Un objet musical-et-textuel très singulier. Les textes font écho à la personne et à l’œuvre de l’écrivain James Baldwin, et la musique fait écho à ces textes (ou parfois l’inverse?). C’est un dialogue autant qu’un discours choral, une sorte de polyphonie où texte(s) et musique(s) se croisent, s’escortent, voire s’affrontent, en une sorte d’art multiple (et total d’une certaine manière) dont les contours sont difficiles à cerner. C’est donc à prendre (à écouter, à aimer) d’un bloc, même si nos vieux réflexes analytiques (voire déconstructivistes) nous pousseraient volontiers à explorer le dessous des cartes. Densité des musiques, sans qu’il soit possible de faire le départ entre l’écrit et l’improvisé, présence incarnée des textes et des voix : tout est là, tout est dit, à percevoir, écouter, réécouter, dans cette évidence qui cependant ne dévoile pas tous ses mystères. Un objet qui ne se donne jamais totalement à voir : une certaine définition de l’Art, peut-être….
Xavier Prévost
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Le groupe sera en concert le 27 septembre à Paris, au Studio de l’Ermitage
Retour au Conservatoire de Marseille pour la dernière soirée de cette onzième édition des Emouvantes. En première partie, un duo inédit de deux musiciens qui se connaissent bien pourtant ...
Duo Sclavis/Chemirani
Salle Audoli, 19h00.
Louis Sclavis, clarinette, clarinette basse, Keyvan Chemirani zarb, daf, santour.
L’alchimie du rythme : une conversation musicale
Ce concert à la croisée de l’orient et de l’occident rassemble ces mondes si différents qui s’attirent néanmoins avec la rencontre en duo du zarbiste Keyvan Chemirani et du clarinettiste Louis Sclavis. Tous deux se connaissent et se pratiquent depuis longtemps, eux qui n’aiment rien tant que de participer à de tels voyages à travers le temps et les diverses géographies musicales. Aux confins du rythme et de la percussion ou du “rythme et de la parole” qui fut le thème, par ailleurs d’une des éditions passées des Emouvantes.
Keyvan Chemirani s’est souvent ouvert à d’autres cultures avec des joueurs de tablas indiens, des violoncellistes jazz, des chanteurs du bassin méditerranéen … Il ne joue pas que du zarb, mais aussi de l’udu, du bendir méditerranéen et sur un morceau magnifique, composition écrite avec son benjamin Bijan, intitulé judicieusement “Brotherhood” du santour, sorte de cithare sur table frappées de petites baguettes recourbées ou marteaux. Le santour au grand nombre de cordes difficiles à accorder offre une grande richesse d’harmoniques et de résonances : un “sustain” très long sans accord plaqué mais ouvert. très efficace pour la musique modale. On a l’impression d’entendre plusieurs notes en même temps, effet polyphonique assuré. Jeu virtuose assurément que l’on ne peut s’empêcher de suivre, la clarinette semblant presque simple dans son fonctionnement en comparaison. Même si le maître Sclavis sait en jouer de tous les effets possibles.
Dans ce duo, être au premier rang, place que j’occupe rarement, est un bonheur. Voir comment ça joue, la fabrique du son et la beauté des gestes. Et les deux photographes accrédités, les seuls autorisés à prendre des photos pendant les concerts, assurent un ballet élégant et gracieux qui ne gêne en rien les musiciens tout proches.
Même sans connaître les nuances techniques, on est fasciné par les sons et les rythmes produits. Celui qui attire tous les regards est ce maître des percussions digitales (pas seulement persanes donc), intimement lié à la mystique des poètes soufi. Le zarb est ce petit tambour en forme de calice composé d’une seule pièce de bois creuse cylindrique dont l’ouverture est fermé par une peau tendue. La main gauche est posée sur le sommet de l’instrument, les doigts en frappent le bord de la pulpe, la main droite alternativement vient frapper le centre ou le bord de la peau préalablement mouillée et essuyée soigneusement. Keyvan s’enduit les mains régulièrement de talc. Souvent associé au daf de différente taille (tambourin sur cadre), le zarb ou tombak produit par cette excitation digitale diverses frappes tom ( grave) et bak (aigu), sur des mesures en 6/4 ou 6/8. Son rôle est l’accompagnement des instruments mélodiques ( il suit le rythme ou joue sur le placement des accents) mais il transforme aussi le musicien en soliste.
Des motifs qui circulent et se combinent vont se déployer lors de ce concert-récital à deux voix dans un exercice de style et d’admiration communes : voix croisées, résonances sensibles où l’on l'on répète jusqu’à la transe quelques structures rythmiques. Les deux complices avec infiniment de respect s’attendent, échangent, confrontent leur territoire pour en trouver un commun, intégrant parfaitement les apports de l’autre. D’où cette sensation de fluidité extrême qu'ils communiquent à un public très attentif.
