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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 08:08

Nocturne 2008




Inclassable. Cet enregistrement ne vous laissera pas indifférent. Difficile de ne pas rester scotché devant un tel monument. Il faut tout d’abord commencer par expliquer qu’il s’agit d’une commande faite par le festival « Jazz entre deux tours » de La Rochelle, à l’intention du pianiste français à renommée internationale Olivier Hutman. Ayant pour thème la francophonie, enregistré en Octobre 2006 au studio Alhambra-Colbert de Rochefort par François Gaucher, ce disque regroupe les musiciens complices du pianiste, en la personne du saxophoniste d’origine guadeloupéenne vivant à New York, Jacques Schwarz-Bart. Mais en comptant également sur les talents du contrebassiste Salvatore De La Rocca et du batteur Hans Van Oosterhout, tous deux originaires de cette Europe du nord franco-flamande, productrice de remarquables artistes. Ce quartet interprète les compositions d’Olivier Hutman tout au long de ce disque au caractère résolument dansant et festif. Les mangroves, cette végétation aux rivages de chaque continents, représentent ce qu’il y a de plus commun entre les terres séparées par les océans. Dans cet hommage plein de « bravitude » commence la première danse de ce disque (« Status Island »). Le groove y est tellement monstrueux qu’il en ferait presque peur. La rythmique de ce quartet développe une énergie déroutante, pleine d’interaction, poussant nos hanches à se trémousser, pour ne pas dire autre chose. Mais rien de vulgaire dans tout ceci, car la finesse du choix du son est poussée à l’extrême lorsque se laisse entendre un étrange effet électronique sur le timbre nasillard d’un saxophone endiablé. S’agirait-il d’une traditionnelle pédale wah-wah ? On connaissait le goût prononcé de Jacques Schwarz-Bart pour les essais électroniques, ainsi que pour l’incarnation de la descendance d’un Sonny Rollins des îles. Aussi, il est impossible de passer à coté des remarquables solos du pianiste Olivier Hutman, jonglant sur les contrastes in et out de l’harmonie, offrant un merveilleux panorama sur sa magistrale technique d’improvisateur. C’est dans sa troisième composition, « The Path That Was Always », que l’esprit dansant des caraïbes refait son apparition, toujours dans un respect scrupuleux des formes traditionnelles du Jazz, thème-solos-thème. Cet album est construit sous forme de suite offrant une série d’envolées exclamatives, mais aussi entrecoupés d’incantations méditatives réalisées à la flûte traversière, en témoigne cette intro du blues intitulé « Chain of Souls ». De long en large, ce recueil de compositions est truffé de redoutables grooves, dynamiques et imposants. Comment rester insensible devant la magie sans cesse renouvelée de ce que le Jazz a de plus majestueux dans ses mélanges. Pour achever ce lancé de pavé dans la mare, le disque se termine par un morceau intitulé « The Cliffs », gorgé d’un swing à géométrie variable, lourdement pénétrant de passion pour la Musique d’Herbie Hancock. C’est par cette passion que l’on devine sans efforts tout le coté enfant des protagonistes de cette œuvre remarquable. Un amusement sans doute partagé par les auditeurs. Tristan Loriaut
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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 06:59


Denis Guivarc’h (as), Pierre de Bethmann (p), Jean-Luc Lehr (bass), Mathieu Chazarenc (dm)


 



 
Denis Guivarc’h qui signe là son premier album n’est pas un inconnu dans le microcosme du jazz. Et d’ailleurs avec son premier album qu’il présente ici, sa renommée devrait franchir un large pas qui l’amènera certainement à s’installer une solide réputation par delà l’hexagone.

