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28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 07:29
@John Abbott

Artiste adoubé, récent lauréat In honorem de l’Académie Charles Cros (1), Fred Hersch a fait salle pleine au Sunside les 21 et 22 novembre (avec John Hébert, basse et Eric McPherson batterie). Des fans de toujours et des jeunes côtoyaient de nombreux pianistes (Manuel Rocheman, Stephan Oliva, Marc Benham, Fred Nardin…). A la fin d’une tournée européenne de trois semaines, le pianiste-compositeur s’est confié sur l’une de ses idoles, Thelonious Monk, la jeune génération, son état d’esprit et la musique française. Une rencontre qui éclaire sur une personnalité rare, musicien engagé sur scène et dans la société avec son combat, depuis trois décennies, au sein de la communauté gay dans la lutte contre le SIDA. Un  engagement sur tous les fronts que Fred Hersch développe dans sa récente autobiographie « Good Things Happen Slowly. A Life in Out of Jazz » . Crown Archetype-Penguin Random House.2017.
 

 

Les DNJ: Vous avez consacré un album (The French Collection : Jazz Impressions of French Classics. Angel/EMI.1989) à des compositeurs tels que Ravel, Debussy, Satie, Fauré. Quelle était votre motivation ?
Fred Hersch : Ravel a tellement écrit de musique pour piano. Et c’est drôle parce que j’ai cru comprendre qu’il n’était pas un grand pianiste et en fait il comprenait le piano aussi bien que Debussy. Pour moi, c’était en réalité un défi à relever que de m’attaquer à ces compositeurs. A l’époque, au milieu des années 80, c’était la grande mode de ce qu’ils appelaient le cross over dans l’industrie du disque. Aussi m’a-t-on demandé d’écrire des arrangements sur de la musique classique française. C’était un défi d’intégrer de l’improvisation dans ces arrangements et de réaliser une symbiose. Visiblement c’était réussi car on m’a demandé par la suite de réaliser le même exercice avec de la musique classique russe.
 “Interpréter Monk, pas l’imiter”

DNJ: Cette année, nous célébrons le 100 ème anniversaire de la naissance de Thelonious Monk, auquel vous avez dédié un disque (Fred Hersch Plays Monk. Nonesuch.1997) Comment peut-on aborder la musique de Monk ?

FH : Si vous voulez jouer la musique de Monk, vous devez l’interpréter, pas chercher à l’imiter. Si vous cherchez à l’imiter, c’est totalement vain car nous avons tous ses enregistrements et tout ce qu’il a composé-moins de 80 titres- tient dans un petit livre d’à peine 100 pages. Chacune de ses compositions a son propre monde. C’est un vrai défi de jouer sa musique. Je termine toujours mes concerts par un morceau de Monk, c’est une sorte de signature de mon programme. Même si son toucher et le mien sont très différents, je pense que j’honore ses compositions, en faisant passer sa musique par mon filtre personnel. J’aime Monk, je l’ai toujours aimé.

DNJ: En tant que professeur, quels conseils donneriez-vous à un jeune pianiste de jazz ?

FH : La musique, c’est le son et le rythme. Vous devez d’abord établir une relation avec l’instrument, c’est la première chose. La deuxième c’est de travailler réellement sur votre rythme. Et après, il y a l’interprétation et comment se servir du piano et communiquer avec les autres musiciens. Il y a un autre conseil que j’aime à donner : si vous voulez jouer du jazz, vous devez écouter beaucoup de jazz. De nombreux jeunes fréquentent les écoles de jazz et n’écoutent pas vraiment du jazz, ne plongent pas dans l’histoire de cette musique. Peut-être regardent-ils un peu.Youtube mais ils ne vont pas dans les clubs. Le jazz est un langage et vous devez le connaître, le pratiquer. Vous devez acquérir l’accent du jazz. Quand j’étais jeune, je passais mon temps dans les clubs à chercher des engagements, à jouer. Honnêtement, je ne sais pas si beaucoup de ces jeunes qui suivent des programmes de jazz dans les écoles aiment vraiment le jazz. L’objectif pour la plupart de ces jeunes c’est de jouer leur propre musique. A mon époque, vous appreniez un grand nombre de morceaux. Maintenant, cela change. Les jeunes musiciens dans leur majorité souhaitent devenir des compositeurs plutôt que des interprètes.