Quant à Louis Sclavis, quel plaisir de le retrouver avec ce compagnon de route qu'il invita souvent, lui qui a formé tellement de groupes divers. Sclavis a su dans sa maintenant longue carrière réconcilier diverses tendances, mêler folklore, musique de films (Tavernier), classique ( “Les violences de Rameau”), inspirations Jungle d’Ellington, tribales d’Afrique de l’Ouest...Sa conception rigoureuse de l’improvisation associe un travail de composition extrêmement physique et intellectuel.
Comment ne pas être admiratif devant son jeu d’apparence simple avec ses deux clarinettes sans effets électroniques, juste le souffle et diverses techniques de respiration?
Quelques bruits recherchés sans le bec, pas de démonstration faussement habile... jeux de clés ou autres bruits devenus passages obligés. Des compositions au titre poétique souvent “Salt and Dogs inspiré de Shakespeare dit-il avec humour (une autre ne s’intitulait-elle pas“Salt and Silk”?), “Dresseur de Nuages” parcourent ce partage de musique et de poésie. Ce n’est pas seulement pour créer de nouvelles atmosphères en utilisant les couleurs et timbres de ses deux clarinettes et des instruments de percussion, mais pour construire et déconstruire, souffler et apaiser : musique ardente dans ses commencements, nerveuse, qui s’échappe au delà de la sensibilité et du lyrisme.
C’est le clarinettiste qui ponctuera la fin du concert avec humour, expliquant avec un petit sourire que si Dieu s’est beaucoup aidé de Bach, le jazz continue à remplir les églises quand les musiciens y jouent, empêchant une certaine désertion des fidèles. L’église redevient en somme une M.J.C comme au temps du premier ministre de la culture, Malraux, il y a soixante ans. Cycle de l’éternel retour, se souvenant de sa jeunesse, lui qui a commencé à Lyon et alentours avec l’A.R.F.I (Association pour la recherche d’un folklore imaginaire).
Sclavis et Chemirani ont chacun témoigné de cette forte envie de rencontrer l’autre, de ne pas s’enfermer dans sa seule culture. Le résultat est toujours gagnant avec de tels musiciens.
Ensemble Nautilis
Brain Songs #3
Salle Audoli, 21h.00
ensemble-nautilis.org
Les musicien.ne.s de l'ensemble Nautilis
Claudia Solal, voix, Christophe Rocher, clarinette,Christian Pruvost, trompette, Stéphane Payen, saxophone, Céline Rivoal, accordéon, Marc Ducret, guitare, Nicolas Pointard, batterie?Fred B. Briet, contrebasse
Depuis plusieurs années, cet ensemble développe un terrain d’invention et d’investigations sur ces Brain Songs, entre écriture et improvisation. Ensemble à déclinaison variable, il se concentre cette fois sur l’activité cérébrale du public en concert dans cette troisième série, après avoir essayé de déterminer dans les versions antérieures ce qui se passait dans la tête des musiciens.
Le clarinettiste Christophe Rocher, auteur de compositions foisonnantes et composites, développeur de ce projet ambitieux en collaboration avec un chercheur neurologue, explique sa démarche avant de laisser libre cours à la musique. Ce Brain Songs #3 est un spectacle qui évoque en se voulant poétique ce qui relie le cerveau des musiciens à celui de leurs publics dans le contexte d’un concert.
Dans cet octet s’insère la chanteuse Claudia Solal qui a composé les six textes dans une forme d’écriture automatique en français et anglais, vocaliste certes et instrumentiste à part entière aux côtés de trompette, saxophone, contrebasse, batterie, accordéon, guitare. On retrouve avec plaisir la chanteuse dont on ne peut qu’apprécier la diction, l’énonciation parfaite dans les deux langues, sa voix claire remarquablement placée.
L'instrumentarium travaillé pour la recherche des timbres, les placements précis sur scène des musiciens concourent à donner à ces orchestrations du relief, en référence à des esthétiques plus ou moins évidentes pour le public, pop, soul, musique minimaliste oufree jazz. Ces parties écrites alternent avec des improvisations selon les états supposés ressentis par les musiciens et ce qu’ils imaginent des réactions du public.
Tension constante, puissance de cette architecture structurée en fonction de chaque musicien impliqué dans cette formidable expérience, volontiers consentant. Tous jouent avec énergie et enthousiasme, souriant, semblant apprécier le moment. Et pourtant ce ne sera pas vraiment facile ni confortable ou même familier pour certains auditeurs-spectateurs.
Quel est d'ailleurs l’effet de ces musiques sur notre cerveau d’auditeur ? C’est ce que je me demanderai en permanence, évoluant moi même d’un état de sidération quand le volume sonore et les tutti un rien cacophoniques vrombissent dans l'espace, un peu disloquée parfois lors de chaos parfaitement agencés à un réel plaisir qui se mesure par des "valences" montrées au préalable par Christophe Rocher. Pas vraiment d’état méditatif pour moi mais un regain d’intérêt et d’aise quand j’entends des solis lisibles. Comment ne pas apprécier certaines parties plus apaisées où le jeu des instrumentistes ressort avec plus d’acuité? En particulier celui inespéré de Marc Ducret (remplaçant Christelle Séry) qui a appris le répertoire pour ce seul concert, qui fait résonner ses cordes en vrai “guitar hero” qu’il est.