Ancien prof assistant au Cim, Guivarc’h a surtout depuis quelques années, poursuit son parcours au sein du groupe de l’orchestre de Magic Malik. Il faut dire que les deux hommes partagent ensemble un goût évident pour la même musique, en l’occurrence celle de Steve Coleman qui, il faut le reconnaître est depuis le bebop l’une des choses les plus intéressantes qui soit arrivée au monde du jazz ces vingt dernières années. Et l’on retrouve à l’évidence chez notre saxophoniste alto une filiation directe avec le génie de Chicago. D’abord par le son qui comme chez son mentor est fait de puissance gracile, de lyrisme véloce à la diabolique précision rythmique dans le groove toujours sous jacent ou carrément évident. La musique de Guivarc ‘h, relève de l’équation presque mathématique, jonglant avec les systèmes métriques et les enchaînements harmoniques complexes. Le tout prenant sous l’impulsion de Guivarc’h des allures d’arabesques dessinées dans le ciel, fluidifiées dans un espace contraignant mais toujours ouvert. Dans ce système basé sur un grand nombre d’obstacles, Guivarc’h en boxeur qu’il est, se révèle un maître de l’esquive serpentant sans s’arrêter au travers des pièges harmoniques et rythmiques rendant paradoxalement cette musique là incroyablement ouverte. Sur des thèmes du répertoire comme sur ses propres compositions, Guivarc’h fait une démonstration étincelante des leçons Colemaniennes. Les deux seuls thèmes qui ne sont pas de sa propre composition, Nefertiti et All the things you are sont des modèles de réappropriation de thèmes bien connus et embarqués dans l’univers de Guivar’ch. Un thème comme Steps reprend la structure de Giant Steps de Coltrane pour là encore en livrer une récriture particulièrement intéressante. Sur MMO ou Exit par exemple il y est question d’exercice rythmique qui par ses décalages ou ses ruptures relève d’un casse tête que seuls des musiciens de grand talent peuvent relever comme un défi. De Bethmann dont on sait combien il est à l’aise dans cette musique là reste au piano et apporte au quartet une force supplémentaire et une autre intelligence de l’instant musical et Jean-Luc Lehrr à la basse électrique arrondi les angles de ces chemins déjà bien si sinueux.

Alors que Steve Coleman ou même Magic Malik semblent s’orienter aujourd’hui vers une musique intellectualisante qui ne devient parfois abordable qu’après l’obtention d’une agrégation de Mathématiques appliquées, celle de Guivarc’h repose avant tout sur la notion de plaisir dont il n’exclut pas une réelle sensualité. Sa musique et son jeu possèdent l’évidence que l’on rencontre souvent dans les premiers albums réussis. Cette évidence faite à la fois d’exigence et surtout d’envie. Intelligente et lumineuse la musique de cet élève surdoué a peut être bien dépassée là celle de ses maîtres.                                          Jean-Marc Gelin

 

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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 18:00




Zig Zag Territories

 Avec cet album Greaves Verlaine, le pianiste, bassiste, auteur-compositeur et  chanteur gallois s’est lancé un nouveau défi : sortir un disque en français sur des poèmes de Paul Verlaine. S’inspirant de divers recueils très connus  Chansons pour elle, Romances sans paroles, Parallèlement, Fêtes galantes, Poèmes saturniens, La bonne chanson, John Greaves a extrait dix titres auxquels il a rajouté un plus leste en final.

Dans les frimas d’Ecosse, en vacances, il a donc choisi « une poignée de diamants » qu’il a transposés en chansons et interprétées de façon originale mais fidèle tout de même à l’esprit de l’auteur : chansons d’amour éperdu et perdu, chansons charnelles aussi (l’ érotisme de « Séguedille » est plus convaincant que  le « triolet à une vertu ». Le bonheur et la douleur de la possession, le temps qui passe donnent une coloration sombrement mélancolique à ce recueil.

 Dans l’ interview d’Aymeric Leroy  pour Citizenjazz, John Greaves avoue que le choix de Verlaine s’est avéré rapidement le seul posssible. Ses poèmes précis et structurés sont faciles à mettre en  musique : « après les deux premiers vers, le reste suit assez naturellement, car la métrique est toujours parfaite. Il est assez facile d’intégrer les strophes à une structure musicale de type chanson … La musique est venue assez rapidement,dès lors que la  question des textes était réglée. Restant narrateur, la dimension harmonique est portée par l’arrangement et tout ce qu’il y a autour de la voix. Et quelle voix ! Un accent anglais prégnant, une voix rauque, rocailleuse et souvent monotone (il faut parfois s’aider du livret quand on ne connaît pas les poèmes par cœur), le choix de l’interprète est troublant  pour servir l’auteur « de la musique avant toute chose ».  De quoi choquer peut-être les puristes. Encore que Ferré et Gainsbourg aient ouvert la route… D’ailleurs  l’ensemble tient la route : avec ses ralentis traînants et ses accélérés pour garder la cadence… sans avoir le velours de Bashung , on pense parfois –et le compliment n’est pas mince- au rocker du vertige.

L’unité paradoxale de l’album réside dans l’alliance de tous les timbres musicaux qui brossent un arrrière-plan omniprésent, empreint d’une nostalgie et d’ une déprime très actuelles, écrin  pour la voix de John Greaves, qui  réussit alors son coup.

