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6 juillet 2018 5 06 /07 /juillet /2018 07:52

 

John Hébert, basse, Eric McPherson, batterie. Flagey Studio 4. Bruxelles. 24 novembre 2017. Palmetto Records/ Bertus Distribution.

 

 

Reconnaissance bien méritée : Fred Hersch, qui joua dans un club parisien désert voici trois-quatre ans, tient l’affiche de quelques festivals qui comptent cet été : Marciac –dans la salle de l’Astrada, et donc dans des conditions acoustiques « humaines », La Petite Pierre et Ramatuelle. Gageons que le pianiste se montrera à son avantage comme au cours de cette tournée européenne automnale qui le vit remplir deux soirs consécutifs le Sunside de la Rue des Lombards. L’enregistrement réalisé en direct quelques jours plus tard à Bruxelles conforte l’opinion du chroniqueur présent au club parisien. Fred Hersch exprime une joie de jouer qui n’a d’égal que sa complicité avec ses deux comparses rythmiques (John Hébert, basse et Eric McPherson, batterie). Il nous confiait alors (les DNJ du 27 novembre 2017), sa sérénité : « J’ai pas mal d’énergie, un merveilleux groupe depuis maintenant 8-9 ans. Oui, assurément, c’est tout bon pour moi. » Dans de telles conditions de confiance, le pianiste laisse parler ses émotions dans des hommages à John Taylor (Bristol Fog), confrère britannique disparu à l’élégance rare, et Sonny Rollins (Newklypso) avec un clin d’œil aux rythmes des Caraïbes. Wayne Shorter figure aussi au répertoire (Miyako, Black Nile) et bien entendu Monk (We See, Blue Monk) qui clôture chacun des concerts du pianiste. « Même si sa touche et la mienne sont très différentes, je pense, nous disait-il  également, que j’honore ses compositions, en faisant passer sa musique par mon filtre personnel » . Voici un filtre qui, à notre humble avis d’amateur,  laisse passer l’excellence
Jean-Louis Lemarchand
Fred Hersch .En concert cet été. Juillet : 11, Istanbul ; 14, Rotterdam, North Sea Jazz Festival ; 15, Ronnie Scott’s- Londres ; 18 Vitoria ; 19 Almuñécar. Août : 10 Marciac, 11 Anvers, 13 et 14, La Petite Pierre (Alsace), 16 Oslo ; 18, Ramatuelle, 25, Annecy.
http://www.fredhersch.com/

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3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 22:42

Sinatra a un rhume, Gay Talese. Editions du Sous-Sol. Mai 2018. 320 pages. 22 euros. Le livre comprend également divers portraits :  Mohamed Ali, Joe Louis, Floyd Paterson, Peter O’Toole…


Le titre interpelle. Bien vu comme accroche. Frank Sinatra has a cold, portrait du crooner éternel, date de 1966. Publié dans le magazine Esquire, commande au journaliste Gay Talese, il ressort aujourd’hui à l’occasion des 20 ans de la disparition du chanteur de Hoboken (1915-1998). Une quarantaine de pages qui régalent, joyau du « Nouveau journalisme » où le récit regorge de choses vues, transformant le lecteur, plus d’un demi-siècle après, en témoin direct de Frank Sinatra aux tables de jeux d’un casino, dans les bars, les studios d’enregistrement. (Extrait : « Le voilà devant l’orchestre, claquant des doigts, dans une pièce intime et hermétiquement close. Bientôt, il domine tout, les hommes, les instruments, et aucune onde musicale, si petite soit-elle, n’échappe à sa maîtrise »). Ses amis, ses connaissances s’expriment –une centaine de personnes interrogées- mais jamais lui, le héros de l’histoire, préoccupé par un rhume et refusant finalement l’entretien pourtant convenu entre l’attaché de presse du chanteur et la rédaction en chef du magazine. Gay Talese (aujourd’hui âgé de 86 ans) mènera une enquête en Californie de cinq semaines, dépensera 5000 dollars en notes de frais et précise-t-il dans une préface inédite, mettra six semaines de retour à New-York pour écrire cinquante cinq feuillets sur la base de deux cents pages de notes. (ndlr : heureuse époque où les journaux donnaient du temps aux journalistes pour rédiger un sujet de fond.) Ecrit sans affect, ce portrait séduit, émeut et surtout révèle des clés pour approcher-appréhender- la véritable personnalité d’une star qui  respectueux de ses parents comme dans toute famille sicilienne (Frank Sinatra 100, Charlie Pignone. Fonds Mercator.2015) n’avait pourtant pas écouté son père, natif de Catane  «  Tu veux devenir chanteur ? avait-il dit au jeune Francis Albert, tenté par la carrière. Tu veux avoir un travail décent ou tu veux être vagabond? ».
Jean-Louis Lemarchand
 

