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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 08:54

Obliqsound 2011

Gretchen parlato (vc, perc), Taylor Eigsti (p), Derrick Hodge (cb), Kendrick Scott (dm), Dayna Stephens (g) vc), Alan Hampton (g, vc), Robert Glasper (fder)

 

GretchenParlato_TheLostAndFound.jpg 

Avis partagé sur le dernier album de Gretchen Parlato.

Au chapitre de ce que l'on aime, il y a assurément cette fausse fragilité de la chanteuse, cette indicible fêlure, frêle esquisse de filet de voix. Mais avec un énorme background musical et un placement vocal exceptionnel. Il y a chez la chanteuse quelque chose qui la rapproche de Wayne Shorter. Des évanescences subtiles. Pas étonnant d’ailleurs que Herbie Hancock la porte aux nues. Pas étonnant non plus de la voir reprendre régulièrement des thèmes issus du répertoire de Shorter (ici Juju, dans le précédent album, ESP). Lorsque l'on entend la chanteuse reprendre du Simply Red, comme ce Holding back the years, il se passe assurément quelque chose. La chanteuse cherche en effet une musicalité bien au-delà de la simple mélodie pour faire résonner les accords autrement comme sur Better Than ou sur Circling où la chanteuse semble se moquer du tempo pour créer son propre espace. Éloge de la lenteur. Et en ce sens c'est effectivement une vraie chanteuse musicienne. Une de ces chanteuses qui ressens le feeling de la musique.Ce qui est aussi le cas dans sa version de Blue In Green .


La voix est importante, le texte  l’est du coup beaucoup moins.

Au point que ( et c’est à ranger au chapitre que l’on aime moins) l'on peut être parfois agacés de l'entendre susurrer jusqu'à l'inaudible, des mots parfois à peine prononcés, comme des esquisses de souffle. Ce qui ne manque pas de donner un petit côté précieux à la chanteuse qui semble se donner l’air de ne pas vouloir trop y toucher. Les arrangements signés Robert Glasper lui rendent le meilleur mais aussi parfois le pire. Dans le pire il y a ce côté lounge hyper marketé pour club branché à l’heure de l’after dans un décor hyper moderne au  look fluo chic. Ça sent un peu le cocktail pour jeune BCG du côté du 8ème arrondissement de Paris….( ex sur In a dream remixou sur All That I can). Peut-être cela tient il au fait que la chanteuse semble peu communiquer avec les musiciens, à la différence de ce qu’elle faisait dans son précédent album où l’apport de Lionel Loueke était essentiel.

Il faut certainement entendre la chanteuse en live pour se rendre compte de ce qu’elle est vraiment et peut être se faire une opinion plus tranchée. Ceux qui étaient au New Morning la semaine dernière en sont en tous cas ressortis éblouis par la chanteuse. C’est bien la preuve…..

Jean-Marc Gelin

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 08:38

Prova records 2011

liebman-BJO.jpg

 

 Le Brussels Jazz Orchestra même sans Bert Joris, ça reste le BJO ! Un de ces big band magnifique à la dimension du feu Vienna, du Metropol ou encore du NDR. Un de ces big band de très grande classe où règnent les soufflants ( dans une facture classique avec une section de 6 saxs, 4 trompettes et 4 trombones). De quoi offrir à Dave Liebman une mécanique bien huilée, comme une sorte de piste de lancement de luxe. Imaginez que Dave Liebman soit un champion de la course automobile genre Michael Shumacher. Imaginez que le Brussel jazz Orchestra soit une sorte de Ferrari luxueuse et puissante. Imaginez aussi qu’un dessinateur de génie ait tracé une route superbe, dégagée de tout obstacle et vous aurez une idée à peu près précise de cet enregistrement public réalisé en 2006 en Belgique.

Le BJO et Dave Liebman s’étaient rencontrés 3 ans auparavant. Rencontre entre pros. Peu de répétition. Liebman qui arrive un jour avant un concert et trouve avec cet orchestre des musiciens d’un niveau incroyable, immédiatement au top. De quoi susciter de poursuivre l’aventure à partir des compositions du saxophoniste.

Et ce qui frappe d'emblée dans cet exercice « live » c'est que la puissance de l'orchestre rivalise avec l'incroyable puissance de Liebmann, véritable force de la nature. Au point que l'on ne sait plus qui de la guest star ou du large ensemble est le moteur de l'autre.  L’engagement  de Dave Liebman semble ainsi tirer à lui seul le big band, le galvaniser. De quoi donner des ailes aux différents solistes comme  Franck Vaganée littéralement dynamité à l’alto ou un Pierre Drevet étincelant à la trompette. Le tout dans une veine très Ellingtonienne ( pas un hasard si l’album s’achève d’ailleurs sur un superbe In a sentimental mood). Le début de l’album est pourtant assez académique avec des arrangements assez classiques. Mais rapidement on entre dans les choses sérieuses avec un MD, une des toutes premières compositions de Liebman enregistrée en 75 dans l’album « Lookout Farm » ( ECM) ou encore Papoose tiré de l’album que Dave Liebman avait consacré à sa fille ( « Songs for my daughter »). Morceau majeur de cette rencontre un Portrait of Dorian gray aux couleurs plus sombres, aux harmonies plus complexes et enfin un Move on some dans la pure tradition des Big Band lancé à donf’. Arrangements de luxe ( Georges Grunz, Chuck Owen, Bill Dobins, Tom Boras, JC Sanford, Ed Summerlin) et dirigé de main de maître par Franck Vaganée qui parvient à maintenir ce triple équilibre entre Dave Liebman, la masse orchestrale du big band et l’émergence de ces formidables solistes.

