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16 octobre 2017 1 16 /10 /octobre /2017 09:55

Claudia Solal (voix, textes, composition), Benjamin Moussay (piano, piano électrique, synthétiseurs, électronique, composition)

Malakoff, 2015

Abalone AB 031/L'Autre distribution

 

Voici vingt ans ils jouaient en quartette. Depuis 2003, ils se retrouvent aussi en duo. Et après «Room Service», de son quartette Spoonbox, publié en 2010 sous le même label, Claudia Solal a invité Benjamin Moussay à élaborer le répertoire de ce duo résolument inclassable. Enregistré voici près de deux ans, l'objet arrive enfin jusqu'à nos oreilles étonnées, et conquises. L'univers rappelle un peu celui du tandem John Greaves/Peter Blegvad, et aussi dans une moindre mesure l'entour de Robert Wyatt ; le jazz est dans les parages, mais l'univers musical embrasse un champ plus large. Les textes de Claudia Solal, mitonnés dans un anglais très riche (héritage de sa grand-mère écossaise ?), transformeraient volontiers des comptines enfantines en contes surréalistes. La musique, concoctée par le pianiste et la chanteuse, est sinueuse à souhait, glissant parfois avec force chromatismes comme un ruban onirique vers une sorte de sérialisme tempéré par l'émoi, et vers le souvenir des répétitifs américains. Le traitement du son est remarquablement enrichi par le dispositif Sensomusic Usine, conçu par une musicien que le jazz avait vu éclore, le contrebassiste Oliver Sens. Les deux partenaires ont travaillé longuement autour d'improvisations et d'interprétations expérimentales, fruit de leur travail sur les deux registres, pour finalement nous offrir l'objet, très abouti, de leur connivence. La convergence texte/musique est remarquable, dans l'accord comme dans la tension. C'est une sorte d'invitation au voyage : «Il est un pays superbe, un pays de cocagne....» ; mais aussi : «Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté». En fait, ce sont plusieurs voyages, parallèles ou croisés, auxquels nous sommes conviés, et même embarqués. Laissons nous porter, le calme engendre aussi de turbulents remous. C'est un disque de chansons sophistiquées, apparentées au jazz, dans ses acceptions les plus larges. À écouter avec un œil sur les textes (inclus dans le livret) car ils en valent vraiment la peine. Bref, exactement ce qu'il faut pour espérer découvrir, un jour, «Tout un monde lointain».

Xavier Prévost

 

Le duo sera en concert le 17 octobre à Toulouse (Jazz sur son 31), le 18 à Nantes au Pannonica, le 21 aux Lilas (Le Triton), puis en novembre le 12 à Strasbourg (festival Jazzdor), le 13 à Nevers (festival D'jazz), et le 23 à Lens (festival Tout En Haut Du Jazz)

 

Un bref aperçu sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=ehRN6kvAG6c

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15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 17:40

ACT 2017

Rudresh Mahanthappa (as), Rez Abassi (g), Dan Weiss ( dms, tablas)

 

Et revoilà le saxophoniste pakistanais de retour 10 ans après la parution de « Apti » qui avait secoué la scène du jazz à sa sortie. Le saxophoniste bousculait alors les codes et livrait, hier comme aujourd’hui une oeuvre exceptionnelle de syncrétisme entre ses racines indo-pakistano-américaines ( il vit en Californie) et le jazz, à tel point que l’on pouvait dire qu’il était le créateur d’une véritable langage poussant bien loin les expériences coltraniennes en terre indiennes ou celle, d’une autre manière de Don Cherry.
Rudresh Mahanthappa n’est pas seulement un saxophoniste de génie, il est aussi l’inventeur d’un son qui n’appartient qu’à lui.
Avec Agrima ( qui signifie « suite ») le saxophoniste emporte tout le monde dans le flow d’un son où se mêlent son lyrisme si particulier avec le son de la guitare de Rez Abassi et les percussions de Dan Weiss, ce dernier illustrant le propos avec des talents d’orfèvre.
La musique est d’une incroyable intensité, animée d’une force vitale irrésistible. Les improvisations de Rudresh et surtout le son si particulier du saxophoniste atteignent des sommets. Lui aussi est une sorte d’oiseau, aigu, pointu, virevoltant et piquant, entraînant tout le monde dans une danse vernaculaire.
La fusion des trois musiciens est intense dans cette musique serrée où les espaces sont rares.
Et alors que Apti était entièrement acoustique, Rudresh Mahanthappa s’initie ici à l’électronique dont il joue des effets, renforçant dans ce voyage transfronalier une dimension onirique puissante.

