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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 14:52

L’année 2021 s’achève sous de bons auspices pour Yakir Arbib. Une situation pas si courante dans la jazzosphère en ces temps de crise sanitaire. Explications. Après deux soirées au Sunset, le pianiste israélo-italien vient de se produire salle Pleyel lors de la soirée annuelle de TSF. Certes, sa prestation était ce 13 décembre limitée à six minutes, le temps alloué à chacune de la quinzaine de formations invitées. Mais sa composition, Yellow Sonata, présentée ce soir-là, « tournait » depuis quelques semaines sur la playlist de la radio « 100 % jazz ». Un signe de reconnaissance pour un musicien arrivé à Paris voici près de trois ans et qui a déjà publié deux albums chez Jean-Marie Salhani (JMS), le premier en solo « My name is Yakir »(2020) et le second, « Three Colors » en trio avec Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (basse) en novembre 2021.

Yakir Arbib n’est pourtant pas un nouveau venu sur la scène jazzistique. A 19 ans, le pianiste était couronné en Italie par le prix Massimo Urbani avant une tournée aux Etats-Unis et une session au Berklee College de Boston. treize ans plus tard, lui qui a vécu dans cinq pays différents se trouve heureux d’être en France, « le pays où les musiciens, les artistes en général sont respectés » et de vivre à Paris, « une métropole mais pas immense » et où, souligne Yakir Arbib, aveugle de naissance, « les gens m’aident dans la rue ».

Côté expression artistique, le pianiste évoque pêle-mêle comme influences Jean Sébastien Bach, Charlie Parker, Art Tatum, Schoenberg ou Brahms. « A 15 ans j’étais obsédé par Erroll Garner et à 18 par Bill Evans, mais aujourd’hui, j’écoute aussi bien Elliot Carter, compositeur contemporain américain (1908-2012) que Brad Mehldau ou encore Eminem qui déploie un vrai sens rythmique ».


Une approche sélective qui le conduit à effectuer « une synthèse personnelle de la musique classique et du jazz, deux genres essentiels pour moi » dans son jeu comme dans ses compositions (8 des 10 titres joués dans son dernier disque). Yakir Arbib refuse de se laisser « enfermer » dans un style. Et le solo demeure son exercice préféré, « là où je me sens le plus libre, le plus évident, le plus naturel, où je peux changer de rythme, de styles en cours de jeu ».


La complicité n’en est pas moins la règle avec le batteur Roberto Giaquinto, un compagnon régulier d’une dizaine d’années, ou, plus récemment avec Chris Jennings, un bassiste choisi à Paris (« un son profond et une connexion avec la musique orientale »).

Yakir Arbib : The Pink Kasbah

 

Quid de 2022 ? Au-delà des concerts escomptés, Yazir Arbib travaille à deux projets de composition, une sonate pour piano et violoncelle avec Vincent Segal, et une œuvre pour harmonica de verre destinée à Thomas Bloch, l’un des rares interprètes de cet instrument, une commande de l’institut culturel italien de New-York. Deux preuves supplémentaires de l’éclectisme de ce musicien, assurément l’une des révélations de l’année qui se clôt.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Yakir Arbib featuring Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (contrebasse), ‘’Three Colors’’.
Studio de Meudon, juin-juillet 2021.
JMS/PIAS.
www.disquesjms.com

 

 

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 22:31

Keith Tippett, Matthew Bourne (pianos)

Leeds, 8-9 juillet 2019 & Londres 12 octobre 2019

double CD Discus 120 CD / https://discus-music.co.uk/catalogue/dis120-detail

 

À l'issue d'une série de concerts en duo, entreprise deux ans plus tôt, les deux pianistes nous livrent ce témoignage, en studio à Leeds, et en concert à Londres. Riche et passionnant dialogue entre deux musiciens qui, s'ils appartiennent à des générations différentes, ont l'un et l'autre tracé des voies singulières. Pour l'aîné, disparu l'an dernier, un parcours qui va du pharaonique big band 'Centipede' (50 musiciens = 100 pieds....) à des compositions pour quatuor à cordes en passant par le groupe King Crimson, le free jazz, Robert Wyatt, et j'en oublie.... Et pour le plus jeune toutes les aventures du jazz contemporain et de la musique improvisée, de Barre Phillips, Marc Ribot ou John Zorn à Laurent Dehors.... Une musique très vivante, audacieuse, libre mais richement pourvue de références. Et une richesse d'interaction remarquable, portée par une maîtrise des instruments (le son, la dynamique, le phrasé, les couleurs harmoniques....) qui force l'admiration. À découvrir d'urgence !

