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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 23:55

quinte-et-sesn-copeaux.jpg
Mad Recordz - 2009

 

Xavier Bornens (tp), Olivier Py(sax), Claide Whipple (g), François Fuchs (cb), Aidje Tafial (dr)

C'est un peu honteux de n'avoir pas recenser  Copeaux  sa sortie en 2009. Car ce nouvel opus de Quinte et Sens, le groupe du guitariste Claude Whipple fondé en 196, est purement excellent. Tous simplement.
Le 07 octobre 2009, jour du concert de la sortie du disque, nous étions au Studio de l'Ermitage à Paris où Claude Whipple avait remercié Renée, la propriétaire d'une ancienne menuiserie appelée "Les Copeaux", qui servait de lieu de répétition à Quinte et Sens et d'atelier de découpage d'une fresque de 16 mètres carré en 1024 morceaux de métal qui finirent par faire partie intégrante du packaging cd; l'ensemble pesant 350 grammes... Voilà le genre de clin d'oeil humoristique auquel il faut s'attendre avec Claude Whipple et sa musique.
Or, longtemps après avoir laissé trainer Copeaux dans une pile de cds interminable, tout en nous rappelant quotidiennement ô combien ce cd nous plait et qu'il faut en parler sur les DNJ, je finis par l'extirper de la dite pile pour déposer sa galette sur ma platine. C'etait la semaine dernière. Et le verdict fût plus que fatidique: le thème de "Sur un radeau" se rappela à notre excellent souvenir, comme celui d'un morceau que jl'on a toujours connu. On s'interroge alors très justement à son sujet :"qui a écrit ça?". Tiens, Whipple. Ce n'est donc pas un standard! ou une reprise. Bon… (la honte m'assaille).
Et c'est pareil pour le reste: la suite orientale "Arena" explose à nos oreilles, les morceaux à tiroirs comme "Suite en "n" parties" nous rappelle les moments zappaiens de notre adolescence, qui se prolongent encore et toujours en partie grâce à Whipple. Sur cet opus, on y entend: du King Crimson, du Grateful Dead, des orchestrations à la Zappa, une ambiance rock à la Rita Mitsouko, Freddie Hubbard en la trompette de Xavier Bornens, du jazz et du rock solides et très bien écrits, des improvisations renversantes d'Olivier Py, des soli de guitare rares mais enlevés - du genre guitar-hero et parfois essayistes - transitoires aux changements de tempi, des mélodies dirty ou gracieusement effilochés, une idée nouvelle à la minute, des sonorités riches et inavouables...
Bref, un univers très riche, vibrant, enjoué, drôle et unique qu'il faut découvrir.

 

Jérôme GRANSAC

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 22:10

 

Columbia 1972-1979

Coffret de 7 Cd’s

stan getz
 

A la veille de célébrer les 20 ans de la disparition de Stan Getz en juin, Sony Music a la bonne idée de rééditer, dans un coffret de 7 Cd’s, l’intégrale des enregistrements réalisés par le saxophoniste entre 1972 et 1979 pour le compte de Columbia. 7 années de parenthèses où la grande maison chercha, dans la folie de la fusion éthérée du jazz et du rock qui secouait la scène du jazz à l’époque, à remettre le pied à l’étrier de celui que l’on surnomme «  The Sound », le plus fidèle héritier de Lester Young. Sans doute les arrières pensées commerciales n’étaient elles pas absentes dans ce souhait d’utiliser le filon «Getz », jazzman universellement populaire tout en le mettant à un goût du jour plus jeune et plus moderne.

Alors que l‘esthétique dominante était en effet électrique avec Miles Davis, avec Return To Forever, avec Weather Report ou encore John Mc Laughin, le pari de ce come back était risqué tant la musique de Getz semblait éloigné de cette esthétique. C’était sans compter sur le fait que la génie de Stan Getz le rendait capable de jouer à peu près tout ce qu’on lui proposait avec un lyrisme qui pouvait topt transcender, tout magnifier. Sans s’approprier tout à fait les codes de ces musiques modernes, le jeu et la sonorité de Stan Getz, ce grain au velours sensuel pouvait à lui seul mettre dans le (son) rang toute les formes musicales plus ou moins proches du jazz. Il y a du caméléon chez Getz tant le saxophoniste semble en effet incarner à lui seul l’instrument, le sax ténor.

