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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 17:40

Les éditions BD jazz ont demandé à Jacques Ferrandez d’illustrer le dernier né de la collection consacré à Miles Davis. Et Jacques Ferrandez, c’était l’homme qu’il fallait pour s’attaquer à Miles. En effet Ferrandez grand amateur de jazz et de be bop devant l’éternel aurait tout aussi bien pu devenir musicien professionnel, contrebassiste en l’occurrence si sa passion du dessin n’en avait pas décidé autrement. A 50 ans Ferrandez est devenu un grand nom de la BD bien connu pour ses histoires algériennes (son pays natal) et surtout pour quelques titres phares de la BD comme l’Outremangeur chez Casterman (2000) ou La boîte Noire paru chez Gallimard tous deux en collaboration avec Tonino Benacquista. La série des carnets d’orient débutés en 1987 a marqué les esprits et il ne serait pas étonnant qu’elle soit à l’origine d’autres voyages orientaux rencontrés chez d’autres dessinateurs.

 Dans le Miles Davis qu’il nous livre aujourd’hui, Ferrandez s’attache à la quête parkérienne de Miles , c'est-à-dire cette période qui le conduit dans les années 44-45 dans les clubs de la 52ème rue à la recherche de Bird, sorte de but suprême pour celui qui fut un jour embauché dans l’orchestre de Billy Eckstine. Ayant quitté sa vie bourgeoise auprès de son père dentiste à Saint Louis et destiné à se retrouver à la Julliard School , Miles rejette alors l’enseignement blanc qui lui est proposé et se trouve bien plus attiré, aimanté pourrait on dire vers les musiciens de cette nouvelle musique que représentait le be bop, certain qu’il se passait des choses historiques autour de Parker et désirant farouchement en être.

 Rencontre avec Parker, d’un Miles que Ferrandez représente comme farouchement déterminé à forcer son destin mais dans le même temps un peu halluciné par sa belle aventure. Comme s’il assistait autant en acteur qu’en spectateur de sa destinée. Le Bird en revanche n’est pas trop crédible représenté là en sale type superstar particulièrement vulgaire et grossier acceptant sans aucun état d’âme le départ de Dizzy, plus occupé alors à lever les poules de luxe et à se procurer de l’argent pour sa dope. Un portrait sans doute un  peu caricatural mais inévitable compte tenu du format très court de la BD ( 20 pages à peine). Cette BD qui commence quasiment avec l’arrivée de Miles à New York se termine dans un face à face émouvant avec son père, à Saint Louis à qui Miles avoue qu’il veut quitter la Julliard School pour se consacrer à la musique et recueillant alors contre toute attente l’encouragement du paternel qui loin de le décourager lui intime simplement cet injonction «  Quoique tu fasse, fais le jusqu’au bout et surtout trouve ton son. Trouve le son de Miles Davis ».

Le dessin de Ferrandez est vif, précis soucieux d’un réalisme presque documentaire. L’utilisation très maîtrisée des jeux de lumières, notamment sur les couleurs sombres dans les scènes nocturnes urbaines ( le noir lumineux des carrosseries de voitures, les visages des jazzmen, avec quelques traits de crayon disséminés pour accentuer les contrastes) parvient à nous mettre dans l’ambiance de Big Apple et des clubs de l’époque.

Pour la partie musicale les deux CD qui sont présentés représentent une sélection discographique de grande qualité montrant entre 1949 (l’époque de Birth of the Cool) et 1955 (« Milt and Miles ») un Miles en lente progression vers sa pleine maturité. On s’étonnera juste du choix de l’éditeur d’avoir volontairement écarté les enregistrements où Miles, d’ailleurs trompettiste très moyen à l’époque, joue avec Charlie Parker. Et ce sera notre seul regret dans l’histoire que de voir oubliées ces sessions de 1945 ou de 1947 comme ce Milestones par exemple qui ne pouvaient on ne peut mieux illustrer le propos du dessinateur et la progression de Miles Davis. Choix surprenant mais qui a sa propre logique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Xavier D’Almeida - Jean Marc Gelin

 

 

 

 

 

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 23:13

JJJJ CHARLES LLOYD : « Sangam »

 

 

 

 

