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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 14:18
O N J Olivier Benoît Europa Oslo

 

ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ

OLIVIER BENOIT

EUROPA OSLO

ONJ records

Concert à Jazz or Jazz (Orléans) le 21 avril et à la Dynamo de Pantin (Banlieues Bleues) le 22 avril

 

Dernier volet du tour européen des capitales pour l’ONJ d’Olivier Benoît (http://www.onj.org ) en mettant le cap sur une ville nordique, Oslo la Norvégienne. Le mandat du vaillant guitariste s’achève et après Paris, Rome, Berlin, il conduit son équipage plein Nord, dans le droit fil de son projet, à savoir donner à entendre «la forme d’une ville». Au groupe des dix musiciens chevronnés qui l’accompagnent, il faut ajouter la chanteuse Maria Laura Baccarini qui n’est pas pour rien dans le charme élégiaque de ce dernier album. Tout en maîtrisant parfaitement la technique d’une mezzo lyrique (on se souvient de l'avoir découverte dans la Nuit américaine), elle sait s’adapter à cette musique, différente assurément. Moins de puissance mais une conviction transmise d'une voix magnifique qui porte l’orchestre. Elle interprète les mots d’un poète osloïte Hans Peter Blad, tirés de son corpus de poésies qu’il a lui-même traduits en anglais. Soutenue par un espace mental qui laisse parler la musique, son chant imprime une certaine unité à l’album, dont les pistes alimentées par la sourde angoisse que génère l’état du monde actuel, sont  quand même réchauffées par quelques airs plus fougueux soulignant ou contrebalançant des ballades langoureuses. On vogue ainsi dans cette ville, sans doute douce à vivre, dans une belle dérive, sans bagage.

La musique, zébrée d'éclats d'un rock souvent tellurique, dans une tension constante, avec ruptures de rythme, explose de virtuosité, au service d'un jazz urbain, incarné ici par de jeunes musiciens et d’autres (un peu plus) aguerris. Il faudrait les citer tous tant ils sont capables d’enchaîner ces phrases bien en place avec vigueur et invention mélodique. L' écriture du guitariste ménage, dans un alerte entrelacs, respirations et assauts impatients, soignant les nuances dont chacun s’empare en soliste, le moment venu. Une vision découpée comme une architecture dont l’orchestre souligne les contours précisément, sans que cela ne soit froid ou trop contrasté. Juste baigné de cette lumière septentrionale pâle, sans brutalité excessive, inspirante visiblement.

Il y a un certain effet de sidération qui nous gagne, comme dans le prologue du film Oslo, 31 août de Joachim Trier, sur une série de vues de la capitale, étrangement déserte, à l'image des photos d’Olivier Benoît qui a sillonné longtemps la ville. Tentation sensuelle et distance irrévocable à la fois.

Alors, ne manquez pas le dernier volet de cet Europa, peut-être le plus beau...

Sophie Chambon

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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 17:43

Barre Phillips «No Man's Zone»

 

Barre Phillips (contrebasse, composition), Émilie Lesbros (voix)

 

Puget-Ville, 2011

cinénato ZOG 5 / l'autre distribution

 

Comme il l'a fait tout au long de sa vie musicale, Barre Phillips continue de jouer sur tous les fronts, de s'aventurer partout (souvent là-même où l'on ne l'attendrait pas), à la recherche de cet équilibre presque instable où la création se terre. Le premier des deux CD publiés simultanément par nato sous ses labels appendiculaires (cinénato et wan+wan) voit le contrebassiste renouer avec la musique de film, qu'il avait pratiquée déjà, notamment avec le cinéaste Robert Kramer. Le film de Toshi Fujiwara, No Man's Zone, a été tourné par le cinéaste japonais dans la zone d'exclusion de 20 km autour de Fukushima en 2011, juste après la catastrophe nucléaire. En contrepoint aux paysages et aux paroles des habitants du lieu, Barre Phillips a composé une musique qu'il interprète dans la version réduite de son collectif EMIR : 'EMIR A2', en duo avec la chanteuse Émilie Lesbros. Une sombre beauté mélancolique fait écho à la sobre et violente réalité du film. Totale réussite, d'autant que cette musique s'écoute aussi pour elle-même, ce que l'on constate enfin avec son édition phonographique.

