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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 11:23

Adrien Moignard (guitare), Diego Imbert (contrebasse)

Saint Laurent du Mottay (Maine-et-Loire) 14-16 juin 2022

Label Ouest / Hachette distribution

 

Cela fait des années que j’écoute Adrien Moignard avec grand plaisir, et admiration. C’est l’Ami Franck Bergerot qui avait attiré vers lui mon attention. Le 23 janvier 2010, jour du centenaire de la naissance de Django Reinhardt, je l’avais invité à donner en trio un concert ‘Jazz sur le Vif’ au studio 105 de la Maison de Radio France. La veille, il jouait à Copenhague avec le big band de la Radio Danoise : les Scandinaves ont toujours accordé une attention particulière au prolongement du jazz manouche en Europe. Lors de ce concert, il n’y eut pas que des compositions de Django, ni même que des thèmes de son répertoire : par exemple le trio joua So What de Miles Davis. Ce que j’aime chez ce guitariste, c’est la liberté avec laquelle il prolonge cet héritage, liberté harmonique, autonomie du phrasé…. Le retrouver, 70 ans après la mort de Django, dans ce disque sur les compositions du guitariste (et aussi un thème co-signé par Stéphane Grapelli), c’est redécouvrir son art de dire sa singularité dans l’approche de cet univers. La complicité du contrebassiste Diego Imbert, orfèvre ès-duo, y contribue largement. La sonorité de la guitare chante comme on respire, et les phrases de l’improvisation, côté guitare comme à la contrebasse, s’engagent dans des méandres qui nous transportent au-delà de l’univers de référence. On est tout à la fois chez Django et ailleurs, du côté de ce que le jazz a produit depuis 1953, et que le Prince du jazz manouche entrevoyait dans sa période ‘électrique’, vers 1947. Le choix d’Adrien Moignard est de jouer un instrument acoustique - choix constant chez lui – avec ici des cordes nylon, confirme cette singularité. Et de plage en plage la réussite est constante : les thèmes de Django sont comme revivifiés, sans le syndrome naphtaliné qui affecte parfois de telles entreprises. Belle réussite, et considérable plaisir d’écoute.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

 

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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 19:34

Laurent Cugny (piano électrique, arrangements, direction), Pierre de Bethmann (piano électrique), Laurent Coulondre (orgue), Manu Codjia (guitare), Jérôme Regard (contrebasse), Stéphane Huchard (batterie), Antoine Paganotti (batterie), Quentin Ghomari (trompette), Martin Guerpin (saxophone soprano), Stéphane Guillaume (clarinette basse), Clément Daldosso (contrebasse), Élie Martin-Charrière (batterie)

Villetaneuse, septembre 2022

Frémeaux et Associés FA 8601 / Socadisc

 

Le retour au disque de Laurent Cugny, avec un nouveau groupe, qui rassemble des partenaires de haut vol, entre ceux qui ont accompagné sa carrière, et la nouvelle génération. Deux batteries (l’historique Stéphane Huchard en permanence, et en alternance Antoine Paganotti & Élie Martin-Charrière), deux pianos Fender et un orgue Hammond B3, une seule contrebasse à la fois, et des solistes inspirés : Manu Codjia, Martin Guerpin, Stéphane Guillaume : une affiche de rêve au service d’une idée musicale, celle de Laurent Cugny, manifestement partagée par tous les membres du groupe. C’est comme la rencontre des tropismes du pianiste-arrangeur-leader (Miles Davis période électrique, Joe Zawinul….) et de sa culture, de Duke Ellington aux Beatles en passant par Joni Mitchell et Pat Martino. Avec en filigrane l’ombre tutélaire et bienveillante de Gil Evans, auquel il a consacré un livre décisif, et qu’il avait aussi accueilli dans son orchestre à la fin des années 80 pour une tournée européenne et deux disques. Deux compositions originales qui reflètent exactement les aspirations esthétiques de Laurent Cugny (foisonnement dans la lisibilité, liberté des solistes qui sont totalement en phase avec l’esprit de la musique). Et cet esprit va prévaloir, de plage en plage, dans la reprise de thèmes extrêmement divers : l’incroyable arrangement de  I Want You (Lennon-McCartney) va restituer, via le traitement des instruments à vent notamment, une vocalité expressive qui fait renaître l’impact de l’original. Ou encore L’air que l’on respire, de Michel Jonasz, que je ne connaissais pas, et dont je découvre les ressources dévoilées par le magicien Cugny et ses comparses. L’esprit du jazz, en somme, qui consiste à se réapproprier toutes les musiques pour en faire son miel. Le Mood Indigo d’Ellington se trouve paré d’habits neufs, sans être aucunement trahi ; etc…. etc…. La magie des alliages et des textures (3 claviers, 2 batterie) combinée à la force des solistes (que l’on devine tout à la fois dirigés et libres) fonctionne en permanence. Toutes les plages sont fortes, et ce disque est une absolue réussite, de sa première à sa dernière minute.