 

70 minutes de pure plaisir. 70 minutes où Dave Liebman serpente parmi les 18 musiciens, à la fois au devant et moteur de ce formidable orchestre. Galvanisant !

Jean-marc Gelin

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 17:00

 

LOUIS SCLAVIS

L’histoire d’une création

Un film de Fabrice RADENAC / Arto Films

Label JMS : Ref JMS 101-5 / Sphinx Distribution

Durée totale 1h 59

Format 16:9

 Sortie le 26 avril 2011

 

 scalvis.jpg

 

Ce film, en suivant l’itinéraire de Louis Sclavis et des autres musiciens du quintet de LOST ON THE WAY (ECM), raconte l’histoire d’une création musicale.

« Itinéraire » est le terme exact puisque l’on suit le clarinettiste dans ses réflexions, sa progression au sens propre et figuré puisque Fabrice Radenacle filme dans toutes les situations, marchant dans les rues, à la poursuite d’une idée, au travail chez lui,  en répétitions, essayant ses anches ou fixant son bec.
Louis Sclavis avoue qu’il prend et perd du temps à définir un sujet, se cherchant des raisons pour faire les choses. Il évoque ce déclic absolument nécessaire, ce besoin d’un « moteur » pour le faire avancer, évoluer avant même que ne surgisse l’autre composante essentielle, l’émotion. Il sait aussi attendre, laisser s’installer le vide, ce rien indispensable pour être justement disponible, en état.

On est ainsi plongé au cœur de la création, de l’émergence de l’idée du projet à sa concrétisation, après de nombreuses péripéties, dignes du voyage d’Ulysse, thème initiateur de Lost on the Way. Une fois encore, avec ce nouvel ensemble, il adapte un folklore mythique autant qu’imaginaire. Au fond peu importe l’argument, une fois trouvé, tant il en fait une autre matière, cérébrale autant que physique, menant ses hommes selon un scénario précis.

 

On a toujours admiré chez Louis Sclavis cette aptitude à élaborer des projets sensationnels, aux titres formidables : ainsi, comme pour confirmer cette opinion, il revient sur son Napoli ‘s Walls, inspiré par le travail de l’artiste-peintre Ernest Pignon Ernest sur « la peau des murs » de Naples. Sclavis tenait là un sujet en or, avec un livret d’opéra à la Verdi , le drame, le mouvement et le décor baroque de la ville. Musicalement, il pouvait jouer du « rebond » dans la musique de Verdi qui inspire la mélodie ainsi que de la richesse du folklore napolitain.

Ce retour en arrière n’est pas vain pour éclairer la démarche de l’artiste, qui a une vision d’ensemble et aime croiser divers univers (cinéma, photographie...). L’oeil donne à entendre sa propre musique.  A propos d’images et de cadrages, Louis Sclavis est passionné de photos qu’il saisit avec son portable, il dit « choper des instants décisifs », et montre de saisissantes photos noir et blanc d’enfants dans la cour de récréation de l’école d’Hombleux (80) qui porte son nom . Le parallèle qu’il dresse entre la cour de jeux et le concert est pertinent puisqu’il retrouve dans les amusements des enfants,  à la fois improvisés et très organisés,  la mécanique des thèmes musicaux, disposés différemment à chaque fois. 

 

Le film  donne ensuite à voir des portraits croisés des musiciens du groupe, captés en mouvement, à vélo, en voiture, en limousine (!), à pied sur les bords de Seine … Chacun s’exprime librement sur sa pratique, le plaisir de faire partie du groupe de Louis : ces commentaires sans fard, sur leur approche musicale et leurs relations sont précieux pour comprendre comment la musique se fait, comment ça joue . Chacun a sa personnalité, des idées et un itinéraire précis et ce n’était sans doute pas une mince affaire que de les réunir sur une musique ne leur «appartenant » pas, au départ.

 

Le batteur François Merville ouvre le bal : il suit Sclavis depuis quinze ans, admiratif de celui qui joue sa vie à chaque instant, totalement impliqué . Il lui reconnaît l’autorité du chef, et met à son service sa pratique de toutes les formes de rythme, ayant  un bagage classique, mais rompu  au free et contemporain.