 

DNJ: Diriez-vous alors qu’un pianiste de 50 ans ou plus joue beaucoup mieux qu’un jeune de 25 ans ?


FH : :Je ne sais pas (rires). J’ai entendu de très jeunes pianistes qui sont très étonnants. Il existe de très grands talents dans la jeune génération. Mais il y aussi le facteur chance. Je connais quelques musiciens très talentueux qui ne font pas de belles carrières ….et des musiciens pas si brillants qui ont fait de très belles carrières.
“Je suis beaucoup plus relax”

 

DNJ: Vous avez été gravement malade (ndlr: séro-positif depuis 30 ans, Fred Hersch, atteint d’une pneumonie, était resté plusieurs semaines dans le coma en 2008). Cette épreuve a –t-elle changé votre vie d’artiste ?

FH: Après ma maladie, je ne pouvais plus rien faire, ni manger, ni marcher, ni parler. Je ne savais pas absolument pas si je pourrais, et à quel niveau, retrouver mes capacités antérieures. Quand vous traversez ces expériences et dans mon cas quand vous avez été sur le point de mourir par deux fois, cela vous change. C’est difficile à dire exactement mais je peux vous assurer que je me sens mieux maintenant qu’avant ces épreuves. Je suis beaucoup plus relax mais j’ai dix ans de plus (sourires). J’ai 62 ans. Je n’ai plus rien à prouver à qui que ce soit. Je fais seulement ce que je fais. Je vois des pianistes qui font des choses que je ne sais pas faire et je dis simplement bravo. Je ne me sens pas dans une attitude de compétition. Je pense que j’ai un public, j’ai pas mal d’énergie, un merveilleux groupe depuis maintenant 8-9 ans. Oui, assurément, c’est tout bon pour moi.

DNJ: Vous ne pensez pas un moment vous arrêter de jouer et vivre en ermite comme Thelonious Monk ?

FH : Je ne vis pas comme un ermite. Je mène une vie normale, je dîne avec des amis, j’’écoute de la musique, ou pas, je regarde de temps en temps la télévision. Je ne me sens pas obligé de jouer chaque jour du piano. Je joue en me basant sur mon expérience. Si je suis dans de bonnes dispositions sur le plan physique et émotionnel, c’est parfait. En rentrant à New York, je prendrai quelques jours « off » et nous enregistrerons un nouveau disque avec John Hébert et Eric McPherson.

DNJ: Si vous deviez partir sur une île déserte quels disques de jazz prendriez-vous ?

FH :Je ne sais pas, des albums de Joni Mitchell, Sonny Rollins, Miles. Et puis du Bach

DNJ :… et parmi vos propres albums ?

FH : Mon meilleur album est toujours le dernier. (pause). Et le prochain (rires)

 

Propos recueillis par Jean-Louis Lemarchand
On se rapportera à la récente chronique de Xavier Prévost sur le dernier album, en solo de Fred Hersch, Open Book (Palmetto).

 

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 11:13

Bruno Tocanne (batterie, percussions, direction artistique), Sophia Domancich (piano, piano électrique), Rémi Gaudillat (trompette, bugle), Antoine Läng (voix, effets électroniques, clavier)

Rochefort, 2-6 janvier 2017

Cristal Records CR 257 / Sony Music

 

