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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 22:16

Jean Claverie

Folio Cadet - Gallimard Jeunesse

64 p

little-lou.jpg

 

 

Retour de Little Lou, petit enfant noir du Mississipi dans les années 20, surdoué du piano né sous la plume et l'imagination de Jean Claverie et dont les jeunes avaient pu suivre la première partie de l'histoire parue en 1994 chez Gallimard Jeunesse.

 

Né en 1946 en Bourgogne, l'auteur Jean Claverie a deux passions : les livres pour enfants et le blues qu'il découvrit un jour par le biais de Memphis Slim.

 

Little Lou revient donc dans la collection Folio cadet ( 1ères lectures) pour une nouvelle aventure où il est question de road story, de voyage dans le Sud à la recherche de son oncle Sonny, guitariste mourant avec qui le gamin rêve de pouvoir jouer une dernière fois.

 

Jean Claverie dessine et raconte avec une simplicité émouvante l'histoire de ce petit gosse prêt à braver un cyclone et le KKK pour aller retrouver son oncle, comme si sa propre vie en dépendait.

 

 

Cette histoire de blues, cette histoire de moiteur du sud, cette histoire du racisme du Sud, cette histoire de transmission des secrets de cette musique entre Little Lou et son oncle est une plongée très simple et très poétique à la fois dans le monde noir du Delta.

 

Le récit est très attachant et très sensible et peut se lire à tout âge.

 

De préférence avec un bon blues de Mister Slim pour initier aussi les jeunes au blues.


 

 

 


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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 19:22

Label 10H10 by Cristal records/ Distributeur Sony

 

Sortie  le 5 mai 2014

www.jmbernard.net 

Illustrations by Michel Gondry et Charlotte Arene 

 

jazz-for-dogs.jpg


C’est en écoutant le 27 mars dernier Cinémasong de Thierry Jousse sur le festival international du film d’Aubagne et la musique de Jean Michel Bernard que surgit l’envie d’en savoir plus sur Jazz for Dogs, album au titre étrange, qui n’est pas seulement du jazz ni de la musique de film, malgré des allusions très fortes à ces deux univers.

 http://www.aubagne-filmfest.fr/fifa2014/fr/evenement-fr/concerts/jazz-for-dog)

Voilà  en effet, un objet sonore des plus insolites, une œuvre discographique pour les chiens.  Le disque est  vraiment conçu du point de vue de l’animal, « concept saugrenu et un peu barré » comme l’écrit Stéphane Lerouge dans ses excellentes notes de pochette très complètes sur la genèse de l’album et du projet.

Fanny Ardent prête sa voix en introduction, en récitant son propre texte sur du duduk, une flûte arménienne particulièrement expressive : ainsi avec «Lettre à ma maîtresse» démarre une incursion dans un nouveau monde, une quatrième dimension : du jazz cinématographique pour les maîtres et leurs chiens. Jazz for dogs est un album de chansons originales concernant les chiens,  leur quotidien et leur besoin d’écouter une musique avec des textes adaptés à leurs demandes  lorsque leurs maîtres s’absentent. 

Animateur de la masterclass du festival, toujours prêt pour de nouvelles aventures musicales, Jean Michel Bernard est le maître d’œuvre de cet album, et il nous fait partager son univers plein de fantaisie, dans une sorte de bricolage onirique. La genèse du projet remonte à quelques années et à un projet cinématographique non abouti, un travail pour le film de Thomas Gilou, Michou d’Auber. JM Bernard avait gardé dans ses tiroirs, des  chansons depuis 5 ans, thèmes que sa femme Kimiko Ono a ressorti et adapté : le programme de l’album s’est étoffé et l’histoire de Jazz for Dogs a pu commencer, avec l’aide active et enthousiaste d’un troisième personnage, le saxophoniste baryton québecois Charles Papasoff.

 19 chansons ont été rassemblées et orchestrées comme une musique de film avec « un combo de haut vol », enregistré en direct, sans recording et trucage, au studio Alhambra de Rochefort. Le disque paraît donc sur le label Cristal dans la collection 10h 10.