Le saxophoniste Matthieu Metzger incarne une certaine « force tranquille » tout en s’adonnant avec passion à tous les bricolages imaginables de prototypes, construisant ses jouets, usant des larsens, de jingles de « son synthé du pauvre », simulant des pannes d’ordinateur. C’est un peu le technicien fou des saxophones et de l’ordinateur qui arrive à imprimer une approche plus pointilliste. 

 

 



Le bassiste Olivier Léthé  est le  fils d’un musicien de jazz (son père Christian Léthé était un batteur éminent de la scène free) : à ce titre, il a la culture jazz. Fan de Michel Legrand, il a une certaine douceur, proche de l’acouqtique, et il aime le travail à la contrebasse, l’expressivité de l’archet  même s’il doit se résoudre à des choix : il reconnaît qu’un vrai discours sur les deux instruments ( la basse électrique et la contrebasse) est impossible. Il se retrouve dans l’univers du jazz contemporain, au travers des explosions, des changements d’orientation, irrigués du groove des musiques amplifiées, au premier rang desquelles figure le rock.
Maxime Delpierre  crée les textures qui font remonter les harmoniques de la guitare, les drones de basse. Fonctionnant sur l’instant, à l’instinct, très organiquement, il vient du rock mais ne saurait s’en contenter.
Last but not least,  les compositions enregistrées en répétitions au Studio Campus, au Conservatoire de Bagnolet ou lors de concert filmé au Studio de l’Ermitage : « Bain d’or » , « Le sommeil des sirènes ». Sclavis explique que pour «L’heure des songes», c’est une photo réaliste traitée comme une peinture abstraite, qui lui a permis d’atteindre un temps mystique, de basculer dans une autre dimension. C’est encore une photo qui est à l’origine de la composition éponyme « Le vent noir » qui finit le concert.
 
LE DVD contient aussi un long bonus de 42 mn qui est articulé autour de 12 duos de Louis Sclavis avec chacun des musiciens, comme s’il voulait s’acclimater à leur univers, lors d’improvisations personnalisées. Après ces explorations d’espaces sonores originaux, survient une dernière improvisation collective cette fois, quintessence de la pratique du quintet.
On  aura été entraîné dans le sillage de cet artiste hors normes, tout au long de ce film passionnant, original dans son traitement, variant points de vue et cadrages, avec le charme de l’impromptu. Toutes les pratiques artistiques fascinent Louis Sclavis. Artiste complet,  curieux de tout, il est aujourd’hui au sommet de sa trajectoire, capable de composer des chansons comme un John Zorn, un Ben Webster ou Lester Young, tout en imposant une conception très rigoureuse de l’improvisation, autant physique qu’intellectuelle.
Ce Dvd nous procure le plaisir de la découverte d’un « work in progress », ce n’est déjà pas rien. Plus encore que du jazz et des musiques improvisées, il révèle une signature, faisant entendre la petite musique reconnaissable de Louis Sclavis!
 
Sophie Chambon
    

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 09:32

Illustrations de rémi Courgeon

Texte de Stéphane Olivier

Raconté par Elise Caron

Collection Découverte des Musiciens

Ed. Gallimard Jeunesse Musique

 

 ella.jpg

 

Dans la très bonne série des musiciens de jazz racontés aux Enfants, sous la houlette des illustrations de Rémi Courgeon ( plus de 20 albums chez Albin Michel, Casterman, Nathan …) et des textes de Stéphane Olivier ( Les Inrockuptibles, Jazzmagazine), les éditions Gallimard après avoir fait Louis Armstrong et Django poursuivent ici avec Ella Fitzgerald.

 

Travail salutaire ( et ô combien difficile) de vulgarisation à destination des enfants pour retracer la vie et l’œuvre de la diva du jazz.

Les textes sont à la fois intelligents  et très pédagogiques. L’essentiel est dit avec toute la délicatesse nécessaire à l’apprentissage des jeunes. Les petites icônes illustrant l’ouvrage ouvrent de petites fenêtres très astucieuses et remettent les choses dans leur contexte de l’époque. Car il s’agit aussi de faire comprendre aux enfants «  comment c’etait avant »…. Et d’ouvrir leur sensibilité aux notions du swing, du scat et du chant populaire américain.

 

Petit faible aussi pour les dessins très doux de Remi Courgeon qui évitent toute naïveté et apportent à leur façon du rythme à la lecture.

 

Petit regret toutefois , celui que n’ait pas été trouvées quelques photos d’Ella enfant, ni que la chronologie des extraits musicaux n’ait pas été respectée. Elle aurait peut-être permis de faire saisir comment la voix de la chanteuse a pu évoluer dans le temps.

Mais les auteurs ont finalement privilégié, dans le format court de ces petits livres  d’entrer directement dans la magie universelle de la voix d’Ella et de donner un large panel de ce qu’elle exprime dans le swing, le scat, la joie de ses « live », la sensibilité extrême d’un Bewitch au plus près de la mélodie.

