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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 21:49

Souvenirs de la Grande Parade du jazz, Nice 78

 

Le label Black & Blue célèbre son demi-siècle cette année. Une centaine d’albums ont été publiés depuis que Jean-Marc Monestier, alors disquaire à Bordeaux, a lancé cette aventure musicale avec un enregistrement à Boulogne-Billancourt de Milt Buckner et Buddy Tate. Bientôt secondé par Jean-Pierre Tahmazian et plus tard par Jean-Pierre Vignola et Didier Tricard, il organisera des tournées d’artistes américains, de Lionel Hampton à Hank Jones.

De ses dernières productions, nous retiendrons la publication des enregistrements « live » réalisés au cours de la Grande Parade du Jaz en 1978. Black & Blue propose ainsi de revivre ces concerts qui se déroulèrent chaque soir entre le 7 et le 15 juillet. Sans prétendre à l’exhaustivité, relevons la présence de souffleurs musclés –Eddie Lockjaw Davis, Illinois Jacquet, Arnett Cobb- des chanteuses  Helen Humes et Carrie Smith, des trompettistes Harry Edison et Jonah Jones, de la pianiste Mary-Lou Williams (en trio avec Jo Jones à la batterie) et de Guy Lafitte, saxophoniste ténor alors à son apogée (mention spéciale à son « duel » avec Illinois Jacquet sur In a Mellow Tone de dix bonnes minutes).  Un panorama du j    azz classique à conseiller aux amateurs de swing bien enlevé et de spontanéité.

Jean-Louis Lemarchand

 

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11 mai 2017 4 11 /05 /mai /2017 13:12

Pendant toute la journée s'était rejouée une version très libre de l'Arlésienne façon Daudet. Non qu'il se fût agi d'un amour désespéré pour un personnage que l'on ne voit jamais, dans la nouvelle comme dans la pièce, mais parce que l'héroïne du jour à Jazz in Arles, la pianiste Sylvie Courvoisier, était perdue dans les interconnections aérienne à Francfort pour cause de retard de l'avion qui la menait de New York jusque là. Tout le problème résidait dans ce qu'il fallait qu'elle vînt jusqu'à nous pour la première date (et la seule française) de sa tournée européenne. A trois reprises dans la journée le directeur artistique du festival, Jean-Paul Ricard, a fait l'aller et retour d'Arles à Marignane, pour enfin accueillir la pianiste et son contrebassiste à l'aéroport. C'est vers 19h15 qu'ils sont arrivés pour l'indispensable balance qui permet d'affiner la qualité de la sonorisation. Le batteur, Tomas Fujiwara, était déjà sur place : il remplaçait au pied levé Kenny Wollesen, retenu aux États-Unis au chevet de sa mère mourante. Et vers 21h, avec à peine trente minutes de retard, le concert pouvait commencer.

Le trio pendant la balance

 

SYLVIE COURVOISIER TRIO

Sylvie Courvoisier (piano), Drew Gress (contrebasse), Tomas Fujiwara (batterie)

Jazz in Arles, Chapelle du Méjan, 10 mai 2017, 21h

 

Le répertoire mêle les thèmes du CD «Double Windsor» (Tzadik, 2014, avec Drew Gress et Kenny Wollesen) et de nouvelles compositions. Le concert commence avec La Cigale, thème segmenté, abrupt, dont le développement se résout en escapades cursives, swinguantes et émaillées de surprises, comme le jazz les aime. Puis vient Double Windsor, très représentatif aussi de l'approche spécifique de la pianiste, avec une pluralité de séquences, des changements de rythme, de tempo et d'atmosphère. Le dialogue est intense, tendu, le batteur attise le feu vibrant, et si dans un intermède lent à l'archet Drew Gress offense légèrement la justesse, on lui pardonne : il se réaccordera  avec soin avant la pièce suivante laquelle, d'inspiration sérielle, nous fait aborder d'autres rivages musicaux. On revient ensuite plus explicitement en terre de jazz, mais avec une cascades de ruptures qui n'altèrent nullement la continuité du discours : le tempo est là, sous-jacent, tapi dans l'ombre des écarts. Sylvie Courvoisier gère magnifiquement ce jeu sur le discontinu, enraciné dans le jazz moderne au cours de ses métamorphoses (Monk, Herbie Nichols, Cecil Taylor....). Après une nouvelle composition, Sylvie Courvoisier nous propose Éclats for Ornette, une pièce qu'elle avait enregistrée dans l'album «Crop Circles», en duo avec Mary Halvorson, en août 2016, deux mois après la mort du saxophoniste : un très vif hommage, qui rappelle ce jazz vif qui comblait le regretté Jean-Pierre Moussaron. Le concert se poursuit, près de se conclure, avec une improvisation de la pianiste jouant dans les cordes, et percutant le cadre du piano, avant d'être rejointe par ses partenaires pour une libre escapade qui évoluera vers ce tempo cursif où se rejoignent tous les jazz(s). Et la conclusion viendra, toujours sur des propositions musicales très ouvertes, et ce mouvement d'oscillation si particulier entre les protagonistes : ce n'est pas une oscillation pendulaire, un attracteur externe semble perturber le jeu ; qu'elle se nomme hasard ou désir, ou encore une subtile combinaison des deux, cette étrange force issue du dehors semble détenir l'ultime secret de cette musique, aussi singulière qu'enthousiasmante.

