Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 17:23

THOMAS BELIN : « Poney express »

Thomas belin (cb, compos), Stéphan Moutot (ts), Sébastien Joulie (g), Charles « chuck » Clayette (dms)

Jinrikisha 2023

Qu'il est agaçant de voir se quereller, comme on le voit en ce moment sur les réseaux sociaux les partisans du jazz classique et modernes !
Lorsque l'on entend des jeunes musiciens comme ceux de cet album jouer comme ça, il ne nous viendrait pas à l'idée une seule seconde de leur faire l'insulte de leur demander s'ils jouent du jazz classique ou du jazz moderne. Ils vous répondraient certainement qu’ils jouent du jazz tout simplement. Point barre.

 

La formation de Thomas Belin est de ce type-là : de ceux qui respirent le jazz par tous leurs instruments et puisent aux racines du jazz pour en faire leur propre matériau. Qui finalement réinventent avec talent ce qui a déjà été inventé mais à leur propre sauce.

Et cette dernière est onctueuse à souhait.

Depuis le temps que les membres de ce quartet pianoless se connaissent, depuis le temps qu'ils parcourent ensemble les scènes de l'hexagone, depuis le temps qu’ils partagent la même conception du jazz, il y a quelque chose de l'ordre de la symbiose entre eux. Une forme de télépathie totale qui réagit avec osmose aux belles compositions de Thomas Belin.
Ce club des quatre se balade au gré de thèmes fluides et alertes avec une sorte d'énergie souple. Un quintet félin en quelque sorte. Tout en agilité et en grâce.
Au sax tenor ( ah, cette belle fidélité au ténor !), Stephan Moutot apporte un lyrisme à la Stan Getz auquel vient répondre les harmonies en chapelet d'un Sébastien Joulie qui a la guitare d'une Grant Green. Les deux se complètent dans un chassé-croisé sensuel. La rythmique composée de Thomas Belin à la contrebasse et de Charles «  Chick » Clayette c’est un peu tic et tac. Compères et parfaite complémentarité. Quand Thomas Belin pose le groove et assoie la pulse, Charles Clayette lui, joue les dentellières avec finesse.

 

Au final , totale réussite et charme absolue de cette musique écrite et jouée avec une suprême élégance.

Jean-Marc Gelin



NB : Dommage que le son soit parfois mal pris (son du sax lointain sur Ioaded)

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 15:09
Csaba PALOTAÏ Steve ARGÜELLES Simon DRAPPIER    SUNAKO

CSABA PALOTAÏ STEVE ARGÜELLES SIMON DRAPPIER   

Sunako

 

Label BMC www.bmcrecords.hu

 

 

BMC Live | Csaba Palotaï | Simon Drappier | Steve Argüelles: THE TRAIL (youtube.com)

 

Après le poétique Cabane Perchée en 2021, le guitariste hongrois Csaba Palotaï et le batteur britannique Steve Argüelles continuent en trio cette fois, avec le Français Simon Drappier autre guitariste qui joue un modèle baryton, polyinstrumentiste qui pratique aussi l’arpeggione (guitare violoncelle) et la contrebasse.

Enregistré sur le très actif label de Budapest BMC, sans casque, ensemble, en condition de totale improvisation. Lâcher prise? On laisse tourner les bandes et comme le suggère Wladimir Anselme dans des notes de pochette plutôt inspirées, ici point d’ego, ni de power trio. Ce n’est pas le Crossroads de Cream pour vous donner une (contre)idée, mais techniquement c’est aussi très fort et plutôt cohérent en dépit d'influences diverses.

 