Voilà une histoire d’amitié et de musique et la voix si caractéristique de Kimikoi fait souvent songer à la fragile et enfantine  Blossom Dearie. Des invités de marque se joignent au trio de tête, le temps d’une chanson : Laurent Korcia est  au violon, Francis Lai à l’accordéon sur la valse « Garlic dog », Bruno Coulais est également présent sur«The Hills Beyond The Fence», et  le cinéaste Michel Gondry, complice génial, l’ami qui « apprend à désapprendre » est de la partie, il vient faire un  tour à la batterie. C’est que JM Bernard a composé les musiques de ses précédents films  de Human nature à Be Kind Rewind, sans oublier La science des rêves. 

Ces histoires de bêtes, sous une apparente légèreté, déploient tout l’éventail de sentiments, évoquant le bonheur  comme le chagrin de la perte et de la maladie comme dans l’émouvant «Losing a puppy is like losing an arm». Chaque composition a sa couleur particulière car le terme de jazz de toute façon « ratisse large », de l’aveu même de JM Bernard qui ne se prive pas d’un éclectisme brillant. On entend une musique qui évolue du funk  à la pop. Les sifflets du percussionniste Marc Chantereau nous font souvenir de la brillante Micheline Dax qui vient de disparaître, mais il y aussi un bon vieux blues, et le pot-pourri inimitable d’ «Uncontrollable Urges » regroupe « disco, Bach,funk et George Martin ».

Vous l’aurez compris,  il ne faut pas se priver d’écouter cette musique constamment surprenante... Quand une vraie fraternité musicale produit  autant d’invention, soyons curieux et à l’écoute...

 

Sophie Chambon

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 10:07

 

Bande originale du film d’Eric Barbier/ Musique originale de Renaud Barbier

Sortie le 28 AVRIL 2014.

LABEL B Original par Cristal Records

www.cristalrecords.com

Distribution Sony Music

Lien vers la B.O : www.bit.ly/1pG3FwO

 dernier-diamant.jpg

« Un thriller romantique aux multiples facettes ». Le Dernier Diamant est ce que l’on appelle un film de genre et, à ce titre, il prolonge l’esthétique du film de «casse» rendu très populaire en France dans les années  60 et 70 avec les films d’Henri  Verneuil. On se souvient de la musique sublime de Michel Magne pour Mélodie en sous sol  (1963) ou de celles d’Ennio Morricone pour Le Casse (1971)  justement, et de la ritournelle entêtante dans Le Clan des Siciliens.

 En France on brûle souvent ce que l’on a aimé et les films de genre ne sont plus tellement à la mode,  pourtant nous sommes capables de rivaliser avec les Américains sur ces  thèmes. Le réalisateur Eric Barbier avouait qu’il souhaitait revenir à  un cinéma d’histoire, un peu disparu aujourd’hui,  et en l’occurrence, créer une problématique de casse, c'est-à-dire élaborer un plan méticuleux  pour inventer un braquage. Quatrième long métrage d’Eric Barbieret  seconde collaboration avec Yvan Attal, voilà un thriller bien ficelé autour d un duo d’acteurs convaincus et convaincants, Yvan Attal et Bérénice Béjo,  un couple qui fonctionne.
Sur une trame très codifiée - c’est la loi du genre- le cinéaste a demandé à son frère Renaud Barbier
, tout comme pour son film précédent  Le Serpent, d’en écrire la musique.

Le travail a commencé en amont ce qui permet à la musique non seulement de jouer la fonction classique d’accompagnement mais de structurer le récit  à la façon d’ un puzzle. Et l’originalité, voire l’intérêt  de cette B.O est  de croiser et  lier deux styles musicaux élégamment, du jazz pour illustrer le monde dans lequel évolue les  casseurs, un  univers sec, nerveux, haletant, l’autre plus romantique et baroque, celui des diamantaires ( le thème de Julia par exemple avec l’aide de l’orchestre et  des cordes du Philarmonique de Bruxelles, et la soliste harpiste Karen Peeters.)

Les notes de pochette nous renseignent  fort bien sur « la fabrique du film» et de sa musique : on apprend  ainsi que le montage fut effectué directement sur les musiques originales. Dix huit musiciens, 70 minutes de création originale avec des  solistes épatants (Renaud Barbier au piano, Bijan Chemiraniaux percussions et saz, Lilian Bencini à la contrebasse et basse électrique et Gilles Grivolla aux saxophones soprano et baryton)  qui assurent  les  transitions entre les différents personnages, explorent  l’évolution des sentiments (« le doute »).

