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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 08:09

 

Yoann Loustalot (tp, fgh), François Chesnel (p), Blaise Chevalier (cb), Antoine Paganotti (dms)

Fresh Sound New Talent 2012

 loustalot.jpg

 

Yoann Loustalot n’aime pas les grands coups d’éclat. Ce n’est pas son style de jeu. Non pas que ce jeune brillant trompettiste n’ait pas les moyens de s’affirmer comme un de ceux qui mordent dans l’instrument et enchaîne des trilles avec la puissance d’un Freddie Hubbard. Loin de là. Simplement ce n’est pas son style à lui. Loustalot vient plutôt de l’école de Miles mais aussi d’une certaine école de la trompette classique qui le pousse à affirmer avec une certaine amplitude les lignes mélodiques sans chercher jamais à en faire trop. Juste, prendre le temps de jouer avec les résonances de l’instrument. Résonances qu’il semble projeter dans les airs et qui retombent en nuées harmoniques.

Ils se connaissent bien avec le pianiste François Chesnel pour avoir participé à de nombreux projets ( Notamment le magnifique « Kurt Weill Project ») et ce qui se perçoit dans ce tout dernier album du trompettiste c’est leur forte proximité, leur entente intime dans l’expression poétique de la musique. Car c’est bien ce que véhicule cette musique-là : une déambulation rêveuse. Une ballade musicale. Et sa technique exceptionnelle n’est pour Loustalot que le moyen d’exprimer cela. De faire passer l’émotion dans une simple tenue de note. Il y a chez Loustalot  une extrême maîtrise de son instrument et de la qualité de son son. Le jeune trompettiste-bugliste peut facilement et avec la même légèreté naturelle passer du grave à l’aigu en contrôlant comme il le veut son vibrato. Jamais dans l’exubérance, Yoann Loustalot affirme sereinement le musicien qu’il est. Un musicien rare qui, comme chez un Rava ou surtout comme chez un Paolo Fresu s’empare de l’improvisation pour la porter au comble du sentiment. Assez joliment fait et totalement convaincant.

Jean-Marc Gelin

 

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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 07:53

 

Toute l’équipe des DNJ vous souhaite pour 2013 une nouvelle année au groove impétueux et une année aussi joyeuse qu’un chorus du Roi Louis un jour de Mardi Gras.

 

En 2013 plus qu’hier et moins que demain, restons open minded !

 

         

 