Label Bleu 2006

Charles Lloyd (ts, as, fl, tarogato, p), Zakir Hussain (tabla, perc, voice), Eric Harland (dm, perc, p)

Cet album a été enregistré en live à l’occasion d’un concert donné par Charles LLoyd en mai 2004 en hommage à Billy Higgins. Le saxophoniste qui avait rencontré le jeune batteur Eric Harland en 2001 avait été totalement séduit par son jeu et avait décidé de l’intégrer à son groupe de l’époque. C’est peu de temps après cette rencontre que Charles Lloyd rencontra aussi le tablaïste indien virtuose, Zakir Hussain, l’homme capable de faire chanter son instrument en y mettant toute son inspiration à la frontière de la musique indienne et de ses racines arabes. Mais c’est là la première fois que les trois hommes se trouvèrent réunis. Et ce qui est acquis aujourd’hui, c’est qu’ils ont trouvé là une formule destinée à se pérenniser tant on conçoit à l’écoute de cet album qu’il s’est passé quelque chose ce soir là. Quelque chose de l’ordre de l’osmose.

 Pourtant il n’y a pas eu de répétitions avant ce concert. Pas même d’ordre des morceaux préétablis. Inutiles, car d’évidence les trois hommes partagent la même approche de la musique, la même écoute, la même compréhension. Une mystique quasiment religieuse très proche de la conception coltranienne. On ne sait pas trop si l’on est dans la danse rituelle ou la transe mystique. Parfois chant oriental (tales of rumi) parfois méditation psalmodiée comme lorsque Lloyd passe à la flûte. Magnifique moment où Charles Lloyd introduit le morceau au piano avant que ne s’envole le chant de zakir, telle la voix du muezzin dans Gunam, le seul morceau composé par le tablaïste.

Dans un trio où ne figurent aucun éléments harmoniques,  Zakir Hussain qui utilise les tablas et les percussions comme de véritables instruments mélodiques capable de déformer les sons et de faire chanter les peaux. Une sorte de compréhension quasi télépathique s’installe entre lui et Eric Harland chacun dédoublant l’autre dans une parfaite complémentarité. Ils forment alors un tapis volant rythmique et mélodique sur lequel s’installe Charles LLoyd au soprano comme au ténor ou au tarogato. Avec le lyrisme maîtrisé des vieux sages, Lloyd délivre de longues séances d’improvisation comme ce chef d’œuvre au ténor sur « Hymne to the Mother » qui figurait déjà dans un album de 1995. Au sommet de son art son soprano n’a jamais été aussi proche du discours coltranien comme sur ce titre éponyme qui atteint à la perfection post coltranienne.  Hommage explicite au maître.

 

 

 

 

 

 

Chaque morceau de l’album prend alors des airs de chefs d’œuvre. Nous emmène dans une sorte de voyage initiatique. Comme Coltrane jadis, Lloyd revient aux sources de la musique. Explore les modalités venues de l’Inde et des pays Arabes. Explore les ponts entre cette musique et le jazz. Atteint avec cette formation une plénitude de son art.

Jean Marc Gelin

 

 

 

Une formation faite pour la scène se fera largement entendre sur les scènes d’Europe. Elle sera au Paris jazz festival cet été

 

 

 

 

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 23:32

MUSICA NUDA

1DVD

Petra Magoni et Ferruccio Spinetti

Bonsai music

 

 

 

Cette paire « chic et choc » (voix-contrebasse)  a réussi à traiter avec  une belle homogénéité  des chansons éminemment populaires qui courent du XVI ème au XXème siècle et font partie de  notre patrimoine collectif. 

 Assurément il y a une couleur Magoni,  celle du rouge de la robe de la chanteuse ;  prédilection partagée par son complice le contrebassiste Ferrucio Spinetti, comme on  le découvre dans le double portrait  du DVD de Musica Nuda,  réalisé par Bonsaï

  Un duo  qui joue à nu  une musique qu’il arrive à s’approprier le plus souvent  malgré un déconcertant brassage des genres.