Avec Rudresh Mahanthappa, il n’est pas question simplement de jazz mais d’une véritable expérience inédite.
Un choc culturel qui démontre les passerelles musicales entre les cultures et l’universalité de ce langage musical. Coltrane avait montré la voie. Il lui manquait l’ancrage de ses racines. Rudresh n’ouvre pas les portes, il les explose littéralement.
Jean-Marc Gelin

 

 

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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 10:09

Daniel Humair (batterie, percussions),

Vincent Lê Quang (saxophones ténor & soprano),

Stéphane Kerecki (contrebasse)

Malakoff, 15 & 16 octobre 2016

livre CD Incises 001/ Outhere

 

Treize évocations musicales de treize peintres (Alan Davie, Jackson Pollock, Yves Klein, Larry Rivers, Pierre Alechinsky, Cy Twombly, Bram Van Velde, Jean-Pierre Pincemin, Paul Rebeyrolle, Jim Dine, Vladimir Veličkovič, Bernard Rancillac, Sam Szafran). Et des compositions (anciennes ou récentes) des trois protagonistes, à quoi s'ajoutent des thèmes de Jane Ira Bloom (Jackson Pollock) et Tony Malaby (Alechinsky). La musique est un hymne à l'art moderne, à l'Art Musical Moderne qui, comme les arts plastiques (et les autres disciplines) s'efforce de regarder au-delà d'un horizon qui serait « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui ». Daniel Humair, et ses jeunes acolytes qu'il contribua à former au Conservatoire national supérieur de musique, se lancent à corps perdu dans des formes hardies, des expressions périlleuses. Et le résultat est à la hauteur de nos espérances, lesquelles étaient fondées sur ce que nous connaissons de ces trois musiciens d'exception. « Nous avons choisi plusieurs peintres du XXe siècle, explique Daniel Humair. Soit nous avions telle ou telle composition dans notre besace qui correspondait à l’univers pictural d’un artiste, soit nous avons composé en regard de l’œuvre du peintre. L’esprit plus que la lettre. Modern Art, ce sont des voisinages, des cousinages, des associations libres. Je suis musicien et peintre, mais je ne cherche pas à établir de lien direct entre les deux expressions : le lien, si il y a, ce sont les couleurs, mais pas au premier degré. ''Le rouge, c’est Sonny Rollins, le bleu, c’est Bill Evans'', ce serait trop facile ! ». Le livre qui inclut ce CD offre des reproductions des peintres évoqués, et comme le souligne Daniel Humair « c'est une invitation à la découverte ». Alors découvrons avec eux : c'est un enchantement pour l'oreille autant que pour l'œil, lesquels sont toujours en prise directe.... avec notre esprit.

Xavier Prévost

En concert le13 octobre, à Paris, au cinéma le Balzac, avec la projection du film " En résonance" de Thierry le Nouvel

http://www.cinemabalzac.com/public/musique/festivaljazz.php

Et aussi le 20 octobre à l'Opéra de Lyon, et le 17 novembre au Comptoir de Fontenay-sous-Bois

Sur Youtube, un concert au Triton en décembre 2015

https://www.youtube.com/watch?v=BSiOt5kp7PQ

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 17:07
LATTICE  DAVID REMPIS
LATTICE  DAVID REMPIS

LATTICE

DAVE REMPIS- alto, tenor, baritone saxophone 

 

www.daverempis.com

www.aerophonicrecords.com

 

 

Dave Rempis est un musicien sérieux, extrêmement engagé dans son parcours de musicien de jazz  free et de musiques improvisées, un saxophoniste chicagoan qui use de tous les registres de ses saxophones avec une grande virtuosité. S'il maîtrise la respiration circulaire, il peut jouer fort en faisant du "yowl and skronk"(hurlement et discordance). Sur un autre versant, sa musique résonne d'une grande délicatesse dans la recherche du son, le travail des timbres et du souffle.         

Il avoue dans les notes de son dernier album, qui sort le 10 octobre sur son label Aerophonic records qu’il a attendu longtemps avant de se risquer à l’art difficile du solo, suivant pour se donner du courage l’exemple de tous les grands de l’instrument qui l’ont inspiré : Coleman Hawkins, Eric Dolphy, Anthony Braxton, Steve Lacy, JoeMcPhee, Ab Baars et Mats Gustavsson… Avec une expérience de plus de vingt ans dans le « métier », ayant vécu les contextes les plus divers, il s’est lancé dans ce voyage personnel, odyssée à la recherche de lui-même. C’est au cours d’une longue tournée dont il nous donne les lieux-il a joué dans 27 villes différentes de Minneapolis à Chicago, 31 concerts en solo, entre février et juin 2017. De quoi se roder, d’autant que dans chaque ville, sa venue permettait de créer des contacts, de renforcer les liens avec les musiciens locaux, d’où le nom de cet album Lattice qui signifie "treillis" comme le montre le graphisme, mais aussi "réseau", « maillage ».

La musique entendue sur ce CD est bien le résultat d’un « work in progress », enregistré au fur et à mesure des performances. Une démarche intégrale, authentique, qui peut défriser assurément ceux qui ne connaissent pas la radicalité d’un certain courant qui persiste et se pérennise contre vents et marées aux USA.