Xavier Prévost

 

Le trio est en tournée : Autriche, Pologne, Allemagne, Suisse et Belgique. Près de nos frontières, il jouera le 16 mai à Gand, et le 19 mai à Lausanne, ville natale de Sylvie Courvoisier.

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10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 22:13

Django, film d’Etienne Comar avec Reda Kateb et Cécile de France


La performance de Reda Kateb ne suffit pas à sauver un film qui prend trop de libertés avec la vérité historique pour rendre compte du génie de Django Reinhardt. A vouloir (trop) prouver la conversion du guitariste à la cause de ses frères gitans face à la barbarie nazie, le réalisateur nous fait oublier la poésie angélique d’un artiste hors pair. Mais le « biopic »n’est-il pas un genre condamné à ces raccourcis trompeurs ? Reste que si Django conduit les jeunes générations à découvrir l’auteur de Nuages…

 

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10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 21:52

The Beat of My Heart. Tony Bennett. 1957. Columbia-Sony.


Il est annoncé à l’Olympia le 30 juin pour une unique date en France, le crooner Tony Bennett et ses 90 printemps. Revenons 60 ans en arrière pour cet album tout entier dédié aux percussions avec des maîtres du genre (Art Blakey, Jo Jones, Candido, Sabu…). Une cure de vitamines bienfaisante.

Jean-Louis Lemarchand

 

Eternal Stories-Michel Portal avec le quatuor Ebène, Richard Héry (percussions), Xavier Tribolet (claviers). Erato-Warner. 2017.

 


Eternel ado, Michel Portal ne connaît que la quête (du dépassement) et la prise de risques (pas calculés). Clarinette basse et bandonéon en bouche, et sur un titre clarinette, il nous guide vers de nouvelles contrées en compagnie du classique quatuor à cordes Ebène. Un coup de chapeau à Astor Piazzolla constitue le noyau dur de cet ouvrage enivrant. (en concert le 11 mai à la Maison de la Radio).

Jean-Louis Lemarchand

 

DAVID MURRAY & AKI TAKASE : «  Cherry / Sakura »

Un petit bijou que l'on vous dis ! Un David Murray en très grande forme. Une pianiste qui lui répond toute en finesse. Les retrouvailles 20 ans après Blue Monk sonnent ici comme un immense mouvement de jazz, d'intimité, d'interaction et de musique en partage. Et puis un son IMMENSE, celui de l'un des plus grands saxophoniste actuel. INDISPENSABLE

 

 

 

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 10:41

PLUG and PRAY, Benoït Delbecq & Jozef Dumoulin

Benoît Delbecq (piano, batterie numérique, claviers), Jozef Dumoulin (piano électrique, batterie numérique, électronique)

Saint-Denis, Bruxelles & Meudon, 2015

dStream 102 / l'autre distribution

 

   Un duo résolument prospectif : par les instruments, les langages de référence, les langages hors-références, et une quête permanente, entre deux musiciens, d'une communication, aboutie, presque un chemin vers la transe, un pas au-delà, un saut dans l'inconnu (saut qualitatif).

