Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 19:44

Bonsaï Janvier 2012

Paolo Fresu (tp,flgh,multi effects), Bebo Ferra (g), Paolino Dalla Porta (cb), Stefano Bagnoli (dms) 

 paolo-fresu-desertico-20130107074635.jpg

 

Avec “Desertico”, Paolo Fresu propose une musique d’une grande beauté qui s’inscrit dans la continuité de son oeuvre. Disposant d’une sonorité feutrée à la trompette ou au bugle évoquant plus la clarté lumineuse de la Méditerranée que la noirceur sombre des ténèbres, Paolo Fresu développe, loin de toute esbroufe et avec le naturel que lui permet une technique accomplie, un discours d’une grande musicalité qui concourt au charme placide distillé par la majorité des morceaux de cet album (Ambre). Toutefois, cette succession de climats uniformes engendre à la longue une impression de monotonie que vient fort heureusement rompre le groove solide de (I Can’t Get No) Satisfaction. Étroitement associés à la réussite de l’entreprise, Bebo Ferra (g), Paolino Dalla Porta (b) et Stefano Bagnoli (dms) du Devil Quartet - un clin d’oeil ironique à l’Angel Quartet, le groupe précédent du trompettiste - font preuve d’un savoir-faire accompli et d’une grande cohésion. Une musique de bonne facture et sans accrocs, dans laquelle il serait vain de chercher le cri qui fait le jazz.

Alain Tomas

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 18:40

 

Mosaic records

mingus-mosaic.jpg

ll y en a des qui devraient être béatifiés. Des qui ont leur place directe au paradis. Tenez pas plus tard que mardi soir, l'Académie du jazz décernait à juste titre ses décorations à Jordi Pujol , patron de Fresh Sound pour le formidable travail de réédition qu'il effectue depuis 30 ans. Et bien moi je dis que Michael Cuscuna, chief editor de Mosaic devrait bien lui aussi se trouver sa place dans le jardin d'Eden des jazzmen. Car voilà des années que cet inlassable chercheur d'or et de raretés nous offre, et de la meilleure des façons qui soit, de sublimes rééditions agrémentées d'inédits épatants. On se souvient notamment du récent coffret Ahmad Jamal paru en 2010.  Aujourd'hui c'est avec Charles Mingus et ses Workshop de 1964-1965 qu'il nous régale encore. Avec un matériau incroyable de 7 Cd’s (dont les deux derniers totalement inédits) et autant d’heures d'écoute de 5 concerts enregistrés entre avril 64 et mai 65. Certaines pièces sont connues mais d'autres jamais éditées ont été exhumées par Sue Mingus la veuve hypra-active et gardienne du temple de son génie de défunt mari.

Le résultat est absolument remarquable.

En 1964, Mingus est au sommet de sa gloire.Toujours en effervescence, toujours prompt à faire émerger les meilleurs combos de la scène américaine, le contrebassiste-compositeur a déjà gravé des chefs d'oeuvre comme Pithécanthropus Erectus, Blue Roots, Mingus Ah Um, The Black Saint and the sinner lady, Mingus ! etc…… En 1964 Charles Mingus poursuit son travail avec des petites formations allant du quintet au sextet et travaille et répète inlassablement, remettant sans cesse l’œuvre sur l’ouvrage. C’est de cette période que date la série de concerts qui sont ici réédités. Les deux premiers cd’s reprennent les enregistrements live à Town Hall ( 4 avril 1964). 5 des 12 morceaux présentés étaient jusque là inédits. Suit le concert de Concertgebouw à Amsterdam 6 jours plus tard. La formation ce des concerts y était mythique. Elle regroupait Johny Coles, Eric Dolphy, Clifford Jordan, Jackie Byard et l’éternel Dannie Richmond. Avec le concert de Town Hall qui ouvre cette série, on atteint déjà des sommets. Il suffirait pour s’en convaincre d’écouter cette pièce magistrale de 27mn (Praying with Eric) qui donne l’occasion à Eric Dolphy d’écrire l’un de ses plus magnifiques chorus.

 

 

 

 

Avec la mort du saxophiniste-clarinettiste deux mois plus tard c’est une autre formation qui se produit à Monterrey le 18 et le 20 septembre 1964 puis Minneapolis le 13 mai 1965. En Californie Lonnie Hillyer prend la trompette, Charles Mc Pherson l’alto et John Handy le ténor. Jacki Byard et Dannie Richmond restant fidèles au poste. Là encore , cette réédition nous donne l’occasion d’entendre plusieurs rareté dont un «  Copa City Titty », jusque là jamais entendu.