Deux compositions, la première de Billy Strayhorn (oui, l’alter ego de Duke Ellington) « A flower is a lovesome thing » et le « Serene » de Dolphy encadrent les pièces originales du saxophoniste, qui s’ajointent parfaitement dans ce programme musical intense que l’on peut écouter d’une traite, sans vraie transition entre les pièces. A vrai dire, les titres et leur origine ont moins d’importance pour une fois et il ne faut pas s’attacher à retrouver la mélodie d’origine. Un fredon peut être point de départ d’une déconstruction des plus imaginatives, le saxophoniste explosant les thèmes avec une élégante régularité et un certain sens de l’ordre. De quoi recréer une autre structure. Très singulière. Ce qui est bien le sens du jazz...advenir dans l'instant...  

Une musique vraiment dissidente aujourd’hui car elle trouve sa raison d’être dans un parti pris d’exigence rare. Il faut écouter ceux qui veillent avec une assurance tranquille à ne pas se laisser détourner, ne cédant jamais à la facilité. Dave Rempis est l’un de ces résistants comme Daunik Lazro en France qui fait circuler d’un bout à l’autre de l’album un souffle épique, unique.

Laissez-passer !

Sophie Chambon 

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 15:58

Deux disques de la pianiste sortent simultanément, sous le label  Sans bruit : deux œuvres singulières, et singulièrement abouties

SOPHIA DOMANCICH « SO »

Sophia Domancich (piano solo)

Pernes-les-Fontaines, 14-15 avril 2016

Sans Bruit sbr022/ https://sansbruit.bandcamp.com 

J'ai éprouvé, en écoutant ce disque pour la première fois, la même sensation oxymorique d'étrangeté et de familiarité qu'avait suscité chez moi, au début des années 70, la découverte du disque «Open to Love» de Paul Bley. J'avais alors déjà écouté plusieurs des disques en trio du pianiste canadien, et pourtant je voyais surgir un monde neuf, comme inexploré. J'écoute Sophia depuis les années 80, dans diverses configurations, et je suis toujours happé par la prégnance de son univers, qui m'est au fil du temps devenu assez familier. Et cependant, à l'écoute de ce SOlo de SOphia, j'éprouve une sensation troublante d'inédit dans un décor qui, pourtant, ne m'est pas inconnu. C'est immédiat, dès la première plage, avec Pool of Tears, et son cortège d'intervalles distendus, de silences chargés de musique en puissance. Et cela se retrouve au fil des plages : Django, de John Lewis, qui m'est de longtemps dans l'oreille, prend ici des couleurs nouvelles, un étrange moiré qui en accentue le mystère. Certaines compostions figuraient déjà sur des disques récents («Alice's Evidence») ou anciens («Rêve de Singe», «D.A.G.»), et Pool of Tears me rappelle l'atmosphère ...d'Alice , sur son premier disque en solo, «Rêves familiers», millésime 1999. Mais ce qui s'impose d'évidence, quel que soit le thème joué, c'est une sensation qui mêle la perception physique et l'intellection : une telle musique exprime, ou plutôt incarne, cette notion qui frise souvent l'indicible, et l'on désigne du nom de beauté.

Xavier Prévost

 

SOPHIA DOMANCICH PENTACLE « En hiver comme au printemps »

Sophia Domancich (piano, compositions), Jean-Luc Cappozzo (trompette, bugle), Michel Marre (euphonium), Sébastien Boisseau (contrebasse), Simon Goubert (batterie)

Tulle, théâtre des Sept Collines, 19 novembre 2015

Sans Bruit sbr023/ https://sansbruit.bandcamp.com

 

Le retour du groupe Pentacle, après un premier CD enregistré en 2002 (« Pentacle », Sketch SKE 333032), et le suivant (« Triana Moods », Cristal CRCD 0703), publié en 2007 et capté deux ans plus tôt au studio de La Buissonne, comme le précédent. Le groupe a poursuivi son chemin. Pour ce concert de 2015 à Tulle, Claude Tchamitchian a cédé la contrebasse à Sébastien Boisseau. L'esprit est intact : les six compositions sont issues, à parts égales, des deux CD précédents, et le temps écoulé, comme l'énergie du concert, leur donnent une physionomie renouvelée. Côté piano, la qualité de l'instrument (ou de la prise de son ?) ne rend pas totalement justice à Sophia, mais c'est en quintette beaucoup moins grave qu'en trio ou en solo. Et puis le disque ci-dessus, sur le magnifique instrument de La Buissonne, compense cette très légère frustration. D'autant que l'essentiel ici, c'est le groupe : et quel groupe ! Ça fusionne, ça communie, ça interagit avec une intensité et un investissement de tous les instants. Michel Marre, par sa science des pistons, nous donne sur l'euphonium des effets de léger glissando dignes du trombone, effets qui servent magnifiquement l'expressivité du musiciens. Jean-Luc Cappozzo conjugue comme toujours perfection et liberté folle. Quant au trio, il nous éblouit par ses incartades si libres, et cependant maîtrisées, autant qu'il est nécessaire pour que la musique ne disparaisse pas dans un choc d'uppercut. Grande et belle idée que d'avoir porté au disque ce moment de concert, exceptionnel.

