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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 07:25

Jean-marie Villemot, Yannis Perrin

Ed. les beaux Jours, 191p. 

7,90 euros



Le jazz à la sauvette. En 300 questions totalement aléatoires comme ça pour rire, pour voir si  finalement vous vous y connaissez vraiment, hein ! Genre petit livre à laisser traîner aux cabinets pour se challenger soi même avec ses questions à deux balles et ses réponses à deux balles cinquante.

22 thèmes inégaux : les racines / blues/la famille bop /free jazz / la côte ouest / duos,trios, quartet et plus encore/ vents et cordes / claviers/  fûts / chanteuses / chanteurs / surnoms et sobriquets /  standards éternels / un air de bossa / des sons venus d’ailleurs / la touche française / le jazz , la télévision et les ondes / le jazz et le cinéma / le jazz et la scène / bêtes de scène / abréviations / un êu de technique/ petits pièges / anecdotes et petites phrases / grands d’aujourd’hui.

Les érudits piègeront les petites erreurs glissées dans les réponses, les autres s’amuseront avec Jean-Marie Villemot (que les amateurs de la série Rivages Noirs connaissent pouur ses polars et ses enquêtes d’Abel Brigand, prêtre détective) et avec Yannis Perrin animateur du blog de kazz Akcentuate the positive.

 

Comme on dit : pour apprendre en s’amusant …..

Nb :

Moi y en a une que j’adore :

En montant sur scène avant le concert pour faire la balance du son, le pianiste aveugle George Shearing constate à l’oreille, que quelqu’un est déjà au piano. Il s’agit de Thélonious Monk en train de répéter. Que dit Shearing ? *

A « Je ne savais pas que Satan jouait du piano. »

B « Je reviendrai quand l’accordeur aura terminé »

C « Je me sens débutant »



* reponse b
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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 06:42

John Medeski (claviers), Billy Martin (dm, perc), Chris Wood (basses)

Indirecto records 2009




 Le troisième volume des Radiolarians de MMW a été enregistré en décembre de l’année dernière, en studio à New York avec le grand sorcier du moment, David Kent aux manettes qui réalise comme à l’accoutumée un gros boulot au mix. Ce trio qui semble vouer le groove à un culte suprême (on se souvient de leur formidable album réalisé avec Scofield – « Out Louder ») a rôdé son répertoire lors de ses inusables tournées où la musique est prétexte à faire tourner des riffs à danser. Depuis sa création il y a moins de 20 ans, ce trio enchaîne les albums de l’autre côté de l’Atlantique avec toujours autant de verve que d’allant. Trois trublions qui ne s’endorment pas sur leurs lauriers et font parler la poudre en allant chercher du côté de la soul, du funk, des tourneries africaines ou latino ensorcelantes (Jean’ scene) jusqu’à des atmosphères que ne renierait pas John Zorn (avec qui ils ont d’ailleurs travaillé à l’occasion du Book Of Angels vol.11). Mais dans cette ouverture à tous les courants, MMW intègrent aussi une pop façon Radiohead avec une aisance toujours jubilatoire. Ces trois-là n’entendent pas pour autant se limiter à faire groover des thèmes un peu faciles, mais se complètent dans l’art de jouer avec les sonorités, triturant chacun à leurs manières leurs instruments pour leur faire rendre gorge. Magnifique travail sur le son de ces jeunes musiciens qui ne renient en rien l’héritage qu’ils doivent à Jimmy Smith. A ce jeu-là on notera les inspirations de Medeski qui redonne à l’orgue ses lettres de noblesse d’une musique post-soul ou encore un Chris Wood qui extirpe de ses basses des univers aussi prolixes que variés. Et c’est bien là l’intérêt de cet album que d’entendre un groupe en  totale empathie qui manie le groove comme d’autres parlent leur langue maternelle. On pourrait y trouver en eux les continuateurs de E.S.T si ce trio s’arrêtait un peu plus sur la construction de leurs compositions assurément bâties pour tourner sur scène et plaire à un public tout acquis à la cause de cette musique sans grande finesse mais remarquablement efficace. Puissent des programmateurs avoir l’excellente idée de les faire venir en France. Histoire de jubiler un bon coup ! Jean-Marc Gelin

