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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 07:21

FUTURA 2009

Sophia Domancich (p), William Parker (cb), Hamid Drake (dm)



 Il y a des personnalités incontournables sur la scène du jazz. Assurément le duo que forme ensemble William Parker et Hamid Drake est de ceux là. On a souvent vanté leur façon quasi-télépathique de jouer ensemble, de se fondre dans les pas de l’autre. Sorte d’entente surnaturelle qui de concert en concert ne se dément jamais. Et lorsque ces deux-là accueillent auprès d’eux une autre personnalité incontournable, celle de la pianiste Sophia Domancich, la magie de l’instant ne manque pas d’opérer. Et s’il est des concerts qui méritent absolument d’être gravés dans la cire, celui que ce trio donna un soir de  juillet 2008 en est un. Hommage en soit rendu à Gérard Terrones et son label Futura Marge pour avoir su saisir l’importance de l’événement et laissé traîner ses micros du côté de la scène de la rue des Lombards. Car ce concert-là est tout bonnement exceptionnel. Sophia Domancich est dans le jazz. Elle incarne le jazz dans son jeu exaltant, exultant, dans l’intelligence de l’improvisation, en quête continue de la construction de la phrase suivante. Il y a dans cette façon de jouer le jazz, une façon de le vivre intensément, intelligemment mais aussi avec les tripes. Il y a du Cecil Taylor dans ce jeu-là. Dans ce jeu qui danse, qui s’interrompt et repart en scansion, en tensions et en relâchement. Rien d’étonnant alors qu’à ses côtés William Parker ,ancien compagnon de jeu du pianiste de Long Island y trouve son compte. Comme dans un univers qui lui est familier et où il peut lui aussi scander la pulse, faire rebondir le tempo ou le colorer par de judicieux coups d’archets. Hamid Drake est encore une fois un monument d’inventivité, de science de la relance sans frénésie, sans frémissement mais avec une autorité qui l’installe en maître du temps. Juste trois morceaux. Après un premier thème composé collectivement (Washed away), le trio suspend le temps avec un thème profond et grave de Mal Waldron ( The Seagulls of Kristiansund). Superbe. Mais le moment fort de ce concert, sorte d’apothéose, est l’interprétation que le trio livre de Lonely Woman. Conçue comme une suite de 36’27, cette version passe par d’incroyables chemins entre improvisation libre et revirement, changements de direction dans le cours, dans le flot de la musique collectivement inspirée. Ces trois-là nous font passer par d’innombrables détours au point d’en oublier le thème qui n’était là que comme point de départ. William Parker, Hamid Drake et Sophia Domancich fusionnent et apportent enfin la transe, celle qui tourne et atteint des sommets dans un moment où les ostinatos rejoignent l’extase dans un moment de possession du rythme. Magique et intense !      Jean-marc Gelin

 

 

 

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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 07:21

FUTURA 2009

Sophia Domancich (p), William Parker (cb), Hamid Drake (dm)



 Il y a des personnalités incontournables sur la scène du jazz. Assurément le duo que forme ensemble William Parker et Hamid Drake est de ceux là. On a souvent vanté leur façon quasi-télépathique de jouer ensemble, de se fondre dans les pas de l’autre. Sorte d’entente surnaturelle qui de concert en concert ne se dément jamais. Et lorsque ces deux-là accueillent auprès d’eux une autre personnalité incontournable, celle de la pianiste Sophia Domancich, la magie de l’instant ne manque pas d’opérer. Et s’il est des concerts qui méritent absolument d’être gravés dans la cire, celui que ce trio donna un soir de  juillet 2008 en est un. Hommage en soit rendu à Gérard Terrones et son label Futura Marge pour avoir su saisir l’importance de l’événement et laissé traîner ses micros du côté de la scène de la rue des Lombards. Car ce concert-là est tout bonnement exceptionnel. Sophia Domancich est dans le jazz. Elle incarne le jazz dans son jeu exaltant, exultant, dans l’intelligence de l’improvisation, en quête continue de la construction de la phrase suivante. Il y a dans cette façon de jouer le jazz, une façon de le vivre intensément, intelligemment mais aussi avec les tripes. Il y a du Cecil Taylor dans ce jeu-là. Dans ce jeu qui danse, qui s’interrompt et repart en scansion, en tensions et en relâchement. Rien d’étonnant alors qu’à ses côtés William Parker ,ancien compagnon de jeu du pianiste de Long Island y trouve son compte. Comme dans un univers qui lui est familier et où il peut lui aussi scander la pulse, faire rebondir le tempo ou le colorer par de judicieux coups d’archets. Hamid Drake est encore une fois un monument d’inventivité, de science de la relance sans frénésie, sans frémissement mais avec une autorité qui l’installe en maître du temps. Juste trois morceaux. Après un premier thème composé collectivement (Washed away), le trio suspend le temps avec un thème profond et grave de Mal Waldron ( The Seagulls of Kristiansund). Superbe. Mais le moment fort de ce concert, sorte d’apothéose, est l’interprétation que le trio livre de Lonely Woman. Conçue comme une suite de 36’27, cette version passe par d’incroyables chemins entre improvisation libre et revirement, changements de direction dans le cours, dans le flot de la musique collectivement inspirée. Ces trois-là nous font passer par d’innombrables détours au point d’en oublier le thème qui n’était là que comme point de départ. William Parker, Hamid Drake et Sophia Domancich fusionnent et apportent enfin la transe, celle qui tourne et atteint des sommets dans un moment où les ostinatos rejoignent l’extase dans un moment de possession du rythme. Magique et intense !      Jean-marc Gelin

