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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 22:27

Cam jazz 2009

Après s’être attaqué avec brio aux sonates de Scarlatti, le grand pianiste Enrico Pieranunzi revient à une musique plus personnelle qu’il explore au cours de ce Wandering, auto-portrait en forme de promenade musicale, récital composé de 14 pièces qui créent une suite, un long métrage imaginaire. Il ponctue son vagabondage de brefs interludes appelés « wanderings », « improvisions », «improstinatos», renouvelant ainsi les tempos, de façon plus libre, mais toujours cohérente comme dans « Dark ». Une sonorité indéniablement belle, une technique imparable et une inspiration infaillible. Avec une limpidité brillante, le pianiste s’impose moins par le swing (il a une pulsation subtile et prenante) que par l’établissement d’un climat particulier : l’atmosphère sans être mélancolique est sombre et mystérieuse, avec un penchant marqué pour l’abstraction au cours de ces rêveries introspectives. Partenaire privilégié des plus grands comme Chet Baker, Charlie Haden, ou au sein de son trio formé il y a plus de vingt ans avec Marc Johnson et Joey Baron, il est l’un des pianistes de jazz qui comptent dans cette tradition classique (Fermati a guardare il giorno) .

Un jeu aéré, harmoniquement lumineux, sans grand hasard aux effluves tendres, sentimentales  sur « Rosa del Mare », aux accents plus fervents sur « Foor Fee » ou « Wandering 1 ».

Alors, classicisme un peu conventionnel, ou art de petites pièces pas faciles, vibrantes, qui jaillissent en éclats tranchants comme cet avant-dernier « Improstinato 2» ?

Enrico Pieranunzi  s’essaie à des choses qu’il ne réussit pas toujours mais peut-on lui reprocher sa prolifique inventivité avec tous ses albums sortis sur le label Camjazz? Visiblement il n’en a pas encore fini avec lui-même et les fantômes du passé comme il essaie de nous en convaincre dans le final « For my true love ».

 

Sophie Chambon

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 21:57

Jazz Icons 2009

Art Blakey (dm), Jackie Byard (p), Nathan Davis (ts), Freddie Hubbard (tp), Reggie Workman (cb)

 



La collaboration entre l’éditeur jazz Icons et les archives de la télévision Britannique (BBC) ou Française (INA) permet aux jazz-fans l’accès à une masse documentaire intéressante parmi lesquels on trouve un florilège de concerts donnés en France dans les années 60. Après un précédent DVD consacré aux Jazz Messengers en 1958,  cette nouvelle série de Jazz Icons permet de découvrir notamment ’un concert donné en 1965 à Paris à la Mutualité par cette version des Jazz Messengers (intitulée Art Blakey «  New jazzmen ») qui prenait alors la suite de quelques autres versions dont la fameuse, celle ou Freddie Hubbard soufflait en même temps que Wayne Shorter et Curtis Fuller tandis que Cedar Walton prenait le clavierici occupé par Jackie Byard. Cette captation vidéo de moins d’une heure est donc d’autant plus appréciable que cette version des « New Jazzmen » n’est jamais entrée en studio. C’est autour du répertoire classique des Jazz Messengers que cette formation (les fines bouches diront que ce n'est pas forcément la meilleure mais.... ce sont des fines bouches) s’exprimait ce soir du 3 novembre autour des compositions du plus pur hard bop signées pour l’essentiel Freddie Hubbard (notamment The Hub, Crisis) et que le quintet balançait sur scène, sans répétition avec cette énergie parfaitement contrôlée des grands pros de l’écurie Blue Note. Et comme toujours avec Art Blakey ce que l'on entend d'abord c'est l’urgence de la pulse, c'est cette éclatante et impudique vérité du jazz, celle de l’accouplement sans gêne d'un batteur de génie et d'un contrebassiste pas moins inspiré, cette fornication féconde de la batterie et de la contrebasse devant laquelle les solistes héroïques tentent par un sursaut de pudeur de faire diversion en alignant des chorus qui ne parviennent pas vraiment à cacher que derrière eux une orgie rythmique s'en donne à coeur joie. Et ces solistes sont bels et bien magnifiques. A tout seigneur tout honneur, Freddie Hubbard omniprésent dans ce concert là, se révèle particulièrement en verve. Avec cette pétulance des "sûrs d'eux", cette franche attaque des notes de ceux qui savent qu'ils savent et qui ont l'air de tout entraîner d'une simple claque dans le dos. A ses côtés Nathan Davis fait le job et le fait bien même plutôt bien, avec une pointe de distance. Quand à Jackie Byard, déjà un peu la tête ailleurs, dans la musique d'après, dans l'inspiration qui suit le hard bop, il apporte ici un réjouissant décalage.

