CHRISTIAN MC BRIDE : « the movement revisited – A musical portrait of four icons »
Mack avenue 2020
Christian Mc Bride (cb), Steve Wilson (as, fl), Todd Bashore (as), Ron Blake (ts,ss), Loren Shoenberg (ts), Carl Maragui (bs), Michael Dease, Steve Davis, James Burton (tb), Doug Purviance (btb), Lew Soloff, Ron Tooley, Franck Greene, Freddie hendrix, Darryl Shaw (tp), Warren Wolf (vb), Geoffrey Keezer (p), Tereon Gully (dms), Alicia Olutuja, J.D Steele, Sonia Sanchez, Dion Graham, Vondie Curtis-Hall, Wendell Pierce, Voices of the flame (vc)
C’est quasiment une œuvre opératique à laquelle se libre le contrebassiste Christian Mc Bride, autour du thème de la lutte pour les droits civiques des afro-américains (comme on dit). Pour se faire, Mc Bride a choisi de rendre hommage à 4 grandes figures iconiques de la lutte des noirs américains : Rosa Parks, Malcom X, Mohamed Ali et enfin Barak Obama.
Chaque pièce leur est dédiée et est précédée par la lecture d’un texte mythique de (ou au sujet) de ces personnages historiques dont il est question de faire un portrait musical. Et lorsque ces textes sont lus, ou plutôt remarquablement interprétés, la musique est là pour renforcer le propos. Et c’est toute la beauté et surtout la grande puissance de ces textes qui parlent de la liberté, de la fierté, noire, de l’humanité et surtout de l’engagement individuel et, au final collectif.
Ce portrait de ces 4 grandes figures qui correspondent chronologiquement à différents moments musicaux, c’est aussi une exploration de la grande musique populaire noire américaine. Si l’album se termine par le fameux Yes we can, il se termine finalement par une interrogation sur la poursuite de ce combat dans cette amérique dont on peut se demander quelle sera demain la prochaine figure emblématique de ce combat que, hélas continue encore aujourd’hui.
Le contrebassiste, Christian Mc Bride qui réunit ici une grande formation s’inscrit sur les traces d’un de ses illustres prédécesseur, Charles Mingus. Et l’orchestre répond aux mêmes exigences d’engagement que celles que demandait Mingus lui-même à ses collistiers. Il y a certes moins d’humour incisif, moins de sarcasmes que dans l’œuvre du contrebassiste de Nogales (Arizona) mais la même urgence à dire, la même expressivité forte et puissante. Les solistes sont au rendez-vous, terriblement concernés par le propos.
Quel propos d’ailleurs ? Il est ici politique bien sûr. Il concerne l’égalité des droits. Mais il porte en lui sa part d’universalité.
Et surtout, dans cette Amérique encore raciste et réactionnaire, il est terriblement d’actualité.
L’ouvrage, en tout cas, ne manque pas de souffle.
Jean-Marc Gelin