 

 

 

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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 23:41
La Fabrica'son et sa programmation : http://www.jazzseb.com/PAGES/LaFabricason.htm 22 mars 2009 - Fabrica'son - Eric Prost quartet http://douzeprod.free.fr/ La Fabrica'son et sa programmation : http://www.jazzseb.com/PAGES/LaFabricason.htm Eric Prost - ts Bruno Ruder - p Jérôme Regard - cb Stéphane Foucher - dr



Pour fêter les neuf années d'existence du collectif de Malakoff, la Fabrica'son a invité Eric Prost et son quartet - noyau dur du collectif jazz de Macon "le Crescent" qui a lui 14 ans en 2009. Ces deux collectifs organisent des concerts dans leur lieu respectif - et des festivals comme le Festiva'son de la Fabrica'son - et se côtoient par l'intermédiaire des programmations. En plus de l'habituelle très bonne ambiance du lieu, les spectateurs ont eu droit à une part du gâteau d'anniversaire de la Fabrica'son, servi à la pause par le contrebassiste Jean-Claude Oleksiak. Ce dimanche après-midi, la Fabrica'son accueille le quartet d'Eric Prost. En plus d'être un fervent animateur du Crescent de Macon, Eric Prost (dites "pro") est l'un des saxophonistes du Collectif Mu qui avait enregistré dans les années 90 chez Seventh Records, le label de Christian Vander. C'est aussi le leader du groupe LOOPS - composé de François Gallix à la contrebasse et Stéphane Foucher à la batterie - dont on se rappelle avec frissons le fameux cd "Get High" avec en guest-star Steve Grossman. Enfin, Prost a été le saxophoniste du quartet de Christian Vander où il excellait avec le groupe dans des interprétations viriles et suantes des compositions de Coltrane, égérie à l'infini de Vander. Eric Prost est un saxophoniste respectueux de la tradition, proche de saxophonistes comme Coltrane, Rollins et Henderson. Pour autant, il n'y trempe pas sans créativité. Au contraire, il est parvenu à développer un son bien à lui avec une petite lumière personnelle et perçante. Un son sucré, incisif, rudement terrestre, puissant mais retenu; le tout soutenu par un phrasé liquide qui ne semble pas connaître de limites. Les compositions du quartet sont majoritairement celles de Prost, délibérément des tranches de vie: un peu bop, hard-bop et modales mais résolument modernes dans la structure, dans la complexité harmonique. Que ce soit "Satellite" de Coltrane ou la "Freedom Suite" de Rollins, les pièces sont ré-inventées et (dé)(re)-structurées de manière à les rendre siennes. Björk est aussi à l'honneur, toujours influente sur beaucoup d'artistes. Si Foucher est le batteur véloce et souple dans son jeu et celui qui dérouille la motricité, Jérôme Regard déblaie l'autoroute nécessaire à Prost et à un extraordinaire pianiste de 25 ans : Bruno Ruder. Pianiste-claviériste actuel de Magma, Ruder allie sans couture, de manière très organique à l'oreille, la main gauche et la puissance de Mc Coy Tyner, l'intelligence de jeu et la main droite d'Andrew Hill et les dialogues mains droites / mains gauches chers à Paul Bley. Lors de ce concert, ce jeune pianiste était une pièce d'orfèvre dans la mécanique du quartet. C'est un musicien à suivre et découvrir absolument tellement son jeu est détonnant et rafraîchissant. L'étendue de la dynamique et la gamme de couleurs que l'on peut entendre dans ce quartet inspiré, le jeu clair et sans verbiage des musiciens et la solidité du quartet servent une musique vivante et entraînante qui peut amener l'auditeur loin, très loin. Anniversaire dignement fêté.
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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 16:48
C'était hier soir dans une salle malheureusement un peu clairsemée. Thierry Peala et son new Edge trio avec Bruno Angelini et Francesco Bearzatti aux saxs. 
Moment de pur enchantemet où le chanteur totalement libéré survolait son sujet dans une parfaite osmose du trio et offrait une lecture tout à fait nouvelle du New Edge.
Mention particulière pour le saxophoniste dont toutes les interventions ne cessent de frapper par leur superbe musicalité. la phrase juste et toujours inattendue.