   Benoît Delbecq et Jozef Dumoulin ont en commun, entre autres choses, d'être des pianistes, et des musiciens, hétérodoxes, et des être humains qui sont tout aussi peu orthodoxes. Ils s'engagent donc délibérément dans les sentiers de traverse, en quête de ce qui pourrait être l'inouï, l'inconnu, l'étrange, voire l'inaccompli. Des sentiers où l'on croiserait John Cage autant que György Ligeti ou Steve, Coleman ou Lacy ; Paul Bley ; que sais-je.... ; et tout un arc-en-ciel de musiques électroniques exigeantes. Une sente malfamée, un peu dangereuse donc, mais jouissive à l'exploration, surtout lorsque l'on s'y perd.

   Les deux musiciens ont joué d'humour en intitulant leur disque «Evergreens», qui peut-être une manière de désigner des classiques inoxydables ou des tubes incontournables.... Ce n'est évidemment pas de cela qu'il s'agit : Cortex Rewired ou Le Déjà Vu ne semblent pas destinés à fédérer les foules panurgiques, et pourtant certaines plages donnent aussi l'envie de bouger les pieds.

   Jozef Dumoulin et Benoît Delbecq savent d'où ils viennent. Leur état d'improvisateurs interactifs a bien à voir avec le jazz, de manière absolue même, d'un point de vue esthétique autant qu'éthique. Jouer ainsi engage indiscutablement une vision du monde qui prend en compte l'altérité, une certaine façon d'être au monde sans indifférence égotique (ce que l'esthétique parfois produit, comme un effet pervers).

   J'essaie souvent, en commentant quelques plages d'un CD, de donner à ressentir ce que j'ai entendu, perçu, compris (ou pas). Ici, devant la diversité des langages et des sensations convoqués, je déclare forfait : il faut s'y plonger, à quoi je vous invite, d'abord en visionnant la vidéo ci-dessous, puis en écoutant le disque, ou le concert, ou les deux : bienvenue dans le monde mystérieux (et fascinant) de Plug and Pray !

Xavier Prévost

 

Le duo PLUG and PRAY est en concert à Paris, au studio de l'Ermitage, le 11 mai 2017

 

Un aperçu sur Vimeo

https://vimeo.com/194682429

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 09:27
ORCHESTRE DE LA LUNE  Dancing BOB

Orchestre de la Lune

Dancing Bob

Cristal records/ Harmonia Mundi

Sortie le 5 mai

https://www.youtube.com/watch?v=J329YiX2K0Q

www.cristalrecords.com

 

Formation du compositeur, arrangeur, flûtiste et saxophoniste américain Jon Handelsman, cet orchestre qui a plus de vingt ans, délivre une musique puisant ses racines dans des origines jamaïcaines, latines et africaines, pour expliquer, si besoin était, la référence à la danse qui vous saisit dès le premier titre. Dancing Bob, comporte, outre des instrumentaux faisant la part belle à des solistes formidables qu’il faudrait tous citer, 5 compositions chantées par Brad Scott, Rosa Grace et Kania Allard. Un parti pris mélodique et vocal qui complète la cadence hypnotique et chaloupée qui traverse l’album de bout en bout. Quand on lit le nom des onze musiciens de ce « little big band», plus de doute, il s’agit d’orfèvres en la matière que l’on n’entend pourtant pas assez souvent, qui n’hésitent pas à envoyer des solos bien sentis comme le précieux Bobby Rangell au sax alto et à la flûte ("Almost").

On entendra en premier le bel hommage au « Jabberwocky » de Lewis Caroll,  poème avec mots valises et reflets inversés dans le miroir du célèbre « Through The Looking Glass » de Lewis Carroll, porté magnifiquement par la voix rauque de Brad Scott. Il y a aussi un hommage au musicien et poète Linton Kwesi Johnson, avec des morceaux plus funk, des rythmes camerounais. Une musique épicée, sur le final remix « Dubbing Bob », élégamment répétitive : beaucoup de nuances à percevoir malgré la grande cohésion de l’ensemble, avec tout au fond un zeste de mélancolie et un retour aux musiques de fusion des seventies.