Si  ce  document  est plutôt bien filmé et bien construit on pourra néanmoins lui reprocher une image de qualité médiocre, plutôt cotonneuse. Mais on doit à nouveau rendre hommage au merveilleux travail éditorial que, fidèle à son habitude, Jazz  Icons  nous  propose,  allant  chercher  pour  l'occasion parmi les plus belles plumes du jazz pour étoffer ce DVd de liners particulièrement bien documentées. Ici ce n'est pas moins que Michael Cuscuna, célèbre producteur du label qui s'y colle et apporte un éclairage honnête et sans concession sur cette performance du 3 novembre 1965.

Jean-Marc Gelin

 

 


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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 07:08

ECM 2009

Tomasz Stanko (tp), Alexis Tuomarila (p), Jakob Bro (g), Anders Christensen (cb), Olavi Louhivuori (dm)

 

On  a  un  peu  d'appréhension avant de se lancer dans le nouvel album de Tomasz Stanko chez ECM. La crainte d’une esthétique archi-rebattue du label allemand. Celle d'entendre encore un trompettiste se perdre dans  les  méandres  davisiens d'une musique éthérée Si le risque avec  le nouvel album de Tomasz Stanko etait évidemment celui-là, force est d’admettre que le résultat final de cet album est plutôt une agréable surprise. Car ce n'est pas le moindre de ses mérites que de parvenir à naviguer autour de tels clichés  tout en les évitant de justesse. En s'adjoignant une nouvelle équipe composée de jeunes musiciens scandinaves (on notera la très belle présence du jeune pianiste finlandais Alexis Tuomarila) le trompettiste polonais s'en écarte clichés  pour  proposer  une  musique  basée  sur  des  superbes arrangements. Loin d'une musique figée, celle que propose le trompettiste est très évolutive et offre des compositions donnant aux musiciens de réels champs d'expression. Alors que bien d’autres tentent la mixité des cultures par collage, le trompettiste propose ici une sorte de creuset intelligent entre un jazz nordique et un jazz moderniste américain où chacun des membres du quintet progresse avec la musique, de construire le jeu en phase l’avancement de thèmes au demeurant fort bien orchestrés. La direction artistique est à cet égard exemplaire. Un thème comme The dark eyes of Martha Hirsch (du nom d'une toile du peintre autrichien Oskar Kokoschka 1886-1980) est l'exemple même d'un thème bâti autour d'une progression mélodique intelligente où le dépouillement de l'ouverture du morceau évolue vers  des  sonorités  qui  ne sont pas sans évoquer l'inspiration du Miles électrique. Et c'est avec beaucoup de maîtrise et de contrôle que le thème peu à peu tend au swing avec autant d’élégance que de savoir faire. Dans ces constructions souvent basées sur des ostinatos, Tomasz Stanko crée des tensions entre des thèmes un peu légers et une sorte de tension imperceptible, quelque chose qui sourd derrière cette apparente décontraction. L'ouverture de Samba Nova est étonnante à ce titre  comme  l'évocation  d'un voyage  intérieur  qui   brutalement sort de l'onirisme pour se retrouver face au thème très simple d'une samba détournée. On pense parfois à certains aspects de Enrico Rava, on adore les réverbs jamais trop appuyées  du  guitariste danois,  on  aime  l’unité  de  ce  groupe entièrement tourné vers la cohérence de cette musique faite d'alternance de reliefs musicaux organisés avec maîtrise et on a un faible, disons le tout net pour ce pianiste finlandais découvert ici et dont on suivra l’évolution avec attention. Pas totalement hors des sentiers battus mais pas totalement dedans non plus, le nouvel album de Tomasz Stanko est ici une bien agréable surprise.