En 38 mn d’audio et 11 petites pages de livres le pari est réussi: une gageure !

 

Bien sympa.

 

Jean-Marc Gelin

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 21:47

15 Avril 2011

« One Way… or Another  » (Collectif Onze Heure Onze)

Sortie prévue en Mai 2011

 Guilhem-Flouzat.jpg

Les Dnj : Tu es, si l’on peut dire un jeune musicien français, aujourd’hui exilé à New York et leader d’un premier disque aussi audacieux qu’excellent. Mais quel fut ton parcours ? Par quelles étapes es-tu passé pour arriver jusqu’ici ?

 

Guilhem Flouzat : Les étapes fondamentales de mon développement artistique et personnel ont commencé par ma participation à 14 ans à un stage de Jazz qui m’a fait découvrir cette Musique, « Les Enfants du Jazz de Barcelonnette », ainsi que le bonheur de jouer en groupe et tout ce que cela peut avoir d’épanouissant. Après mon Bac, je suis ensuite passé par une classe préparatoire littéraire pendant deux ans où j’ai pu approfondir plusieurs langages, plusieurs domaines comme par exemple celui de la philosophie, ce qui m’a donné un certain goût pour les lettres, pour l’écriture et tout simplement pour l’élaboration de concepts divers. Par la suite, je fus élève au sein de plusieurs établissements scolaires dédiés à la Musique, notamment au conservatoire du 9e arrondissement de Paris, à l’EDIM… etc… J’ai surtout eu l’occasion de pouvoir suivre une formation pendant 2 ans au département Jazz du CNR de Paris sous la direction de Jean-Charles Richard. J’ai ensuite intégré la classe de Jazz du CNSM de Paris que j’ai dû quitter en cours de cursus pour m’inscrire à la Manhattan School de New York. Au CNSM, j’ai pu être mis en contact avec toute cette scène « improvisée » et orientée vers la Musique contemporaine, en rencontrant des musiciens incroyablement créatifs. C’est lors de mon arrivée à New York que j’ai pu rencontrer des musiciens beaucoup plus ancrés dans les racines du Swing, avec des batteurs à la fois capable de jouer des grooves, de la Musique latine et aussi du Swing. J’y ai remarqué un rapport plus professionnel à la Musique. Pas forcément aussi créatif et original que ce que j’ai pu voir à Paris, pas toujours en tout cas, mais toujours très consistant techniquement. Tout au long de mon parcours, j’ai eu l’occasion de prendre des cours avec des professeurs très important, notamment Franck Aghulon avec qui j’ai fait l’apprentissage de la batterie Jazz, et ensuite Eric Harland qui lui m’a aidé à venir à New York, et avec qui je suis encore en contact dès que je peux. Voilà en gros ce qui fait que j’en suis là aujourd’hui, avec ce mélange de Musique et de littérature qui a donné naissance à cet album en écrivant des compositions qui ne soit pas seulement des thèmes-improvisation-thèmes, mais qui raconteraient indubitablement des histoires.

 

Les Dnj : Dans ce disque évoluent Tigran Hamasyan, Antonin Hoang, Ben Wendel, Laurent Coq, Michael Valeanu, Matteo Bortone et Simon Tailleu. Quels ont été les circonstances de vos rencontres ? Et comment s’est fait le choix d’être entouré par de tels artistes ?

 

Groupe.jpgGuilhem Flouzat : Le choix s’est fait de façon assez naturelle, puisque j’aime être entouré de musiciens qui me défient artistiquement et personnellement, qui me poussent à me remettre en question, mais qui en même temps soient des amis. C’est le cas de tous les musiciens sur ce disque. En fait, je voulais faire un compromis entre un groupe américain issu des rencontres que j’avais pu faire aux Etats-Unis et les artistes avec lesquels j’avais grandi en France, en qui j’ai profondément confiance et qui m’ont toujours inspiré. Cela concerne d’ailleurs l’ensemble des musiciens du disque, ils m’ont toujours impressionné et poussé à sortir de mes ornières musicales. Michael Valeanu, c’est mon plus vieux complice musical, c’est lui que j’avais rencontré à Barcelonnette et nous n’avons jamais cessé de faire de la Musique ensemble depuis ce moment-là. Antonin Hoang, Matteo Bortone et Simon Tailleu sont des personnes que j’ai rencontrées lors de mon entrée dans l’univers du CNSM, qui me donnent beaucoup d’inspiration en tant que musicien et en tant que personne. Ils sont tous les trois des amis avec qui j’ai une relation artistique depuis maintenant à peu près 5 ans. Quant à Laurent Coq, il a été une de mes rencontres fondamentales, une rencontre que j’ai faite à l’Edim. Il y animait à ce moment-là un atelier Jazz dans lequel je jouais et il m’a transmis ce que pouvait être l’exigence de pouvoir jouer en groupe, d’être attentif à la forme d’un morceau, et puis surtout l’engagement absolument sans concession que demande le fait d’être musicien. Il a toujours eu une présence musicale incomparablement riche, étant extrêmement appliqué quoiqu’il fasse, avec une grande culture et un univers créatif très cohérent. En ce qui concerne Tigran Hamasyan et Ben Wendel, je les ai rencontrés à New York lors de sessions musicales, je les ai approchés car j’aimais beaucoup ce qu’ils faisaient respectivement dans leurs groupes, notamment celui de Ben, « Knee Body ».

