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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:42

JJJJ Paul Bley : « Solo in Mondsee »

ECM 2007


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Surtout n’allez pas faire votre grincheux devant un nouvel album de piano solo produit par ECM en imaginant que vous allez entendre encore une fois une démonstration introspective et quasi neurasthénique sur fond gris pastel d’ombres filantes d‘un pianiste aux improvisation tourmentées. Car toutes les bonnes raisons de vous réjouir se retrouvent dans ce nouvel album de Paul Bley enregistré en avril 2001 qui défie les lois du genre et tous les clichés pianistiques en vigueur. On connaît tout de ce pianiste de génie depuis ses errances free à ses fameux trios. On a tous en tête le fameux « Open to Love » enregistré aussi pour ECM. Mais jusqu’à l’enregistrement de Solo In Mondsee, jamais Paul Bley n’avait enregistré en solo et ses recherches le guidaient alors vers une forme de lenteur et vers l’approche électronique qui lui permettait alors l’étirance du son, chemin selon lui privilégié pour devenir « le pianiste le plus lent du monde ».

Cet album qui est tout sauf cela, est donc un virage total dans le travail du pianiste. Virage dont Mandfreid Eicher eut l’idée en entendant un an auparavant l’incroyable sonorité du piano (un Bösendorfer Impérial) à Mondesse en Autriche. Et c’est tout naturellement que le maître de ECM proposa à Paul Bley un enregistrement au même endroit dans des conditions entièrement acoustiques.

Le principe de ces dix variations sobrement nommées de « I » à « X » pourrait en effet faire craindre les pires clichés. Mais il n’en est rien. Car la musique de Paul Bley est celle d’une légèreté d’adolescent gracile. Bley y joue une sorte d’allégorie jamais crépusculaire mais au contraire de celle que l’on chanterait le nez au vent, en plein soleil d’été. Une sorte de ballade improvisée. Il y a un flottement dans les airs chez Paul Bley, dans cet art de l’improvisation truffé de petites citations. Pas des phrases piquées ici ou là mais plutôt la réminiscence de quelques harmonies familières que l’on retrouve au gré de ses développements. Chez Paul Bley toujours ce rappel à la mélodie qui s’invite au début, au milieu ou à la fin. Paul Bley alors flottait au dessus de son clavier dans une luminescence que favorisait en grande partie cette prise de son éclatante et exceptionnelle ce jour là à Mondsee en Autriche. Paul Bley c’est sûr est un enchanteur. Jean-Marc Gelin

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:40

JJJJ Laurent De Wilde / Otisto 23 – “PC PIECES”

Nocturne 2007-10-08


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Un disque au visuel épuré s’ouvre à nous, dès lors de la découverte du nouvel opus de Laurent De Wilde. Cette nouvelle expérience, le pianiste l’a vécu en duo avec un maître des machines, en la personne d’Otisto 23. Il s’agit là d’une magnifique association entre un virtuose du piano et un technicien de cette nouvelle génération issue de la musique électronique. Magnifique dans le sens d’oser, de séduire, de contempler et de donner à méditer. « PC Pieces », sorti sous le label Nocturne, évoque un morcellement de la matière sonore, au sein d’un contexte de Musique répétitive. Pour aller plus loin dans l’innovation, le support CD est en fait un disque double face (comme un vinyle) et laisse apparaître un DVD sur cette seconde face. Il fallait y penser, car grâce à ce système, la musique du disque reste imperméable au piratage MP3. Quoi de mieux pour réconcilier l’objet du CD de Musique avec les auditeurs, et maintenant spectateurs ! En effet, à la base de ce projet est née l’idée d’en faire aussi une création visuelle, sous la direction de Bernard Filipetti. Les sept compositions coécrites par Laurent De Wilde sont ornées de sept vidéos respectives, et le DVD compte aussi cinq titres filmés en live à l’amphithéâtre de l’Opéra de Lyon, début Mars 2007. Tout cela autour d’une Musique aux reflets étranges et féériques. Une parfaite cohésion des deux mondes, celui des machines et celui des hommes. Et bien sur dans un respect d’un style très actuel de la musique électro. Il faudrait même se risquer à parler d’influence Dub’ ou Ambient’, lorsque dans certains titres l’utilisation de l’effet delay est poussé à son paroxysme, ainsi qu’une forte utilisation des samples et autres appareils. Musique avant tout répétitive et minimaliste, à la fois glaciale et bouillonnante, c’est un espace où le temps s’allonge tel un élastique, pour ressembler à de beaux paysages aux horizons plats et sereins. Ce n’est pas un climat festif, mais plutôt contemplatif, bien évidemment. En revenant sur l’aspect design de la pochette du disque, cela nous fait penser à une parenté particulière avec la simplicité publicitaire d’un certain Frédéric Beigbeder, actuellement ré-adapté par Jan Kounen au Cinéma. Cela rassure de savoir qu’un tel projet musical est fait aussi par des passionnés d’art graphique du nouveau millénaire. Cette ambiance commerciale ne doit pas subir trop de critiques hâtives. Il faut savoir qu’il existe maintenant un style artistique bien présent, issu de la mode visuelle en général, des années 90 à aujourd’hui. Laurent De Wilde à toujours mis en avance son appartenance à cette génération, de par ses divers travaux autour de la musique électronique. Aussi, il ne sera jamais inutile de rappeler qu’il est un des biographes les plus remarqués du fameux Thelonious Monk. Curieux destin, puisque c’est en associant avec Otisto 23 tout son savoir faire, que le pianiste français signe cet album d’avant-garde et d’ouverture.
Tristan Loriaut