Il est passionnant d’observer l’effet de cette musique sur le public plutôt fidèle de ce festival, très ouvert aux innovations. La plupart resteront,manifestant un certain plaisir à les voir dodeliner de la tête, d’avant en arrière ou de droite à gauche. Mais dès les premiers morceaux qui attaquent dans le registre d’une improvisation débridée, certains quittent les rangs. Ce qui prouve qu’il y a aussi une partie des auditeurs qui se détermine au dernier moment pour choisir un concert, sans se renseigner au préalable. Attirés peut être aussi par la première partie de la soirée, certains ne supportent pas la surprise d’un format trop libre. Moment déceptif car ils entendent alors quelque chose qu’ils ne (re)connaissent pas.
Différences d’intensité, répétitions, textures, mélodies, couleurs changent sans cesse dans ce voyage sensoriel qui interroge la durée, le temps.
Un bain musical, une performance expérimentale collective et interactive qui conclut cette édition 2023 ayant apporté son lot d’émotions et de découvertes, stimulante pour l’intellect autant que pour les sensations. Il est vrai comme le dit Nautilis que la musique peut électriser ou endormir, hypnotiser ou réveiller, provoquer l’envie de danser ou la mélancolie voire l’ennui...Acceptons en la règle et réjouissons-nous de vivre ces moments inattendus.
Et déjà nous pensons à la prochaine édition... quand l’aventure se poursuivra l’an prochain à la fin de l’été...
A l’équinoxe, arrivée de l’automne que Brassens jugeait “funeste” dans son “ce 22 septembre” reviennent les Emouvantes, hébergées à présent au Conservatoire national de Région que dirige le saxophoniste Raphaël Imbert. On est sûr en tous les cas de voir la musique en action avec tous les projets depuis 1994 du label Emouvance, et ce festival qui en est à sa onzième édition, présentant des musiques originales, imprévues, exigeantes et engagées.
SUZANNE TRIO Jeudi 21 septembre
Salle Audoli, Conservatoire National de Région, 19h00
Ce trio mixte, deux filles et un garçon, deux instruments à corde et un à vent (violon alto, guitare et clarinette basse) a pris pour nom Suzanne. Quand on sait qu’ils aiment s’ancrer dans les mélodies folk, on commence à avoir une petite idée de l’une des influences majeures de leur répertoire. On aura vite la confirmation par Hélène Duret dès la 2ème composition “Her place near the river”... C’est bien la “Suzanne” de Leonard Cohen qui veille sur le trio.
Un vrai nom de groupe qui ne privilégie aucun des trois musiciens puisqu’il s’agit d’une expérience collective, d’une aventure liée à une rencontre, au sein du dispositif formidable Jazz Migration #7 de l’AJC . Cette structure aide les jeunes pousses de la scène hexagonale en leur procurant des facilités de résidence et des tournées au sein des festivals membres de la structure. Venant de groupes différents au départ, ayant concouru sans succès, leur rencontre révéla suffisamment d’affinités pour qu’ils décident de se représenter à la sélection, avec leur propre formation en 2021. Je les ai d’ailleurs entendus en mai 2022 à Arles à Jazz au Méjan. Et il est certain que le trio a beaucoup beaucoup joué depuis deux ans, il est maintenant rodé sur ce répertoire, et cela s’entend. Mon impression est bien meilleure : moins de voix, plus d’instrumental pur et sensuel quand il s’agit de la clarinette basse qui donne du corps à l’ensemble. Ils sont déjà prêts à sortir début octobre leur nouvel opus Travel Blind.
L’instrumentation singulière et l’approche acoustique sont des plus adaptées à la configuration particulière de la salle Audoli du CNR, longue et étroite qui ne se satisfait guère de formations trop étoffées et électriques.
La musique du groupe composée pour une grande partie par le guitariste Pierre Tereygeol accueille des compositions des deux autres musiciennes mais fait aussi la part belle à l’improvisation. Qui est de plus en plus sensible, travaillée autant que l’écriture, en s’inspirant des grands de l’improvisation libre que l’on entend souvent dans ce festival. Dès le premier titre “Etoiles vivantes”où les voix comme de nouveaux instruments se joignent en choeur aux cordes pincées, frottées, caressées et au souffle profond de la clarinette basse, on est plongé dans une élégie douce… une polyphonie étrange, un chant intime. Des folksongs de chambre en quelque sorte, plus que du jazz de chambre à la Jimmy Giuffre mais sur le même principe avec une recherche harmonique et un son de groupe travaillés à cet effet, en usant de toutes les ressources de leur instruments respectifs. Le rythme, ils s’en occupent à tour de rôle, échangeant volontiers les rôles, à la fois dans les mélodies et leurs contrepoints.