 

Mention particulière aussi pour les superbes illustrations de ces albums tirées des planches de Ernst haeckel dans « The Radiolarian Atlas de 1862 »
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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 05:23
Effendi 2009

Jean Christophe Béney (ts, ss), Frank Lozano(ts, ss), Alexandre Grogg (p), Alain Bédard (cb), Pierre Tanguay (dr)

 

 

  Myspace


 

 

Avec Sphere Reflexion, Alain Bédard quintet avait signé un album hommage très réussi et inspiré à Thelonious Monk. Une œuvre sans faute de goût qui avait gagné ses jalons grâce à ses compositions justes dans l'esprit monkien, un jeu classieux et une motricité solide qui imprimaient la vénérable identité de cet auguste quintet. Avec Bluesy Lunedi, troisième album en leader de Bédard chez Effendi, label québécois dont il est le co-fondateur (avec Carole Therrien) et directeur depuis près de 10 ans, l'impression de réussite n'est pas garantie. Les compositions sont toujours de Bédard mais ont moins de relief que celles de Sphere et les harmonies manquent un peu d'originalité à l'oreille. L'Auguste quintet est un peu transformé mais ce n’est qu’au bénéfice du groupe. L’excellent Jean-Christophe Béney et son sax ténor ont pris la place de l'altiste Michel Côté. Fidèle parmi les fidèles, Frank Lozano est à ses côtés. Le hic est que les deux musiciens jouent des mêmes instruments: ténor et soprano. Malheureusement, il est quasi-impossible de distinguer l'un de l'autre lorsqu'ils jouent. C’est bien dommage pour les musiciens et pour l’auditeur car l’oreille ne parvient pas à se défaire de cette sensation de redondance dans les textures des instruments à vent.

On se délecte pour autant des chorus somptueux à deux sopranos sur « Double vue », la bonne motricité de « Simplement », le swing monkien de « Monky ». De manière générale, les compositions sont bien écrites et le groupe joue un jazz robuste avec une motricité solide. Mais « Archange » est une ballade un peu molle et la mélodie mièvre de « Nécessité » est dispensable, justement, à cet album. En fait, il manque un tant soit peu du mordant à cet auguste quintet, un peu plus d'envie dans le jeu et de conviction. Par ailleurs, à l’écoute des compositions et à la lecture du livret, on en vient vite à penser que l’écriture, l'enregistrement et la production se sont faits trop rapidement. En témoigne la présence de la clarinette basse, peut être de Lozano, que l’on entend en arrière-fond sur « Double vue » - on croit aussi distinguer un alto sur ce même morceau, sans certitude – alors que l’instrument n’est pas référencé dans le line-up du livret.

Voilà un album qui n’est pas mauvais, loin de là, il est plaisant et très bien joué. Mais il lui manque la témérité des instrumentistes dans le jeu et l’audace du compositeur Bédard. Dommage.

 

 

Jérôme Gransac

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 23:57

Ed. Le mot et le reste

208 p, 23 euros.

 

 

« Kind of Blue »… On pourrait croire que tout a été dit sur le chef-d’œuvre de Miles Davis, qui demeure toujours considéré, soixante ans après sa création, comme LE disque de jazz incontournable. Et pourtant, hormis quelques on-dits et rumeurs plus ou moins invérifiables, que savait-on vraiment sur ces légendaires séances du printemps 1959 ? Finalement pas grand-chose. C’est là qu’intervient le livre d’Ashley Kahn qui, publié dès 2001, trouve enfin sa traduction française grâce aux éditions Le mot et le reste.