Les absents ont eu tort......

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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 07:45


Naissance de la Maison du Duke, en résidence un soir par trimestre à l’Entrepôt – Paris.

La Maison du Duke est un format original de rencontre musicale et didactique, visant à partager et prolonger l'héritage de Duke Ellington avec le public, les musiciens et les passionnés. Une autre façon de (re)découvrir le Duke, mêlant concert commenté, répétition publique, invités, actualités ellingtoniennes …

La Maison du Duke est animée par le Duke Orchestra et le cercle des amis de Duke Ellington,  parrainé par Claude Carrière.

Jeudi 16 avril 21h30

-       Répétition commentée et concert Duke Orchestra

-       Interventions de Claude Carrière – petites histoires et grands standards

Jeudi 11 juin 21h30

-       sortie de l’album « live » du Duke Orchestra et concert commenté

-       nombreux invités …

-       Présentation de Philippe Baudoin – partitions vintage

 


 Le Duke Orchestra 

Didier Desbois, Aurelie Tropez, Fred Couderc, Nicolas Montier, Philippe Chagne (saxes), Jean-Louis Damant, Guy Figlionlos, Guy Arbion (tbn), François Biensan, Franck Delpeut, Franck Guicherd, Richard Blanchet (tpt), Philippe Milanta (p), Bruno Rousselet (cb), Julie Saury (batt), Laurent Mignard (dir)

 L’Entrepôt
7/9, rue Francis de Pressensé 75014 Paris - M° Pernety - tel : 01 45 40 07 50
parking public : rue du Commandant Mouchotte
tarif : 7 euros, sans réservation.
site internet :
www.laurentmignard.com  -  myspace : www.myspace/dukeorchestra

 

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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 06:27





Guy Darol

Le Castor Astral  (rééed)

 

Le Castor astral ressort dans une nouvelle édition revue et augmentée le livre de Guy Darol sur Frank Zappa, l’homme Wazoo. L’auteur raconte la rencontre fondatrice avec une musique qui devait dès lors s’inscrire à jamais dans sa vie.

Cet ouvrage clair, documenté, montre ainsi comment certains artistes marquent non seulement leur époque et leur génération mais indiquent de façon déterminante pour les suivantes, le chemin à suivre. Zappa fut-il un passeur au sens classique du terme ? Né en 1940, il appartient à cette superbe génération (musicalement parlant) qui a traversé « tous les espaces musicaux », vécu de l’intérieur cette histoire vivante de la musique, la période exaltante des années soixante et soixante dix, de la lutte pour les droits civiques. Il est intéressant de constater que, plus de quinze ans après sa disparition, bien trop précoce, il est repris, cité, « emprunté », prolongé par des musiciens plus ou moins jeunes d’ailleurs, qui vénèrent sa musique, son œuvre, ses enseignements.

Le livre de Guy Darol se présente comme un chant alterné entre roman et histoire. Les amateurs n’ont pas besoin de ces recommandations pour lire ses écrits toujours précis sur Zappa, mais pour ceux qui veulent en savoir plus, la dernière partie décline et commente la biographie en quelques pages essentielles, suivies de belles discographie, filmographie, bibliographie, de références sur internet en particulier, évoquant aussi l’association de Dominique Jeunot et Didier Mervelet « Les fils de l’invention ».

