloir inventer une nouvelle version du mythe du Nègre blanc. Obsédé à un moment par Prime Time et les possibilités de l’improvisation collective, plus proches du funk et de la musique africaine que du jazz, il pense que le courant du jazz qui commence avec Thelonius Monk, Ornette Coleman et Albert Ayler peut aussi s’inscrire dans l’histoire du rock. Voilà pourquoi il est dommage de l’avoir associé un peu trop rapidement à un style «anti rock» au lieu de le classer dans les «power chords».

Si le DVD privilégie les solos, on sent bien qu’il est à l’aise dans toutes les configurations, prêt à toutes les expérimentations, allant même à L.A pour jouer avec des surfers ! De longs extraits de concerts de diverses époques, en solo, en groupe, intercalés d’interviews du musicien ou de ses complices comme Anthony Coleman, ou Arto Lindsay qui avoue que Marc s’est éloigné de ce qu’il connaissait, survivant des époques troublées du sida et de la drogue.
Si Rootless Cosmopolitans est son premier groupe, il a participé à de nombreuses formations, joué avec Arsenio Rodriguez, les Lounge Lizards jusqu’à l’Electric Masada de son ami John Zorn. C’est un « performer » avant d’être un conceptualiste comme Zorn qui utilise son jeu pour véhiculer ses idées. Acteur de la nouvelle scène juive radicale avec Shrek, Ribot tente t-il de réécrire une « pastorale américaine » ? Une forme émerge du bruit, du subconscient collectif ou non. Plutôt que de jouer la bonne note, il préfère comprendre le sens du projet musical, et ne désire pas donner de leçons. Ayant appris la guitare classique, il avoue aussi avoir compris comment résoudre un immense problème en le fractionnant en tout petits. Les pièces de guitare classiques sont des « monstruosités physiques », contre nature, impossibles à exécuter. Approche utile que l’on peut appliquer ailleurs...Il cherche constamment, penché sur sa guitare, passe son temps à essayer autre chose, hésitant dans ses gestes, dans la veine des grands improvisateurs qui ont intégré toute l’histoire de la musique et de leur instrument. Gageons qu’à l’instar d’Hendrix, il vit avec sa guitare. Les bonus montrent bien l’étendue de sa palette de « I’m confessin » « gratouillé » doucement, à l’étude « Shevet » de John Zorn, expressionniste et bruitiste, sans oublier le support classique des « Recuerdos del Alhambra » et le blues poignant de « St James’Infirmary ».

Un document passionnant qui nous fait redécouvrir, avec ce musicien hors pair une histoire de l’instrument, à travers les variations d’une guitare caressée, frottée, pincée, qui résonne délicatement aussi. Une guitare harpe, célébrée, jamais torturée longtemps par les délires électrifiés qu’il maîtrise pourtant. Et puis quel titre intrigant que « la corde perdue ».

Sophie Chambon

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17 octobre 2015 6 17 /10 /octobre /2015 10:22

A quelques jours d’intervalles sortent dans les bacs deux albums de guitaristes particulièrement inspirés. Celui du guitariste israélien Gilad Hekselman et celui du français Romain Pilon.

Tous les deux ont en commun d’avoir longtemps arpenté les clubs de jazz de New-York où ils élirent domicile, s’imprégnant de cette culture de ce jazz raffiné sur lequel Kurt Rosenwinkel laissa son empreinte. Tous les deux se sont frottés aux plus grandes pointures du jazz de Big Apple jusqu’à se fondre totalement dans le paysage de ce jazz modernisé.

Et si l’on retrouve chez les deux garçons le même terreau, qui passe autant par la mapitrise des grands standards que par les flottements harmoniques de Jim Hall, tous les deux affirment une personnalité bien différente.

Gilad Hekselman : « Homes »

Jazz Village 2015

Gilad Heksleman (g), Joe Martin (cb), Marcus Gilmore (dms)

Des cordes très sensibles : deux guitaristes d’exception, Romain Pilon et Gilad Hekselman

A 32 ans, Gilad Hekselman signe ici un nouvel album avec deux compagnons de route rencontrés de l’autre côté de l’atlantique, le superbe bassiste Joe Martin et le batteur Marcus Gilmore qui appris jadis les rudiments des baguettes avec son illustre grand-père, le légendaire Roy Haynes.