Une musique qui pourrait aussi trouver quelque place dans une B.O un peu mystérieuse. Pas de véritable variation autour d’un thème, on ne reconnaît en rien la mélodie de Leonard Cohen pour “Suzanne”. Mais toutes sortes de petits bruits de glotte, du souffle, de gratouillis sur les cordes, les crins, des jeux sur les clés. C’est vif et enlevé et le morceau prend son temps pour se développer, répétitif et entêtant. Grinçant aussi. Quand on vous disait inquiétant... cet alto volontiers dissonant. On ne sait trop où nous conduit leur flux mais l’ensemble coule, plutôt fluide malgré syncopes et ruptures.
D'ailleurs un titre éveille ma surprise, “Where is Frank?”, clin d’oeil au moustachu Zappa, puisque le trio puise volontiers dans toutes les références aimées. Serait ce justement pour l’aspect collage de fragments plus ou moins longs de styles différents? C’est Maëlle Desbrosses qui commence, posant la mélodie plutôt mélancolique. Je pense fugitivement au Concert Impromptu qui reprenait des thèmes de Zappa en quintet à vent mais ... non. Quel est le Frank auquel pense le trio? Celui amoureux de Varèse et du contemporain ou plutôt l'Américain qui se moquait avec tendresse du doo wop?
Le trio insiste en tous les cas sur l’importance de la transmission. Une sorte de filiationjusqu’à ce prénom de (grand)-tante ou de grand mère, un peu désuet. Le fil directeur remonte à la source entre le folk, le bluegrass, Leonard Cohen, et puis Jeff Buckley pour les voix. Confirmation avec le final, la seule reprise chantée par Pierre Tereygeol, le “Satisfied mind” de 1998 où plane la figure tutélaire de Jeff Buckley. C‘est en effet l’une des sources logiques d’inspiration du trio. La boucle est bouclée de Cohen à Buckley qui n’avait jamais peur d’exposer ses fragilités et de rendre hommage à ses idoles. C’est donc un hommage à une époque, à la voix aussi. Audacieux, libertaire, comme me souffle mon voisin, et pourtant accessible.
POETIC POWER
Salle Audoli, 21h00.
Claude Tchamitchian, contrebasse, Eric Echampard, batterie, Christophe Monniot saxophone alto
Partant du jazz sans jamais le quitter, fidèle à cette musique d’imprévus, le contrebassiste Claude Tchamitchian continue à creuser son chemin, en sideman dans les meilleurs groupes comme le Mégaoctet mais aussi en leader. Il aime à s’engager hardiment, et si on reprend le thème de l’édition 2023 des Emouvantes, à choisir des chemins de traverse. Mais en excellente compagnie.
On s’aventurerait en forêt cette fois avec une suite de (plutôt) longues suites qui tournent autour du thème de l’arbre, sa contrebasse signifiant logiquement l’enracinement, le saxophone de Monniot toutes les ramifications complexes du feuillage et la batterie essentielle d’Echampard assurant le lien entre terre et ciel.
Claude Tchamitchian a une écriture qu’il désire moins encombrée par le sentimentalisme des passions que par l’ouverture aux “improvista”, attentif aux rencontres, aux interactions naturelles, à une certaine urgence teintée de colère. Comme dans l’un des derniers titres “Unnecessary Fights” qu’il dédie à sa pauvre Arménie, une fois encore menacée d’effacement.
Après des expériences en sextet et en plus grand orchestre encore, Claude Tchamitchian constitue ce Poetic Power (label Emouvance) sorti ou enregistré le 17 mars 20, ça ne s’invente pas. . Le choix du saxophoniste (ici à l'alto) Christophe Monniot est évident, lumineux et espéré! Le musicien a le souffle inventif, la concentration agile et volatile, son chant est toujours émouvant, tant il recèle de capacités d’abandon. Un effacement de soi qui aboutit à un réel dépassement : il nous entraîne loin et haut sur les cimes de ses paysages intérieurs, sculptés dans sa mémoire qui resurgissent abruptement. On le voit hésiter sur ce qu’il va jouer, là dans l’instant avec une capacité exceptionnelle d'écarts, toujours maîtrisés.
Moins fantaisiste qu’émouvant dans ce contexte. Quelle mélancolie dans certains passages, dans le souffle déchirant, contrebalancé par des pirouettes vertigineuses. On entend tellement de nuances dans cette musique qui résonne en profondeur et réveille les sens. Ecoutons-le dès le premier thème “Katsounine” où propulsé par la rythmique, époustouflante, où Echampard travaille les textures, sèches, claquantes sur les cymbales, il embrase notre imaginaire, sans oublier pour autant des instants plus tendres et rêveurs, fondants, même s’il n’est pas au baryton! Beauté fluctuante, fragile et dangereuse, intermittente le long de cette errance en six pièces, longues, amples ( plus quelques rappels réclamés à cor et à cri par la public subjugué) où tous les trois se livrent à corps perdu, multipliant les détours jusqu’aux fractures : ils peuvent se perdre, mais ils se retrouvent après des envolées libres toujours, celles que réclament un jazz vif. L’un des titres s’appelle d’ailleurs “La belle échappée”. Jamais on n’a entendu Tcham aussi décisif, déterminant dans le travail de cette rythmique impeccablement réglée : aidé du diaboliquement précis Eric Echampard, il nous rattache à ces obscures forces souterraines, ce grondement sourd et jaillissant que l’on perçoit en nous, “So close, so far”.
