GARY BRUNTON : « Night bus »
Juste une trace 2020
Bojan Z (p), Gary Brunton (cb), Simon Goubert (dms)
Mes amis !
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas entendu un power trio de cette trempe-là !
Celui que nous propose le contrebassiste anglais Gary Brunton est en effet de très très haute facture.
Pour ses retrouvailles avec ses deux anciens compères avec lesquels il a beaucoup travaillé en France, Gary Brunton a choisi de mettre a barre très haute.
A 52 ans, Gary Brunton est devenu un des grands de la contrebasse en jazz. Celui qui a fait ses classes avec Pierre Michelot, Henri Texier ou encore Dave Holland en a visiblement retenu toutes les leçons et s’inscrit clairement sur leurs traces.
Avec Bojan Z c’est une longue histoire qui les menés au CIM ( l’école de jazz parisienne fondée par le regretté Alain Guerini) et qui a conduit les deux camarades à découvrir il y a longtemps le batteur Simon Goubert. Mais c’est en 2017 que le chemin de Gary Brunton et de Bojan se croise à nouveau et qu’ils décident alors de se lancer dans un projet en trio avec …Simon, évidemment.
C’est qu’entre ces trois-là il y a la même passion du jazz et la même complicité. La même exigence aussi pourrait t-on ajouter.
Que dire de ce trio sinon qu’il est absolument magistral ? Son leader s’y montre phénoménal. Il faut écouter la puissance et la précision de ses attaques, la profondeur du son de sa contrebasse. Comme sur ce solo tout en nuance sur Crw. Il y a du Dave Holland là-dedans. Ça surgit de profondeurs "aériennes". Comme dans cet hommage lent et émouvant à Michel Grailler où sa pulse en est le coeur battant( Ballad for Mickey Grailler) ou sa présence ahurissante sur One Afternoon ou encore sur Dastardly où il semble porter le trio sur ses épaules.
Bojan lui, c’est l’inspiration à tous les étages, sur tous les registres, dans le grave ou les aigus du piano avec un sens du placement et de la phrase juste hors du commun. Où va t-il chercher ses renversements (p.ex : le très bop Nobody’s perfect bourré d’inventivité où d’ailleurs Simon Goubert fait des étincelles) ? Et ce sens de la mélodie et de l’intention mélodique comme sur ce très beau Hasta la victoria sempre.
Quant à Simon Goubert, il vibrionne et tourne volte visiblement heureux d’être là et d’apporter sa très haute science du drumming et du groove avec un jeu incroyablement vivant ( Ready for Riga)
Il faudrait passer tous les morceaux en revue, mais ce serait fastidieux. Car chaque pièce de cet album fait entendre un trio exceptionnel qui va bien au-delà de la simple addition de ses talents. Un trio intense qui parle la même langue. Qui respire pareil.
La réunion de ces trois musiciens en fait un trio rare comme on n’en avait pas entendu depuis longtemps. Et qui mériterait de rentrer dans la légende des trios mythiques.
Il reste plus qu' à espérer que ce « Night Bus » ne soit que le volume 1 et qu’il nous soit permis de poursuivre ce choc bien au delà.
Jean-Marc Gelin