 

Les hommages de Mingus «  à sa façon » se multiplient : à Ellington ( Sophiticated lady,  Duke Ellington Meddley), au ragtime et aux grands pianistes ( ATFW pour Art Tatum et Fats Waller) ou encore à Bird ( Parkeriana). Mingus puise bien sûr dans le blues, source d’inspiration première mais aussi dans le jazz New-Orleans qu’il ne rejette pas ( When the Saints go marching in) ou même au mainstream qu’il joue avec bien sûr un clin d’œil un poil ironique ( Cocktails for two). Et ces célèbres ateliers de Mingus aboutissent à un véritable feu d’artifice d’inventivité rageuse, de solistes héroïques, de musique engagée et de créativité qu’il nous est donné d’entendre. Et surtout la concrétisation du génie compositionnel du contrebassiste. Pour preuve de cette créativité collective, ce célèbre Fable of Faubus qui à Town Hall faisait 11’’06 alors que 6 jours plus tard le même thème fait l’objet d’une véritable suite de + de 30mn.

Pour aboutir à réunir ces inédits il a fallu un véritable travail de fourmi qui a été effectué en collaboration avec la veuve de Mingus, avec une partie du matériau trouvé à la Librairie du Congrès ou encore avec d’autres pièces dénichées  dans l’obscure collection du festival de Monterey et conservées par le label de Clint Eastwood. Le livret qui accompagne la musique est lui aussi remarquable tant pour ses liners notes signées Sue Mingus et Brian Priestly que par les photos magnifiques qui les accompagnent.

Autant dire que ce travail de réédition exceptionnel devrait valoir à Michael Cuscuna au minimum sa place au Paradis.  

Quant à Mingus ne vous inquiétez pas pour lui, il l’y attend depuis belle lurette.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 18:35

 

Jazz impressions

Editions  Alter ego 

Ce livre vient de recevoir le prix de l’ Académie du Jazz dans sa catégorie !

 gerber.jpg

« La gloire est le soleil des morts » peut on lire dans Illusions perdues.

Après la période de fête où les livres, albums, CDs, DVDs se sont vendus dans une extrême urgence selon des thématiques porteuses, peu de chance de revendre sur ebay, ce petit bijou concocté une fois encore par le romancier du jazz, le feuilletoniste de cette musique dont nous pouvions suivre les émissions sur France Musique.

Alain Gerber est  un expert de cette musique  qu’il connaît intimement depuis des décennies. Il s’enest fait plus encore que l’historien et la mémoire vivante, le romancier, et on ne sait jamais quelle est la part exacte de fiction dans ses livres.
Cette fois, il explore une thématique passionnante sur les oubliés du jazz, ces mal aimés,  les « seconds couteaux » qui s’illustrèrent comme les acteurs du cinéma américain des séries B, voire Z ( je pense à l’impeccable Robert Ryan, le « good bad boy » qui n’eut jamais  la notoriété des stars les plus révérées, les Cooper, Stewart, Gable, Grant ).

L’approche chronologique étant trop académique, Alain Gerber s’intéresse à ces malheureux, ces méconnus qu’il classe ingénieusement  par instrument, sans oublier la voix ( 4 seulement  dont Eddie Jefferson, Jelly Roll Morton, Frank  Rosolino et la seule femme de la liste Lorez  Alexandria ). Il propose en quelque sorte une autre histoire, alternative du jazz. Comment ces musiciens faisaient-ils pour ne pas (trop) attirer l’attention sur eux ? Pour arriver à exprimer ce qu’ils voulaient dire en gardant dans l’esthétique des majors, une position marginale, en faisant figure d’ indépendant. Comment est on passé à côté de ceux qui se sont laissés détruire par leur passion et leur rage, impuissants à affronter leur démons intérieurs et la part neuve de leur musique ? Ainsi sont évoqués Jimmy Rowles, Connie Kay, Israel Crosby, Michel Warlop, Sonny Stitt, Lucky Thompson, Charlie Ventura, Teddy Edwards, Illinois Jacquet. Plus curieusement, mais le choix est pertinent, le pianiste Martial Solal  fait partie de la liste, « cas d’école ... immense artiste... un créateur dont l’apport inestimable reste trop largement méconnu. »

Ce dictionnaire suit l’itinéraire personnel d’Alain Gerber qui réécrit l’histoire du jazz en portraits délicats et souvent mélancoliques, retrace la chronique amère de ces années jazz,  décrit ces parcours sinon flamboyants, du moins terriblement difficiles de ces musiciens, soulignant et vengeant leur solitude : il a rêvé la parole singulière de tous ceux qui pouvaient déclarer ne rien avoir à dire, « je préfère ne pas ».