Fort d’un travail de recherche approfondi reposant sur des sources de première main souvent inédites (notamment l’intégralité des bandes master), cet ouvrage vous dira tout, tout, tout ce que vous avez toujours voulu savoir cet album culte. On y trouve une foule de détails et d’anecdotes qui n’intéresseront guère que les jazzomaniaques que nous sommes (Vous le saviez vous, que Cannonball Adderley mettait du substitut de sucre dans son café ?), mais aussi beaucoup d’informations vraiment essentielles. Ainsi, on apprendra que contrairement à une légende tenace, aucun des morceaux n’a vraiment été enregistré en une seule prise. Après une sympathique préface de Jimmy Cobb (le seul survivant parmi les musiciens), Ashley Kahn adopte un plan chronologique simple et efficace. Les bons connaisseurs de la biographie de Miles pourront sauter sans trop de dommage les deux premiers chapitres retraçant la carrière du trompettiste à partir de 1949, pour se jeter à corps perdu dans le récit détaillé des séances du 2 mars et du 22 avril 1959. L’ordre d’enregistrement des morceaux (Freddy Freeloader en premier, Blue In Green pour finir), les différentes prises, les rapports entre les musiciens (mais pourquoi diable Wynton Kelly ne joue-t-il que sur un titre ?), mais aussi les événements ayant marqué les six semaines séparant les deux dates, rien n’est omis. L’auteur n’élude pas non plus l’épineuse question de la paternité des compositions, en faisant la part entre les apports de Bill Evans et de Miles (sans oublier Gil Evans, qui a peut-être écrit le prélude de So What). La dernière partie du livre explore le destin de l’album (avec des passages très intéressants sur les techniques de marketing en œuvre dans l’industrie du disque des années 50), et surtout sa postérité. Ashley Kahn y donne la parole à nombre de musiciens prestigieux (Herbie Hancock, Gary Burton, Brad Mehldau…) et défend avec brio une série de thèses plutôt iconoclastes. On retiendra notamment que : 1. « Kind of Blue n’a déclenché aucune révolution musicale » dans le jazz ; et 2. que le funk endiablé de James Brown découle tout droit de cet album pourtant si serein et contemplatif. Bref, un livre enrichissant à tout point de vue.

Pascal Rozat

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 09:45



Phineas Newborn (p), Calvin Newborn (g), Oscar Pettiford ou George Joyner (b), Kenny Clarke ou Denzil Best (dms). Mai 1956 et mars-avril 1958. Réédition : Jazz Beat 2009.

Comme Miles Davis ou Wes Montgomery, Phineas Newborn avait la chance de porter un prénom immédiatement identifiable, source d’innombrables titres de disques. En l’occurrence « Here is Phineas » et « Fabulous Phineas », respectivement premier et cinquième album de sa carrière de leader, opportunément réédités en un seul CD par Jazz Beat. On y découvre les premiers pas bien assurés d’un monstre du piano, qui se distinguait déjà par une technique surhumaine (indépendance des deux mains, vélocité et puissance « à la russe »), une imagination débordante et un swing indéfectible. « Here is Phineas » le présente flanqué d’une rythmique superlative (Oscar Pettiford et Kenny Clarke) et d’un guitariste à peine audible, son frère Calvin. Si les influences bop et hard bop sont bien présentes (avec des compositions de Charlie Parker, Bud Powell ou Clifford Brown), c’est surtout le génie d’Art Tatum qui plane sur ce piano ébouriffant de fantaisie : il n’est qu’à écouter sa relecture d’All The Things You Are ou son fabuleux Newport Blues en solo, où il joue avec maestria des contrastes de registres. Dans « Fabulous Phineas », le frangin Calvin Newborn sort enfin de l’ombre pour occuper une place d’authentique soliste. Considéré par Pat Metheny comme « l’un des meilleurs guitaristes de jazz de tous les temps » (citation tirée du livret), il séduit par un son limpide, une attaque tranchante et un phrasé des plus agiles. Quant à Phineas lui-même – plus mûr peut-être – il semble jouer avec un peu plus de retenue et de profondeur, notamment sur Sugar Ray, superbe ballade interprétée en solo. Ces deux albums sont donc une entrée en matière idéale pour découvrir l’œuvre de ce pianiste majeur encore trop méconnu.