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:37

JJJJ Pierre Alain Goualch – « Duc »

Cristal 2007


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Ouiiii ! Merci !! Mon dieu, merci d’avoir créé deux oreilles pour entendre ça. Superbe trio, dans la tradition sur le papier, mais catégoriquement actuel en l’écoutant. Pierre Alain Goualch, pianiste toulonnais à la notoriété établie maintenant, s’est entouré de Darryl Hall et de Rémi Vignolo pour enregistrer un moment inoubliable dans l’ancienne enceinte du club Duc des Lombards. Darryl et Rémi ? Ça fait 2 bassistes me direz-vous. Nous voici reparti dans une autre expérimentation sans tambour ni trompette ? Non ! Chut ! Dites le discrètement autour de vous : Rémi est batteur ! Rémi Vignolo, le monstre du moment, le contrebassiste surnommé « homme qui as 30 concerts par mois » (de source sure !). Excellent aux cotés de Bojan Z en trio, c’est derrière la batterie qu’il donne la réplique cette fois à son collègue de cordes, le non moins fameux Darryl Hall. Le choix des morceaux est d’une remarquable sensibilité en matière de réadaptation des standards bien de chez nous. Requiem pour un Con, Les Feuilles Mortes, Le Poinçonneur des Lilas, Pierre Alain Goualch les magnifient, à sa façon, en déstructurant, reformulant, triturant mélodies et rythmes. Mais ce n’est pas tout, nous avons même droit en supplément à une fantastique version de « You And The Night And The Music ». Le son général du groupe est à la fois blues, explosif, imaginatif, teinté d’un swing frivole, entrecoupé de grooves majestueux. Une recherche artistique et intensive dans le club le plus réputé de Paris. Une quête incessante de la note, la phrase, l’intonation parfaite, chaque fois pressé d’entamer la suivante, passionnément et avec hargne. Attention, Jazz is not dead les enfants. Tel un Uri Caine, Goualch le prouve par la virtuosité pleine de finesse, mais aussi sculptée dans la roche, alliée à la poésie permanente de ses deux compères. L’interaction entre eux est surprenante à chaque coin de chorus, renversante d’ingéniosité. Bousculant les clichés, c’est manifestement une vraie démonstration que nous offre Rémi Vignolo à la batterie. Huit titres d’une ferveur étonnante, généreuse et réellement racée, en matière de Jazz. Vivement la suite de sa carrière de batteur, quand on repense à Jorge Rossy qui s’est mis au piano (!). Un mot quand même sur le désign choisi de la pochette illustrée. On y aperçoit la représentation quasi-identique des musiciens en personnages de jeu video imaginaire, il doit certainement s’agir du jeu des « Sims » ou quelque chose du même genre. Un style d’humour que l’on adore, seulement si on ne déteste pas. Mais le risque est là, heureusement. Ces jazzmen prennent tous les risques avec un grand talent, dans tous les domaines. Chapeau bas messieurs ! Encore !! -
Tristan Loriaut

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:34

JJJJ(J) herbie hancock – « Reflets - The Joni’s Letter»

Verve 2007


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C’est d’abord l’histoire d’une amitié, très forte, qui depuis de longues années réunit la chanteuse Joni Mitchell, Herbie Hancock et Wayne Shorter. On sait que le saxophoniste et le pianiste ont participé à quelques albums de la chanteuse il y a plus de 20 ans. Mais au fil du temps jamais ce lien ne s’est distendu. Ce dont il s’agit aujourd’hui c’est une très grande complicité. Une tendresse intacte.