Une formation de jazz orchestral  décrit crescendo l’histoire du gang, décortique l’action, véritable mécanique de précision jusqu’à la scène du casse, la composition 12, point d’orgue du film . On sent la tension  monter... et même sans avoir vu le film, la musique est éloquente. Comme le suggérait Godard,  il semble que l‘on peut entendre les images et voir la musique. Les timbres graves de la section de cuivres  et la prise de son sur 24 bandes analogiques donnent un son particulier, un effet brut, saturé avec du grain, le son des années soixante-dix, selon l’aveu même de Renaud Barbier, prestidigitateur du clavier, qui fait  surgir des paysages, entre dans  l’univers mental des personnages : leitmotiv de l’horlogerie, du cliquetis fatal du temps qui passe, inéluctable, de l’action et de certains drames ou situations irréversibles.

La musique a été enregistrée au studio Alhambra-Colbert à Rochefort,  ancien cinéma désaffecté, fief du label Cristal qui coproduit le disque avec Mandoline Musique Production, tandis que Cristal Publishing  en assure la supervision musicale et l’édition.

Ardente et sévère,  la B.O du dernier diamant est réussie , car  il y a assez de présence musicale  pour qu’on puisse se passer des visages. Mais ce sera tout de même un vrai plaisir de réécouter la musique après avoir vu le film.

 

Sophie CHAMBON

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 15:52

Blue Note 2014

Jon Cowherd (p), Myron Walden (as, clb), Melvin Butler (ss, ts), Marvin Sewell & Jeff Parker (g), Chris Thomas (cb), Brian Blade (dms)

 

 brian blade landmarks

 

Dans la production surabondante d’albums qui nous parviennent quotidiennement, il y a parfois des petites pépites, surprises heureuses dans cette inégale profusion. « Landmarks », le dernier album du batteur Brian Blade fait ici exception.

A 44 ans, à l’instar d’un autre grand batteur, le regretté Paul Motian, Brian Blade , par ailleurs batteur incontournable du quartet de Wayne Shorter, apparaît aujourd’hui comme un compositeur remarquablement inspiré, capable d’insuffler une réelle âme à sa musique et à ceux qui la serve. Acteur et auteur immense de ce nouveau jazz américain, sa musique s’inscrit dans la lignée de celle d’un David Binney où les espaces mélodiques s’étirent, aériens et flottant dans une sorte de clair-obscur mélancolique et rêveur. Quelque chose de l’ordre du travelling, où la linéarité de la route dessinée entraîne vers un horizon très haut perché.

Des morceaux sublimes aux ostinatos très prenants ( Ark.La.Tex) ou à forte densité pop-jazz ( he died fighting) voire aux accents d’un blues gras  ( Farewell bluebird) sous la houlette de Marvin Sewell (le guitariste de Cassandra Wilson) embarquent leur monde dans ce voyage captivant.

Mais il y a aussi chez Brian Blade quelque chose d’Ellingtonien dans ce soin tout particulier réservé dans son écriture à la mise en valeur de ses solistes. Myron Walden, jeune saxophoniste bourré de talent pour lequel All About jazz (1) n’hésita pas il y a quelque temps  parler de l’une des étoiles les plus brillantes de sa génération, explose ici avec ce son torturé et acide.

Mais c’est avant tout une véritable œuvre collective que signe là son Fellowship Band avec lequel il tourne depuis près de 5 ans. Jon Cowherd et Marvin Sewell signent aussi 3 compositions et montrent qu’il y a là une grande implication partagée qui se ressent tout au long de cet album à fleur de peaux où l’émotion et la sensibilité effleurent avec élégance et légèreté.

 

Pour fêter ses 75 ans le légendaire label Blue Note renoue avec ce jazz de très haut niveau qu’il avait un peu délaissé ces dernières années. Avec Brian Blade, il inscrit de nouvelles pages essentielles du jazz. Avec alléresse on s’en réjouit. On s’en délecte.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

(1) "one of the true bright stars of his generation" who "has a very distinctive sharp tone with a rounded nasaly-inflection" and "has shown the ability to develop solos with both an incisive logic and an organic level of invention."[4] Describing his performance on tenor sax, writer John Kelman said that Walden was "as thoughtful yet fiery a player on the bigger horn as he is on alto" 

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 21:38

esselieres

 

Connaissez-vous l’Espace Congrès des Esselières à Villejuif ? Si non, c’est bien dommage… Ce lieu sympathique propose chaque mois un concert de Jazz sous l’efficace patronage de l’association « Jazz aux Esselières »[2] et le jeudi 17 avril cette heureuse scène accueillait l’Anachronic Jazz Band. Belle brochette de virtuoses en l’occurrence qui frôlent une moyenne d’âge proche de celle des Rolling Stones. Ici s’arrête la comparaison même si pour certains amateurs on pouvait trouver un côté mythique à l’Anachronic. Le mythe renaît pour une série de concerts pas piqués des mites et ce grâce à Patrick Artero (Trompette) qui a eu la bonne idée de réunir de malicieux complices pour renouer avec la transposition du Be Bop vers le style musical des années 20 et 30.

