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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 22:38

     ©photo jacques Sassier/Gallimard/Opale

 

     Poète et écrivain-chroniqueur de jazz, Jacques Réda nous a quittés le 30 septembre à l’âge de 94 ans à Hyères. Lorrain né à à Lunéville (24 janvier 1929), il laisse une œuvre considérable de plus de 80 ouvrages, le dernier publié en 2023, ''Leçons de l'arbre et du vent'', et consacré à l’un de ses thèmes préférés, la vie et la nature à Paris où il aimait se promener, à pied ou à vélosolex.

     Lauréat de distinctions prestigieuses (Grand Prix de la poésie de l'Académie française en 1997 et Goncourt de la poésie pour La Course en 1999), Jacques Réda entra dans le milieu littéraire parisien au début des années 50 : éditeur chez Gallimard à partir de 1975, il fut également rédacteur en chef de La Nouvelle Revue française de septembre 1987 à décembre 1995.

     Avec la poésie, la musique fut sa seconde passion, et plus spécialement le jazz. Collaborateur de Jazz Magazine à compter de 1963, Jacques Réda confia ses analyses au mensuel pendant un bon demi-siècle, et publia de nombreux ouvrages qui marquèrent les esprits : Anthologie des musiciens de jazz  (Stock), ‘’L’improviste, une lecture du jazz’’, ‘’Jouer le jeu’’, ‘’Le grand orchestre’’, consacré à Duke Ellington (tous trois chez Gallimard), ‘’Autobiographie du jazz’’ (Climats), ‘’Une civilisation du rythme'' (Buchet-Chastel) et dernier en date ‘’Le chant du possible, écrire le jazz'' (Fario, 2021).
« Grand amoureux des mots, son œuvre poétique a rendu hommage au jazz ou encore à Paris, dont il fut un insatiable arpenteur », a salué la ministre de la Culture Rachida Dati.

     Jacques Réda avait ainsi résumé son style :« Peut-être doit-on écrire à la fois comme tout le monde et comme personne, si l’on en croit beaucoup d’exemples fameux. »
A ses yeux, le jazz ne pouvait se séparer de deux éléments indispensables, le blues et le rythme, et dépassait sa seule fonction musicale : « de quelque façon dont on l’analyse (la sociologie, la politique et même l’économie), il semble que le jazz ait toujours voulu être plus ou autre chose que lui-même ».

    

Jean-Louis Lemarchand.

 

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 18:03

Anzic records 2024

Anat Cohen (cl) Tal Mashiach (b, g), Vitor Gonçalves (p,accordeon, James Shipp (vb,perçus)

 

 

On manque de superlatifs chaque fois que l’on évoque la clarinettiste israélienne Anat Cohen.

Ce dernier album, le deuxième qu’elle signe avec ce quartet de ployintrumentistes (géniaux), ne déroge pas à la règle et même porte à son point culminant le langage d’Anat Cohen.

Un langage universel qui s’approprie celui du Bresil et de la musique sud-américaine  avec un sens de la mélodie et du swing à nul autre pareil. Tout ec qu’exprime Anat Cohen est en effet porteur de soleil et de lumière tant son lyrisme est toujours empreint d’une énorme dose d’optimisme et de joie. C’est cela : Anat Cohen est solaire !

Elue plusieurs fois clarinettiste de l’année et nominée aux Grammy Awards, Anat Cohen, à l’aube de la cinquantaine s’impose comme l’un des plus grands talents de la scène du jazz actuel. On trouve chez elle ce qui fait la marque des plus grands : l’alliage d’une énorme exigence musicale avec l’apparente fluidité d’un geste libéré et jubilatoire. Du plaisir de faire de la musique, tout simplement.

Chaque membre de ce quartet apporte ici ses propres compositions teintées de danse, de swing, de ballades et même parfois d’un brin de mélancolie. Et le résultat est de très haut niveau et vous amène à vous lover dans une sorte de cocon musical dans lequel tout simplement on se sent bien.