 

Et le premier de ces enregistrements est d’emblée un coup gagnant (quoiqu’éphémère) avec ce « Captain marvel », groupe constitué avec l’ossature de Return To Forever. Parenthèse pour son meneur, Chick Corea qui ne poursuivra pas loin l’aventure mais expérience superbe où le saxophoniste s’approprie les nappes sonores du clavier et de la rythmique surexpressive menée par Tony Williams.  Entre jazz-rock et thèmes hispanisants (The Fiesta), Getz semble être là comme dans son jardin. La sensualité de son verbe est exhalée. Mais malheureusement l’expérience ne sera pas prolongée très longtemps, le pianiste préférant poursuivre son chemin autrement.

Pourquoi ne pas alors utiliser les bonnes vieilles recettes. Puisque la piste du jazz fusion semble se dérober, Getz, poussé en cela par sa maison de disque décide de ré-ouvrir, 3 ans après cette expérience, la page de la Bossa-Nova qui fut l’une de ses plus fructueuses (auprès du grand public s’entend). Retrouvailles donc avec Joao Gilberto. Mais retrouvailles un peu réchauffées dans lesquelles Getz aurait pu se perdre dans l’inévitable exploitation du filon «  grand public ». La magie opère quand même mais on pourrait s’enfermer dans un easy listening un peu trop marketé si Getz justement ne restait vigilant à éclairer de sa magic touch, toutes ses interventions. On est en 1975.

La même année se produit, toujours en studio une rencontre sublime, celle avec le pianiste Jimmy Rowles. Langage et histoire totalement partagés. A 57 ans le pianiste, digne héritier de Teddy Wilson et de Hank Jones apporte une grande fraîcheur dans la lecture du jeu de Stan Getz et leur complicité est évidente. Un peu de celle que l’on retrouvera plus tard entre Getz et Kenny Barron.  Stan Getz et Jimmy Rowles restent tous les deux sur leur terrain, celui des standards magnifiés (avec notamment un Body and Soul renversant) et ajoutent une composition absolument sublimissime de Jimmy Rowles, The Peacocks. On aurait pu allègrement se passer en revanche des interventions vocales de John Hendricks qui vient pousser quelques refrains pas toujours essentiels et parfois même très évitables comme cette version de Rose Marie d’opérette qui vient un peu gâcher l’esprit de ce magnifique album.

Quelques jours auparavant Stan Getz était entré en studio pour graver un autre album avec 4 titres et un autre pianiste, Albert Dailey.

Le reste du coffret est plus anecdotique et moins plaisant. Ca se gâte un peu et cela donne un peu l’impression de quelques errances. En 1977, « Another World » album signé avec le pianiste américain un peu oublié, Andy Laverne se réessaie parfois à l’électrique. Getz y bidouille les effets de type « delay ». L’année suivante c’est un grand orchestre que rencontre le saxophoniste sous la baguette du célèbre compositeur argentin d’Hollywood Lalo Schiffrin. Si certaines de ses compositions continuent de faire mouche, d’autres en revanche qui ne sont pas de sa plume, vieillissent mal comme cette version de Don’t cry for me argentina ( composé par  Andrew Llyod Weber pour Eva Peron) qui à l’époque pouvait peut être trouver pour le compositeur Argentin, un écho politique mais qui n’a plus guère de résonnance aujourd’hui.

