Vincent Peirani (accordéon, accordina & voix), Émile Parisien (saxophone soprano), Tony Paeleman (piano électrique & autres claviers), Julien Herné (guitare basse, guitare), Yoann Serra (batterie), Valentin Liechti (électronique sur une plage)
Bruxelles, mars 2017
ACT 9858-2 (Pias distribution)
Après la première aventure, et le premier CD, de 'Living Being' (paru voici trois ans), Vincent Peirani récidive, mais au lieu d'y faire figurer seulement deux reprises (Jeff Buckley, Michel Portal), il élargit le champ en direction du groupe Led Zeppelin (qui inspire trois plages en associant Kashmir et Stairway To Heaven), et de Henry Purcell (avec l'air le plus célébre de King Arthur, celui où le Génie du Froid aspire à la congélation éternelle : «let me freeze again to death»), sans oublier en ouverture l'inoxydable Bang Bang, immortalisé par Nancy Sinatra (et importé sous nos climats par Sheila....). Et ce Bang Bang n'est pas anodin : nos deux experts en expressivité (Vincent Peirani, et son alter ego Émile Parisien) en font une belle page de musique, avec ce soin jaloux que l'on mettrait à interpréter un lied de Schubert.... et ça marche (en tout cas moi je marche, à fond !). Le formidable lyrisme des deux compères ne se dément pas dans Led Zep' ou Purcell : Vincent et Émile sont habités par la musique, et portés par leurs sidemen. Les compositions originales de l'accordéoniste (huit, ce n'est pas rien -dont un clin d'œil à un thème d'Émile Parisien-, et dans des climats différents) ne pâlissent pas devant les reprises. Cousues-main pour le groupe, elles sont fidèles à cette obsession de faire chanter la musique, dans les exposées comme dans les improvisations : belle réussite que ce disque, vraiment !
Le groupe fait une longue tournée cet automne : Mulhouse le 2 octobre, Vendôme (41) le 12, Nancy Jazz Pulsations le 13, Festival de Tourcoing le 17, Rumilly (74) le 19, Marnach (Luxembourg) le 26, et en novembre la Suisse (Berne le 4, Zurich le 6, Lausanne le 7), puis Paris, Café de la Danse le 8, Nevers D'Jazz Festival le 12, Cenon (33) le 15, Mériel (95-Jazz sur Fil de l'Oise-) le 17, Meylan (38), le 22, Fontainebleau le 23, et Monaco le 24 !
Pour le banlieusard francilien, l'aventure sudiste commence souvent Gare de Lyon. Aventure plus que modeste, mais toujours divertissante. Le TGV 6107 est annoncé avec 20 minutes de retard Hall 2. J'y cours. Puis on annonce le train Hall 1. Là je constate que le piano droit a disparu, et qu'il est remplacé, à quelques mètres de là, par un tout petit piano à queue d'une autre marque japonaise : la concurrence des industries du piano fait rage, même dans les gares....
Finalement le train partira avec 28 minutes de retard. Comme il ne s'arrête pas avant Avignon TGV, on peut envisager un rattrapage partiel, mais un train en panne sur les voies quelques dizaines de minutes plus tard portera le handicap à 49 minutes ! J''espère arriver assez tôt pour déjeuner comme prévu avec mon vieux pote (nous avons le même âge, et nous nous sommes rencontrés à Lille au début des années 70) Philippe Deschepper, natif de Roubaix, et devenu Marseillais voici quelques années.
Un repas amical avec Philippe, Cours Julien, pour parler du bon vieux temps, mais aussi du présent, et des Amis (dont le très regretté Jacques Mahieux, qui nous enchanta l'un et l'autre par ses talents de batteur et de chanteur, sa culture et sa verve poétique). On se retrouvera au concert du soir, aux Théâtre des Bernardines, dans la chapelle de l'ancien couvent édifié au XVIIIème siècle.
Le festival Les Émouvantes est un festival très singulier, et même unique : programmé par Claude Tchamitchian, un musicien de haut vol (et qui ne se sent pas obligé de s'auto-programmer). Il place la création et l'exigence musicale au centre du débat. Le thème de l'édition 2018, c'est le mouvement, source de l'émotion. Il va se décliner, en toute musicalité durant 4 jours. Et votre serviteur eut le grand plaisir d'assister aux deux premières soirées.
DUO BARRE PHILLIPS (contrebasse) & JULYEN HAMILTON (danse)
Marseille, Les Bernardines, 26 septembre 2018, 19h
Avec ce premier concert-spectacle, on entre dans le vif du sujet, le mouvement. La contrebasse ouvre l'espace musical avec un pizzicato affirmé, mais aussitôt le danseur surgit, ouvrant le terrain de jeu, restreint pour l'instant à un cercle de lumière tombant droit des cintres. Le danseur est au centre, et le bassiste dans la marge bordurière (comme on dit au Québec, dans le Jura suisse, et dans les anciens baux ruraux de ma Picardie natale). Le contrebassiste californien aura bientôt 84 ans, le danseur britannique a quelques années de moins, mais ils sont comme du vif argent, sans que l'on sache jamais qui mène la danse : la danse ou la musique ? Voici le contrebassiste qui entre dans l'espace lumineux, désormais élargi. Corps du danseur en mouvements lents, comme une prière ou une offrande, puis course poursuite entre la basse bruitiste et le corps. C'est tout un jeu de dialogues, rythmés par le surgissement de triangles de lumière ou de couleur : humour, profondeur, poésie et fantaisie se mêlent, c'est un pur bonheur pour les yeux et les oreilles, pour l'intelligence et l'émoi. Ces deux là ont derrière eux vingt années de connivence. Cela se sent, cela se voit, cela s'entend : public conquis, émerveillé, chroniqueur inclus !