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 17 mai à Paris, à l’auditorium du site Jussieu de la Sorbonne (festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés), le 9 juillet au Saint Omer Jaaz Festival (Pas-de-Calais) & le 4 août au festival de La Londe (Var)

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Quelques avant-ouïr sur Youtube

https://youtu.be/Nh3ELA7vrnQ

https://youtu.be/leLhUVem-sI

https://youtu.be/ureQXIq4Co4

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15 mai 2023 1 15 /05 /mai /2023 10:11

BEN WENDEL : «  All alone »

Edition records 2023


Ben Wendel (ts, ss, bassoon, EFX, percus) + Cecile Mc Lorin Salvant (vc) +José James (vc) + Terence Blanchard (tp) + Steve et Beth Wood (percus) + Bill Frisell (g) + Elena Pinderhugues (fl)

 

Il s'agit ici de bien plus que d'un simple album du saxophoniste américain Ben Wendel. Il s'agit d'une œuvre. Voire d'un chef-d'oeuvre.
Avec son incroyable dimension compositionnelle et orchestrale.

Car pour cet album de confinement, le saxophoniste a imaginé, seul (All alone) avec des saxophones, son basson et ses logiciels, une masse orchestrale lui permettant de juxtaposer jusqu’à 30 pistes de saxophones lui servant de véritable orchestre à lui tout seul sur lequel il a pu inviter, pour chacun des morceaux un véritable all-stars d’invités.

Avec son côté self-made, il en est ressorti avec une oeuvre luxuriante et riche.Et même un peu glaçante par son côté orchestre sans orchestre.

 Mais il n’empêche. Tel un plasticien, Ben Wendel livre au final une œuvre assez monumentale.
L'ensemble est, on le répète écrit pour offrir une sorte d'écrin pour chacun des solistes comme sur ce Speak joy aux airs de conte fantastique sur lequel s'élève l'incroyable la flûtiste californienne Elena Pinderhugues que l'on a l'habitude d'entendre aux côtés de Christian Scott et que l'on entend ici dans un dialogue contrapuntique avec Ben Wendel.

Sur Throughout c'est une toute autre couleur qu'exprime la guitare de Bill Frisell et ses reverbs bleutées qui déploient pour l' « orchestre-Wendel » des tapis harmoniques sur lequel, dans un chassé-croisé s'entrelacent Bill Brisell et le saxophone de l’hôte. Et que dire de In anima avec Tigran Hamasyan aux allures de cantique crépusculaire ! Un des moments fort et puissant (choc au plexus) de l'album qui accède presque à l'art plastique.

A côté de ses compositions, deux standards chanté ou magnifié pourrait-on dire l'un par Cecil Mc Lorin Salvant (I love you Porgy) et l'autre par Jose James (Tenderly). Pourquoi ? Parce qu'il s'agissait d'un acte d'amour pour ses deux chanteurs qu'il voulait avoir sur l'album sans forcément qu'il y ait un lien avec le reste. Juste pour la beauté du geste.

 

On se laisse prendre par cet album majeur comme devant une installation artistique. Comme une sorte d’architecture éphémère qui n’existera vraisemlamement que sur son support.

Avec Ben Wendel, le jazz accède à une autre dimension de l’art.

Et c'est magique !

