J’avais écouté ce groupe en concert, avec une bonne partie du répertoire de ce disque (c’est le premier du trio, mais la connivence entre eux est ancienne). C’était en juin dernier à Paris, à la Galerie 19 Paul Fort. Et j’avais été conquis, comme tout le public présent. La musique,composée par Trevor Watts, est un effervescent mélange de jazz de stricte obédience et de musique libre (libre mais très syncopée). La pulsation est reine, elle est souvent véhémente. Les thèmes sont structurés, mais ils incitent à l’échappée, et les membres du trio ne s’en privent pas. La musique puise à toutes les sources. En permanence se télescopent une foule de micro-événements musicaux dont le développement est toujours fécond : musique intensément vivante, qui fait bouger nos pieds autant que nos neurones. Un régal en somme.
Xavier Prévost
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Le trio est en concert le samedi 1er juin à Paris à la Galerie 19 Paul Fort
Editions Le Mot et le Reste, (312 pages).
À paraitre le 31 mai.
Janvier 2009. Théâtre du Châtelet. Sur la scène lors de la remise des prix de l’Académie du Jazz, Alain Goraguer, au piano, joue un air de la bande originale de « J’irai cracher sur vos tombes », musique de sa main composée pour le film de Michel Gast adapté du roman de Boris Vian. Un hommage à l’écrivain-jazzman disparu en 1959, le jour de la première projection pour la presse du film et qui prend une saveur particulière. Boris Vian avait ce matin-là confié à Goraguer, présent à la séance : « J’ai écouté ta musique, elle me plaît beaucoup ».
Ce soir de janvier 2009, « personne de son entourage ne se souvenait d’avoir vu Goraguer jouer sur scène depuis sa participation en 1953 au Tournoi de Paris des pianistes amateurs » (ndlr : où il avait terminé troisième derrière René Urtreger et Georges Arvanitas), relève Rémi Foutel dans une biographie très précise consacrée à Alain Goraguer.
Toute la personnalité du pianiste né en région parisienne (le 20 août 1931 à Rosny-sous-Bois) se trouve ainsi résumée. Un musicien, homme de l’ombre et qui a marqué l’histoire de la musique française pendant un demi-siècle.
Disparu le 13 février 2023 à 91 ans, Alain Goraguer aura contribué comme arrangeur et compositeur au succès de vedettes de la chanson, débutant avec Boris Vian ( Complainte du progrès) en 1954, avant de coopérer avec Serge Gainsbourg (Le poinçonneur des Lilas, l’eau à la bouche, Black Trombone), « la période de sa carrière qu’il préfère », Boby Lapointe (Aragon et Castille, la maman des poissons, Méli-mélodie), France Gall (Poupée de cire, poupée de son, qui décroche le Grand Prix de l’Eurovision en 1965, les Sucettes), Jean Ferrat (Ma môme, La Montagne, Nuit et brouillard), Adamo (Inch’Allah), Serge Reggiani (La chanson de Paul), Régine, Isabelle Aubret, Georges Moustaki (Le métèque)…
A l’apogée de sa renommée, dans les années 60-70, Alain Goraguer pouvait signer une cinquantaine d’arrangements par an (un par semaine !). Arrangeur salarié de maisons de disques (Philips pour commencer), le pianiste prend aussi le temps de composer pour le cinéma (après J’irai cracher sur vos tombes, Les loups dans la bergerie, Sur un arbre perché, la Planète sauvage, l’affaire Dominici …) sans oublier quelques films pornographiques (dont l’Essayeuse) et la télévision, notamment en 1982 avec la musique d’une émission devenue culte, dédiée a l’aérobic, Gym Tonic, de Véronique et Davina (« j’ai écrit ce morceau très rapidement, il fallait seulement que ce soit un titre entraînant ») .
Les années 80 s’avèrent plus délicates pour Alain Goraguer avec la fin des grandes sessions orchestrales en studio pour raisons financières mais il va dès lors s’investir au sein de la SACEM, se battant ainsi pour obtenir dans les contrats des droits aux arrangeurs. Dans les années 80-90, il vit grâce à ses droits d’auteur, la publicité et la musique de film. Sa dernière œuvre le ramène à Boris Vian. En compagnie du parolier Claude Lemesle, il écrit la musique d’une comédie musicale, « Mademoiselle Bonsoir », dont le Bison Ravi avait rédigé le livret. Le projet est déposé à la Sacem le 15 janvier 2013 mais restera lettre morte.