DOMINIQUE PIFARÉLY SEPTET «Anabasis»
Dominique Pifarély (violon, composition), Bruno Ducret (violoncelle), Sylvaine Hélary (flûte, flûte alto, piccolo), Matthieu Metzger (saxophones soprano et alto), François Corneloup (saxphone baryton), Antonin Rayon (piano, synthétiseur), François Merville (batterie).
Marseille, Les Bernardines, 26 septembre 2018, 21h
Ici encore, le mouvement est au plus vif du sujet. L'anabase, c'est le parcours depuis la mer vers l'intérieur des terres, la remontée pour la conquête. Dominique Pifarély, grand amateur de poésie profonde, ne fait référence ni à Xénophon ni à Saint-John Perse, mais au poète Paul Celan, sur les textes duquel il travaille et crée depuis plus d'une décennie. La dramaturgie musicale est finement élaborée. Le concert commence par une note obstinée du piano, lequel est finalement rejoint par le sax baryton, puis la batterie, par petites touches, jusqu'à un tutti progressif. Dans le bec de son saxophone, François Corneloup éructe une diction fragmentée qui pourrait être un poème broyé par la moulinette de l'urgence. Sylvaine Hélary nous entraîne dans un solo très libre, avant que Matthieu Metzger, parcourant au maximum l'ambitus de son saxophone alto, ne nous égare par son expressivité confondante. Une fin concertante, abruptement suspendue, m'a presque déconcerté.... Il en ira ainsi tout au long du concert, où les tensions harmoniques hardies, les lignes croisées, les contrepoints aussi subtils que parfois hétérodoxes, et les affirmations du rythme, nous entraînent vers l'effervescence et la paroxysme. Il nous faut plonger dans cette musique pour (tenter de) la suivre. François Merville distribue des accents inattendus, et Bruno Ducret, qui remplace Valentin Ceccaldi retenu ailleurs par d'autres groupes, nous emporte dans différents univers de son instrument, entre une séquence vive en pizzicato et une autre, chantante et articulée plus typiquement violoncellique. Dominique Pifarély laisse parler son lyrisme sans altérer la clarté de son propos, François Corneloup stimule l'expression et Antonin Rayon nous livre, au piano, un solo d'anthologie, avant qu'une déconstruction progressive ne nous conduise vers la logique de la forme, et une coda apaisée : nous sommes tout secoués de bonheur musical.
Au matin du jour d'après, mes pas m'ont conduit à la Vieille Charité, hospice du dix-septième siècle aujourd'hui centre culturel et musée. Après une visite à la collection de Pierre Guerre, avocat, collectionneur d'art africain depuis la prime adolescence (et amateur de poésie.... et de jazz !), je me dirige vers les salles de l'exposition 'Jazz &Love', initiée par le festival 'Marseille Jazz des cinq continents' et conçue par Vincent Bessières (qui avait imaginé notamment les expositions 'We Want Miles' et 'Django Reinhardt, swing de Paris', à la Cité de la Musique (et ailleurs).
L'expo est présentée depuis le 13 juillet, elle va e terminer à la fin de la semaine, et comme je n'avais pas eu l'occasion de venir à Marseille cet été, je me hâte de la voir pour vous en parler. On y présente des œuvres graphiques et plastiques de Basquiat, Rancillac, Arman, Nicolas de Staël, Niki de Saint Phalle, Hervé Di Rosa, Ouattara Watts, mais aussi Rico Gatson, avec une série de 12 tableaux avec collage, feutre et crayon de couleur, selon moi légèrement surévalués....
Et aussi de photos de Francis Wolff, Jimmy Katz, Art Kane, Carole Reiff, Guy Le Querrec.... des pochettes de 33 tours de la collection Jean-Paul Ricard, des partitions, et des objets de collections reflétant l'amour du jazz.
En quittant la Vieille Charité en direction de la mer, je traverse la quartier du Panier, qui s'épanouit sous le soleil et sous les graphes....
…. puis je m'en vais prendre des nouvelles des balances pour les concerts du soir.
The Henze Workshop, pendant la balance
THE HENZE WORKSHOP invite CHARLOTTE TESTU
Stéphane Payen (saxophone alto, arrangements), Olivier Laisney (trompette), Guillaume Ruelland (guitare basse), Vincent Sauve (batterie) & Charlotte Testu (contrebasse).
Marseille, Les Bernardines, 27 septembre 2018, 19h
Encore une histoire de mouvement, entre deux univers. Mouvement du cœur, qui incite le saxophoniste Stéphane Payen à accompagner sa femme contrebassiste qui en a assez d'être seule quand elle joue les neuf mouvements de la Sérénade (écrite pour violoncelle, puis adaptée pour contrebasse) du compositeur allemand Hans Werner Henze. Mouvement dans la musique qui le conduira à écrire pour son quartette des parties qui se superposent à la partition de contrebasse, dialoguent avec elle, en conversation ou en miroir, et à convier une autre contrebassiste pour jouer cette partition détournée. Le résultat est étonnant de cohérence. Cette musique écrite du XXème siècle, dite contemporaine, est parfaitement en phase avec le jazz contemporain, qu'il soit écrit ou improvisé, selon les instants. Musique profonde, parfois lyrique, parfois emportée par des rythmes très accentués. Un instant on croise une atmosphère de valse lente qui vire à la habanera, au boléro ou au tango, selon le souvenir de chaque auditeur. Le dialogue est fructueux entre le quartette et la contrebassiste, tantôt de soliste à groupe, tantôt de soliste à soliste : dialogue entre la guitare basse et la contrebasse, à partir d'un unisson ; réponse du groupe à un solo très lyrique, presque déchiré, de la contrebassiste, qui tourne à l'effusion presque free après surgissement d'un rythme marqué en tutti. C'est vivant, subtil, les deux souffleurs nous emportent dans leurs improvisations, ici dans la fluidité du jazz, là dans le vertige des complexités rythmiques chères aux jazzmen d'aujourd'hui. Une fois encore, nous sommes conquis par l'originalité et l'intensité de ce nouveau projet : les Émouvantes sont décidément le lieu où se risquent de telles aventures, pour faire advenir une forme inédite de beauté.