Herbie Hancock pour dire ces lettres de Joni Mitchell alterne les partie chantées (les lettres) et instrumentales. Avec un sens de la production très efficace dû à Larry Klein et Hancock lui-même, quelques chanteurs se succèdent : entre autres Norah Jones, Tina Turner (saisissante), Corinne Bailey, Luciana Souza, Joni Mitchell elle-même et surtout en fin d’album la gravité caverneuse et  poignante d’un Léonard Cohen qui dans The jingle Line sur le mode parlé-chanté, incarne véritablement l’âme des textes de Joni Mitchell.

Avec beaucoup d’intelligence les parties instrumentales alternent avec les parties chantées. Certains thèmes n’ont pas d’autre rapport avec le propos (Solitude de Ellington ou un éternel Nefertiti toujours et encore sublimé) que l’univers poétique qu’ils dégagent en droite ligne de cet hommage à la chanteuse. Ces parties instrumentales sont des vrais moments sublimes de rencontre où Herbie Hancock visiblement inspiré, surprend dans un registre très apaisé que l’on ne lui connaît pas toujours. Avec son éternel complice, Wayne Shorter (au soprano ou au ténor), tous les deux partagent cette douce mélancolie qui émane du personnage même de Joni Mitchell. C’est alors un pur moment de tranquillité et d’apaisement qui chez ces deux adeptes du bouddhisme relève d’une totale zénitude. Chacun s’inscrit dans le temps et dans l’espace. Chacun imprime à cet univers une poésie émouvante devant laquelle on aime à se perdre, dans lequel on divague dans quelques errances flottantes. Perdus dans l’univers envoûtant de la chanteuse, du pianiste et du saxophoniste, les trois se trouvent ici immatériellement réunis. Dans la même inspiration du dépouillement merveilleux et d’émotion retenue. Jean-Marc Gelin

 

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:32

JJJJJ Yaron Herman Trio : « A time for everything »

Laborie 2007

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Pourquoi ce nouvel album de Yaron Herman est-il si jubilatoire ? Qu’est-ce qui provoque ce sentiment de plénitude et oserais-je le dire de joie à l’audition de ce trio (Matt Brewer à la contrebasse, Gerald Cleaver à la batterie et Yaron Herman au piano)? A time for everything résume ce qu’il nous offre. De tout, depuis les standards  de Björk (Army of me), jusqu’à Scriabine (Prélude n°2 opus 35) en passant par Sting (Message in a bottle) et les compositions de Yaron Herman lui-même. Le passé et le présent se côtoient sans tabou aucun. De tout, des lentes mélopées aux danses endiablées. Et tout cela dans une parfaite cohérence et sans impression de « patchwork » ou de liste à la Prévert : la  mise en scène de l’album est parfaite, sans temps mort, sans baisse d’énergie, sans moment inutile ou fortuit : même l’interlude d’une minute est d’une intensité ravageuse. La liberté d’improvisation et l’énergie des musiciens sont communicatives et nous nous laissons happer par ce voyage insolite et réjouissant. Alors que nous pourrions être tentés de nous laisser bercer par le sublime duo lyrique de Brewer et d’Herman sur Neshima (le souffle, en hébreu) et peut-être de nous assoupir en paix, aucun répit ne nous est accordé puisque la composition d’Herman qui suit, Paluszki, est comme un coup au plexus. Quant aux amoureux de Cathy Dennis, ils seront heureux de retrouver son Toxic, beaucoup plus déjanté que ce qu’en avait fait Britney Spears. On l’aura compris, Yaron Herman, 26 ans à peine, est un prodige (il ne fait du piano que depuis dix ans) profondément ancré dans le présent et ouvert à toutes les sources d’inspiration : un jeune homme libre et donc incroyablement créatif, profondément inspiré (écouter cette élégante interprétation de In the wee, small hours of the morning). Avec lui, toutes les références ou presque sont possibles, dans son Monkey Paradise, ne reconnaîtrait-on pas Bill Evans ?   Il y a également dans cet album beaucoup d’humour, grâce aux touches de post-production de Jean-Pierre Taïeb. C’est avec un à-propos certain que Yaron Herman conclut cet album avec Leonard Cohen, Hallelujah ! Soixante-cinq minutes jubilatoires à écouter de toute urgence.    -
Régine Coqueran

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:31

JJJ ANDREW HILL  – « Change»

Blue Note 1966   Réed 2007

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Belle idée que la réédition de cet album Blue Note dont l’édition originale remonte à 1966 et qui associait aux côtés du pianiste et compositeur Andrew Hill, le saxophoniste Sam Rivers avec Walter Booker à la contrebasse et JC Moses à la batterie.