  Petra Magoni et Ferruccio Spinetti restent convaincants qu’ ils s‘attaquent, en bons latins,  à des chansons populaires comme la berceuse sarde  Anninia ou  le traditionnel Mamma mia dammi cento lire,  qu’ils se risquent dans un madrigal de Monteverdi très long et triste, Volio di vita uscire ou reprennent  le célèbre Lascia chio pianga  de Haendel, où l’ensemble voix-cordes est en parfaite osmose avec l’esprit de cet aria baroque.

 Petra a le charme et la vivacité d’une jeunesse bien comprise, dévoilant une extravagance mesurée et surtout, elle fait preuve  de métier : question registre, elle assure et en plusieurs langues (bien que Couleur café de Serge Gainsbourg  et  La vie en noir de Claude Nougaro  ne soient pas les reprises les plus performantes) . Son compagnon (de scène)  partage avec elle une grande complicité : il la suit, l’entoure et l’accompagne véritablement avec une fraîcheur, une tranquillité  enthousiasmantes.  Avec l’insolence de leur âge, ils n’ hésitent pas à balayer  un répertoire des plus éclectiques et contrastés. Si on rit de la version marrante, absolument décomplexée  de Non ho l’eta (une des grandes réussites de la variété italienne des années 60), Like a Virgin qui propulsa dans les années 80 Madonna sur le devant de la scène, est repris avec vigueur et sur un tempo encore plus soutenu . I will survive introduit par un long solo à l’archet ne dépare pas l’antienne virile du mondial 98 ? célébrée par

 Si on a  un faible pour la version impeccable de Nature boy  où le duo s’ exprime avec une sensibilité peu commune, on sera plus dubitatif sur la reprise de Come together des Beatles entonnée avec des accents rauques et sauvages  à la Joplin qui confère  un aspect (d)étonnant à ce  tube historique de la « pop ».  De même, il est audacieux et tout de même très risqué de reprendre Roxanne de Police car la voix de Sting, tellement particulière, a marqué cette chanson et la version princeps aura du mal à être remplacée.

 Le concert Live au théâtre de Bagneux en mars 2006 est le morceau de bravoure de ce DVD ( 1h 38)et justifie à lui seul le concept de ce récital, dépouillé, épuré, en rouge et noir qui souligne la qualité de la voix et le travail d’interprétation des deux artistes.

 L’avantage du DVD est de montrer aussi  le duo au travail, dans des scènes de la vie de tous les jours (même si elles font un peu cliché,  comme celle où dans la cuisine ils se préparent un plat de pâtes). On les retrouve aussi pour une interprétation tonique  Io sono meta sur la plage ventée de Dunkerque, chantant Place des Vosges sous les arcades, ou pendant la fête de la musique sur les quais, chez eux en Italie, en Toscane, dans le Sud ou dans un club de Rome « La palma » avec des invités comme le trompettiste Roberto Piermartine et le guitariste Fausto Mesolella   (également  sur le double CD Musica Nuda 2) . Ainsi la version DVD  complètera le double album en proposant une représentation plus juste de ces artistes au travail.     

 Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:33
Éditorial

 

 Ne le cachons pas ce début d'été commençait à nous inquiéter un peu. La situation devenait franchement préoccupante et il était urgent que le monde du jazz en prenne conscience. Peut être est ce dû à la chaleur de l’été ou aux échos qui nous arrivaient des tribunes allemandes, mais le fait est que la désaffection des clubs de jazz tend à se confirmer sérieusement. Songez que pour ses deux concerts à Paris, le grand saxophoniste américain Tony Malaby n’a réuni à peine qu’une dizaine de spectateurs. On pourra toujours objecter que la musique qu’il proposait ces soirs là était ardue et difficilement accessible mais l’argument est un peu fallacieux car, pour le savoir, encore fallait il y être.

Heureusement face à ce risque de voir les salles continuer à se vider et les clubs fermer les uns après les autres, une belle initiative est née du côté de la rue des Lombards. L’association Paris jazz Club créée autour de Jean Michel Proust, Alex Dutilh, Claude Carrière, Stéphane Portet et Maria Rodriguez est née de cette volonté de ramener le public dans les clubs. Cette initiative va permettre aux spectateurs, une fois toutes les six semaines de bénéficier d’un tarif unique pour naviguer entre les 4 clubs que compte la rue. Ces clubs qui contribuent tant à l'essor du spectacle vivant, à la création instantanée bref à l'essence même du jazz. C’était une idée aussi simple qu’évidente. Encore fallait il la mettre en oeuvre. Chapeau !