Gilad joue avec en background une vraie référence à Pat Metheny. Dans le son tout d’abord mais aussi dans sa façon de tourner autour des lignes mélodiques. Assez diversifié dans les compos qu’apportent le guitariste, «  Homes » s’écrit et s’entend au pluriel d’inspirations musicales multiples allant des espaces minimalistes à la profusion be boppienne d’un standard comme Parisian Thouroughfare de Bud Powell. Le trio fonctionne à merveille, en pleine communion musicale et les deux compagnons du guitariste lui offrent véritablement un écrin rythmique à sa dimension.

Raffiné et élégant, Gilad Hekselman  s’impose de plus en plus comme l’un des références de la six cordes, maître dans la souplesse et dans la sensibilité de l’improvisation terriblement et irrésistiblement cool.

 

 

Romain Pilon : «  The Magic eyes »

Jazz & People 2015

Romain Pilon (g), Walter Smith III (ts), Ben Wendel (ts), Yoni Zelnik (cb), Fred Pasqua (dms)

Des cordes très sensibles : deux guitaristes d’exception, Romain Pilon et Gilad Hekselman

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Romain Pilon lui, dispute à Gilad cette sensibilité douce mais la joue plus discret, moins exposé. C'est surtout en maître de cérémonie qu'il officie apportant ses compositions magnifiques et surtout en mettant ses partenaires flamboyants en situation d'un jeu exalté. Romain Pilon adore jouer avec des saxophonistes. On se souvient qu’il partagea longtemps la scène à New-York ou Paris avec le ténor David Prez. Il est aussi le co-fondateur du Paris Jazz Underground, collectif parisien de jazzmen amoureux de ce jazz New-yorkais qui porte aujourd’hui une très forte identité bien au-delà de big apple. Ici c’est avec deux très grosses pointures qu’il s’associe. Walter Smith III que l’on adore ici, est notamment un des piliers du groupe d’Ambrose Akinmusire alors que Ben Wendel brille avec le groupe Kneebody.

Romain Pilon, moins soliste que véritable metteur en scène et en espace, organise son monde autour de ses compositions très powerful. Le groupe monte en incandescence, offrant des plages d’héroïsme au groove funky où le lyrisme des deux saxophonistes emporte tout comme sur Triptuch par exemple qui atteint des sommets de lave en fusion d’une rare expressivité.  Il faut dire que l’association de ces deux nouveaux maîtres du ténor est un coup de génie qui fonctionne à merveille. Il faut les entendre sur ce presque boppien Tumbleweeds pour se convaincre qu’il se passe vraiment quelque chose de rare dans cet album.

Romain Pilon joue sur tous les formats que lui permet cette formation en quintet. Toujours, il apporte une rare sensibilité et une intelligence musicale qui  l’amène à explorer registres très intenses comme cet Oxygence Choice où l’on sent chez lui des propensions à flirter avec l’univers de Wayne Shorter ou de celui de Jim Hall sur Jumping at Shadows tout en subtilité aérienne et encore sur cette compo d’Ellington, Fleurette Africaine amenée sur un territoire différent de celui que l’on connaît, totalement réinventé et mis en lumière tamisée.

Là encore chez Romain Pilon un  travail d’orfèvre et au final une très belle réussite à découvrir absolument.

 

Jean-Marc Gelin

 

 

 

Gilad Hekselman sera en concert à Paris du 26 au 28 novembre au Duc des Lombars

Et

Le 3 decembre à Marseille au cri du Port

 

 

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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 21:26
Hommage à Ivan Jullien : soutenez le projet !

Ivan Jullien était un immense compositeur et un homme exceptionnel.

Tous ceux qui l'ont côtoyé sont tombé sous le charme de sa musique et de sa personnalité si généreuse.

Amoureux de la musique et du jazz.

Il faut absolument que ses dernières œuvres voient le jour.

Et il faut être un max derrière ce beau projet et participer, ne serait-ce que symboliquement à l'édition du travail de celui pour qui le jazz était tout, de celui qui s'est élevé au rang des Gil Evans et des Thad Jones. De la trempe des Lalo Schiffrin.