Un lyrisme fiévreux, une éloquence parfois emphatique mais avec ce goût réel des mots et des phrases qui sonnent, avec ce sens imparable du tempo. N’oublions pas que ces papiers ne paraissaient pas dans les feuilles de choux, même spécialisées, mais étaient lus à la radio par leur auteur lui même, de sa voix calme, un peu blanche –rien à voir avec les commentaires studieux de Patrick Brion au Cinéma de minuit. En poursuivant l’analogie  entre jazz et cinéma,  on peut  trouver des points communs : l’époque, la suprématie américaine des majors (ici des studios), la domination des Américains dans des formes artistiques qui leur sont propres avec quelques artistes « contrebandiers » qui usent du système insidieusement plutôt que d’essayer de le combattre, qui en seraient ouvertement  les iconoclastes[1]. Mais la plupart ont payé le prix fort de leur indépendance et de leur talent. Ils n’arrivaient pas toujours “in the right time and in the right place”. Too bad!  

Sophie Chambon



[1] Lire à ce propos l’article Voyage avec Martin Scorsese à travers  le cinéma américain (Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma) ou voir le documentaire  A personal  journey through American movie.

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 22:44

 

 

 

Avec « Petit dictionnaire incomplet des incompris » (Editions Alter ego), ouvrage dédié aux héros de l’ombre de l’histoire du jazz (de Lorez Alexandria à Attila Zoller), Alain Gerber a obtenu le Prix du livre de jazz 2012 décerné par l’Académie du Jazz. Le prix vient ainsi récompenser pour la deuxième année consécutive l’éditeur Joël Mettay lauréat en 2011 avec « Ko-Ko » d’Alain Pailler. Absent de la cérémonie de remise des trophées le 15 janvier au Théâtre du Chatelet, le journaliste-romancier avait adressé un message-qui fut lu par le comédien Smaïn-en forme d’hommage à Jean-Louis Ginibre, rédacteur en chef de Jazz Magazine de 1962 à 1971, décédé le 9 décembre dernier à Los Angeles.

Voici dans son intégralité le texte de ce message :

 

 

« C’est un paradoxe si l’on prend en compte la valeur des mots, mais le fait est qu’il est encore plus gratifiant de donner un peu que de beaucoup recevoir. C’est pourquoi, ayant reçu de cette académie (Jacques Aboucaya et Pierre de Chocqueuse, entre autres, le savent bien) plus que je n’aurais osé en espérer, je vais décupler mon plaisir en décernant un prix à mon tour. À titre tout à fait personnel, mais aussi, par malheur, à titre posthume pour ce qui regarde l’heureux lauréat : Jean-Louis Ginibre.

Il y a près d’un demi-siècle, je vivais tranquille dans ma province, à la tête d’environ trois cents disques (je passais là-bas pour un entasseur à demi fou), de la poignée d’ouvrages sur le jazz alors publiés dans la seule langue que je pouvais lire, et de collections encore minces de Jazz Hot et de Jazz Magazine. J’imaginais — j’imaginais vraiment — les critiques de jazz comme un aréopage de vieux messieurs omniscients, extrêmement barbus, extrêmement dignes, extrêmement décorés, parangons de l’exigence intellectuelle et de la rectitude morale. Ginibre, un beau jour, à la suite d’une initiative que j’avais eue et que je regrettais déjà, m’a déclaré tout à trac que je serais l’un d’eux. Aux avantages du privilégié s’associait ainsi la sombre jouissance de l’usurpateur. J’ai sauté dans le train de Paris, afin de rencontrer cet homme étrange. Au terme de notre entretien, il m’annonça qu’il allait me présenter quelques-uns de mes futurs confrères. Et quelle fut la première de ces graves sommités qui passa la porte de son bureau ? Philippe Carles, alors âgé de vingt-trois ans (ndlr : rédacteur en chef de Jazz Magazine de 1971 à 2006, auteur avec André Clergeat et Jean-Louis Comolli du Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont). En ce temps-là, les hommes portaient encore la cravate. Sans cela, je crois que ma déconvenue eût été sans borne.