ANDY EMLER «The Emovin’ Ensemble» (création)
Dominique Pifarély (violon), Matthieu Metzger (saxohones soprano et alto), Andy Emler (piano, composition), Sylvain Daniel (guitare basse), Éric Échampard (batterie)
Marseille, Les Bernardines, 27 septembre 2018, 21h
Le festival a passé commande à Andy Emler d'une musique pour un groupe inédit, un quintette où se croisent un partenaire fidèle du pianiste-compositeur, le batteur Éric Échampard ; un violoniste qu'Andy Emler avait croisé voici près de 35 ans dans la 'Bande à Badault', mais avec lequel il n'avait jamais partagé de projet, Dominique Pifarély ; et deux jeunes musiciens, parmi les plus remarquables de leur génération : le saxophoniste Matthieu Metzger (présent la veille dans le groupe du violoniste) et le guitariste basse Sylvain Daniel. «The Emovin' Ensemble» correspond parfaitement à la 'poétique du mouvement' revendiquée par Claude Tchamitchain dans sa présentation du festival. Ici l'on va glisser du lyrisme de la seconde école de Vienne à une sorte de jazz fusion chambriste en passant par toutes les contrées visitées par le jazz depuis trois bonnes décennies. Après que le violon et le saxophone soprano ont fait chanter avec intensité des lignes d'une beauté mélancolique, un break musclé va me rappeler l'époque où Dominique Pifarély jouait dans le 'Celea-Couturier Group'. Et le voyage ne fait que commencer : le piano va faire baisser la pression tandis que sous ses notes s'affairent basse et batterie, version binaire. La musique est très élaborée, et pleine de surprises. La connivence est complète, et les improvisations sont de haut vol. Extrême expressivité jointe à une profonde musicalité, chez le violoniste comme chez le saxophoniste. Le voyage dans les langages musicaux se poursuit : phantasme d'auditeur transporté, ou réelle -et furtive- référence : ici je crois entendre un violon tzigane, là un thème de la meilleure tradition celtique.... Tout est d'une absolue cohérence, et pourtant il semble que le compositeur-pianiste et ses partenaires se jouent des codes et des langages, sans soucier d'une forme qui est pourtant limpide : du Grand Art !
Après le concert les un(e)s et les autres disent aux musiciens leur bonheur d'écoute. Et nous admirons de près le T-shirt de Matthieu Metzger, rapporté de l'un de ses voyages en Finlande.
Le lendemain matin à l'hôtel, au petit déjeuner, je croise Andy Emler, et je lui redis mon enthousiasme. Andy a beaucoup aimé réaliser ce programme avec cette équipe. Il se dépêche de terminer sa collation, qui n'est pas frugale : Andy est une force de la nature ! Le travail l'attend : un atelier d'improvisation au Conservatoire de Marseille, partenaire du festival Les Émouvantes. Dominique Pifarély est aussi de la partie. Merci les gars, nous avons passé de formidables moments à vous écouter. Je quitte à regret Marseille avant les deux dernières soirées. Vous qui, comme moi, n'y étiez pas, il faudra vous en remettre à mes ami(e)s – confrères-consœur et collègues. Le train m'attend, je cours vers la Gare Saint Charles
Laurent FICKELSON : « In the street » Jazz Family 2018
Laurent Fickelson (p), Eric Porst (ts), Thomas Bramerie (cb), Philippe Soirat (dms)
Si vous vous posez la question de savoir si le jazz a une identité, à l’heure où l’on entend des musiques où tout est mélangé, matinées de rock, de pop et de world avec l’ultime argument que vous assènent leurs défenseurs « on s’en fout si c’est du jazz ou pas ! », Laurent Fickelson lui, offre un démenti clair, net sans bavure : oui la jazz à une identité et je vais vous le démontrer.