On retrouve quelques uns des fondateurs de 1976 : Philippe Baudoin (Piano), Daniel Huck (Sax Alto, chant), Marc Richard (Clarinette, Sax Alto), André Villeger (Clarinette, Sax Ténor, Sax Soprano), Gérard Gervois (Tuba), auxquels se regroupent avec bonheur Jean-François Bonnet (Clarinette, C-Melody Sax), Pierre Guicquéro (Trombone), François Fournet (Banjo), Sylvain Clégarec (Batterie).

Comment dire… Les caves de Jazz ont-elles le même effet que celles des crus de Bourgogne ? Il faut croire que oui. Les trente huit ans qui séparent la formation du début de celle d’aujourd’hui n’ont en rien altéré l’enthousiasme des musiciens, la qualité des arrangements, l’originalité des chorus et le plaisir des auditeurs. Les trios de clarinettes, les quatre quatre au cordeau, les envolées des solistes nous plongent dans la joie au-delà même des thèmes originaux totalement réarrangés pour mériter une admission dans ce répertoire anachronique. A l’occasion vous revisiterez : Yarbird Suite, Armando’s Rumba, Blue Monk, Salt Peanuts et le passage savoureux du Take Five de Dave Brubeck au Take Four de Philippe Baudoin dont les accents arabisants sont néanmoins New Orléanesques en diable.

Si vous avez le bonheur de les voir en direct vous retiendrez quelques vannes à deux balles dignes de collégiens (on ne se refait pas…), quelques sourires des uns et des autres à l’audition de leurs chorus respectifs. Vous apprécierez également leur grande culture musicale inspiratrice du choix des thèmes. Vous profiterez enfin d’un énorme moment de complicité non coupable entre musiciens qui se connaissent bien et sont tout au plaisir de s’être retrouvés pour faire un bout de chemin sur une portée commune. Vous vous devez également d’acheter leur dernier disque « Anachronic Jazz Band : Back in Town » et celui réédité en 2009 « Anthropology ». 

Le deuxième, je l’ai déjà… En vinyle…

Bonne écoute.

 

 

 

 

 

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 22:37

 

Paul Bley “ Play Blue”

ECM 2014

Paul Bley (p)

 PaulBley.jpg

En 2008 le pianiste canadien donnait un concert à Oslo. Il s'agissait d'un concert solo (1er anagrame) au cours duquel Paul Bley livrait toute sa science de l'improvisation dans un de ces moments rares où le pianiste semble faire corps avec son instrument. On hésitera pas bien longtemps avant de jeter des ponts entre PaulBley et Keith Jarrett car à entendre cette sublime prestation on sait bien qu’il est évident que le maître du clavier Pennsylvanie s'est souvent inspiré de son aîné canadien. Dans cet exercice de 2008, Paul Bley a oublié le free. Il joue avec les harmonies, ouvre des tiroirs, manie les renversements d'accords avec brio et laisse toujours l'émotion s'installer. La mélodie est sous-jacente, non jouée mais toujours omniprésente. Cet album, jamais introspectif, élève l’art du piano solo à des niveaux  exceptionnels. Pas comme ces longs exercice solitaires où l’attention de l’auditeur tend parfois à digresser. Non, ici Paul Bley semble réinventer à chaque instant, à suprendre de phrase en phrase au point que celui qui écoute ne peut absoluement pas lâcher un seul instant le développement de la pensée du pianiste qui, sous ses doigts devient ici d’une limpide évidence.