C’est une question que je me suis souvent posée et que je me pose encore : par quel excès d’abnégation, Jean-Louis, toi, né rédacteur en chef, as-tu pu t’accommoder de mon ignorance en tant qu’amateur, de mon incompétence en tant que journaliste, de mes prétentions tout à fait déplacées en tant qu’homme de plume, et de toutes ces certitudes, aussi farouches qu’irraisonnées, dont, moi-même, je ne suis pas encore parvenu à me débarrasser aujourd’hui ? Cependant, les illusions que tu avais librement décidé de te faire sur mon compte auront accouché d’une réalité irréfutable : le mélomane professionnel que je suis, l’homme de radio que je fus, nombre des livres que j’ai publiés, les distinctions qu’ils ont reçues plus souvent qu’à leur tour. Dans cette mesure, j’espère de tout cœur que ceux qui, une fois de plus, m’ont fait ce cadeau, dont ils ne mesurent sans doute pas à quel point il me touche, me pardonneront si je leur avoue que toutes les récompenses du monde ne sauraient me bouleverser davantage qu’une simple phrase de Carles. Ayant lu ce Petit dictionnaire, il m’a écrit que notre ancien patron l’aurait apprécié.

Voilà, c’est après quoi j’aurai couru toute ma vie : soumettre enfin à Jean-Louis Ginibre un texte qui ne l’oblige pas à faire preuve d’indulgence. Même à titre posthume, je vous jure que ça vaut le coup. »

J.-L.L.

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 08:25
Partager cet article
Repost0
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 08:11

 

 Parisienjanv13.jpg©Jean-louis Lemarchand

2012 fut l’année de la renommée pour Emile Parisien, saxophoniste (ténor et soprano) : pas moins de quatre disques- Chien guêpe avec son quartet (Laborie Jazz) et en sideman auprès de Yaron Herman (Alter Ego chez ACT) et Jean-Paul Céléa (Yes Ornette ! chez Outnote Records), avec Daniel Humair (Sweet & Sour, Laborie Jazz) ( La Belle Ouverture de Daniel Humair) , des concerts à travers l’Europe et une Carte Blanche au festival Jazz in Marciac (JIM), là même où il apprit la musique au collège dans la classe instituée par Jean-Louis Guilhaumon, fondateur du JIM.

2013 débute sur les chapeaux de roue avec le Prix Django Reinhardt, décerné au musicien de l’année, qui lui a été remis le 15 janvier par l’Académie du Jazz au cours d’une cérémonie organisée au Théâtre du Châtelet. Emile Parisien a été élu l’emportant sur Baptiste Herbin (saxophones) et  Stéphane Kerecki (basse) lors du scrutin auquel ont participé cinquante membres de l’Académie présidée par François Lacharme.

Jeune trentenaire- né le 12 octobre 1982 à Cahors (Lot)-  Emile Parisien, ancien élève du conservatoire de Toulouse anime depuis 2004 un quartet  (Julien Touery, piano, Sylvain Darrifourcq, batterie et Ivan Gélugne, basse). Invité régulier du festival de Marciac, il a pu ainsi côtoyer Wynton Marsalis, Chris Mc Bride, Johnny Griffin ou encore Bobby Hutcherson. Il doit aussi beaucoup au soutien qui lui a été apporté, d’abord par le Fonds d’action Sacem en 2007 pour trois ans puis en 2009 par le programme Jazz Migration mis en place par l’Afijma (association des festivals de jazz innovants et de musiques actuelles) qui regroupe 40 festivals en Europe.

Les autres lauréats de l’Académie

Un ancien lauréat du Prix Django Reinhardt, le saxophoniste alto Pierrick Pedron a également été récompensé avec le Prix du Disque Français pour « Kubic’s Monk» (ACT/Harmonia Mundi), album en  trio (Thomas Bramerie, basse, et Frank Agulhon, batterie)  sans piano dédié à l’œuvre de Thelonious Monk( Pierrick PEDRON: "Kubic’s Monk") . Il l’a emporté sur quatre finalistes  Jean-Paul Celea « Yes Ornette ! » (OutNote /Harmonia Mundi), Jacky Terrasson « Gouache » (Universal Jazz France/Universal), Philippe Le Baraillec « Involved » (OutNote/Harmonia Mundi) ( Philippe Le BARAILLEC: "Involved") , Nicolas Folmer & Daniel Humair Project « Lights » (Cristal/Harmonia Mundi).