Xavier Prévost

 

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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 17:44

Stefan Orins (piano), Christophe Hache (contrebasse), Peter Orins (batterie)

Attiches (Nord), 21-22 février 2017

Circum-Disc CIDI 1701/ https://www.circum-disc.com

 

Le cinquième disque d'un trio qui affiche déjà vingt années de complicité, et qui conserve intacte sa précieuse singularité. On peut s'évertuer à déceler des sources d'influence dans le piano jazz des cinq dernières décennies (Paul Bley, Bobo Stenson....), mais l'essentiel est ailleurs. Dans le désir ardent de susciter une tension permanente, et féconde, entre les trois acteurs du groupe. L'interaction va au-delà des signes repérables, qui identifient ici un dialogue, là un trilogue, ailleurs une sorte de contrepoint rythmique qui va donner naissance à univers mélodico-harmonique. Le pianiste explicite, en l'exorcisant, son titre d'album, «The Middle Way» : «C'est la voie du milieu, dit-il dans la vidéo de présentation sur Youtube, qui harmonise ce qui est visible et ce qui est invisible. La musique a ce côté à la fois matériel et spirituel ». La musique respire une envie folle de décalage, de dissymétrie (parmi d'autres, Winter always turns into spring, et aussi Ku , dont un passage me rappelle la Valse de Jacques Thollot, qu'aimait tant jouer Siegfried Kessler). Et dans cet univers tendu surgit souvent la fluidité cursive propre au jazz, comme un paisible cours d'eau entre deux cascades. Ici cohabitent, en permanence, le discontinu et le continu, dans une tension productive qui est souvent celle où s'écrit (au sens large, c'est-à-dire même quand elle est improvisée) la musique. Le disque a été enregistré 'à la maison', dans un petit bourg au sud de Lille, aux confins des anciens territoires de la Pévèle et du Mélantois. Il porte la marque de cet esprit deux fois nordiste (les frères Orins sont d'origine franco-suédoise, natifs de Roubaix, et Christophe Hache est un Camberlot - autrement dit né à Cambrai), qui lui permet de se faire entendre bien au-delà de nos frontières, et de temps à autres dans les clubs parisiens. Ce trio illustre magnifiquement une réalité du jazz hexagonal : l'excellence n'est plus rivée à la centralité parisienne ; elle s'épanouit partout où de vrais talents éclosent, se développent et durent, sans préjuger d'une quelconque territorialité qui assignerait tel ou tel à l'exiguïté d'un territoire, fût-il géographique.... ou stylistique.

Xavier Prévost

 

Un extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=84eYhlPEC2c

 

En concert le 12 octobre 2017 à Lesquin (Nord), au Centre Culturel, et le 29 novembre à Paris, au Sunside

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5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 22:14

Laurent Coq (piano), Joshua Crumbly (contrebasse), Johnatan Blake (batterie)

Brooklyn, 31 octobre & 1er septembre 2016

Jazz & People JPCD 817004/Pias

 

Le pianiste Laurent Coq demeure un Jaywalker, ce piéton indiscipliné qui traverse hors des clous, et qu'il était en 1997 lorsqu'il enregistrait, déjà à Brooklyn, son premier disque auquel il avait donné ce titre qui lui va si bien. Après bien des escapades new-yorkaises, une installation dans cette ville durant 5 années, et une carrière riche en musiques et en débats très vifs sur la situation du jazz, il signe un disque en trio avec des partenaires états-uniens : le contrebassiste Joshua Crumbly et le batteur Johnathan Blake. L'un et l'autre sont fortement enracinés dans l'idiome du jazz, un parti pris qu'il revendique dans l'entretien accordé tout récemment à Jean Louis Lemarchand des Dernières Nouvelles du Jazz ( http://lesdnj.over-blog.com/2017/10/laurent-coq-je-suis-attache-aux-fondamentaux-du-jazz.html ). Le disque est un hymne à une sorte de famille musicale, parenté par forcément génétique (Kinship) qui le lie à des musicien(ne)s des deux rives de l'Atlantique, et d'ailleurs : chacun(e) se voit dédier un thème. Tous sont de sa plume, sauf le premier cosigné avec le bassiste et le batteur. Il leur a donné des titres choisis par les dédicataires pour évoquer les caractères propres au jazz, mais l'attribution de chaque plage a été laissée au hasard d'un tirage au chapeau. De son mentor Bruce Barth à la chanteuse souvent accompagnée, Laurence Allison, en passant par Mark Turner ou Miguel Zenon, tous ces Amis sont en fait les témoins d'un disque cohérent, où transparaît le goût d'une musique riche et dense, qui ne craint pas de rappeler qu'elle aura été, et demeure, la Grande Musique américaine. Jazz de stricte obédience, oui, mais jazz d'aujourd'hui, tourné vers le présent des langages musicaux qui s'épanouissent en son sein. Du beau, du grand piano, qui sonne, chante, et fait retentir de riches sonorités, une pulsation vive, et un lyrisme tantôt contrôlé, tantôt débridé. Le dialogue avec la rythmique est d'une permanente vivacité, et le piano s'envole quand s'impose l'instant de l'essor ; et après un trépidant labyrinthe intitulé Radiation, le disque se conclut par un solo recueilli, spectral et énigmatique, d'une troublante beauté. Beau disque, vraiment.