Sous le même label une œuvre insolite et magistrale de Keith Tippett «The Monk Watches The Eagle» (Discus 102 CD), enregistrée en 2004 par la BBC, et publiée récemment, avec une belle brochette de jazzmen britanniques (Paul Dunmal, Chris Biscoe....), mais aussi les BBC Singers, et la voix soliste de Julie Tippett, qui fut dans les années soixante, sous son nom de Julie Driscoll, l'une des très grandes voix soul d'Europe avant de devenir une figure de la musique expérimentale.

Xavier Prévost

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 15:44

Grand Prix Jazz

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

 

Grand Prix Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock/Modulor)

 

Prix in honorem Jazz, Blues & Soul

Bruce Iglauer, fondateur d'Alligator, le label indépendant qui porte haut les couleurs du blues depuis 50 ans, à l'occasion de la parution de "50 Years of Genuine Houserockin' Music" (Alligator/Socadisc)

 

Coups de cœur Jazz

Airelle Besson « Try » (Papillon Jaune / l'autre distribution)

Vijay Iyer-Linda May Han Oh-Tyshawn Sorey « Uneasy » (ECM / Universal)

Samara Joy « Samara Joy » (Whirlwind Recordings / Bertus )

Vincent Lê Quang « Everlasting » (La Buissonne / PIAS)

Pierrick Pédron « Fifty-Fifty » (Gazebo / l'autre distribution)

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

Léon Phal « Dust to Stars » (Kyudo Records / l'autre distribution)

Veronica Swift « This Bitter Earth » (Mack Avenue / PIAS)

Umlaut Big Band « Mary’s Ideas » (Umlaut Records / l'autre distribution)

Louis Winsberg Trio « Temps réel » (Gemini Records / Absilone)

 

Coups de cœur Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock / Modulor)

Eddie 9V : "Little Black Flies" (Ruf / Socadisc)

Robert Finley : "Sharecropper's Son" (Easy Eye Sound / Bertus)

 

Ont participé aux votes

Commission Blues & Soul

Joe Farmer, Stéphane Koechlin, Jacques Périn, Jean-Michel Proust & Nicolas Teurnier

Commission Jazz

Philippe Carles, Alex Dutilh, Alice Leclercq, Arnaud Merlin, Nathalie Piolé, Xavier Prévost, Jean-Michel Proust & Daniel Yvinek

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Sur le site de l'Académie Charles Cros, le palmarès Jazz, Blues & Soul 2021, avec présentation des disques par les membres du groupe Jazz, Blues & Soul

http://www.charlescros.org/Palmares-2021

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021 

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 12:19
PIERRE FENICHEL QUINTET    FRENCH TOWN CONNECTION

PIERRE FENICHEL Quintet FRENCH TOWN CONNECTION

 

LABEL DURANCE

label durance (label-durance.com)

Frenchtown Connection teaser 1 - YouTube Music

 

Un CD assurément étonnant dès la pochette sombre au graphisme proche du Bauhaus et qui peut rappeler la tension de certains titres du mythique groupe anglais Joy Division; un titre qui joue habilement sur Trenchtown, le quartier musical de Kingston (ska, rock steady et reggae jamaïcains) et French Connection, le film emblématique de William Friedkin sur Marseille, capitale d’un certain banditisme lié à la drogue, dans les années 70. Un autre regard sur la cité phocéenne, bien différent de la vision pagnolesque un peu folklorique, reconnaissons-le, mais toujours très populaire. Citons un extrait des liner notes très précises et soignées:

L’imaginaire marseillais traverse cette musique Frenchtown Connection...Le film m’a fait comprendre que la cité phocéenne avait le potentiel de produire de la narration… Frenchtown rencontre Trenchtown, le quartier de Kingston, une musique se glisse entre deux mondes.”