 

S’il nous est permis de donner ici un point de vue très personnel, l’émotion naît surtout à la lecture de la naissance d’une passion dévorante et déterminante. C’est par un ami Michel Duprey disparu aujourd’hui, ce qui redouble la nostalgie et l’hommage, que le jeune lycéen fut initié, par un rituel des plus sérieux à l’univers zappaïen. A partir de ces heures d’écoute dès 1972, l’auteur change même sa façon d’écouter la musique, abandonne ses préférences d’alors pour se consacrer avec une énergie très exclusive à la parole et à l’univers zappaïens. Frank Zappa peut apparaître comme un maître, un gourou même. Et pourtant, il a toujours souffert de l’image déjantée (genre Saturday Night live) contre-culture et grotesque de « freak » qui lui était accolée, alors qu’il se savait aussi compositeur, inconditionnel de Varèse, admirateur absolu des contemporains, goûtant à plaisir les combinaisons de la pensée sérielle et de la musique concrète.

 Guy Darol arrive à nous faire comprendre toute la portée de ses observations, son engagement social et politique dont on suit sa trajectoire, depuis ses colères récurrentes et procès à répétitions contre les puritains de toutes sortes, jusqu’à ses dernières interventions auprès de l’écrivain Vaclav Havel devenu président en Tchécoslovaquie, fan du guitariste (il avoue d’ailleurs que son album préféré est « Bongo Fury »). Zappa a sans doute souffert de cette incompréhension auprès du grand public et de cette image trop réductrice qu’il avait pourtant contribuée à donner. Car, même si Darol n’ose jamais égratigner son idole, ce sont aussi ses contradictions qui rendent le personnage terriblement humain, dans l’emphase même de ses dérapages et excès. Pas forcément plus sympathique (il y avait du tyrannique et du mégalomane en ZAPPA) mais attachant. Quelqu’un qui se déclarait suiveur et fervent de Penderecki….et qui intégrait aussi dans sa musique des effluves et « ritournelles satinées » du doo wap qu’il adorait. C’est cela sans doute qui continue à insupporter ceux qui n’ont jamais adhéré à l’univers zappaïen, qu aiment tout classer dans des « petites boîtes »… très étroites… cette ambiguité permanente, ce mélange absolu des genres, cette réconciliation rapide et déconstruite d’univers sonores et mentaux totalement indépendants, d’où ces collages si particuliers et inimitables, virevoltant en permanence, y compris dans des passages dignes du guitar hero qu’il était, même s’il en refusait le titre, ou la posture .

Guy Darol est devenu depuis un écrivain et d’une plume fervente, nous fait partager ce « labour of love », souvenirs intimes, réflexions politiques et poétiques. Comment s’est construite la musique, en prenant tout son sens. Et à l’issue de cette lecture, nous affirmons bien volontiers avec lui qu’il n’y a « pas de coda pour Zappa».

Sophie Chambon

www.guydarol.com

www.castorastral.com

 

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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 06:23

PI Recordings 2007

Rudresh Mahantappa (as), Kadri Gopalnath (as), A. Kanyakumari (vl), Rez Abassi (g), Poovalur Sriji (mridangam), Carlo de Rosa (cb), Royal Hartigan (dm)



Cela fait un moment que l’on suit le travail de Rudresh Mahanthappa ce saxophoniste alto américain originaire de l’Inde et qui est certainement l’un des plus original et surtout des plus intéressant du moment. Ceux qui l’ont vu sur scène ont, à coup sûr été saisis par le jeu de ce saxophoniste porté par un flot irrépressible,  dans un jeu qui semble relever d’une question vitale dans une émergence essentielle.

Le travail de Rudresh Mahanthappa est entièrement tourné vers ses deux racines, l’Inde d’une part et le jazz de l’autre. Et c’est tout le sens de sa recherche musicale qu’il mène ici en compagnie de musiciens indiens au titre desquels un autre saxophoniste alto, Kadri Gopalnath. On sait bien depuis Coltrane que les recherches visant à jeter des liens entre le jazz et l’Inde ne sont pas nouvelles. Sauf que la démarche se trouve ici inversée. Car ce n’est pas le jazz qui va se ressourcer en Inde, c’est au contraire la musique Carnatique et le Raga qui viennent trouver une source d’inspiration dans le jazz. Avec pour point commun bien sûr une forme de spiritualité et de transe que l’on retrouve de part et d’autre. Dans un syncrétisme absolument passionnant, Rudresh Mahanthappa toujours dans cette énergie inaltérable livre une musique où il est autant question du jeu que des sons qui se créent dans une volonté de (mé)tissage d’où résulte une musique nouvelle. Les dialogues entre deux saxs alto montrent deux personnalités indiennes de l’instrument révélant deux développements sur la base des mêmes racines. L’apport du violon et du mridangam (sorte de tabour-tabla de l’Inde du Nord) contribue aussi à donner cette couleur particulière à cet album qui évite tous les clichés.  Des moments de transes frénétiques émergent comme ce Snake ! fascinant et hypnotique.