 

Un aperçu du film sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=bKgD-IauR0w

Un aperçu de la musique seule sur le site de nato

http://www.natomusic.fr/catalogue/musique-jazz/cd/cinenato-disque.php?id=306

 

 

Barre Phillips & EMIR «La vida es sueño»

Patrice Soletti (guitare), Charles Fichaux (percussion), Laurent Charles (saxophones baryton & ténor), François Rossi (percussion), Émilie Lesbros (voix), Lionel Garcin (saxophones alto & soprano), Emmanuel Cremer (violoncelle), Anna Pietsch (voix, flûtes), Barre Phillips (contrebasse, direction artistique, conception, écriture). Musique signée collectivement par EMIR.

Vandœuvre-lès-Nancy, 19 mai 2015

nato wan+wan One23 1 145 / l'autre distribution

 

Pour l'autre CD, publié simultanément le 31 mars, Barre Phillips fait le pari d'un opéra métaphysique inspiré par la pièce de Pedro Calderón de la Barca, La vie est un songe, écrite au début du dix-septième siècle. Le livret du CD reproduit des extraits d'une traduction de la fin du XIXème siècle, mais l'opéra improvisé se propose, sur un canevas musico-théâtral, de restituer la dramaturgie sous forme d'une improvisation dirigée, où chaque musicien incarne un personnage. Créé en octobre 2014 au festival 'Sonorités' de Montpellier, avec des extraits sur France Musique dans l'émission 'À l'improviste' d'Anne Montaron, l'ouvrage fut repris en mai 2015 au festival de Vandœuvre-lès-Nancy, où il a été capté pour le disque. Pour ceux, nombreux je présume (et dont je fais partie : je n'avais pas entendu parler de Calderón depuis plus de trente ans) qui n'auraient pas présents à l'esprit les multiples rebondissements de la pièce, il est conseillé de se documenter afin de mieux cerner les mouvements de l'intrigue. Le résultat musical est étonnant : on chemine en terrain atonal, avec de fortes intensités expressives, des libertés instrumentales et vocales bienvenues, et la sensation d'être porté par une flot irrépressible. Assurément, le disque mérite que l'on s'y plonge vraiment, que l'on s'y abandonne même.

Xavier Prévost

 

Un aperçu de la musique sur le site de nato

http://www.natomusic.fr/catalogue/musique-jazz/cd/wanwan-disque.php?id=305

 

Barre Phillips jouera le 4 mai à midi à l'Europajazz Festival du Mans, en duo avec Renaud Garcia-Fons 

http://europajazz.fr/2016/05/04/barre-phillips-renaud-garcia-fons-jeudi-04-mai-12h15-collegiale-st-pierre-la-cour-le-mans/

et le 9 mai à Montreuil aux Instants Chavirés, entrio avec Jacques Demierre et Urs Leimgruber

http://www.instantschavires.com/barre-phillips-jacques-demierre-urs-leimgrubertoshimaru-nakamura-martin-taxt/

 

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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 11:11
KIMONO Musique de chambre avec basse électrique

KIMONO

Musique de chambre avec basse électr(on)ique

Roberto Negro (p), Adrien Chennebault (dms), Stephane Decolly (b) + Christophe Monniot (sax)

www.ojazz.fr

Sortie officielle 20 avril au théâtre d’Orléans dans le cadre du festival JAZZ OR JAZZ

 

Drôle de titre pour cette nouvelle rencontre entre le trio du pianiste Roberto Negro (Tri collectif) avec le saxophoniste Christophe Monniot que l’on ne présente plus. Les musiciens sont entrés en résidence, sous la protection du label orléanais Ô Jazz pour préparer le concert et la sortie du CD. Quand ce quartet de jazz ou/et quatuor de chambre se met au travail, il en résulte deux sonates d’une vingtaine de minutes chacune, certes distinctes mais tout aussi improbables. La première de la plume de Monniot, intitulée « Sonate pour une nouvelle terre» n’a rien de la forme d’une sonate, même si elle est composée en 3 parties, avec une captation sonore de la forêt amazonienne de Sylvie Gasteau ; il y a aussi cette curieuse boîte (?) électronique intitulée « Novation keystation » que manie le saxophoniste pour trouver sa voie. Une boussole dans la jungle jazz ?