Le Grand Prix de l’Académie du Jazz, attribué au meilleur disque de l’année, est allé à Brad Mehldau pour « Where do you start ? » (Nonesuch/Warner) dont  les DNJ vous avaient dit grand bien (sous la plume de Jean-Marc Gélin ( BRAD MEHLDAU : « Where do you start » ).

Au palmarès de l’Académie figurent également  Jorge Pardo, saxophoniste et flutiste espagnol  (Prix du Musicien Européen)qui a reçu son trophée des mains de l’actrice Victoria Abril ;

jorgepardojanv13.jpg

 

le label Fresh Sound Records (Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit) ; Aaron Diehl, pianiste de 27 ans, ancien membre du groupe de Wynton Marsalis,  « Live at the Players», CD Baby/www.cdbaby.com (Prix du Jazz Classique) ; Catherine Russell « Strictly Romancin’ » World Village/Harmonia Mundi ( Prix du jazz vocal) ; Bettye Lavette « Thankful N’ Thoughtful», Anti-/PIAS, (Prix soul) ; Lurrie Bell, chanteur-guitariste de Chicago, « The Devil ain’t got no music » Aria B.G./Socadisc (Prix Blues) ; Alain Gerber, l’ancien producteur de Le Jazz est un roman sur France Musique, pour « Petit Dictionnaire incomplet des incompris », Éditions Alter ego, (Prix du livre de Jazz).

 


© Jean-Louis Lemarchand

 

 

Jean-Louis Lemarchand

Voir palmarès complet avec les finalistes sur le site de l’Académie du Jazz www.academiedujazz.com

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 07:33

Christophe Panzani (sax), Frederico Casagrande (g), Ferenc Nemeth : batterie (dms)

/ www.thedrops.net

 TheDrops_Spray_w001.jpg

The drops est un jeune trio composé de trois figures montantes de la scène hexagonale. Enfin, quand on dit jeune tout est relatif. Panzani au sax tient tout de même l'instrument depuis plus de 10 ans au sein de l'orchestre de Carla Bley et Frederico Casagrande vient d'enregistrer un album chez Cam Jazz.

On craint à l'entame de l'album le travers de jeunes groupe qui n'assumeraient pas leur ancrage dans le jazz et sont souvent tentés de le noyer dans un rock lourd marié de pop évaporée. Et ce qui frappe dès les premières notes c'est justement tout le contraire. C' est le soin particulier apporté au matériau. Ces jeunes là de toute évidence aiment ce jazz moderne qui se fabrique aujourd'hui de l'autre côté de l'atlantique, du côté de David Binney, de Chris Cheek ou de Donny Mc Caslin. Et l'on est frappés par la maturité musicale de The Drops lorsque l'on écoute un morceau comme The storyteller qui y déploie une grande délicatesse mélodique et harmonique.

Christophe Panzani  s'impose un peu en héros apaisé de cet session avec son agilité de chat, avec la souplesse de son phrasé et avec son placement rythmique exemplaire. Un velours du son et surtout une grande sensualité de l'expression. Il impressionne ( écouter Sotte voce) . Frederico Casagrande affiche quand à lui un sens de l'accompagnement rare dans ce qu'il suppose d'écoute et d'abnégation. A la recherche de l'accord toujours juste.

 

Totale réussite, cet album de The Drops s'inscrit résolument dans ce jazz sage et élégant d'une bien grande sobriété. Comme se glisser doucement dans un lit aux draps de satin.

 

Jean-Marc Gelin

 

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 21:45

 

JEAN-PIERRE JACKSON : «  Oscar Peterson »

Actes Sud Classica 2012

138p, 16,50 euros

 

 Couv-Oscar-Peterson001.jpg

 

Jean-Pierre Jackson est un habitué de l’éditeur puisque, après avoir livré une bio de Charlie Parker en 2005, de Miles Davis en 2007 et de Benny Goodman en 2012, il nous revient ici avec ce petit opus biographique sur le géant canadien Oscar Peterson.
Il est vrai que le pianiste qui nous a quitté le 23 décembre 2007 à l’âge de 82 ans n’a pas véritablement donné lieu à une bibliographie pléthorique, et que l’ouvrage de référence reste aujourd’hui encore sa propre autobiographie parue en 2002 ("A Jazz Odyssey", Continuum , 2002) à laquelle Jackson se réfère beaucoup.