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 10:22


PIERRICK-PEDRON---KUBIK--S-MONK-.jpgACT 9536-2
Production Giant steps



J’avoue avoir tardé à chroniquer ce nouvel album de Pierrick Pedron, bien que ma curiosité soit toujours en éveil quand il s’agit de ce musicien. J’ai résolu de le suivre après la découverte de  Deep in a dream qui lui avait fait traverser l’océan pour enregistrer là bas, en Amérique, au pays du jazz.
Puis, à chaque nouvel album, c’était comme feuilleter  une page décisive du livre de Pedron,  suivre un moment d’une carrière qui ne s’annonce pas telle, mais qui se  construit sûrement, se fortifie de nouvelles expériences, de tentatives qui essaient de réunir les différentes facettes de sa personnalité et de sa culture .
Donc  Pierrick Pedron revient à Monk et cela pouvait faire peur : comment osait-il s’attaquer au roc aride et tranchant, à ce géant bancal et inimitable, ce pianiste fou et génial ? Aux côtés de Monk, toute  la fine fleur du jazz moderne de l’époque a défilé, les batteurs Kenny Clark, Art Blakey, Max Roach, le contrebassiste Oscar Pettiford,  le trompettiste Clark Terry… Avec ses fidèles complices, choisissant la forme du trio  -elle est là la signification du titre ? Un trio superlatif, puissance trois- cette belle formule classique et pure, Pierrick Pedron fait entendre la formidable musicalité de la musique de Monk dans ses versions de  «Ugly beauty», « Evidence », «We see», «Trinkle, Tinkle» du pur Monk, des « tubes » que le saxophoniste reprend avec intelligence, délaissant cependant  l’incontournable « Round midnight » ou « Misterioso ».  Une fois le répertoire établi, comment jouer ce Monk pur jus, ces standards monkisés à souhait dans une formule simple mais sans piano ? Avec une rythmique infernale, puissante et souple, hyper réactive, qui supplée l’absence d’harmonies. Un sacré défi et pourtant cette audace se révèle payante. Car on entend dans ces reprises le chant, la mélodie de l’original. Sans trahison, ni copie, sans pastiche ni modulation. Kubik’s Monk  tient du hasard, « the music of chance », du résultat d’une séance qui a bien tourné avec les formidables  Franck Agulhon, Thomas Bramerie, et Ambrose Akinmusire, trompettiste « guest » sur trois titres, sans oublier le fidèle arrangeur Vincent Artaud.
Onze petites pièces pas si faciles, car il faut entrer dans la logique de Monk, s’adapter à sa vision des choses, de la musique, des notes : reproduire en l’adaptant une architecture complexe qui paraît cependant  claire, une «  toile en trois dimensions » à la  façon des cubistes. Pierrick Pedron avoue, quand il regarde les partitions, « voir des cellules de notes répétées, qu’on peut lire à l’endroit ou à l’envers ». Une curieuse géométrie spatiale, une énigme à résoudre sans perdre de temps. Exubérant et surtout ébouriffant. A écouter sans tarder ! Et pourquoi pas avec les originaux en tête, Monk tout près ?
Sophie Chambon

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 10:17

Louis-JOOS---THELONIUS-MONK-volume-2.jpgTHELONIUS MONK (1954-1956)
Louis Joos  volume 2
BD JAZZ 2CD + 1 Bande dessinée
www.bdmusic.fr
Dessin et scénario LOUIS JOOS

Voilà pour les fêtes une idée intéressante : écouter  le volume 2 de la collection BD music, consacré à Thelonius Sphere Monk avec une sélection attentive de deux CDs qui donnent un des meilleurs aperçus de la « carrière » discographique de ce fou génial, formidable pianiste !
Le jazz c’est du noir et blanc, et souvent des photos ! A moins que ce ne soient les sublimes planches encrées de Louis Joos que l’on met en musique avec quatre albums réunis dans ce précieux écrin. Quand le dessinateur  (et pianiste) Louis Joos s’installe à sa planche à dessin, il restitue le « melting pot » musical new yorkais. C’est un bonheur intense de plonger dans sa vision de Manhattan, cette vibrante évocation des rues de New York,  la dernière planche, comme un clin d’œil à  Woody Allen.  Les albums choisis  par Christian Bonnet furent enregistrés entre 1954 et 1956, en solo, trio, ou en combo, et chacun est présenté  avec une vignette de la pochette et un texte soigné de l’auteur.
Magnifique début avec ce  Portrait of an ermite de 1954, capté à Paris, en solo pour la première fois, dont l’excellent Henri Renaud soulignait la formidable conception rythmique, le « tempo intérieur ».Suit l’album historique Thelonius Monk plays Duke Ellington, paru en 1955 sur Riverside ; c’est le premier album où Monk ne joue pas ses propres compositions. Cette idée de présenter le pianiste sous un jour plus aimable, de faire oublier sa réputation de pianiste « maudit », connaîtra un réel succès.
Sur le deuxième CD, on écoutera un disque de standards  de 1956  The Unique Thelonius Monk  où Monk avec Art Blakey (dm) et Oscar Pettiford (b) revisitent des thèmes de Gershwin, Richard Rodgers, Vincent Youmans... Enfin il était temps de n’enregistrer que des albums « cent pour cent » originaux, monkiens avec le génial (mais cauchemardesque à l’enregistrement )  Brilliant Corners  où s’illustre Sonny Rollins. Citons un autre spécialiste de Monk, Laurent de Wilde :  « Jamais Monk n’a été aussi loin dans son souverain mépris des règles… Rien n’est carré, tout est de guingois...La tyrannie de sa mélodie singulière est totale, et l’improvisation, plus que jamais est totalement asservie. »