Dans le phrasé et dans le son de Rudresh Mahanthappa on pense parfois à Steve Coleman dont le jeune saxophoniste a dû s’inspirer à un moment. Mais ces influences sont certainement lointaines. Car Rudresh Mahanthappa affiche ici, comme tout au long de son travail une personnalité musicale rare semblant ouvrir enfin des voies au jazz, prolongeant un travail commencé avant lui mais cohérent dans l’Histoire. Jean-Marc Gelin

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 07:25





FUTURA 2009

Alexandra Grimal (ss, ts), Antonin rayon (orgue), Emmanuel Scarpa (dm, perc)



 Il paraît que c’est en regardant son père Egyptologue travailler pendant des heures que la vocation d’Alexandra Grimal lui est venue : « l’idée alors de pouvoir un jour faire quelque chose d’aussi beau que lui». C’est dire tout ce que la jeune femme met d’inspiration et de passion dans son jeu. Et il est vrai qu’en très peu de temps, cette jeune saxophoniste est apparue comme l’un des espoirs du jazz les plus en vue. Il n‘est que de regarder la liste impressionnante de tous ceux qui ont prit goût à partager la scène avec elle aux belles heures de La Fontaine pour s’en convaincre.

Difficile pourtant en entendant cet album enregistré en live au Sunset le 30 juin 2008, de penser que c’est la même Alexandra Grimal qui a pu être lauréat (e) quelques semaines auparavant d’un tremplin «  jeune talent » du côté de Saint Germain des Près. Car c’est un album d’une incroyable maturité dont il s’agit. Un album où Alexandra Grimal fait montre durant tout un concert d’une maîtrise totale de l’instrument et surtout de l’improvisation qui lui permet d’investir totalement l’espace, quasiment seule plus d’une heure durant juste soutenue par une rythmique (orgue/batterie) chargée de donner les couleurs et les reliefs au discours. Alexandra se livre alors à un tour de force aussi musical que physique tant le corps à corps avec son instrument y est intense et engagé. Une logorrhée saxophonistique que l’on entend chez les grands, chez les plus anciens, plus rarement chez les jeunes instrumentistes. On y entend notamment tout le tribut que les jeunes musiciens de sa génération doivent à un Tim Berne ou à un Tony Malaby. Des morceaux très longs sont entrecoupés de petits thèmes courts qui apparaissent comme une sorte de respiration dans un système musicalement très dense. Alexandra Grimal joue alors sa vie sur scène, enchaîne les idées, nuance son jeu, passe parfois d’un saxophone à l’autre et développe sa poétique que l’on suit comme un moment de création spontanée. On est moins sensible en revanche à l’interaction avec ses musiciens dont, on l’a dit, la présence consiste plus à une mise en valeur de la saxophoniste et qui du coup opère très peu. Alexandra Grimal avec cet album affiche néanmoins le talent d’une grande saxophoniste mais aussi d’une musicalité et d’un sens de l’espace et du temps musical dont elle possède déjà toute l’acuité.              Jean-Marc Gelin

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 07:18

Blujazz 2009



 

