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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 13:34

Sophia Domancich (piano, piano électrique), Simon Goubert (batterie)

Malakoff, 15-16 septembre 2020

PeeWee! PW 1004 / https://peeweelabel.com/fr/albums/31

 

Une musique inspirée par les films de David Lynch. À l'origine de cette aventure, comme le raconte Simon Goubert dans le livret, la proposition de Jean-Pierre Bonnet, membre actif de l'association des Amis du Méliès (le cinéma d'Art et d'Essai de Montreuil), d'imaginer une rencontre entre la musique et le cinéma. Sophia Domancich répond sans ambages «...quelque chose avec des films de David Lynch». Pas question de faire un ciné-concert classique, où la musique se pose sur les images du film. Pas question de court-circuiter l'univers sonore (dialogues, ambiances sonores et musiques). L'idée, c'est plutôt de choisir des courts-métrages de Lynch, de les projeter pour le public, et de jouer entre ces extraits des musiques improvisées, ou écrites pour la circonstance. Une première expérience, en 2016 et en public -où la musique réagit, commente, vagabonde et recrée son propre imaginaire- concrétisera la pertinence du projet. Et 4 ans plus tard, Sophia Domancich et Simon Goubert acceptent la proposition de Vincent Mahey (Studio Sextan, label PeeWee!) d'enregistrer la musique née de cette aventure. Twofold head, est-ce une tête double, celle de la pianiste et du batteur, qui pratiquent de longtemps le duo fusionnel, une pensée musicale duale qui s'exprime avec évidence depuis des années  ? Ou une nouvelle œuvre, qui conjuguerait le cinéma et la musique, inspirée par cet autre objet artistique qu'est le film ? Mystère.... En tout cas, l'aventure tient ses promesses : avec ce duo, nous allons naviguer de sensations en émotions, de nuances en éclats, embarqués que nous sommes dans un univers qui nous captive, une captivité consentie et riche de rebonds et de détours. L'enregistrement s'est fait, comme le concert, entre le visionnage de chaque film, au plus près de la source. Le résultat est confondant. Chaque plage nous entraîne dans ce qui pourrait être l'imaginaire du cinéaste autant que celui du duo ; et le nôtre n'est pas de reste, car notre propre fiction s'élabore à mesure que cette musique nous envahit, qu'elle nous touche, qu'elle nous livre (ou non) ses clés. C'est d'ailleurs l'hypothèse de Philippe Ghielmetti, grand producteur de disques (notamment de piano) et cinéphile averti : il l'évoque dans un court texte à l'intérieur de la jaquette du CD. C'est comme chez Lynch. À trop chercher le sens, on risque de se perdre : la clé du secret ne serait elle pas simplement le chemin que nous suivons, loin de toute élucidation. Infinies nuances ou éclats de sons et de rythmes, nous sommes emportés, de plage en plage, par ce récit sans fin. La preuve : quand le terme semble venue, à 4 minutes et 12 secondes de la plage 7, une plage fantôme se faufile, 3 minutes plus tard, et pour 2 minutes et 40 secondes. Dernier sortilège.

Xavier Prévost

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Le duo participera le 31 janvier à Paris, au Théâtre des Nouveautés, à la 'PeeWee ! Night', soirée du label PeeWee !, avec Biréli Lagrène, Andy Emler, Patrick Bebey, Mathias Lévy, Kartet....

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Sur Youtube, cinq fragments dans la vidéo 'Pause' du Studio Sextan et de l'EMC, réalisée lors des séances d'enregistrement

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 16:03

Barney Wilen (saxophones ténor & soprano), Michel Graillier (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Sangoma Everett (batterie)

Yerres, 24-26 juin 1987

Elemental Music 5990540 (double LP) 5990440 (CD) / Distrijazz

 