Un résumé discographique sans faute avec des illustrations superbes, que demander de plus ? Voilà un nouveau numéro de l’excellente collection BD music à se procurer ! Vite !
Sophie Chambon

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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 16:54

 

Daniel Erdmann (ts,ss), Hasse Poulsen (g, vc, bells), Edward Perraud (dms, perc)

Das Kapital records 2012

Distribué par L’Autre distribution

das-kapital-loves-christmas.jpg 

 

Pour changer un peu de sempiternelles et mielleuses chansons de noël  à la Bing Crosby, Das Kapital (eh oui vous ne rêvez pas !) a décidé de rendre un singulier hommage aux Christmas songs.

Oui on le sait l'exercice n'est pas très original en soit et Décembre voit fleurir sa cohorte de reprises de bon (je pense à un album de Carla Bley - Carla's Christmas Carol) ou (c'est plus fréquent) de mauvais goût kitschissime.

Pas de ça ici. Pincez vous deux fois et reprenez vos esprits, nous parlons bien de Das Kapital. Ce formidable trio de garnements ultra-doués, qui semble vouer un culte bien plus grand à Albert Ayler qu'à Nat King Cole, nous fait le coup du Noël Dionysiaque. Et alors ! Quoi de plus festif a priori qu'une fête comme Noël avec ses lumières scintillants, son lot de bling-bling et ses banquets débordants de vins et de ripailles. Et puis, après tout, si l'on fait référence à Albert Ayler, quoi de plus religieux que la musique de Holly Gost !

Allez savoir quelle est la dose de sérieux dans cette assertion figurant dans leur dossier de presse : " Das Kapital vous aime !". On peut craindre l'irrévérence, l'irrespect, la facétieuse gaudriole. Du coup ces trois surdoués bousculent les codes sans se soucier le moins du monde du regard des passants. Lorsqu'ils s'emparent de Hark the Angel, de White Christmas ou de Jingle bells, c'est forcément d'une manière détournée, réinventée avec toujours omniprésente la mélodie immémoriale bien présente à nos oreilles. L'esprit de Noël, oui !  Mais à leur façon. Comme une invitation à la prise de conscience politique qui, loin de rejeter le rituel, s'en inspire pour faire du vieux, un appel au nouveau, à la relecture d'un monde ancien qu'ils voudraient aujourd’hui généreux et libre.


Et c'est là toute l'ambiguïté déroutante : cet esprit festif revendiqué est-il à prendre au premier ou au second degré ?

Pour notre part nous choisissions  sans équivoque de le mettre au pied de votre sapin.D'abord parce que la musique y est ultra bonne et que je ne me lasse pas d'entendre ce groupe aux allures railleuses et aux accroches parfois un poil dérangeantes donner sans cesse des coups de pieds dans la fourmilière d’une musique bien pensante. Parce que, comme toujours, Daniel Erdmann y est une nouvelle fois ENORME avec ce son rauque à la Rollins. Parce que Hasse Poulsen à la guitare s'entend aussi comme larrons en foire avec Edward Perraud pour insuffler une énergie formidablement décapante. Silent Night entrepris sur un mode rock'n roll, Last Night sur celui d'une variétoche de bal pop', ou encore un jerk de Noël fallait oser ! Et si vous pensez que Noël est aussi la fête des enfants et qu’il faudrait ménager leurs chastes oreilles (quelle drôle d’idée !), alors Mon beau sapin ou The Little drummer boy (L’enfant au tambour en français dans le texte) leur propose dans des versions très tendres finalement, deux beaux moments de grâce.