 Du côté de la programmation des festivals  on trouvait là encore quelques motifs d’inquiétude. Une certaine morosité nous gagnait à voir les grosses machines se mettre en route avec une programmation lourde et démago qui semblait dérouler quelques affiches sans surprises et surtout sans aucune prise de risque. L’impression aussi d’avoir à affronter des organisateurs plus enclin à faire de l’événementiel pour VIP façon Stade de France qu’à ouvrir un espace inédit à un public avide de choses riches. Un grand nombre de musiciens français, chroniqués dans ces colonnes même et qui se sont signalés cette année par de belles sorties d'album nous ont dit qu'ils n'avaient aucun engagement cet été. N'y aurait il pas quelque chose qui cloche dans le paysage ?

Mais voilà il y a quelques exceptions heureuses. Découvrir par exemple que Blandine Hermelin qui préside à la programmation du très select festival d’Enghien cherche tout au long de l'année des chanteuses inconnues du public sur le web, découvre des talents nouveaux, les écoute et prend le risque de les programmer est en soi une démarche qui nous plaît. Chapeau là aussi !

Ailleurs, à Maisons Laffitte, Nicole Bykoff pour son tout nouveau festival prend elle aussi le pari de faire découvrir une scène d’Europe. Pour cette première édition elle a programmé des artistes venus de la scène belge. Il fallait oser. Chapeau là encore !

Et ce ne sont que deux exemples parmi d’autres de ce que les vrais passionnés du jazz sont capables de faire. Ceux qui sont investis dans leur propre festival font partie de ceux là, et comme ont dit en ce moment Outre Rhin ailleurs, "ils savent mouiller le maillot".

 Et puis il y a ceux aussi qui font le pari de l’intelligence. Ceux qui misent sur l’explication de texte. La Cité de la Musique   nous offrira à la rentrée un festival somptueux avec des têtes d’affiches exceptionnelles. Mais dans le même temps et parce que c’est aussi sa vocation il saura s’ouvrir à des conférences avec des invités vedette ou encore au cinéma avec quelques belles programmations au MK2 Quai de seine. Manière de poser quelques débats sur la place du jazz aujourd’hui. Encore une fois Chapeau

 Et au travers de ces exemples on voit bien que c'est à nous tous, programmateurs, journalistes, propriétaires de clubs et musiciens de susciter l'envie, le plaisir et la curiosité du public.

 Il y a dans ce paysage de début d’été bleu pâle autant de raisons de s’inquiéter que d’autres de se réjouir. Un peu comme une coupe du Monde qui commencerait en demi teinte et qui pourrait bien finir en apothéose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:23

RICHARD GALLIANO : Piazzola Forever Spetet en concert

 

Dreyfus  2006

 

 

 

 

 

Ce DVD présente le concert donné par le septet de Richard Galliano au Bouffes Du Nord en juin 2005 clôturant dans ce lieu magique une tournée de trois ans consacrée à la musique de Astor Piazzola. Nous y étions ce soir là, subjugués alors par ce qui se passait sous nos yeux et transperçait nos oreilles pour nous bouleverser l’âme. Et voilà ce que nous écrivions alors « Ce soir là les ocres rouges du théâtre des Bouffes du Nord servaient de toile de fond au septet de Richard Galliano pour un hommage à la musique d’Astor Piazzola. … associant l’accordéoniste à une section de cordes et un piano. Incroyable spectacle, propice à sa théâtralisation …Un exercice de pure beauté. De magie poétique. »

Franck Cassenti était là lui aussi  ce soir là pour capter avec ses caméras ces moments rares, tournoyant lentement autour des musiciens, s’attardant sur les visages ou sur des détails,  alternant avec les plans larges où la scène semble littéralement s’enflammer dans les ors et les rouges de ce beau théâtre à l’Italienne. Un théâtre qui va si bien à la musique poignante d’Astor Piazzola. Un espace d’intimité théâtrale pour une dramatisation farouche de la musique.

Malgré la pauvreté du contenant (aucune liner note, ni le moindre mot de présentation) il s’agit néanmoins d’un témoignage indispensable pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce qui fut selon nous l’un des plus beaux spectacle musical de l’année dernière.