Pierre Fénichel est un contrebassiste marseillais que l’on connaît ici depuis longtemps ( Compagnie Nine Spirit),  l’un des musiciens du quartet du saxophoniste Raphaël Imbert, aujourdhui directeur du Conservatoire Régional. Après une première expérience en leader avec ce Breittenfeld en 2016, autour de l’altiste Paul Desmond, en trio avec Alain Soler et Cedric Bec, le voilà qui se lance pour son deuxième opus dans une adaptation jazz de la musique jamaïcaine qui a ébloui sa jeunesse dans le quartier ouvrier et isolé (Marseille est tellement étendu) de St Marcel/ La Barasse. Et encore plus épatant, il déjoue les clichés autour de l‘icônique Bob Marley et du reggae, tant la production musicale de cette petite île, un peu plus grande que la Corse, mais bien plus peuplée ( près de 3 millions d’habitants) est étonnante de diversité. Ce n’est en effet pas le reggae que le contrebassiste veut évoquer. Il n’y en a qu’un et il n’est pas de Marley, c’est l’une des deux seules compositions originales sur les 8 titres de l’album qui comprennent donc 6 reprises, réminiscences des premières amours musicales mais aussi des découvertes récentes tant la musique jamaïcaine est riche d’influences métissées.

Enregistré dans les studios du label Durance (Alpes de Haute Provence) dont le guitariste Alain Soler est le directeur artistique, avec une prise de son fluide et rapide, les arrangements de Pierre Fenichel ont la spontanéité de l’original. Lisible et pourtant mystérieuse, cette musique interroge dès le premier titre, cérémonie lancinante qui vous emporte immédiatement, “Bongo Man” de Count Ossie, le premier musicien rastafari à accueillir cette pratique, “un Sun Ra jamaïcain des années quarante”. Retenez ce nom, un autre titre de sa composition nous balade dans l'ambiance d'une “Ethiopan Serenade”

Un autre crooner de l’île est à l’honneur, Ken Booth, un Marvin Gaye de la Jamaïque avec ce “I don’t want to see you cry”  dans un arrangement d’une douceur exquise, une rythmique dansante, un trombone gouleyant qui flirte avec la trompette. On retient instantanément la mélodie. Sans avoir besoin de vocaliste, le quintet est remarquable par la qualité des instrumentistes, l’alliage de leurs timbres: le trompettiste domine sur ce “Simple song” dont la facilité n’est que dans le titre : le son joufflu d’un vrai petit orchestre,  le trombone enjôleur, la guitare impeccable dans ses enluminures et la batterie au rythme combatif.

Si le contrebassiste connaît bien le guitariste Thomas Weirich, Braka le batteur (Simon Fayolle), et Romain Morello le tromboniste ( actuel professeur au Conservatoire), le trompettiste sud africain Marcus Wyatt est la révélation de cet album.

 Dans ses arrangements le contrebassiste fait revivre intelligemment la tradition sans renoncer à l’un des principes directeurs du jazz, laissant la part belle à l’improvisation du groupe dans un cadre aménagé, quelque peu détourné. Le groupe se réapproprie les originaux jamaïcains en changeant rythmes, couleurs et instruments, en opérant un rhabillage neuf et insolite. C’est bien l’oeuvre de jazzmen qui gardent l’empreinte d’une musique aimée, délaissée mais jamais oubliée. Quand elle fait retour, elle a une intensité et une force peu communes.

Le plus bluffant est peut être cet “Exodus” qui n’est pas, contre toute attente, une revisitation en trio (guitare, basse, batterie) du tube de Marley mais une recomposition à la fois nostalgique et épurée (il n’ y a pas d’autre terme, croyez moi ) du thème original d’Edmond Gould qui irrigue continûment le film d’Otto Preminger (1960) d’après Leon Uris.