 

Les Dnj : Les compositions qui résonnent dans ce premier disque ont chacune le point commun de développer un univers sonore très particulier. Par ailleurs, elles ont été enregistrées en l’espace de deux jours. Quels ont été tes influences premières ? Combien de temps a-t-il fallu pour les écrire ? Quelle place tient la part d’improvisation dans un tel projet ?

 

Guilhem Flouzat : Comme je savais que Tigran Hamasyan et Ben Wendel seraient à Paris à la fin de l’été, j’en ai profité pour leur proposer d’enregistrer, ce qui m’a permis d’avoir en quelque sorte une date butoir pour composer. J’ai profité de tout l’été qui a précédé l’enregistrement pour écrire ces compositions. J’ai été influencé par le batteur John Hollenbeck que j’ai beaucoup écouté l’année dernière, chez qui j’apprécie la conception linéaire et architecturale de l’œuvre musicale, c'est-à-dire que l’on commence quelque part en construisant un édifice laissant des espaces où ensuite évoluent les improvisateurs. J’ai été aussi beaucoup influencé par Brian Blade et Fellowship, et évidemment par des références un peu plus françaises comme l’impressionisme, Ravel, Debussy… etc… c’est d’ailleurs ce que j’ai eu dans l’oreille depuis tout petit. J’ai pratiqué aussi sur cet album un procédé qui me tient à cœur qui consiste à prendre un morceau de Musique, le disséquer et le réduire à ses composantes élémentaires, manipuler ensuite ce matériel déjà existant en œuvre plus personnelle. Cela me permet d’avoir une matière à façonner et d’allier ma Musique à des morceaux que j’aime. J’ai procédé de cette manière sur « Stompin’ », en référence à « Stompin’ at the Savoy », aussi avec « Agin », qui à la base n’est autre qu’un morceau de D’Angelo. En gros, voici comment je m’y suis pris. Cela m’a pris deux mois pour écrire ces huit compositions. Concernant la place de l’improvisation, il y a quelque chose de fondamental pour moi qui relie la façon dont le son prend corps au sein du groupe et les musiciens qui le composent. Ces musiciens improvisateurs m’ont d’ailleurs considérablement influencé lors de l’écriture de ces compositions. Dans « Sometimes at Night », c’était pour moi une évidence de faire participer d’abord Antonin Hoang pour le premier solo, Ben Wendel pour le second. Sur « Agin », j’ai pensé à Ben directement, puis à Michael Valeanu pour la deuxième partie. Ce qui fait que la place qu’occupe l’improvisation est très importante, même si elle est délimitée. Je voulais une continuité totale entre ce qui était composé et ce qui était improvisé, d’où, pour moi, l’importance d’une identité forte pour chaque composition pour pouvoir justement faire participer chaque musicien en tant que personnage de ces histoires.

 

Les Dnj : L’étroite collaboration avec le collectif Onze Heure Onze et de son directeur artistique Alexandre Herer t’a donné l’opportunité de réaliser ce disque sous l’égide de ce collectif. Comment s’est présentée cette opportunité ?

 

Guilhem Flouzat : C’est moi qui ai pris l’initiative de contacter Alex Herer car je connaissais déjà les gens qui participent au collectif Onze Heure Onze, je les appréciais artistiquement et personnellement. C’est un collectif de musiciens à la fois très dynamiques et très intègres, qui font de la belle Musique honnêtement. Je pense qu’à l’avenir ils vont apporter beaucoup de choses à la scène française. Plutôt que d’essayer d’obtenir de l’aide de personnes plus haut placées et peut être moins disponibles, j’ai préféré travailler en collaboration avec des personnes qui soient des amis et que j’apprécie artistiquement. En tout cas, je pense sincèrement que ce collectif apporte déjà quelque chose de considérable à la scène Jazz actuelle, même si cela ne fait que commencer et que c’est encore une petite structure. Alex Herer est quelqu’un qui fait énormément de choses.

 

Les Dnj : J’imagine que beaucoup de concerts sont prévus dans les mois qui suivront la sortie de ce disque. Maintenant que ce premier opus a vu le jour, quels sont actuellement tes projets pour l’avenir, aussi bien en tant que leader qu’en tant que sideman ?