Dix compositions aux titres mystérieux forment donc Sunako. Kesako? Du japonais, un prénom féminin qui signifie “l’enfant des sables” , on partirait alors sur une musique des espaces désertiques, nomadiques du Niger, du Sahara avec “Aïr”. Sans être nécessairement aride ces mélopées induisent une transe douce, accentuée par des boucles et autres effets électroniques (synthé omnichord, vocoder sur le dernier titre chanté “Ricerca”). Le périple ne fait que commencer, la boussole s’affole pour une errance guidée par ces thèmes répétitifs en diable que sont “Buckboard”, “Arsenal”. On s’agite avec le tempo rapide de “Phosphore II” avant de replonger dans les brumes électr(oni)ques d’Henriette” qui peuvent faire songer en plus continu et langui à certains effets et effluves de Neil Young dans Dead Man. “Dark side” peut d’ailleurs être une autre traduction de Sunako. “Dalva” marmonné par Steve Argüelles est-il conçu en souvenir de Jim Harrison, des musiques tribales de l’ouest américain, des galops au ralenti dans la prairie perdue? Après le chariot (buckboard), la piste “Trail” qui sera peut être la dernière. Les guitares recréent certaines images du genre ou plutôt les contournent en restant dans une même perspective, horizontale cette fois. Le trio au maintien hiératique nous fait voyager immobile dans la musique d’un film rêvé inspiré par ce Sahara quelque peu revisité et ces western blues qui peuvent charmer ou lasser. A moins que l’on ne se laisse envelopper par ces guitares psychédéliques qui n’ont pas la furia de certains groupes rock et rock prog des années 70 mais ramènent pourtant irrésistiblement en arrière.

Finalement le courant passe, suffit d’être en phase.

 

Sophie Chambon

Csaba PALOTAÏ Steve ARGÜELLES Simon DRAPPIER    SUNAKO
Partager cet article
Repost0
23 décembre 2023 6 23 /12 /décembre /2023 17:46

     Le monde du jazz pleure un documentariste d’exception avec la disparition le 23 décembre de Frank CASSENTI à La Ciotat (Bouches du Rhône).

     Réalisateur né au Maroc, Frank Cassenti obtient son premier succès avec l’AFFICHE ROUGE, prix Jean Vigo 1976, dédiée aux résistants de la région parisienne fusillés par les occupants allemands le 21 février 1944 au Mont Valérien. L’un de ses chefs, Missak Manouchian, né en Arménie, fera d’ailleurs l’objet d’un hommage national en février 2024 avec le transfert de ses cendres au Panthéon, décision du président Emmanuel Macron.
     

     Mais c’est avec le jazz que Frank Cassenti gagne une renommée internationale, bien au-delà de la sphère des jazzophiles. En 1982, il tourne dans des conditions spartiates un documentaire sur Michel Petrucciani. De courte durée (36 minutes), le film présente le jeune pianiste de 20 ans en studio à Paris et à Roissy où accompagné par sa mère, Anna, et son producteur Jean-Jacques Pussiau, il va s’envoler, en solo, pour la Californie. Projetée au festival de Cannes en mai 1983, « Lettre à Michel Petrucciani » sera diffusée la même année par TF1 (c’était avant la privatisation de la chaîne).

 

     Dès lors, Frank Cassenti va réaliser des documentaires sur des légendes (Billie Holiday, Sun Ra…) et filmer en direct quelques figures notables du jazz, Wynton Marsalis, Henri Texier, Richard Galliano et Archie Shepp auquel il consacra deux documentaires ( Je suis jazz… c’est ma vie, 1984, et Changer le monde, 2020). Avec le saxophoniste, héraut du free jazz, Frank Cassenti collaborera également au sein du festival de jazz de Porquerolles (Var) qu’il crée en 2002 et dont les deux parrains sont Archie Shepp et Aldo Romano. Amitié toujours car Aldo Romano fut avec Jean-Jacques Pussiau à l’origine de la carrière de Michel Petrucciani.

 

"Ma façon de filmer repose sur l’improvisation", confiait Frank Cassenti (cité dans 'Michel Petrucciani, le pianiste pressé'. Franck Médioni. Editions l’Archipel. A paraitre le 4 janvier 2024.) "Je filme avant tout avec le cœur. Le jazz m’a appris cette façon d’être : mettre le hasard en état de grâce et laisser transparaître l’invisible".


Jean Louis Lemarchand.

 

©photo X. (D.R.)

 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2023 5 22 /12 /décembre /2023 15:28

REWOUND ECHOES 2023

Tom Olivier-Beuf. (Compos, piano), Milena Casado (bugle), Tyrone Allen II (cb), Caloé Chrétien (vc), Marion Chrétien (vc)

 

Outre le fait d’être un pianiste extrêmement subtil que l’on avait découvert en sideman dans d’autres contextes, Tom Olivier Beuf dont c’est ici le premier album s’avère aussi être un compositeur remarquable. De ceux qui compose pour lui-même bien sûr mais aussi et avant tout pour l’ensemble sa formation qu’il embarque dans un poème imaginaire aux couleurs pastels.