Anat Cohen : «  Cela me rendrait très heureuse si, lorsque les gens nous entendent en concert ou écoutent l’un de nos disques, ils ont le sentiment de « là où il y a une volonté, il y a un moyen ». Tout cela demande un réel effort, maîtriser un art, engager une conversation et s’écouter les uns les autres, faire ce qu’il faut pour partager quelque chose de significatif – et écouter le public demande aussi un réel effort, pour être pleinement présent dans l’instant, pour être en phase avec ce qui se passe sur scène ou avec ce que quelqu’un a écrit sur un disque. De nos jours, tant de choses dans la vie dans le monde peuvent être douloureuses. Je sais que la musique est le seul endroit où je me sens complètement en sécurité. Ce groupe me fait sentir que tout est possible et accepté. Nous devons chérir ces expériences, tirer le meilleur parti du voyage. J’espère que les gens viendront et qu’ils vivront la musique de Bloom comme nous, comme quelque chose de positif, d’unificateur, de joyeux. »

 

Et de fait avec « Bloom », la clarinettiste sur la lancée de son amour pour la musique brésilienne et sud-américaine,  signe ici son ode à la joie.

Juste beau.

 

Anat Cohen et son Quartetinho sera au Duc des Lombards à Paris le 31 octobre

 

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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 10:21

MIGUEL ZENON : » Golden city »

Miel Music 2024

Miguel Zenón (as); Diego Urcola (tp, tb à pistons) ; Alan Ferber (tb) ; Jacob Garchik ( tb, tuba) Matt Mitchell (p) ; Miles Okazaki (g) ; Chris Tordini (b) ; Dan Weiss (dms) ; Daniel Diaz (perçus)

 

Décidemment le saxophoniste new-yorkais de Porto Rico ne cesse de nous éblouir d’album en album. En multipliant les formes, les associations et les points de vue sur la musique, Miguel Zenon ne cesse de nous surprendre.

Lui qui creuse sans cesse le sillon de ses origines latino-américaines et de ses liens au jazz, lui qui a co-fondé le formidable SF Jazz Collective s’attache ici à une visite musicale de cette ville, San Francisco, la ville dorée, celle de son histoire et de ceux ( les migrants notamment) qui l’ont écrite.

L’écriture de cet album est éblouissante et d’une grande richesse musicale. Et la meilleure preuve c’est que lorsque la complexité de la musique laisse place à une écoute aussi fluide qu’évidente, on sait que l’on est face à un travail majeur qui jamais ne cède à l’exigence sans jamais perdre l’auditeur.

Miguel Zenon écrit en maniant les polyrythmies ( comme il l’a toujours fait), les ryhtmiques impaires et parfois les dissonances qui donnent une force particulière à son discours.

 

Cet album navigue sans cesse entre l’homogénéité collective et le rôle majeur des solistes avec une place toute particulière aux harmonies des trombones et tuba.

Et puis il y a Miguel Zenon, le saxophoniste. Toujours porté par un discours « entier ». Entendre par là un engagement sans faille dans sa musique formidablement ancrée dans « son » sol, son histoire musicale. Il y a dans la phrase de Miguel Zenon une forme d’urgence tellurique. Il ne suffit pour s’en convaincre que d’écouter «  wave of change » pour sentir le souffle puissant de cette expression.

Ce qui pouvait apparaître dans les précédents albums comme une force individuelle de Zenon, presque introspective se transmet ici  au collectif dont il est , en l’occurrence un des formidable serviteur.

Exaltant !

Jean-Marc Gelin

 

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Published by Jean-marc Gelin
27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 10:21

MIGUEL ZENON : » Golden city »

Miel Music 2024

Miguel Zenón (as); Diego Urcola (tp, tb à pistons) ; Alan Ferber (tb) ; Jacob Garchik ( tb, tuba) Matt Mitchell (p) ; Miles Okazaki (g) ; Chris Tordini (b) ; Dan Weiss (dms) ; Daniel Diaz (perçus)

 

Décidemment le saxophoniste new-yorkais de Porto Rico ne cesse de nous éblouir d’album en album. En multipliant les formes, les associations et les points de vue sur la musique, Miguel Zenon ne cesse de nous surprendre.