La découverte du répertoire, dans des orchestrations plutôt dépouillées,  différentes d’un titre à l’autre selon les invités , séduit dès l’ouverture "Chanson pour elle". Plus cabaret et pop club que jazz de chambre,  certains titres sont même entraînants, ritournelles de "Streets" ou "Beams". Jeanne Added que l’on entend surtout chanter, double la voix de John Greaves dans « Le piano que baise une main frêle » et le « Triolet à une vertu ».

Cet album que Leroy qualifie, fort justement, de "Superproduction artisanale", tant sa réalisation fut minutieuse et  compliquée tient à la coopération bidouillée des  nombreux copains musiciens invités (ils sont onze).

Le batteur et le pianiste (formidables Mathieu Rabaté et Marcel Ballot) ont fait des prises chez eux, les autres instrumentistes  sont venus au fur et à mesure faire leurs parties, en jouant  un ou plusieurs titres, selon l’inspiration du moment :  judicieusement choisis, Karen Mantler à l’harmonica, Scott Taylor à l’accordéon, Arthur Simonin aux cordes, lancinantes à souhait, le violon solo de Dominique Pifarély  parfaitement adapté, la scie (et la soie) musicale de Fay Lovsky, un ravissement ; quant aux guitares finement saturées  de Jef Morin, elles donnent une résonance rock poignante à quelques titres et en particulier à « Silence silence ». .

Cette belle association de talents dans un projet très personnel souligne l’ éclectisme sensible du Gallois : cet album est révélateur de musiques actuelles qui flirtent avec toutes les musiques aimées. Intelligent ! Sophie Chambon

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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 17:55




Nocturne 2008

Peter Delano (p), Dewey Redman (ts), Doug Weiss (cb), Anders Hentze (dm)



Belle initiative de la part des éditions Nocturne que d’éditer ce disque du jeune pianiste américain, Peter Delano (31 ans). L’histoire du jazz aurait bien pu en effet l’oublier si le jeune homme ne s’était pas récemment remis d’un terrible accident au dos qui lui valu à la suite d’une paralysie partielle d’être écarté longtemps de la scène du jazz. Car avant cela, celui que Ira Gitler comparait à Bud Powell avait pu graver deux albums avec des pointures comme Michael Brecker ou Gary Bartz, tous deux impressionnés par ce talent prodige. Jusqu’à ce fichu accident qui interrompit sa carrière.

Et pourtant à entendre ce grand pianiste et compositeur on comprend ce que l’on a pu perdre durant ces années de douloureux intermède.

Cet album enregistré en 2007 en hommage à Dewey Redman et qui contient 3 plages enregistrées avec le saxophoniste est assez jubilatoire pour nous faire découvrir de ce côté-ci de l’Atlantique un pianiste surdoué et impressionnant. Un pianiste dont on devine à l’énergie et la fougue qui marque son jeu avec quelle avidité il renaît à la musique. Qu’il s’agisse de sa maestria à dévaler le clavier (Inner limits), de sa science d’un jeu dynamique qui l’amène progressivement au paroxysme (Everytime we say goodbye) ou encore de son talent de compositeur plus assagi que l’on découvre avec intérêt ( Zoning ou Sound spirit). Il y a chez Peter Delano une soif de jouer avec force et puissance qui nous laisse parfois épuisés mais totalement bluffés (Inner Limits) au point de nous demander - comme lorsque nous entendions Bud Powell - quand ce garçon peut bien prendre le temps de respirer ! A ce jeu  là ce n’est pas la rythmique qui viendrait lui donner une bouffé d’oxygène, prompte qu’elle est à porter l’estocade et à remettre du feu sur les braises à l’image de son batteur totalement survolté. Cette énergie peut parfois amener au contresens. Mais il est intéressant de voir Peter Delano attaquer de manière un peu décalée ces thèmes que l’on entend jouer souvent tristement mais dont il s’empare avec un brin de sourire dans la nostalgie ( For all we know). Un peu de légèreté sans emphase dans un jeu virtuose particulièrement délié et swinguant à la manière des grands maîtres du bop.

Et puis et surtout il y a le regretté Dewey Redman qui sur trois morceaux apporte sa science et la profondeur du sage. Celle de celui qui a vécu le jazz depuis toutes ces années. La rythmique s’impose alors plus de réserve mais reste incandescente quand le saxophoniste de son côté donne du sens et de la gravité à la musique qu’il joue (Too long to wait, Zoning). Une sorte de leçon qu’il donne à ses camarades de jeu : la musique est une affaire sérieuse. C’est qu’il y a dans le jeu de Dewey Redman une longe histoire du saxophone. Une déchirure sublime.                                                                   Jean-Marc Gelin

 

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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 17:53




Half Note 2005

James carter (ts, ss, bs), Gerard Gibbs (org), Leonard King (dm), Hamiet Bluiett (b), James « Blood » Ulmer (g)

 La distribution tardive de cet album réalisé en live en 2004 au Blue Note de New York ne trouve pas sa justification par une actualité particulière liée au saxophoniste. Juste le hasard de la distribution dont, n’ayant pas le dossier de presse en mains, nous ne connaissons pas les raisons. Néanmoins cet album prit dans son jus « live » témoigne d’une telle énergie et d’un tel volume de jeu de James Carter qu’il eut été assurément dommage de s’en priver et de priver du même coup tout le fan club du saxophoniste de Detroit.