Joshua Redman (ts), Aaron Parks (p), Joe Sanders (cb), Brian Blade (dms), Gabrielle Casava (vc) + Kurt Rosenwinkel, Peter Bernstein (g), Joel Ross (vb), Nicolas Payton (tp)
Et voilà l’arrivée tant attendue du nouvel album de Joshua Redman pour lequel il nous réserve une surprise puisque au sein de son quartet habituel, il convie une chanteuse avec Gabrielle Casava. Surprise effectivement car cela faisait longtemps que le saxophoniste n’avait pas enregistré avec une chanteuse. Et double surprise puisque c’est une vraie révélation qu’il nous est donné de découvrir avec cette chanteuse incroyable italo-américaine lauréate du prix Thelonious Monk en 2021.
Conçu comme un voyage au fil de grandes villes américaines, Joshua Redman s’empare des certains thèmes du repertoire pour rendre hommage à Chicago ( Going to Chicago de Basie), à La nouvelle Orleans (Do You Know What It Means to Miss New Orleans?), Philadelphie ( Streets of Philadelphia de Bruce Springsteen), Alabama ( de Coltrane) etc…
Certains lui reprocheront peut-être son classicisme. Mais c’est un classicisme totalement assumé comme un étendard qui viendrait porter haut l’oriflamme de l’histoire du jazz.
A propos de cet album conçu pendant la pandémie le saxophoniste de Berkeley dit : “c’est un rêve devenu réalité d’avoir eu la chance de connecter Aaron, Joe et Brian, trois des musiciens les plus lyriques et profondément groovy de la planète, qui, étonnamment, n’ont jamais joué ensemble en tant que section rythmique. Et enregistrer avec Gabrielle est une expérience qui m’a profondément transformé. C’est une chanteuse au style rare, d’une grande sincérité et d’une grande âme. C’est la première fois que j’enregistre avec une voix pour l’un de mes disques et j’ai beaucoup aimé endosser un nouveau rôle musical : je ne suis plus seulement un leader et un soliste mais aussi un accompagnateur et un interlocuteur à l’écoute ».(*)
Si le Prez (Lester Young) avait trouvé son âme sœur avec Lady Day ( Billie Holiday), on jure ici, dans cet album de ballade de haute volée que le Prince du saxophone a trouvé la sienne avec Gabrielle Casava dans une sorte de gestuelle sensuelle dans la soie de la voix de la chanteuse et dans celle du ténor (By the time).
Encore un masterpiece à rajouter à la longue série de celles que collectionne le saxophoniste.
Artwork records Micah Thomas (p), Dean Torrey (cb), Keyvon Gordon (dms)
L'album solo du pianiste sorti l'an dernier avait fait l'effet d'une bombe dans microcosme du jazz : comment un gamin d'à peine 26 ans pouvait-il avoir acquis autant de sens du piano jazz, le laissant apparaître comme l'héritier moderne d'Art Tatum ? Nous en avions tous été un peu stupéfait et le souvenir du concert de sortie de cet album donné à Paris ( à l’Ecuje) est resté comme un des moments exceptionnel de l’année écoulée. Mais comme il s'agissait d'un album de standard, totalement improvisé, on attendait avec impatience de retrouver à nouveau le pianiste d'Immanuel Wilkins sur son propre terrain, plus personnel. C'est ce qu'il nous livre ici avec « Reveal » et son trio composé de Dean Torrey à la contrebasse et de Keyvon Gordon à la batterie autour (essentiellement) de ses propres compositions. Où l’on trouve le prolongement sous une autre forme de son travail avec la jeune scène américaine ( Immanuel Wilkins, Giveton Gelin entre autres). A savoir ce subtil mariage entre l’histoire du jazz et une approche plus moderne et personnelle.
Micah Thomas c’est un pianiste des formes. Une sorte d’architecte qui utilise tous les matériaux dont il dispose et qui donne le temps à la construction de son travail. Un de ces musiciens qui s’amusent en cherchant. Qui tourne autour des harmonies avec une science de l’improvisation hors norme.
« Reveal » pour ceux qui connaissent déjà le pianiste de ‘Oregon ne fera que vous confirmer l’exceptionnel talent de Micah Thomas. Pour les autres, une révélation.