Lui qui creuse sans cesse le sillon de ses origines latino-américaines et de ses liens au jazz, lui qui a co-fondé le formidable SF Jazz Collective s’attache ici à une visite musicale de cette ville, San Francisco, la ville dorée, celle de son histoire et de ceux ( les migrants notamment) qui l’ont écrite.

L’écriture de cet album est éblouissante et d’une grande richesse musicale. Et la meilleure preuve c’est que lorsque la complexité de la musique laisse place à une écoute aussi fluide qu’évidente, on sait que l’on est face à un travail majeur qui jamais ne cède à l’exigence sans jamais perdre l’auditeur.

Miguel Zenon écrit en maniant les polyrythmies ( comme il l’a toujours fait), les ryhtmiques impaires et parfois les dissonances qui donnent une force particulière à son discours.

 

Cet album navigue sans cesse entre l’homogénéité collective et le rôle majeur des solistes avec une place toute particulière aux harmonies des trombones et tuba.

Et puis il y a Miguel Zenon, le saxophoniste. Toujours porté par un discours « entier ». Entendre par là un engagement sans faille dans sa musique formidablement ancrée dans « son » sol, son histoire musicale. Il y a dans la phrase de Miguel Zenon une forme d’urgence tellurique. Il ne suffit pour s’en convaincre que d’écouter «  wave of change » pour sentir le souffle puissant de cette expression.

Ce qui pouvait apparaître dans les précédents albums comme une force individuelle de Zenon, presque introspective se transmet ici  au collectif dont il est , en l’occurrence un des formidable serviteur.

Exaltant !

Jean-Marc Gelin

 

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24 septembre 2024 2 24 /09 /septembre /2024 16:33

FRANCESCO BEARZATTI & FEDERICO CASAGRANDE : «  and the winter came again »

Cam Jazz 2024

Francesco Bearzatti (ts, cl), Federico Casagrande (g)

C’est une sorte de passage de témoin auquel on assiste avec ce nouvel album du duo. Après « lost songs » essentiellement composé par le saxophoniste pour ce duo, c’est aujourd’hui autour du guitariste de livrer (d’offrir) à son camarade de jeu ses propres compositions.

Et le duo continue de séduire.

Car, il faut bien le dire, ces deux musiciens transalpins qui vivent à Paris s’entendent de manière quasi-télépathique. Marchent au même pas vers un seul but : donner vie au son et air à ces morceaux conçus comme des chansons parfois crépusculaires ou fantomatiques.

Avec l’idée constante de laisser à la musique l’espace indispensable à sa respiration, les deux acteurs de ce dialogue se complètent à merveille. Francesco Bearzatti au ténor ( quel son !) ou à la clarinette apporte la ligne mélodique qu’il dessine avec douceur et raffinement. Lui, un peu trublion que l’on avait connu sur des terrains presque punko-jazz se révèle ici en ténor Lesterien amoureux de la belle phrase. Lyrisme soyeux.

Quant à Federico Casagrande, le plus élégant des jazzmen de la capitale dont on aura aussi l’occasion de parler à l’occasion de l’album de Gauthier Garrigue, outre la beauté poétique de ses compositions en clair-obscur qui évoquent les univers de Kenny Wheeler, de Motian voire de Bill Frisell, il apporte à ce duo des nappes harmoniques comme seuls les très grands savent nimber la musique pour lui donner cette forme ectoplasmique et belle à la fois. Jamais en avant mais toujours au service de la forme du son, toujours garant de l’espace de la musique, il brille en arrière-plan.

