Erik Friedlander (violoncelle), Michael Blake (saxophones), Trevor Dunn (contrebasse), Michael Sarin (batterie). New York, 2015
Skipstone Records SSR 22 / http://www.skipstonerecords.com/
Erik Friedlander est violoncelliste, comme l'était Oscar Pettiford, contrebassiste qui jouait aussi du violoncelle, et qui fut l'un des pionniers de l'utilisation de cet instrument dans le jazz. Musicien impliqué dans la mouvance de John Zorn, Erik Friedlander est un fin connaisseur du jazz de stricte obédience, et son initiative vient à point pour nous rappeler que Pettiford, contrebassiste exceptionnel, fut aussi l'un des compositeurs et arrangeurs les plus intéressants des années 50. À l'archet ou en pizzicato, Erik Friedlander fait revivre les compositions de son grand aîné. Les thèmes sont des petits bijoux de consonance subtile, où les tensions harmoniques sont attisées avec gourmandise. Pettiford, qui côtoya aussi bien Ellington que Woody Herman, Monk ou Gillespie, fut avec quelques autres (Gigi Gryce, Tadd Dameron....) de ceux qui dans les années hard bop à New York, édifiaient un courant soucieux de raffinement harmonique, sans négliger pour autant l'impact rythmique cher au jazz de cette époque. Au sommaire de ce disque : Bohemia After Dark, gravé en 1955 par Pettiford à la tête d'un octette qui comptait e ses rangs Donald Byrd, Bob Brookmeyer, Gigi Gryce.... ; Oscalypso, enregistré dès 1950 au violoncelle avec son quartette dont le pianiste s'appelait.... Duke Ellington ; Cello Again et Pendulum At Falcon's Lair immortalisés en 1952 et 1953, par des groupes du violoncelliste dont le contrebassiste était.... Charles Mingus ; Tricotism, inauguré en quintette et en 1954 avec Julius Watkins et Charlie Rouse, et cetera. Bref un florilège des compositions d'Oscar Pettiford, servies avec amour et intensité par Erik Friedlander et son groupe, ce qui rend l'objet plus qu'attachant. Erik Friedlander le publie sur son propre label, Skipstone, et franchement, tant qu'il y aura des gens pour faire des disques comme celui-ci, le jazz vaudra vraiment la peine d'être vécu !
Xavier Prévost