Jean-Marc Gelin

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 08:23
 

Criss Cross Jazz 2009
Jonathan Kreisberg (g); Matt Penman (cb); Mark Ferber (dr); Gary Versace (p)
Le site de Jonathan Kreisberg


Le guitariste new-yorkais Jonathan Kreisberg, que vous connaissez bien grâce aux dnjs, est de retour avec son troisième album sur le label Criss Cross. Ce label new-yorkais existe depuis 1978 et a enregistré tout new-york et édité plus de 300 cds. Distribué en France par Dom, Criss Cross a son public: des amateurs, le plus souvent américains, de jazz américain qui aiment la tradition musicale personnifiée par un jazz propre et classieux, type années 50, où les standards revisités sont les bienvenus voire conseillés par la production. Le directeur du label, Gerry Teekens, continue d'enregistrer selon la bonne vieille méthode de la session - comme celles qu'ont connues des artistes comme Coltrane, Monk ou Mingus - qu'il soumet aussi bien à la jeune garde qu'aux musiciens plus expérimentés, pourvus qu'ils suivent son cahier des charges, et qui se révèle être une gageure: prises directes sans post-production dans un contexte musical inhabituel.
Night song propose neuf ballades, que des standards, dont certaines sont plus rarement rejouées ("Nefertiti" de Shorter, "Warm Valley" d'Ellington). Kreisberg joue ici avec son trio habituel (composé du contrebassiste Matt Penman et du batteur Mark Ferber), que l'on croise régulièrement en clubs à New York. Gary Versace vient renforcer le groupe sur le plan sonore sur quatre pièces dont "Laura" pour un très beau duo avec le guitariste. Kreisberg se sert également de la guitare acoustique ou électrique, sans effets s'entend, avec une profondeur de jeu qui croise beauté et béatitude, loin de toute performance. Cet excellent quartet moderne joue des ballades avec passion, en observant, dans le jeu, une respiration concertée qui libère des espaces d'expressions modernes et personnelles chez tous les musiciens. Le plaisir qu'ont ces musiciens à jouer simplement avec décontraction se traduit par un jeu soulful et essentiel ("Autumn in New York") et une sensibilité aigüe dans la mélancolie.
Jonathan Kreisberg, qu'on avait vu cet été à Paris au 9 Club en duo avec Nelson Veras pour une prestation éblouissante, est décidément un guitariste doué pour se transcender quelque soit la musique dans laquelle il est impliquée.



Jérôme Gransac



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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 20:00