 

Guilhem Flouzat : Justement, j’y travaille en ce moment. Je suis en train d’organiser une tournée à l’automne prochain dans les clubs parisiens et européens, et très certainement à New York l’année prochaine, avec y compris un passage par les festivals. Etant donné que je suis encore étudiant et que mon emploi du temps reste encore assez chargé, j’essaye de m’en occuper dans les espaces restants. Par ailleurs, je participe actuellement à beaucoup de projets en tant que sideman avec notamment le quartet de Michael Valeanu. Je vais par exemple participer à un évènement organisé par la Villa Gillet, la célèbre institution lyonnaise, auquel je donnerais la réplique en duo au saxophoniste Ned Rothenberg, proche collaborateur de John Zorn. Ce que j’essaye en tout cas de faire, c’est d’évoluer avec un spectre musical aussi vaste que possible. Je veux absolument conserver ce rôle de sideman car il informe et il enrichie mon rôle de leader. Si on est que leader, on perd un peu quelque chose du travail de musicien et du fait d’être capable aussi de se conformer à l’imaginaire de quelqu’un d’autre. Un autre imaginaire que le sien.

 

Les Dnj : Prenons-nous au jeu d’une célèbre baronne : si tu avais trois vœux à formuler, quels seraient-ils ?

 

Guilhem Flouzat : Mon premier vœu serait que la politique culturelle en France et en Europe demeure ce qu’elle est, car elle reste encore très précieuse malgré le déclin de ces dernières années. Ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis où il n’y a pas les avantages de cette politique. Mon deuxième vœu serait de jouer avec quelques héros. Je rêverais de jouer avec Herbie Hancock par exemple. Mon troisième vœu serait de vieillir comme Roy Haynes.

 

Propos recueillis par Tristan Loriaut pour les Dernières Nouvelles du Jazz, Vendredi 15 Avril 2011.

 

 

GUILHflouzat

EM FLOUZAT : " One way"

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 21:36

 

CamJazz - 2011

Giovanni Guidi (pn), Gianluca Petrella (tb), Michael Blake (ten sx), Thomas Morgan (cb), Gerald Cleaver (dr)

 guidi.jpg

Encore inconnu du grand public, le jeune pianiste italien Giovanni Guidi nous donne une nouvelle fois l’occasion d’aller à la rencontre de sa Musique, marquée par une sagesse fortement précoce. A la première écoute, « We Don’t Live Here Anymore » est un disque que l’on pourrait croire revendicateur d’une certaine liberté de créer. En effet, il faudra quelques instants pour se soumettre à l’idée qu’il n’est autre qu’un noble manifeste pour une esthétique libérée des carcans populaires, orientée vers la Musique contemporaine et dénudée de toute convenance. Le mariage des soufflants s’opère d’une élégante manière grâce au talent incommensurable du tromboniste Gianluca Petrella et du saxophoniste Michael Blake, tous deux habitués à ce genre de contexte artistique, libérés de toutes les contraintes du politiquement correct. Leurs improvisations résonnent en nous de façon orgasmique. Aussi, les magnifiques compositions, finement arrangées, donnent la réplique à une économie de jeu relativement équivoque, comme cette douceur expectative dans Dess ou bien dans She Could Tell They Were Friends. Cette soi-disant langueur est mise en opposition à des furies démoniaques passagères (Furious Seasons, Disturbing The Peace), où la paire des musiciens rythmiques occupent un rôle majeur en la personne de Thomas Morgan à la contrebasse et Gerald Cleaver à la batterie. Par ailleurs, le côté dramatique de certaines compositions acquiert une immense sincérité lorsqu’il s’allie aux redoutables ostinatos empli de frénésie ravageuse, comme par exemple dans Overnight Revolution. Quel dommage que le mastering fut bâclé, le niveau général du volume sonore étant largement en dessous de ce que l’on peut attendre d’un disque issu d’un tel quintet. Malgré cela, ce projet musical est habité par la filiation avec l’esthétique musicale d’Ornette Coleman et de tous ses innombrables descendants. Avec un certain désordre en moins, ce qui manquera peut être. Mais il va sans dire qu’avec une telle créativité, cette folle, douce et lente révolution ne restera pas sans suite pour ce remarquable pianiste.

Tristan Loriaut

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 08:08

Blue Note 20100

Ambrose Akinmusire (tp), Walter Smith III  (ts), Gerald Clayton (p), Jason Moran (p), Harish Ravanagh (cb), Justin Brown (dm)

ambrose-akinmusire-when-the-heart-emerges-glistening.jpg

 


Choc total pour ce nouvel album du trompettiste Ambrose Akinmusire.

Pour son deuxième album seulement,  le jeune trompettiste d'Oakland qui, hier à peine était auréolé du concours Thelonious Monk, signe déjà sur le prestigieux label Blue Note en s'offrant le luxe de pouvoir au passage emmener avec lui la bande de ses fidèles copains, ce formidable groupe avec qui il joue depuis plus de 5 ans.