La rythmique dans une telle formation est essentielle : elle révèle l’ossature des morceaux, charpente l’ensemble, délicatement énervée quand il le faut, avec des syncopes vives, de la chair et du muscle aussi avec les essentiels Didier Havet au tuba, Daniel Zimmermann au trombone, les formidables Cyril Atef et Xavier Desandre Navarre aux percussions, ou encore Michael Felderbaum à la guitare (« Piece number 3 »).

Une invitation à la danse et un hommage à l’astre délicat, notre amie lune comme dans «Diavolona». Il n’y a pas de mal à se faire ainsi du bien…

 

Sophie Chambon

 

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4 mai 2017 4 04 /05 /mai /2017 18:08

Fabrice Martinez (trompette, bugle), David Chevallier (guitare) Bruno Ruder (piano, piano électrique), Yves Rousseau (contrebasse, composition), Christophe Marguet (batterie, composition)

Cristal Records CR 254 / [Pias]

 

Un projet singulier : Yves Rousseau, contrebassiste, et Christophe Marguet, batteur, se côtoient depuis 15 ans dans les groupes du premier nommé. Compositeurs l''un et l'autre, ils ont décidé de codiriger un groupe dans lequel chacun des deux apporte ses compositions, et en conviant des musiciens qu'ils ont croisés dans leurs activités, et avec lesquels ils avaient vraiment envie de 'faire groupe'. Ces partenaires sont d'exception : David Chevallier, Fabrice Martinez et Bruno Ruder ont en commun d'être des musiciens de très haut niveau, compositeurs autant qu'improvisateurs, et libérés de toute ostentation instrumentale : parce qu'ils n'ont rien à prouver, et parce qu'ils savent que l'essentiel est dans le cœur de la musique, pas dans les attraits périphériques. Le résultat mérite le détour : richesse et diversité des compositions (avec cependant une exquise touche mélancolique). Familier de l'univers de chacun des deux leaders-compositeurs, pour les écouter l'un et l'autre depuis plus de 20 ans, il m'a été difficile de distinguer, à l'aveugle, la contribution de chacun, tant leur projet commun les révèle en phase. Même si je crois reconnaître Christophe Marguet dans les compositions aux rythmes plus explicitement marqués, cela ne suffit pas à trancher d'une nette distinction. D'ailleurs, là ne réside pas l'intérêt de la quête. Il y a quelques chose de foncièrement mis en commun, et de furieusement collectif, dans cette musique vécue en groupe. Alors, plutôt qu'une vaine dissection pour incertaine élucidation, j'ai pris le parti de l'immersion, dans un authentique plaisir musical qui suscite en moi une vraie admiration pour ces cinq artistes.

Xavier Prévost

 

En concert le 4 mai au Triton (Les Lilas, Seine-Saint-Denis), le 5 mai à Nevers (Nièvre) et le 6 mai à Lausanne (Suisse)

 

Un aperçu du CD sur Vimeo

https://vimeo.com/120227660

Concert du groupe au Triton en novembre 2015

https://www.youtube.com/watch?time_continue=31&v=9B6Y1gveelQ

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 17:54

Chris Potter (saxophones ténor et soprano, clarinette, clarinette basse, flûte, ilimba, échantillonneur), David Virelles (piano, célesta), Joe Martin (contrebasse), Marcus Gilmore (batterie, percussion)

New York, 14 juin 2016

ECM 2519 / Universal

Troisième opus en leader de Chris Potter pour ECM, à quoi s'ajoutent quelques collaborations avec des artistes du même label. Et une fois de plus un confirmation : ce gars -là est musicien avant tout, un saxophoniste-improvisateur exceptionnel qui aurait pu s'évaporer dans les brillantes facilités que lui permettraient des moyens impressionnants, mais qui se concentre toujours sur le cœur du sujet : la musique, sa densité d'émoi et d'intelligence confondus, son potentiel illimité d'écarts, de création(s), d'aventures. C'est un nouveau groupe, et déjà une maturité et une cohérence qui forcent le respect : les quatre musiciens parlent d'une seule voix, et pourtant chacun fait entendre dans cette totalité idéale sa singularité, à la faveur d'un solo, mais aussi d'une nuance, d'un accent, d'une invention inopinée. Au ténor, mais aussi au soprano, aux clarinettes et à la flûte, Chris Potter donne le meilleur de son lyrisme, sans effets appuyés, mais au travers d'un thématique sinueuse à souhait qui nous donne l'envie profonde de nous perdre avec lui dans le labyrinthe mélodico-harmonique. Il s'aventure même, dans une plage, avec l'ilimba, une sorte de piano à pouces originaire de Tanzanie, pour introduire une polyrythmie torride que le saxophone va survoler en majesté. Et l'aventure se poursuit, de plage en plage, avec un épisode échantillonné d'une riche densité sonore, agrémentée de célesta. Ce disque sera majeur, dans la production de l'année en cours, et dans la discographie de Chris Potter, et il mérite d'être écouté, et réécouté, pour tenter d'en saisir toutes les richesses, comme autant d'éclats d'une beauté protéiforme.