Dernière pierre à cet édifice, un enregistrement de 1979 beaucoup plus anodin réalisé par Stan Getz en Hollande sous l’égide d’un jeune compositeur de 27 ans, Jurre Haanstra qui débutait alors une carrière de compositeur de musique de film. Une orchestration d’assez mauvais goût qui évoque les orchestres à cordes  rend l’album très très moyen, voire kitchissime. Sauf que là, comme toujours Getz trouve le moyen de se créer ses espaces qui sont toujours l’occasion de quelques enveloppées sublimes de Stan Getz.

 

Et c’est bien là la magie et la force de Stan Getz, celle de réunir autant les afficionados et autres Getzophiles (dont je fais partie) que les néophytes, ceux qui ne connaissent pas vraiment le jazz et à qui, lorsqu’ils demandent «  qu’est ce que tu peux me faire écouter pour découvrir le jazz » on passe toujours du Stan Getz parce que l’on est sûr de rallier les suffrages universels, de faire l’unanimité, de mettre dans le mille. Car avec Getz même avec le plus kitsh des écrins :  tu meurs toujours. Le son te fait mourir comme s’il s’agissait de la projection de la voix et du sentiment incarné. Le « verbe » en quelque sorte. Le lyrisme de Stan Getz s’enveloppe de ce grain de son, de ce « palpable » émoi, de cette suavité à faire tomber les femmes jeunes et moins jeunes, à faire aimer ou pleurer. C’est ce qui rend le saxophone ténor de Stan Getz auquel il est resté fidèle, indispensable à l’histoire du jazz. Magnifiant les plus belles mélodies. Et même les moins belles.

 

Et quoique l’on en dise, ce coffret aura le mérite d’en apporter une belle démonstration. Quel qu’en soit le contexte. Quels que soient les mondes de Stan Getz.

Jean-marc Gelin

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 12:21

 

Aux DNJ nous avons beaucoup aimé « In Extremis », le deuxième album de la chanteuse Clotilde Rullaud sorti il y a quelques semaines (après un premier disque auto-produit enregistré en public aux Sept Lézards en 2006). La démarche artistique, l’originalité du propos, ainsi que la conception vocale, littéraire et musicale (avec un formidable groupe cohérent et soudé), nous a franchement séduit et nous a donné envie de rencontrer cette passionnante chanteuse avant son concert au Studio de l’Ermitage à Paris le 20 avril.

Propos recueillis le 22 mars 2011 par Lionel Eskenazi.

 

DNJ : Tout d’abord j’aimerais que l’on parle de ta formation musicale, de ton apprentissage du chant et du registre de ta voix.

C.R : J’ai une formation de flûtiste classique que j’ai pratiqué pendant de nombreuses années. J’ai toujours aimé chanter mais je ne le faisais qu’en privé. Ce sont des amis musiciens, qui après m’avoir entendu chanter, m’ont poussé à explorer ce domaine là, car personnellement je n’avais pas tellement confiance en moi et je ne me voyais pas spécialement comme une chanteuse. J’ai pris des cours de chant jazz avec Sarah Lazarus qui est une excellente pédagogue et qui m’a appris à improviser. Sarah, qui est une ancienne saxophoniste, m’a fait remarquer que j’improvisais comme une flûtiste et que je me servais de la colonne d’air de la même façon, ce qui fait que mon registre de voix est typiquement mezzo et très proche de la flûte classique en ut. J’ai ensuite étudié le chant classique en mettant en avant les techniques d’hygiène vocale qui permettent de se protéger et d’être précautionneux avec sa voix.

 

DNJ : On entend clairement dans ton album des influences brésiliennes, africaines, argentines et même indiennes. D’où vient cette ouverture aux musiques du monde ?

C.R : J’aime chanter des mélodies et des paroles venant de différentes cultures et j’y ai été initié par la chanteuse ethno-musicologue Martina Catella, qui a décortiqué les différentes techniques des chants du monde et me les a enseignées. Il s’agit de pouvoir exploiter et d’étendre toutes les possibilités du corps pour déformer et tirer la voix dans tous ses retranchements. La voix a une place à part dans chaque région du monde en fonction des spécificités socio-culturelles, des croyances et des religions, elle est souvent liée au message divin, à une idée d’élévation, d’ascension de l’âme comme dans les chants religieux. Ces voix éthérées et allégées ne rentrent pas en résonnance dans le corps contrairement aux chants païens, où l’on recherche la résonnance corporelle comme lien avec la terre, la mère nourricière. Martina m’a ouvert les yeux sur ces différentes techniques et sur la façon de les approcher sans s’abîmer la voix.