Le pianiste qui a côtoyé le jazz venu d’Amérique et, de ce côté-ci de l’Atlantique les frères Belmondo, voue un culte sans mesure à ces racines bien ancrées de qui vont, comme le rappelle Vincent Bessières dans ses liners notes de Duke Ellington à John Coltrane. Laurent Finckleson, pianiste virtuose s’il en est, trace sa route dans ces sillons vinyliques habitée de fantômes majestueux comme Mc Coy Tyner, Sonny Clark, Peterson et j’en passe. On l’a dit sa musique est Ellingtonnienne ou Coltranienne (Edda) , n’hésite pas à revisiter quelques standards ( dont le Strayhornien Lush life revu deux fois dans deux versions différentes ou encore un ‘Round Midnight magique qui prend des airs de déambulations nocturnes et de digressions subtiles. Et lorsqu’il ne visite pas les standards, il s’en inspire et lui fait des clins d’oeil comme sur The Promise dont les premières notes ont un air de Summertime. Laurent Fickelson, sur cette terre fertile porte haut les couleurs du jazz. Sa virtuosité n’est jamais clinquante, toujours dans le mouvement de la musique et dans le balancement qu’elle provoque. L’esprit au bout des doigts. Aux cotés du pianiste, trois tueurs en série. Eric Prost au souffle inspiré et inspirant attise les braises avec un son énorme ( In the Street ou encore Distorsion) que l’on croirait tout droit sorti du Small de New York. Philippe Soirat quant à lui, c’est le maître du swing , du groove délicat, précis dans ses relances et gardien de la flamme ( et Soirat c’est aussi, là encore un SON !). Quand à Thomas Bramerie toujours fabuleux, il faudra bien songer un jour lui offrir un genre de « ballon d’or » même si je sais bien qu’on ne le donne toujours qu’aux attaquants et jamais aux défenseurs. Pourtant Bramerie traverse le jazz d’aujourd’hui avec la bagage chargé (mais quand même léger) de toute la tradition du jazz. Amoureux du jazz, du qui ne triche pas, du qui ne renie pas ses origines, du qui affirme son sens du rythme qui fait dodeliner la tête et battre le tempo, du qui s’orgasme sur des envolées de sax et des échappes de clavier, ce disque est assurément pour vous. Jean-Marc Gelin
Un "sans faute", telle pourrait être ma conclusion à l' écoute de cette musique. Mais dès l'ouverture, ne ressent-on pas cette familiarité avec la musique d'un ensemble de musiciens aimés et ainsi retrouvés? On avait laissé CUONG VU avec The music of Michael Gibbs et aux DNJ nous sommes plus qu'amateurs :
Ce qu' on aime dans ce nouvel album du quartet du trompettiste Cuong VU, c'est la parfaite homogénéité entre les compositions qu'apportent à part (quasi) égale chacun des membres du groupe : 3 compositions pour le leader qui avoue ne jouer qu'un rôle de "secrétaire" en assurant la logistique au sein du quartet, 3 pour l'immense Bill Frisell qu'on a toujours plaisir à retrouver, et 3 pour le batteur Ted Poor (infiniment plus précieux que son patronyme pourrait laisser supposer). Le seul qui apporte dans son escarcelle une seule pépite mais concentrée d'énergie "Must concentrate" est le bassiste Luke Bergman.
Et puis dire aussi l'immense plaisir à glisser le CD dans la chaîne (eh oui j'écoute toujours ainsi) et à se laisser embarquer immédiatement par une musique qui coule, non sans aspérité, mais qui revient toujours à l'essence d'une musique aimée. Mélodique et rythmique, où chacun se répond et surtout s'écoute, laisse de la place aux autres ce qui est la meilleure façon de créer une dynamique de groupe et non une adjonction de solistes même merveilleux. Chacun joue et maîtrise son instrument délicatement comme dans ce "Lately" du batteur qui donne aussi "All that's left of me is you" qui a le mérite de faire interroger sur le nom de ce standard. Alors que c'est un original, mais quelle intelligence de la composition qui donne au trompettiste l'opportunité de s'élancer et aux autres de l'accompagner et de compléter. Bill Frisell avoue, et nous avons toute raison de le croire que Cuong Vu a été le catalyseur de ce quartet de musiciens de la scène de Seattle ( Emerald city) et laissons lui les dernières notes ou compositions....avec ce friselis guitaristique que soutiennent les volutes enrubannées de Cuong Vu.
Enthousiasmant, sans esbroufe aucune, juste l'évidence toujours lumineuse et immédiate. Quel talent et quelle énergie doucement assumés dans cette musique d'un film rêvé, bande son parfaite pour un road trip dans cette Amérique profonde, au climat crépusculaire. Car le titre, Change in the air, révèle l'inquiétude bien compréhensible du trompettiste sur la façon dont le monde, les choses évoluent sur différents plans, tous politiques. Et l'on aimerait avec lui que sa peur de l'avenir ne soit que la représentation d'une certaine paranoïa...
LARS DANIELSSON & PAOLO FRESU : « Summer wind » ACT 2018 Lars Danielsson (cb), Paolo Fresu (flgh)
On le sait, c’est d’une évidente banalité, il faut dans l’exercice du duo une grande complicité et surtout une grande proximité. Un regard qui vise au même endroit et une écoute partagée. Dans l’exercice auquel se livrent le contrebassiste suédois et le trompettiste sarde, il y a de tout cela et plus encore. Car dans leur duo il est aussi question de souffle et d’espace. Tous les deux sont des musiciens attachés à la mélodie. Tous deux capables de faire surgir de leurs notes les émotions les plus douces. Mais encore faut t-il qu’en s’associant ils parviennent aussi à faire respirer la musique. Jamais l’un sur l’autre, jamais l’un contre l’autre mais toujours à bonne distance, ils laissent chacun passer le vent et caresser l’air. Que leurs échanges soient acoustiques ou enveloppées de nappes électriques. C’est une rencontre empreinte d’une douce mélancolie où les mélodies s’envolent portées par par la magnifique sonorité de Paolo Fresu, ample et soyeuse, relevées par Lars Daniellson qui montre qu’à la contrebasse ( et l’archet où il excelle) il n’est pas seulement question d’ancrage terrien dans le sol et dans le tempo mais aussi de prendre les airs et donner à la musique le flottement qui suit l’envol. Les mélodies, les airs, les chansons sont toujours présents comme fil conducteur et les versions d’Autumn Leaves ou encore de cette brève cantate 140 de Bach, possèdent une grâce touchante et caressante. Avec Lars Danielsson et Paolo Fresu le son qu’ils façonne à des allures de dessin dans le ciel. Jean-marc Gelin
Tout d’abord ne pas se fier aux homonymies. Ce Didier-là bien qu’amoureux du jazz n’a rien à voir avec le saxophoniste barbu que nous aimons même si forcément Thomas apparait au « hasard » de ces pages ». Didier ou Thomas, j’ai bien failli me faire avoir en recevant ce petit opsucule. Didier Pourquery lui, est un célèbre journaliste et écrivain qui a exercé ses talents dans tout ce que la presse compte de titres réputés et qui de ses racines bordelaises tient comme chevillé au corps un amour sans limite pour le jazz dont il décide ici de faire l’éloge. Avec le statut de la subjectivité totalement assumée et sans aucune prétention savante. Juste une façon de faire comprendre sa passion à ceux qui lorgnent avec retenue ou dédain vers cette musique, Didier Pourquery affirme son goût du jazz en l’étayant d’une foultitude d’exemples, de référénces qui ne prétendent pas à l’universel mais qui, un jour, ont fait vibrer de passion le journaliste qui tomba en pâmoison devant un solo de Lionel Hampton sur a taste of honney. Avec l’air de presque s’excuser d’aimer le jazz, Didier Pourquery en fait un savoureux éloge qu’il conviendra de lire en écoutant en même temps les titres qu’il cite sur sa plate forme de streaming préférée. Et même si dans sa passion amoureuse il y a quelques maladresses dont in ne lui tient pas rigueur, ce qu’il dit du jazz est un chant joyeux et salvateur qui passe en revue pianistes, batteurs, bassistes, chanteurs au panthéon desquels on trouve Duke, Lionel Hampton, Charlie Parker, Jaco Pastoris et même des noms plus obscurs dans le milieu du jazz comme le trompettiste June Miyake ou les guitaristes Yoram Silberstein ou encore Emily Remler.