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 11:20

JAZZ & PEOPLE 2018

Olivier Bogé (as), Christophe Panzani (ts), Pierre Perchaud (g), Nicolas Moreaux, (cb, compos), Karl Jannuska et Antoine Paganotti (dms)


Pour qu’un joueur comme Mbappe se distingue comme l’un des meilleurs jouer du monde, il faut que derrière lui il y ait un collectif de haute volée. En jazz, c’est la magie de cette musique, c’est pareil il n’y pas de leader si derrière il n’y a pas un groupe exceptionnel.
Ne tournons pas autour du CD, l’album de Nicolas Moreaux est l’un des plus bel album qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. Je ne tergiverse pas et j’assume ! Après le précédent album (« Fall somewherere » - Fresh Sound NT) le contrebassiste qui signe les compositions de « Far Horizon », a écrit pour cet album une musique qui colle à la peau de ce groupe où chaque membres se connaît à la perfection. Tout y est. Depuis plusieurs années ces musiciens jouent ensemble, dans des formats différents qui fait ce qui se produit de mieux aujourd’hui. Il faut les entendre dans  Fox ou dans The Watershed où l’essentiel de la musique est improvisée sur scène, pour comprendre à quel haut niveau d’interaction, d’interactivité, de télépathie ils sont arrivés. Tirs au sommet au même moment.
On sent dans leur musique tout l’amour qu’ils portent à quelques légendes américaines, comme la musique de Paul Motian, peut être une pointe de Rosenwinkell et un soupçon sur un autre registre, celle de Chris Cheek. Ils portent en effet avec eux ce jazz qui distille une pointe de nonchalance aérienne qui se promène dans l’espace (To blossom), insuffle un groove toujours délicat ( Sister soul) et une pop élégante ( ( I’ve seen you in me).
Oui, ce groupe pue le jazz à plein nez ! respire jazz ! Inspire et expire le jazz ! Souffle l’air du jazz !
On aurait bien du mal à choisir tel ou tel morceau. Chacun fait office de petit chef d’oeuvre sur lequel flotte cette âme insaisissable du groupe. Olivier Bogé et Christophe Panzani se complètent à merveille, entrelaçant leurs lignes fluides. Pierre Perchaud, comme toujours apporte une lumière à la fois complexe et un supplément de groove et de feeling. L’association de deux batteries, est un choix qui peut paraître surprenant à l’écoute de l’album. Si l’on entend pas toujours le dédoublement, en revanche ( à ce que l’on m’a dit) la version concert est exceptionnelle.
 
La musique de Nicolas Moreaux est à la fois intelligente, fluide et complexe, émouvante aussi ( Bird symbolic). Elle est surtout d’une richesse musicale rare !
Une merveille !
Jean-Marc Gelin

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 11:15
THE JAMIE SAFT  QUARTET      BLUE DREAM

THE JAMIE SAFT QUARTET

BLUE DREAM

RareNoise Records

Sortie le 29juin 2018

Jamie Saft (p), Bill McHenry (ts), Bradley Christopher Jones (accoustic bass), Nasheets Waits ( dms)


 

On se souvient du dernier Cd de ce pianiste en solo, sorti en février dernier sur le label anglais Rare Records : multi instrumentiste, ingénieur du son, compositeur, accompagnateur de Bobby Previte, Steve Swallow, Roswell Rudd, Dave Douglas, membre important de l'écurie John Zorn (Masada), Jamie Saft n'oublie pas d'être leader et cette fois, il revient avec un album en quartet, intitulé BLUE DREAM.

Comme dans son précédent album, SOLO A GENOVA, premier solo après 25 ans, où il se réinventait en faisant retour vers la musique américaine, "exemple d'art positif et avant-gardiste  du monde"

Sur les douze compositions, neuf sont de son fait et permettent à son groupe d'improviser, de donner la pleine mesure de son talent avec un Nasheet Waits impérial qui peut brosser des arrière plans doux et soyeux, impressionnistes ("Words and Deeds") mais aussi user d'un drive des plus énergiques. Jamie Saft se livre aussi à une relecture de thèmes qui lui sont chers, une Americana sur mesure, influencée par le patrimoine historique musical nord-américain. On touche en quelque sorte à l'Adn de ce musicien marqué par la vitalité, la pulsation, un goût réel des musiques populaires ( "Sweet Lorraine"ORR. 