Quant à la pièce de Roberto Negro, qui se mit lui aussi à composer une sonate pour ne pas être en reste, ce serait plutôt une suite en 4 mouvements avec interventions plus ou moins bruitistes, électroniques, intitulée « Sonate pour un monoski » avec même sur « Sonate pour un monoski III », la voix du violoncelliste Atsuhshi Sakai ! Nous sommes conviés à écouter une musique exigeante, concoctée par des musiciens, pour le moins farfelus, qui en tous les cas, ne se prennent jamais trop au sérieux.

Le résultat de cette collaboration insolite est inouï et doit se savourer en live assurément comme ce fut le cas hier soir, à Orléans.http://www.jazzorjazz.fr/artistes/kimono Car le spectacle sera aussi sur scène, avec la mise en scène et les effets rythmant la représentation. Une création révélatrice de ce que peut donner la musique actuelle, entre collages à la Zappa, expérimentations tous azimuts, brusques ruptures et références à la musique savante (Messiaen entre autre). Chez Monniot, toujours cette liberté au saxophone qui se veut fluide et libéré, un timbre magnifique soutenu par une basse structurante et une batterie démoniaques. Je n’ai pas entendu de transition entre le 2eme et la 3ème partie qui s’enchaînent avec une maestria « furiosa ». Roberto Negro est encore plus extrême dans les superpositions de rythmes, influences et styles, osant tout. Et le kimono dans tout ça? En fait, le Japon s’invite déjà sur la couverture du Cd qui reprend une vague bleutée, non pas celle d’Hokusaï, mais « Fuji la vague », un tableau de Bernard Mérigault. Et quelques citations, des haikus se savourent en écoutant cette musique qui, sans déstabiliser, conduit assez loin dans un imaginaire un peu foutraque. Et si on partait tous faire du Kimonoski ?

Sophie Chambon

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20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 21:55

Neuklang records
www.neuklangrecords.de
www.pegazz.com
Julien Soro (saxophone et compositions), Stephan Caracci (vibraphone),Rafael Koerner (drums), Fabien Debellefontaine ( sousaphone) + Quentin Ghomari (trompette et composition)

 

 

Seven Years est leur quatrième album enregistré live au Triton. Pour le premier set, le quartet (bien nommé) BIG FOUR, emmené par le saxophoniste Julien SORO, est rejoint par le trompettiste Quentin GHOMARI, du quintet PAPANOSH.

Cela fait 7 printemps que ces musiciens qui jouent aussi dans l'excellent big band Ping Machine, se sont rencontrés et ont commencé à œuvrer ensemble pour créer une musique vive sans jamais être énervée, vibrante, joyeuse et bien construite.
Un collectif qui travaille intelligemment, ouvrant son chemin dans la musique improvisée actuelle dont les limites se perdent à l’horizon. L’improvisation collective est une corne d’abondance de laquelle jaillissent bien des surprises sonores, décoiffantes, d’autant que ce quartet assez spécial dans son instrumentation (2 vents dont un sousaphone et 2 percussions dont un vibraphone) fournit une palette riche, des textures soyeuses et inouïes. La trompette de Ghomari fait des siennes et colore finement l'ensemble. La nuance qui manquait en quelque sorte, "une autre voix dans le débat" , l'opportunité d'un nouveau répertoire.

Les ruptures de rythme sont fréquentes dans ce parcours jamais balisé où nous entraînent ces joyeux drilles, à la complicité immédiatement perceptible. On se laisse faire, on les suit les yeux fermés, tant cette explosion de sons et d’inventivité donne une sensation grisante de liberté.
Le second set, autour d'une suite de Soro, Temps présent, est  (un peu) moins festif, ménageant même une sacrée respiration, après les poussées de fièvre : si « Seven Years » a franchi un cap que certains ont traduit comme l’âge de raison, moi c’est la pochette de petits joueurs de foot que je ne saisis pas bien, Big four se joue plutôt au tennis, non ?
Qu’importe… Julien Soro a écrit une belle partition où le premier mouvement est empli d’une mélancolie certaine, propice à « rêver » comme s’il devenait d’un coup sérieux, voire introverti. Ce ne sera que provisoire, car ils se mettent bientôt à « courir » aidés du vibraphone et du sousaphone en grande forme,  avec cette façon de s’accorder les uns tout contre les autres. Le final est plus étonnant, une « danse » un peu triste, hypnotique et chavirante.
Ce qui frappe et ce qui plaît dans cette musique, c’est l’esprit de partage, de divertissement, cette entente cordiale, rafraîchissante, ce sens aigu du discours musical.
Sophie Chambon