 

 

Enrico Pieranunzi : « Plays Morricone 1 et 2 »

Cam Jazz  rééd. (Cam Jazz CAM504425)

Enrico Pieranunzi (p), Marc Johnson (cb), Joey Baron (dms)

 enrico_pieranunzi_marc_johnson__joey_baron__play_morricone_.jpg

 

Cette réédition complète des albums enregistrés en 2001 et 2002 est une véritable démonstration de grande, de très grande classe. Avec ce trio mythique qu’il a formé en 2004 le pianiste reste dans son sillon, celui d'un jazz très classique. Ce jazz dont il porte aux nues son maître absolu : Bill Evans, référence de tout son travail depuis plus de 30 ans. Ici le pianiste romain a choisi comme angle d'attaque les musiques de films signés Ennio Morricone pour s'en inspirer librement et en faire une lecture totalement prétextuelle. Finalement le rapport avec la musique originale importe peu si ce n'est dans l'esprit des films qu'ils relatent. Car ce qui est à l'oeuvre c'est un trio d'exception. il faut écouter un thème comme Nuevo Cinema Paradiso qui atteint des sommets de piano jazz, avec une belle âme lyrique et des harmonies de fous comme les aimaient Bill Evans. Et surtout cet équilibre totalement parfait du trio auquel l’ex bassite de Bill Evans n’est pas totalement étranger. La musique est belle et avec intelligence amène Morrricone au jazz qu'il n'avait certainement pas envisagé au départ.

Leur sens du swing est renversant. C’est celui qui fait bouger les pieds, celui qui ne résiste pas au dodelinement, celui qui vous prend aux tripes et vous emporte.

 

 

KARTET : "Grand Laps"

Songline recordings 2014

Guillaume Orti, saxophones - Benoît Delbecq, piano - Hubert Dupont, basse - Stéphane Galland, batterie

 kartet.jpg

C'est un peu l'album où il ne se dit rien, où il ne se passe rien mais qui est en fait riche d'une multitude de microscopiques évènements. Éloge de l'indicible, de la lecture de l'entre-deux lignes pour pénétrer dans un monde à la fois mystérieux et délicat. Ça joue dans l'atonalité, dans les rythmiques impaires, dans les ostinato décalés, tout cela entre errance et groove pulsé par un Hubert Dupont hyper solide (X).

L'expression de Guillaume Orti semble hors du temps. Hors de toute mode.

pas forcément à la recherche du "son" mais simplement d'une émotion juste. Il faut écouter avec quelle économie de moyen sur I.E.S, il parvient à toucher. En même temps, avec une sorte d'infinie patience dans le traitement de la note il aborde un langage presque mathématique, très Steve Colemanien.

Il y a du télépathique dans ce groupe où la musique se conçoit comme une sorte de construction intellectuelle qui aide à la divagation des esprits mais aussi parfois à l'ancrage du groove. Entre ciel et terre pourrait-on dire.

 

 

 

Laurent Robin : «  Movie’zz »

Dixiefrog 2014

Laurent Robin ( compos, dms), Benjamin Moussay (p, kybds, machines), Vincent Laffont (p, kybds, machines), Camille Lebrequier (tp sur un titre)

robin.jpg

Si les daft punk faisaient du jazz il feraient peut être du Laurent Robin !

La musique électrique du batteur s'y fait en effet interstellaire, lunaire entre comics et B.O d'un James bond futuriste. Movie’zz : tout est dans le titre. Il n'y a qu'a regarder cet pochette d'acier aux couleurs de thriller. Le jazz prend avec Laurent Robin des allures d'anticipation dans un monde limite angoissant parce que terriblement froid.

Les boucles rythmiques tournent, les nappes sonores se tuilent et se superposent.

Et décapent les oreilles les plus averties.

 

 

Bad Plus : «  The rite of Spring »

Okeh 2014

Ethan Iverson (p), Reid Anderson (cb), David King (dms)