Une réédition, oui. Mais avec quatre inédits : quatre prises alternatives de thèmes qui figuraient sur le 33 tours et le CD originels, mais qui assurément méritaient de venir jusqu'à nous. Des versions qui musardent, ou qui font parfois un pas de côté. Et ce plaisir de voir revenir cette musique en LP, avec ce grand format qui rend justice à la très belle photo de Marie-Paule Nègre, différente de l'édition originale. Et, au-delà de l'attrait d'un bon pressage, l'intérêt de lire les souvenirs de Philippe Vincent, producteur de la séance pour son label IDA, sous lequel il accompagna les dernières années de la carrière de Barney  ; ainsi que le témoignage de Riccardo Del Fra, partenaire de ces aventures, et qui évoque aussi le rôle joué par le regretté Michel Graillier dans cette belle séance d'enregistrement. Sangoma Everett, qui égrène aussi quelques souvenirs de son arrivée en France, et de sa collaboration avec Barney. Et le poème de Marie Möör qui parle d'un monde presque rêvé, et pourtant là sous nos yeux, présent à notre écoute. Sans oublier la photo qui montre Hervé Le Guil, qui enregistra naguère la séance, et posait voici quelques mois devant la console de son studio, avec son assistant Daniel Cayotte, pendant le travail de remastérisation pour cette nouvelle édition. Et, pour couronner le tout, un texte d'Ashley Kahn, grand exhumateur de trésors (la première version en public du fameux A Love Supreme de Coltrane ; le récit de l'aventure du disque «Kind of Blue» de Miles Davis....). Un texte qui reprend les témoignages de Patrick Wilen, le fils de Barney, et de Martine Palmé, qui fut son agent durant les dix dernières années de sa vie. L'une et l'autre se sont considérablement investis pour que cette réédition, et récemment le coffret «La Note Bleue», voient le jour. Bref ce disque ravive la mémoire, en ouvrant à nouveau une très belle page de l'aventure de Barney.

Xavier Prévost

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Chronique du coffret «La Note Bleue» par Jean-Louis Lemarchand sur le site des DNJ en suivant ce lien

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 14:52

L’année 2021 s’achève sous de bons auspices pour Yakir Arbib. Une situation pas si courante dans la jazzosphère en ces temps de crise sanitaire. Explications. Après deux soirées au Sunset, le pianiste israélo-italien vient de se produire salle Pleyel lors de la soirée annuelle de TSF. Certes, sa prestation était ce 13 décembre limitée à six minutes, le temps alloué à chacune de la quinzaine de formations invitées. Mais sa composition, Yellow Sonata, présentée ce soir-là, « tournait » depuis quelques semaines sur la playlist de la radio « 100 % jazz ». Un signe de reconnaissance pour un musicien arrivé à Paris voici près de trois ans et qui a déjà publié deux albums chez Jean-Marie Salhani (JMS), le premier en solo « My name is Yakir »(2020) et le second, « Three Colors » en trio avec Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (basse) en novembre 2021.

Yakir Arbib n’est pourtant pas un nouveau venu sur la scène jazzistique. A 19 ans, le pianiste était couronné en Italie par le prix Massimo Urbani avant une tournée aux Etats-Unis et une session au Berklee College de Boston. treize ans plus tard, lui qui a vécu dans cinq pays différents se trouve heureux d’être en France, « le pays où les musiciens, les artistes en général sont respectés » et de vivre à Paris, « une métropole mais pas immense » et où, souligne Yakir Arbib, aveugle de naissance, « les gens m’aident dans la rue ».

Côté expression artistique, le pianiste évoque pêle-mêle comme influences Jean Sébastien Bach, Charlie Parker, Art Tatum, Schoenberg ou Brahms. « A 15 ans j’étais obsédé par Erroll Garner et à 18 par Bill Evans, mais aujourd’hui, j’écoute aussi bien Elliot Carter, compositeur contemporain américain (1908-2012) que Brad Mehldau ou encore Eminem qui déploie un vrai sens rythmique ».


Une approche sélective qui le conduit à effectuer « une synthèse personnelle de la musique classique et du jazz, deux genres essentiels pour moi » dans son jeu comme dans ses compositions (8 des 10 titres joués dans son dernier disque). Yakir Arbib refuse de se laisser « enfermer » dans un style. Et le solo demeure son exercice préféré, « là où je me sens le plus libre, le plus évident, le plus naturel, où je peux changer de rythme, de styles en cours de jeu ».


La complicité n’en est pas moins la règle avec le batteur Roberto Giaquinto, un compagnon régulier d’une dizaine d’années, ou, plus récemment avec Chris Jennings, un bassiste choisi à Paris (« un son profond et une connexion avec la musique orientale »).