 

 

In-Extremis-Portrait-C-Rullaud1-BDcCecil-Mathieu.jpgClotilde Rullaud © Cécil-Mathieu

 

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 20:47

“Hymne à la nuit”

La Buissonne 2011

 

 

Au départ il y a l’envie de monter un projet avec Pierre Cao en rassemblant trois univers totalement différents : celui du trio Cholet-Kanzig-Papaux (dont les DNJ ont souvent fait les louanges - link), celui de la chanteuse Elise Caron et enfin celui de la chorale Arsys Bourgogne dirigée par Pierre Cao

Jean-Christophe-Cholet-Hymne-A-La-Nuit.jpgPour fédérer ces trois bases à la personnalité musicale totalement différente, Jean-Christophe Cholet a choisi de créer son projet autour du thème de la nuit et des textes sublimes de Novalis (1772-1801, ses Hymnes à La Nuit) et ceux du célèbre poète autrichien Rainer Maria Rilke (1875-1926, Poèmes à la Nuit).

Le piège que le pianiste- compositeur parvient admirablement à éviter, aurait été de tomber dans une ténébreuse crépuscularitè à laquelle le thème invite forcement. C'est plutôt une atmosphère fantomatique qui est ici dessinée. Un clair-obscur entre la masse orchestrale du choeur et la voix envoûtante d'Elise Caron qui porte admirablement le texte. Y adjoindre un trio avec basse et batterie est un vrai défi qui ne fonctionne pas toujours. Il faut ainsi entendre comment sur Equinoxe, Marcel Papaux y doit déployer de vraies prouesses pour apporter un drumming tout en finesse sur la densité orchestrale. Tour de force qui ne va pas réellement de soi et qui semble épuisant.

De même que l'utilisation des choeurs qui est souvent mise en avant plus pour sa sonorité qu'en tant que porteuse d'harmonies distinctes. Mais l'osmose opère parfois et contribue à nous plonger dans un univers aux contours mystérieux.

L'oeuvre est d'une grande exigence musicale, très complexe par ses atonalités et sa logique harmonique. Il faut alors être parfaite lectrice pour se l'approprier ainsi que le fait Elise Caron.

Cette commande d'Etat est certainement conçue pour faire l'objet d'une représentation publique dans un format "concertant". Le passage en studio est plus délicat dans la gestion des équilibres et c'est un nouveau tour de force qui émerge, celui de Gerard de Haro dont on se dit que le travail de prise de son n'a pas du être des plus aisé.

Charme certain. Certain charme que cet onirique voyage dans le monde de la nuit flirtant entre jazz, musique contemporaine et classique. Prise de risque totale. Intéressante audace musicale.

Jean-marc Gelin 

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:40

Aphrodite Records - 2011

Sylvain Del Campo (alto sx), Manu Codjia (gt), Juan Sébastien Jimenez (cb), Matthieu Chazarenc (dr)

sylvain-del-campo-isotrope.jpg 

L’expressivité devenue légendaire du langage musical du saxophoniste Sylvain Del Campo nous est offerte pour la quatrième fois dans un disque submergé de passion pour un Jazz résolument moderne.