Oscar Peterson  (1925-2007) est, indéniablement un génie du piano qui a écrit avec Art taum parmi les plus belles paes de l’histoire du jazz. Génie absolu de la musique depuis sa plus tendre enfance. Doté d’une oreille absolue, le jeune Oscar est tombé dans le piano un peu par hasard, à la suite d’une tuberculose infantile qui l’a éloigné des instruments à vent auxquels pourtant il se destinait. Et dans son environnement familial où la musique prenait une part importante, c’est d’une part sa sœur Daisy qui joua un grand rôle dans la carrière du jeune Oscar mais aussi l’influence évidente de Teddy Wilson et plus tard d’Art Tatum. Dotéd’un talent inné, très tôt Oscar Peterson s’amusait à jouer à peu près tout ce qu’il entendait d’oreille, en jouant simultanément les mêmes notes de la main gauche et de la main droite sur deux octaves différentes. Assez vite repéré sur la scène de Montréal, le jeune Oscar décide en 1944 de créer son propre trio et commence à enregistrer pour le compte de RCA. Mais c’est un soir d’été de 49 que sa carrière va prendre une réelle tournure. Un homme dans son taxi pour l’aéroport entend ce soir-là à la radio un pianiste exceptionnel à l’occasion d’un concert retransmis en direct. Ni une ni deux, cet homme prend la décision de faire demi-tour et demande au taxi de l’emmener là où a lieu le concert. Cet homme n’est autre que Norman Granz qui très rapidement subjugué lui fera illico faire ses débuts au Carnegie hall où le pianiste sera présenté comme la véritable révélation devant un public rapidement et totalement renversé.

À partir de là, boulimique de musique et de jeu, Oscar Peterson n’arrêtera quasiment jamais de jouer. Son partenaire de prédilection avec lequel se nouera une amitié indéfectible fut longtemps Ray Brown associé dans des formules différentes allant du duo au célèbre trio avec le guitariste Herb Ellis. En à peine trois ans après ses débuts dans la célèvre salle de New-York, Oscar Peterson acquiert le statut d’une véritable vedette tournant avec les plus grands jazzmen de l’histoire ( Charlie Parker, Lester Young, Billie Holiday, Coleman Hawkins, Roy Eldridge, Count Basie etc…..). Après le départ d’Herb Ellis, ce fut longtemps le batteur Ed Thigpen qui fit office de troisième homme. Suivent les grands albums commercialement mythiques du pianiste ( Night Train, We get requests, Oscar Peterson Trio +one).

 

peterson-ray-brown.png

 

Jean-Pierre Jackson n’oublie pas, dans sa biographie de faire un rapide détour par les engagements humanistes du pianiste dans les années 60 par son adhésion à la franc-maçonnerie, par sa conscience du racisme relatant au passage l’épisode où le mastodonte mis un jour KO deux GI qui avaient insulté Ella Fitzgerald.

En 1965 c’est la naissance d’un nouveau trio avec le départ du batteur remplacé par Louis Hayes et du fidèle Ray Brown  remplacé par Sam Jones ( C’est la même rythmique que celle qui accompagnait Cannonball Adderley).

Après la période florissante des disques parus sur le label MPS, Norman Granz qui avait cédé son catalogue jazz de Verve à MGM, recrée en 1972 le nouveau label, Pablo (en hommage à Picasso qui en crée le logo). Revenu un temps avec Ray Brown, Oscar Peterson multiplie surtout les rencontres pour ce label dont notamment 5 rencontres avec Count Basie  ( Satch and Josh  en 1974, Satch and Josh again en 1977, Yes Sir that’s my baby, Night Ride et the Timekeepers en 1978). Cette période marque aussi une rencontre fondamentale du pianiste avec le guitariste Joe Pass de 1973  1986, période ponctuée par une 20aine d’albums pour Pablo.

Les années 80 vont être marquées pour le pianiste par une forme d’usure physique. Aveu incroyable du pianiste dans son auto-biographie : Oscar Peterson souffrait depuis l’adolescence d’une arthrite qui paraît-il l’obligeait à jouer parfois avec beaucoup de souffrance.  Il subit une intervention de la hanche et à 66 ans, il se marie pour la quatrième fois et donne naissance à une petite Céline qui va changer totalement sa conception de la vie, lui donnant l’envie de diminuer le nombre de tournées et de séances d’enregistrement. Mais inlassablement Oscar Peterson remontait sur scènes et dans les studios et après quelques séances d’enregistrement plus ou moins réussies pour le label Telarc, Oscar Peterson victime d’une insuffisance rénale décède le 23 décembre 2007 dans sa maison de Mississauga.