Pascal Rozat

 

 


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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 07:34

Edition Parenthèse, coll. Eupalinos

256p , 11,40 euros

 

C’est en 1997 que l’ouvrage de Christian Béthune consacré à Sidney Bechet a été publié la première fois et sa réédition aujourd’hui est une véritable aubaine pour tous ceux qui ne parvenaient plus à se le procurer.

Fort belle et indispensable synthèse biographique en effet, de la vie du maître du soprano depuis sa naissance dans la Cité du Croissant en 1897 (du moins le croit-on) jusqu’à ses dernières heures en France en 1959. En 160 pages à peine Christian Béthune nous livre, avec une grande lucidité et sans lecture agiographique aucunes toutes les clefs pour découvrir son œuvre. Un condensé aussi efficace qu’un chorus de Bechet.

Pas de vrai scoop. Ce que nous savions déjà sur le côté sombre, peu sympathique et plutôt coléreux de Bechet n’en est que renforcé. Bechet n’était pas un musicien à l’aise dans le rôle du soliste solitaire comme cela se pratique dans le jazz dit moderne. Il souffrait peu de partager la vedette. Avec Bechet, toujours soucieux de tirer la couverture à lui, les rencontres ne se fon jamais, en témoigne malgré plusieurs essais, les rencontre peu concluantes avec Louis Armstrong (p. ex).

Pourtant, privilégiant un jeu inséré dans un ensemble plus large (ce que Béthune nomme  l’Hétérophonie), Bechet, qu’il joue avec les Feetfwarmers dans les années 30/40, avec les Noble Sissle’s Swingsters ou encore plus tard avec les Lorientais, s’impose toujours comme le maître absolu du contre-chant au milieu d’autres solistes. Bechet qui témoigna toute sa vie d’une ardeur à jouer et d’une vigueur exceptionnelle (à peine deux mois après une ablation quasi totale de l’estomac, Bechet entre en studio sans faiblir un seul instant), impose toujours l’extraordinaire puissance de son jeu à la manière d’un leader des fanfares comme l’analyse fort justement Béthune. Et puis il y a Le « Son » Bechet jamais égalé avec ce vibrato qui agacera certain mais qui témoigne toujours chez Bechet d’une maîtrise époustouflante ( écouter Dear Old southland, un pur chef d’oeuvre).

Et si l’on a reproché à Bechet d’avoir reproduit un peu toujours le mêmes enregistrements  (Vogue ayant multiplié les sessions plus ou moins bonnes), et même si l’on a pu lui reprocher aussi le succès commercial de sa Petite Fleur ou des Oignons ( 1.350.000 disques distribués par Vogue !), on ne doit pas oublier ce que lui doit le jazz moderne. Un morceau comme Shag enregistré le 15 septembre 1932 est un modèle du genre qui ne cessera d’inspirer des générations de musiciens obsédés par la question de l’émancipation du cadre. Ce n’est pas un hasard si un saxophoniste comme Roland Kirk ne cessait de rendre hommage à Bechet (on aurait bien aimé d’ailleurs que Béthune n’mete pas les influences de Bechet sur certains saxophonistes de la dimension de Coltrane par exemple)

Remarquablement documenté, sans jamais donner dans l’érudition absconse, l’ouvrage de Christian Béthune donne aussi de très bonnes références bibliographiques ainsi qu’une remarquable discographie classée par titres de morceaux.