Xavier Prévost

 

Le groupe est attendu, mais avec Nasheet Waits à la batterie en lieu et place de Marcus Gilmore (et ce n'est pas un handicap !) à l'Europe Jazz Festival du Mans le 4 mai. Le festival bat son plein jusqu'au 7 mai. Détail ci-dessous

http://europajazz.fr/festival-programmation/

 

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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 10:30

Prenez une bonne dose de voix barrées et joyeuses, du genre à syncoper, à claquer les claps et à groover le groove survitaminé.

Nous on ADORE !!!!

HUMANOPHONES : " Corpus"

Absilone 2017

Leila Martial (vc), Bastien ¨Picot (vc), Wab (vc, body perc),  Simon Filippi (vc, body perc), Remi Leclerc (compos, art dirdtion, Vc , body perc)

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30 avril 2017 7 30 /04 /avril /2017 17:00

CUONG VU 4-Tet : «  Ballet ; The music of Michael Gibbs , feat. Bill Frisell »
Rarenoise Records 2017
Cuong Vi (tp), Luke Bergmab (b), Bill Frisell (g), Ted Poor (dms)


Il y a un an le trompettiste Cuong Vu nous gratifiait d’un magnifique album en compagnie de Pat Metheny, compagnon de route de longue date qu’il accompagne depuis 2002. Nous l’avions salué dans ces colonnes-mêmes.

http://lesdnj.over-blog.com/2016/06/fabrice-martinez-cuong-vu-ou-la-revanche-des-cuivres-flamboyants.html

 

A 48 ans le trompettiste vietnamien s’est en effet taillé une solide réputation qui le propulse dans les premiers grands noms actuels sur l’instrument. Cuong VU grand maître de l’improvisation est passé par à peu près toutes les écoles de la musique qui se joue à New-York puisqu’il a côtoyé les milieux de la scène plus ou moins underground que l’on croisait jadis au Stone comme Dave Douglas, Myra Melford ou Laurie Anderson, sans pour autant adopter tous les codes de la galaxie zornienne.
Aujourd’hui c’est autour d’un grand compositeur, Michael Gibbs que se porte l’attention du trompettiste qui, pour l’occasion associe les fulgurances de sa trompette au velours beauté de la guitare de Bill Frisell.Tout vient d’un projet qui tenait à coeur du guitariste qui fit venir le compositeur britannique à l’Université de Washington pour y diriger pour big band des arrangements que Frisell avait fait de la musique de Gibbs. Il y eut plusieurs représentations et chaque soir, c’est le quartet de Cuong Vu avec Bill Frisell qui assurait la deuxième partie, toujours autour de la musique de Gibbs. L’enregistrement que nous avons-là provient de la deuxième soirée.
Et c’est là un grand moment de musique à la fois très écrite mais aussi largement improvisée et interactive. Sans être free, la musique se joue des atonalités et des dissonances comme sur le titre éponyme. On navigue entre un jazz électrique et un univers presque pop éthérée comme sur Feeling and things et qui culmine avec cette pièce maîtresse ( And on the Third day ) enregistrée par Michael Gibbs en 1970 et que Cuong Vu et Bill Frisell parviennent littéralement à transcender.

La musique qu’il donnent à entendre est une musique créatrice d’espace et de souffle qui tire le plus beau de ces compositeurs magiques, ces compositeurs qui rendent tant d’intelligence à celui qui le écoute. Pour les servir il fallait des musiciens de haut vol. Ceux-là tutoient des sommets.
Jean-Marc Gelin

retrouvez ici la belle chronique que Sophie Chambon consacre à cet album

 

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