Un album inspiré par « Rock Bottom » de Robert Wyatt, et un album réellement inspiré. Parfois 's'inspirer de', 'rendre hommage à', traduit justement le manque d'inspiration. Ici, rien de ces défaillances artistiques : au contraire. Comme l'écrivent conjointement, dans le livret, Sophia Domancich et Bruno Tocanne « L'univers de 'Rock Bottom' (...) a eu une influence déterminante sur nos différentes approches artistiques et intellectuelles », et cela se sent, au plus haut point. Magnifique recueillement, haute énergie, subtile mélancolie, et grande subtilité musicale, tout concourt à faire de cet hommage une œuvre à part entière. On entend tout à la fois le souvenir de ce rock-jazz progressif qui marqua ceux qui eurent 20 ou 30 ans au début des années 70, le goût d'un jazz libre et ouvert qui prévalait alors, le sens du décloisonnement d'époque qui tend à abolir des frontières trop pesantes, et surtout ce formidable lyrisme qui continue de prévaloir. Entre le drumming vivant et pulsatoire de Bruno Tocanne, le piano tellement inspiré de Sophia Domancich, la voix d'Antoine Läng, si justement à propos (sur les textes en anglais de John Greaves comme sur la prose bilingue de Marcel Kanche), et l'impressionnante expressivité de Rémi Gaudillat, le disque va son chemin sur le sentier de l'évocation vibrante. Les musiques sont signées par les membres du groupe et, après une longue plage instrumentale dans l'exacte convergence avec l'univers de référence, le disque se termine par une version de Sea Song d'une grâce habitée. Et l'on ne m'en voudra pas, je le crois (enfin, je l'espère) d'avoir en guise de coda une pensée pour l'Ami Jacques Mahieux, batteur-chanteur qui donnait, quand cela lui chantait, de si belles versions de Sea Song.

Xavier Prévost

 

Un avant- ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=iDLlsuYF-xA

 

Le groupe jouera au Triton, Les Lilas (Seine-Saint-Denis) le 9 décembre 2017

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 07:50
CLAUDE CARRIERE THE EXTRAVAGANT MISTER GILLESPIE

Claude Carrière

 

The extravagant Mister Gillespie

 

Coffret de 3 cds Cristal records

Vol 1 Small groups/ vol 2 Big bands/ vol3 Latin Dizzy

 

 

Voilà une formidable compilation/anthologie due à ce cher Claude Carrière qui a animé certaines des plus intéressantes émissions de radio consacrées au jazz de 1975 à 2008, de la formidable série « Tout Duke » au Jazz Club avec Jean Delmas. Sans compter ses chroniques dans les grands journaux de jazz, son activité actuelle de Président de l’Association La Maison du Duke, Président d’honneur de l’Académie du Jazz, membre de l’Académie Charles Cros.

Il est l’initiateur, l’auteur des séries thématiques de OSD, toujours sur le label Cristal records qui déclinent le jazz selon diverses thématiques : les saisons, le calendrier des mois, les instruments…

Le voilà qui s’attelle à une grande injustice, réparer le (relatif) oubli dans lequel est tombé John Birks « Dizzy » Gillespie. En cette année 2017 finissante qui a célébré le centenaire de grands artistes de la musique ou du cinéma (JP Melville, Danielle Darrieux), on a fêté en grande pompe, la vocaliste Ella Fitzgerald, le pianiste Thelonius Sphere Monk et quelque peu négligé le trompettiste-compositeur-chef d’orchestre, créateur du be bop aux côtés du formidable Charlie Parker.

S’il n’est pas de mois où l’on évoque sur les couvertures de magazines, la figure légendaire de Miles Davis, quand ce n’est pas un biopic assez maladroit, il n’est jamais question du génial Gillespie qui connut une belle longévité (à vingt ans, il jouait à Paris dans l’orchestre de Teddy Hill), et ne se fit pas remarquer par les excès hélas fréquents à l’époque dans le monde du jazz.  En somme une vie et carrière plutôt exemplaires. Un musicien hyperdoué qui n’hésitait jamais à faire le pitre sur scène pour continuer à avancer,caché, et lutter à sa façon pour le combat des Civil Rights.

Il est donc particulièrement agréable de célébrer cette belle initiative de la part de l’un des spécialistes du jazz. Ce coffret à prix doux présente ainsi 3 CDS qui retracent une créativité jamais en berne, une virtuosité et une joie de vivre au service d’une musique aimée et parfois problématique.  Le premier CD part donc des débuts du bop à la création de petits groupes. Diz et Bird en quelques séances en 1945 vont changer la face du jazz.  Ce sont les 5 premiers titres du CD1, Dizzy jouera encore épisodiquement avec Parker en 1950 et jusqu’en 1953, puis fondera seul des petites formations avec Stan Getz, Sonny Stitt, Sonny Rollins, John Coltrane dès 1949.