Avec un hommage, dès l'ouverture,  avec la composition originale "Vessels", à l'esprit du quartet Coltrane début années soixante, ou encore dans le splendide "Infinite compassion", le pianiste se souvient du passé dans l'exquis "Violet for furs" et parvient à restituer cet esprit mainstream, classique et si nostalgique. Le "Blue dream" qui suit, qui n'est pas un standard, s'intègre parfaitement à l'esprit du jazz : les musiciens connaissent leurs repères et savent s'en affranchir délicatement par une "mise à jour" intelligente.

Si ses modèles pianistiques sont Bill Evans, T.S Monk, Saft arrive à chercher et trouver sa liberté dans les nuances, la progression dynamique, le bouillonnement de son inspiration. Il laisse ses partenaires, bien choisis, suffisamment autonomes, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Changements de tempi soudains, clarté et swing intriqués (   "Sweet Lorraine"), suavité des ballades au ténor, voilà une parfaite illustration d' une interactivité réussie, au lyrisme sobre, avec une expressivité jamais dépourvue d'émotion. Un album plus qu'agréable à découvrir, rafraîchissant en ce début d'été.

Sophie Chambon

 

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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 16:00

 

Franck Tortiller (vibraphone, compositions, arrangements), Pierre Bernier (saxophones ténor & soprano), Maxime Berton (saxophones alto & ténor), Abel Jednak (saxophone alto), Joël Chausse (1ère trompette, bugle), Rémy Béesau (trompette, bugle), Tom Caudelle (saxhorn, flugabone), Léo Pellet (trombone), Yovan Girard (violon, voix), Pierre-Antoine Chaffangeon (piano électrique), Pierre Elgrishi (guitare basse), Vincent Tortiller (batterie)

Sceaux, 11-19 novembre 2017 & Auvers-sur-Oise, 19-21 novembre 2017

MCO 06 / www.labelmco.com

 

L'orchestre est le prolongement d'activités antérieures de Franck Tortiller. Après avoir créé et fait vivre l'OJJB (Orchestre des jeunes jazzmen de Bourgogne, entendu encore en juillet dernier au festival de Couches), le vibraphoniste-compositeur rassemble une partie de ses membres dans ce nouveau projet, rôdé en février à la Scène Nationale Les Gémeaux de Sceaux, où Franck Tortiller concluait une résidence de plusieurs saisons. Avec le renfort d'un musicien chevronné, Joël Chausse, dans la fonction de premier trompette, le leader embarque cette nouvelle génération majoritairement bourguignonne (comme lui) dans un répertoire qui privilégie le groove, sur une solide assise rythmique. La musique mêle les échos du présent et l'indispensable référence au passé (Hobo Ho, de Mingus, millésime 1971), avec aussi une combinaison subtile du flow des spoken words (vrai talent de Yovan Girard, qui signe les textes, dans ce registre) et des combinaisons harmoniques d'arrangement 'à l'ancienne'. On sent que Franck Tortiller n'a pas oublié (et à juste raison) sa longue participation au Vienna Art Orchestra de Mathias Rüegg, ce qui ne l'empêche pas d'évoquer l'univers du génial «On The Corner» de Miles Davis (Up and standing). Les solistes sont à la hauteur, les compositions et arrangements conjuguent efficacité et raffinement, et l'on se trouve en présence d'une indiscutable réussite, soutenue pour l'enregistrement par la collection MFA (Musique Française d'Aujourd'hui), et accueillie au sein du collectif Grands Formats. A découvrir d'urgence, sur CD, et aussi dès juillet en concert.

Xavier Prévost

 

L'orchestre jouera le 5 juillet au festival 'Jazz à Couches' (Saône-et-Loire) et le 7 juillet au 'Paris Jazz Festival' (Parc Floral de Paris, Bois de Vincennes). Puis en septembre à Rentilly (Seine-et-Marne), en octobre à Reims et Sceaux, et en novembre à Nevers.