Jean Marc Gelin

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:20

LL FANTOMES DU JAZZ – 22 histoires fantastiques présentées par Alain Puzzuoli

 Éditions Les Belles Lettres 2006 – France Inter

 303 p. – 21 €

  

 

Comment gagner de l’argent avec le jazz lorsque l’on a ni le talent des musiciens ni aucune idée originale à raconter et encore moins l’envie de construire quelque chose. Voilà ce que propose ce livre «concept marketing » dans lequel sont conviés 22 auteurs pour nous raconter, pêle mêle des histoires «fantastiques » autour du jazz. 

 Si la plus belle d’entre toutes est certainement la première qui nous est racontée autour de Louis Armstrong par Danny Walther en ouverture de ce livre, malheureusement tout le reste est terriblement décevant et relève d’un assemblage de clichés souvent mal écrits, collage des stéréotypes les plus conventionnels du jazz. Un alignement d’êtres à la dérive croisant sur leur chemin des fantômes du passé. Et comme il s’agit de jazz, forcément ces nouvelles sont écrites sur le mode polar black and White avec toutes les conventions du style. On voit alors passer des êtres dont le spleen, l’alcool et la dope charrient ces bons lieux communs du jazz, figé quelque part du côté de la 52° rue. Atmosphère glauque de ces fins d’êtres. Pourquoi pas mais dans le genre nous aurions préféré alors le talent d’un Marc Vuillard. Car le pompon est atteint avec l’instigateur de ce traquenard, Alain Puzzuoli qui fait apparaître le fantôme de Billie Holiday qui débarque dans les loges d’une chanteuse paumée au bord du suicide et lui dit tout de go « regarde moi bien. Tu ne me reconnais pas ? » Et l’autre forcément qui voit Lady Day avec son gardenia dans les cheveux, et qui se dit  bon sang mais c’est vrai elle me rappelle quelqu’un !

Passons sur ce pauvre Mezz Mezzrow qui ne digère pas le bop et a très mal au free, qui voudrait être noir et qui rencontre Miles et qui lui dis « Miles STP, tues moi  parce que (pour la faire courte) j’arriverai jamais à être noir».

Chet Baker forcément est dans l’histoire, forcément.

On peut en revanche se laisser séduire par « Nat King Cole » où, pour le coup, Robert de la Roche joue vraiment le jeu de l’histoire fantastique. Il y a dans cette histoire une vraie piste à explorer.

On peut aussi se laisser séduire par le petit texte assez court de Daniel Darc  (peut être le seul texte correctement écrit), sorte d’ode à « A Love Suprême »  mais dont on ne voit pas bien le rapport avec le fil conducteur de l’ouvrage.

Et ce qui est le plus gênant c’est que jamais les auteurs ne parviennent à créer l’osmose entre les jazzmen qu’ils évoquent et leur musique. Toujours un décalage venant d’un verbiage qui ne touche jamais à l’essentiel. A l’âme du lecteur. Trop de notes bleues tues la note blue. A vouloir faire «  genre » les auteurs ne parviennent qu’à la superficialité.

Amoureux des belles lettres si nous avons un conseil à vous donner fuyez, ce livre qui vraiment n’est pas pour vous. Un livre ectoplasmique et filandreux dont il ne vous restera assurément pas grand-chose une fois la dernière page tournée. Car dans ce livre on entre somme toute de la même manière que l’on en sort,  rapidement.

Jean marc Gelin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:18

JJJJRené Urtreger : « Tentatives »

1Cd Jazz 2006 Minium /Discograph

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:10

JJJ HADOUK tRIO : « Utopies »

 

 

Naïve 2006

 

 

 

 

 