 

Celui qui fut la terreur des trompettistes avec sa drôle de trompette coudée dont il arriva à sortir les sons les plus fous en soufflant de ses joues gonflées comme celles d’un crapaud, entretint aussi des grands orchestres où il prit ses solos d’anthologie (c’est le second CD), tout ne se révélant un formidable arrangeur avec Tadd Dameron et Gil Fuller. On retrouvera aussi à la fin du Cd des plages avec Duke Ellington ET Lalo Schiffrin (« Gillespiana »)

Diz est enfin reconnu comme le pionnier du latin jazz, le jazz « afro cubain » avec ses formations accueillant le génial Chano Pozo aux percussions congas dès 1947. « Tin Tin Deo », « Manteca », « Algo Bueno »…

 

Ce coffret, on le voit est une excellente opportunité de redécouvrir ce musicien extraordinaire, extravagant et essentiel dans l’histoire du jazz que l’on aurait tort de négliger aujourd’hui. Oubli un peu réparé  grâce au travail de Claude Carrière.

Dizzy qu’on l’aime. 

 

Sophie Chambon  

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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 18:28

Anne Quillier (piano, piano électrique, synthétiseur, voix, composition), Pierre Horckmans (clarinettes basse, alto & en Si bémol, composition)

Bourgoin-Jallieu, juillet 2017

Label Pince-Oreilles 010/1 / https://collectifpinceoreilles.com/CDs

 

Au début de l'année 2016 le premier disque de ce duo («You're Welcome») avait suscité un intérêt admiratif (http://lesdnj.over-blog.com/2016/02/watchdog-you-re-welcome.html). L'intérêt (et l'admiration) se confirment avec ce nouvel opus au titre énigmatique, qui désigne un sac de nœuds, un nid à emmerdes, bref de ces choses dont on aimerait être dispensé. En fait rien d'inquiétant : les nœuds savamment tressés sont d'ambitieux projets formels qui se développent dans ce disque construit comme un ensemble cohérent, riche et surprenant. Des thèmes rêveurs et sophistiqués, des éclats d'instruments virulents, des envolées cursives, tout concourt à captiver l'oreille. Le duo reçoit le renfort d'Adrian' Bourget, qui non content d'en réaliser la prise de son et le mixage, assure aussi le traitement des sons. La palette est large, comme l'est la dynamique, et l'on se régale autant d'un piano Fender joué dans sa sonorité naturelle que de sa métamorphose saturée. Et l'on se délecte d'une voix qui s'insinue dans les sons instrumentaux, de clarinettes qui jouent mille rôles avec toujours la même pertinence, de rythmes intriqués jusqu'à nous faire perdre le fil, et presque la raison. Il y a, dans chaque pièce comme dans le déroulé d'ensemble, une sorte de dramaturgie dont nous sommes captifs ; des captifs consentants, et ravis....

Xavier Prévost

 

Le duo est en concert à Paris, au Comedy Club, le 4 décembre, et à la Soute de Chambéry le 7 décembre

 

Un avant-ouïr sur le site du label

https://labelpinceoreilles.bandcamp.com/album/can-of-worms?t=4

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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 11:09
@claude carriere


Le jazz vocal perd un de ses hérauts (et héros) avec la disparition à 96 ans le 22 novembre à New York de Jon Hendricks. Dans les années 50, le chanteur avait commencé à « vocaliser » les parties instrumentales de jazzmen et sur la suggestion de Dave Lambert, écrit des paroles sur des titres de Count Basie. L’album «  Sing a Song of Basie » (1957) enregistré par le trio (LHR)formé avec Annie Ross s’installe rapidement en tête des ventes. La formation évolue avec le remplacement d’Annie Ross (malade) par Yolanda Bavan en 1962 (LHB) et se dissout après la mort dans un accident de la circulation de Dave Lambert en 1966.
Jon Hendricks, qui avait abandonné le h de son état-civil à ses débuts sur scène, va dès lors poursuivre une carrière brillante de soliste et constituera dans les années 80 un groupe, Hendricks & Company qui comprendra, son épouse, Judith et ses filles, Aria et Michele. Son style vocal et sa présence sur scène lui valent l’admiration de Bobby McFerrin, Al Jarreau, Kurt Elling, du groupe Manhattan Transfer.
Sa fille Michele, résidant en France, l’invitera pour une séance d’enregistrement en 1998, qui sera publié en 2016 par le label Cristal Records (Claude Carrière qualifie de « brûlante et maboule » l’improvisation du père et de sa fille sur How High The Moon)  et vaudra à la chanteuse le prix du jazz vocal de l’Académie du Jazz cette même année. Jon Hendricks, qui avait débarqué avec les troupes US sur les plages de Normandie en juin 1944, était chevalier de la Légion d’honneur, décoration remise le 6 juin 2004.
Jean-Louis Lemarchand