Un ouvrage-référence que, pour notre part nous conseillons de lire en écoutant le beau coffret paru chez Fremeaux «  Sidney Bechet , The quintessence, New-York-Glovesville-Chicago 1932/1943 »

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 06:26
 

Dans la région des Pouilles, au sud de l’Italie, deux manifestations importantes avaient jadis retenu l’attention, l’Europa

Jazz Festival de Noci où fut créé, entre autres, l’Italian Instabile Orchestra, et le festival Talos de Ruvo di Puglia,

le village natal de Pino Minafra. Pour diverses raisons, ces deux événements internationaux ont périclité, et un

troisième est venu prendre le relais, Bari in Jazz, placé sous la direction artistique du saxophoniste Roberto Ottaviano.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Après avoir accueilli dans le passé des musiciens aussi divers que Karl Berger, Carlos Zingaro, Bobby McFerrin,

Kenny Barron, Kenny Wheeler, John Greaves et une grande partie de jazzmen transalpins, Bari in Jazz a choisi cet

été de placer sa cinquième édition sous le signe du « sacré » et du « profane », avec une distribution quasi

essentiellement italienne, dans différentes églises de la ville (et elles sont nombreuses !) ainsi que dans la cour en

plein air du Castello Svevo.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Originaire des Pouilles, la chanteuse Gianna Montecalvo n’est guère connue chez nous, si ce n’est par son très bel

album “Steve’s Mirror“ (Soul Note) consacré à diverses compositions de Steve Lacy, en compagnie entre autres de

Roberto Ottaviano et de Gianni Lenoci. Avec sa consoeur chanteuse Rossella Antonacci, elle présentait le quintette

vocal Sussurri, spécialement mis sur pied pour le festival, sur un répertoire de pièces originales se situant entre le

classique, le jazz, le gospel, les musiques du monde et préservant de grands espaces ouverts à l’improvisation, d’où

se détachaient notamment ses grandes qualités vocales et son invention. Rossella Antonacci proposait pour sa part un

quatuor autour des chansons d’Edith Piaf, chantées en français sur des arrangements audacieux, accompagnée

d’un piano, d’un violoncelle et du saxophone de l’Andalou Javier Girotto. Il ne s’agit pas là d’une version « jazz »

de ces classiques (connus ou moins connus) de la chanson française (seul le saxophoniste se permettait parfois des

choruses basés sur la mélodie des thèmes), mais d’une relecture personnelle et souvent émouvante des chansons

de Piaf. Rossella Antonacci a publié en 2007 le CD “La foule“ sur label Dodicilune.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

 

Zappa et Monk, tels sont les sources d’inspiration auxquelles le contrebassiste et compositeur Furio di Castri a choisi

de s’atteler au sein d’un sextette aux couleurs contrastées et vives, avec notamment le guitariste Nguyên Lê, le batteur

Joël Allouche et l’excellent clarinettiste Mauro Negri. Zappa et Monk, deux musiciens totalement visionnaires et

imprévisibles, dont il ne s’agit pas d’offrir ici de simples reprises (hormis le Twenty Small Cigars de l’un et un pot-pourri

des compositions de l’autre) mais au contraire une appropriation ambitieuse du langage des deux maîtres à travers des

pièces originales, dans un jeu savant de références croisées, de citations et de chevauchements instrumentaux au cœur

d’une mosaïque bariolée de timbres.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Après l’excellent quatuor de saxophones Arundo Donax, après le singulier quintette du saxophoniste soprano sarde

Gavino Murgia qui mêle le jazz à des éléments de musique traditionnelle méditerranéenne suscitant un déploiement

de couleurs en compagnie entre autres du tuba de Michel Godard, de l’accordéon de Luciano Biondini et du

vibraphone de Franck Tortiller —, place au quintette new-yorkais de Tom Harrell.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Il est évidemment toujours troublant d’observer le trompettiste américain replié sur lui-même, comme absent,

quand ses sidemen s’expriment sur scène, et l’assurance et la maîtrise qu’il prodigue dès qu’il se met à jouer.

Aussi à l’aise sur les tempos les plus rapides et sur les ballades, évoquant ainsi à la fois Clifford Brown et Chet Baker,

il se joue des harmonies et des mesures les plus complexes avec une précision et une sonorité exceptionnelles,

superbement soutenu par le bassiste Ugonna Okegwo et le batteur Johnathan Blake.