Et si Blue Note les a tous pris pour ce premier album, co-produit par Jason Moran c'est qu'il y a dans ce groupe totalement fusionnel, une somme de talents incroyable qui en fait déjà l'une des références incontournable du jazz d'aujourd'hui. Car peu de groupes  en effet parviennent  à élever leur jeu à un tel niveau.  Et je risque de faire rugir les gardiens du temple en affirmant que le quintet d'Ambrose Akinmusire atteindra dans peu de temps le statut de groupe mythique, à la dimension d'un groupe comme le quartet de Wayne Shorter. La comparaison est osée. Je l'ose.

Car cet album est pour moi l'une des révélations de l'année. Les musiciens y sont tous excellents sans exception, indissociablement excellents. L'écriture du trompettiste qui signe toutes les compositions (à l'exception d'un standard) est d'une rare force et d'une sublime intelligence. Enfin et surtout cet album rayonne du feu sacré de son leader dont la trompette porte en elle toute la sensibilité du monde. Dans ce jazz très moderne, Ambrose Akinmusire porte abec lui toutes ses références. Dans ses bagages il y a du Freddie Hubbard parfois, du Booker Little dont il revendique l'empreinte et parfois même certains trompettistes de la Côte Ouest comme Candoli ou Jack Sheldon lorsqu'il s'amuse à reprendre un standard comme What New. La variété de son jeu traduit surtout un feeling du discours, une sensibilité a fleur de peau, une âme transperçant les notes. Techniquement c'est très fort. Ambrose peut tout faire avec la trompette, des longues tenues de notes bouleversantes, des trilles sauvages, des chaleurs cuivrées. Jamais exubérant. Toujours dans la justesse du propos. A la fois joueur et interprète d'un musique soulful. Presque chanteur en somme. Il faut l'écouter dans ce duo avec le pianiste Gerald Clayton sur Regrets pour comprendre la dramaturgie du trompettiste.

Ses compositions en clair-obscures sont intenses. Le jeu d'Ambrose est poignant.

Et cette intensité, cette force du jeu est collective. Entendre comment dans l'économie de notes, ce groupe prend âme sur Tear stained suicide manifesto ou encore sur With love où les harmonies et les contre chants se chevauchent, portés par la dynamique incroyable insufflée par Justin Brown, batteur absolument exceptionnel qui trouve avec Harish Ravanagh un socle hallucinant. Il faut entendre ces deux-là sur Far but few between pour comprendre de quelle interaction inouïe on parle.

Il y a dans le jazz de vrais moments de grâce. Où le leader et le groupe font corps. Ce corps qui permet en retour au principal acteur d'émerger. C'est ici le coeur d'Ambrose Akinmusire qui émerge, scintillant et débordant d'amour.

Jean-Marc Gelin

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 09:42

Jeudi 21 Avril 2011 - Cecil TAYLOR à la Cité de la Musique

 

Hier soir, la Cité de la Musique accueillait le pianiste Cecil Taylor, une des figures de proue du Free Jazz et Amiri Baraka, poète, auteur et activiste ayant participé au mouvement nationaliste noir des années 60.

Ce soir là, la salle n’est pas remplie. On connaît la Cité de la Musique pour sa ponctualité, pourtant à 20H22 le concert n’a pas encore commencé.

Le public s’impatiente quand à 20h25 entre en scène Amiri Baraka. Il lance un « bonsoir » retenu puis enchaîne avec un « Go out of Libya ! ». En un pamphlet de 40 minutes, le poète raconte tour à tour les dérives du monde occidental, la gouvernance de Georges W Bush, la politique de Netanyahou, l’oppression des peuples, le complexe de supériorité des peuples colonisateurs, et toutes les dérives de l’humanité.

C’est la même colère qu’Amiri Baraka exprime depuis les années soixante. Puis, suivent quelques poèmes où l’artiste crie cette éternelle révolte avant de quitter la scène nous laissant sa propre réflexion.

Après 15 minutes de pause, Cecil Taylor arrive enfin, tout de blanc vêtu, se pressant sur son piano où il joue une note avec l’intensité qui va donner le ton au reste du concert. Tout à coup l’espace est occupé par les notes vibrantes du piano. Le musicien nous entraîne dans son univers, en variant sans cesse le ton avec une force et une énergie débordante. Après ¾ d’heure de jeu, il fait mine de partir puis se ravise et se lance dans un nouveau morceau pour notre plus grand plaisir … et recommence le même scénario trois fois …

De cette rencontre, cependant, on s’attendait à un échange entre ces deux grandes figures de la culture Afro-Américaine des sixties ce qui ne s’est pas produit.

On retiendra de ce concert un Cecil Taylor en grande forme, généreux, créatif et définitivement virtuose.

Ce soir là, le public, composé de jeunes et de moins jeunes, aura partagé une partie de l’Histoire du Jazz.