Yakir Arbib : The Pink Kasbah

 

Quid de 2022 ? Au-delà des concerts escomptés, Yazir Arbib travaille à deux projets de composition, une sonate pour piano et violoncelle avec Vincent Segal, et une œuvre pour harmonica de verre destinée à Thomas Bloch, l’un des rares interprètes de cet instrument, une commande de l’institut culturel italien de New-York. Deux preuves supplémentaires de l’éclectisme de ce musicien, assurément l’une des révélations de l’année qui se clôt.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Yakir Arbib featuring Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (contrebasse), ‘’Three Colors’’.
Studio de Meudon, juin-juillet 2021.
JMS/PIAS.
www.disquesjms.com

 

 

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 22:31

Keith Tippett, Matthew Bourne (pianos)

Leeds, 8-9 juillet 2019 & Londres 12 octobre 2019

double CD Discus 120 CD / https://discus-music.co.uk/catalogue/dis120-detail

 

À l'issue d'une série de concerts en duo, entreprise deux ans plus tôt, les deux pianistes nous livrent ce témoignage, en studio à Leeds, et en concert à Londres. Riche et passionnant dialogue entre deux musiciens qui, s'ils appartiennent à des générations différentes, ont l'un et l'autre tracé des voies singulières. Pour l'aîné, disparu l'an dernier, un parcours qui va du pharaonique big band 'Centipede' (50 musiciens = 100 pieds....) à des compositions pour quatuor à cordes en passant par le groupe King Crimson, le free jazz, Robert Wyatt, et j'en oublie.... Et pour le plus jeune toutes les aventures du jazz contemporain et de la musique improvisée, de Barre Phillips, Marc Ribot ou John Zorn à Laurent Dehors.... Une musique très vivante, audacieuse, libre mais richement pourvue de références. Et une richesse d'interaction remarquable, portée par une maîtrise des instruments (le son, la dynamique, le phrasé, les couleurs harmoniques....) qui force l'admiration. À découvrir d'urgence !

Sous le même label une œuvre insolite et magistrale de Keith Tippett «The Monk Watches The Eagle» (Discus 102 CD), enregistrée en 2004 par la BBC, et publiée récemment, avec une belle brochette de jazzmen britanniques (Paul Dunmal, Chris Biscoe....), mais aussi les BBC Singers, et la voix soliste de Julie Tippett, qui fut dans les années soixante, sous son nom de Julie Driscoll, l'une des très grandes voix soul d'Europe avant de devenir une figure de la musique expérimentale.

Xavier Prévost

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 15:44

Grand Prix Jazz

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

 

Grand Prix Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock/Modulor)

 

Prix in honorem Jazz, Blues & Soul

Bruce Iglauer, fondateur d'Alligator, le label indépendant qui porte haut les couleurs du blues depuis 50 ans, à l'occasion de la parution de "50 Years of Genuine Houserockin' Music" (Alligator/Socadisc)

 

Coups de cœur Jazz

Airelle Besson « Try » (Papillon Jaune / l'autre distribution)

Vijay Iyer-Linda May Han Oh-Tyshawn Sorey « Uneasy » (ECM / Universal)

Samara Joy « Samara Joy » (Whirlwind Recordings / Bertus )

Vincent Lê Quang « Everlasting » (La Buissonne / PIAS)

Pierrick Pédron « Fifty-Fifty » (Gazebo / l'autre distribution)

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

Léon Phal « Dust to Stars » (Kyudo Records / l'autre distribution)

Veronica Swift « This Bitter Earth » (Mack Avenue / PIAS)

Umlaut Big Band « Mary’s Ideas » (Umlaut Records / l'autre distribution)

Louis Winsberg Trio « Temps réel » (Gemini Records / Absilone)

 

Coups de cœur Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock / Modulor)

Eddie 9V : "Little Black Flies" (Ruf / Socadisc)

Robert Finley : "Sharecropper's Son" (Easy Eye Sound / Bertus)

 

Ont participé aux votes

Commission Blues & Soul

Joe Farmer, Stéphane Koechlin, Jacques Périn, Jean-Michel Proust & Nicolas Teurnier

Commission Jazz

Philippe Carles, Alex Dutilh, Alice Leclercq, Arnaud Merlin, Nathalie Piolé, Xavier Prévost, Jean-Michel Proust & Daniel Yvinek

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Sur le site de l'Académie Charles Cros, le palmarès Jazz, Blues & Soul 2021, avec présentation des disques par les membres du groupe Jazz, Blues & Soul

http://www.charlescros.org/Palmares-2021

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021 

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 12:19
PIERRE FENICHEL QUINTET    FRENCH TOWN CONNECTION

PIERRE FENICHEL Quintet FRENCH TOWN CONNECTION

 