Cette réédition est l’occasion d’entendre la fougue déstructurante d’un Andrew Hill passé maître dans l’art de la construction free post monkienne dans laquelle le timbre rauque de Sam Rivers s’engouffre avec urgence. On entend dans le jeu et dans la musique de Andrew Hill dressée autour de thèmes forts (Violence/ Pain/ Illusion/ Hope/ Lust/ Desire), un travail en recherche où Andrew Hill joue avec les ruptures radicales allant même jusqu’à passer au clavecin ( !).

La musique jouée est faite de puissance, d’écoute beaucoup, d’énergie qui circule toujours. Comme souvent avec le free jazz l’improvisation libre se meut dans un espace-temps très dense dans lequel prédomine l’urgence. Mais pour autant la musique du regretté Hill ne tombe pas dans une vision univoque des tempis ultra rapides et des écritures ultra serrés. Lust par exemple marque une sorte de pause inattendue et bien plus calme. Bien plus équivoque.

Ce qui frappe chez Andrew Hill c’est qu’il y a là une sorte de continuation de Monk par d’autres moyens. Cela part toujours des mêmes associations d’accords dissonants qui s’émancipent ensuite. Illusion par exemple montre chez Andrew Hill sa part dans la construction de la musique d’après le free. Et lorsque l’on revient à Lust on y trouve aussi des correspondances avec ce qu’écrivait à la même période Wayne Shorter, la même volonté de débloquer le jeu. Sam Rivers joue alors de ses feulements qui, lorsqu’il en supprime les vibratos, laisse apparaître un saxophoniste plus classique qu’il n’y paraît dans la lignée de Rollins et de Joe Henderson.

Une démonstration intéressante en tous cas, alors que Andrew Hill vient de nous quitter, des portes qu’il parvenait à ouvrir dans cet univers en construction après le chaos du free. Des voies qu’avec beaucoup de prescience il désignait alors.                         Jean-marc Gelin

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:29

JJJJ(J) eLISABETH KONTOMANOU: « Back to my groove»

Nocturne 2007

 

kontomanou.jpg  Et pourtant l’entreprise était risquée ! Elle qui il y a à peine deux ans se trouvait propulsée au sommet de sa gloire, conquérant enfin son public, triomphant sur toutes les scènes, se trouvait devant le choix de tout artiste à ce moment crucial de sa carrière : et maintenant quoi faire ? Et toutes les critiques étaient là à attendre, et l’on sait combien les gloires se font et se défont rapidement et Elisabeth Kontomanou n’allait pas se faire dévorer dans l’arène, et elle qui ne répète jamais deux fois le même album allait nous surprendre à nouveau.

Car une nouvelle fois, Elisabeth Kontomanou nous laisse totalement abasourdis, prenant une claque immense devant l’un de ses meilleurs albums. Un album auquel personne ne s’attendait vraiment et dont le secret était bien gardé. Un de ses albums le plus personnel, ce qui en l’occurrence n’est pas une simple formule puisqu’elle signe paroles et musiques de tous les morceaux (à l’exception de deux titres).

Dès le premier d’entre eux, on est plongé dans une sorte d’Opéra dont ne sait pas si l’issue en sera heureuse ou dramatique. Avec des airs incantatoires de grande prêtresse de la soul music du Rythm and blues et du jazz réunis elle nous convie à l’écoute de la simple histoire d’une femme que la vie ballade d’espoirs en désillusions et en soleils retrouvés. Et l’album se commence par ces simples phrases : «  let me tell you the story of a woman so trapped in love ». On sait que l’on va alors être plongé dans un univers de fissures et de déchirures qui nous bouleversera comme une chanson de Billie Holiday dont Kontomanou ne tait pas qu’elle inspire son travail.