Chant joyeux, ouvert et généreux partage, ce petit éloge du jazz ne prétend à rien d’autres qu’à exprimer une forme de joie et de liberté bien communicatifs. Ceux qui aiment le jazz apprécieront, les autres s’y plongeront avec le délicieux frisson des premières fois. Jean-Marc Gelin
SORTIE CONCERT DU CD les 28 et 29 septembre à 21H30 au SUNSIDE (PARIS)
Elégant et inspiré, voilà HYMN, le dernier album du contrebassiste Jacques VIDAL qui revient à la composition après s'être laissé prendre, immerger même dans l'univers du grand Mingus, son maître et inspirateur. On se souvient de ses précédents albums sur le compositeur homme-orchestre qui nous avaient émus avant même de nous enthousiasmer. Quand on a joué avec de tels acolytes, on ne saurait trop s'en éloigner. Ils constituent un duo "flesh and bone" plus que bienvenu.
Jacques VIDAL a écrit pour chacun de ses complices, réintroduit avec goût un piano dans son orchestre, avec le soutien ferme de Richard TUREGANO ( "Miles"), et s'est adjoint le vigoureux et intensément présent Philippe SOIRAT, comme alter ego de la paire rythmique.Il nous offre quand même l'occasion de savourer son instrument dans tous les contextes, affirmant une dimension narrative et émotionnelle toujours présentes.
Une variation parfaite en solo sur le thème d'"Alice" permet en effet à Jacques Vidal de révéler la beauté intacte et profonde de sa contrebasse, puissante, boisée, résolue du funky blues final à une suite façon Bach. Il sait chanter la mélodie, duettiser avec brio, rejoindre le piano quand il s'agit d'accompagner. En dépit de la variété des tonalités et des teintes, l'album a une homogénéité certaine et il y souffle toujours l'esprit de la figure tutélaire comme dans cette délicate et nostalgique ballade dont le titre nous éclaire sur cet amour qui n'en finit pas "Charles Mingus Sound of Love", une rêverie fondante dans laquelle le seul qui puisse vous entraîner les yeux fermés est l'incisif, brillant et ardent à la fois saxophoniste, pourtant serré de près par le tromboniste. Sice deuxième titre nous envoûte autant, va t-on garder ce niveau d'exigence et de beauté? "Spirit" qui suit, reste sur les mêmes hauteurs, affirmant avec superbe la dimension orchestrale du groupe, apte à privilégier aussi les divers apartés en duos, trios, non moins captivants. La musique parvient à toucher car dans sa complexité heureuse, elle reste très immédiate.
Offensifs sans jamais être agressifs, modernes sans renier le(s) père(s), tous se livrent avec vérité, avec une fougue délicieusement tempérée, frémissante.
Cette leçon en onze titres, jamais démonstrative, insufffle une effervescence toujours porteuse de sens et de vertus formelles; c'est définitivement la "jazz attitude" qui nous plaît!
Venu au monde en 1986, au sein d’une famille modeste d’un petit village de la région napolitaine (Ariano Irpino), Luigi est tombé très tôt dans la marmite … plus précisément lorsque son père lui offrit un album de Charlie Parker pour ses cinq ans dont l’écoute, magique, lui fit dire : c’est ça que je veux faire !!! La maison était certes modeste, mais les parents, sans être musiciens, étaient amoureux de musique au point d’avoir accumulé une collection de quelques huit cents à mille disques, et le gamin et son frère cadet de deux ans, Pasquale, futur guitariste, ont eu très tôt l’occasion d’affuter leurs oreilles. Et puisque l’on parle d’oreille, c’est son premier professeur (intermittent) de musique, oboïste local, (n’oubliez jamais que nous sommes en Italie, un pays où la musique est dans les gênes !), qui détecta chez lui l’Oreille Absolue, découvrant sa capacité à dire et chanter les notes d’un morceau simultanément à son écoute. Les deux enfants eurent bien quelques cours théoriques de musique dispensés par de rares professeurs locaux, mais leur seule pratique du jazz pendant de nombreuses années fut autodidacte, se résumant à jouer en solitaires sur les disques du foyer, et Luigi insiste sur l’aspect magique de cette découverte et de cette pratique.