 

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21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 16:58

Stephan Oliva & Susanne Abbuehl à la remise des prix  

photo@david-desreumaux

 

Grands Prix

Proclamés le 16 novembre à 19h au studio 105 de la Maison de la Radio

Grand prix jazz

Stephan Oliva/Susanne Abbuehl/Øyvind Hegg-Lunde « Princess » (Vision Fugitive/L'Autre distribution)

 

Grand prix blues

Dee Dee Bridgewater « Memphis… Yes, I'm Ready » (OKeh/Sony Music)

 

Prix in honorem jazz

Fred Hersch, pour l'ensemble de sa carrière, à l'occasion de la parution de son disque «Open Book» (Palmetto/Bertus distribution), et de son autobiographie Good Things Happen Slowly : A Life In and Out of Jazz (Crown Archetype Press, 2017)

 

Prix Jazz hommage in mémoriam

Alain Tercinet

À l'occasion de la parution du coffret «Thelonious Monk, Les Liaisons Dangereuses 1960» (musique du film de Roger Vadim, inédite au disque Sam Records-Saga/Pias), auquel il avait participé, un hommage à Alain Tercinet, disparu en juin 2017, pour sa considérable contribution à la connaissance et à la diffusion de cette musique, par ses recherches, ses articles, ses livres, ses anthologies et compilations discographiques, et ses textes pour les pochettes et livrets d'une foule de disques, CD et coffrets.

 

Ont également reçu un Grand Prix dans une autre catégorie des artistes très impliqués dans le jazz et la musique improvisée

 

Grand Prix de la Parole Enregistrée

Didier Petit, Claudia Solal et Philippe Foch

« Les Voyageurs de l'Espace » (Buda Musiques & CNES / Socadisc)

 

Coups de cœur Jazz et Blues

 

proclamés le 20 novembre dans l'émission 'Open Jazz'sur France Musique

https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/l-actualite-du-jazz-academie-charles-cros-le-palmares-jazz-et-blues-38099

 

 

Coups de cœur jazz

Stephan Oliva/Susanne Abbuehl/Øyvind Hegg-Lunde « Princess » (Vision Fugitive/L'Autre distribution)

Cécile McLorin Salvant « Dreams and Daggers » (Mack Avenue/Pias)

Pierrick Pédron « Unknown » (Crescendo/Caroline)

Ambrose Akinmusire « A Rift in Decorum » (Blue Note/Universal)

Andy Emler « Running Backwards » (La Buissonne/Harmonia Mundi-Pias)

Paul Lay « The Party » (Laborie Jazz/Socadisc)

Craig Taborn « Daylight Ghosts » (ECM/Universal)

Robert Negro « Dadada » (Label Bleu/L'Autre distribution)

Mark Guiliana « Jersey » (Motéma/Pias)

David Enhco « Horizons » (Nome Records/L'Autre distribution)

Fred Hersch « Open Book » (Palmetto/Bertus distribution)

Vijay Iyer « Far From Over » (ECM/Universal)

 

Coups de cœur blues

Dee Dee Bridgewater « Memphis… Yes, I'm Ready » (OKeh/Sony Music)

Don Bryant « Don't Give Up On Love » (Fat Possum/Differ-Ant)

Robert Finley « Age Don't Mean A Thing » (Big Legal Mess/biglegalmessrecords.com)

 

Xavier Prévost

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19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 20:55

ISABELLE OLIVIER : «  In between »
Enja 2017
Isabelle Olivier (hp), Julie Koidin (fl),  Hugo Proy (cl), Raphaël Olivier (g), Fraser Campbell (sx), Thomas Olivier (p), Devin Gray, Ernie Adams, Dré Pallmaerts (dms)