Alors son monde nous est ouvert. Les arrangements de quelques uns des acteurs de cette oeuvre, (le pianiste) Orrin Evans, (le guitariste) Marvin Sewell et Gustav Karlström sonnent merveilleusement et ponctuent les histoires qui nous sont contées par des voicings, des quatuor à cordes et une instrumentation dont le propos n’est que de souligner, de ponctuer le propos de la chanteuse qui se fait alors actrice d’un paysage immense. On aime alors les chorus de Sam Newsome (le saxophoniste soprano qui était à ses côtés lors du précèdent album – écoutez What a life) et surtout les interventions discrètes mais si intelligentes de Marvin Sewell qui de quelques notes plante exactement et comme il se doit le décor, salissant le son lorsque l’histoire devient glauque, exaltant son lyrisme lorsqu’elle devient belle.

Alors Elisabeth Kontomanou prend sa part à la douleur des femmes. Des lame s’enfoncent au cœur comme dans ce Late Night qui renvoie à ces jours sombres d’errances urbaines qui furent le lot de la chanteuse à l’époque où ses enfants et le chant étaient ses seules bouées de survie.

Jean-Marc Gelin

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:28

JJJ STEVE LACY – ROSWELL RUDD QUARTET: «Early and late »

Cuneiform Records 2007

 stevelacy-roswellrudd.jpg

Il s’agit dans cet album des retrouvailles tardives du saxophoniste (sopraniste devrait on dire) Steve Lacy et du tromboniste Roswell Rudd. Les deux hommes qui s’étaient déjà croisés dans des orchestres de Dixieland avaient poursuivi dans les années 60 avec un petit combo qui explorait la musique de Monk dont on sait combien elle fut chère à Steve Lacy. On les retrouve ici  dans deux séries de concerts donnés pour partie en 1999 (à Amsterdam et à Tucson) avec la formation qui était celle de Lacy à l’époque (le magnifique Jean Jacques Avenel à la cb et John Betsch à la batterie) puis dans un match retour à New York en 2002 soit deux ans avant la mort de Steve Lacy.

Que ceux qui restaient sur l’image d’un Lacy grave et tourmenté oublient immédiatement tous leurs préjugés. Car dans cette rencontre, portée par l’énergie incroyable de Roswell Rudd, la musique que ces quartets délivre est d’une toute autre nature. Elle serait plutôt de celle que l’on retrouve dans les after hours des clubs New Yorkais poursuivant sur le terreau de Monk et de Cecil Taylor l’exercice post free des poursuivants de Ornette (un peu mais pas trop) et de Mingus (surtout dans l’esprit). Le reste des compositions est signé Lacy, Rudd ou encore du regretté et trop méconnu pianiste Herbie Nichols. Jamais totalement libre, au sens formel, cette musique est totalement espiègle et drôle se jouant des facéties du tromboniste qui à lui seul jette un pont évident entre la tradition (Dixieland) et la new Thing (la musique post free). Car Roswell Rudd ne joue pas, il exprime toute une palette d’expression, de monologues allant du bruitage au râle jusqu’à l’irruption rocailleuse. Il y a de la gouaille dans son jeu que des imbéciles ont pris u jour pour de la vulgarité (Il y a sur la jeune scène des trombonistes un musicien qui nous fait beaucoup penser à Rudd, c’est l’italien Gianlucca Petrella dont Enrico Rava (qui a joué avec Rudd justement) se plaît à dire qu’il s’agit du meilleur tromboniste actuel).

Mais fermons la parenthèse et puisqu’il est question de jeunesse, revenons sur celle retrouvée de Steve Lacy qui affiche ici, résolument mutin mais avec l’air de ne pas y toucher une liberté toute basée sur le sens de l’improvisation moins sinueuse qu’à l’accoutumée mais toujours aussi irrésistible. Toujours empreinte de cette superbe.

Et il est étonnant de voir tout au long de cet album combien chacun des musiciens ne cède pas à l’autre tout en maintenant l’ensemble cohérent. Chaque membre de ces quartets impose une réelle personnalité. Sans jamais trahir ni soi même ni la musique des autres. Non le jazz n’est pas mort dans de sombres perspectives. Vivifiant !   -  Jean-Marc Gelin

 

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:24

JJJJ DAVID LINX & THE BRUSSELS JAZZ ORCH. : «Changing Faces»