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=cpsUJcb8Ljk

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23 juin 2018 6 23 /06 /juin /2018 10:45

Ça commence dès ce soir, samedi 23 juin, à 19h, avec le concert du quartette de Daniel Humair enregistré le 9 juin.

 

Et cela se poursuit tout au long de l'été, en semaine, à 23h

2 juillet : Matthieu Donarier Trio 'Papier Jungle'

3 juillet : Caratini Jazz Ensemble '20ème anniversaire'

4 juillet : Stefano Bollani 'Napoli Trip'

5 juillet : Hervé Sellin All Stars 'Thelonious Monk Orchestra at Town Hall 1959'

6 juillet : Bill Frisell 'Music For Strings'

9 juillet : Claudia Solal / Benjamin Moussay 'Butter in my brain'

10 juillet : Enrico Pieranunzi Trio

13 juillet : Vincent Lê Quang Quartet

23 juillet : Pierrick Pédron Quartet

24 juillet : Daniel Zimmermann Quartet

25 juillet : Henri Texier 'Sky Dancers Sextet'

26 juillet : Médéric Collignon & Le Jus de Bocse + EuTéPé, l’Ensemble de Trompettes de Paris

6 août : Un Poco Loco 'Feelin’ Pretty'

7 août : nOx.3 & Linda Oláh 'Inget nytt'

8 août : Angelo Debarre / Marius Apostol 'Gipsy Unity' Quintet

10 août : Eric Prost / Jean-Charles Richard Quintet 'L’Équilibre de Nash'

13 août : Antoine Boyer & Samuelito

14 août : Frédéric Couderc Quartet 'Hommage à Roland Kirk'

16 août : Emile Parisien / Vincent Peirani duo

17 août : Thomas de Pourquery 'Supersonic'

 

et 3 concerts des saisons précédentes non diffusés en raison des grèves

20 août : Matteo Bortone 'Travelers'

21 août : Jean-Christophe Cholet / Alban Darche / Mathias Rüegg 'Le Tombeau de Poulenc'

22 août : André Villéger / Philippe Milanta

 

Bientôt sur Les Dernières Nouvelles du Jazz des infos sur les autres concerts de jazz de l'été sur France Musique

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22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 13:02

 

Sous le titre générique 'A Night At The Winery', le label Cam Jazz (Harmonia Mundi) a suscité six soirées de concerts, du 5 au 10 juin 2017, dans les chais et caves de six vignobles de la région Vénétie-Frioul Julienne. Ce territoire italien, qui jouxte la Slovénie, est réputé pour sa vigne, et notamment pour ses vins blancs. Belle occasion de convier des jazzmen (pas de jazzwomen, pourtant j'en connais qui aiment et connaissent le vin....) à s'exprimer dans ces lieux de culture et de mémoire. Du solo au trio, des propositions musicales très personnelles (et très diverses).

A tout seigneur tout honneur, commençons par écouter Enrico Pieranunzi («Wine & Waltzes»), lequel a chois des valses personnelles, parfois sur les harmonies du blues, parfois avec un fort parfum romantique : vibrant, inspiré, recueilli mais joyeux : un régal.

 

Viennent ensuite des duos, parfois trans-nationaux, parfois italo-italien. Le cosmopolite Roberto Taufic (Honduras, Brésil, avant de choisir l'Italie) dialogue à la guitare ave le clarinettiste Gabrielle Mirabassi, natif de Pérouse mais qui apparemment ne craint pas le Nord (de l'Italie). Leur duo («Nítido e Obscuro») oscille entre langueurs brésilienne et mélancolitalienne , avec quelques beaux éclats rythmiques, autour d'une grille de blues dévoyée notamment. Intime et subtil.

 

L'argentin Javier Girotto, qui a lui aussi choisi l'Italie, improvise au saxophone en compagnie du pianiste classique Michele Campanella («Vers la grande porte de Kiev»). Au menu Stravinski (Tango), Rachmaninov, et pour l'essentiel Moussorgski, avec un parcours très personnel dans Les Tableaux d'une exposition. Hybridation très réussie, entre le lyrique saxophoniste et le pianiste buissonnier, qui manifestement se réjouit de cette complicité scellée dans le vignoble Jerman, du nom d'un Autrichien qui au dix-neuvième siècle planta ses ceps en Slovénie avant de prendre racine dans le Frioul. 