« Isotrope » commence par une ambiance étrange, alliée à un thème efficace donnant son titre au nom de l’album, sous forme de clin d’œil aux grandes années de Joe Henderson. Après deux premières compositions plutôt Bop, c’est par une joute arabisante que ce poursuit l’album, une légère évocation de l’univers musical oriental, Marrakech Express. Toujours sous la forme très contemporaine d’un Jazz immortel, chaque thème se découvre un point commun, une sinusoïdale mélodique toujours emplie de cohérence, parfois se divisant pour faire mieux régner un savant contrepoint. Comme toujours, la sonorité extrêmement travaillée de la guitare de Manu Codjia ne dénature en rien l’acidité de son phrasé ravageur, et surtout, la redoutable notion de groove qui émane de chacune de ses notes. Un pur régal. A noter aussi la formidable association des deux rythmiciens qui encadre les deux solistes. Une association sans équivoque, sans concession, et en permanence au service du swing et de la créativité des autres. Le Blues est là aussi, présent dans chaque recoin, prêt à surgir, comme en témoigne ce flagrant Blues mineur, Miss Hind. Ce groupe véritablement ancré dans la grande lignée des quartets guitare-sax se révèle être porteur d’un travail acharné de son créateur, et un goût incommensurable pour le choix de ses acteurs. Difficile de trouver de quoi être déçu, tant l’esthétisme et la précision du phrasé improvisé de Sylvain Del Campo nous rappelle celle d’un Kenny Garrett des grandes heures, c’est-à-dire aux portes d’une réelle maturité de jeu. Folie démesurée d’un artiste hors-norme.

Tristan Loriaut

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:31

Cristal Records / Harmonia Mundi Distribution - 2011

Denise King (vc), Olivier Hutman (pn), Olivier Temime (ten sx), Darryl Hall (cb), Steve Williams (dr)

 

denise-king-olivier-hutman-no-tricks.jpg

 

Issu d’une collaboration sans faille, l’album « No tricks » est le nouvel album de la surprenante diva américaine Denise King aux côtés du pianiste français Olivier Hutman. Réunis autour de quelques standards incontournables allant de That Old Black Magic à September Song, en passant par Nuages et All Blues, ou bien encore Besame Mucho, c’est à la fois sur des compositions originales du pianiste que les musiciens de ce quintet magique évoluent avec passion. On reconnaitra d’ailleurs la touche subtile de l’arrangeur, teintée de Blues chaloupé, de Soul régénératrice et surtout de Jazz indémodable. Et comment oublier la présence si importante de musiciens tels que Darryl Hall à la contrebasse, Steve Williams à la batterie et Olivier Temime au saxophone ténor. Sans leur savoureux concours, rien ne serait évidemment possible tellement la justesse de leur soutien transparait sur chacun des titres. Il faut dire que ce soutien met en valeur la chaleureuse voix de Denise King, toujours au summum d’une sensualité de tous les instants. Et cela sans faire d’ombre à la réplique donnée par Olivier Hutman, qui use d’un phrasé improvisé toujours aussi lyrique qu’inventif. Il s’agit là bien sûr du talent d’un savoir-faire inépuisable qui respire tout au long de ce disque empli de clins d’œil aux traditions du Jazz. De véritables esthètes. En témoigne aussi les jolis clichés de la ville de Philadelphie arborant l’album et sa pochette, qui n’est pas non plus sans rappeler l’éternelle origine urbaine de ce style de Musique. Par ailleurs, la courte durée de chaque morceau implique le bon goût d’un swing incommensurable que ce format impose. Après une telle expérience sonore, il est évidemment permis de se demander si un autre fruit de cette productive collaboration verra le jour.

Tristan Loriaut

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:25

Dixie Frog - 2011

Eric Bibb (vc, gt), Staffan Astner (gt), Glen Scott (vc, pn, perc), André De Lance (vc), Paris Renita (vc), Trevor Hutchinson (bass), Per Lindvall (dr)