LABEL DURANCE

label durance (label-durance.com)

Frenchtown Connection teaser 1 - YouTube Music

 

Un CD assurément étonnant dès la pochette sombre au graphisme proche du Bauhaus et qui peut rappeler la tension de certains titres du mythique groupe anglais Joy Division; un titre qui joue habilement sur Trenchtown, le quartier musical de Kingston (ska, rock steady et reggae jamaïcains) et French Connection, le film emblématique de William Friedkin sur Marseille, capitale d’un certain banditisme lié à la drogue, dans les années 70. Un autre regard sur la cité phocéenne, bien différent de la vision pagnolesque un peu folklorique, reconnaissons-le, mais toujours très populaire. Citons un extrait des liner notes très précises et soignées:

L’imaginaire marseillais traverse cette musique Frenchtown Connection...Le film m’a fait comprendre que la cité phocéenne avait le potentiel de produire de la narration… Frenchtown rencontre Trenchtown, le quartier de Kingston, une musique se glisse entre deux mondes.”

Pierre Fénichel est un contrebassiste marseillais que l’on connaît ici depuis longtemps ( Compagnie Nine Spirit),  l’un des musiciens du quartet du saxophoniste Raphaël Imbert, aujourdhui directeur du Conservatoire Régional. Après une première expérience en leader avec ce Breittenfeld en 2016, autour de l’altiste Paul Desmond, en trio avec Alain Soler et Cedric Bec, le voilà qui se lance pour son deuxième opus dans une adaptation jazz de la musique jamaïcaine qui a ébloui sa jeunesse dans le quartier ouvrier et isolé (Marseille est tellement étendu) de St Marcel/ La Barasse. Et encore plus épatant, il déjoue les clichés autour de l‘icônique Bob Marley et du reggae, tant la production musicale de cette petite île, un peu plus grande que la Corse, mais bien plus peuplée ( près de 3 millions d’habitants) est étonnante de diversité. Ce n’est en effet pas le reggae que le contrebassiste veut évoquer. Il n’y en a qu’un et il n’est pas de Marley, c’est l’une des deux seules compositions originales sur les 8 titres de l’album qui comprennent donc 6 reprises, réminiscences des premières amours musicales mais aussi des découvertes récentes tant la musique jamaïcaine est riche d’influences métissées.

Enregistré dans les studios du label Durance (Alpes de Haute Provence) dont le guitariste Alain Soler est le directeur artistique, avec une prise de son fluide et rapide, les arrangements de Pierre Fenichel ont la spontanéité de l’original. Lisible et pourtant mystérieuse, cette musique interroge dès le premier titre, cérémonie lancinante qui vous emporte immédiatement, “Bongo Man” de Count Ossie, le premier musicien rastafari à accueillir cette pratique, “un Sun Ra jamaïcain des années quarante”. Retenez ce nom, un autre titre de sa composition nous balade dans l'ambiance d'une “Ethiopan Serenade”

Un autre crooner de l’île est à l’honneur, Ken Booth, un Marvin Gaye de la Jamaïque avec ce “I don’t want to see you cry”  dans un arrangement d’une douceur exquise, une rythmique dansante, un trombone gouleyant qui flirte avec la trompette. On retient instantanément la mélodie. Sans avoir besoin de vocaliste, le quintet est remarquable par la qualité des instrumentistes, l’alliage de leurs timbres: le trompettiste domine sur ce “Simple song” dont la facilité n’est que dans le titre : le son joufflu d’un vrai petit orchestre,  le trombone enjôleur, la guitare impeccable dans ses enluminures et la batterie au rythme combatif.

Si le contrebassiste connaît bien le guitariste Thomas Weirich, Braka le batteur (Simon Fayolle), et Romain Morello le tromboniste ( actuel professeur au Conservatoire), le trompettiste sud africain Marcus Wyatt est la révélation de cet album.

 Dans ses arrangements le contrebassiste fait revivre intelligemment la tradition sans renoncer à l’un des principes directeurs du jazz, laissant la part belle à l’improvisation du groupe dans un cadre aménagé, quelque peu détourné. Le groupe se réapproprie les originaux jamaïcains en changeant rythmes, couleurs et instruments, en opérant un rhabillage neuf et insolite. C’est bien l’oeuvre de jazzmen qui gardent l’empreinte d’une musique aimée, délaissée mais jamais oubliée. Quand elle fait retour, elle a une intensité et une force peu communes.