Et dans cette formation glanée au cours de ses séjours américains (entre Boston, New-York et LA) on découvre, outre le pianiste lui-même, la trompettiste-nuancière Milena Casado, trompettiste espagnole qui vit à New-york et qui apparaît comme une véritable coloriste dans cet album. Exactement la tonalité qu’il fallait dans ce premier disque empreint d’une douce poésie. Mieux vaudrait dire d’ailleurs « douce rêverie » s’agissant de ce voyage intérieur où règne la sérénité des compositions portées par de belles lignes harmoniques.

Tom Olivier Beuf se refuse à toute forme de facilité ou de simplicité et pourtant, l’album coule de lui-même comme une source tranquille. Il est rare lorsque des musiciens sortent leur premier album de les voir accepter si tôt de se dépouiller du superflu. Et pourtant c’est bien une leçon que semble déjà avoir acquise Tom Olivier Beuf : less is more.

Révélation

Jean-Marc Gelin

 

 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2023 5 22 /12 /décembre /2023 11:14

SYLVIE COURVOISIER : « Chimaera »

Intakt 2023

Sylvie Courvoisier (piano), Wadada Leo Smith (trompette), Nate Wooley (trompette), Christian Fennesz (guitare, électronique), Drew Gress (contrebasse), Kenny Wollesen (batterie, vibraphone)

Si cet album a été réalisée par la pianiste suisse en hommage au peintre Odilon Redon ( chaque thème se rapporte à un tableau du symboliste bordelais), c’est surtout la sculpture qu’évoque pour nous « Chimaera ». Il y a en effet dans cet album une façon de dessiner certes, mais aussi de sculpter le son.

La pianiste s’inspire des tableaux du peintre (l’incroyable  « joubarbe araigneuse », « le sabot de venus » ou encore « le pavot rouge » qui lui inspire un long développement de 20mn etc….) pour digresser librement autour des œuvres. Et c’est toute une gamme d’émotions qu’elle convoque allant de la rêverie poétique à la frénésie free en passant par l’atmosphère parfois étrange qui surgit lorsque l’on pénètre au cœur de l’œuvre d’Odilon Redon.

Dans une formation inédite où la pianiste convoque deux trompettistes, ces derniers semblent graver dans le marbre les contours et les traits de l’album. Wadada Leo Smith façonne le son comme un maître du burin en mode subtil et ciseleur.

On se laisse embarquer dans ce voyage artistique dont la dimension onirique est omniprésente, au pays des chimères de Sylvie Courvoisier.

Jean-Marc Gelin

 

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 17:34

Gigantonium 2023

Hélène Duret (clb,vc), Maëlle Desbrosses (vl, vc), Pierre tereygeol (g) + Emile Parisien(ss)

 

Suzanne c’est un trio mais c’est tout d’abord un son. Et quel son ! Et si en plus il s’agit d’un trio augmenté avec l’apparition du saxophoniste Emile Parisien sur plusieurs titres, alors là on touche à une sorte de splendeur d’intensité.

La musique de Suzanne, écrite en grande partie (mais pas que) par le (génial) guitariste Pierre Tereygeol est loin d’être simple. Bien au contraire. Les structures sont complexes. Mais de ces structures qui refusent toute linéarité du discours s’échappe une narration poétique, intime, qui parle au cœur et aux sens. C’est un peu comme entrer dans un paysage dont on ne connaît rien et de se laisser émerveiller ou surprendre par tout ces chemins détournés.

On pourrait qualifier leur musique de musique de chambre mais ce serait trop simple. Il est vrai pourtant qu’ils jouent une musique de proximité. Comme s’ils chuchotaient une sorte de secret à des amis proches ( nous en l’occurrence).

Hélène (Duret), Pierre Tereygeol (g) et Maëlle Desbrosses (vl), parcourent les scènes de France et d’ailleurs depuis quelques années et cela s’entend tant leur entente tourne musicalement au symbiotique et tant le son des trois fusionne. Dans une sorte d’écoute mutuelle, ces trois là se croisent, enchevêtrent leur son, se retrouvent à l’unisson dans un mouvement perpétuel et tournant.

Et puis, il y a Emile Parisien, que bien sûr on ne présente plus et qui dans cette instrumentarium original allume un feu tellurique, comme l’éruption d’un volcan incandescent avec un lyrisme exceptionnel.

Pas de doutes on est sous le charme et totalement conquis par cet album de ce jeune groupe que jazz Migration avait déjà repéré comme un talent prometteur.