Jean-Marc Gelin

Écoutez Ben Wendel sur Open Jazz
"Ben Wendel, la cour des grands" sur https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/open-jazz/ben-wendel-la-cour-des-grands-5091815 via @radiofrance

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 17:47
NICOLAS FILY     Don Cherry Le Petit Prince Du Free

NICOLAS FILY      Don Cherry Le Petit Prince Du Free

 

Editions Le Mot Et Le Reste

Musiques (lemotetlereste.com)

 

The mystery song - Don Cherry (Featuring Ornette Coleman & Steve Lacy) - YouTube

 

 

Nicolas Fily dont on avait aimé The Wise One, formidable portrait de John Coltrane, continue avec Don Cherry, autre musicien de jazz, toujours souffleur, qu’il découvrit en préparant ce premier livre, déjà publié aux indispensables éditions marseillaises du Mot et du Reste. Les deux musiciens avaient enregistchez Atlantic The Avant Garde partageant un rapport spirituel, voire mystique à la vie, dans le désir commun d’explorer de nouvelles voies dans un art total.

Le poétique sous-titre de l’ouvrage est dû à la plume racée d’Alain Gerber ( Jazz Magazine n°166, Novembre 1966) auquel le musicien avait confié que le Petit Prince de St Exupéry était son livre de chevet. Ce qui n’est pas sans rapport avec sa conception humaniste et libre de l’existence.

Avec Don Cherry Le Petit Prince Du Free, Nicolas Fily adopte la même démarche en s’appuyant sur la chronologie des enregistrements du trompettiste (également flûtiste, pianiste, percussioniste, compositeur ) . Excellente manière de découvrir une discographie abondante, révélatrice de l’évolution musicale d'un musicien au timbre singulier, aux suraigus délicatement posés. 

Ce n’est pas une mince tâche à laquelle l’auteur s’est attelé avec ardeur, disposant d’un très grand nombre d’entretiens, de chroniques d’albums et de compte-rendus de concerts de Jazz Magazine et Jazz Hot dont les références figurent dans la bibliographie précise en fin d’ouvrage. Tous ces auteurs ont facilité son travail de défrichage des terres cherriennes.

L’auteur, passionné de musiques plurielles, a mis à profit ses compétences de disquaire et de critique pour commenter les étapes marquantes de celui qui est resté fidèle à la trompette de poche et au cornet, ses avancées sans omettre les phases plus discutables. Si l’auteur raconte le mythique Festival d’Amougies (initialement prévu à Paris ), le Wood stock belge en Wallonie qui lança nombre jazzmen, le producteur ayant une affiche de rêve avec Pink Floyd, Zappa, il évoque aussi dans “Malaise à Châteauvallon” quelle impression détestable laissa le concert d’août 1972 à un critique de Jazz magazine. C’est qu’à cette époque Don Cherry vivait en hippie et se produisait en tribu. Ce qui n’enlève rien à la profonde humanité du personnage qui s’est adapté en permanence aux sons des générations qui ont suivi quand il n’inventait pas un son propre. On sent que Nicolas Fily aime non seulement le musicien dont il s’attache à retracer le parcours mais l’homme généreux et fraternel.

Le livre est d’une grande lisibilité, découpé chronologiquement en cinq parties ( D’où viens-tu Don Cherry? L’éternel second, l’Etat de Grâce, La Musique organique, D’un monde à l’autre) divisées en sections aux titres explicites, sans compter un prologue et un épilogue. Aucune partie de son oeuvre n’est laissée de côté, présentant toute un intérêt, de la construction difficile car lente à l’épanouissement et l’envol.

Les premiers enregistrements qui font date sont de la fin des années 50 en quartet avec son mentor, son “gourou” le saxophoniste Ornette Coleman avec des albums sortis sur le label Contemporary Something Else, Tomorrow is the question qui lancèrent leur carrière à tous les deux. “Le jazz est désormais prêt pour une nouvelle révolution” s’exclamera Paul Bley. Puis, sur l’entremise d’un autre pianiste, John Lewis, pourtant à l’opposé de cette musique avec son populaire Modern Jazz Quartet, le duo signe chez le renommé Atlantic de Nesuhi Ertegün et s’installe à New york en 1959. Ça décolle vraiment avec The Shape of Jazz to come, marqueur essentiel qui débute avec “Lonely Woman”, preuve que le jazz peut être free sans rimer avec bruit. 

Pierre angulaire de la naissance du free jazz, jusque là appelé la New thing, est enregistré en deux prises par un double quartet le 21 décembre 1960 Free jazz : a collective improvisation ( pochette illustrée par Jackson Pollock). Une expérimentation collective en grand ensemble devenue historique. Disciple de sa musique, sparring-partner, Don Cherry restera toujours indissociable d’Ornette Coleman auprès de qui il fera des retours réguliers.

