YARON HERMAN : « Song of the degrees »
Yaron Herman (p), Sam Minaie (cb), Ziv Ravitz (dms)
Blue Note 2019
Il y a un supplément d'âme et un sacré power trio dans cet album. Peut être l’un des plus abouti de Yaron Herman.
Pourquoi un supplément d'âme ? Parce que Yaron Herman est l’un des rares qui sache faire chuchoter son piano comme l’on dirait des mots d'amour avant tout simplement d’enflammer le piano en jetant du fond de lui même une braise passionnée. Yaron Herman improvise avec le bout de ses doigts, avec son cerveau mais aussi avec l'expression d'un sentiment profond. Est ce de l'amour ou une envolée passagère de l'âme ? Seul, lui au fond connaît la réponse.
Profondément ancré dans le jazz comme sur cet ébouriffant Crazy Cat où Yaron fait la course en tête, Yaron, on le jurerait puise aussi son inspiration chez son groupe fétiche, Radiohead. Une influence mutuelle à tel point que l'on se prend à rêver qu’un jour,un duo entre lui et Tom Yorke…. tant ils semblent avoir été élevés sur la même planète.
Il y a chez Yaron Herman quelque chose qui mélange tout ce qu'il a appris des plus grands pianistes de jazz avec cette science de l'improvisation toujours intellectuelle mais jamais cérébrale parce que directement connectée à l'émotion et à la mélodie dont il se fait le maître. Une science de l’improvisation toujours intelligente parce qu’on ne la suit pas comme un exercice de style mais plutôt comme le cheminement d’une pensée intime. Parfois Yaron Herman sait imposer le silence autour de lui comme lorsqu'il s'empare du clavier pour toucher au coeur comme sur cette introduction de Our Love où en quelques notes il peut renverser le monde.
Nous parlions aussi de power trio, terme si souvent galvaudé. Mais si l’on y recours c’est qu’il faut mettre en évidence cette sublime complicité qu'il a su nouer au fil de ses derniers albums avec ce génie de la batterie, Ziv Ravitz qui de manière stupéfiante parvient à donner corps et âme à la musique, en osmose parfaite avec Yaron Herman. Et puis il y a dans cet album la découverte d’un jeune contrebassiste, Sam Minaie, d’origine irano-américaine, ancien élève de Charlie Haden dont entend ici que le maître lui a enseigné la profondeur et la rondeur boisée du son.
Bien sûr Yaron Herman voue un culte à des pianistes comme Keith Jarret ou Brad Mehldau. Et comme ces maîtres il sait où se trouve le graal et sait où se trouve l’essence du jazz. Il suffit pour cela d’écouter les accords complexes de Kinship qui, derrière une structure un peu ardue, Yaron Herman parvient à rendre limpide.
Et puis il y a Still awake qui fait figure de masterpiece devant lequel se déverse tout l'amour du monde.
Parce que c’est cela au fond la musique de Yaron Herman. Cette façon d’embrasser le monde et tout l’univers. Alors forcément, qui que vous soyez, où que vous soyez, vous y retrouvez une part de vous même.
C’est ce qui rend la musique de Yaron Herman belle et portant en elle cette part d’universalité qui la rend, juste divine.
Jean-Marc Gelin
Yaron Herman sera
- Au Forum de Nice le 6 avril
- Au Trianon le 10 avril à Paris.
- A Nantes le 26 avril
A ne manquer sous aucun prétexte…..