Avec eux, les frontières entre le classique, jazz et musique contemporain n’existent plus. Ou plutôt elles communiquent par les innombrables portes qui s’ouvrent sur des espaces fascinnts.

Choc et coup de cœur réunis.

Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 14:08

     Deux livres à offrir pour les fêtes, un témoignage d’une période flamboyante du jazà New-York, les années 60-70 sous l’œil de la baronne Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild (1913-1988).
     La mécène du jazz prenait plaisir à saisir avec son Polaroïd ses amis de la note bleue dans sa maison de Weehawken (New Jersey), dominant Manhattan, mais aussi dans les clubs et en tournée. Qu’importe la qualité de reproduction de ces photos, victimes d’une mauvaise conservation, nous tenons là une immersion dans l’univers des jazzmen d’une rare charge émotionnelle.


     Sa petite fille, Nadine, avait publié de manière posthume un ouvrage (« Les musiciens de jazz et leurs trois vœux » . Pannonica de Koenigswater. Editions Buchet Chastel, 2006), présentant 300 témoignages, révélant des personnalités fortes, touchantes, drôles.


     A la question "Si on t’accordait trois vœux pouvant se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu ?" Dizzy Gillespie avait répondu : « Ne pas être obligé de jouer pour de l’argent, la paix dans le monde pour toujours et un monde où on n’aurait pas besoin de passeport » tandis que Miles Davis se limitait à un seul vœu « Etre blanc ! ».


     La nouvelle édition, augmentée de photos est présentée avec une nouvelle photo de couverture, certes toujours dédiée à Monk, mais où celui apparaît vêtu d’un manteau et d’une toque de fourrure de la Baronne. On y apprend, par la publication d’échanges de courriers datant de 1967, qu’une grande maison d’éditions américaine (Random House) avait refusé la publication de l’ouvrage adressé (textes et photos) par Pannonica, au motif que « Malgré l’intérêt considérable pour le jazz, les livres sur le sujet ne connaissent généralement pas de grand succès ». « Les trois vœux » attendront près de 40 ans avant d’être publiés par un éditeur français.


     Buchet-Chastel propose également dans un autre ouvrage, « L’œil de Nica », d’autres photos inédites de Pannonica de Koenigswarter retrouvées dans des malles de la maison de Weekhaven, « Cathouse » où vécut jusqu’à sa mort en 2021 à 92 ans le pianiste Barry Harris.

 

     Dans ce reportage de photos intimes mais jamais indiscrètes, le sujet principal demeure Thelonious Monk qui vécut à Cathouse les dix dernières années de sa vie (1917-1982). Pas moins de 80 photos du pianiste en club, dans la rue, à Weekhaven, avec des copains musiciens, son épouse Nellie, ses enfants. Dans cette galerie de portraits, figurent aussi les stars de l’époque (Billie Holiday, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Bud Powell, Ornette Coleman…) et des dizaines d’inconnus (qui n’ont pu être identifiés, reconnaît l’autrice qui compte sur la mémoire des experts pour y rémédier).

 

     L’intérêt de « L’œil de Nica » tient à ces expressions, ces positions des musiciens, dans l’action de jouer, dans l’inaction du sommeil. « Ce sont des photos de la réalité crue, factuelle, de l’instant volé puis imprimé façon coupure de journal », souligne en préface le pianiste et auteur d’une biographie remarquée de Monk, Laurent de Wilde.

 


Jean-Louis Lemarchand.

 

« L’ŒIL DE NICA », Photographies de Pannonica de Koenigswarter. Textes de Nadine de Koenigswarter et Laurent de Wilde. Editions Buchet Chastel. Septembre 2023.

« LES MUSICIENS DE JAZZ ET LEURS TROIS VŒUX », Pannonica de Koenigswater. Préface de Nadine de Koenigswarter. Editions Buchet Chastel. Nouvelle édition augmentée. Septembre 2023.

 

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 11:22

Nils Wogram : "The Pristine Sound of Root 70"
Nwog Records


Nils Wogram (trombone, melodica), Hayden Chisholm (saxophone alto), Matt Penman (contrebasse), Jochen Rueckert (batterie)


Nils Wogram ou “The rebirth of the cool” !