 Dee Alexander ! Un nom qui forcément ne vous dit grand chose. Jusqu’ici totalement inconnue dans le paysage du jazz vocal, voilà bien une chanteuse qui risque de s’imposer rapidement et de faire parler d’elle. On entend généralement dans les premiers albums des chanteuses une sorte d’auto- mise en scène, une théâtralisation parfois, une compensation par l’ « effet », souvent. Chez Dee Alexander quelque chose de radicalement différent. Où l’on entend combien le chant est une sorte de seconde voix.  Une aisance à chanter tout ce qui se présente, une façon incroyablement naturelle de mettre les notes sur les mots avec autant d’aisance que de facilité. Découverte par Henry Huff, l’un des membres historiques de l’AACM, Dee Alexander,elle même membre du groupe de Chicago, n’a pourtant pas cette voix « noire » si typée des chanteuses d’église. Mais indéniablement, Dee Alexander possède cependant ce quelque chose des chanteuses de soul qui la place directement entre Dinah Washington (Surrender your love) ou Nina Simone dont elle reprend avec audace le célèbre Four Women. Deux chanteuses auxquelles elle ne manque pas de faire référence dans ses remerciements. Mais l’on s’arrêtera là dans le petit jeu des références tant on a le sentiment avec Dee Alexander de ne pas avoir entendue de voix réellement proche avant elle. Le jeu des influences reviendrait à cacher la réelle personnalité vocale d’une voix jamais formatée, jamais dans l’imitation et toujours dans le chant libéré, le chant habité. La chanteuse de Chicago investit la musique corps et âme, s’autorise les digressions, sauvage avec ce qu’il faut de retenue, chantant en studio comme peu parviendrait à chanter en club, avec la même fraîcheur et la même spontanéité. Un titre comme Bitter Earth ou comme le titre éponyme, Wild is the Wind (moi, je pense alors à Nina Simone chantant du Brel) sont poignants. Mais Dee Alexander peut passer d’un univers à l’autre avec une musicalité exceptionnelle, une facilité déconcertante qui lui permet par exemple d’enchaîner le très beau Wild is the Wind avec un reggae (Rossignol, écrit par la chanteuse) dont on pourrait craindre le pire mais qu’elle parvient à porter avec talent. La chanteuse peut autant rester dans le thème qu’improviser sans scat, flirter avec la soul, avec le swing voire avec le free sans aucun artifice.

Dans sa version de Feeling good elle montre combien elle sait aussi prend le temps, laisser l’espace s’insinuer et donner de la profondeur aux mots. Quand à sa version de Four Women, si risquée lorsque l’on est la fille de Nina Simone, elle parvient tout en restant dans l’hommage, à la faire sienne dans une sorte de continuation filiale. Et c’est en soi autant un témoignage d’amour qu’une magnifique transmission. Dee Alexander possède cette magie des chanteuses sans apparats, la magie de celles qui tout en se mettant à nue chantent librement, sans aucune entrave. Avec l’aisance naturelle du talent qui libère de toute contrainte et de toutes difficultés. Jean-Marc Gelin

 

 

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 07:23

 Hervé Gloagen


Editions de la Martinière

2009, 14 €



 

 56 clichés en noir et blancs, 56 musiciens ou chanteurs de jazz captés en 56 poses « de l’instant » par Hervé Gloaguen dans les années 60.

À l’époque, celui qui deviendra grand reporter un peu partout dans le monde, faisait la planque sur les avant-scène, dans les loges, depuis les coulisses ou derrière les rideaux, se faisant passer pour un photographe accrédité, ce qu’il n’était bien sûr pas le moins du monde. Il ramène alors de ces escapades de jeune passionné, des photos « volées » ( pourrait on dire) prises sous des angles improbables et qui traduisent en quelque sorte l’urgence, l’œil furtif, le vol d’images au détour d’une phrase musicale, le regard un tantinet décalé.

Les musiciens qu’il se plaît à photographier sont alors captés ( essentiellement) dans des moments de jeu, des moments de scène où l’on peut lire dans leurs yeux l’effort, la transe, l’esprit qui divague et s’échappe avec les notes qui s’envolent. Les batteurs comme Art Blakey ou Sam Woodyard dans l’effort physique d’un sportif aux muscles tendus, l’œil de Louis Armstrong qui divague en plein chorus, Chris barber à Pleyel dans un ailleurs que seuls les musiciens connaissent etc….. Il y a parfois une forme d’inquiétude, parfois la marque d’une concentration intense. Et ces photos souvent un peu floues ne se contentent pas de saisir l’instant, elles accompagnent aussi le mouvement. On imagine que pour la plupart, ces photos par leur grain épais, par leur absence de netteté, ont dû être recalées par la plupart des journaux plus habitués alors à l’image dite parfaite. Elles ont pourtant le mérite au contraire de nous toucher en ce qu’elle ne montrent pas une image figée mais témoignent d’une belle humanité de ces musiciens. Humanité que souvent ils transcendent.

Un choix judicieux de textes très courts ( l’urgence encore) accompagne ces photos : Frank Conroy, Langston Hugues, Michel Le Bris, Jean Perol et quelques témoignages de musiciens (d’ailleurs non photographiés) comme Billie, Louis Bellson, Mc Coy Tyner, Archie Shepp etc….

Même s’il est tout à fait dispensable, ce petit recueil de photos ne se boude pas. Il apparaît comme le témoignage très simple d’un apprenti photographe qui révélait déjà l’acuité du futur reporter. La naissance d’un chasseur d’images.

Jean-Marc Gelin

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