Album après album, la harpiste Isabelle Olivier ne cesse d’écrire des pages d’une incroyable beauté. Serait- ce la complicité familiale ( elle est ici entourée pour la première fois de ses deux fils) qui fait que cet album exhale l’amour et les émotions belles ? Allez savoir, mais il y a quelque chose ici qui est de l’ordre du bonheur à l’état pur, à l’état brut et qui pour peu vous tirerait des larmes de bien-être.
Il est ici question de paysages et de communion avec la nature. Avec les gens aussi. Quelque chose de presque chamanique règne sur cette belle berceuse péruvienne (Péruvian Lullaby) ou sur cette référence aux peuples indiens (Potawatomi) ou encore sur cette magnifique ouverture sur un paysage majestueux et simplement beau ( Lisière)? Ecoutez comme l’on se sent bien en entendant cette Fête de la musique qui danse une danse africaine. L’ allégresse est aussi communicative sur Comment ça va ou la harpe dialogue avec la clarinette. Discrètement la pluie et les bruits des enfants peuplent aussi cet album pour ceux qui sauront les entendre comme autant d’hommages à la vie.
Les lignes mélodiques souples d’Isabelle Olivier dansent sur le tapis de velours que lui fait la clarinette d’Hugo Proy ou sur les harmoniques de Raphaël Olivier qui semblent tout droit venues du pays de Ralph Towner.  Et puis voilà, il y a de la musique jouée par tous avec osmose et écoute mutuelle et surtout avec des sentiments d’une grande douceur.
Et tout au long de cet album, ce qui impressionne ce sont les immenses talents de compositrice de la harpiste. On imagine ce que donnerait entre ses mains un large big band avec lequel on entrevoit un travail qui la rapprocherait immanquablement d’une Maria Schneider, elle aussi compositrice des grands espaces !
Isabelle Olivier est elle « in beetween » ? Entre la vallée de Chevreuse et Chicago entre lesquels elle partage son domicile ? Entre nature verte et paysages urbains ?   Entre jazz et classique ? Entre continents ? Entre des deux fils ?
La seule chose que nous savons vraiment c’est que son amour de la beauté occupe la place centrale de sa musique.
Elle est ici omniprésente.
Jean-Marc Gelin

 

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17 novembre 2017 5 17 /11 /novembre /2017 10:27

David Chevallier (guitare acoustique 6 & 12 cordes, banjo, compositions), Sébastien Boisseau (contrebasse), Christophe Lavergne (batterie)

Rochefort, 23-25 janvier 2017

Cristal Records CR261 / Sony Music Entertainment

 

Deux ans après «Standards & Avatars», le trio revient, avec un tout autre propos. David Chevallier a troqué la guitare électrique contre des guitares acoustiques, et un banjo, et le répertoire n'est plus celui des standards, qui étaient certes contournés, chantournés et déconstruits, mais une série de compostions originales qui, de l'aveu du guitariste, ont été enregistrées dans l'ordre où elles ont été écrites, mais sans qu'il s'agisse pour autant d'une suite. La technologie permet parfois de superposer des parties de guitare, donnant à l'ensemble une touche orchestrale. Cela dit, David Chevallier, guitare en main et usant de ses modes de jeu virtuoses, peut aussi sans artifices techniques donner à entendre une pluralité de voix. Ce qui frappe c'est que, même si guitare ou banjo tiennent le premier rôle, l'aspect profondément collectif se fait entendre, en permanence. Cela tient à la cohésion déjà confirmée par une longue pratique commune, et aussi à la faculté d'écoute de chacun autant qu'à l'état d'esprit de tous : faire-musique-ensemble. De plage en plage se découvrent diverses options : choix de l'instrument, d'un climat, d'un mode d'interaction au sein du trio. C'est d'une diversité et d'une cohérence confondantes. On suit le cheminement d'un titre à l'autre comme on découvrirait des paysages au fil d'un voyage par le train, en laissant poindre ce qu'il faut de rêverie pour se laisser plus encore envahir par la musique. Bref, une belle expérience d'écoute, et une vraie réussite.

Xavier Prévost

 

Le trio est en concert le 18 novembre 2017 à Paris, au Sunset, puis le 24 novembre à Changé-lès-Laval (Mayenne)

 

Un extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=Jy9gXGxlEt4

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 23:16

Ahmad Jamal le magicien
Palais des Congrès. Paris. 14 novembre.