 the_bad_plus_the_rite_of_spring_1.jpg

Une interprétation fidèle de l’oeuvre de Stravinsky du Sacre du Printemps mais emmené sur le terrain d’un heavy jazz ? Pari carrément audacieux que se lance le trio de Minnéapolis. Et pari qui s’avère d’une rare complexité dès lors que ces trois-là veulent rester au plus près de l’original. Et d’autant plus périlleux qu’au milieu de ce trio décoiffant se trouve un batteur plutôt rentre-dedans, David « Boum-Boum »-King. Si dans l’oeuvre originale les cuivres ont leur importance, David King parvient en efet à les remettre au centre de leur dispositif donnant ainsi un éclairage fascinant à l'oeuvre que l'on avait rarement entendue comme cela avec à la fois une telle liberté mais aussi un vrai respect pour l'oeuvre originale. Car elle pourrait tout aussi bien être présentée devant un public classique que devant un public rompu à la musique contemporaine. The Bad Plus gardent à l'esprit la dimension de la suite orchestrale et surtout du développement, du ballet qui vit ici autrement. A trois ils parviennent à donner une véritable ampleur orchestrale assez exceptionnelle. Il ne s'agit pas de révolutionner mais d'introduire des développements différents, des instrumentations en incises, des inspirations rock parfois lourdes mais qui font sonner ce printemps comme un appel à quelques forces telluriques, à des forces vives, scandées et rituelles, au plus profond de la terre qui s’éveille avec violence et liberté.

 

 

Jean-Marc Gelin

 

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 15:49

NIUNIGHT_flyer_JeanlouisChautemps_WEB.jpg

 

Il se fait rare Jean-Louis Chautemps. Raison de plus pour ne pas manquer son prochain concert parisien, en petite formation. Un quartet avec Eric Le Lann (trompette), délicat interprète auquel on doit un récent hommage à Chet Baker, et une rythmique formée de Donald Kontomanou (batterie) et Sylvain Romano (basse). C’est la particularité de la programmation de ce nouveau lieu parisien dédié au jazz, la péniche La Nouvelle Seine, théâtre « flottant » de 120 sièges : des petits groupes et (contrainte due au lieu, la cale du bateau) sans piano. On peut faire confiance à Jean-Louis Chautemps pour tirer le meilleur parti de cette donne.  Musicien aux talents multiples, qui sait passer du free au cool et vice-versa avec toujours cette distanciation élégante, il s’exprime au saxophone ténor, fort d’une connaissance encyclopédique de l’instrument. Par les hasards du calendrier, Frémeaux & Associés sort un double album dédié à la période cool en Europe dans les années 50 (« European Cool Jazz. 1951-1959) qui s’ouvre sur le All Stars d’Henri Renaud (le « grand genre » au piano, selon Claude Carrière) enregistré le 10 avril 1953  où l’on retrouve Jean-Louis Chautemps au saxophone baryton sur « Paris, je t’aime », l’un des tubes de Maurice Chevalier. Sur scène le 28 avril, Chautemps « le sage » aux 80 printemps devrait démontrer une fois encore combien il est capable d’un grain de folie.

 

 

 

Jean-Louis Lemarchand

 

Jean-Louis Chautemps quartet, avec Eric Le Lann (trompette), Sylvain Romano (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie). Lundi 28 avril ; Péniche La Nouvelle Seine. 3, quai de Montebello. 75005. Concert à 20h30. Réservations 0143540808.  Après Didier Lockwood le 30 mars et Daniel Humair, le 14 avril, les Niu Night, programmées deux lundis chaque mois sous la houlette de Jean-Jacques Pussiau (Owl, Night Bird, OutNote Records) proposeront d’ici la fin du mois de juin, le groupe After in Paris, Emile Parisien-Vincent Peirani, Leila Martial, Jean-Paul Celea trio.

 

 

 

 

 

 

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 15:40

 

 

 JAZZARAMA.jpg

Une fois de plus, le festival Jazz à Ramatuelle se place au top des lieux où tout jazz fan est en droit d’écouter du bon jazz cet été.

Toujours soucieux de la qualité de sa programmation, son directeur artistique Denis Antoine a mis tous les jazz à l’honneur.

Notons tout d’abord une rareté : le célèbre pianiste allemand Joachim Khün, qui viendra le 17 août présenter son album « Chalabas », enregistré avec le chanteur et joueur de oud Majid Bekkas et le batteur Ramon Lopez. Le pianiste virtuose, improvisateur de génie, a su marier le chant arabe et le jazz dans ce projet on ne peut plus original.

Le voyage ne s’arrêtera pas là puisque le 19 août, le festival accueillera le pianiste cubain Omar Sosa. Ce dernier vient d’enregistrer un album intitulé « Eggün (The Afri-Lectric Experience) », célébrant les 50 ans de la sortie du fameux « Kind of Blue » de Miles Davis.  Plutôt que de réarranger les morceaux de Miles, Omar a préféré s’inspirer de certains de ses motifs musicaux et de son atmosphère, pour en présenter sa quintessence personnelle. Il viendra accompagné par Childo Tomas à la basse et au chant, Ernesto Simpson à la batterie et Leandro Saint-Hill aux saxophones, flûte, percussions et voix.