Entre exercice et hommage, cet album est une vraie réussite,  originale, plaisante et surtout libre. Une découverte pour une Marseillaise native qui, si elle connaissait la French Connection, de la Jamaïque, hormis le reggae, ignorait totalement l’étendue de cette culture musicale insulaire si éloignée de la Méditerranée. Le jazz sait s’en emparer avec aisance. Alors merci Monsieur Fenichel!

 

Sophie Chambon

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 09:36

Vendredi 17 décembre, à 18h, dans Open Jazz sur France Musique

PALMARÈS Jazz, Blues et Soul 2021 de l'ACADÉMIE CHARLES CROS

Les Coups de Cœur Jazz, Blues et Soul, ainsi que les Grands Prix, et le Prix in honorem, décernés dans ces catégories, seront proclamés le vendredi 17 décembre à 18h, sur France Musique, dans l'émission Open Jazz d'Alex Dutilh https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/academie-charles-cros-les-coups-de-coeur-jazz-et-blues-2021

10 Coups de cœur Jazz, 3 Coups de cœur Blues & Soul, parmi lequels ont été choisis un Grand Prix Jazz et un Grand Prix Blues & Soul.

Et aussi un Prix in honorem, décerné cette année au fondateur d'un label indépendant

 

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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 22:03

Guillaume de Chassy (piano), Élise Caron (voix), Arnault Cuisinier (contrebasse), Thomas Savy (clarinette basse, clarinette)

Pernes-les-Fontaines, mars 2019 & Meudon, mai 2020

NoMadMusic NMM 086 / PIAS

 

Il est des artistes qui, en toute circonstance, donnent l'impression d'être en perpétuel pas-de-côté, mais tout en restant au cœur même de leur Art. Guillaume de Chassy, Élise Caron, Arnault Cuisiner et Thomas Savy sont de cette trempe, avec cet incroyable talent de métamorphoser en pépites des musiques que l'on aurait crues ternies par le temps. Des emprunts aux répertoires d'Yves Montand, Danielle Darrieux, Suzy Delair, Charles Trenet ; mais aussi des versions purement instrumentales de Bill Frisell ou Prokofiev -tuilé de Bill Evans- (avec clarinette basse et contrebasse, le tout traité comme si c'était du Schubert), de Trenet (L'Âme des poètes , en piano solo), pour conclure avec un lied de Schubert (mais sans la voix), manière de circonscrire le lieu d'où l'on s'exprime. Élise Caron est impériale, sur le fil de l'émotion, mais en pleine maîtrise de l'expression. De ces chansons marquées par des versions princeps qui les rendraient intouchables (mais aussi, pour L'Étang, une histoire balisée par une version de Blossom Dearie), la chanteuse-comédienne (ou comédienne-chanteuse, tant ces talents chez elle se confondent) fait son miel, ou plutôt son mercure, fascinant d'éclat, chatoyant, fluide, et vénéneux quand il s'insinue. Loin du jazz ? Pourquoi pas, et pourtant la liberté de phrasé, et la qualité de l'écoute interactive, nous plongent au cœur même du mystère qui préside à cette musique. Dans le livret du CD, Guillaume de Chassy écrit : «Nous avons peu répété, nous abandonnant face aux micros au risque de l'instant présent. Nous avons souhaité cette fragilité, marchant main dans la main au-dessus du vide». Tout est dit. Le résultat est d'une confondante beauté.

Xavier Prévost

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En concert le 26 janvier 2022 à Paris au Bal Blomet

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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 18:18

Avec un peu d’avance sur le calendrier, le Sunset engagera ce 17 décembre les festivités de son 40 ème anniversaire avec une programmation ouverte et diverse, signature de la ligne artistique du club de la Rue des Lombards, devenue au fil des ans l’équivalent parisien de la 52 ème rue de New York à la belle époque.

La date de naissance exacte de ce temple du jazz reste inconnue mais c’était bien en 1982, assurent Stéphane Portet, actuel « boss » du club, et son père, le fondateur, Jean-Marc. Pianiste renommé, spécialement apprécié des vocalistes, Olivier Hutman, fut l’un des premiers à se produire au Sunset, alors réputé pour promouvoir le jazz-rock et la fusion.
 