Alors, pour prolonger votre soirée de réveillon et parce qu’il s’agit, au-delà du prétexte, d’un superbe moment de jazz, joyeux et décapant,   je ne saurais que trop vous conseiller de réviser vos classiques, ou plutôt, ne serait ce qu’un instant, de les abandonner.

Jean-Marc Gelin

 

Ps : je suis un peu en retard c’est vrai mais je ne manquerai de vous présenter très vite le magnifique alb

um de Hasse Poulsen, «  We are all americans »

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 22:54

 Lettre ouverte aux DNJ :

" A l'été 2012, les DNJ ont estimé opportun de faire du "buzz" autour de la venue d'Aurélie FILIPETTI et de François HOLLANDE au festival de Marciac. A ceux dont moi, mais pas seulement, qui s'interrogeaient sur ce soudain positionnement, vous aviez fait répondre sur votre blog, par l'intermédiaire d'un producteur chevronné d'une radio publique, qu'il s'agissait "d'être dans le temps de l'action politique" (sic). Nous savons un peu mieux désormais ce qu'est ce temps-là, ce qui conduit à poser, ou à reformuler, les interrogations suivantes :

- les DNJ sont-elles, ou ont-elles accepté d'être, au moins pour un temps, l'antichambre d'une radio publique, France Musiques en l'occurrence, en ce qui concerne la promotion des déplacements de la nouvelle équipe gouvernementale dans le domaine du jazz, étant ici rappelé qu'elles n'ont jamais agi de la sorte pour une équipe précédente ?

- les DNJ étaient-elles informées, à l'été, de possibles orientations positives concernant le jazz quand elles ont annoncé la venue de la ministre et du Président ? Que peuvent-elles nous en dire aujourd'hui ?

- sauf erreur, les DNJ ne semblent avoir donné aucun écho à ce jour aux propositions du groupe de travail COQ / DUTHIL alors même que les réponses faites aux commentaires sur leur site permettaient d'augurer du contraire.....Peut-on espérer lire bientôt une synthèse à jour de ces réflexions et surtout, le cas échéant, des propositions retenues par le gouvernement ?

- depuis plusieurs mois, A. Filipetti assume d'être une compétente "cost killer" dans le domaine culturel (cf . son ITV au Monde du 10.09.2012 "La culture est le disque dur de la politique" ainsi que le très documenté et nuancé article de fond de ce même journal : "La culture, ministère amer" dans son édition du 17.11.2012). Donnons au moins un chiffre : -4,3 % pour les crédits d'intervention, encore ne s'agit-il que d'un affichage, du jamais vu....Parent hyper-pauvre de la culture, le jazz a, dans ce contexte, beaucoup à craindre : les DNJ n'ont pas réagi, pourquoi ?

- précisément, dans le domaine strictement musical, un récent n° d'IRMACTU (qu'on ne peut classer parmi la presse "libérale") rend fidèlement compte de la remise en cause du projet de "Centre National de la Musique" par la ministre (que ni la scène ni, surtout, les coulisses de Marciac ne semblent avoir inspiré....) et des réactions de multiples acteurs (labels indépendants, musiques actuelles, etc.) dénonçant un revirement complet par rapport aux engagements de campagne dans un communiqué intitulé "Et si la gauche laissait le marché (dé-)réguler le secteur musical ?". Fait significatif, parmi les signataires de ce communiqué, on trouve la Fédération des Scènes Jazz (FSJ) - ah, du jazz, enfin ! - , la Fédération des Ecoles d'influence Jazz et des Musiques Actuelles (FNEJMA), etc., bref le jazz insiste....Sans prendre nécessairement parti sur le fond, comment expliquer que les DNJ, le cas échéant éclairées par leur(s) correspondant(s) institutionnel(s), ne fassent pas état de ces inquiétudes et préoccupations, au moins en un nombre de lignes équivalent à celui consacré aux déplacements estivaux de l'équipe gouvernementale ?