 

 

Au-delà de l’aspect purement biographique du petit ouvrage de Jean-Pierre Jackson contraint par le format de moins de 140 pages, on pourra cependant regretter que ce dernier délaisse largement l’analyse musicale pour se consacrer pour beaucoup à l’égrenage savant des moments clefs de la carrière du pianiste entre grandes étapes discographiques et repérage de quelques-uns des morceaux indispensables. On pourra bien sûr si l’on veut approfondir, se référer au beau travail d’Antoine Hervé (« les leçons de jazz »), mais l’on aurait toutefois aimé que l’auteur s’attarde un peu sur les différentes influences que le pianiste a laissé sur des générations entières de musiciens ( et pas que pianistes).

Ce qui n’empêche pas Jean-Pierre Jackson de relever la force torrentielle de ce pianiste de génie, boulimique de piano, issu des grands maîtres du ragtime, issu de l’art de l’improvisation venu tout droit de Tatum, génie de la rythmicité pianistique et du feu d’artifice des octaves déferlantes et retombant en suspensions émouvantes.

 Oscar Peterson fut certainement l’un des plus grands soit les doigts duquel les plus grands standards semblaient réinventés avec une constante jubilation.

Un vrai travail musicologique reste à faire mais ce petit opus permettra cependant aux plus néophytes d’entre nous de pénétrer un peu dans la musique d’Oscar Peterson, en fournissant quelques pistes d’écoutes absolument indispensables.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 16:09

 

 

Marseille occupe France Culture ce week end du 12 janvier 2013 et si France Inter et France Musiques n’étaient en grève, les équipes de ces radios seraient sur le terrain. Ville incroyable, de paradoxes, en chantier, qui questionne en permanence, et qui invite au voyage vers le Sud .

 

DEPLIANTPLAN-1201.jpg

Une vieille rengaine que chantait (entre autre) Barbara « Marseille, tais toi Marseille, tu cries trop fort, on n’entend pas claquer tes voiles dans le port » a sans doute donné l’idée de  projet d’ouverture d’une clameur continue, citadine, joyeuse sans être grondeuse cette fois.

Avant que ne résonne ce samedi à 19 heures tapantes, la grande clameur (sirènes des bateaux, cloches, klaxons et concert impromptu de casseroles et autres ustensiles…) pour célébrer l’entrée de la ville dans cette année vitale, du sacre de CAPITALE CULTURELLE EUROPEENNE, au cœur d’un vaste territoire de la Provence… arrêtons nous  un isntant sur ce qu’écrit Michel Antonelli dans son EDITO du Cri du Port :

« Si Marseille Provence 2013  a fait le choix d’un jazz institutionnel mais néanmoins de grande qualité ( Ahmad Jamal, Richard Galliano, Andy Emler MegaOctet, Paolo Fresu , Raphael Imbert (ce soir au SILO pour l’inauguration de la manifestation)…il faudra se plonger vraiment dans l’univers des petites salles régionales pour voir la richesse et la diversité actuelles du jazz. »

VISUEL_SOIRE_12_DEFINITIF_09-11-12.jpg

Revenons donc sur cette mixité, modernité et Méditerranée que célébrait Louis Winsberg dans son dernier album de 2011, Marseille, Marseille

www.winsberg.com

www.myspace.com/louiswinsberg

 

Marseille, ville du métissage, populaire et rebelle, capitale culturelle européenne en 2013, n’a pas souvent inspiré les jazzmen. Et on comprend pourquoi avec le dernier titre  « Marcel, Marcel ». Et pourtant, le guitariste Louis Winsberg lui dédie son dernier album, Marseille, Marseille, frappé du sceau de la «Bonne Mère», la patronne de la ville qui dominait fièrement la cité phocéenne du haut de sa basilique néo byzantine, jusqu’à l’érection de la tour de verre et d’acier de la CMA-CGM, de l’architecte libanaise Zaha Hadid.

louis-winsberg-marseille-marseille-111925061

 

 

 