Le trompettiste travaille beaucoup, prend part à un disque de Steve Lacy Evidence et ne cesse de voyager, trouvant un public plus ouvert et accueillant pour les Noirs en Europe. Son premier voyage en Europe, il le fera avec Sonny Rollins, mais il monte aussi un groupe avec Archie Shepp, joue avec Albert Ayler. Inscrit dans une mécanique de second et de tempérance il rend dicible l’indicible. D’éternel second, il passe à solide challenger avant de connaître un état de grâce. Le label Blue Note lui ouvre son catalogue avec trois albums Complete communion (1965) avecElefantasy”où s’exalte l’Argentin Gato Barbieri, Symphony for improvisers, Where is Brooklyn? (1966). Cherry retrouve Ed Blackwell aux percussions avec lequel il enregistre en 1969 à Paris sur Byg/Actuel, MU First Part et Mu Second Part.

Puis il retrouve Coleman à New York, participe au Liberation Orchestra de Charlie Haden avant de quitter les Etats Unis, protestant contre le gouvernement Nixon. Le trompettiste a eu très tôt le sentiment que son pays ségrégationniste l’avait ostracisé, le poussant de ce fait hors des frontières. A l’image de sa musique en perpétuel mouvement, il s’en est allé chercher ailleurs cette “unity of love”. Il refusa-tout son parcours le prouve, d’être assimilé, classé, réduit à un genre ou style ( sauf peut être l’harmolodie colemanienne).

Commence alors un nomadisme de multi instrumentiste : il élargit sa palette, son style musical évoluant vers les musiques du monde. Il s’installe avec sa femme lapone Moki en Suède en pleine nature pour se ressourcer. Sa musique devient organique usant des instruments rapportés de tous ses voyages ( Maroc, Tunisie, Japon, Inde). Il s’ouvre au champ des possibles avec sa tribu familiale, cette communauté avec laquelle il ne joue plus simplement du jazz, faisant de constants aller-retours entre les styles . En 1975, le jazz s’électrifiant, il change encore d’approche avec Brown Rice. Il faudrait encore citer l’aventure au long cours Old and New Dreams de 1976 à 1987 avec des colemaniens de la première heure, Dewey Redman, Ed Blackman et Charlie Haden. Et aussi ses collaborations avec le percussionniste Nana Vasconcelos et le sitariste Colin Walcott (3 albums chez E.C.M). Jusqu’à la fin, il multipliera les expériences, citons encore Multi Kuti, passage de flambeau avec des musiciens, parfois anciens élèves Le spoken word devient slam, la culture hip hop renvoie à sa propre jeunesse, le “conscious hip hop” étant analogue au free jazz dans sa volonté contestatrice.

Passionné par son sujet, Nicolas Fily fait partager son intérêt et les émotions d’écoute que lui inspire ce musicien fécond, irremplaçable, à l’extraordinaire ouverture d’esprit. Don Cherry Le Petit Prince du Free sera une belle découverte pour les non initiés et convaincra les connaisseurs les plus avertis. Car si on a pu lire sur certaines périodes de son oeuvre, aucun livre à ce jour n’avait été consacré à toute la musique de Don Cherry. Nicolas Fily a donc réussi son coup avec cette somme qui fera référence.

 

Sophie Chambon

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 10:30

  « J’ai toujours aimé la diversité, l’ouverture », nous confiait en 2012 Philippe Sollers.

   L’écrivain, disparu le 5 mai à Paris à l’âge de 86 ans, restera comme l’un des auteurs majeurs de la littérature française qui aura exercé ses talents multiples dans tous les genres.

 

« Philippe Sollers était un amoureux des beaux-arts, de la musique et des lettres, célébrant le sacré d’ici-bas », a salué sa maison d’édition, Gallimard.