« And winter came again » resonne comme un voyage onirique peuplé d’être étranges qui sensiblement vous attirent et vous charment. Pour cette route enchantée, nous pouvons bien l’avouer, nous nous sommes laissés entraîner et envoler par ces muses vers un pays d’ailleurs.

Jean-Marc Gelin

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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 20:43

     Saxophoniste ténor à la large sonorité, Benny Golson, qui vient de disparaître à New York le 21 septembre à l’âge de 95 ans, restera dans l’histoire du jazz comme une des figures Emblématiques du hard-bop.

 

     Natif de Philadelphie (25 janvier 1929), la ville qui donna au jazz John Coltrane et tant d’autres, il doit sa notoriété à la composition de quelques titres devenus des standards tels que ‘’Along Came Betty’’, ‘’Park Avenue Petit’’, "Stablemates’’, "I Remember Clifford", "Whisper Not", ‘’Killer Joe’’ - qu’il interprète dans la scène finale du film de Steven Spielberg "Le Terminal"- ou encore "Blues March", qui fut l’indicatif de l'émission d'Europe 1 "Pour ceux qui aiment le jazz" de Frank Ténot et Daniel Filipacchi dans les années 1960. Benny Golson, souligne l’ancien rédacteur en chef de Jazz Magazine, Franck Bergerot, « savait donner du corps à une mélodie qu’il s’agisse d’un quintette ou d’un big band ».

     Ayant appris le métier dans des formations de rhythm’n blues et au sein du grand orchestre de Dizzy Gillespie, Benny Golson prend la direction musicale des Jazz Messengers d’Art Blakey en 1958, poste qu’il occupe quelques mois avant de fonder son propre groupe, le Jazztet en 1959 (le 17 novembre au Five Spot) avec le trompettiste Art Farmer, formation qui va marquer l’histoire au cours de ses deux années d’existence.

     Arrangeur très demandé dans le milieu du jazz (Ella Fitzgerald, Count Basie, Shirley Horn …), Benny Golson a également prêté ses talents de compositeur au cinéma ou à des shows télévisés tels que Mission Impossible ou le Cosby Show. Signe de sa renommée, il figure dans la célébrissime photo prise par Art Kane en 1958, A Great Day in Harlem ; il ne reste plus désormais qu’un seul survivant des 57 musiciens présentés sur ce cliché légendaire réalisé à New-York : Sonny Rollins

 

     Jean-Louis Lemarchand.
 

 

 

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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 10:05

Blue Note 2024

Josh Johnson (saxs), Jebin Bruni (keyboards), Abe Rounds (dms) + Kenita-Miller Hicks (vc), Jake Sherman et Julius Rodriguez ( kybds), Paul Thompson (tp) + Staceyann Chin et Hilton Als ( spkn wds).

 

C’est quasiment gagné : avec ce nouvel album, la contrebassiste-compositrice-chanteuse multi-talentueuse et multi awardisée va mettre tout le monde d’accord. Dans le monde pailleté du star système américain ( auquel d’ailleurs Meshelle Ndegeocello n’échappe pas), dans ce monde très people, c’est une sorte de mini-bombe.

Autant nous étions restés sur notre réserve sur son précédent (et néanmoins très récent) opus, autant celui-ci fait déjà référence, comme une sorte de masterpiece.

« No more water » nous arrive aujourd’hui à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain James Baldwin. Comme un hommage et une résurgence de ses textes dans l’actualité de ces Etats-Unis où la ségrégation reste encore un marqueur fort de la société américaine. D’ailleurs l’origine de cet album, comme elle s’en explique dans les colonnes de Downbeat remonte à 2016 lorsque l’élan finissant du 2ème mandat du premier président noir se trouvait confronté à la réalité des actions policières et que la question de la négritude refaisait surface avec la mort notamment de George Floyd. Mais plus précisément à l’automne 2016, quand fut commandé à Meschell Ndegeocello une pièce de théâtre créée avec Charlotte Brathwaite ( « The gospel of James Baldwin :  can I get a witness »)

Les brûlots anti-segregationnistes chez les jazzmen et women sont, depuis les contests songs une constante du jazz américain. Et prennent parfois aussi les allures de tarte à la crème ultra-produits et marketé avec un sens démagogie poussé à l’extrême d’une logique somme toute assez compliant. Rien de nouveau donc sous ce soleil-là.