Un peu plus tard, La rencontre avec deux musiciens pédagogues sera primordiale : Agostino di Giorgio, Guitariste américain, (élève de Chuck Wayne), revenu s’installer en Italie, du côté de Rome, qui va lui donner ses premiers cours d’harmonie (Luigi a 10-11ans) et lui recommandera d’aller suivre l’enseignement du grand pianiste bop Barry Harris. La relation avec ce dernier sera très forte, initiée en Suisse, où ses parents l’emmènent suivre les masters classes du Maître, poursuivie à New York, lors de son premier passage (1999) puis tout au long des années, Luigi assurant la traduction italienne des masters classes de Barry en chaque occurrence où celui-ci le sollicite.
Entretemps, La participation aux stages (clinics) de l’université de Berklee, dans le cadre de l’Umbria Jazz festival à Pérouse, en 1997, (l’année de ses 11 ans) lui permet d’obtenir une bourse pour aller étudier à la Berklee University de Boston, où on l’accueillera avec tout le respect du à son jeune talent. Mais, pour des raisons familiales et de revenu évidentes, il ne peut encore s’établir aux États-Unis … ce n’est que partie remise.
La théorie le rattrape en 2002, au conservatoire Giovanni Martini de Bologne, où il étudie plus formellement l’écriture, le contrepoint et l’orchestration classiques, complétant sa formation jazz initiale : le parcours est donc un peu atypique, mais petit à petit, toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Partant, il ne peut que remercier ses parents de l’avoir soutenu dans ce long chemin, en suivant leur instinct et leurs intuitions, avec la confiance du cœur, en faisant des choix qui n’étaient pas évidents pour eux, non musiciens. Lorsqu’il a 16-17 ans, son père lui dit : « Maintenant tu es grand, tu peux évoluer tout seul, tu n’as plus besoin de nous, mais nous serons toujours là, bien sur !’ »
_____________________
Son premier instrument d’amour : le saxophone alto, pour lequel, comme il est encore trop petit, (il a cinq ans), son père lui construira un praticable, pour qu’il puisse poser son instrument et en jouer. De fait, à ce jour, il a pratiquement joué tous les saxophones , se mettant aux soprano, ténor, sax en fa, C-Melody, à partir de 10-11 ans et plus tardivement, vers 20 ans, au baryton, (instrument onéreux). Le premier amour reste pour l’alto, peut-être parce qu’avec moins d’efforts (ou plus de facilité) c’est l’instrument avec lequel on est devant. « Le baryton c’est plus compliqué, dit-il, ça permet de t’interroger sur la musique d’une façon différente, complémentaire de l’alto, L’instrument pouvant amener vers une chose ou une autre. Le baryton donne une inspiration sonore très différente, qui est aussi un geste : ce n’est pas évident d’avoir le même geste sur deux instruments aussi différents ». Vers 15-16 ans, l’étude du piano lui a aussi beaucoup apporté. ______________________
A la question : Quelles sont tes plus grandes influences musicales, toutes confondues ? il répond sans hésiter : ‘Les trois B’ : Bach, Bird et Brahms. Choix forcément réducteur mais qui résume l’essentiel.
Charlie Parker, Le disque de ses 5 ans : c’est l’illumination !
Bach, (pour lequel l’influence formatrice de Palestrina rend Luigi très fier de son pays), pour l’architecture, la profondeur, et le rôle de passeur de la musique de la Renaissance et du XVIIème siècle vers la musique moderne. La Passion selon Saint-Mathieu est un chef-d’œuvre toutes musiques confondues : c’est intemporel.
Brahms, pourtant grand virtuose du piano, qui a toujours préféré privilégier ses talents de compositeur, à une période où la musique changeait profondément, alliant la tradition et le révolutionnaire, les symphonies, la musique de chambre, le romantisme. À une époque où Wagner transforme le paysage, Brahms reste lié à une forme beaucoup plus classique, mais avec une respiration très romantique, par comparaison à Bach ou Beethoven, son idole – dont il dira même qu’il n’a pu composer de symphonie que très tard, car il avait un monstre sur les épaules ! -.
Et, s’il fallait en rajouter un : Ravel, pour ce son limpide, cristallin, plus latin. Son quatuor est l’une des plus belles pièces écrites de l’histoire de la Musique (un premier thème en fa majeur, un deuxième en ré mineur, très respectueux de la tradition, mais avec une esthétique, une respiration et des choix sonores qui sont très modernes).
En musique (comme disait Proust pour la littérature) on a le plaisir d’apporter son univers, mais en respect de l’Histoire : on ne construit pas sur du sable. Il est très difficile d’inventer quelque chose, c’est réservé aux génies, et surtout … on ne (le)décide pas, ça arrive comme ça : c’est arrivé pour Armstrong, pour Bird, pour Trane, pour Bach, … etc, et même pour Schoenberg, lorsqu’il arrive à cette conclusion de l’épuisement de la tonalité sur 7 notes (la tonalité a été poussée à l’extrême par le Romantisme) et imagine le modèle dodécaphonique, ambitieux, (dont il reconnaît lui-même dans ses écrits tardifs que le monde n’était peut-être pas prêt à ça), dans lequel il détruit le système harmonique tonal, mais de l’intérieur, après avoir épuisé la connaissance presque totale du système : son raisonnement reste basé sur l’historique de la musique. C’est un peu le même type de mécanisme évolutif que l’on observe entre le Coltrane des débuts, proche du style de Lester Young, puis de Dexter Gordon, puis avec un chanteur de Blues et le Coltrane tardif d’Ascensions’.