Le plus bluffant est peut être cet “Exodus” qui n’est pas, contre toute attente, une revisitation en trio (guitare, basse, batterie) du tube de Marley mais une recomposition à la fois nostalgique et épurée (il n’ y a pas d’autre terme, croyez moi ) du thème original d’Edmond Gould qui irrigue continûment le film d’Otto Preminger (1960) d’après Leon Uris.

Entre exercice et hommage, cet album est une vraie réussite,  originale, plaisante et surtout libre. Une découverte pour une Marseillaise native qui, si elle connaissait la French Connection, de la Jamaïque, hormis le reggae, ignorait totalement l’étendue de cette culture musicale insulaire si éloignée de la Méditerranée. Le jazz sait s’en emparer avec aisance. Alors merci Monsieur Fenichel!

 

Sophie Chambon

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 09:36

Vendredi 17 décembre, à 18h, dans Open Jazz sur France Musique

PALMARÈS Jazz, Blues et Soul 2021 de l'ACADÉMIE CHARLES CROS

Les Coups de Cœur Jazz, Blues et Soul, ainsi que les Grands Prix, et le Prix in honorem, décernés dans ces catégories, seront proclamés le vendredi 17 décembre à 18h, sur France Musique, dans l'émission Open Jazz d'Alex Dutilh https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/academie-charles-cros-les-coups-de-coeur-jazz-et-blues-2021

10 Coups de cœur Jazz, 3 Coups de cœur Blues & Soul, parmi lequels ont été choisis un Grand Prix Jazz et un Grand Prix Blues & Soul.

Et aussi un Prix in honorem, décerné cette année au fondateur d'un label indépendant

 

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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 22:03

Guillaume de Chassy (piano), Élise Caron (voix), Arnault Cuisinier (contrebasse), Thomas Savy (clarinette basse, clarinette)

Pernes-les-Fontaines, mars 2019 & Meudon, mai 2020

NoMadMusic NMM 086 / PIAS

 

Il est des artistes qui, en toute circonstance, donnent l'impression d'être en perpétuel pas-de-côté, mais tout en restant au cœur même de leur Art. Guillaume de Chassy, Élise Caron, Arnault Cuisiner et Thomas Savy sont de cette trempe, avec cet incroyable talent de métamorphoser en pépites des musiques que l'on aurait crues ternies par le temps. Des emprunts aux répertoires d'Yves Montand, Danielle Darrieux, Suzy Delair, Charles Trenet ; mais aussi des versions purement instrumentales de Bill Frisell ou Prokofiev -tuilé de Bill Evans- (avec clarinette basse et contrebasse, le tout traité comme si c'était du Schubert), de Trenet (L'Âme des poètes , en piano solo), pour conclure avec un lied de Schubert (mais sans la voix), manière de circonscrire le lieu d'où l'on s'exprime. Élise Caron est impériale, sur le fil de l'émotion, mais en pleine maîtrise de l'expression. De ces chansons marquées par des versions princeps qui les rendraient intouchables (mais aussi, pour L'Étang, une histoire balisée par une version de Blossom Dearie), la chanteuse-comédienne (ou comédienne-chanteuse, tant ces talents chez elle se confondent) fait son miel, ou plutôt son mercure, fascinant d'éclat, chatoyant, fluide, et vénéneux quand il s'insinue. Loin du jazz ? Pourquoi pas, et pourtant la liberté de phrasé, et la qualité de l'écoute interactive, nous plongent au cœur même du mystère qui préside à cette musique. Dans le livret du CD, Guillaume de Chassy écrit : «Nous avons peu répété, nous abandonnant face aux micros au risque de l'instant présent. Nous avons souhaité cette fragilité, marchant main dans la main au-dessus du vide». Tout est dit. Le résultat est d'une confondante beauté.

Xavier Prévost

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En concert le 26 janvier 2022 à Paris au Bal Blomet

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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 18:18

Avec un peu d’avance sur le calendrier, le Sunset engagera ce 17 décembre les festivités de son 40 ème anniversaire avec une programmation ouverte et diverse, signature de la ligne artistique du club de la Rue des Lombards, devenue au fil des ans l’équivalent parisien de la 52 ème rue de New York à la belle époque.