Le tromboniste allemand Nils Wogram (51 ans) fait son retour et c’est back to basis. Et voilà qui fait un bien fou. Celui qui avait été repéré il y a quelques temps par Michel Portal (que nous avions pour certains, découvert dans « MP 85 ») et qui avait été lauréat l'an dernier de l'Académie du jazz semble ici s'accorder une sorte de pause dans son parcours musical pour revenir à quelques fondamentaux.
Ces bases sont celles qui ont peuplé son univers de tromboniste de jazz. Elles vont de Jay Jay Johnson à Bob Brookemeyer en passant par Albert Mangelsdorff. Elles puisent aussi dans le quartet pianoless de Gerry Mulligan.
Dans une formation dont la plupart des noms (à l’exception du génial Matt Penman) nous sont inconnus (on apprécie la découverte du saxophoniste néo-zélandais Hayden Chisholm dans un son à la Warne Marsh), Nils Wogram se laisse aller au plaisir simple du jazz. Entendons-nous bien : simple dans le sens où tout semble couler de source et ù le plaisir de jouer y semble évident autant que raffiné.

Dans une sorte de cool attitude, le quartet se balade entre les tempos et les atmosphères avec un petit côté old fashioned décomplexé sans jamais donner dans la facilité.

A ceux qui voyaient dans Nils Wogram un musicien un peu cérébral, il donne ici une sorte de leçon sur son instrument. Sa formation se connait parfaitement bien, a tourné ensemble de nombreuses années et de faufile dans la musique avec une douce agilité. L’entente est donc parfaite.

Et Wogram de faire la démonstration subtile de la force tranquille !

Jean-Marc Gelin

https://youtu.be/TpGjaGaaRH8?si=a-61Ru1zB3o7ApAP

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2023 6 09 /12 /décembre /2023 17:31

 

Miguel Zenon (saxophone alto)

Dan Tepfer (piano)

New York, 19-20 juin 2018

Main Door Music

https://dantepfer.bandcamp.com/album/internal-melodies


 

Un duo enregistré voici 5 ans, et qui paraît enfin ! Car cette musique est d’une qualité et d’une créativité qui rendait urgente sa parution. En l’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser à Lee Konitz, dont Dan Tepfer fut le partenaire privilégié durant une dizaine d’années, et que Miguel Zenon reconnaît pour une influence majeure. Il faut dire aussi que Dan et Miguel jouent en duo depuis près de dix ans. Et dans leur manière d’improviser, je retrouve cette liberté qui existait chez Konitz : on entre dans la phrase comme par une porte vers l’inconnu, et pourtant tout s’édifie dans la cohérence, la clarté, mais aussi le vertige. Des compositions de l’un et de l’autre, et aussi deux thèmes (des improvisations ?) en commun, voisinent avec l’une des Études pour piano de Ligeti (Fanfares), et l’indispensable hommage à Lennie Tristano (et à Konitz) : 317 East 32nd Street. D’un bout à l’autre du disque, un formidable moment de connivence, d’intelligence musicale et joie de jouer : jouissif pour qui écoute !

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2023 6 09 /12 /décembre /2023 11:15

       Un titre à lui seul, « Night Cap », résume la vie et le style de Michel Sardaby qui vient de disparaître le 6 décembre à l’âge de 88 ans.
     Cette composition donne son titre à un album enregistré en 1970 avec deux comparses aussi occasionnels que brillants, Connie Kay (batterie) et Percy Heath(contrebasse), heureux de quitter un moment la rigueur du MJQ.


     ‘Night Cap’, c’est le dernier verre avant de se mettre au lit. Le martiniquais Sardaby s’y entendait, lui l’amateur de rhum, à distiller rythme et mélodie dans ce style be-bop bien reconnaissable. Un style qui lui assura au Japon une renommée comparable à celle d’une autre icône du jazz français, Barney Wilen.

     Éternel insatisfait, Michel Sardaby, enseignant respecté, avait depuis longtemps abandonné tout travail au service des autres. Sa conception du jazz était inchangée depuis ses premières prestations dans une brasserie à Fort de France avec des musiciens américains de passage : une musique festive ! Et pour illustrer son propos, ce jour de 2008 lors d’un entretien avec l’auteur de ces lignes, Michel Sardaby s’installait à son piano, un Pleyel 1934 et interprétait une de ses compositions, « Night Blossom », une œuvre finement ciselée dans les mains de cet ancien élève de l’école Boulle.

 

 


Jean-Louis Lemarchand.

 

©photos Jean-Luc Noël et Pierre de Chocqueuse.

 

Partager cet article
Repost0