DVD Stories FREDERIC COUDERC
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sax ....sans jamais oser le demander
Un voyage musical dans le monde de Monsieur Adolphe Sax ...
Sortie du DVD 1er juin 2015
Gaya music production /distribution Soca Disc
Stephane Coens : réalisation DVD
Frédéric Couderc (saxophones) et Patrick Cabon (piano)
Concert le 12 juillet à Strasbourg pendant Sax Open à 11h0 studio 400 de la Cité de la musique et de la danse
http://www.francemusique.fr/personne/frederic-couderc
Après une introduction volontairement langoureuse et voluptueuse sur le tango d’Astor Piazzola « Oblivion », Frédéric Couderc entreprend, avec son délicieux accent méridional, de raconter l’histoire des saxophones et de leur génial inventeur, Adolphe Sax né à Dinant, Belgique en 1914. Virtuose de la clarinette, instrument de perce cylindrique, il voulut augmenter son volume pour jouer dans les fanfares de rue : il eut l’idée de joindre un bec de clarinette basse sur un ophicléide (instrument de perce conique, à embouchure et à clé ...qui n’existe plus de nos jours). Le premier saxophone était né, le saxophone basse en ut.... dont Frédéric couderc nous donne une illustration immédiate avec « Indiana ». Dès le début, le saxophone a sa forme définitive, avec ce son moelleux que l’on entend dans le « tube » de Gabriel Fauré, la suave mélodie d’ «Après un rêve ». Fred Couderc la reprendra d’ailleurs en conclusion du DVD avec rien moins que six instruments différents comme le soprano, le c melody, l’alto droit, le taragot...
Accompagné au piano par Patrick Cabon, entouré de ses 25 saxophones, dont certains sont rares, voire inédits, il évoque la grande famille des instruments inventés par Adolphe Sax : sax horns, sax tromba, sax tuba et saxophones en si bémol et mi bémol. Ainsi, dans le quatuor de saxophones, on retrouve le soprano en Si b, l’alto en Mi b, le ténor en Si b et le baryton en Mi b ; mais existent aussi le sopranino, plus petit mais très aigu en Mi b, le basse en Si b et le contrebasse en Mi b.
Un petit jeu à présent pour vous apprendre à reconnaître les sonorités : le saxophone alto est présent dans les solos romantiques de la musique classique comme dans « Le vieux château » des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Il est proche de la sonorité du cor anglais, qui peut être également remplacé par le mezzo soprano en fa, dans le largo de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak.
Il existe aussi des transcriptions pour le sax baryton sur la Suite n°1 de Bach écrite pour le violoncelle.
Pour qui s’intéresse aux instruments et en particulier au saxophone si emblématique du jazz, voilà un récit initiatique, truculent et illustré d’extraits superbes empruntés aux différents styles musicaux. Car si, à ses débuts, le saxophone est utilisé dans la musique de fanfare pour sa puissance, Adolphe Sax le fit connaître à Berlioz qui écrivit la première pièce pour l’instrument. Bientôt d’autres compositeurs illustres s’y intéressèrent Bizet, Debussy, Stravinsky, Gershwin. De la musique classique au jazz, le saxophone peut jouer tous les répertoires, aussi bien une valse de Gus Viseur que du rock, du funk, de la variété, de la world music. Rien ne lui est interdit comme dans ce « JK Groove » de Fred Couderc lui-même. Mais revenons au jazz qui est la musique de prédilection de cet instrument. En 1939, Coleman Hawkins joue « Body and Soul » avec un vibrato exacerbé qui ressemble à la voix humaine. Sidney Bechet, le père du saxophone soprano, d’une sonorité plus timbrée car il est plus légèrement conique excelle dans «Struttin’ With Some Barbecue ». Le saxophone est LA voix du jazz. Ecoutez donc ce « Sophisticated Lady » de Duke Ellington au baryton, plus rocailleux, ou encore ce « Creole Love Call » qu’interprète Fred Couderc avec plusieurs saxophones en même temps, à la façon de Roland Kirk, l’un de ses maîtres dans «The Inflated Tear ».
Voilà un DVD bien conçu, pédagogique et ludique, qui nous conduit sur les terres musicales défrichées par les saxophones. Frédéric Couderc est le guide rêvé pour cette exploration de toutes les facettes d’un instrument qu’il connaît sur le bout des clés et des anches, la preuve avec ce « Vocalise » de Rachmaninoff au saxophone ténor en ut, droit de forme comme l’alto droit, le « stritch » de Kirk. Ce type là est un fou de son instrument, un passionné collectionneur, je l’avais bien senti, à l’écoute de son album Coudophonie, déjà chroniqué aux DNJ : http://www.lesdnj.com/article-frederic-couderc-coudophonie-88716313.html
Car Fred Couderc aime tellement cet instrument qu’il a conçu un prototype, le coudophone ....
Donc, si vous avez encore des questions sur le saxophone, après la vision de ce DVD, un conseil ... consultez.
NB : Le bonus est plus technique : il y est question de mécanique, de matériel : on y apprend comment se fabriquent les instruments chez Julius KEILWERTH et en particulier, l’élaboration des anches chez le spécialiste VANDOREN (cannes de roseau cultivées dans le sud est).
Sophie Chambon