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20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 21:30

Django
Film d’Etienne Comar avec Reda Kateb, Cécile de France, scénario d’Etienne Comar et Alexis Salatko.1h55. sortie le 26 avril.
Bande originale par le trio Rosenberg et Warren Ellis (Lacrima Song avec un grand orchestre dirigé par Pierre Bertrand) publiée chez Impulse-Universal.

 

Pour son premier long métrage, Etienne Comar n’a pas hésité. Il s’attaque à une légende, Django Reinhardt. En collaboration avec Alexis Salatko, auteur de Folles de Django (Ed. Robert Laffont), le cinéaste évoque une courte période de la vie du « fils du vent » (expression de Jean Cocteau), l’occupation allemande . Star des nuits parisiennes, adulé par les autorités occupantes, Django va se rebiffer en 1943 quand la Propagandastaffel veut le forcer à effectuer une tournée de concerts en Allemagne. Quittant la capitale en famille, l’auteur de Nuages il met le cap sur la Suisse et séjourne à Thonon-les-Bains où il tentera de passer la frontière avant d’être arrêté par l’armée helvète et refoulé. Fin de l’aventure et retour à Paris et à la scène. Voilà pour l’histoire vraie (cf Django Reinhardt, swing de Paris. Textuel-Cité de la Musique.2012). Etienne Comar livre une version très personnelle et très libre. Il bâtit son récit sur une idée-force, la prise de conscience par Django de sa condition de tsigane. A cette fin, Comar crée un personnage, Louise de Clerk (Cécile de France) qui va séduire Django et le persuader de refuser de jouer à l’artiste de propagande. Les spécialistes de Django resteront dubitatifs face à cette lecture politique de l’histoire. Les amateurs de musique tsigane seront ravis de la partition jouée par les frères Rosenberg qui doublent les acteurs (Stochelo prenant les parties de Django) et de la véracité des interprètes gitans (Beata Palya, dans le rôle de Naguine, la femme de Django, Bimbam Merstein, qui incarne sa mère, Negros, Hono Winterstein, guitariste habituel du groupe de Biréli Lagrène…). Quant à Reda Kateb, dans le rôle-titre, il impressionne par sa capacité à transmettre les sentiments, les doutes, les foucades du génial gitan. Un film de caractère qui vient aussi rappeler le lourd bilan de la politique anti-tsigane menée dès 1938 par Hitler et relayée en France par le régime de Vichy  (environ 20.000 tsiganes français furent déportés dans les camps de la mort en Allemagne et en Pologne).
Jean-Louis Lemarchand

 

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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 08:03

Une civilisation du rythme, Jacques Réda.
185 pages. 23 €. Buchet-Chastel. Le livre comprend un CD reprenant en 25 titres des œuvres des quatre grandes formations passées en revue, Fletcher Henderson, Duke Ellington, Jimmie Lunceford, Count Basie, sur la période 1924-1940.

 