Emma Rawicz (ts), Ivo Neasme ( p ), Ant Law (g), Conor Chaplin (b ), Asaf Sirkis ( dms, perc ), Immy Churchill ( vc )
Une belle découverte en cette fin d’été qui nous arrive du label ACT avec cette toute jeune saxophoniste anglaise, Emma Rawicz ! Celle dont son compatriote britanique, le chanteur Jamie Cullum dit que « son nom sera sur toutes les lèvres à partir de maintenant ».
Et de fait on a été d’emblée séduit par le travail de cette jeune musicienne d’à peine 21 ans qui, au travers de son album se révèle à la fois talentueuses sur son instrument (le sax tenor) qu’au travers de ses compositions chromatiques ( comme le laisse penser le titre de l’album).
Déjà repérée au travers de nombreux prix outre-manche, Emma Rawicz semble souffler un souffle nouveau sur la scène britannique décidément de plus en plus prometteuse.
Avec Emma Rawicz on sent qu’elle parvient, ce qui est rare pour son jeune âge, à se défaire de toutes ses influences tout en restant solidement ancré dans une histoire du jazz modernisé.
On apprécie son souci tout particulier d'éviter tout effet de manche souvent trop démonstratif chez les musiciens de son âge. Mais on apprécie aussi son phrasé magnifique de fluidité et de souplesse féline.
Il flotte dans cet album un réel vent de fraîcheur et de poésie aérienne qui se marie à merveille avec une très belle énergie du groupe.
Emma Rawicz vous en fera voir de toutes les couleurs.
Jean-marc Gelin
Nb : Emma sera notre invitée sur Jazzbox (Aligre fm 93.1) le 30 septembre à 17h.
Vingt ans après sa mort survenue en avril 2003, Eunice Waymon est plus que jamais une légende, un personnage tragique, une figure iconique qui a inspiré des romans dont celui de Gilles Leroy en 2013, des pièces de théâtre et même un biopic récent. Cette artiste inclassable toujours actuelle continue de passionner le public.
C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve pour la rentrée de septembre un livre qui lui est consacré : le neuvième numéro de la très originale collection Supersoniques (à prix avantageux) des Editions de la Philharmonie, un bel objet illustré par le plasticien Florent Chopin (artiste-collecteur de toutes sortes de matériaux et ici de papiers peints), écrit parValérie Rouzeau, poétesse inspirée par son sujet, qui donne un portrait sensible de la chanteuse et la femme, dévoile saNina Simone.
Ce livre à l’écriture simple et fluide n’est pas une tentative de biographie. La démarche n’est pas celle d’une archiviste-chercheuse qui chercherait à démêler le vrai du faux… C’est l’histoire d’une vocation contrariée qui donnera l’une des carrières les plus singulières. Devenir la première pianiste concertiste noire classique était le voeu le plus cher d’Eunice Waymon pour lequel elle avait sacrifié toute sa jeunesse. Elle fut refusée au concours d’entrée du Curtis Institute. Cette blessure originelle allait marquer sa vie professionnelle avec une orientation musicale tout autre. Elle dut changer de nom “Vous ne savez pas ce que cela fait de changer de nom” quand elle commença à travailler au Midtown d’Atlantic City.
Une vie tourmentée, toujours au bord de la chute, le portrait en creux d’une icône du mouvement des Droits civiques autant qu’une femme en prise à sa bipolarité (qu’on ne nommait pas ainsi à l’époque) et à son alcoolisme. Si elle fait du jazz, c’est à sa manière. Car elle a été élevée au gospel et elle n’hésite pas à improviser sur Bach qu’elle vénère. Autant appréciée dans le monde de la pop, du folk, elle est aussi reconnue comme “grande prêtresse de la soul” ( “Sinner man”), épinglée pour son engagement qu’elle ne voulait pas non-violent, même si elle admirait Martin Luther King. Elle chantera Why? ( The King of love is dead) au lendemain de sa mort. Car la colère caractérise sa personnalité : la plupart des chansons (ses “gun songs”qu’elle scande admirablement comme l’inoubliable“Mississipi Goddam”) qu’elle a écrites ou reprises en les modifiant habilement, expriment sans ambiguité sa rage ses frustrations, ce sentiment d’injustice intolérable, à la mort d’amis militants comme Lorraine Hansberry,la dramaturge marxiste, Langston Hughes, le poète engagé (“The Backlash Blues”).
Si Valérie Rouzeau est intéressée à décrire sa voix de contralto, écorchée, rauque “tantôt du gravier, tantôt du café crème” et son jeu de piano ( car elle peut compter sur ses doigts prodige ) perlé, subtil, baroque avec des marches harmoniques, des trilles, elle s’attache surtout à rendre le talent d’écriture de Nina qui invente des histoires en chanson. Elle a le goût des mots et n’hésite pas à créer à partir des mots des autres qu’elle modifie, arrange à sa manière le “Just Like a woman de Dylan ou le “My Sweet Lord” de George Harrison auquel elle accole un poème de The Last Poets “Today is the Killer”. Elle réécrit, contextualise, s’approprie avec talent et se forge un style avec un sens très sûr du détournement. Nina rend hommage aux femmes noires, ces blackbirds dans de saisissants portraits “Four Women” ou “Blues for Mama” (où on peut la reconnaître), déniaise les “torch songs” de ses consoeurs, ose reprendre le “Strange Fruit” de Billie Holiday, chanter le “Ne me quitte pas” de Brel en miroir à son “Love me or Leave me”.