 

Julie-Anna DALLAY SCHWARTZENBERG

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 16:12

Don-t-touch-it-Benoit-Paillard

Label Durance

Voilà encore un disque surprenant que sort Label Durance situé à Château Arnoux, dans les belles Alpes de Haute Provence. Don’t touch it nous fait découvrir un pianiste singulier singulièrement méconnu, au sein d’un vrai trio jazz. Il serait dommage en effet de passer plus longtemps à côté de « ce pianiste clair et original dans son discours », comme le souligne Martial Solal. Etre ainsi adoubé par l’un des maîtres du genre, des plus rigoureusement exigeants, n’est pas un mince compliment. Aussi est-il vivement recommandé de savourer cette musique qui coule entre les doigts de Benoît Paillard, musicien de jazz respectant la tradition, sans être rétrograde pour autant. Son phrasé limpide, délié, clairement déclaré, ne déstructure pas les mélodies qu’il reprend de Kenny Werner, Kenny Kirkland, le tube de Gainsbourg « Le poinçonneur des lilas », ou le «Lonely Woman» d’Horace Silver. Il en fait tout simplement autre chose avec ses complices, la rencontre reflètant trois voix qui savent chanter et construire un discours éloquent. Le jeu de Benoît Paillard réconcilie diverses époques et styles du jazz et du blues, et l’amateur s’y sentira un peu chez soi. C’est peut-être ce que l’on remarque d’entrée, cette immédiate complicité avec la mélodie, la joyeuse simplicité du rythme, la tendresse des ballades. Sam Favreau qui compose deux titres (on aime particulièrement « Cécile ») se révèle un contrebassiste délicat sans être minimaliste, maintenant le tempo, lançant des ponctuations décisives, tout en s’arrimant à la pulsation du batteur. Cédric Bec, à la fois vif d’attaque et tout en nuances, très complice avec Simon Tailleu, a trouvé en Sam Favreau un autre partenaire de choix. L’un des atouts de ce trio est en effet sa rythmique souple, efficace, soyeuse comme sur la fin de la reprise du « Poinçonneur des lilas ». Avec une confondante aisance, de climats éclatants à d’autres plus feutrés, les musiciens ont réussi à exprimer un raffinement qui n’est pas incompatible avec une certaine idée du jazz. Comme en témoignent ces versions revisitées de « Lonely Woman » et de « The Song is you » (Jérôme Kern) qui referment un bien bel album.

Sophie Chambon

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 23:55

quinte-et-sesn-copeaux.jpg
Mad Recordz - 2009

 

Xavier Bornens (tp), Olivier Py(sax), Claide Whipple (g), François Fuchs (cb), Aidje Tafial (dr)

C'est un peu honteux de n'avoir pas recenser  Copeaux  sa sortie en 2009. Car ce nouvel opus de Quinte et Sens, le groupe du guitariste Claude Whipple fondé en 196, est purement excellent. Tous simplement.
Le 07 octobre 2009, jour du concert de la sortie du disque, nous étions au Studio de l'Ermitage à Paris où Claude Whipple avait remercié Renée, la propriétaire d'une ancienne menuiserie appelée "Les Copeaux", qui servait de lieu de répétition à Quinte et Sens et d'atelier de découpage d'une fresque de 16 mètres carré en 1024 morceaux de métal qui finirent par faire partie intégrante du packaging cd; l'ensemble pesant 350 grammes... Voilà le genre de clin d'oeil humoristique auquel il faut s'attendre avec Claude Whipple et sa musique.
Or, longtemps après avoir laissé trainer Copeaux dans une pile de cds interminable, tout en nous rappelant quotidiennement ô combien ce cd nous plait et qu'il faut en parler sur les DNJ, je finis par l'extirper de la dite pile pour déposer sa galette sur ma platine. C'etait la semaine dernière. Et le verdict fût plus que fatidique: le thème de "Sur un radeau" se rappela à notre excellent souvenir, comme celui d'un morceau que jl'on a toujours connu. On s'interroge alors très justement à son sujet :"qui a écrit ça?". Tiens, Whipple. Ce n'est donc pas un standard! ou une reprise. Bon… (la honte m'assaille).
Et c'est pareil pour le reste: la suite orientale "Arena" explose à nos oreilles, les morceaux à tiroirs comme "Suite en "n" parties" nous rappelle les moments zappaiens de notre adolescence, qui se prolongent encore et toujours en partie grâce à Whipple. Sur cet opus, on y entend: du King Crimson, du Grateful Dead, des orchestrations à la Zappa, une ambiance rock à la Rita Mitsouko, Freddie Hubbard en la trompette de Xavier Bornens, du jazz et du rock solides et très bien écrits, des improvisations renversantes d'Olivier Py, des soli de guitare rares mais enlevés - du genre guitar-hero et parfois essayistes - transitoires aux changements de tempi, des mélodies dirty ou gracieusement effilochés, une idée nouvelle à la minute, des sonorités riches et inavouables...
Bref, un univers très riche, vibrant, enjoué, drôle et unique qu'il faut découvrir.

 

Jérôme GRANSAC

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