Obliq Sound 2008
Il ne faut pas attendre la troisième note de musique pour se rendre compte de la qualité d’un tel projet. C’est le contrebassiste d’origine italo-suédoise Massimo Biolcati qui mène la barque. A priori, sur le papier, le défi à l’air d’être extrêmement relevé par la présence d’incontournables magiciens contemporains, en la personne de Lionel Loueke à la guitare, Jeff Ballard à la batterie et de Peter Rende au piano. Lizz Wright et Gretchen Parlato occupant la partie vocale sur deux morceaux différents, « Winterhouse » et « Clouds ». Ce merveilleux premier opus de dix compositions originales du leader est consacré en deux parties distinctes. Tout d’abord « Motion », incluant les pièces énergiques du répertoire, puis ensuite « Stillness », regroupant des balades intimes aux reflets nocturnes. Tout au long du disque est mise en évidence une énergie homogène. Un remarquable terrain de jeu pour chaque soliste offrant un pur régal à l’écoute de chaque mesure. Ce disque s’ouvre d’ailleurs par une composition au thème aussi déroutant que le premier chorus du guitariste d’origine béninoise qui, doit-on le rappeler, est un habituel sideman des projets d’Herbie Hancock. Ce thème s’articule de façon originale avec deux lignes mélodiques entrecroisées. L’une doublée par la contrebasse et la main gauche du pianiste, en opposition avec l’autre, interprétée par la main droite du pianiste doublée d’une guitare aux reflets électroniques, causés par un effet électronique. L’étrangeté de cet arrangement attise l’oreille pour la suite du voyage. Ici domine un esprit Jazz-Rock remémorant les belles heures du collectif Steps Ahead. Le synthétique laissant sa place à un coté plus africain apporté par le timbre boisé de la guitare, agrémenté aussi par le chant de l’instrumentiste doublant chacune de ses notes tel un Georges Benson inspiré. La poésie transpire dans tous les recoins du répertoire, transmettant une généreuse efficacité d’improvisation. Dans un des titres d’environ huit minutes, intitulé « Transference », se conte une fable en plusieurs parties, à chaque fois différentes dans leurs complexes constructions rythmiques. Avec cette approche simple et fantaisiste des sonorités africaines faite essentiellement de polyrythmies se remarque une touchante sensibilité, toujours au service d’une interaction musicale hors norme. Idéale transition à la deuxième approche du disque, « Stillness », beaucoup plus développée en sensualité par la présence de la voix de Lizz Wright. Le groupe se transforme alors en cocon, adoptant une remarquable attitude d’accompagnement tout en souplesse et sophistication sonore. Il est possible aussi d’observer le caractère percussif du choix de peaux du batteur Jeff Ballard qui est connu pour être relativement polyvalent dans tous les projets auquel il participe. Ce merveilleux opus se referme sur une complainte interprétée à l’accordéon par le claviériste Peter Rende, qui use lui aussi de sa voix pour orner celle de son instrument. Ainsi se termine le majestueux voyage au gré des vertueux accents de bonté, de lyrisme, accessibles à toutes oreilles qui se laisse embarquer sur les vagues magiques du rêve… Tristan Loriaut