Et le jazz dans cette carrière prolifique ? Il ne sera jamais loin tout au long de ses œuvres, dès les débuts comme pianiste à Nice, qui « montera » à Paris sur les conseils de Jack Diéval (star du jazz à la télévision des années 50-60), formera un trio avec Paul Rovère (basse) et Christian Garros (batterie), et sortira chez Philips en 1956, à la demande de Boris Vian, « Go… Go… Goraguer ». Et les jazzmen sont largement mis à contribution dans les enregistrements d’Alain Goraguer, et notamment Pierre Michelot, Michel Portal, Georges Grenu, Roger Guérin, ou encore Eddy Louiss…
Grâce à Rémi Foutel, qui a rencontré à plusieurs reprises entre 2018 et 2021 Alain Goraguer, nous découvrons le parcours singulier d’un musicien qui a marqué son époque par une œuvre colossale. « Forçat de l’écriture, résume Rémi Foutel, Alain Goraguer est le compositeur d’environ neuf cents musiques et l’arrangeur d’un nombre prodigieux de chansons, peut-être le double ». Et quel talent ! « C’est l’un des seuls orchestrateurs français qui lisent vraiment les textes, s’émerveille Claude Lemesle. C’est un musicien qui connaît son métier sur le bout des doigts ».
Lire cette biographie c’est aussi découvrir une personnalité dotée d’un sens de l’humour froid et dévastateur, qui n’a pas sa langue dans sa poche pour évoquer les artistes auxquels il a prêté son concours, et qui a accompli son rêve, « devenir musicien ». « Je n’avais pas de plan B…. Je n’ai aucun regret ». Une lecture, on l’aura compris, fortement recommandée, d’un ouvrage vivant et richement documenté.
JEANNE MICHARD : « Entre las flores » Quai son records 2024
Jeanne Michard (ts, compos), Clément Simon (p, Rhodes, vc), Natascha Rogers (percus, vc), Pedro Barrios (percus, texte et vc), Maurizio Congiu : (cb, vc), Julien Lourau (DA) + GUESTS :Paloma Pradal : (vc), Nelson Palacios (vc),Sebastian Quesada (timbales),Rodin Sotolongo vc)
Jeanne Michard était la révélation de Jazz Magazine en 2022 et Victoire du Jazz en 2023. Jusque-là, il faut bien l’avouer nous ne la connaissions pas vraiment et son précédent album nous était passé très vite entre les oreilles.
Mais Jeanne Michard, à 31 ans confirme aujourd’hui et d’autant plus avec ce nouvel album, qu’elle est le nouveau son du sax ténor en France avec sa formation orientée vers un latin jazz entre New-York et Cuba. Car, si l’on juge un sax ténor par la qualité de son son, alors Jeanne Michard s’impose assurément dans le paysage avec cette texture à la fois ample, soyeuse et avec ce grain de raucité qui évoque certaines légendes de l’instrument. Un lyrisme félin, un placement rythmique exceptionnel et une façon de vous caresser les mélodies autant que de les projeter dans l’espace, tout cela vous fait sentir un vent de sensualité bien agréable. De suavité devrait-on dire.
Il y a chez Jeanne Michard de ces formes d’ancrage, les deux pieds dans la terre et la tête dans les voyages partagés qu’elle exprime avec un lyrisme impeccable et vous donne de ces balancements au bout des pieds qui donnent envie de danser, de chalouper, de se laisser aller tout simplement.
Si l’on y ajoute une superbe écriture empreinte de ses voyages à la Havane on ne peut qu’être totalement convaincus et séduits par cette saxophoniste qui fut en d’autres temps élève de Luigi Grasso d’où elle tient peut être l’art de sculpter le son.
Jeanne Michard porte haut les couleurs du latin jazz.
Rien à jeter dans ce nouvel album de la saxophoniste : on prend tout avec gourmandise !