Qu’il résonne du son du hautbois arménien, du doudouk ou de tout un tas d’instruments « exotiques », Didier Malherbe et ses camarades polyintrumentistes nous invite en toute intimité dans leur univers au groove délicat. Un  groove susurré où les sonorités boisées de Malherbe s’allient au jeu de balais de Steve Shehan dont les frottements sur la caisse claire murmurent le swing. Curieusement si l’on peut parler de jazz-world à propos de cet album cela ne vient pas de l’usage d’instruments liés à d’autres cultures mais bien plus du métissage des compositions. Côté jazz, le swing charmant de « toupie valse » fait écho à un « suave corridor » ou « Clefs des brumes »  où Didier Malherbe montre une grande sensibilité dans un jeu qu’il parvient à détacher des clichés de l’instrument faisant entendre au hautbois de subtils glissandos. Avec un sens évident de la mélodie les trois hommes nous entraînent aussi dans d’autres univers, plus ethniques cette fois. Au gré des compositions liées à d’autres folklores, Hadouk trio installe un univers plus « Roots ». C’est à juste titre que les liners notes parlent de « tourneries nomades » faites de petites danses tropicales d’inspiration parfois shamaniques que l’on pourraient croire tirées de quelques forêts tropicales. Malgré un sens évident de la mélodie chantante, c'est lorsque les couleurs deviennent moins subtiles et le trait un peu forcé que le trio peine à convaincre. C'est notamment le cas lorsque Didier Malherbe s'empare de la flûte. La superbe inspiration subtile s'efface alors. "Baldamore" aux accents gaéliques prend des airs de fez noz ; " Idalie" peine à séduire et malgré l'introduction d'un steel pan sur "Centaura" on est en plein générique de TV du genre à  voir apparaître Mabrouk ( vous savez le chien de 50 millions d'amis !). Heureusement le trio s'égare peu sur ces chemins lourdauds. A la fin de l'album, sur les trois  derniers titres il invite le trompettiste John Hassel qui avec une sonorité profonde contribue à apporter dans cet univers world-jazz dont on ne connaît pas les frontières exactes, un surcroît d'inspiration. Et ajoute sa part de mystère à cet album au swing multicolore et enchanteur.

 

 

Jean-Marc Gelin

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:04

JJJJ (J) BILL CARROTHERS / MARC COPLAND: « No choice »

 

 

 

 

Minium 2006

 

 

 

 

Bill Carrothers ( p, left side), Marc Copeland (right side)

 Au départ il s’agit d’une belle idée de Minium (anciennement Sketch) : proposer à une dizaine d’artistes qui avaient formé l’ancien label de travailler sur un répertoire de standards, de les revisiter et d’en faire une véritable projet. On y trouvera des personnalités aussi différentes que Utreger, Stéphane Oliva avec Susanne Abbuehl, Linda Sharrock, Jean Marc Folz, Claude Tchamitchian, Joey Baron ou Giovanni Mirabassi (qui, lui explorera le répertoire de la chanson française).Seul point commun de tous les albums à sortir entre mai et octobre 2006, le «  Lonely woman » de Ornette Coleman.

 Pour inaugurer cette série Philippe Ghielmetti a fait appel à deux pianistes qui se connaissent bien, Bill Carrothers et Marc Copeland qu’il a réuni deux jours au Studio la Buissonne. A l’exception d’un thème composé par les deux pianistes, sur les 9 autres titres les deux hommes jouent le jeu et explorent le répertoire. Deux versions de Lonely woman dont l’une ouvrent l’album et l’autre le clôt, un Take the A train, 2 versions de Blue in Green de Miles, un Masqualero de Wayne Shorter, Bemsha swing de Monk et hors du jazz, un thème de Neil Young.

 Si l’exercice des duos de piano est souvent l’occasion d’une confrontation de style, souvent affaire de dialogue fructueux, ici c’est tout autre chose. Car bien au-delà d’une aimable rencontre c’est une véritable lecture commune, un intelligence partagée des thèmes qui amène les deux hommes à construire ensemble une véritable nouvelle œuvre en partant du thème connu. En principe Carrothers est restitué sur la gauche de votre chaîne et Copland sur la droite. Mais il est néanmoins assez difficile de pister l’un ou l’autre. Car tout se passe comme si les deux hommes s’étaient partagés les claviers avec la partie basse pour l’un et la partie haute pour l’autre pour donner cette impression de piano à 4 mains où la coïncidence des intentions touche à la perfection. Même inspiration, même compréhension des thèmes et surtout une rare intelligence dans la lecture des morceaux comme ce sublime Lonely Woman lourd de profondeur pour raconter l’histoire d’une femme solitaire. A la manière de la respiration circulaire chère à certain saxophonistes comme Sonny Rollins, il y a ici une circulation de l’énergie entre les deux hommes comme dans ce Take the A train ou dans You and the Night and the music où d’évidence l’un se nourrit de l’autre. A d’autres moments c’est la même conception du silence et, plus rare dans ce genre d’exercice, le même souci de mise en espace qui contribue à la dramaturgie des œuvres. La mise en tension de Masqualero revisite les idées de Wayne Shorter comme on l’avait rarement entendu et la reprise du thème de Niel Young (The Needle and the dammage done, qui figure sur le célèbre Harvest) semble inscrire au répertoire du jazz ce thème tiré de la folk song américain.