Cliquez sur le lien et participez à ce beau projet, si essentiel à notre bonheur collectif.....

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 17:02
Piano LUBAT Solo : « Improvisions »

www.cie-lubat.org

www.cristalrecords.com

Enregistré au théâtre amusicien L’Estaminet à Uzeste (printemps 2014 et 2015)

Une pochette qui claque comme un étendard, l’étendard de l’éternelle révolte du musicien Lubat, transformé en piano arbre, par le graphisme fort de Martine Bois que soulignent les couleurs vives de Martin Lartigue. Car il est encore et toujours question d’un jazz « vif », de l’instant, qui se fait là, sous les doigts du pianiste. Six improvisations, préférons dire la chose simplement, sans paroles. Les mots qu’aime tellement manier Bernard Lubat, on les retrouve dans le « discours » des lignes de pochette entrelardées de citations d’artistes célèbres, critiques, philosophes, écrivains, musiciens. Ayant exercé sa pensée, Lubat peut alors jouer, déjouer ici d’un seul instrument, le piano, voulant réinventer la vie, prolongeant la citation de Stravinski « Nous avons le devoir d’inventer la musique ». Sa démarche commune à pas mal de ses amis est peut être celle d’un inventeur permanent, toujours en recherche d’autre chose.

Une musique en mouvement, qui coule fluide, souvent comme un torrent : attaque franche, jeu percussif, cascades de notes, accélérations, atonalité, tendresse aussi. Tout cela en moins de quarante minutes...On se laisse aller à écouter l’ensemble et on apprécie le jeu, l’inspiration, la musicalité de ses petites pièces, divers états d’un piano vivant et désirant. Bernard Lubat cite ses sources dans son texte (et aussi dans son jeu) : « Cécil, Martial, Ahmad, Ligetti, Bério, et puis Arvanitas, Vander, Louiss, Urtreger », d’où une étrange familiarité que l’on ressent dès la première écoute.
Il n’oublie rien et c’est bien. Peut être, en citant Barthes, nous montre t-il sa place : « Etre d’avant-garde c’est savoir ce qui est mort, être d’arrière garde, c’est l’aimer encore »...

Sophie Chambon

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 16:59
Yoann Loustalot/ François Chesnel/Antoine Paganotti

Pièces en forme de flocons

www.bruitchic.com

Yoann Loustalot( trompette, bugle), François Chesnel ( piano), Antoine Paganotti (dms)

Voilà assurément un titre plus poétique que celui de Satie autour...d’un certain fruit, peut-être y a-t-il du calligramme sonore dans ce recueil de huit pièces/formes dont la pochette au graphisme doux et tendrement coloré inscrit une bleue libellule aux ailes plumeuses, floconneuses évidemment.

Enregistré live au Petit Faucheux de Tours, sur le label dématérialisé Bruit Chic, dès le titre inaugural, le ton est donné et l’on sait que l’on s’aventure en bonne compagnie, celle d’un trio soudé et délicat, sur un « chemin céleste ». Mélancolie de ce voyage, douloureux parfois, nostalgique en diable. C’est que Yoann Loustalot et François Chesnel ont trempé leur plume dans l’encre de la déréliction « Petite liturgie» pour ce premier album du trio qui se déguste pour peu qu’on se laisse aller à autre chose que la précipitation. Une conversation triangulaire, subtile et raffinée s’engage avec des échanges sans le moindre cliché, la sobre élégance du piano se mariant avec la finesse du timbre de la trompette ou du bugle, à parité (quatre titres chacun) à l’insistance sourde, aux envolées extrêmes comme dans « Barrages ». La rythmique est claire et précise, devenant à son tour un chant intérieur à part entière. Un travail d’orfèvre minutieux et parfaitement maîtrisé. Un trio sans contrebasse qui sait aussi jouer du silence, profiter de l’espace offert pour développer une musique fluide. Le lyrisme entêtant du titre éponyme nous plonge dans une rêverie profonde, qui, en dépit de changements de rythme maîtrisés, s’achèvera avec le final poétique et lunaire de «Peace Peace ».

Sophie Chambon

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