Gérard Rouy

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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 06:00

Hatology / Harmonia Mundi 2009

 

Michael Moore (as, cl, bcl), Wolter Wierbos (tb), Ernst Reijseger (cello) et Mark Dresser (cb), Gerry Hemingway (dr)

 

Le site de Gerry Heminway



 

Gerry Hemingway est un musicien étonnant. A 54 ans, ce batteur fait partie de la fine fleur des « musiciens quinqua » américains à l'écriture contemporaine et à l'écoute de l'avant-garde européenne (Tim Berne, Mark Helias, Drew Gress, Mark Dresser...). Reconnus à New York et surtout en Europe, ces artistes s'inscrivent dans le prolongement du chemin parcouru par les musiciens noirs de la période des loft sessions de New York (David Murray, Bluiett, Julius Hemphill) en y combinant les expérimentations formelles de la scène des musiques improvisées américaines et européennes.

Hemingway se définit d'abord comme compositeur avant d'être batteur et il a imbriqué ces deux facettes de manière indissociable pendant toute sa carrière. Ce goût pour la forme et la composition lui vient de ses expériences musicales avec Wadada Leo Smith et George Lewis qu'il a rencontrés dans sa ville natale de New Haven. Par la suite, il a tourné au côté d'Anthony Braxton pendant onze ans. Ce musicien, qui privilégie les collaborations musicales de longue durée (BassDrumBone avec Mark Helias et Ray Anderson depuis trente ans, son duo avec Marilyn Crispell) a aussi su se tourner vers d'autres styles comme la musique contemporaine et les musiques électroniques (Tom and Gerry, Earl Howard).

Hatology réédite un concert du quintet européen de Gerry Hemingway, enregistré en Allemagne en 1993, qui réunit des musiciens américains et hollandais de la scène des musiques improvisées. La musique de « Demon Chaser » mêle bop post-moderne et musique improvisée: le liant entre ces deux éléments antagonistes est le point de rupture contrôlée. On pense évidemment à sa version de « A Night in Tunisia » dont les arrangements subtils diluent la mélodie. La musique bondit du jazz straight (« More struttin' With Mutton ») aux élans free spontanés et exotiques dont « A Night in Tunisia » est encore un bon exemple. Elle révèle une dimension polyphonique riche car le compositeur Hemingway raffolent des figures abstraites à l'approche contrapuntique. Les lignes instrumentales se rejoignent, se superposent puis se dissocient : comme les deux bouts d'un élastique qu'on étire à répétitions. De plus, les musiciens rivalisent d'ingéniosités sonores: l'association des textures sonores de la clarinette de Michael Moore et du violoncelle d'Ernst Reijseger puis celle du tromboniste hollandais Wolter Wierbos avec le violoncelliste hollandais, brillant comme souvent, sont des délices de nuances et de contrastes pour l’oreille. Enfin, Mark Dresser est terriblement présent sur le plan sonore. En soutien puissant à Hemingway, il contrebalance les sonorités parfois atmosphériques du trio Reijseger/Wierbos/Moore (« Buoys ») avec des notes terriennes et émouvantes. Plus batteur coloriste que batteur conducteur, Gerry Hemingway est un talent unique qui dirige avec une autorité intrusive. Source d’inspiration pour tout le groupe, il mobilise le quintet qu'il oblige à être très cohésif et en perpétuel mouvement. « Demon Chaser » est probablement le meilleur cd de ce quintet. Pour toutes les oreilles.

