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30 août 2014 6 30 /08 /août /2014 18:48

 

 

 

Distribution harmonia mundi / LABEL LA BUISSONNE

www.brunoruder.com 

www.labuissonne.com

 bruno-ruder.jpg

Bruno Ruder n’en est pas à son coup d’essai. On peut même dire qu’il n’a pas perdu son temps, puisqu’il joue avec Riccardo Del Fra depuis son passage au CNSM, a été l‘un des fondateurs du trio Yes is a Pleasant Country , a tenu pendant trois ans le rôle du pianiste de Magma, continue l’expérience de Radiation 10 (réunion de musiciens affiliés au collectif Coax )...

Lisières est néanmoins le premier album solo du jeune pianiste, où il place fluidité de l’énergie, développement créatif, et improvisation dans ses priorités et son carnet de route.  Si le piano se prête plus facilement à l’exercice délicat du solo, Bruno Ruder avertit dans ses « liner notes » fort éclairantes, qu’il ne tenait pas à réaliser «la réduction pour piano» d’une musique orchestrale, en profitant du formidable instrument de la Buissonne.

Il nous révèle en une sorte de récital, tout son art des pièces vives, libres, subtiles, aux motifs répétés, servant de base à des improvisations colorées, tantôt fougueuses, tantôt  plus  impressionnistes. Chacune des compositions, plutôt longues, est une « étude » sérieusement menée, objet d’un développement qui illustre une « idée », tout en prenant son temps pour s’aventurer dans les recoins. Il écrit pour le piano et à travers lui, choisissant délibérément l’acoustique, sans avoir recours (et on l’en félicite) à la préparation du piano. Et pourtant, il s’intéresse et cela s’entend d’un bout à l’autre de l’album, à la texture du son, aux résonances et à leur traitement. Le travail sur les rythmiques est l’un des enjeux forts de sa recherche. Le résultat traduit une cohérence certaine dans cette suite qui ne cherche pas à modifier les genres, alterner les styles, mais dévoile l’élégance d’un piano mélodique et sombre.

On admire  le tour de force de ce voyage autour de la chambre, où technique et virtuosité restent au plaisir de l’imaginaire mis en lignes musicales. Voilà une exploration très personnelle qui réconcilie, si besoin était, avec la complexité des sons et des rythmes libres. On se laisse bien volontiers entraîner dans cette expérience des limites, aventure dans les marges, jamais facile, mais séduisante pour peu que l’on s’y abandonne.  Ce que l’on retient , c’est que, singulier pluriel, le piano de Bruno Ruder n’a jamais mieux résonné.

Sophie Chambon

 


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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 23:33

 

Jazz Village 2014

Xavier Desandre Navarre (perc, dms), Stéphane Guillaume ( sax, fl, clb), Stéphane Kerecki (cb), Bruno Rousselet (cb), Emil Spanyi (p), + Alan « Allonymous » Conway (vc) sur « Gil », Vincent Peirani ( acc) sur Andaluciana

 desandrepulse.jpg

Xavier Desandre Navarre est devenu un musicien incontournable de la scène hexagonale et d’ailleurs. De ceux que tout le monde s’arrache tant ses talents de polyrythmicien raffiné et subtil sont recherchés qu’il s’agisse de lui comme batteur mais surtout de lui comme admirable percussionniste. La richesse de ce qu’il exprime est infinie dans sa recherche des sons, des placements et des influences venues du monde entier.

C’est justement ces effluves et ces parfums envoûtants venus d’Afrique ou d’Asie que Xavier Desandre Navarre marie fort subtilement au blues et au groove. Une ouverture assez classique portée par un gros son de Stéphane Guillaume laisse place au pianiste Emile Spanyi comme toujours éblouissant. Ce pianiste-là, on le reconnaît immédiatement tant il développe un style propre, percussif mais pas trop, lyrique mais pas trop, avec toujours un sens inné du swing et une vraie délicatesse au bout des doigts, économe des phrases inutiles. C’est d’ailleurs dans le morceau suivant qu’il nous offre un magnifique moment de flottement éthéré en trio sur Mango Flower.