Avec l’arrivée en 1993 à la direction artistique de Stéphane Portet, l’offre musicale s’élargit à tous les courants du jazz, désormais proposés sur deux scènes à la même adresse (60, rue des Lombards) Aujourd’hui, ce sont plus de 750 concerts qui sont programmés par an pour une fréquentation  évaluée à plus de 60.000 passionnés.

 

Quand on l’interroge, Stéphane Portet cite d’entrée de jeu Didier Lockwood (1956-2018) comme « le musicien qui a le plus marqué l’histoire du club », tenant la scène jusqu’à un mois d’affilée dans des formations et des styles différents. Mais le Sunset-Sunside tire aussi sa fierté de consacrer 80 % de sa programmation à des artistes français. Des jazz(wo)men qui seront à l’affiche dès le 17 décembre pour souffler avec anticipation les 40 bougies du club que ce soit des habitués des lieux (les frères Belmondo, Aldo Romano, Géraldine Laurent, Pierrick Pedron, Laurent de Wilde…) ou des nouvelles voix du jazz vocal (Camille Bertault, Cécile Recchia, Estelle Perrault…), aux côtés de confrères européens (Stefano di Battista, Giovanni Mirabassi) ou américains (Eddie Henderson, Jorge Rossy, Leon Parker…).

Le Sunset-Sunside, qui a comme beaucoup de clubs subi le choc du Covid 19 (une année de fermeture), se prépare à fêter comme il se doit ses 40 ans en 2022 avec un concert au voisin Théâtre du Châtelet (le 28 janvier) proposant quelques pointures : David El Malek, Etienne MBappé, Rhoda Scott et son Lady All stars, Jacky Terrasson, Jean-Jacques Milteau, Yaron Herman, Sylvain Luc et Stéphane Belmondo.

 

Jean-Louis Lemarchand

 

Sunset


©shot Jean-Baptiste Millot

 

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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 16:29

 

Kevin Norwood (voix, textes, composition), Rémi Ploton (piano, claviers, effets), Sam Favreau (contrebasse), Cédrick Beck (batterie, percussion numérique, effets)

Lieu et dates non précisés

Onde Music OND9 / Inouïe Distribution

 

Kevin Norwood poursuit une aventure musicale très singulière, frappée au coin de l'exigence musicale et de l'ambition artistique : ambition largement réalisée, et qualité musicale du plus haut niveau. Le chanteur était dans une première vie musicale saxophoniste, et cela s'entend dans la ductilité de ses phrases, la pertinence de ses ornementations, et la folle cursivité de certains de ses élans. Le disque n'est pas celui d'un chanteur accompagné, mais celui d'un groupe de jazz, en totale interactivité, en parfaite osmose. Le chanteur est aussi un compositeur, fervent adepte des sinuosités harmoniques, des chromatismes audacieux, et des intervalles distendus. Le compositeur œuvre sur ses propres textes, en Anglais (l'une de ses deux langues d'origine), textes richement évocateurs dont la musique épouse la prosodie singulière d'une manière presque miraculeuse. La voix se faufile avec une agilité confondante d'un registre à l'autre, sans perdre jamais ni la singularité de son timbre, ni sa formidable expressivité. Ses partenaires sont toujours en dialogue, et plus que cela, en parfaite connivence. Une reprise de Joni Mitchell, Both Sides Now, complète admirablement ce répertoire d'une exceptionnelle qualité. Depuis le disque «Reborn» (AJMI Series, enregistré en 2013) et quelques concerts auxquels j'ai assisté (notamment, en 2019, à l'un de ceux qui rôdaient ce nouveau répertoire, élaboré dans le cocon du Petit Duc d'Aix-en-Provence), ce musicien-chanteur-auteur-compositeur et improvisateur m'épate. Et c'est encore le cas avec ce qui est pour moi un GRAND disque.