- plus généralement, que peuvent nous dire du futur traitement gouvernemental du jazz ceux qui ambitionnent, à juste titre et souvent avec talent et clarté, d'en répercuter les "dernières nouvelles" ?

Merci par avance de vos éclaircissements précis, en votre nom propre. Bien cordialement,

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 20:45

Mouratoglou-Philippe_Steady-Rollin-Man_w002.jpgLabel vision fugitive


Musique Robert Johnson, arrangements Philippe Mouratoglou avec la collaboration active de Bruno Chevilon et Jean Marc Foltz
Pochette Emmanuel Guibert
Graphisme Philippe Ghielmetti

Avec le troisième opus du tout nouveau label Vision fugitive, dont nous avons déjà chroniqué le duo « Visions fugitives » de Stephan OLIVA et Jean Marc FOLTZ et « Le long de la plage », tandem inédit de l’écrivain Michel BUTOR et du pianiste Marc COPLAND…
Changement  de décor. Changement de ton, virage au pays de Robert Johnson et de William Faulkner. Trains et gares, désolation du vagabond solitaire, du clochard qui n’a rien de céleste. Voix rauque et râpeuse du blues man  dont les cordes vocales ont été trop longtemps traitées à l’alcool. Guitare folk et bluesy, contrebasse et clarinette, voilà un somptueux trio, étrange, qui fait raisonner les accents du blues, en écho à Robert Johnson, cette autre figure de légende disparue si vite, à 27 ans (autre membre du club des 27), roi des chanteurs du Delta  qui enregistra en un temps record 29 chansons, heureusement gravées dans la cire.
Son « Terraplane blues » par exemple se vendra à plus de 5000 copies dans les grandes villes.
Steady Rollin Man est une relecture de l’œuvre de Robert Johnson qui a fasciné   les Clapton, Beck, Page,  les Stones, Hendrix , Dylan… Revenir aux racines du rock and roll, prendre la route du delta du Mississipi, la route du blues, non loin de Clarksdale, Mississipi.

On voulait « partir de ce blues très singulier et découvrir un angle et des perspectives » raconte Philippe Mouratoglou, à l’origine de ce projet.
Ce guitariste classique (pour faire vite) ne vient pas du blues, mais il s’est investi dans l’enregistrement d’un projet étonnant, déconcertant même. Il a  voulu pour l’aventure s’engager aux côtés de musiciens sans « a priori » esthétiques. On ne pouvait rêver mieux que Bruno Chevillon et Jean Marc Foltz qui ont prouvé leur talent d’ouverture pour créer du neuf avec de l’ancien, écrire à propos du blues johnsonnien et laisser aussi des plages d’improvisation. Trio idéal pour interpréter librement et poétiquement ces pièces de vie. Affinité, complicité créative, assurément, dans un parti-pris résolument acoustique.
Le résultat peu académique mérite attention :  cela devient quelque chose d’autre,  un projet qui unit une guitare folk (jouée classique ) à la contrebasse, hybride à cordes étendu, qui utilise la clarinette comme la basse « diabolique » du blues man.  Et puis, surgit la voix fascinante, incandescente de Philippe Mouratoglou qui accompagne ces chansons mythiques où il est question du diable, de rendez-vous avec l’au-delà à des carrefours initiatiques. Si un frisson ne vous parcourt pas l’échine à l’écoute de « Love in vain », « Crossroad blues », « Me and the devil blues »,  passez votre chemin, vous n’avez aucune « Sympathy for the devil » !
Sinon, embarquez  pour cette traversée au pays du blues, des petits blancs et des « cotton pickers »,  laissez vous bercer d’accords mystérieux et troublants, de sonorités étrangères à une perception « classique » de cette musique.
Apre et vibrant, cet album est à recommander fortement !