Xavier Prévost

.

Le trio est en tournée : le 10 octobre à Toulouse (Jazz sur son 31), les 11 & 12 à Paris, au Sunside. Puis le 14 à Gérone (en Catalogne), le 16 en Espagne, à Madrid, et le 19 au festival de Tourcoing.

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 17:22
BANDES ORIGINALES  Vincent COURTOIS/ Daniel ERDMANN/ Robin FINCKER

 

VINCENT COURTOIS/DANIEL ERDMANN/ROBIN FINCKER

Bandes originales

Label LA BUISSONNE

www.labuissonne.com

https://vcourtois.wordpress.com

 

On sait que certaines musiques deviennent partie intégrante du film. « Faire du cinéma, c’est faire de la musique» écrivait le regretté Alain Corneau, passionné de jazz, dans un Spécial jazz et cinéma de JAZZMAN  en mai 1998

 Si Miles a improvisé avec son quintet français la musique d’ «Ascenseur pour l’échafaud » en regardant les images de Louis Malle, que serait le cinéma de Fellini sans Nino Rota, les westerns de Sergio Leone sans Ennio Morricone et les films d’Hitchcock sans Bernard Herrmann ?

 

On peut faire confiance à Thierry Jousse quand il évoque musique et cinéma. Le producteur et animateur de l’émission( hélas disparue) Cinéma song le jeudi soir sur France musique est un expert dans ces deux domaines artistiques, l’un des premiers à avoir célébré les musiques de film, à ne pas les considérer comme illustratives et répétitives. Et comme il l’écrit en exergue : « Alors le cinéma ? Oui et plutôt dix fois qu’une…Mais le cinéma remémoré, revisité, reformulé. »

Aussi était-il tout indiqué pour présenter le travail du trio Courtois/Erdmann/Fincker dans le bien nommé Bandes originales sur l’album produit par Gérard de Haro & RJAL, enregistré et masterisé il y a un peu moins d’un an au studio vauclusien de La Buissonne. Un producteur qui aime le cinéma et ses musiques, on se souvient du très beau travail de Stephan Oliva sur Bernard Hermann, ou sur le film noir.

 Dix films sont choisis aux univers et musiques aussi divers que Tous les matins du monde d’ Alain Corneau (Marin Marais), Plein soleil de René Clément (Nino Rota), Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse ( Maurice Leroux),Take The Money And Run de Woody Allen (Marvin Hamlisch), L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison ( Michel Legrand), E.T The Extra Terrestrial de Steven Spielberg ( John Williams)…. 

Qu’est ce qui présida à la sélection des thèmes, est-ce un goût commun pour des films français comme Plein Soleil, Hiroshima mon amour, Le Rayon vert ? Le matériau exceptionnel des compositions de Michel Legrand, John Williams ? Ont-ils compris en remarquables improvisateurs et auteurs de musique tout le parti pris qu’ils pouvaient tirer avec leurs instruments de certaines mélodies? Ils ont réussi assurément à faire remonter en eux, au cours de leurs improvisations, ce qui  en subsistait de plus fort. Dans "Plein Soleil", "His eyes, Her eyes", "E.T" l'amateur se régalera à retrouver le thème détourné, retourné, ou souterrain. Mais que l'on connaisse ou non les originaux, on se piquera au jeu de cette nouvelle aventure musicale. Les divers motifs de ces films vont s’enchaîner à leur tour, écrivant une autre B.O, celle d’un film imaginaire, film-miroir que la formation intègre à sa manière «propre».

Dans le cas de Paris qui dort (1923) le premier film de René Clair, c’est encore plus fort puisque c'est à l’exercice de ciné concert que le trio s’est livré, la musique de ce film muet n’existant pas.

Ce trio que l’on affectionnait particulièrement dans Mediums et West, continue son engagement avec la Buissonne, on le retrouve particulièrement inspiré, avec un art savant de la construction, enchaînant des pièces obsédantes, magnifiées par ces instruments au timbre du milieu, le saxophone ténor étant proche du registre du violoncelle. Robin Fincker apporte à cette combinaison inédite la nuance de la clarinette. De toute façon, ces trois-là savent s’ajuster, se répartir les rôles avec élégance, se les passer de l’un à l’autre, en virtuose.