1 CD Act/Harmonia Mundi – 2009



Quoi de plus passionnant, excitant et stimulant que de découvrir un disque qui propose une musique nouvelle, une musique qui n’a jamais existée, impossible à identifier, classer ou étiqueter. La « chambre merveilleuse » du pianiste et compositeur allemand Michael Wollny définit en fait son propre univers, intime, mental et artistique. Un univers original et profond, qui provient de recherches personnelles extrêmement poussées, qui font se côtoyer la musique écrite, classique et contemporaine et les musiques improvisées européennes, marquées par le jazz et quelques cousinages avec les expérimentations répétitives de Steve Reich, Terry Riley ou Philip Glass. Il utilise à cet effet une palette où les couleurs du piano, du célesta, du clavecin, de l’harmonium et du Rhodes, sont souvent entremêlées dans une savante orchestration, qui n’oublie jamais d’être lisible et raffinée. Homme orchestre à lui tout seul (de l’ambiance douce et feutrée de « Studenglas » à la folle fantasmagorie de « Kabinett III »), il est quelquefois seul au piano pour une introspection méditative (« Palimpsest » et « Amethyst »). Wollny sait aussi s’entourer de personnalités fortes qui vont s’immiscer dans son univers, comme l’israélienne Tamar Halperin (spécialiste de musique baroque), qui va jouer un rôle fondamental dans le processus orchestral avec sa pratique savante, sophistiquée et expressive du clavecin. N’oublions pas aussi de nommer Guy Sternberg, directeur artistique attentif et génial, qui réalise par un innovant mixage, un univers sonore tout à fait unique, allant même jusqu’à proposer trois arrangements tout à fait pertinents (comme le magnifique « Kabinet VI »). Je sens bien qu’il y aura toujours quelque grincheux pour dire que ça ne swingue pas et que ce n’est pas du jazz, tant pis pour eux, ils passeront à côté d’une œuvre unique, onirique et étrange, à la fois sombre et lumineuse. Un monde imaginaire, merveilleux, fantastique et inconnu, que Wollny explore avec  encore plus de certitude et de sensibilité que lors de son précédent opus solo (« Hexentanz »).

Lionel Eskenazi

 

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 20:07

Gravity 2009

 

 

En 1967 Otis Redding est au sommet de sa forme, en pleine ascension. Le chanteur enchaîne les festivals et les concerts, aligne les tubes planétaires. Il a à peine 26 ans et déjà derrière lui des titres mythiques comme sa reprise de (I can’t get no) satisfaction, Try a little tenderness, I’ve been loving you too long. Des titres à se faire trémousser des nymphettes en robes Castelbajac.

Mais cette année 1967 est aussi une année tragique puisque cette fulgurante carrière est brutalement interrompue par un accident d’avion qui, le 10 décembre coûte la vie au chanteur.

Le label Gravity a choisi de rééditer deux extraits de concerts de cette année 67. Le premier prit en Norvège à l’occasion du festival européen organisé par le label d’Otis Redding , le Stax/Volt tour où le chanteur pour l’occasion était rejoint sur scène par quelques stars soul du moment comme Booker T & the MG’s ou encore Sam and Dave bête de scène totalement déchaînée. Le deuxième extrait est filmé à l’occasion du festival de Monterrey en Californie.

On ne va pas bouder son plaisir. Surtout pour ceux qui, comme moi n’ont bien sûr jamais pu voir le chanteur sur scène. Jamais pu approcher les raisons de sa légende. Car il y a là de la dynamite c’est sûr. Otis Redding dégageait une puissance, une énergie et une sensualité à faire perdre la tête aux donzelles ci-dessus évoquées. Pourtant pas de quoi s’emballer non plus.

Car si la cause est  sympathique elle ne peut faire oublier la qualité du produit final. Quelques extraits de concerts tournant autour des grands tubes, pas de construction au montage, des images de mauvaise qualité que l’on ne s’est pas donné la peine de restaurer ( il faudrait un jour que les éditeurs de documents musicaux historiques prennent la peine d’investir dans la restauration des images !), un support documentaire réduit à sa plus simple expression, soit au final un document un peu maigre qui ne pourra que réjouir les collectionneurs compulsifs en quête d’images qu’ils connaissent certainement et quelques donzelles à qui cela rappellera certainement des amours de vacances au temps merveilleux de l’apogée de leur félicité.