NB :
Et puis, il est temps aussi de souligner que pour chaque album, figurent des pochettes illustrées de peintures d’Emmanuel Guibert, réalisées après avoir écouté la musique.
Pour le livret de ces beaux objets, vous apprécierez des textes de Michel Butor, des peintures pour Visions fugitives, et pour  Steady Rollin Man, des photos noir et blanc de Ben Shawn (1898-1969) réalisées dans le cadre d’une mission photographique de la Farm Security Administration, entre 1935 et 1942.
C’est le témoignage  impressionnant de la vie dans le sud de cet artiste réaliste, également peintre, qui travaillait dans la tradition de l’école dite de la Poubelle. Il montre des employés fatigués, des scènes de rue, des clochards et des « cotton pickers », des musiciens aveugles, la ségrégation ordinaire dans l’armée…
Le pays plongé dans la tourmente des années trente, l’autre face du « rêve américain » …


Sophie Chambon

(1)« Robert Johnson joue en virtuose absolu, raclant une rythmique féroce tout en asticotant les aigus, produisant de curieuses lignes mélodiques qui soulignent, intensifient ou contredisent moqueusement son propos. » Philippe Manœuvre.

Coffret Rock aux éditions TANA.

 

(2) Pour mieux comprendre l’argot des musiciens et des noirs américains, il est urgent de lire l’excellent Talkin that talk (le langage du blues, du jazz et du rap ) de Jean Paul Levet dans la non moins excellente collection Outre mesure.




 







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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 22:31

  CARAVAGGIO #2

Bruno Chevillon (b, cb, electro), Benjamon de la Fuente (Vl, mandcaster, g, electro), Eric Echampard (dm, percu, electro), Samuel Sighicelli (orgue hammond, sampler, synthé)

Studio La Buissonne 2012

 Caravaggio.jpg

Amateurs de sensations fortes, cet album est pour vous ! Caravaggio, du nom du peintre florentin, propose en effet une musique électro acoustique créatrice de sensation fortes, entre univers fantastique ( Beth Vibrations), mangas ou jeux videos hyper stressés (Aguirre, Anybody here).  A eux 4, ces musiciens explorent des backgrounds rocks et créent des espaces et des textures sonores saisissants. Ils manient les sons électro et les instruments acoustiques avec une très grande maîtrise. Les espaces sont parfois très distendus, parfois serrés à l’extrême passant d’une musique fourmillante à une musique minimaliste dans un même thème (Aguirre). L’orgue hammond de Sighicelli insère une pâte sonore dessinant des atmosphères mystérieuses (When you will be angelic). On est en pleine dramaturgie, à l’Intérieure d’une toile cinématographique. On pourrait y voir, à sa manière aussi une sorte de continuation, sans imitation, de l’univers d’un King Crimson mâtiné de celui des Floyds ou encore de John Zorn (on s’attend en effet à tout moment à voir débarquer un Mike Patton qui ne dénaturerait en rien le propos). L’écriture y est magnifique, sensationnelle ( au sens propre), para –sensorielle presque tant l’éntrange affleure toujours derrière le propos. Entrer dans l’univers de Caravaggio c’est entrer dans une expérience rock où les distorsions des guitares et les les nervures du violon, s’endiablent avec l’électronique et avec l’orgue magistral. Ces 4-là ont créé un univers remarquable qui ne laissera personne indifférent. A écouter absolument (après les fêtes bien sûr) !

Jean-Marc Gelin

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 09:42

 

 arte-logo.jpg

 mercredi, 12 décembre 2012 à 22:20

Rediffusions :
17.12.2012 à 03:55
Billie Holiday for ever
(France, 2012, 52mn)
ARTE F
Réalisateur: Frank Cassenti

 Billie-Holiday.jpg

Amis amoureux de la dame au gardenia, vous que tue la voix de Lady Day, vous qui ne vous êtes jamais remis de « Don’t Explain », qui restez hantés par «  Strange Fruit » ou par « God Bless the Child », vous pour qui rien n’a jamais égalé la voix déchirée de Billie Holiday, de grâce ne manquez surtout pas le très beau documentaire que Franck Cassenti à consacré à la chanteuse de Baltimore et qui sera diffusé Mercredi 12 décembre sur Arte à 22h15.