eric-bibb-troubadour-live-live.jpg

Ayant habité Stockholm pendant plusieurs années, c’était presque devenu une évidence pour Eric Bibb d’y partager sa Musique avec les musiciens du coin. Sur ce nouvel album du guitariste à la voix suave, on peut y découvrir un artiste remarquable en la personne de Staffan Astner, qui enflamme sa Fender Telecaster à chacune de ses notes. Cet album « Troubadour, Live » d’Eric Bibb est d’ailleurs à la base une histoire d’amitié avec Katalin, propriétaire d’un club situé à Uppsala en Suède. Une fois passé le discours de présentation de cette dernière, le concert commence en solo par une douce Folk-Song aux reflets ambrés et annonce tout de suite la couleur acoustique des minutes qui suivent. L’ambiance étant installée de façon très intime et conviviale, la représentation se poursuit par divers Blues et non des moindres. New Home se révèle être intense de passion. Troubadour provoque un bonheur démesuré. Toujours dans un certain esprit « unplugged » qui caractérise les six premiers morceaux du disque, chaque chanson est interprétée avec sensibilité et profondeur. En témoigne cet autre blues sulfureux, Walkin’ Blues Again, où le soliste suédois nous offre comme à chacune de ses apparitions le son raffiné de sa guitare. Le duo est ensuite rejoint pour quatre titres par le groupe de gospel Psalm4, avec Glen Scott à la voix, au piano et aux percussions, André de Lange et Paris Renita aux voix. La convivialité du moment atteint son summum lorsque ces voix s’entremêlent pour le plaisir des oreilles dans New World Comin’ Through et For You. L’album se termine par une apparition au Festival Jazz du Parc Floral de Vincennes en Juin 2010, où pour l’occasion s’étaient réunis le même Staffan Astner, prodige de la guitare Blues et d’autres compagnons de route d’Eric Bibb, en la personne de Trevor Hutchinson à la basse et Per Lindvall à la batterie. Pour finir, cette joyeuse équipe nous interprète un medley contenant une composition de Curtis Mayfield, People Get Ready, ainsi qu’une autre chanson d’Eric Bibb, Get Onboard. Une nouvelle fois, cet artiste au cœur tendre nous prouve avec son œuvre sa capacité à réunir les gens autour de la passion pour la Musique de Blues, à jamais immortelle.

Tristan Loriaut

 

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:17

Bee Jazz Records / Abeille Musique Distribution - 2011

Majid Bekkas (guembri, oud, gt, vc), Ablaye Cissoko (kora, vc), Khalid Kouhen (perc, vc)

majid-bekkas-mabrouk.jpg

 

Pas si loin du Jazz et de sa consistance si particulière, « Mabrouk » est le dernier disque en date de l’artiste Majid Bekkas. Il est accompagné cette fois encore de belle manière par deux autres magiciens du son en la personne de Ablaye Cissoko à la kora, dit « le griot rouge », et de Khalid Kouhen aux percussions, l’ami de longue date. Le musicien marocain utilise son instrument de prédilection, le guembri, comme porte-voix pour transmettre toute la poésie qui l’habite. Cette poésie est d’ailleurs mélangée aux douces sonorités de la kora, parfois aux aquatiques résonnances de tablas, pas si musicalement étrangères (dansMabrouk), ainsi qu’au lyrisme gnawa de l’oud (dans Masmoudi). Dans son entièreté, l’album nous fait ressentir d’agréables sensations de voyage au-delà des frontières culturelles de chacun de ses participants. Le répertoire qui y figure est fondé sur une savante alternance entre compositions de Majid Bekkas et thèmes traditionnels. Il faut signaler aussi la présence d’un autre jeu de l’alternance avec à la fois des chansons interprétées par le compositeur lui-même, la réplique étant souvent donné par des chœurs, et à la fois une succession d’improvisations mettant en scène chaque instrument. Ce magnifique opus nous laisse imaginer une réunification musicale entre le nord et le sud du Sahara, en témoigne la volonté du griot sénégalais Ablaye Cissoko à faire sonner son instrument de façon maghrébine comme par exemple dans Bala Moussa. Il est possible aussi de succomber au plaisir d’entendre la gracieuseté d’une guitare acoustique au son clair et rayonnant, accompagnant la voix de Majid Bekkas sur les paroles de Touré Kounda de Salya. Ce voyage onirique africain touchant à sa fin, l’album se clôture par un Hommage aux ancêtres rempli d’émotion, où résonne par un talent immense la voix de la transmission des traditions de cet artiste marocain incontournable.