_______________________
À la question ‘Depuis les années 2010 et ton installation à Paris, tu assures une activité pédagogique tous azimuts, Master Classes en Europe et aux Etats-Unis, Professeur de saxophone dans des conservatoires municipaux de Paris (CMA9, CMA17), au CRR de Paris, au Pôle Supérieur de Paris et Boulogne Billancourt (PSPBB). Tu diriges aussi le projet ‘POP UP THE JAM’ initié par Buffet-Crampon : de quoi y est-il question ?
Ce projet consiste à donner l’opportunité à des jeunes musiciens de profiter d’un environnement plus professionnel, en essayant de créer une communauté, une pépinière de jeunes talents qui se forment, se confrontent, échangent, de recréer une espèce de compagnonnage avec des musiciens professionnels, tel que celui-ci a pu exister dans les années 50 et le jazz d’après-guerre. La note est trop focalisée sur l’individu aujourd’hui. C’est l’occasion de créer un pole d’échanges. J’ai eu la chance d’habiter New York, longtemps, et puis l’Europe, de côtoyer, jouer avec et partager l’expérience de grands musiciens, pour beaucoup disparus, (Frank Wess, Hank Jones, Ray Brown), pour d’autres toujours présents (Barry Harris …) pour lesquels l’échange, le ‘Sharing’, la transmission, étaient et sont essentiels. Ce contexte est beaucoup plus fort aux USA qu’en France et en Europe à l’heure actuelle (et je vis à Paris depuis presque dix ans maintenant). L’essentiel étant de ne pas se perdre dans un rêve irréalisable, mais de faire en sorte que les choses puissent aller vers notre rêve. C’est aussi dans ce sens que j’enseigne depuis une dizaine d’années dans les conservatoires parisiens, au CRR et au PSPBB, et j’ai pu entrainer beaucoup de jeunes musiciens dans quelques-uns de mes projets (en particulier dans mon dernier disque) ou des projets d’autres musiciens : c’est un engagement de chaque instant.
____________________
À la question : La notion d’album a-t-elle encore un sens pour les musiciens ? Et que penses-tu de la consommation musicale actuelle, en particulier celle des jeunes ?
L’album cristallise une période dans l’évolution artistique d’un musicien. Faire un disque c’est une gestation, l’aboutissement d’un projet. Le problème est qu’il est plus difficile aujourd’hui de dire bon, on rentre en studio, deux jours, et on enregistre … parce que les musiciens jouent moins ensembles, et moins souvent ! Par exemple Hank Jones : son bar favori était son bureau où on pouvait l’appeler pour demander s’il était libre pour venir jouer; et s’il ne le pouvait pas, il recommandait d’appeler Tommy, (Flanagan), qui pourrait surement, ou un autre collègue. C’est une époque où c’était possible, où les musiciens jouaient 15 fois par semaine, ensembles ! sur les 15 fois, il y avait au moins 6/7 gigs où c’était le même batteur ou le même bassiste ou les deux. Les choses sont différentes aujourd’hui, et l’on profite plus d’opportunités de tournées internationales pour se croiser et profiter de l’occasion pour enregistrer.
Le rapport à l’objet disque, vinyl en particulier, est important. Son écoute est aussi importante que l’objet … et pas en musique de fond. Il est essentiel, une fois par jour, de prendre ¾ d’heure/1 heure dans son canapé et d’ÉCOUTER ! et parfois le même disque pendant tout un mois. Je n’ai pas d’écouteur chez moi ! Je serais incapable d’écouter de la musique en tranche ou en bruit de fond.
________________________
Avec quels musiciens voudrais-tu ou aurais-tu aimé jouer , vivants ou disparus ??? Mon trio de rêve : Monk-Blakey-Pettiford.
Un endroit où tu aimerais vraiment jouer : Carnegie Hall.
Trois souhaits : Etre en bonne santé, dans ma famille et Heureux ! Le reste est accessoire.
______________________
Les principales étapes :
1991 : l’Illumination ! 1997 (à 11 ans): les stages de l’université de Berklee, à l’Umbria Jazz festival, puis une victoire à la compétition internationale de jeunes talents ‘Bravo Bravissimo’, qui lance sa carrière jazz professionnelle dans le cadre européen. 1999 : son premier album « A Love Supreme »; l’enseignement d’Agostino di Giorgio et de Barry Harris. 2002 : le conservatoire Giovanni Martini de Bologne. 2007/2009 : l’installation à New-York. 2010 : l’installation à Paris et l’activité pédagogique. 2010 et suivantes : l’Éclosion.
___________________________
Repères Discographiques :
En Leader ou co-Leader :
1999 : Luigi Grasso & Teo Ciavarella Trio, ‘A Love Supreme’. Java Records.
2001 : Luigi & Pasquale Grasso Groups, ‘Dance of The Infidels’. Lp Records.
2006 : Luigi Grasso / Renato Sellani, ‘Introducing’. Phylology.
2007 : Luigi Grasso / Nicolas Dary, ‘The Plain But The Simple truth’. AP.
2008 : Fat Bros Quintet, ‘Wail’. Freecom Jazz
2012 : Luigi Grasso Quartet, ‘Ça Marche’. Echopolite.
2014 : Luigi Grasso Octet, ‘New York All Stars’ EP. AP
2017 : Ignasi Terraza Trio & Luigi Grasso, ‘Looking Back and Moving Forward’. SWIT Records
2018 : The Greenwich Session by Luigi Grasso, ‘Invitation au Voyage’. Camille Production MS042018CD
En Sideman :
2010 : Gaetano Riccobono, ‘Fino a Domani’. Jazzyrecords.
2010 : Giuseppe Venezia and Friends, ‘Let The Jazz Flow’. SiFaRe.