« It don’t mean a thing if ain’t got that swing ». Bien connue de tous les amateurs de jazz, la sentence de Duke Ellington énoncée dans la composition de 1932, figure en exergue du dernier ouvrage de Jacques Réda, « Une civilisation du rythme ».
L’auteur avait alors trois ans. Autant dire que le poète, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française( 8 ans durant), collaborateur historique de Jazz Magazine, auteur notamment de « L’improviste », « Autobiographie du jazz » a baigné dès ses plus tendres années, dans ce jazz qui swingue et porte une dévotion totale au rythme.
Pour son 67ème ouvrage, Jacques Réda se livre, avec générosité et finesse, à une analyse de cet élément fondamental, le rythme, en limitant son champ à ces « grandes manufactures du swing », autrement dit les big bands, et plus précisément quatre d’entre elles –Fletcher Henderson, Duke Ellington, Jimmie Lunceford, Count Basie- dans leurs œuvres produites sur deux décennies (1924-1945).
« Le rythme, écrit en introduction Réda, est la manière dont on organise ou s’ordonne le mouvement. «  Plus loin, il approfondit : « Le rythme, plus que tout élément de l’art musical, semble en contact direct avec ce que l’on pourrait regarder comme le principe commun à toutes les grandes « forces » naturelles dont l’action se situe dans le Temps. ».
Au fil des pages, le lecteur peut, sur cette trame, partir à la découverte de ces « dansants dinosaures » que furent les quatre grandes formations ci-dessus mentionnées, en s’aidant de l’écoute de 25 titres-clés, témoignages de ces deux décennies, de Copenhaguen (1924) par Fletcher Henderson à  Koko de Duke Ellington (1940). Le voyage est instructif, attrayant, bluffant, sous la conduite d’un guide passionné, érudit  et modeste tout à la fois. « Je ne crois pas nécessaire de commenter des faits éloquents en eux-mêmes », note-t-il ainsi à propos des duos de 1939 entre Edward Ellington et Jimmy Blanton.
Une question taraude le journaliste-chroniqueur. Le swing appartiendrait-il à ce passé glorieux d’avant-guerre (la seconde et peut-être la deuxième) ? Jacques Réda s’interroge : « Y-aura-t-il une sorte de renaissance du swing sous une forme encore imprévisible mais sans rupture fondamentale avec celui qu’Ellington et Basie nous ont légué (…)? Quelles seraient aujourd’hui les sources « populaires »d’une nouvelle approche du rythme ? ».Question essentielle et ouverte à laquelle l’observateur clairvoyant (et prudent) se garde bien d’apporter une réponse.
Jean-Louis Lemarchand
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18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 22:11

NEW TONE JAZZ4TET : » Gwennhadu »
Christian Sabbioni ( ts, fl), Michel Coppé (p), Emmanuel Bontemps (cb), Dominique Tassot (dms)

 

NEW TONE JAZZ4TET : » Gwennhadu »
Christian Sabbioni ( ts, fl), Michel Coppé (p), Emmanuel Bontemps (cb), Dominique Tassot (dms)

Dans notre petit microcosme parisien, on a parfois tendance à être totalement déconnectés de ce qui se passe au-delà de la ceinture du périphérique. C’est parfois au programmateurs de festivals qu’il revient de nous faire découvrir quelques pépites musicales qui font vibrer d’un groove certain, le soir venu entre chiens et loups les chaumières de nos provinces.
Et parfois cela revient à quelques chèr(e)s ami(e)s qui nous sachant «dans le jazz» n’hésitent pas à nous faire découvrir leurs propres coups de coeur.En ce qui me concerne c’est justement grâce à une amie que l’album de ce groupe m’est arrivé entre les mains : « Je ne vous dis rien. Ecoutez, vous m’en parlerez ensuite». La sachant d’un goût certain, quoique ignorant tout de ses penchants jazzistiques c’est avec un peu de curiosité que je mis donc la précieuse galette dans la platine, regardant sur les liners notes le nom des artistes dont, pour tout dire je n’avais jamais entendu parler.
Et là, immédiate et belle surprise à l’écoute de ce qui est le troisième album de ce (pas si jeune) groupe rémois. Et moi conséquemment trois fois coupable de na pas les avoir découverts avant.