Mais cet l’album est néanmoins un reflet du mouvement Black lives matter qui, au moment où il a été conçu ( fin du dernier mandat d’Obama) commençait à connaître son essor. Mais là où Meschell Ndegeocello livre une œuvre remarquable c’est qu’au-delà de la question classique elle élargit le sujet aux autres formes de ségrégations notamment sexuelles et religieuses et trouve résonnance au-delà de Black lives matter dans d’autres mouvements comme #MeToo ou d’autres. En d’autres termes « No more water » est u  manifeste actuel qui vient démontrer toute l’actualité du célèbre, « The Fire next time ». 

Et c’est peut-être pour cela que « No more water » n’est jamais attendu, totalement protéiforme et convoquant de nombreuses formes musicales. Avec une réelle dimension artistique qui en déculpe la puissance narratrice. Lorsque la musique et les textes se rencontrent. On pourrait presque l’entendre comme une sorte d’ « opera-soul » qui acquiert une force incroyable. Parce qu’avec l’hommage à l’œuvre de James Baldwin, Meschell Ndegeocello nous invite à réfléchir à notre condition humaine que quelque côté que nous soyons.

Certes, dans ces colonnes habituellement consacrées au jazz, il a du mal à trouver sa place puisqu’il est résolument tourné comme l’un des plus beaux albums de soul (ou de pop) de cette année.

Mais peu importe au fond.

Jean-Marc Gelin

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19 septembre 2024 4 19 /09 /septembre /2024 11:04


     Nous apprenons le décès le 14 septembre à Perpignan, à l’âge de 73 ans, de Joël Mettay, éditeur, qui avait obtenu le Prix du Livre de Jazz de l’Académie du Jazz deux années consécutives, en 2011 pour « KO-KO » d’Alain Pailler (consacré à l’enregistrement de ce sommet du style jungle par Duke Ellington le 6 mars 1940,) et en 2012 pour « Petit Dictionnaire Incomplet des Incompris » d’Alain Gerber (ouvrage dédié aux héros de l’ombre de l’histoire du jazz de Lorez Alexandria à Attila Zoller).

 

     Après une carrière de journaliste au quotidien « L’INDEPENDANT » de Perpignan, Joël Mettay avait  créé en 2002 à CÉRET, Pyrénées Orientales (« La Mecque du cubisme ») une maison d’édition, « ALTER EGO » dédiée aux arts modernes et contemporains et qui avait lancé en 2010 une collection « Jazz Impressions » ; à ce titre ont été publiés des ouvrages d’Alain Gerber (« Bu,Bud, Bird, Mingus, Martial et autres fauteurs de trouble »), Michel Arcens Instants de jazz » avec des photos de Jean-Jacques Pussiau, « John Coltrane, la musique sans raison »…), Jean-Pierre Moussaron (« Les blessures du désir, pulsions et puissance en jazz »), Jean-Louis Lemarchand (« Ce jour-là sur la planète jazz », « Paroles de jazz » avec une préface de Jean Delmas), ou encore Jacques B. Hess (« Hess-O-Hess, chroniques 1966-1971 » avec une préface de Lucien Malson).

     Joël Mettay présidait l’Association des Amis du Musée d’Art Moderne de Céret et s’impliquait également dans l’activité du Mémorial de Rivesaltes. Journaliste « indomptable », selon l'un de ses confrères à « l’Indépendant », il avait en 1997 dénoncé la destruction du fichier juif du camp de Rivesaltes découvert à la décharge publique, un article qui lui coûta son poste mais qui contribua à raviver la mémoire de ce lieu dans la conscience collective.