Jean-marc Gelin


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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 22:58

Les chroniqueurs de jazz, qui adorent – et c’est normal – se procurer les secrets de fabrique (et de coulisses) de leur musique préférée n’expliquent quasiment jamais comment ils écrivent leurs textes (est-ce d’ailleurs l’une de leurs préoccupations majeures ?). Même si ce n’est pas sa visée première, le présent article tente de rompre avec cette habitude : outre le lien très clair qu’il établit entre son sujet et une période de la propre vie de l’auteur, ses convictions personnelles aussi, 

précisons qu’il a été écrit le dimanche 1er novembre 2009 en un quart d’heure environ, après le deuxième visionnage du volume de la collection « Jazz Icons » consacré à Anita O’Day (chroniqué à part dans les DNJ), à la brasserie « Le Carrefour », à l’angle de l’avenue Secrétan (19ème), sur une nappe en papier juste après déjeuner vers 15H30…Le texte a été rédigé d’un jet et dans le désordre, ce pourquoi il est truffé jusque dans son titre de quelques chiffres qui dévoilent la succession des paragraphes et des thèmes qui ont scandé sa graphie.

 

(3) J’aime tout d’Anita. Le galbe de ses mollets, le magnétisme de son visage, l’orbe de sa bouche qui découvre ses dents supérieures trop en avant, sa démarche sur scène, qu’elle se plante face au micro, jambes écartées, buste splendidement rejeté en arrière ou qu’elle esquisse un pas de danse (son premier métier) toujours imparablement juste de sensualité, ses bracelets, ses bras nus ou à l’inverse gantés (jusqu’au poignet ou encore au-delà du coude, trop usé), qui miment chinoisement le phrasé ...

Stéphane Carini

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 22:26

1 CD Fram Music – 2009

Franck Amsallem (piano and vocals).




 « La majorité des pianistes qui nous touchent, le font d’abord quand leur clavier chante réellement les mélodies ». C’est le pianiste français Franck Amsallem qui parle et qui a été au bout de sa logique, en franchissant le pas de chanter lui-même, seul au piano, de touchants et d’indémodables standards de la chanson américaine. Il faut beaucoup de courage pour se lancer dans une telle aventure et savoir mettre de côté sa timidité et sa pudeur, faire parler sa sensibilité et pouvoir faire oublier les grands chanteurs de référence (Sinatra, Chet Baker ou Nat King Cole). Franck Amsallem est gagnant sur tous les fronts et arrive constamment à nous surprendre et à nous émouvoir, en chantant avec beaucoup de sobriété et sans pathos, ces mélodies que l’on connaît pourtant par cœur et dont il saisit parfaitement bien la richesse. Il s’embarque dans un voyage intérieur, sentimental, profond et léger à la fois, avec beaucoup de retenue, de sincérité, de swing et d’émotion. Quel plaisir d’entendre un chanteur français chanter en anglais avec une diction et un accent aussi parfait ! Il faut dire que Frank Amsallem a une certaine légitimité à chanter aussi bien ce répertoire, car il a passé vingt ans aux Etats-Unis, où en plus de la pratique du piano, il a aussi appris à chanter. Un disque très agréable et idéal pour se changer les idées et même s’il n’est pas l’un des plus marquants de l’année, pourquoi bouder son plaisir et ne pas rentrer dans cette belle ambiance intime et feutrée afin d’apprécier l’impeccable travail de production de Daniel Yvinec, qui restitue au mieux, la belle osmose d’une voix sensible et d’un élégant toucher de piano.

Lionel Eskenazi

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 20:00

« Jazz Icons ». Naxos 2009.

 

Anita O’Day (voc) + en 1963 : Goran Engdahl (p), Roman Dylag (cb), John Poole (dr) ; en 1970 : Georges Arvanitas (p), Jacky Samson (1970), Charles Saudrais (dr).