Après une mis en bouche sublime où James Carter entame avec une incroyable sensualité un Out of Nowhere au ténor avec un immense respect pour les saxophonistes de la lignée de Coleman Hawkins ou de Don Byas, l’album se poursuit avec une belle version de Along came Betty » le fameux thème de Benny Golson sur lequel Carter fait montre d’une grande liberté farouche tant dans la forme que dans le fond, s’affranchissant comme il le veut de la grille sans la lâcher complètement. Assez bluffant  et même quasiment « Aylerien » mais dans le même temps assez perturbant pour une rythmique qui ne semble pas forcément très à l’aise et en tous cas nettement en deçà de ce que le niveau de James Carter exige de ses partenaires. Dans un esprit plus blues and roots se glisse sous la guitare du génial bluesman James Blood Ulmer et sur la composition de celui-ci, Highjack, quelques accents rock du plus profond de racines qui nous ramènent quelques années en arrière à l’époque où le grand Jimmy était encore en vie. Le mélange avec James  Carter s’y fait alors explosif et la rencontre des deux y est totalement convaincante. En effet, virtuose exceptionnel James Carter dans sa façon de jouer de tous les saxs ( baryton entre autres) balance des inflexions rocailleuses venues de l’âge de pierre avec une sauvagerie brute et presque animale qui plonge dans les entrailles d’une musique afro-américaine dont le saxophoniste balaie largement les grands espaces. Avec un matériau âpre et rugueux, James Carter est une sorte d’archétype du saxophoniste dur au mal qualifié dans les liner notes de bad-ass, voire de sale gosse ou d’ours mal léché comme vous voulez. On pourra regretter certains choix (pourquoi doubler le baryton au point que l’on ne sait pas forcément qui joue de Carter ou de Hamiet Bluiett ?) ou s’agacer peut être du côté ultra démonstratif de James Carter. Pas nous. C’est que cette musique là est prise en live dans un concert où de toute évidence, le saxophoniste ne compte pas ni avec son plaisir ni avec le notre et où l’échange semblait était la recette du soir. Sacrément jubilatoire et sacrément vivifiante la musique de James Carter devrait faire le bonheur de tous les programmateurs de festivals. La musique très américaine de Carter est un hommage à tous les héros de cette musique mort une guitare à la main ou un sax entre les lèvres. Elle résonne chez nous comme une sorte d’épopée. Parfois duraille, parfois énervée ou brouillonne mais toujours héroïque.             Jean-Marc Gelin

 

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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 23:25




Blue Note Jazz 2008

Gonzalo Rubalcaba (p), Yosvany Terry (as, ss, ts), Mike Rodriguez (tp), Matt Brewer (cb), Marcus Gilmore (dm)

 

 Ceux qui attendaient avec impatience le  nouvel album de Gonzalo Rubalcaba peuvent se réjouir. Ceux en revanche qui attendaient le disque du pianiste cubain peuvent passer leur chemin tant Rubalcaba livre ici un album aux antipodes des clichés qui lui collent à la peau. Car ce dont il s’agit ici n’a rien, mais alors rien à voir du tout avec une formation latino mais en revanche tout à voir avec un quintet de jazz pur jus comme on en fabrique à New York depuis quelques décennies. Gonzalo Rubalcaba mise tout sur l’écriture de ses collistiers, Yosnavy Terry en tête ou Matt Brewer qui signe une très belle composition (Aspiring to normalcy). Une vraie écriture de saxophoniste basée sur l’atonalité, ou de contrebassiste basée sur la présence rythmique et les doublements subtils de tempis au risque d’en oublier un peu la ligne mélodique (sauf dans Peace de Horace Silver ou dans le sublime Preludio Corto de Alejandro Garcia Caturia qui clôture magnifiquement l’album). On y assiste alors à quelques beaux moments comme la découverte d’un saxophoniste épatant, Yosvany Terry capable dans le même morceau de passer du ténor (où il est d’ailleurs un peu fade) à l’alto où il est étincelant possédant une réelle force d’expression, une sorte d’intensité fugace. Il faut l’écouter sur This is it où son entente avec la rythmique, Rubalcaba inclus, y est fusionnelle. Cette rythmique portée à bout de bras par Matt Brewer, le contrebassiste qui ne cesse de s’imposer sur toutes les scènes du monde et que l’on a pu entendre l’année dernière sur l’album de Yaron Herman. Et puis bien sûr à tout seigneur tout honneur, Gonzalo Rubalcaba qui a 45 ans prend des allures de maître d’école et semble distribuer les rôles en imposant sa marque faite autant de sensibilité que de densité (Peace) au toucher nerveux et percussif sans jamais tomber, comme on l’a dit dans les clichés qui lui sont attachés. On aura du mal cependant à crier ici au génie. L’album est honnête mais peut être pas assez ambitieux, parfois intéressant sur le plan compositionnel mais qui laisse le plus souvent de marbre. On attendait bien plus de ce pianiste que l’on avait pris l’habitude d’adorer et qui manque un peu ici à nous captiver.                                           Jean-Marc Gelin