On écoute cette musique d’un bout à l’autre avec ravissement, les variations subtiles, comme les pièces originales de Vincent Courtois. Le violoncelliste continue à tirer tous les effets de son instrument, passant du baroque à l’archet à un swing ou une tarentelle endiablée, maîtrisant l’art et la manière de faire résonner ces cordes sensibles. C’est l’une des formations les plus saisissantes qu’il m’ait été donné d’entendre dernièrement, capable des plus beaux unissons, à l’aise pour renouveler l’art de la répétition jusqu’à la transe, véritables compositeurs de cette matière si vivante, la musique de film. Une musique exigeante, qui est pourtant immédiatement accessible. Une réussite des plus convaincantes.  

 

Sophie Chambon

 

 

BANDES ORIGINALES  Vincent COURTOIS/ Daniel ERDMANN/ Robin FINCKER
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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 11:10

Les concerts 'Jazz sur le Vif' de Radio France entament une nouvelle saison, et pour l'occasion Arnaud Merlin a choisi de célébrer le 20ème anniversaire du Caratini Jazz Ensemble, avec aussi en première partie le trio d'un des membres de l'orchestre : Matthieu Donarier

Nouveauté de taille : pour cette nouvelle saison tous les concerts se dérouleront dans le grand studio 104, salle mythique qui accueillit Thelonious Monk, Bill Evans, Ahmad Jamal, Hampton Hawes, Stan Getz, Dizzy Gillespie, Keith Jarrett et plus récemment quelques autres du même tonneau, parmi lesquels, en octobre 2016, Martial Solal et Dave Liebman, en duo. Concert exceptionnellement à 20h30 pour ce premier concert, et plus habituellement à 20h.

MATTHIEU DONARIER TRIO

Matthieu Donarier (saxophone ténor), Manu Codjia (guitare), Joe Quitzke (batterie)

Paris, Maison de la Radio, studio 104, 30 septembre 2017, 20h30

Dix-huit ans après avoir remporté le Concours National de Jazz de La Défense, le trio est toujours aussi solide, soudé et collectif dans sa pratique de la musique. Il jouait ce soir-là quelques unes des pièces de son troisième disque, «Papier Jungle» (Yolk/L'Autre Distribution), enregistré en 2014 et publié l'année suivante. Les versions sont évidemment étoffées par la liberté du concert. C'est intense, lyrique, plein de rebondissements et d'interactions entre les trois partenaires, un régal pour qui aime la musique vraiment vivante ! Si l'extraordinaire pertinence musicale de chacun se dévoile davantage quand il est soliste (la batterie sur des ostinatos du sax et de la guitare ; l'envol de la guitare-orchestre, quand Manu Codjia joue des lignes de basse sous son chorus au point qu'il semble être plusieurs ; l'improvisation du saxophone qui paraît induire une partition instantanée chez ses acolytes...), l'ensemble relève d'une sorte de magie, aussi claire dans son évidence que noire dans ses méandres. Et l'on va ainsi d'un thème à l'autre, jusqu'au moment où, pour présenter Lugubre Gondole de Liszt (métamorphosée évidemment) Matthieu Donarier nous raconte avec une douce ironie l'histoire d'un compositeur mégalomane qui n'estimait pas son beau père à sa juste valeur, lequel pourtant, quoique fort âgé, eut le bon goût de lui survivre, composant cette évocation de la gondole qui conduisait le corps de Wagner vers ses funérailles vénitiennes, avant le retour post mortem à Bayreuth. Et le concert s'est conclut avec une belle composition du saxophoniste Alban Darche pour ses amis, intitulée Bleu Céleste. Belle conclusion, à la hauteur d'un concert vraiment exceptionnel. 

 

CARATINI JAZZ ENSEMBLE

Patrice Caratini (contrebasse, direction, arrangements, et une grande partie des compositions), Sara Lazarus (chant), Matthieu Donarier (saxophones ténor & soprano, clarinette basse, clarinette métal), Rémi Sciutto (saxophones sopranino, alto et baryton, clarinette, flûte, piccolo), Claude Egea, Pierre Drevet (trompette & bugle), Robinson Khoury (trombone), François Thuillier (tuba), David Chevallier (guitares, banjo), Alain Jean Marie, Manuel Rocheman (piano), Thomas Grimmonprez (batterie), Sebastian Quezada (percussions)