 

La France a loupé Anita O’Day (et l’accueil qui lui fut fait sur le tard au Franc Pinot, alors qu’elle n’avait plus tous ses moyens, ne change rien à l’affaire). Après le splendide DVD Live in Tokyo ‘63 diffusé par « Kayo Stereophonic », ce volume de la collection « Jazz Icons » permet de mesurer idéalement l’originalité foncière et la présence scénique incomparable d’une des plus grandes chanteuses de jazz de tous les temps. L’intérêt majeur de ce DVD est de présenter Anita O’Day à deux moments-clés de sa carrière et de sa vie. En Norvège, en 1963, elle est au zénith après avoir gravé pour Verve une impressionnante série de chefs d’œuvre. Sa prestation est alors représentative de ses passages en clubs : une rythmique locale (Anita joue au chat et à la souris avec le pianiste, qu’elle pousse à sa limite de tempo sur un « Tea for Two » endiablé), son batteur attitré (et ami), le remarquable John Poole, un répertoire fait de standards et qui change peu mais qu’elle habite et revisite chaque soir comme un acrobate se jouant des lois de l’espace et de la pesanteur, un charisme et une sensualité qui conquièrent d’emblée le public. Car sur scène, Anita fait tout (chanter, danser, mimer le rythme, arranger et distribuer les choruses, apprécier la musique au quart de tour et avec l’espièglerie qui convient), sait tout, voit tout (la manière dont « elle sert » les caméras), maîtrise tout (y compris le temps qui passe en scrutant sa montre, à l’instar d’un Stan Getz affichant sa distance et son désabusement). Son swing, (écoutez-là impériale sur « Sweet Georgia Brown »), son scat (« On Green Dolphin Street »), sa manière absolument unique de phraser, de réarticuler les songs les plus éculés, la liberté de son placement rythmique font merveille. En 1970, en Suède, devant un auditoire plus large, le contexte a profondément changé : après une over-dose qui faillit bien la terrasser en 1968, Anita repart de plus belle pour une tournée européenne, formidablement accompagnée par le trio Arvanitas (dont elle note dans son autobiographie « High Times, Hard Times », p. 290, que si ses membres « ne parlaient pas l’anglais, ils savaient à coup sûr comment communiquer avec leurs instruments »,) et qui donnera lieu à un enregistrement (Live In Berlin). Le répertoire est peu différent de celui chanté en 1963 mais les qualités de la chanteuse ne se sont nullement estompées : sens de l’interprétation (l’enchaînement sensible, intime, Beatles / J. Kern autour de « Yesterday(s) »), infinie élasticité de la voix, finesse harmonique, drive et virtuosité vocale (« Four Brothers », « Tea For Two »). Avec pudeur et intelligence, la camera continue de la filmer une fois le concert terminé, repartant seule en coulisses, ses partitions précieusement serrées contre sa poitrine. Telle était effectivement Anita O’Day, seule pour mieux être libre en musique, amoureuse de la seule musique.

Stéphane Carini




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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 11:40


 Sunset
- 22 Novembre
  (60 rue des lombards - Paris)
 Words Project


 



Laurent Coq: "J'ai rencontré Sam durant l'été 2008 où je résidais à New York. Je connaissais déjà son  disque Words Project qui m'avait tout de suite enthousiasmé lors de sa sortie. Je l'avais contacté pour le lui dire, et c'est assez naturellement que nous nous sommes retrouvés à jouer ensemble une après-midi de Juillet à Brooklyn.

Plus tard, il a obtenu la bourse CMA/FACE French-American Jazz Exchange de la fondation américaine Chamber Music America (la même que l'altiste Miguel Zenon a obtenue, mais c'est une autre histoire) sur un dossier nous associant tous les deux, toujours autour de la poésie. Cette fois, il s'agissait d'écrire une musique originale sur des poèmes anglais (ou américains) et français qui ont fait l'objet d'une traduction. Ainsi, chaque poème serait chanté dans les deux langues et avec deux traitements musicaux distincts.

C'est ce travail que nous présenterons en sextet pour la première fois à Paris fin novembre (à la maison de la Radio le 21, et le lendemain au Sunside) avec deux chanteuses magnifiques ; Christine Correa chantera les versions anglaises mises en musique par Sam, et Laurence Allison chantera les versions françaises que j'aurai mises en musique. La rythmique sera assurée par les vaillants Yoni Zelnik (contrebasse) et Karl Jannuska (batterie)."


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