     Il était l’auteur de « L’archipel du mépris, une histoire du camp de Rivesaltes de 1939 à nos jours ». Il participait à l’Association Prix Walter Benjamin (intellectuel allemand qui décida de se suicider en septembre 1940 à Port-Bou à la frontière espagnole pour échapper au nazisme et à ses complices français et espagnols), qui salue aujourd’hui son engagement en évoquant un homme. « ... qui eut de l’honneur sans la gloire. De la grandeur sans l’éclat. De la dignité sans la solde ».

    

     Ses amis lui rendront un dernier adieu aujourd’hui, jeudi 19 septembre, à Céret.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Témoignage de ses amis du Festival Jazz en Tech

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13 septembre 2024 5 13 /09 /septembre /2024 11:34
ALAIN GERBER   L'Histoire du be bop

 

Alain Gerber  
L'histoire du be bop 

 

Livrets The Quintessence sous la direction d’Alain Gerber et Patrick Frémeaux

Notices discographiques par Alain Tercinet *

Editions Frémeaux & Associés

Jazz (fremeaux.com)

 

Le label patrimonial Frémeaux & Associés nous fait découvrir à chaque parution des enregistrements rarement regroupés tout à fait dignes d’intérêt.

Pour traiter de l’irruption du style musical bebop qui révolutionna l’histoire de la musique aux Etats-Unis, les célèbres éditions maintes fois primées  proposent de reprendre les livrets d’un joyau de leurs productions The Quintessence. Dirigée par Alain Gerber cette collection retrace inlassablement depuis trente ans l’histoire du jazz en coffrets copieux aux textes de présentation exceptionnels. Chaque anthologie présente en effet un livret très précis où figurent les renseignements discographiques complets des différentes séances choisies et un écrit biographique sur les musiciens qui ont initié le mouvement et participé à son évolution.

Le texte vif, original et toujours documenté sur cette révolution musicale à New York dans les années 40 qui traça une ligne de partage entre jazz classique (la Swing era des big bands, une musique de danse et d’entertainment) et jazz moderne est dû à l’instigateur de la collection.

On retrouve la prose délicieuse de Gerber et son analyse des plus fines, historien et écrivain de jazz de référence dont les émissions sur France Musique et France Culture ont formé la culture jazz de nombreux auditeurs.

Alain Tercinet était la référence incollable sur l’histoire de ces enegistrements dont il nous livrait tous les détails avec gourmandise et érudition. Comme dans une vraie association, des complicités se créèrent entre ces deux plumes qui faisaient de chaque livret un plaisir rare de lecture que l’écoute des enregistrements vient renforcer. Entre respect d’une chronologie impeccablement étudiée et espace poétique.

Leurs choix éminemment subjectifs ont rassemblé les titres les plus représentatifs du talent et du style uniques de chacun des musiciens choisis. De partial mais jamais partiel pourrait-on qualifier leur travail.

Alors qu’Alain Tercinet rend compte de la complexité de cette révolution mélodique, harmonique, rythmique, le scénario d’Alain Gerber immerge dans la vie des boppers. Tous deux font revivre au fil des pages, les figures majeures, la puissance de tel ou tel jazzman que l’on reconnaît à des accessoires ou détails : à tout seigneur, on commence avec Miles The man we loved qui a droit à deux chapitres, l’oiseau de feu Charlie Parker le talonne, Dizzy Gilllespie, génie de proximité, Bud et Monk l’homme de nulle part, les pianistes phare du bop suivent, Kenny Clarke l’anti-batteur de choc qui ouvrit la voie à toute une génération, sans oublier Max Roach le Bertolt Brecht de la batterie de jazz. Une seule femme certes, mais c’est la "divine" Sassy, l’inoubliable Sarah Vaughan.

Plaisir intense et nostalgique que de plonger dans la vision du Harlem de l’époque, la vibrante évocation de la 52ème rue, des clubs le Minton’s Play house, l’Onyx (naissance du bop) avec Dizzy dont le titre de l’autobiographie jouera avec le rebond To be or not to bop.