Tout ce dont elle s’empare, elle semble l’avoir vécu, c’est ce qui donne la force, d’authenticité de chacune de ses interprétations. Consciente de sa valeur, de son talent, elle n’arriva jamais à se satisfaire de la distance entre ce qu’elle aurait souhaité et ce qu’elle obtint, même si elle connut succès et gloire même d’une certaine façon.
Cet ouvrage que l’on lit très vite contribue à faire découvrir une artiste exceptionnelle, diva malheureuse à la vitalité extraordinaire. On reste au plus près de la femme et de la créatrice. Et cela est bien.
Deux disques qui paraissent en ce mois de septembre, l’un et l’autre avec la présence active, voire prépondérante, du saxophoniste Daniel Erdmann. C’est d’abord le retour du trio ‘Velvet Revolution’, avec Théo Ceccaldi et Jim Hart. Et aussi le trio, inauguré un peu plus tôt et à l’origine sous le nom du violoncelliste, qui l’associeà Vincent Courtois et Robin Fincker. Deux disques qui taquinent les chemins de traverse avec la même pertinence
VELVET REVOLUTION «Message In A Bubble»
Daniel Erdmann (saxophone ténor), Théo Ceccaldi (violon), Jim Hart (vibraphone)
Budapest, 7-9 novembre 2022
BMC CD 312 /Socadisc
Le message, même s’il fait penser à un célèbre tube pop, regarde ailleurs, vers le collectif, l’urgence à se retrouver pour ‘faire musique ensemble’. Trois fortes personnalités musicales, instrumentales et improvisantes se donnent rendez-vous sur divers terrains de jeu, qui parcourent un large espace où le jazz de stricte obédience croise le tango, la musique de chambre, et la musique d’ailleurs ou de demain. Permanence d’un dialogue qui jamais ne brime les singularités de chacun. Bref une esthétique, et un sens du groupe, qui gardent constamment le jazz pour horizon.
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Velvet Revolution en concert en novembre, le 23 à l’AJMI d’Avignon, et le 25 à Paris, à l’Atelier du Plateau
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VINCENT COURTOIS / DANIEL ERDMANN / ROBIN FINCKER «Nothing Else»
Vincent Courtois (violoncelle), Daniel Erdmann (saxophone ténor), Robin Fincker (saxophone ténor, clarinette)
Budapest, 26-28 janvier 2022
BMC CD 311 / Socadisc
Avec ce trio, c’est un terrain exclusif d’improvisation. Une conversation intime entre des musiciens qui pratiquent avec virtuosité et intégrité cet exercice de voltige dans lequel tout est possible, à condition évidemment que l’on ait le talent de faire advenir ce qui est la promesse de l’instant à venir. Ce talent, ils le possèdent, et au degré suprême. Nous les suivons de plage en plage, de vertige en surprise, dans ce voyage recomposé où ils ont posé les balises de leurs souvenirs. Souvenirs des lieux où ils ont joué, d’Europe en Amérique. Souvenirs revitalisés par la promesse de l’instant qui vient. Comme une sorte de magie, en somme.
Xavier Prévost
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Nothing Else jouera le dimanche 17 septembre à 17h au festival de Trois Palis (Charente)
Illustrées par Jeanne PUCHOL,
Les Soleils bleus éditions 2023.
ISBN : 978 2 918148 46 3.
Paru le 10 juillet dernier.
‘Le Passé a de l’Avenir ! ...’ ainsi débute la première des chroniques dont Jean-Louis Wiart propose ici un florilège. Et bien que, pour paraphraser Geluck, nous pensons qu’il y avait plus d’Avenir dans le Passé que Maintenant, le piège fonctionne, on ne lâche plus le bouquin !
Dans cette sélection d'une trentaine de courts textes (jamais plus de 4 pages), répartie sur 20 ans de publication du journal épisodique des ‘Allumés du Jazz’, on retrouve le souffle qui animait les ‘Chroniques de la Montagne’ de Vialatte*, l’érudition et les passerelles-références jetées entre la musique d’une part, la littérature, le cinéma, la politique, la philosophie, la vie quotidienne, la peinture d’autre part ... Et aussi les emballements, coups de griffe, de patte ou de cœur : ça gratte souvent là où ça fait mal et invite à la réflexion.