Jeanne Michard sera au Studio de l’Ermitage vendredi 31 mai. A ne pas louper. En plus cela tombe bien, le Studio fait les meilleurs ti’punch de Paris ! De quoi rêver à la danse sur des plages cubaines.
Kenny Barron (p), Immanuel Wilkins (as), Steve Nelson (vb), Kiyoshi Kitagawa (cb), Jonhatan Blake (dms)
Tout nouvel album signé du pianiste de Philadelphie est en soi un évènement. Evènement qui, de toutes façons sera encensé par la critique.
Normal, Kenny Barron est une légende. C’est bon, c’est dit, c’est écrit partout et proclamé dans la presse qui est unanime sur le sujet : Kenny Barron est une légende. Cela ne se discute pas. Cela est.
Alors forcément nous étions impatients de découvrir à notre tour cet album qui est pré-destiné à devenir légendaire dans la discographie abondante du pianiste dont nous gardons tous en tête les duos sublimes qu’il nous livrait avec Stan Getz sous la houlette du regretté Jean-Philippe Alard. On atteignait alors des sommets desquels le pianiste n’est jamais vraiment redescendu.
Avec Kenny Barron c’est à la fois un pianiste-caméleon et aussi l’éloge de la simplicité. Quel que soit le format dans lequel il s’exprime ( en solo, en duos en quartet), Kenny Barron impressionne par sa façon de…ne pas impressionner et de rendre la musique aussi limpide que dépouillée de tout le superflus. Kenny Barron c’est la science de l’harmonie et du placement au service du verbe. Et il n’est pas étonnant de voir un pianiste comme Alain Jean-Marie porter aux nues Kenny Barron tant ils ont en commun l’art de l’effacement, de la discrétion sublime tout en imposant un style imprégné de toute l’histoire du jazz.
Kenny Barron n’hésite pas à se mettre au service d’un collectif renouvelé comme avec ce quintet pour lequel il est allé chercher le jeune et incroyable saxophoniste Immanuel Wilkins, qui malgré son jeune âge ( 27 ans) s’imprègne des racines du jazz, comme il se plaît à le faire avec son camarade Micah Thomas.
Mais au-delà de cette belle surprise, cet album est aussi un bel écrin pour les compositions du pianiste pour qui l’influence d Monk reste prégnante.
Kenny Barron continue d’écrire sa propre légende à l’encre d’une histoire du piano-jazz qui n’est ni sèche ni sur le point de se tarir. La preuve par Barron.
C'etait hier sur Jazzbox avec le pianiste Arshid Azarine (pour l'album Vorticity) et le contrebassiste Joachim Govin pour la sortie du Volume 2 de "Tree"
Studio de l’Ermitage 12 Juin concert de sortie du CD
Un disque important pour ce trio de camarades toujours aussi soudés après plus de vingt ans d’activité. Même s’ils ne sont pas du genre à éprouver de la nostalgie, le coup d’oeil nécessaire dans le rétroviseur leur a fait mesurer la distance parcourue et l’évolution de leur musique improvisée depuis 2002. Il ne s’agit pas pour autant d’un travail de collectage des musiques héritées pendant toutes ces années. Si leurs deux premiers albums Ballads and Barricades en 2009 et Conflicts and Conclusions en 2011 étaient consacrés aux influences du passé, aux compositions de ce musicien au parcours extraordinaire et pourtant peu connu, Hans Eisler, exilé à Hollywood avant de revenir à l’Est (créateur de l’hymne national allemand), ils se sont très vite abandonnés à leur propre partition, des chansons sans parole d’une grande beauté.
Difficile de définir leur style mais “ça joue” toujours autant entre eux, gardant mélodie et pulsation, sans aucun dogme, tout à leur seul désir et pour notre grand plaisir, ne s’interdisant rien et surtout pas de mêler traditions, références aimées et indépendance dans la musique qui surgit de cet élan collectif. Du lyrisme enfin qu’ils ne dédaignent pas d’injecter dans leur arc narratif et dramaturgique.