Paris, Maison de la Radio, studio 104, 30 septembre 2017, 21h45

   Le Caratini Jazz Ensemble répète pendant la balance   

Pour fêter les vingt ans de cette belle phalange (à géométrie variable selon les programmes), Patrice Caratini a choisi de présenter un florilège des pièces jouées dans les différents projets, et les différents disques, de ces deux décennies. Il en offre simultanément une synthèse sur CD («Instants d'Orchestre», Caramusic/L'Autre distribution), et ce sont la plupart de ces œuvres qu'il a jouées pour nous. En ouverture la sonorisation fait entendre le West End Blues, enregistré par Louis Armstrong en 1928. Les musiciens entrent progressivement sur scène, et le contrebassiste-leader arrive le dernier, pour attaquer dès la coda du disque d'Armstrong East End Blues, qu'il avait composé pour le disque «Darling Nelly Gray», enregistré en 1999. Après un break de trombone de Robinson Khoury (remplaçant occasionnel, brillant et prometteur de Denis Leloup), Rémi Sciutto nous gratifie d'un solo qui pourrait bien atterrir du côté de Night in Tunisia.... Puis c'est une très belle (et très mélancolique) ballade composée par Alain Jean Marie, et magnifiée par la plume de l'arrangeur, qui inspire le pianiste quand son tour est venu d'improviser, avec le plus grand lyrisme. Le concert est parsemé de petites miniatures, principalement pour tuba, et issues du disque «From the Ground» (2003), tout comme, vers la fin du concert, Pinta, et aussi To the Clouds, une variation autour de Nuages de Django Reinhardt. Entre les pièces inspirées par le jazz des origines et d'autres qui tendent l'oreille vers le futur déjà présent, Patrice Caratini nous offre une vision large du jazz, sa vision, nourrie de multiples sources (latines, caribéennes, ou résolument contemporaines). Dans le programme également, des thèmes qui ne figurent pas sur le disque-mémoire, comme Petite Louise, de Michel Petrucciani, ou Lys, une courte pièce (50 secondes !) qui permet au contrebassiste de faire avec humour une présentation digne de l'univers de la musique contemporaine, où parfois le discours d'escorte est plus long que l'œuvre elle-même.... Difficile de détailler chaque moment du concert, de citer tous les solos (c'est, comme de tradition dans le jazz, un orchestre de solistes qui jouent collectif), mais il me faut évoquer un instant rare : l'arrivée de Sara Lazarus pour chanter deux chansons de Cole Porter (souvenir du disque «Anything Goes», enregistré en décembre 2000), What is this Thing Called Love, version plus que lente avant de plonger up tempo dans Hot House, et My Heart Belongs to Daddy, d'une manière qui rendra caduque à jamais la version de Marilyn Monroe. Décidément, Sara Lazarus est une chanteuse vraiment exceptionnelle ! Bref la soirée fut un régal pour tous ceux, fort nombreux, qui s'étaient pressés au studio 104. Restent les auditeurs de France Musique, qui espèrent toujours une diffusion régulière de ces concerts. Faudra-t-il attendre l'été prochain pour les voir aboutir sur les ondes, comme ce fut le cas pour la saison 2016-2017 ? Les jazzfans (dont je suis !) espèrent que non....

Xavier Prévost

 

Le Caratini Jazz Ensemble donnera un concert le 8 novembre à la Scène Nationale Les Gémeaux de Sceaux

http://www.lesgemeaux.com/spectacles/caratini-jazz-ensemble/

 

Le programme de la saison 'Jazz sur le Vif'

http://www.maisondelaradio.fr/concerts-jazz

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 06:48
@antonio porcar cano

 

En vingt ans de carrière, Laurent Coq aura toujours maintenu son indépendance, dans ses choix artistiques, comme dans ses prises de position parfois abruptes sur le « milieu du jazz ». Son dernier album «  Kinship », hommage aux musiciens qui forment « sa famille » ne déroge pas à la règle. Le pianiste l’a conçu, écrivant dix des onze compositions présentées (le morceau qui ouvre le disque est une improvisation collective), et produit avec ses deniers personnels. Rencontre avec un jazzman qui, refusant tout esprit de chapelle, affiche sa fidélité aux valeurs fondamentales du jazz –swing, jeu collectif.
 

NJ : Avec Kinship vous effectuez un retour au trio classique mais avec des comparses nouveaux ?
LC : Joshua Crumbly, le bassiste, c’est le saxophoniste Walter Smith III qui me l’avait présenté pour remplacer Joe Sanders sur les tournées Européenne et Américaine de « La Suite Lafayette » (album sorti en 2016). En revanche, je n’avais pas encore joué avec Johnathan Blake même si nous l’évoquions depuis plusieurs années. Quant à Joshua et Johnathan, ils n’avaient encore jamais joué ensemble jusqu’à notre première répétition. C’est donc un trio très frais qui s’est pointé en studio.

DNJ : Cet album peut-il être considéré comme une rétrospective de votre carrière ?
LC : Ce disque rend hommage à onze membres qui forment ma famille musicale (kinship) à New York comme à Paris : Sandro Zerafa, Walter Smith, Bruce Barth, Guilhem Flouzat, Mark Turner, Laurence Allison, Miguel Zenon, Ralph Lavital, Jérôme Sabbagh, Damion Reid, Guillermo Klein. Ils ont chacun eu une influence sur ma musique, mon parcours, et font désormais partie de mon ADN. À mes côtés depuis plus de vingt ans pour certains, ces dix frères et une sœur m’ont inspiré la musique que j’ai écrite et les décisions professionnelles que j’ai prises pendant toutes ces années.