 

   Issu d’une famille d’industriels bordelais, diplômé de l’Essec, Philippe Sollers (nom de plume de Philippe Joyaux), voit son premier roman « Une curieuse solitude » publié à 22 ans en 1961 encensé par deux sommités du monde des lettres, Louis Aragon et François Mauriac

   Mais l’œuvre de cet esprit brillant et bretteur riche de plus de 80 titres, comprend aussi des essais, monographies, biographies portant sur la philosophie (Nietzsche), la peinture (Fragonard, Cézanne, Picasso, Bacon, De Kooning), la littérature (Sade, Rimbaud, Proust) et ce qui n’était pas le moindre, la musique. S’il adorait Mozart, Stravinsky, Webern, Philippe Sollers se montrait aussi admiratif de Miles Davis (« un anarchiste chinois. Il me fait penser à Apollinaire un soir de demi-brume à Londres » in 'La guerre du goût'.1994) et de Thelonious Monk. A propos du compositeur de Misterioso, Crepuscule with Nellie, l’écrivain confiait (propos repris dans 'Mystere Monk' de Franck Medioni. Ed.Seghers.2022) : « Monk c’est la folie maîtrisée, la destruction de l’instrument par l’intérieur, la vraie fausse note vraie ».

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

©photo Jean Jacques Saubi.

 

 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 23:03

Le label de l’ingénieur du son-musicien Jean-Marc Foussat a publié récemment deux nouveaux disques, où il dialogue avec Urs Leimgruber et Carlos Zingaro d’une part, et avec Sylvain Guérineau d’autre part ; et deux rééditions venues l’une du label In Situ, qui rassemble Daunik Lazro, Carlos Zingaro, Sakis Papadimitriou & Jean Bolcato, et l’autre du label Potlatch, qui associe Daunik Lazro, Carlos Zingaro, Joëlle Léandre & Paul Lovens

 

JEAN-MARC FOUSSAT & SYLVAIN GUÉRINEAU «Rustiques»

Jean-Marc Foussat (synthétiseur, piano, voix, jouets), Sylvain Guérineau (saxophone ténor, clarinette basse)

24 novembre 2022, Montbarrois (Loiret)

Fou Records FR-CD 49 / Les Allumés du Jazz

https://www.fourecords.com/FR-CD49

 

Ici le dialogue se noue sous l’égide de Jacques Prévert, entre liberté corrosive et tendresse du son et des sens. Libre donc, comme l’air….

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=sB9NTl3HVw8

 

JEAN-MARC FOUSSAT, URS LEIMGRUBER & CARLOS ZINGARO «L’Aile d’Icare»

Jean-Marc Foussat (synthétiseur, voix), Urs Leimgruber (saxophones ténor & soprano), Carlos Zingaro (violon)

Bignac (Charente), 22 mars 2019

Fou Records FR-CD 44 / Les Allumés du Jazz

https://www.fourecords.com/FR-CD44.htm

 

Qu’est-ce qui, de l’envol ou de la chute, détermine le cours des choses, et de la musique donc. «Le mystère des choses, où est-il ?» nous dit le poème de Fernando Pessoa, sur le livret du CD. Ne le cherchons pas, laissons venir à nous ces sonorités vibrantes de sensations et d’images. Elles nous conduisent au terme du poème : «Les choses n’ont pas de signification : elles ont de l’existence. Les choses sont l’unique sens occulte des choses»

 

 

LAZRO-ZINGARO-PAPADIMITRIOU-BOLCATO «PeriΦeria»

Daunik Lazro (saxophones alto & baryton), Carlos Zingaro (violons électrique & électro-acoustique), Sakis Papadimitriou (piano), Jean Bolcato (contrebasse & voix)

Vandœuvre-lès-Nancy, 10-12 avril 1993

Fou Records FR CD 43 / Les Allumés du Jazz

https://www.fourecords.com/FR-CD43.htm

 

Dans le texte du livret le pianiste Sakis Papadimitriou évoque l’origine du titre en grec ancien, et tout ce qu’il transporte de sens induit, de rêves et de dérives. Entre le périmètre du cercle, le fait de porter la vie ou le sens, l’odyssée d’Ulysse ou le tournoiement du derviche, c’est un espace ouvert, et donc libre, qui s’est offert aux musiciens. Tous ensemble , ou par dialogues transversaux, ils nous entraînent dans cette liberté, la leur, qui devient nôtre autant que nous choisissions de les suivre. Le plaisir et la surprise sont au bout du chemin. Suivons-les avec bonheur.