O+ Music 2007

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Si les chanteurs de jazz vocal ont tous ce vieux rêve d’enregistrer avec un big band, celui de David Linx prend une autre dimension tant il est vrai qu’enregistrer avec l’orchestre de son propre pays lui tenait particuièrement à cœur et depuis longtemps. Et force est de constater qu’en s’octroyant les services du BJO, David Linx s’offrait ainsi un modèle de luxe, du genre de ce qui se fait de mieux en Europe. Un orchestre à la dimension du Vienna Ort Orchestra de Matthias Ruegg ou dans une moindre mesure du nééralndais Metropol Orchestra de Vince Mendoza. Car avec le BJO David Linx dispose d’un formidable terrain de jeu. Et lorsqu’en plus Linx fait appel à un grand nombre d’intrevenants extérieurs, on se dit que l’on a affaire à une sorte de super méga production dont on peut attendre le meilleur comme le pire. Car dans cet album protéiforme, Linx ose tout, change les formats et les angles d’attaques dans un exercice où c’est presque (une fois n’est pas coutume) le chanteur qui met en valeur l’orchestre avec lequel il joue et non pas l’inverse. La voix de David Linx comme un écrin pour l’expression des cuivres magnifiquement dirigés. Quel orchestre et quels solistes ! Et pour réussir ce tour de force, cette prise de risque qui l’amène à alterner les passages seul avec le big band avec d’autres chanteurs invités, il faut une réelle science de l’arrangement à laquelle se frottent plusieurs musiciens de grand talent. Entre autre Stéphane Guillaume apporte sa patte ainsi que Laurent Cugny. Et si David Linx reprend des thèmes qu’il a déjà chanté ( the land of joy par exemple), ce n’est jamais dans la facilité et toujours avec une grande mise en danger de lui-même dans une sorte de redécouverte totalement réussie de ces thèmes que le format exigeait d’entendre autrement. Ainsi le duo sur Bilhete avec Ivan Lins n’est pas forcément convaincant sur le plan du chant mais c’est assurément un grand moment musical formidablement arrangé par S. Guillaume. On a le droit d’être agacé par la présence de Nathalie Dessay (elle est franchement pénible !) sur Home in the spring qui grince un peu. En revanche comment ne pas tomber sous le charme de cette rencontre habitée avec Maria João (Linx est allé enregistrer au Bresil en une seule prise avec elle) qui illumine l’album de sa présence déjantée et délicieusement folle (Miziane). La fin de l’album plaira ou énervera c’est selon. Elle désapointera  ceux qui verront dans ce beau jouet confié aux cordes géniales de David Linx poindre le début d’une dérive un peu mégalo. Elle plaira en revanche à ceux qui verront dans cette suite ultime la marque d’un travail très exigeant qui abouti à cette forme magistrale de la musique intégrée au chant. Un travail jamais frileux puisque Linx est l’homme de toutes les audaces. Derrière l’exigence d’un travail musical totalement réussi Linx parvient à préserver l’essentiel : la liberté du chanteur et la sponatnéité de son expression. Jean-Marc Gelin

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:22

JJJ(J) GILLES NATUREL – « Belleville »

Cristal 2007

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Voilà bien le type de nouvelle réjouissante : celle de découvrir sur notre palier l’album que l’on attendait tant, celui de Gilles Naturel qui depuis belle lurette figure en bonne place dans notre panthéon de nos contrebassistes préférés et se trouve être l’un des plus demandé aujourd’hui en France. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le label Cristal nous propose un double album correspondant réellement à deux projets différents.

Dans le premier le bassiste est associé à Rick Margitza (ts), Alain Jean-Marie (p), et Philippe Soirat (dm). Un album dans une veine néo bop qui groove terrible. Pas le genre qui va à 100 à l’heure mais plutôt du genre  groover en prenant son temps, sans flâner mais en restant bien au fond du temps. Alain Jean-Marie reconnaissable entre 1000 donne une réplique affûtée et Rick Margitza ici dans une forme splendide s’entend  à merveille avec le contrebassiste qui signe sur ce premier album toutes les compositions révélant ainsi un réel talent d’écriture où il montre sa parfaite connaissance de son histoire du jazz, de ce qu’elle doit à la pulse et à la façon de faire traîner les choses qui, passées par le filtre du blues n’en sortent jamais très clean.

Dans le 2ème album il n’est pas non plus question de s’énerver. Tout reste calme sous la houlette d’un Lenny Popkin d’une grande classe, d’une élégance absolue et d’une suprême sensualité. Qu’un saxophoniste ténor puisse nous évoquer à ce point Paul Desmond en est véritablement troublant.

Et dans ce double travail remarquablement bien réalisé, Gilles Naturel ne montre pas simplement deux facettes de son talent. Il révèle aussi dans la  continuité son jeu qui au-delà de son assise rythmique parvient à dessiner derrière une vraie ligne mélodique un talent qui n’est pas sans évoquer le génial NHØP. Du bel ouvrage.                                                         Jean-Marc Gelin

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