 

Encore un duo, cette fois totalement autochtone, encore que le guitariste vénitien Federico Casagrande vive désormais... à Paris, et que son complice saxophoniste, Francesco Bearzatti visite souvent notre beau pays. Leur disque («Lost Songs»), est une balade empreinte de mélancolie parmi les compositions du saxophoniste : poétique et profondément musical.

 

Viennent cette fois les trios, et d'abord celui qui associe Claudio Filippini (claviers, voix), Andrea Lombardini (guitare basse) et le batteur U.T. Gandhi, dont le patronyme ne laisse pas deviner qu'il est natif du Frioul. Une fusion un peu soul, tendance années 70, joliment troussée, mais qui n'a pas touché le chroniqueur (un peu sectaire peut-être ?) autant que les autres CD de la série.

 

Et pour conclure, le dernier mais non le moindre : un trio qui associe le percussionniste turinois Michel Rabbia à deux français amoureux de l'Italie : Régis Huby au violon, et Bruno Chevillon à la contrebasse. Un disque intitulé « Reminiscence », et un répertoire signé des trois, et que l'on devine improvisé, mais dont la forme et les développements rappellent le meilleur des musique contemporaines écrites : le miracle du talent, du travail, de la concentration, de l'empathie et de l'extrême complicité. Bref pour ces funambules de l'improvisation (qui sont aussi des compositeurs), une étape de plus dans un parcours qui fait honneur à la musique (très) vivante.

Xavier Prévost


 

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19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 20:46

Ray Charles. Frédéric Adrian.

Castor Astral. 256 pages.14 euros.


Lui qui ne laissait rien au hasard, Ray Charles, avait pris soin de rédiger, en 1978, son autobiographie, Brother Ray (avec l’aide de David Ritz) et, toujours soucieux de ses intérêts, fixé le montant (confortable) de ses droits d’auteur. Des informations de ce type, la biographie rédigée par Frédéric Adrian en regorge. Elles éclairent la personnalité, forte et indépendante, du Genius, dès ses premières années jusqu’à son dernier souffle le 10 juin 2004 dans sa soixante-quatorzième année. Chacun connaît le parcours du chanteur d’Albany qui conduisit sa carrière d’une main ferme et conquit la planète avec cet hymne à son état natal, Georgia on My Mind, ou encore Hit the Road Jack ou What’d I Say, tubes des années 60-70. Le biopic de Taylor Hackford sorti sur les écrans peu après le décès de son sujet avait apporté un éclairage assez fidèle sur la vie du Ray (avec Jamie Foxx dans le rôle-titre). Avec méticulosité, Frédéric Adrian, auteur aguerri de biographies (Otis Redding, Stevie Wonder, Marvin Gaye), suit quasiment au jour le jour un artiste énergique, pugnace, surmontant la perte de la vue à son plus jeune âge, qui n’hésite pas à évoluer dans tous les genres musicaux et à discuter pied à pied avec les magnats de l’industrie discographique et du showbiz. Aucune des aventures, musicales (fan de Nat King Cole à ses débuts et interprète de country dans les années 90) et personnelles (ses conquêtes féminines, ses addictions, ses opinions politiques, plutôt œcuméniques) n’est laissée de côté dans cette chronique chronologique du pianiste, chanteur et saxophoniste. Une vie passée au scanner. Un ouvrage à consulter et à conserver près de sa collection de disques de Ray Charles Robinson,
Jean-Louis Lemarchand

 

 

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17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 16:36

Edyson prod. 2018
Laurence Saltiel (vc), Patrick Villanueva (p), Benoit Dunoyer de Segonzac (cb)


Laurence Saltiel est rare. Trop rare. Et, par là même nous est précieuse.
Il y a déjà une petite dizaine d’année, elle publiait un album dans lequel il était beaucoup question de Bill Evans. Nous entendions alors ses versions de Waltz for Debby ou de My Romance comme jamais nous ne les avions entendu chantées.
Mais depuis ce temps, Laurence Saltiel, très engagée dans la pédagogie à laquelle elle se consacrait corps et âme, avait un peu disparue. Elle revient aujourd’hui en affirmant haut et fort qu’elle est avant tout une grande chanteuse. Et une chanteuse libre, pas prête du tout à se laisser enfermer dans une case de type «  chanteuse de jazz » et hop, emballé c’est pesé.
Car Laurence Saltiel c’est l’amour d’un triptyque indissociable : le chant, la musique et le texte dont aucun de ces trois piliers ne saurait prévaloir sur l’autre.
Qu’elle s’appuie sur les talents de paroliers comme ceux de Lili Chane, qu’elle écrive elle-même les paroles de quelques titres, qu’elle reprenne quelques sublimes titres ( comme le Throw it away d’Abbey Lincoln), qu’elle chante en français, en espagnol ou en anglais, Laurence Saltiel y met à chaque fois son pesant d’âme.
On pleure avec Laurence. On rit aussi avec elle comme sur ce texte drôle et magnifique ( Crime de sang) sorti tout droit d’un univers à la Perec. On jazz avec elle ( Peace again). On s’attendrit à ce très beau et très émouvant texte (Petite Fille) qui mesure le poids des ans passés depuis Waltz for Debby et qui résonne comme l'un des plus bel hommage rendu aux femmes.