Pendant les cinq jours à Amiens chez Label Bleu, enregistrant en direct dans le studio Gil Evans, ils ont joué à perdre haleine et sorti 41 improvisations dont ils n’ont au final retenu que 7 titres* après une écoute des plus attentives. L’ingénieur-son Maïkol Seminatore, le quatrième homme, a fignolé les thèmes choisis avec des arrangements, recadrements et loupes. Du sur mesure,“sans l’éclat, la distanciation ironique, la violence iconoclaste” des débuts disent-ils.
On arrive à se faire une idée précise de la tonalité de la séance dès la première écoute, tant le climat reste homogène. Une musique toujours aussi énergique grâce à la batterie de Perraud, au lyrisme souvent énervé, écorché des saxophones ténor et soprano de Daniel Erdmann et à la guitare maîtresse de Hasse Poulsen. Un triangle plutôt équilatéral qui ne respecte pas l’arrangement habituel (trop classique pour ces poètes libertaires) de guitare-basse/batterie.
SiEdward Perraud, batteur et percussionniste, coloriste et rythmicien attire l’attention dès l’origine avec ce “Birth” à l’ostinato perturbant, s’il varie ses effets par des ruptures de rythme, il s'avère assagi et plus régulier sur “The River” puis “Earth”; il brosse largement l’arrière-pays, ce socle sur lequel s’élance Daniel Erdmann inimitable, au timbre identifiable.C’est toujours la même séduction, immédiate, à l’ écoute de ce saxophoniste vibrant, tout en souffle, impressionniste ou fougueux… Plus en retrait semble le guitariste à moins que l’auditeur ne soit moins sensible aux accords de guitare qui s’enchaînent, imparables pourtant. Ce serait sans compter les doux effleurements d’Hasse Poulsen sur ce “Dancing star” en deux parties qui courent sans transition, une délicate musique des sphères; la construction ascendante de Hasse Poulsen, intègre avec bonheur tous les imprévus d’une musique invasive, constamment sous tension jusqu’au final prometteur, annonçant une “First Light” plutôt free rock.
Cet album semble une parfaite illustration en images virtuelles, écho à trois voix souvent irréelles, comme les photos d’Edward Perraud fantasmatiques et troublantes. Une suite continue où l’esprit se recentre autour d’ostinatos et de grondements sourds, le saxophone soufflant volontiers le chaud et le froid, la douceur étant du côté de la guitare.
Un peu plus étonnante est cette citation interminable tirée d’“Ainsi parlait Zarathoustra”. On ne comprend pas vraiment comment fonctionne leur alchimie, mais il est manifeste que cette musique à trois est structurée, parfaitement élaborée entre folk, jazz, rock. Ils continuent leur histoire sans perdre leurs repères. Attentifs, délicats, sans fébrilité excessive, ils savent donner à l’album son unité avec une dimension originale et poétique.
Bo Van Der Werf (bs), Fabian Fiorini (p), Joris Roelofs (clb), Esther Coorevits (alto), Eugenie Degraigne (cello), Jozef Dumoulin ( clavier, électr.), Laure Bardet (vl), Dré Pallemaerts (dms) A la frontière du jazz, du classique et de la musique contemporaine ce nouvel album d'Octurn, le mythique groupe belge créé sous la houlette de Bo Van Der Werf, nous embarque dans une fusion entre écriture et improvisation qui ne perd jamais en cohérence. La base de cet album, ce sont des variations autour de l'œuvre un peu méconnue du compositeur Sandòr Veress, compositeur hongrois ( 1907-1992) proche de Bela Bartok.Sur ces bases se mêlent alors acoustique et effets électroniques dans une sorte de plongée dans un véritable univers sonore et musical.Chacune de ces pièces ( ou de ces mouvements) est extrêmement impressionniste et presque narratif, jetant des ponts entre les genres musicaux en toute fluidité et surtout en toute liberté.Le résultat est fascinant et comme toujours avec Octurn depuis leur début en 1996, la musique aux structures complexes devient intelligible et prenante. Il y a dans la complexité parfois ténébreuse à force de dissonances et de rythmiques complexes, une forme évidente qui se dégage. Une sorte de forme cellulaire et organique en mouvement. Au final le travail sur l’œuvre de Veress devient totalement fascinant et captivant. Jean-Marc Gelin