Si “Groovin high”, “Salt peanuts”sont les chevaux de bataille du bebop, si Bird et Dizzy sont liés à jamais musicalement, le bebop est oeuvre collective. Les auteurs s’attardent bien volontiers sur les singuliers chefs de file, mais citent aussi les seconds couteaux.

 

Avec cette histoire du bebop, au coeur de la vie violente de ces musiciens en proie au racisme et à une farouche ségrégation, on assiste aux débuts d’une musique libérée, expérimentée lors de jazz sessions redoutables précisément décrites. Ce livre indispensable sur une musique décrétée pour “musiciens” conviendra aux amateurs éclairés mais constituera une vraie découverte pour les non initiés. Le lyrisme érudit de l’un et la précision impeccable de l’autre épousent parfaitement le sujet, un vrai travail d’équipe et évidemment a labour of love.

 

 

* Figure aussi dans ce livre le tromboniste Jay Jay Johnson, dernier coffret The Quintessence paru en 2024 où Alain Gerber donne son sentiment sur le musicien "en-deçà et au-delà du bebop" alors que Jean Paul Ricard reprend le rôle du regretté Alain Tercinet (disparu en 2017) dans lequel il ne dépare pas, s’attachant au factuel et à la chronologie en donnant une biographie détaillée du musicien.

 

 

Sophie Chambon

 

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11 septembre 2024 3 11 /09 /septembre /2024 15:49

avec :

     Guillaume de Chassy (piano),
     André Minvielle (voix),
     Géraldine Laurent (saxophone alto).

Direction artistique : Daniel Yvinec,
Studio Sextan, février 2024,
La C.A.D. / L’Autre Distribution,
À paraître le 13 septembre,
Concert prévu le 16 octobre au BAL BLOMET (75015).

 

     Un chroniqueur des années 30 le dénomma « le Fou Chantant ». C’était l’époque où Charles Trénet (1913-2001) formait un duo vocal avec Johnny Hess (Charles et Johnny) qui n’engendrait pas la mélancolie et cultivait l’amour du swing. Cet art de faire chanter les mots évoquant un univers de rêve trouve aujourd’hui un héraut de choix en la personne de Guillaume de Chassy. Un pianiste au parcours singulier qui affectionne le compagnonnage avec des vocalistes (Natalie Dessay, Laurent Naouri, Elise Caron, David Linx, Mark Murphy…) et navigue à l’aise dans tous les répertoires musicaux (jazz, classique, chanson française avec un hommage en solo à Barbara en 2019).

     Dans ce nouveau défi sans frontières, Guillaume de Chassy, associé à Daniel Yvinec à la direction artistique, a réuni un trio inédit, avec André Minvielle, chanteur, et Géraldine Laurent, saxophoniste alto.
 

     L’innovation est au rendez-vous, André Minvielle, le concasseur béarnais de mots, se lançant dans un scat effréné (Le soleil et la lune, Je chante) et rivalisant de virtuosité sur ce chef d’œuvre de la langue française que constitue « Débit de l’eau, Débit de lait », écrit en 1943 par Trenet et Francis Blanche ou encore sur cet inventaire drolatique à la Prévert, « L’Héritage Infernal ».
    Guillaume de Chassy nous surprend également en retenant une interprétation uniquement instrumentale en duo avec Géraldine Laurent sur deux compositions, « Quand j’étais petit » et « Coin de rue » qui vient clore l’album par une lyrique envolée de 7 minutes.

 

     Avec « TRÉNET EN PASSANT », Guillaume de Chassy nous offre un bien bel hommage au « Fou Chantant » et au poète rêveur : respect des textes subtils et cocasses, mise en musique gorgée de swing ... Un disque hautement recommandable aux amateurs de jazz, de chanson, de musique tout simplement.


Jean-Louis Lemarchand.

 

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