Car Marseille, la plus ancienne ville de l’Europe de l’ouest ne s’enorgueillit pas de ses vestiges, ayant constamment ouvert de nombreux chantiers sur les décombres du passé. Marseille est une ville d’illusions et de paradoxes, bruyante, énervée, volubile, volontiers caricaturale, mais aussi représentative du sud dans une générosité d’accueil. La Provence est un peu loin, repliée dans l’arrière-pays, sur d’autres territoires du département, Marseille ayant intégré les vagues successives d’immigration de la Méditerranée.  Le premier titre Pourquoi cette ville illustre un hommage  que présente Louis Winsberg, sans la moindre pointe d’ «assent », ni à la Pagnol, ni à la Gaudin, ni à la Caubère. Il dit « le métissage de la rue et de la Méditerranée » dans ce texte qu’il a écrit sur fond de musiques et chants orientaux. Le deuxième titre renvoie à « La camarguaise »,  avec guitare flamenca et accompagnements palmas. Car bien que natif de la ville, Louis Winsberg s’est réfugié dans son patio à Eygalières, (et on peut aisément le comprendre) dans les Alpilles, petit paradis, à deux encablures d’Arles, la véritable capitale provençale et du delta du Rhône, la Camargue. Avec son album, on  fait donc du tourisme dans les Bouches du Rhône, de la Méditerranée des calanques aux Alpilles tout en retrouvant « la Belle de Mai », un des visages de cette ville éclatée aux cents villages. ( Lire la suite .....Louis WINSBERG: "Marseille, Marseille")


Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 11:20

VIctime d’un accident de ski pendant les vacances de Noël, Claude Nobs, fondateur et directeur du Montreux Jazz Festival est décédé à l’hôpital de Lausanne le 10 janvier à l’âge de 76 ans. « Conformément à son souhait, la reconnaissance de Claude envers Montreux sera célébrée lors d’un évènement tout en musique dont la  date sera communiquée très prochainement et qui sera suivie d’autres manifestations à New York et Londres », a annoncé le Montreux Jazz Festival.
Fan de jazz dès sa jeunesse, l’ex apprenti pâtissier avait réussi  à faire vivre pendant près d’un demi-siècle –la 47 ème édition est programmée du 4 au 20 juillet prochain- un festival de jazz dans une cité résidentielle prisée initialement par les amateurs de grand air et de …vins légers issus des vignes accrochées aux coteaux voisins . Harmoniciste occasionnel, patron de la filiale suisse de Warner, un temps comptable de l’office du tourisme de Montreux, Claude Nobs va fonder en 1967 le Montreux Jazz Festival qui devient bientôt une référence dans la ronde des festivals de l’été.
Très vite, ce petit homme malicieux et malin ouvre la programmation aux musiques voisines du jazz, le rock et même la pop.  Il défendait cet œcuménisme qui faisait frémir les fans purs et durs : « Pour attirer la foule, je dois engager une vedette, confiait-il en 1996, le génial inconnu ne suffit pas hélas. » Au-delà de ces raisons économico-financières, Claude Nobs revendiquait par goût personnel cette ouverture à tous les styles musicaux : « On me demande toujours pourquoi je conserve le mot jazz dans l’appellation du festival. C’est simple. Pour moi le jazz est bien plus qu’un style de musique : c’est un état d’esprit, une expression de liberté, un partage des émotions ».

 C’est ainsi que chaque année, pendant une quinzaine de jours, Montreux devenait une vaste kermesse musicale où cohabitaient tous les genres musicaux et tous les publics. Sur le livre d’or du festival, on retrouve aussi bien Charles Aznavour, les Rolling Stones, David Bowie que bien sûr les géants du jazz, à commencer par Miles Davis qui fit ici l’une de ses dernières apparitions publiques au cours de l’été 1991 et auquel Claude Nobs a dédié l’une de ses salles de concerts.
Doté d’un sérieux sens des affaires, Claude Nobs avait rapidement  développé les activités du festival, en ouvrant un site internet dès 1995, en publiant sous son label les enregistrements effectués à Montreux, en créant une gamme de produits dérivés et en attribuant, moyennant finance, la marque « Montreux Jazz Festival » à plusieurs festivals en Europe mais aussi aux Etats-Unis.  Il suffira désormais d’écouter un cd « enregistré à Montreux » (Warner a publié une intégrale en 20 CD voici dix ans) pour retrouver toute cette joie de vivre et de partager qui constituait la vraie carte d’identité   de Claude Nobs.
Jean-Louis Lemarchand
 

 

Partager cet article
Repost0