Jerôme Gransac

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 18:19

ZIG ZAG 2009

 

Le disque attire et intrigue, comme le cri qui s'échappe d'une église américaine pour prendre le passant par le col et le plaquer sur les bancs de bois, fasciné, tordu de curiosité. Car le saxophone hurle, soulevé par les baguettes extra-fines de Gerald Cleaver et la contrebasse de Joe Martin. Il extirpe du fond des tripes son besoin de spirituel, son attirance vers l'esprit, de quelque nature fut-il. Le leader est allé chercher à Manhattan les treize morceaux, que l'on pourrait qualifier d'influencés par les grands quêteurs de spirituel (Albert Ayler, Pharoah Sanders, John Coltrane, Duke, etc.). Besoin de prouver à Manhattan, la Babel impie, que dans ses propres caves, il existe plus haut que les gratte-ciel. Eh bien qu'on se le chante : démonstration concluante! Comme celle, du reste, qu'Imbert accomplit avec la tentative de concilier deux découvreurs d'absolu : Bach/Coltrane (plus de 10 000 exemplaires vendus). La musique monte très haut, très vite... libre comme une exclamation, et sans s'époumoner. Rien de plus naturel : l'exclamation est spontanée car elle surgit du coeur. L'appel également séduit, car il vise à surprendre. Pour gagner les étoiles, le musicien n'avance pas seul. Imbert invoque les maîtres (divagation splendide dans « Central Park West » aux côtés de John Coltrane), et se réclame de la protection des chefs de file de l'Underground new-yorkais (John Zorn). Et surtout, il a travaillé. En 2003, grâce à une bourse de la Villa Médicis, il débarque dans la Grosse Pomme pour se plonger dans les archives et rencontrer les témoins de l'histoire de la musique afro-américaine. Il revient en 2009, édifié, pour enregistrer l'album. “La musique ouvre des voies; j'aimerais contribuer à les montrer”, assure l'artiste. Il serait de mauvaise foi de ne pas saluer cette aspiration à partager l'extase.

Bruno Pfeiffer
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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 08:53

Pierre-Alain Goualch (p, fender rhodes), Diego Imbert (cb), André Ceccarelli (dr), David Linx (voc) –+ 1 DVD live réalisé lors du 5ème festival Drums Summit de Toulouse. Plus Loin Music – avril 2009.

De plus en plus on risque de se rendre compte de deux choses : d’une part de l’immense talent swinguant de Claude Nougaro, d’autre part de ce que le jazz, en sa forme actuelle, ne peut tout se réapproprier sauf à réinventer un lyrisme qui hélas le déserte de plus en plus (celui des Ben Webster, des Cannonball Adderley, des Bill Evans, des Stan Getz, des Ray Brown). Car si le trio réuni ici affiche une belle cohérence (magnifique travail de Diego Imbert), si André Ceccarelli offre et démultiplie les ressources rythmiques avec une grande finesse et une constante assurance, si P.A. Goualch calibre quelques belles envolées (« Nougayork » repris sottovoce au fender rhodes) et fait preuve de nuances harmoniques toujours bienvenues, il faudra qu’on nous explique pourquoi une grande part des mélodies nougaresques interprétés ici, ces cascades (toutes  à la fois eau, roche et lumière) suspendues subtilement au temps libertaire du swing, sonnent si souvent comme aplaties, jouées avec un staccato piqueté qui œuvre comme un pinceau soulignant l’attrait des lignes en négligeant la volupté des volumes et des chairs. Question de science des voicings et peut-être plus encore d’intensité expressive. Un élément ne trompe d’ailleurs pas : la maîtrise gourmande, tout à la fois insolente et insinuante, l’étoffe, le sens quasiment théâtral de l’interprétation de David Linx chaque fois qu’il intervient (par exemple : « Il Faut Tourner la Page », « Mademoiselle Maman », « Tendre »). Allez nuançons : l’exercice est hyper-difficile et il honore ceux qui en ont relevé le défi amoureux et qui, épreuve du live aidant (à en croire notre confrère-« blogueur de choc », Pierre de Chocqueuse), ne cessent de creuser leur propre voix en hommage au petit grand Claude, lui qui aurait pétillé de joie à l’idée que ses amis jazzmen accostent et chahutent son œuvre, à leur manière.

Stéphane Carini.

 

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