
Le jazz n’a jamais quitté Melody Gardot. La chanteuse du New Jersey l’a rappelé à ses fans (et aux autres) en participant à un disque-hommage à Charlie Parker l’an passé. Son tout dernier album, une sélection de ses concerts donnés en Europe de 2012 à 2016 (dont Paris en 2012 et 2015) confirme sa présence sur scène et sa capacité à improviser sur des standards (Over the Rainbow) et sur ses propres compositions (Baby I’m a Fool, proposé en deux versions, ou encore March for Mingus, morceau de 11 minutes avec force intervention instrumentale et des accents de saxophone « à la Roland Kirk »). Passionnée par la France, où elle réside régulièrement, Melody Gardot s’est confiée aux DNJ dans la langue de Victor Hugo.
Les DNJ : -Comment vous est venue l’idée de sortir un album reprenant le meilleur de vos concerts en Europe ?
Melody Gardot : Chaque concert est tellement différent. Les artistes qui font exactement la même chose sur scène, c’est ennuyeux. C’est comme quelqu’un qui répète les mêmes blagues (rires). Je suis très sensible à l’esprit de chacune des scènes, à la possibilité de faire quelque chose de différent à chaque fois, d’improviser, de totalement abandonner la chanson et de faire une jam, comme dans ce morceau dédié à Mingus (ndlr March for Mingus, qui figurait déjà dans son album de 2015, Currency of a Man).
Les DNJ : Que vous apporte le public ?
MG : Je suis née (sic) grâce au public. C’est lui qui m’a permis de relever tous les défis. Quand j’ai commencé à chanter, il y a dix ans, après un terrible accident de la route, j’étais en chaise roulante. Maintenant je peux prendre le micro sans aucune aide, sans devoir recourir à une canne .
Les DNJ : Avoir des origines européennes et même françaises, cela influence votre façon de chanter ?
MG : Il y a des choses qui sont dans le sang. Moi je suis white. J’ai écouté Chopin, Debussy. Mais j’ai aussi le côté américain, je peux oser.
Les DNJ : Après dix ans de carrière, vous n’avez pas envie de faire une pause ?
MG : Ces derniers temps j’ai pris le temps de voyager, mais aussi d’aller au spectacle, notamment de danse, comme la compagnie de Pina Bausch, assister à des concerts de musique classique. J’aime la musique classique parce qu’il n’y a pas de paroles et que tu peux imaginer ce que tu veux.
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ropos recueillis par Jean-Louis Lemarchand
Melody Gardot , Live in Europe. 2 cd. Decca-Universal. Février 2018.
En concert à l’Olympia, Paris, les 1er et 2 juillet.