 

 

MADLY YOU

Daunik Lazro (saxophones alto & baryton), Carlos Alves ‘Zingaro’ (violon), Joëlle Léandre (contrebasse, voix), Paul Lovens (contrebasse, scie musicale)

Le Blanc-Mesnil, 22 mars 2001

Fou Records FR CD 46 / Les Allumés du Jazz

https://www.fourecords.com/FR-CD46.htm

 

 

Pour évoquer cette musique, simplement citer cet extrait du livret, signé P.L. Renou : «Deux secondes à peine ont suffi à Joëlle Léandre, Daunik Lazro, Carlos Zingaro et Paul Lovens pour parapher d’une main collective ce silence d’avant la musique, dont la déchirure, si elle ne procède pas de lui, la soumet aux emprunts arbitraires qu’on a dits, qui l’inféodent aux langages communs, l’adressant ainsi à une oreille commune». Tout est dit, qui nous prépare à écouter ce nouveau miracle de l’improvisation collective, dont le quartette a cultivé dès longtemps le secret

Xavier Prévost

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 12:32

Bobo Stenson (piano), Anders Jormin (contrebasse), Jon Fält (batterie, percussions)

Lugano (Suisse), avril 2022

ECM 2775 / Universal

 

À chaque fois que je découvre un nouveau disque de Bobo Stenson, je suis tenté de penser, et donc d’écrire, que c’est l’absolue quintessence du trio. On peut aussi le dire, ou l’avoir dit, de quelques trios dans l’histoire de cette musique. Pourtant, si je persiste et signe, c’est qu’il y là une singularité précieuse, une espèce de magie indécodable, tant le niveau d’interaction est confondant. Je m’explique : ce serait une sorte d’avers, ou de revers, selon qu’on l’interprète, de la conception du grand Ahmad Jamal qui vient de disparaître. Chez Jamal le fonctionnement du trio obéit à une construction tellement minutieuse qu’elle paraît corsetée. Ici c’est tout l’inverse, et c’est pourtant d’une rigueur folle. À ceci près que cela semble couler de source, jaillir d’une connivence partagée, et non d’une volonté de leader. Sur des thèmes empruntés aux compositeurs de musique dite savante des différentes patries nordiques, de Sibelius à Per Nørgård en passant par Sven-Erik Bäck, le programme se déploie. Mais il y a aussi une mélodie d’un musicien sud-coréen, et deux compositions du contrebassiste Anders Jormin, dont la très belle Unquestionned Answer, miroir de Unanswered Question de Charles Ives (à qui ce thème est dédié). Bobo Stenson n’a cette fois pas composé, mais chaque plage recompose en propre ce qui n’appartient qu’à lui, et évidemment à ses deux précieux partenaires, magiciens des nuances. Et la sonorité du magnifique studio-salle de concert, tout de bois habillé, de la radio suisse de langue italienne (RSI), où ECM aime à venir enregistrer, participe évidemment de cette troublante beauté. Grandiose !

Xavier Prévost

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4 mai 2023 4 04 /05 /mai /2023 18:48

ECM 2023
Joe Lovano (ts), Marilyn Crispell (p), Carmen Castaldi (dms)



Le 3ème volume du trio Tapestry pour le label de Manfreid Eicher paraît ces jours-ci. Et, à nouveau c'est une pure merveille.

Comme pour les deux volumes précédents, tout est ici fait d'écoute mutuelle des trois musiciens totalement en phase et fusionnels.
Comme Joz Lovano le dit lui-même dans le texte de présentation, l'atmosphère est au mystère et aux limbes féeriques.

Ce volume 3, conçu autour des compositions du saxophoniste est presque un moment mystique. Alors que d’autres voient en la transe l’expression d’un mysticisme fort, ici c’est tout le contraire. Toute la spiritualité de l’œuvre repose dans son minimalisme, dans les silences qui précèdent ou suivent le son (Rythm spirit). Et c’est bien dans cette démarche spirituelle que les trois membres du trio, à force d’écoute télépathique, façonnent le son et dessinent l’espace. Et ce n’est pas un hasard si ce trio se nomme « Tapestry » ( tapisserie). Car c’est comme si fil à fil, il construisaient ensemble une forme délicate, forte et incroyablement fragile en même temps.

On a encore en tête d’avoir écouté ce trio un soir à Nevers. Ce qui prédominait était une forme de recueillement quasi-religieux. Comme une sorte d’élévation.