 

« Un climat toujours plus hostile »

 

DNJ : Quelle est votre vision de la scène actuelle du jazz ? Toujours aussi noire ?

LC : La majorité des musiciens évoluent dans un climat toujours plus hostile, coincés entre deux pôles qui ne comptent que peu d’élus : le jazz institutionnel type ONJ qui se doit d’être forcément « radical » et le jazz TV et TSF compatible, toujours plus édulcoré. Deux mouvements contraires ont favorisé cette congestion ces dernières années : La multiplication des lieux d’enseignements et la disparition d’un nombre important de lieux de diffusion pour le jazz. Ni les lieux subventionnés, ni les festivals dans leur ensemble – heureusement, il y a des exceptions - ne relayent suffisamment le travail des jeunes musiciens, et la diversité des esthétiques. Globalement, hélas, c’est une logique soit idéologique, soit mercantile qui l’emporte.


DNJ : La mort du jazz serait-elle annoncée ?
LC : Mais non (sourires). Le jazz est bien vivant, il est même en pleine forme. C’est bien pour cela que la situation est si frustrante.

DNJ : Il prend des formes diverses, s’ouvre aux influences des autres musiques, aurait tendance à se « mondialiser ». Qu’en pensez-vous ?
LC : Pour certains en Europe, il se serait affranchi définitivement de ses racines noires américaines. Pour d’autres, il ne doit son salut qu’au métissage. Pour ma part, le jazz passé et présent que je préfère vient toujours des Etats-Unis, même si j’admire et je suis des musiciens en Europe évidemment. Je suis attaché aux fondamentaux liés à son histoire et son développement, une certaine idée de la pulsation, du swing, du phrasé sophistiqué sans emphases, une sophistication qui vaut pour les échanges aussi, l’interplay, l’expression d’un rebond collectif, quelque chose de très physique avant d’être cérébral. Ce sont des fondamentaux que l’on retrouve dans un grand nombre de styles et d’esthétiques très diverses et nous sommes nombreux en France à y rester attachés.

 


« Tout est beaucoup plus éphémère »

 

DNJ : En 2009, vous disiez : « la musique que l’on ne paye pas ne perd pas seulement de sa valeur marchande, mais de sa valeur tout court ». Votre sentiment a changé ?
LC : Non. Les huit ans qui se sont écoulés depuis n’ont fait que confirmer ce sentiment. La musique est consommée comme l’image. On papillonne, on zappe, on revient rarement sur nos pas. Tout est beaucoup plus éphémère. Les jeunes de moins de 30 ans n’ont pas eu à payer la musique qu’ils écoutent sur leurs portables. C’est une source de revenus qui s’est tarie. Aussi, il faut repenser toute l’économie liée à la production. Pourtant, comme tant d’autres musiciens de ma génération –les plus jeunes aussi et je pense à Ralph Lavital ou à Guilhem Flouzat par exemple – je reste très attaché au format du disque, à l’histoire qu’il raconte, non pas en un seul, mais dans l’assemblage de plusieurs morceaux. C’est un ouvrage fastidieux qui demande du temps et de l’argent. Dans la multitude des propositions sur internet, il est bien plus difficile de le rendre audible aujourd’hui qu’il y a 25 ans. Il semble également qu’il soit plus difficile d’obtenir l’attention nécessaire à l’écoute d’un disque en entier tellement les écrans ont envahi nos vies.

 

DNJ : Dans ce contexte, pourquoi continuer de faire des disques ?
LC : C’est une question que nous nous posons tous. Si je ne sortais pas Kinship aujourd’hui, vous ne seriez pas venu me voir. Je n’aurais pas pu monter la tournée d’octobre et obtenir les dates de festivals, et je n’aurais pas écrit cette nouvelle musique, pour ces musiciens spécifiquement. Ce travail est maintenant documenté. S’il n’intéresse pas grand monde aujourd’hui, peut-être en sera-t-il autrement dans 40 ans ? Peut-être pas. De toute façon il n’y a rien que je n’aime faire plus faire que ça. Je fais des disques et de la musique pour moi-même et ceux qui m’entourent et que j’aime. C’est une raison bien suffisante pour continuer tant qu’il m’est encore possible de le faire.

Propos recueillis par Jean-Louis Lemarchand
 

 
 


Kinship.

Laurent Coq avec Laurent Coq(piano, compositions), Joshua Crumbly (basse) et Johnathan Blake (batterie). Bunker Studio, New York. 31 octobre et 1er novembre  2016. Jazz & People/ Pias

 

 

 

 

 

En concert :  10 octobre, Jazz sur son 31, Toulouse ; 11 et 12 octobre : Sunside, Paris ; 14 octobre : Sunset Jazz Club, Gérone, Espagne ;16 octobre : Clamores, Madrid, 18 octobre, Jam, Marseille ; 19 octobre : Tourcoing Jazz Festival.

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