2011 : Attilio Troiano, ‘Something New’. Sony Music.
2011 : DukeOrchestra / Michel Pastre Big Band, ‘Battle Royal’. Sony Music.
2012 : China Moses & Raphael Lemonnier, ‘Crazy Blues’. Universal.
2012 : Les Sourds-Doués, ‘Vol.1’. Chapeau l’Artiste.
2013 : Nicolas Dary Septet, ‘L’Autre Rive’.Gaya Records.
2014 : Pierre Boussaguet Septet, ‘Le Semeur’. Jazz aux Remparts.
2015 : Dominique Magloire, ‘Traveling Light’. Gospel sur la Colline.
2016 : Laurent Marode Nonet, ‘This Way Please’. Sunny Side Up.
2016 : Joan Chamorro, ‘Presenta Juan Mar Sauqué’. Jazz to Jazz.
2017 : China Moses, ‘Nightin Tales. MPS Records
2018 : Géraud Portal, ‘Let My Children Hear Mingus’. Jazz Family JF047
Avec Stéphane Lerouge. Editions Fayard.366 pages. 24,50 euros.
Prodige prolixe, protéiforme. Tel est Michel Legrand. A 86 ans, il n’a perdu ni sa vivacité ni son âme juvénile. « J’espère ne jamais devenir ce que l’on appelle froidement un grand professionnel », confie le compositeur aux 160 musiques de films dans un récit de sa vie (J’ai le regret de vous dire oui). Cet automne le verra à la « une » de l’actualité avec deux événements, la sortie du film posthume d’Orson Welles, tourné entre 1970 et 1976, et enfin monté « The Other side of the wind » (le 2 novembre sur Netflix et en salle aux Etats-Unis) et une adaptation scénique de Peau d’Ane pour la réouverture (le 14 novembre) du Théâtre Marigny. Sa méthode de travail ? « Il faut créer en se laissant porter de façon un peu naïve, sans trop se poser de questions d’adulte ». Il oublie les milliers d’heures passées par l’adolescent sous la férule de Nadia Boulanger, cinq années durant au Conservatoire de Paris. Le succès arrivera vite pour le jeune compositeur : des chansons (à commencer par La valse des lilas), des orchestrations, des arrangements qui lui ouvrent la voie du marché américain. Il a seulement 26 ans quand Columbia, qui a fait recette aux USA avec son album I Love Paris, lui donne carte blanche pour un enregistrement de jazz : ce sera Legrand Jazz avec Miles Davis, John Coltrane, Ben Webster, Phil Woods… Suivront des albums avec Sarah Vaughan, Stéphane Grappelli, Stan Getz . Hélas, une maladie fatale empêchera Bill Evans de concrétiser ses projets avec celui qui est devenu « Big Mike mais il retrouvera Miles pour le film Dingo, sorti en 1992 après la disparition du Prince des ténèbres. Tout au long de près de sept décennies de carrière, le jazz aura toujours été au cœur des créations de Michel Legrand, ne serait-ce que dans ses deux chef d’œuvre réalisés véritablement à quatre mains avec Jacques Demy (les Parapluies de Cherbourg et les Demoiselles de Rochefort). La personnalité même du compositeur aux mille talents est jazz. Tout en fougue, artiste de risques, généreux en notes, peu avare de compliments, prompt à la critique. Cette autobiographie lui permet de tresser des louanges (Nadia Boulanger, Barbra Streisand, Jacques Canetti, Shelly Manne, Boris Vian, Françoise Sagan…) et de dire ses quatre vérités (Godard, Boulez, Douste-Blazy, Melville, Drucker…) Mais au-delà des anecdotes, « J’ai le regret de vous dire oui » donne au lecteur l’occasion de parcourir allègrement une carrière musicale rare menée au grand galop.
Jean-Louis Lemarchand PS : Stéphane Lerouge qui réalise chez Universal Music France la collection Ecoutez le cinéma travaille depuis 25 ans avec Michel Legrand sur ses rééditions phonographiques.
Au Carré des Coignard, dans le bel hôtel particulier du même nom, une exposition retrace l'arrivée du jazz en France, d'une guerre à l'autre.
En trois salles, avec photos, livres, affiches, revues, partitions et disques rares, et en musique, un aperçu de l'émergence de la musique syncopée afro-américaine (ce que l'écrivain suisse Charles-Albert Cingria appelait 'le syncopé anglo-nègre', selon les usages du vocabulaire de l'entre-deux guerres).
Cela commence dès avant la première guerre mondiale avec la popularité du cake walk et du ragtime, se poursuit par le débarquement de l'orchestre militaire de James Reese Europe à Brest fin décembre 1917, puis avec la présence des grands jazzmen américains entre les deux guerre, et l'émergence d'un jazz d'ici .
De Julien Porret et Grégor et ses Grégoriens, jusqu'au Quintette du Hot Club de France.
Entre autres curiosités un fac-similé des bulletins d'adhésion de Charles Delaunay et Boris Vian au Hot Club de France.
Xavier Prévost
L'expo a été conçue par l'Association CEMJAZZ de Chevilly-Larue. Elle se terminera le 23 septembre.
Les 15 & 16 septembre, pour les Journées du Patrimoine, ouverture de 10h à 12h et de 14h à 19h ; il y aura des visites guidées à 15h et 17h.
Au autres dates ouvert du mardi au dimanche de 15h à 19h, entrée libre.
Renseignements : 01 43 24 63 65
Carré des Coignard, 150 Grande Rue Charles de Gaulle, 94130 NOGENT-sur-MARNE
C'est à quelques centaines de mètres de la station de RER Nogent-Le Perreux, sur la ligne 'E', direction Villiers-sur-Marne et Tournan.