L’aventure dans laquelle cette bandes de copains se lance avec cet album est osée.  Imaginez un peu un groupe de jazzmen champenois nous embarquer avec un groove hard bop très New-Yorkais sur des terres…… bigoudaines, alliant sans trembler les harmonies de ce jazz 60’s avec les écarts de ton de la musique celtique. Fallait oser !
Et bien figurez vous que ça marche bigrement bien !
D’abord parce que ces quatre musiciens sont bourrés de talent. Comme on dit aujourd’hui ça joue terrible ! Que ce soit du côté de Christian Sabbioni dont le son tranchant et incisif navigue entre Dexter Gordon et Joe Henderson ou bien du côté du pianiste Michel Coppé aux gimmicks empruntés à Mc Coy Tyner. Il y a pire comme référence, non ? (dommage qu’il ne joue pas sur un piano digne de ses compositions). Quand à la rythmique Emmanuel Bontemps se fait gardien tempo et Dominique Tassot frôle le groove frémissant et subtil avec un art consommé de la relance. Et ces quatre-là forment un groupe. Un vrai groupe en osmose parfaite et au service des superbes compositions toutes signées de Michel Coppé. Compos évolutives où il n’est pas question de bagad ou de fest Noz  ( même si cela aurait de la gueule ) mais plutôt de jouer avec malice sur les écarts de ton de la musique celte et de marier celle-ci avec l’envoûtement d’une certaine forme de jazz modal. Comme cette sorte de ballade mystérieuse et gaélique en forêt de Broceliande  ou encore ce thème mouvant (Treize) naviguant quelque part en atlantique entre les rivages de la grosse Pomme et ceux des cotes bretonnes.
Le résultat final est un album hyper séduisant et animé d’une force intérieure puissante qui se nourrit aux racines de ce jazz d’après-bop qu’on aime tant.
Et puis imaginer Mc Coy Tyner à Paimpol , ça vaut bien le détour !

Comme quoi, en terres champenoises, même le jazz pétille !

Jean-Marc Gelin

 

 

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18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 20:37

JEAN-CLAUDE MONTREDON « Diamant H2o »
Alain Jean-Marie (piano), Jon Handelsman (saxophone ténor & flute), Michel Alibo (guitare basse), Stéphane Belmondo (trompette & bugle), Jean-Claude Montredon (batterie & harmonica)
Montreuil, 4 & 5 mai 2015
Q-mix 3700409815423 / Rue Stendhal

C'est plus qu'un hasard si le thème qui donne son titre à ce CD, composition de Jean-Claude Montredon, figurait voici plus de 15 ans sur le CD «Delirio» du trio 'Biguine Reflections' d'Alain Jean-Marie. Il faut y voir le témoignage d'une proximité musicale et amicale de quatre décennies avec le pianiste (c'est un engagement dans un hôtel de la Pointe du Diamant, en Martinique et en 1967, qui fut l'une de leurs premières collaborations professionnelles) . Pas d'antagonisme Martinique / Guadeloupe entre ces deux frères musicaux des Antilles, même si la balance de la rythmique penche en faveur de l'île natale du batteur, avec le bassiste Michel Alibo. Après 50 ans d'une carrière commencée dès l'adolescence, le rythmicien (c'est ainsi qu'il aime à se définir) nous offre enfin sous son nom un premier disque, où s'expriment ses amours indissociables du jazz, de la biguine, de la mazurka, du funk et des musiques latines. Inspirés par tous les moments historiques de ces musiques, free jazz inclus, les thèmes font la part belle à chacun, comme soliste ou comme pulsateur prévalent. Au saxophone et à la flûte, un Américain de Paris avec lequel le batteur a souvent collaboré, notamment dans un projet commun intitulé 'Spirit House'. Au piano, l'ami en partage des toutes les musiques, véritable pivot du groupe. A la basse, le complice insulaire, qui apporte une touche de funk, souple mais intense. Et sur quelques plages l'invité dont la trompette et le bugle soulignent encore, si c'était nécessaire, l'attachement au jazz dans toute l'étendue de ses métamorphoses. Un thème qui rappelle Footprints de Wayne Shorter et son rythme envoûtant (Children) : on connaît des références plus ingrates. Bref ce disque est une sorte d'hymne à tous les jazz(s), et nous rappelle fort opportunément que, même s'il a attendu la soixantaine pour faire ses débuts en leader, Jean-Claude Montredon est un Maître.
Xavier Prévost

Le groupe jouera le mercredi 19 avril 2017 à Paris, au New Morning

 

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17 avril 2017 1 17 /04 /avril /2017 14:57

Jazz Village 2017
Jowee Omicil (ss, cl, as, cnt, fl, Rhodes), Michel Alibo (b), Conti Bilong (dms), Justwody Cereyo, (cb, b), Jean-Philippe Dary (p, rdes, cb, vc, perc), Jeffrey Deen (perc, tabla, djembe, dms, vc), Nenad Gajin (g), Johatan Jurion (p, rdes, vc), Kona Khasu (b, cb, vc), Jendah Manga (cb,), Emmanuel Bertholo Tilo (dms, vc, perc), Leonor de Haro (cl)