Le Jazz contemporain ne sera pas en reste avec la venue d’Antonio Faraò le 18 août. Le pianiste italien sera accompagné du grand saxophoniste Dave Liebman, pour jouer notamment les morceaux de son dernier album « Evan ».

La clôture du festival sera assurée par Jack Schwartz-Bart, saxophoniste antillais très en vogue, qui présentera son projet « Haitian Jazz Roots », album pour lequel son inspiration a puisé dans les chants et rythmes vaudous d’Haïti. Il sera accompagné notamment par Grégory Privat au piano, Claude Saturne aux tambours Haïtiens et Stéphane Kerecki à la contrebasse,  Encore un voyage !

Mais ce n’est pas fini : le festival n’a pas oublié les enfants (y compris ceux qui, avec bonheur, le sont « restés »). L’ouverture des festivités (le 16 août) sera confiée à « The Amazing Keystone Big Band » qui interprétera  une version jazz de « Pierre et le Loup » de Sergueï Prokofiev. Une « ré » création  rafraîchissante destinée à tous les amoureux de la musique.

A l’heure du Pastis si cher aux gens du Sud, la buvette sera chaque soir le lieu du Festival Off, mettant en avant les jeunes talents du jazz. Notez que ces concerts sont entièrement gratuits !
Une 29e édition fort prometteuse, qui, à coup sûr, fera vibrer d’émotions le magnifique amphithéâtre en plein air où il n’est pas rare d’entendre également le joyeux chant des cigales de la Provence se mêler à celui du jazz.

 

Yaël Angel

 

 

Site du Festival : www.jazzaramatuelle.com

16 août : The Amazing Keystone Big Band  -  21h

17 août : Joachim Khün - 21h

18 août : Antonio Faraò - 21h

19 août : Omar Sosa - 21h

20 août : Jack Schwartz-Bart - 21h

 

Concerts OFF tous les soirs à 19h à la buvette.

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 15:35

 

1Cd BLUE NOTE/UNIVERSAL

Sortie nationale le 24 mars

ambroseakinmusireimaginedsavior

 

Voilà que paraît le troisième opus du jeune prodige de la trompette Ambrose Akinmusire, son second album sur le prestigieux label Blue note, après The heart emerges glistening.

 

 

Au-delà de son titre poétique, The imagined savior is far easier to paint, il confirme qu’Ambrose n’est pas seulement l’un des plus brillants trompettistes post bop de sa génération, un coloriste dans l’âme, un compositeur fécond mais aussi un humaniste préoccupé par les combats sociaux actuels.

Certains des invités ont écrit les paroles de leurs « chansons » puisque l’idée générale qui sous-tend la conception de cet album est de dresser des portraits précis, de tracer un contour, une esquisse que les  musiciens s’approprient et font évoluer. On est vraiment dans la vérité du jazz, dans la volonté d’inscrire cette musique dans son temps, plus encore que dans l’abstraction, même impeccable d’un jazz de chambre mâtiné de musiques actuelles. 

 

Le trompettiste franchit une étape supplémentaire  en invitant sur cet album des chanteurs formidables. Théo Bleckmann  stratosphérise  à merveille dans « Asiam  (Joan)» : comment ne pas être séduit par la beauté de la voix qui s’enroule autour du chant de la trompette, à moins que ce ne soit l’inverse, puisque l’un et l’autre ne font qu’un ?  Cold Specks est exceptionnelle, sa voix grave, rauque nous plonge dans une soul  gothique, spectrale dans « Ceaseless Inexhaustible Child » qui traite de prison et d’enfermement à vie. Les paroles des chansons de l’album traitent de sujets graves (des sans-abri  de « Our basement» de Becca Stevens) aux jeunes victimes des armes à feu « Rollcall for those absent »),et témoignent, comme dans le passé de l’inscription des jazzmen dans leur temps.