 

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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 07:32

Michel Benita (b, cb), Manu Codjia (g)



Il y a dans le jazz des albums que l’on pourrait qualifier d’album d’atmosphère. Cet album de Michel Benita (aujourd’hui l’un des plus grands contrebassistes français) qui accueille pour l’occasion le guitariste Manu Codjia est en une parfaite illustration. Car ce dont il s’agit dans cet album c‘est une ballade, autant dans le sens musical du terme que dans celui d’un road movie qui nous ferait traverser de grands espaces américains. Empreint de folk et country à la manière de Bill Frisell qui est ici une référence évidente d’un bout à l’autre de l’album, l’ensemble se fonde sur la mise en valeur de mélodies qui semblent justement tirées d’un folk songbook à l’image des deux titres qui ouvrent l’album (Farewell Angelina de Dylan ou Round and round de Neil Young). Les réverbérations de la guitare de Codjia et les rondeurs profondes de Benita (comment ne pas penser à Charlie Haden) s’associent à merveille. Elles nous font voyager des paysages désolés jusqu’aux confins du nouveau Mexique. Les grands espaces sont ainsi balayés du regard. Comme un plan fixe  suivi du regard à la vitre d’un greyhhound (ces bus qui traversent les États-unis), ils évoquent des paysages solitaires animés par la légèreté de ballots de paille dansant au vent et traversant la plaine déserte et sauvage.                       Jean-Marc Gelin
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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 07:30
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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 17:11







 
   Bruno 
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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 07:58

Pat Metheny (g), Christian Mc bride (cb), Antonio Sanchez (dm)



C’est toujours un exercice un peu difficile de chroniquer un album de Pat Metheny sans avoir la tentation d’en parler savamment au risque de lasser notre lecteur. Car Metheny qui, une fois n’est pas coutume revient au trio et à cette forme qui permet l’intimité de l’échange complice semble s’enfermer dans une sorte de bulle, sublime certes mais qui frôle parfois l’autisme. Cela fonctionne toujours très bien. Admirablement même. Metheny livre des compositions d’une incroyable richesse, assez complexes dans la forme mais auxquelles (et c’est la forme de son génie) Metheny semble donner l’illusion de couler de source. Alors Metheny s’empare de ses propres thèmes et s’amuse avec légèreté et élégance à errer  dans les labyrinthes harmoniques tandis que Christian Mc Bride assure la ligne mélodique. Metheny serpente, se faufile à la vitesse d’un lézard sur ces chemins tortueux, joue avec une précision d’orfèvre (Let’s move) fait parfois sonner sa guitare comme un rocker, lui donne aussi des airs de Wes Montgomery, s’amuse sur une petite mélodie simple ou se dépouille de tout artifice lorsqu’il prend la nylon pour rendre un hommage émouvant aux victimes de l’ouragan Katrina. Le problème avec Metheny c’est que dans cette musique, qui est aujourd’hui dans ce qui se fait de mieux, Metheny intellectualise le groove et stylise l’improvisation. L’émotion prend peu sa place et l’on pourra alors selon ce que l’on veut entendre être conquis par la science de Metheny ou bien rester étranger à l’œuvre. L’on pourra aussi se laisser conquérir par cette forme de grâce apaisée ou bien observer froidement cette forme d’esthétique polie. Chacun trouvera alors ce qu’il connaît de Metheny et surtout ce qu’il veut bien y entendre.                       Jean-Marc Gelin
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