THOMAS BELIN : « Poney express »
Thomas belin (cb, compos), Stéphan Moutot (ts), Sébastien Joulie (g), Charles « chuck » Clayette (dms)
Jinrikisha 2023
Qu'il est agaçant de voir se quereller, comme on le voit en ce moment sur les réseaux sociaux les partisans du jazz classique et modernes !
Lorsque l'on entend des jeunes musiciens comme ceux de cet album jouer comme ça, il ne nous viendrait pas à l'idée une seule seconde de leur faire l'insulte de leur demander s'ils jouent du jazz classique ou du jazz moderne. Ils vous répondraient certainement qu’ils jouent du jazz tout simplement. Point barre.
La formation de Thomas Belin est de ce type-là : de ceux qui respirent le jazz par tous leurs instruments et puisent aux racines du jazz pour en faire leur propre matériau. Qui finalement réinventent avec talent ce qui a déjà été inventé mais à leur propre sauce.
Et cette dernière est onctueuse à souhait.
Depuis le temps que les membres de ce quartet pianoless se connaissent, depuis le temps qu'ils parcourent ensemble les scènes de l'hexagone, depuis le temps qu’ils partagent la même conception du jazz, il y a quelque chose de l'ordre de la symbiose entre eux. Une forme de télépathie totale qui réagit avec osmose aux belles compositions de Thomas Belin.
Ce club des quatre se balade au gré de thèmes fluides et alertes avec une sorte d'énergie souple. Un quintet félin en quelque sorte. Tout en agilité et en grâce.
Au sax tenor ( ah, cette belle fidélité au ténor !), Stephan Moutot apporte un lyrisme à la Stan Getz auquel vient répondre les harmonies en chapelet d'un Sébastien Joulie qui a la guitare d'une Grant Green. Les deux se complètent dans un chassé-croisé sensuel. La rythmique composée de Thomas Belin à la contrebasse et de Charles « Chick » Clayette c’est un peu tic et tac. Compères et parfaite complémentarité. Quand Thomas Belin pose le groove et assoie la pulse, Charles Clayette lui, joue les dentellières avec finesse.
Au final , totale réussite et charme absolue de cette musique écrite et jouée avec une suprême élégance.
Jean-Marc Gelin
NB : Dommage que le son soit parfois mal pris (son du sax lointain sur Ioaded)