Mais avec Laurence Saltiel, la poésie tutoie toujours le swing qu’elle porte comme une seconde peau avec ce mélange de délicatesse, de groove avec un petit air de ne pas y toucher mais qui au final vous fait prendre le beat du bout de la semelle ou en dodelinant de la tête. La richesse expressive de la voix de Laurence Saltiel touche à la perfection, jamais apprêtée et visant au plus juste de l'émotion.
Ses compères font la paire. Benoit Dunoyer de Segonzac maître du tempo et gardien du temple est un compagnon de longue route, tout comme Patrick Villanueva qui ramène son swing élégant.
Ces trois-là sont en phase. En emphase.

Laurence Saltiel chante comme un remède à la mélancolie, comme une façon de dire que toujours la vie, même lorsqu’elle peut nous faire violence, même lorsqu’elle se défend à coup de poings, est belle.
Laurence Saltiel, ivre de vie, est une chanteuse libre, farouchement libre qui prend le vent et nous embarque avec elle.
Jean-Marc Gelin

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16 juin 2018 6 16 /06 /juin /2018 21:57

Jazz Family 2018
Geraud Portal (cb), Cesar Poirier (as), Luigi Grasso ( bs), Quentin Ghomari (tp), Vahagn Hayrapetyan (p), Kush Abadey (dms) + Lauent Courthaliac (p), Joe Sanders (cb)


Manifeste ! Cela sonne comme un manifeste : faisons écouter Mingus à nos enfants ! Let my children hear Mingus. Et puis d’ailleurs, je vais vous dire, pas que les enfants. Les adultes, les ados, les vieux, les mourants et les naissants : du Mingus pour tout le monde !

Faut dire, lorsque l’on entend ce double album hommage au contrebassiste de Nogales ( Arizona) on se dit forcement que la musique de Mingus, ses colères, ses coups de folies, ses coups de génie, ses coups au plexus devraient être obligatoire et pas seulement dans les écoles de musique.

Geraud Portal s’empare de son sujet avec une gigantesque gourmandise rabelaisienne, armé d’une équipe de tueurs prêts à mourir sur la scène du Duc des Lombards à Paris. Enregistré le 15 et 16 décembre 2017, ce concert fait partie de ceux auxquels on regrette amèrement de ne pas avoir assisté. Quel con, j’aurais dû y aller ! Car tout dans cet album tutoie les sommets et l’on pense en un clin d’oeil au Mingus Big Band qui, avec d’autres moyens lui rend un hommage hebdomadaire dans un club de New York.
Ici  une dizaine de titres phares de la mythologie Mingusienne avec ces célèbres titres à rallonge en passant par O lord don’t let them drop that atomique bomb on me, Orange was the color of her dress  then blue silk, the shoes of the fisherman’s wife are some jive ass slippers, mais aussi bien sûr Fables of faubus ou encore Moanin.
Et pour réciter ce bréviaire de la mort qui tue, Géraud Portal et ses acolytes allument la mèche explosive de ces thèmes d’anthologie et renversent le club parisien cul par dessus tête. Gérard Portan en chef de meute, sonne la charge entouré de ses banderilleros prêts planter leur banderilles. Et ça joue grave, et ça envoie du petit bois et ça décape sévère avec un Luigi Grasso en tête qui se montre juste Enoooorme au baryton.
Ce hommage Mingus ne digresse pas, ne triche pas, ne réinvente pas Mingus mais joue tout simplement sa musique avec les tripes et le talent en bandoulière.
Totalement jouissif !
Jean-Marc Gelin

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