Tristan Loriaut

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:10

Le Chant du Monde - 2011

Claude Tissendier (clar), Romain Brizemur (gt), Luc Desroy (gt), André Bonnin (cb)

tissendier.jpgUn hommage supplémentaire au plus grand des guitaristes de Jazz originaire de France, Django Reinhardt, sans qui la Musique du vingtième siècle serait orpheline. Mais cet hommage tient une position particulière puisque ses instigateurs, Claude Tissandier et Romain Brizemur, ont choisi de retrouver le timbre si particulier du quintet du Hot Club de France lors de l’association entre Django et un autre musicien remarquable, le clarinettiste Hubert Rostaing. Le renoncement du « tout cordes » ayant fait son chemin auparavant, c’est donc de 1940 à 1947 que ces deux monstres sacrés ont collaboré ensemble au sein d’un quintet remanié. L’héritage de cette période demeurant aujourd’hui intact, le quartet du clarinettiste Claude Tissandier nous offre un répertoire de compositions qui sont pour la plupart le fruit du travail de Django Reinhardt, certaines étant co-écrites par Stéphane Grapelli, le compagnon de toujours. On y trouve les thèmes les plus célèbres, de Djangologie à Minor Swing, en passant par Nuages ou Belleville, sans oublier l’éternelle Douce ambiance. Chaleur d’un lyrisme fluide et efficace, le jeu du clarinettiste Claude Tissendier est résolument généreux, offrant un agréable sentiment de bien-être sur chacune des apparitions de son vibrato. Romain Brizemur est quant à lui tout à fait à la hauteur de sa nouvelle réputation. Il nous donne une approche moderne et audacieuse de l’improvisation manouche à la guitare électrique, usant d’un phrasé clair et dégagé de toute imitation. Il faut aussi bien entendu citer la présence de rythmiciens hors-pairs en la personne de Luc Desroy à la guitare et André Bonnin à la contrebasse, qui connaissent tous deux leur moment de gloire sur Swingtime in Springtime. C’est d’ailleurs autour d’une « rêverie » de Claude Debussy arrangée par Django que les compères sont réunis sur ce disque par cette passion inépuisable pour la Musique de Jazz d’autrefois.

Tristan Loriaut

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 08:01

Music Unit 2011 ( distrib Hamonia Mundi)

Remi Sciuto (sax, clav, vc), Antonin Leymarie (dms), Antonin Rayon (clav), Fred Pallem (g, b), Nicolas Mathuriau (perc), Boris Boulbil (calv)

 Wildmimi album180

Certes on entre bien dans cet album un peu comme on entrerait dans un  opera-pop-rock un peu fantasque, avec une couleur parfois 70's derrière laquelle on imagine que va débouler un Roger Daltrey. Il y a de l'humour là-dedans à l'instar de ce titre ( " rêve et fantasme d'une chaussure ordinaire"), des évocations, des tableaux et des mouvements ( tant mieux s'agissant d'une chaussure). C'est baroque et parfois même un peu "pompier".  On déambule, on semble sortir d'un magasin clinquant, on effleure la peau.

L'empreinte de Zappa est forte et l’on imagine l'album mis en image par un Tim Burton ou porté sur les planches par  un chorégraphe déjanté tant la dimension scénique est évidente et demande plus que de la musique. Car si le soin extrême porté aux compositions et aux arrangements est évident et donne à penser la pièce dans sa globalité plutôt qu'au travers de chaque titre, il n'en reste pas moins que cela manque effectivement un peu de jeu. On peu difficilement chroniquer cet album dans la rubrique jazz puisque le mot d’ordre de cet « Antigroove Syndicate » s’en situe volontairement aux antipodes. Du coup les musiciens servent l'oeuvre (ambitieuse) en oubliant un peu de se servir eux-mêmes.

Reste pourtant le charme de cette déambulation baroque et fantasque.

Jean-Marc Gelin

 

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