En préface, Guillaume de Chassy développe le thème de la nécessité de lire à propos de la musique pour qui désire mieux la comprendre et s’en nourrir, tout en insistant sur le fait qu’il est aussi difficile d’écrire avec justesse sur cet art que de le pratiquer mais aussi sur la nécessité de le faire « ... dans une époque qui glorifie la médiocrité, confond art et divertissement et commande d’exprimer sa pensée en 280 caractères ! »
Il n’y a plus qu’à vous laisser entrainer à la lecture -fractionnée ou exhaustive, mais toujours vigilante, tout étant affaire de description, suggestion, évocation, stimulation, appel, contre appel ...- de ces courts moments d’anthologie, agrémentés pour la plupart des très belles illustrations en noir et blanc de Jeanne Puchol.
À propos des auteurs :
- À côté de sa collaboration aux Allumés du Jazz, Jean-Louis Wiart est le fondateur du label AxolOtl Jazz, pour lequel il a produit de nombreux albums de Guillaume de Chassy, Cesarius Alvim, François Tusques, Lee Konitz, Jeff Gardner, Rick Margitza ...
- Quant à Jeanne Puchol, Vous pouvez retrouver son trait puissant dans une trentaine d’albums de bande dessinée (chez Futuropolis, À Suivre, Dargaud, Deltour...) mais aussi dans les illustrations de nombreux articles parus dans Le Monde Diplomatique, l’Humanité et Les Allumés du Jazz.
Francis Capeau.
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*Alexandre Vialatte, ‘Chroniques de la Montagne’ (Vol.1 & 2).
Robert Laffont, (Bouquins - La collection),
ISBN : 2-221-09041-1 et 2-221-09042-1
sous la direction de Pierre Fargeton et Yannick Séité.
HERMANN Éditeurs. À paraître le 30 août.
ISBN : 979-1-0370-2131-1.
Les Musiciens de Jazz et l’Écriture ... Vaste sujet !
Réalisé sous la direction de Pierre Fargeton et de Yannick Séité (qui en signent cinq chapitres sur 32), cet ouvrage clair et didactique se répartit en quatre grandes subdivisions, traitant respectivement :
- De la présence des musiciens dans la presse, (écrite, radiophonique ou télévisée), avec des exemples caractéristiques de Jelly Roll Morton et W.C. Handy (The Baltimore Afro-American, Down Beat), Charlie Christian (Down Beat), Lennie Tristano (Metronome), Jeff Gilson et Henri-Claude Fantapié (Jazz Hot) ...
- Des musiciens qui se racontent, dans des chroniques, des correspondances, des autobiographies (avec ou sans ghostwriters), illustrées par les carnets de voyage de Louis Moreau Gottschalk (XIXème siècle), les biographies d’Armstrong, Danny Barker et Doc Cheatham (avec l’assistance d’Alyn Shipton), Mezz Mezzrow, Billie Holiday, la correspondance échangée entre Bobby Jaspar et André Hodeir ...
- Des Musiciens pédagogues et théoriciens, auteurs de méthodes instrumentales et/ou du jeu Jazz, de traités d’harmonie, de composition et d’orchestration ... auxquels sont associés les plus grands noms : Ron Carter, Jack DeJohnette, Steve Lacy, Pat Metheny, Jimmy Jiuffre, Dave Liebman, Jef Gilson, Bill Russo, Philippe Baudoin, George Russell, Steve Coleman, Roger Chaput, Pierre Cullaz, André Hodeir, Chick Coréa ...
- Des différentes formes d’écriture irrigant le jazz, de la versification initiale des textes de Blues aux écritures poétiques contemporaines, Du « Black Case » de Joseph Jarman (1977, Réédité en 2019) aux conceptions de Sun Ra, « Les poèmes sont de la Musique », bientôt retourné en « My Music is Words », et, si l’on pousse l’affirmation au bout : « Their Music is Words », la boucle est bouclée, et il devient évident que les musiciens de Jazz écrivent ! Et cela, depuis le début !!
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On dispose ici d’une profusion de textes de toutes origines, d’un foisonnement d’informations allant de traduction de livres ou textes universitaires, souvent peu accessibles ou jamais traduits en français, de notes de pochettes ou d’articles de revue, billets de blogs, ouvrages pédagogiques, l’ensemble passé au crible de la réflexion et de l’érudition des nombreux auteurs ici réunis **.
...Indispensable à qui s’intéresse et souhaite comprendre quelque chose au monde du jazz et de ses artistes !
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** on ne peut en nommer un sans les nommer tous : Philippe Baudoin, Didier Levallet, Vincent Cotro et Leila Olivesi, Jean-Jacques Birgé, Yolan Giaume et Adriana Carrillo, Alyn Shipton et Dan Vernhettes, Benoit Tadié et Raphael Imbert, Martin Guerpin et Ludovic Florin, Philippe Gumblowicz et Jacques Siron, Frederico Lyra de Carvalho, Laurent Cugny et Christian Bethune, Alexandre Pierrepont Brent Hayes Edwards, Cyril Vettorato William Parker et Pim Higginson.