Sera & Aranthell
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Voilà une belle cargaison de bulles qui nous arrive pour cet hiver et les fêtes en particulier. La collection BDMusic est toujours bien identifiable même si elle a changé de distributeur : c’est le même concept de « long box » consacré à une BD inédite et 2 CDs (quintessence des enregistrements) consacrés à un musicien incontournable.
C’est au tour de Sarah Vaughan -chanteuse pour musiciens, celle qu’on appelait « matelot », qui se comportait comme un musicien de l’orchestre, d’être « racontée » par Sera, artiste cambodgien, auteur et enseignant sur la bande dessinée à Paris I. La plasticienne Aranthell met en couleurs les albums dessinés par Sera. Le résultat est assez saisissant : de grandes plages à la palette sombre, atmosphères hivernales et nocturnes, quadrillent les pages avec assez peu de textes, des titres forts comme « Ce monde si blanc », des références directes aux chansons et à la vie agitée et souvent difficile de « la divine égaleent appelée «Sassie», l’effrontée. On a le plaisir de retrouver Alain Gerber, le romancier du jazz, avec un texte superbe sur « la plus savante des chanteuses de jazz... refusant toute routine, recréant sans cesse un répertoire qui, lui-même, évoluait fort peu ». Il revient à son habitude sur certains repères biographiques, concluant sur l’été 1963, sans doute le plus heureux de sa vie, où elle se produisit en trio au Tivoli Garden de Copenhagen.
Pour la bande-son de ce livre-disque, les enregistrements du premier CD partent de 1944, avec un All Stars où joue Dizzy Gillespie, s’attardant ensuite sur son propre trio où le batteur Roy Haynes est une figure primordiale - Swingin’ Easy. Le deuxième CD illustre les années fastes 1957-1958, où elle triomphe en trio à Chicago (At Mr Kelly’s) puis, At the London House, avec des membres de l’orchestre de Count Basie. Pour Philippe Carles, son « Shulie a bop » de 1954 est un « condensé explosif de son talent, de sa vivacité rythmique » de son ample tessiture qui la fait passer des aigus les plus tendus à des graves proches de ceux d’un baryton.
Et sans doute, faudrait il rajouter que le swing était son arme absolue... ce qui nous facilite la transition avec Cabu.
Sophie Chambon