Xavier Prévost

 

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 17:16
DRACULA   ADELE MAURY/ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ

DRACULA ONJ

ADELE MAURY/ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ

 

Un livre-CD de 6 à 666 ans

5 Décembre 2021 Sortie du livre-Disque avec exposition des illustrations d’Adèle Maury

Espace Sorano/ Vincennes 94

7&8 décembre FESTIVAL TOUT OUÏE NOISIEL (77)

 

www.onj.org

ADÈLE MAURY | ONJ

 

Voilà une idée intéressante de livre-disque pour jeune public (mais pas seulement) à offrir pour les fêtes qui approchent à toute vitesse. Le thème a de quoi surprendre de prime abord, Dracula et son mythe ont toujours fasciné certes mais aussi effrayé, même revisités. Sauf que, si on considère la permanence du thème, l’abondance de livres, de films et de séries sur le sujet, il faut croire que les vampires plaisent à la jeunesse qui soupire sur l’ éternel retour de ces “maîtres en contamination” qui défient la mort mais peinent à trouver l’amour.

C’est plutôt de ce côté là qu’il faut aller chercher ce nouveau Dracula/ ONJ, plus que chez l’original de Bram Stoker de 1897 ( plus noir, plus dur, sinistre), le film sanglant de Coppola (Entretien avec un vampire) ou même de la vision originale, décalée de Jarmusch dans Only lovers left alive.

Ce bel objet classieux est l’oeuvre conjointe d’un collectif qui a mis en images et en musique le conte. Un projet protéiforme qui garde toute sa cohérence en réunissant sans collage, des dialogues, des personnages incarnés par des musiciens et des comédiennes, de la musique enfin qui circule dans les veines du texte, coulant en permanence sans être jamais envahissante comme elle peut l’être parfois au cinéma.

Les textes sont de Milena Csergo (Mina), Estelle Meyer (Dracula), Julie Bertin (qui a mis en scène le spectacle) & le parolier Romain Maron. Les musiques sont de Grégoire LeTouvet et Frédéric Maurin, directeur artistique de l’ONJ actuel, entourés de 9 des musiciens de sa troupe.

Précisons qu’avant d’être un livre-disque, ce Dracula fut le premier spectacle jeune public de l’histoire de l’Orchestre (créé en 1986 par le Ministère de la Culture), en décembre 2019, à l’Astrada de Marciac. Idée lumineuse de Fred Maurin qui, à la tête de cet orchestre jeune, cherchait à renouveler son auditoire, à rajeunir le public du jazz . Oeuvre de transmission, de partage qui permet de traiter une histoire avec des idées fortes actuelles comme la question de la représentation, de l’identité, du genre, de la marginalité. C’est aussi une histoire de vie et de mort, une création assez lointainement inspirée du comte transylvanien entre conte, concert et théâtre musical ( avec un récitant Pierre François Garel), un spectacle total porté par deux comédiennes, des musiciens qui représentaient les valets-animaux de Dracula comme dans le célèbre Pierre et le Loup, le spectacle pour enfants par excellence!

Un récit qui joue avec le mythe, explore certains codes du conte mais transforme Dracula en femme, et finit bien puisque, comme dans La Belle et la Bête, la vampire est sauvée par l’amour d’une mortelle, Mina, qui la rend humaine. On peut découvrir l’histoire en feuilletant le livre et en écoutant conjointement le CD,  tout en suivant les illustrations noir et blanc d’Adèle Maury (Prix du jeune talent du Festival d’Angoulême de 2020). Le lecteur devient ainsi auditeur et spectateur de cette histoire d’ombres maléfiques qu’il peut imaginer, plongé dans un univers noir, étouffant, ouvert sur la forêt profonde et le monde. Ainsi les personnages s’animent : la jeune Mina, une vagabonde partie à la recherche de sa mère, rencontre DRACULA qui l’attendait dans son château, prêt à tout pour se libérer d'une malédiction inexorable dès que minuit sonne.

La jeune illustratrice a tout de suite aimé le projet de l’ONJ et relevé le défi de représenter cette nouvelle version de Dracula: pour ce faire, elle a choisi le monotype, cette “cuisine de la gravure” selon Degas, expert en la matière : une technique particulière qui est une gravure sur une plaque de plexiglass, avec des rehauts de peinture, une matrice qu’on ne peut imprimer qu’une fois. Les images ont été pensées dès le début en noir et blanc, avec néanmoins une couverture en couleurs et des respirations colorées, “répits” de pages  violette, verte où les textes sont écrits à la main, en blanc. Elle a été libre jusque dans le choix du format et du grammage du papier, et dans son découpage de l’histoire qu'elle suit selon l’ordre chronologique ! Un travail très personnel qui inclut profondeur de mouvement, plans larges et ambiances restituées pas vraiment de façon illustrative : elle ne s’est pas appliquée, par exemple, à représenter chaque animal sur lequel Dracula règne en maître mais elle s’est concentrée exclusivement sur les chauves-souris qu’elle s’est appropriée, sous toutes les formes. 