 De cet album on retient  tout décidemment comme un moment d’intelligence fulgurante dans l’approche du répertoire. Entre énergie et émotion les deux hommes touchent en plein cœur. Un pur chef d’œuvre.

 Jean marc Gelin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:00

JJJJ BOJAN z : «  Xenophonia »

 

 

Bojan Z(ulfikarpasic) (p,fd, xénophone), Remi Vinolo (b), Ari Hoenig (dm), Ben Perowsky (dm), Krassen Lutzakanov (kaval)

Autant dire tout de suite le coup de cœur absolu que nous avons pour ce nouvel album de Bojan Z. Le jazz y est ici réinventé ici avec autant d’énergie à revendre que de trouvailles éclectique voire même avec une bonne dose d’humour. Car Bojan ose tout.  Et à ceux qui lui reprochent parfois d’en faire trop dans son jeu, il montre à l’entame de cet album qu’il pourrait s’il le voulait, jouer à la manière d’un Ahmad Jamal. Il est vrai que le premier morceau (Ulaz qui veut dire « entrée »)  n’était en fait qu’un morceau réalisé pour la balance son mais finalement conservé.  Ambidextre Bojan joue des deux claviers, acoustique et électrique pour un album très border line à la frontière de tout.  Ballade dans des univers très légèrement empruntés à ses racines du côté de Belgrade qu’il prend soin de largement dissoudre dans une grande rase de jazz ou de rock. Son fendher se transforme à l’envie en guitare héros allant même avec un son un peu «  sale » à reprendre note pour note sur son clavier électrique le chorus de guitare d’une légende du rock serbe (Wheels) . Les morceaux complexes alternent avec des structures très simple.  Sur Pendant ce temps chez le Général (l’enregistrement a eut lieu dans un studio boulevard du Général Davout, d’où le titre), Bojan s’appuie sur une rythmique fusionnelle pour aborder un morceau par une face plus improvisée voire un peu plus destructrée. Sur Cd-rom (en hommage  aux vendeurs de CD à la sauvette), Bojan part du folklore (un joueur de kaval s’invite ici) pour découdre avec swing un morceau que ne renierait pas Jason Moran. Par ce titre étrange Xenophonia, Bojan entend signifier non seulement qu’il est un peu étranger et chez lui partout mais surtout que ses univers sont sans frontières. A la manière des chanteurs du Delta, Bojan s’offre même la liberté de chanter un blues sauvage ou de reprendre un titre de David Bowie (Ashes to Ashes). Son patrimoine est éclectique et c’est presque avec boulimie qu’il nous montre ce qui a nourrit sa culture musicale. Si Bojan Zufikaprasic est avant tout un immense pianiste de jazz  (En 2002 Bojan est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le Ministère de la Culture. Il a aussi reçu le Prix Django Reinhardt Musicien de l’année de l’Académie du Jazz) il n’oublie pas que ses attaches se situent autant du côté de Clare Fisher que de Jimi Hendricks ou de Franck Zappa dont il revendique une forme d’héritage. Lorsque le jazz se réinvente avec tant de pépites révélées, autant d’énergie jubilatoire, lorsqu’il ne s’enferme pas dans des schémas cloisonnant, lorsque le jazz ne se regarde pas le nombril mais qu’il s’ouvre à tant d’univers et se livre avec autant d’humour, lorsque le talent prend le pouvoir et communique autant de plaisir, on sait que forcément on a affaire à un grand disque et surtout à un immense artiste. Le jazz a décidemment de beaux jours à vivre.                  Jean Marc Gelin

 

 

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