Hervé Sellin (piano & piano électrique) et sur deux plages Claude Egéa (bugle)
Meudon, 13-15 septembre & 8 octobre 2023
IndéSens Calliope Records IC 012 / Socadisc
Après l’album «Claude Debussy», enregistré en 2017 pour le même label, et publié en mars 2018 à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur (http://lesdnj.over-blog.com/2018/04/debussy-vu-du-jazz-par-herve-sellin-et-enrico-pieranunzi.html), Hervé Sellin se penche sur la musique de Gabriel Fauré (en novembre ce sera le centenaire de sa mort) et celle de Maurice Ravel (qui leur survécut jusqu’en 1937). Cette trilogie a un sens, si l’on veut bien se souvenir de ce que le jazz est allé quérir dans leurs langages respectifs. Alors que pour Debussy il était allé chercher du côté des pièces pour piano, Hervé Sellin puise cette fois dans des œuvres orchestrales et vocales (sauf pour ses digressions très personnelles autour du Prélude pour piano de Ravel). Tout au long du disque, c’est une sorte de déambulation amoureuse dans des trésors de ces musiques : trois moments du Requiem de Fauré, ainsi qu’une mélodie - Après un rêve - et la célèbre Pavane du même compositeur. Pour Ravel on chemine de Daphnis et Chloé à la Rhapsodie espagnole en passant par la Pavane pour une infante défunte ; avec aussi deux digressions en duo piano-bugle autour du Concerto en sol majeuret de Ma mère l’Oye. L’amour de ces musiques, autant que la revendication de liberté et d’imagination, président à cette belle entreprise. Le pianiste interroge les harmonies en les transgressant, effleure les lignes mélodiques en les entraînant vers d’autres voies. Sa science du piano et de la musique, côté classique (sa formation au Conservatoire de Paris) comme dans le jazz (qu’il a pratiqué avec les plus grands avant de l’enseigner dans le conservatoire qui l’avait formé), lui donne la liberté d’enfreindre en magnifiant, de contourner sans manquer l’ultime but, d’intensité et de beauté. Dans le livret du disque il commente pour chaque pièce, de manière limpide, le cheminement autant que l’intention. Dans cet exercice, souvent tenté par les artistes de jazz, de puiser dans le répertoire classique (au sens large : du baroque au vingtième siècle) pour produire leur propre musique, exercice périlleux qui a suscité parfois des déceptions, Hervé Sellin nous offre une fois encore le témoignage d’une incontestable réussite. Au plus haut niveau.
Jazz family 2024 Renan Richard-Kobel : (ss); Romain Habert (g), Clélya Abraham (p); Yves Marcotte (cb)Jean-Baptiste Loutte (dms, vc)
On peut se l'avouer (puisque nous sommes entre nous) nous avions mis un peu de côté cet album lorsque nous l’avons reçu en se promettant de l'écouter plus tard.Et puis les hasards parisiens nous ont conduit un soir de la semaine dernière du côté du Sunside où Crafting donnait leur concert we sortie d'album et à venir y jeter une oreille curieuse. Et là : coup de cœur !Coup de cœur pour ce jeune groupe de talents émergents tout juste sortis du Conservatoire. Il en fallu en effet très peu pour que l'on soit immédiatement happés par la qualité de ces belles compositions magnifiquement servies par le raffinement d’un groupe en tout point cohérents. Groupe émergent de 5 magnifiques solistes dont aucun ne cherche à en faire trop ou à se laisser aller à un lyrisme exubérant mais cherche au contraire à se mettre au service du collectif. Sans jamais se départir d’une certaine forme d’engagement. Dans une forme de retenue particulièrement élégant.Dans leur musique s’entendent les inspirations venues de Kurt Rosenwinkel, de pat Metheny ou encore, évidemment de Wayne Shorter. Mais au-delà on y entend aussi une vraie personnalité sur des compositions où la complexité harmonique ne nuit jamais à la fluidité mélodique du propos.Ce groupe a des choses à dire, des univers à raconter et une envie collective.Opération séduction totalement réussie.A suivre de près. Jean-Marc Gelin