Il nous perd complètement Jowee.
Inclassable ! Iconoclaste !
On le croit tout droit venu de la cité du Croissant jouant comme Bechet et balançant des rythmes créoles ( Asi paré) mais l’instant d’après il nous embarque dans quelques évanescence à la sauce Miles Electrique (On for Miles). On le cherche quelque part mais lui se promène juste au gré de ce qu’il a envie de jouer ou de chanter. Et puis Jowee est amoureux de toutes les musiques populaires, et c’est bien communicatif. Lui que l’on situe entre Haïti (sa terre natale), Montréal où il grandit aux côtés de son Pasteur de père, New-York où il vécut pendant une décennie ou Paris qu’il fréquente maintenant, est insaisissable. Et c’est bon !
Visiblement heureux de faire de la musique il transporte avec lui une joie communicative.  Il se fait chanteur de reggae lascif sur son Mellow on a saxO dont la mélodie simple vous reste en tête et qu’il chante même en plusieurs langues. Il se promène avec une simplicité confondante sur le Pont d’Avignon avec une innocence juvénile innocence. Il se fait aussi slameur sur le titre éponyme ( Let’s just Bash !) sur lequel son soprano s’envole avec un lyrisme dépouillé et bigrement efficace. Rend au passage un hommage émouvant à Roy Hargrove dans la formation duquel il joua quelque années.
Il faut l’entendre sur un thème comme Love & honnesty pour comprendre combien il doit au maître du soprano de la Nouvelle Orléans, à l’immense Sydney. Mais aussi comprendre cet façon protéiforme de mordre dans la musique, dans les musiques avec une gourmandise certaine, avec  un plaisir jouissif à faire du son, du jeu, du riff, de la voix, du lounge lascif et du groove à danser. Populaire ? Oui assurément.
Les Inrocks dans leur numéro du 12 avril titraient «  sans Omicil fixe ». On ne saurait mieux dire !
Jean-Marc Gelin

 

En concert au Festival De Saint Germain le 14 et 15 mai  et le 7 juillet à Jazz à Vienne

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17 avril 2017 1 17 /04 /avril /2017 08:46


Jean-Philippe Viret (contrebasse, composition), Éric-Maria Couturier (violoncelle), David Gaillard (alto), Sébastien Surel (violon)
Entraigues-sur-la-Sorgue, octobre 2016
Mélisse  MEL666019 /Outhere Music France

Comme il l'avait fait en 2011 avec «Les Barricades mystérieuses», Jean-Philippe Viret fait à nouveau une escapade du côté de Couperin. Son quatuor/quartette 'Supplément d'Âme' revient vers ce travail singulier, qui consiste à s'inspirer d'un compositeur classique, ou plutôt baroque, et de ses œuvres pour clavecin. Et de faire cela avec un quatuor à cordes hétérodoxe, dans la mesure où il comporte une contrebasse et un seul violon. Ce disque prolonge cette très belle idée qui consiste à conjuguer les racines  'classiques' de l'instrument et du répertoire avec les libertés conquises par le jazz depuis ses origines. Musique de mélanges, de combinatoire, d'influences, de rencontres et même de hasards, le jazz est né d'hybridations originelles, en territoire louisianais, de sources afro-américaines, de musiques religieuses européennes, de musiques françaises ou hispaniques, et d'autres éléments (amérindiens aussi) qui se croisaient dans ce carrefour du Nouveau Monde. Le pari, déjà réussi par Jean-Philippe Viret dans l'opus de 2011, c'est de conjuguer une écriture nourrie de la musique du passé avec l'improvisation issue du jazz et d'ailleurs. Pari à nouveau gagné, sans fracas, mais avec force.
Xavier Prévost


En concert les 18 & 19 avril à La Générale, 11 rue Rabelais, Montreuil (93100), le 2 mai à Eaubonne (95600), et le 30 juillet au Paris Jazz Festival (Parc Floral de Paris, Bois de Vincennes)

Découvrir sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=WBb_DeRNVIM

 

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