 

Les moments de jazz sont en effet assez rares sur le petit écran pour saluer comme il se doit cette belle initiative de programmation en 2ème partie de soirée autour du travail d’un des réalisateurs les plus importants que connaît cette musique.

photos-Sem2-2012-1208.JPG

 

Franck Cassenti a quelques passions dans sa vie. On lui connaît celle d’Archie Shepp auquel il a consacré une grande partie de son travail . On lui connaît aussi celle des chanteuses et l’on découvre ici tout l’amour qu’il porte à Billie Holiday.

Avec un très gros travail de montage ( le doc ne dure qu’une heure) , les images d’archives toutes très connues, se mêlent à une approche biographique sommaire ( surtout là pour souligner la vie dramatique ( !) de la chanteuse). Mais surtout, le film donne la parole (ou plutôt la voix) à d’autres chanteuses que Billie Holiday a inspirées. On y entend ainsi Patricia Barber, Sandra Nkaké ( qui réinvente God Bless the Child), l’incroyable et exceptionnelle Lavelle avec Jacques Schwarz-Bart,

 

 

 

 

Sarah Quintina qui chante I Cover the Waferfront en solo dans une église ou encore une émouvante Leena Conquest. Pour ma part j’ai été totalement renversé par les deux thèmes chantés par Cecil Mc Lorin en duo avec Jacky Terrasson. Un très grand moment d’émotion.

Archie Shepp intervient brièvement, tout comme Hal Singer. On peut juste regretter que les archives soient trop souvent coupées au montage comme cette émission de télé de 1957 avec Ben Webster, Roy Eldridge, Lester Young, Coleman Hawkins, et Gerry Mulligan sur Fine and Mellow et le regard que Billie porte sur Prez!!. Que pour la peine, je vous offre ici en cadeau.

Magneto Serge !

 

 

 

 

 

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 14:57

 

Instant music record 2012

Distribué par Muse

Rémi Gaudillat (tp), Russ Lossing (p), usin Nachoff (ts, cl), Bruno Tocanne (dms)

Bruno-Tocanne.jpg

C'est ici un exercice entre écriture et improvisation qui s'organise autour du vif drumming de Bruno Tocanne,véritable moteur de cette musique.  Loin de donner la pulse, Tocanne anime la musique par ses grondements, ses roulements et ses ponctuations. maître de la phrase. On est loin de l'engagement politique fort du batteur qui dominait chez lui (« New dreams on »), loin aussi de ces inspirations rock (« I overdrive trio »). Certes la musique reste libre, par cette large part donnée à d'improvisation mais elle est aussi un peu plus assagie, encadrée entre jazz free et jazz moderne. Entendez par moderne l'inspiration donnée par la musique d'un Paul Motian par exemple ( kumo to mine ou firely). Bien sûr il y a aussi quelque chose d'Ornette dans ce One Pm où la musique flirte avec l'atonalité comme lors d’une fin de set épuisée avant de s'assagir et de laisser les espaces se créer entre les lignes. Mention toute spéciale donnée à Rémi Gaudillat à la trompette, à la fois anguleux et mordant. Mais l'on est parfois un peu gêné par le parti pris parfois d’une sorte d'inaboutissement de la musique qui ne donne pas clairement de direction. Comme si les solistes, rangés derrière le batteur étaient un peu (volontairement ou pas) perdus dans la musique sans trop savoir jusqu'où ils peuvent aller. L'improvisation organisée toucherait ainsi sa propre limite. La contrepartie étant donnée par les dessins harmoniques du quintet comme sur ce "frémissement" qui clôture l'album avec de prégnantes réminiscences de Motian, le génial coloriste.

Jean-marc Gelin

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