Ahmad Jamal, piano, Manolo Badrena, percussions, Herlin Riley, batterie, James Cammack, batterie et Abd Al Malik et Mina Agossi, voix

 

@valery_Duflot

 

Ahmad le magicien a encore frappé. Le maître de Pittsburgh a séduit le public de Paris… avec Marseille. A quelques encablures du Parc des Princes, ce 14 novembre, le pianiste a déroulé avec aisance et fougue le répertoire de son dernier album (Marseille. Jazz Village-Pias. Juin 2017) consacré à la cité phocéenne. Apportant la preuve qu’il avait conservé à 87 ans les qualités d’architecte des sons qui avaient assuré sa renommée dès 1958 avec Poinciana (At the Pershing.Argo). Devant son Steinway, Ahmad Jamal cultive l’art de ménager ses effets et joue avec le public. Il n’a pas son pareil pour alterner les passages minimalistes et les grandes envolées, le ruissellement de la pluie et les grondements de tonnerre. Une exploration musicale pour laquelle il peut compter sur la complicité aussi souriante qu’efficace de trois compères de longue-plus de deux décennies- Manolo Badrena (percussions), Herlin Riley (batterie) et James Cammack (basse). Même les invités d’un soir, les vocalistes Abd Al Malik et Mina Agossi, se plient à la discipline du pianiste qui voue une admiration pour Napoléon. On ne peut que le constater à l’issue de ce concert parisien, où la vedette est revenue à Autumn Leaves, version désormais classique et toujours originale de la chanson de Prévert et Kosma, :Ahmad Jamal entretient une relation bien particulière avec la France. Dans les années 90, les producteurs Jean-François Deiber et Francis Dreyfus, avaient contribué à relancer sa carrière. Aujourd’hui, c’est le label Jazz Village qui permet au maître des 88 notes d’exprimer toute sa créativité juvénile.
Jean-Louis Lemarchand

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 10:13

EMBRACE

Roswell Rudd/Fay Victor/Lafayette Harris/Ken Filiano

Rare Noise Records

www.rarenoiserecords.com

https://www.rarenoiserecords.com/rudd-victor-harris-filiano

 

 

Avec ce premier disque en leader sur le label RareNoise records, le tromboniste compositeur Roswell Rudd (81ans quand même) montre une belle vitalité et s’attaque tout simplement dans cet Embrace justement nommé aux standards. Le musicien qui a marqué l’avant-garde avec Archie Shepp, Cecil Taylor, qui a joué avec Steve Lacy, s’est intéressé aux musiques traditionnelles mongoles ou latines, s’attaque aux fondamentaux et le fait magnifiquement. Réussite singulière par le choix du répertoire « Something to live for », «Goodbye Pork Pie Hat » ou « Pannonica », voilà de vraies retrouvailles  avec des mélodies qui sont livrées sans l’accompagnement de la batterie, ce qui de l’avis du leader permet d’entendre toute l’ampleur harmonique du chanteur. Prise de risque de ce quartet qui sait improviser autour de la voix et du chant du trombone, le piano et la contrebasse assurant un tapis moelleux. La rythmique fait le travail avec une discrétion élégante et l’on admire les interventions du contrebassiste Kenny Filiano à l’archet sur « Too Late Now ».

Roswell Rudd est assurément toujours en pleine possession de son art de tromboniste, adoucissant sa sonorité, se « baladant » fluidement au gré du scat de la chanteuse tout à fait étonnante, Fay Victor que l’on découvre ici même. C’est une musicienne complète qui a son propre orchestre. Etonnant comme elle sculpte les mots de ces standards, allant jusqu’au cri et gémissements, visiblement sans retenue, d’une voix vibrante. Son timbre n’est peut-être pas le plus marquant mais son interprétation est suffisamment originale, provocante même pour convaincre, toute en intensité et nuances. Prenante à coup sûr dans ses aspérités et imprévisibilités même.

On retiendra enfin une version habitée du blues culte « House of the Rising Sun »qui pourtant a eu « son » chanteur en la personne d’ Eric Burden des Animals.

Voilà donc une belle rencontre exigeante et sensible qui creuse un jazz classique de façon extravertie. Particulièrement réjouissant.

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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