Laissez vous embarquer dans ce jazz atmosphérique.
C'est envoûtant.
Jean-marc Gelin

https://youtu.be/56vR_doW4nQ

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2 mai 2023 2 02 /05 /mai /2023 18:07

64 pages. 13 euros. Editions de la Philharmonie, collection Supersoniques.
Paru le 16 mars.

 

     Un point de prime abord subalterne mais capital pour l’inventeur d’un synthétiseur qui plut tant à Sun Ra, Herbie Hancock ou encore… Stanley Kubrick. Son nom, Moog, doit se prononcer Mogue (comme Vogue), compte tenu de son origine hollandaise, et non Mougue, comme le font la plupart des gens. « Il faut croire que la prononciation en « ou » colle trop parfaitement avec le son produit par ses machines », observe Laurent de Wilde, auteur de cette courte et pétillante biographie de Robert Moog (1934-2005) « mise en images » (20 pleines pages) par un créateur de bandes dessinées, Yvan Guillo, alias Samplerman.

 

     L’ancien élève de Normale Sup s’est délecté à retracer le parcours de ce new-yorkais, fils d’un ingénieur électrique, qui donna naissance à ces drôles de machines qui font « VZZIIOUNG » ou « WOOOAAAOUH ». Le pianiste-compositeur avait fait ample connaissance avec Robert Moog en préparant « Les fous du son » (Grasset 2016), guide au pays des inventeurs qui créèrent de la musique avec de l’électricité, d’Edison à Rhodes, Kakehashi, Zinovieff, Martenot…

 

 

     Branché sur les sciences et la musique dès son adolescence, Bob Moog va ainsi s’atteler à produire du son avec de l’électricité mais aussi des transistors et un haut-parleur. Les appareils qui sortent des ateliers R.A Moog à Trumansburg (New-York) vont séduire nombre de musiciens et pas seulement dans la sphère du rock et autres sons psychédéliques. Une certaine Wendy Carlos reproduit ainsi au Moog un Concerto Brandebourgeois de Bach. Un choc. Sorti en 1968 par Columbia, "Switch on Bach" remporte quatre Grammy Awards et dépasse le million d’exemplaires vendus. Même succès trois ans plus tard avec la commande de Stanley Kubrick pour la bande son d’"Orange Mécanique", qui « passe Beethoven à la moulinette du synthé ».

 

     Inventeur révéré, fuyant les honneurs, Robert Moog, laisse à son brutal décès à 71 ans une entreprise solide. Le fruit des valeurs professées par son fondateur, souligne Laurent de Wilde, « la curiosité, le sérieux ou l’humour selon la nécessité, l’inventivité, le travail en équipe, l’absence de dogmatisme, la perpétuelle recherche de l’amélioration ».

 

     Praticien des claviers (acoustique, électroniques), musicologue, Laurent de Wilde a su fouiller dans les entrailles des Moog et sonder l’esprit de Bob pour nous faire vivre une aventure qui met la science au service du son. Une lecture captivante qui donne envie d’écouter toutes les curieuses musiques générées par ce Messie du son.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

A noter que le Moog est à l’honneur dans le dernier album de Thierry Maillard « MOOG PROJECT » (Ilona-L’autre distribution) qui sera présenté en concert le 4 mai au NEW MORNING (7510).

 

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1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 18:32

MCO 2023



Alexandra Lehmler (saxs), Franck Tortiller (vb)
Comme un dialogue qui se tiendrait sur les ailes des anges. Où les mélodies tutoient les nuages.
Cette rencontre entre le vibraphoniste et la saxophoniste allemande est un éloge de la douceur et de la tendresse. Tout l'inspire. Que ce soit le verbe (musical) ou l'écoute.
Il y a une dans cette rencontre une forme de sensualité à fleur de peau. Un peu à la manière de calligraphes ils dessinent tous les deux des courbes musicales avec une maîtrise dépouillée de tout autour superflu. Alexandra Lehmler dessine ainsi les notes avec la finesse d'un maître zen.
Et quand ça groove, Franck Tortiller au vibraphone et elle au Baryton c'est avec une souplesse de chat, à pattes de velours (L'innocence du cliché).
On a fortement envie de se mêler à ce dialogue, en spectateurs charmés.
Reste à programmer ce beau duo en  France.
A bon entendeurs !
Jean-Marc Gelin

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