La date de naissance exacte de ce temple du jazz reste inconnue mais c’était bien en 1982, assurent Stéphane Portet, actuel « boss » du club, et son père, le fondateur, Jean-Marc. Pianiste renommé, spécialement apprécié des vocalistes, Olivier Hutman, fut l’un des premiers à se produire au Sunset, alors réputé pour promouvoir le jazz-rock et la fusion.
 
Avec l’arrivée en 1993 à la direction artistique de Stéphane Portet, l’offre musicale s’élargit à tous les courants du jazz, désormais proposés sur deux scènes à la même adresse (60, rue des Lombards) Aujourd’hui, ce sont plus de 750 concerts qui sont programmés par an pour une fréquentation  évaluée à plus de 60.000 passionnés.

 

Quand on l’interroge, Stéphane Portet cite d’entrée de jeu Didier Lockwood (1956-2018) comme « le musicien qui a le plus marqué l’histoire du club », tenant la scène jusqu’à un mois d’affilée dans des formations et des styles différents. Mais le Sunset-Sunside tire aussi sa fierté de consacrer 80 % de sa programmation à des artistes français. Des jazz(wo)men qui seront à l’affiche dès le 17 décembre pour souffler avec anticipation les 40 bougies du club que ce soit des habitués des lieux (les frères Belmondo, Aldo Romano, Géraldine Laurent, Pierrick Pedron, Laurent de Wilde…) ou des nouvelles voix du jazz vocal (Camille Bertault, Cécile Recchia, Estelle Perrault…), aux côtés de confrères européens (Stefano di Battista, Giovanni Mirabassi) ou américains (Eddie Henderson, Jorge Rossy, Leon Parker…).

Le Sunset-Sunside, qui a comme beaucoup de clubs subi le choc du Covid 19 (une année de fermeture), se prépare à fêter comme il se doit ses 40 ans en 2022 avec un concert au voisin Théâtre du Châtelet (le 28 janvier) proposant quelques pointures : David El Malek, Etienne MBappé, Rhoda Scott et son Lady All stars, Jacky Terrasson, Jean-Jacques Milteau, Yaron Herman, Sylvain Luc et Stéphane Belmondo.

 

Jean-Louis Lemarchand

 

Sunset


©shot Jean-Baptiste Millot

 

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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 16:29

 

Kevin Norwood (voix, textes, composition), Rémi Ploton (piano, claviers, effets), Sam Favreau (contrebasse), Cédrick Beck (batterie, percussion numérique, effets)

Lieu et dates non précisés

Onde Music OND9 / Inouïe Distribution

 

Kevin Norwood poursuit une aventure musicale très singulière, frappée au coin de l'exigence musicale et de l'ambition artistique : ambition largement réalisée, et qualité musicale du plus haut niveau. Le chanteur était dans une première vie musicale saxophoniste, et cela s'entend dans la ductilité de ses phrases, la pertinence de ses ornementations, et la folle cursivité de certains de ses élans. Le disque n'est pas celui d'un chanteur accompagné, mais celui d'un groupe de jazz, en totale interactivité, en parfaite osmose. Le chanteur est aussi un compositeur, fervent adepte des sinuosités harmoniques, des chromatismes audacieux, et des intervalles distendus. Le compositeur œuvre sur ses propres textes, en Anglais (l'une de ses deux langues d'origine), textes richement évocateurs dont la musique épouse la prosodie singulière d'une manière presque miraculeuse. La voix se faufile avec une agilité confondante d'un registre à l'autre, sans perdre jamais ni la singularité de son timbre, ni sa formidable expressivité. Ses partenaires sont toujours en dialogue, et plus que cela, en parfaite connivence. Une reprise de Joni Mitchell, Both Sides Now, complète admirablement ce répertoire d'une exceptionnelle qualité. Depuis le disque «Reborn» (AJMI Series, enregistré en 2013) et quelques concerts auxquels j'ai assisté (notamment, en 2019, à l'un de ceux qui rôdaient ce nouveau répertoire, élaboré dans le cocon du Petit Duc d'Aix-en-Provence), ce musicien-chanteur-auteur-compositeur et improvisateur m'épate. Et c'est encore le cas avec ce qui est pour moi un GRAND disque.

Xavier Prévost

 

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