La musique enchaîne des styles musicaux assez différents, des chansons mais aussi des passages qui peuvent faire penser à une B.O, du rock, un mambo très réussi “Une dernière danse"... Le jazz est là qui valse, se bal(l)ade sensuellement dans un “Misty” Garnerien arrangé par Maurin, swingue surtout sans oublier l’improvisation. Sacré programme, on le voit, dont l’orchestre semble se jouer avec facilité, tant ces musiciens peuvent tout faire dans des tutti dignes des bigs bands de la grande époque. Les solistes s’en donnent aussi à coeur joie, selon les incidents du récit: la flûte légère (Fanny Ménégoz), le trombone basse dans “Larmes tranchées le long du cou”(Judith Wekstein), la guitare électrique vivifiante (Christelle Séry), les échevelés saxophonistes/clarinettistes Fabien Debellefontaine et Guillaume Christofel, la trompette (Quentin Ghomari) et le cor (Mathilde Fèvre) impeccables en duo. Les liens entre chaque acte, les transitions, le socle sur lequel les solistes prennent leur envol est assurée par la formidable rythmique du contrebassiste Raphaël Schwab et du batteur Rafael Koerner. Les chansons, enfin. Douces respirations, textes sensibles, portés par ces voix féminines à la Michel Legrand dans “Me pendre à ton cou”, une impressionnante Estelle Meyer dans “l’Alchimiste”, celles de Mina (“La complainte de Mina” et“Tu pleures”) sont interprétées par Pauline Deshons.

Alors, n’hésitez plus à entrer dans cet univers fantastique où se côtoient Bien et Mal, Vie éternelle et Mortalité, une idée du désir que la musique illustre, sans oublier le pouvoir rédempteur de l’amour.

Sophie Chambon

 

DRACULA Teaser #3 - YouTube Music

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 00:51

VIK & THE VIBE TRIBE, avec Nicholas Thomas (vibraphone), Peter Giron (contrebasse), Mourad Benhammou (batterie) & Vik / Victorija Gečyté (voix, Kazoo).
Concert du 2 décembre au SUNSET (75001).
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C’est Noël ! Un grand coup de cœur pour ce magnifique quartet où la voix de Vik, traitée comme un quatrième instrument, tantôt grave et expressionniste, tantôt mutin ou retenu, affectant un impressionnisme soutenu par les petites touches des mailloches de Nicholas Thomas, se marie à la perfection avec la rondeur des lignes de basse de Peter Giron et la justesse de tous les instants du jeu de Mourad Benhammou.

 

Le répertoire ? Pour le premier set, des éléments de l’album récemment paru*,

avec des compositions et /ou des arrangements du contrebassiste Gene Perla, mais aussi de Rodgers et Hammerstein (‘Happy Talk’), Gene de Paul (‘I’ll Remember April (in Bamako)’) ...
Pour le second set, entre autres, un superbe grand standard  de Fats Waller, initié en duo intimiste voix-vibraphone, des compositions de Herbie Hancock, Mal Waldron, Randy Weston, un ‘After the Lights Go Down Low’ renversant ... Et un intimiste ‘That’s All’ en guise de rappel.

 

Un détail qui ne trompe pas : il n’y avait pas de journaliste au Sunset hier soir, juste des amateurs éclairés ... et quelques musiciens, pour partager ce moment de bonheur !

 

Francis Capeau.

 

A voir

A regarder

Et surtout à écouter ...

 

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* Vik & Gene Perla, ‘In The Moment’.
PM Records – PMR-049.
Paru le 12 novembre.

 

©photo Dovilé Babravičiūté.

 

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