Par ailleurs, le plus béotien d’entre nous reconnaîtra la virtuosité du trompettiste, la beauté classique.de son travail. On croirait entendre Maurice André dans certaines attaques de solos, d’autant plus qu’il s’adjoint l’Osso string quartet  dans « The Beauty of Dissolving  Portraits ». Ambrose Akinmusire se laisse traverser par la musique, tentant l’aventure d’une création collective, aidé de son quintet et d’invités nouveaux comme le guitariste Charles Altura dans « Vartha ». La section rythmique se signale par une précision et une finesse non exemptes d‘intensité, Harish Ragavan est à la contrebasse et Justin Brown à la batterie, sans oublier  le saxophoniste  Walter Smith III ; au piano Sam Harris brosse l’arrière-plan  ou  joue en solo avec élégance. Le trompettiste, lové au creux de son quintet, s’avère d’un calme et d’une retenue impressionnantes, laissant la musique s’installer. L’ensemble fonctionne admirablement.  On vous disait « Une vraie réussite »...

 

Sophie Chambon

 


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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 20:24

 

Nouvelle série 10/ 2013

Le JAZZ AUJOURD’HUI

EDITIONS OUTRE MESURE

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C’est peu dire que l’on attend toujours avec une certaine impatience la publication des  Cahiers du Jazz, nouvelle série. Et ce numéro 10,  dont le dossier est intitulé Le jazz aujourd’hui, a terminé  l’année 2013 en beauté.  On  y retrouve  la même exigence, la rigueur rédactionnelle qui animent les publications, toujours excellentes,  des éditions Outre mesure.

Isabelle Leymarie  présente en ouverture un panorama de la scène jazzistique actuelle d’une belle vitalité avant de dresser un portrait du regretté  Mulgrew Miller accompagné d’une discographie exhaustive du pianiste. Marilyn Crispell,  Steve Coleman auront droit à des articles circonstanciés  et  Etienne Brunet  lancera  non sans finesse,  que ce n’est pas « le  jazz qui est mort aujourd’hui mais le disque de jazz....»

On peut lire ces cahiers dans tous les sens, en rebondissant au hasard des pages, en se laissant entraîner par le jeu des associations, jouant de l’interdisciplinarité artistique : ainsi, Lucien Malson dans  Gatsby. De l’âge du jazz à l’âge du rap,  compare les deux dernières  versions cinématographiques américaines du(grand) livre de Francis Scott Fitzgerald, espacées tout de même de près de quarante ans [i],  Philippe Frechet  découpe finement  le Jazz dans le roman  noir français de Manchette à  Izzo, Villard ou Pagan ...  

Accompagnant  le dossier traité dans le numéro,  des études « sérieuses »  témoignent de l’essor de la recherche universitaire en musicologie, étudiant  de  très près, un musicien  et son style, ici «La singularité rythmique de Kurt Rosenwinkel », une période de la carrière d’un artiste ou l’évolution d’un  thème avec ses variations....

A la fois accessibles  pour les amateurs et suffisamment techniques pour les professionnels,  ces  Cahiers  s’attachent à la structure de cette musique et  en dévoilent  toutes les  promesses, sans négliger une perspective  historique indispensable de nos jours. On sera ainsi tenté de jeter un coup d’œil  dans le rétroviseur,  dans le miroir que tendait le trompettiste et compositeur Christian Bellest  en 1962,  déjà dans les  Cahiers,  sur  « L’écriture dans le jazz actuel ». Sont évoqués dans ce numéro  des souvenirs de Radio France et du Bureau du Jazz, ainsi que la démarche actuelle, favorisant « la continuité dans le changement », comme le souligne Xavier Prévost.

Passages en revue  est une rubrique où l’on revient sur l’actualité avec deux parutions du confrère  éditeur des Pyrénées Orientales, Alter Ego,  le formidable Hess-O-Hess que l’on se permet de recommander chaudement (à nouveau) et le non moins édifiant  Petit dictionnaire incomplet des incompris d’Alain Gerber[ii] .

Ainsi ces  Cahiers s’avèrent précieux pour  tous ceux qui,  justement, ne s’intéressent pas qu’à l’immédiateté, au « hic et nunc »,  à l’actualité promotionnelle du jazz, mais aiment à resituer inlassablement dans son contexte l’histoire de cette musique aimée.    



[i] On voudrait cependant signaler à Lucien Malson que dans  la version de 1974 de Jack Clayton, Nelson Riddle qui obtint un oscar pour la B.O du film, utilise le  thème d’Irving Berlin de 1923 « What ‘I’ll do » comme un leitmotiv très approprié à l’époque du  livre.   

[ii] Deux livres chroniqués avec enthousiasme  sur les DNJ...

 

Sophie Chambon

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