Si le morceau d’après est un peu moins intéressant sur le plan compositionnel, Sodeska donne en tous cas l'occasion d'entendre un groove tout en nuance où Desandre Navarre apporte  milles et un sons aux ostinatos de contrebasse. XDN fait mouche quand il installe ensuite un climat un peu roots et jungle, limite chamanique comme ce Ganwondo Airang venue d’un traditionnel coréen où le saxophone de Stéphane Guillaume se fait sinueux comme un serpent avançant tout en lacis subtils et lents à la fois. Où alors dans Follow my backlight envoûtant, où la clarinette basse et la polyrythmie de XDN nous guident dans cette épaisse moiteur d'une jungle profonde. Un hommage parlé-chanté aux deux Gil ( Evans avec qui il a joué et Scott Heron avec qui il aurait aimé jouer) prend la suite avec ce même tempo d'un blues traînant et poisseux.

Au gré de l'album on est frappés par l’étendue des sons déployés par Xavier Desandre Navarre véritable caméléon-sorcier vaudou - magicien des peaux et des résonances.

 

Un moment de swing doux s'installe avec Stéphane Guuillaume (admirable) à la flûte sur

(Promesse). Mais c'est un morceau presque bâclé, en tous cas bien trop court ( coït interrompu) que l'on aurait aimé voir se déployer bien plus longuement tant la magie du groupe y fonctionne à merveille sous les enluminures d’un Spanyi très inspiré, ou encore dans ce magnifique morceau (toujours à la flûte sur Let it like this) encore une fois à la limite de l'ensorcellement.

Car avec In Pulse c'est bien de cela dont il s'agit. D'une voluptueuse sorcellerie.

Xavier Desandre y fait des merveilles, apportant à la musique une pulsation

Vitale. A entendre le blues se marier aux polyrythmies proches de la musique aka ou des gamelans d’Asie on se dit que Xavier Desandre Navarre avec la sérénité des sages parvient à rendre le monde plus proche. Et la pulse vitale qu’il instille sous la peau de ses tambours porte en elle cette force universelle qui fait vibrer le monde.

Jean-Marc Gelin

 

Prochains concerts :

 

- 19/09 au Sunside à Paris

- 27/09 à Cerny

 

 

 

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 07:49

 

Motema 2014

ofarrill.jpg

 

Si vous avez les pieds qui vous démangent en ce mitan de l’été caliente, n’hésitez pas un seul instant. Avec l’afro latin jazz orchestra du piansite et chef d’orchestre Arturo O’Farrill, vous allez être servi. C’est vrai, vous allez me dire, tout est dans le titre et a priori il devrait pas y avoir de surprise.

Et pourtant si les clichés de la musique cubaine, de la salsa sont bien présents avec tout plein de cuivres et de soufflants comme on aime, avec des musiciens qui jouent en faisant avec classe un petit pas à gauche un petit pas à droite sur un rythme de salsa que c’est pas possible de rester de marbre, il , le pianiste-arrangeur se montre néanmoins d’une passionnante inventivité. Certes ces gars-là envoient la sauce comme pas possible.

 

Mais autour du groove Arturo O' Farill apporte un soin extrême à la qualité de ses arrangements, invite des guest stars ( Vijay Iyer, Donald Harrisson, DJ Logic) varie les couleurs tout en gardant la trame latine. Rythmiquement c'est l'enfer comme sur ce Quarto de colores qui met la barre particulièrement haute pour parvenir à cette pâte homogène en alliant percussions et harpe. Il y a des moments forts comme cette Gnossienne 3écrite comme une suite et cette voix d'Antonio Lizana (magnifique et sublime sax alto !!!). Au carrefour de plusieurs musiques, Arturo O’Farrill sort la salsa de ses enfermements et donne dans le syncrétisme. Ajoute ici un slammeur ( DJ Logic), fait descendre son big band de latinos dans la cité du croissant un jour de mardi gras ( On the corner of maleca and Bourbon), installe des tourneries latines comme sur ce The mad hatter featuring Vijay Iyer totalement hypnotique.ofarrill2.jpg

Toujours sur le qui-vive, toujours inventif, Arturo O’ farrill se révèle un compositeur, arrangeur et chef d’orchestre de très haute volée et de grande classe. De la race des seigneurs, il vous emmène dans une sorte de narration intelligente, farandole  dansante aux carrefours de tout plein de musiques percussives. En conviant toutes ces influences dans un creuset magnifique, O’ Farrill bouscule les codes de sa propre latinité. C’est passionnant.

Jean-Marc Gelin 

 

 

 

 

  

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 08:24

 

Blue Note 2014

 Enjoy.jpg

C’est pas comme ça que Blue Note devrait fêter son anniversaire. Certes Bobby Hutscherson fut l’un des héros du label dont il a signé parmi les plus belles plages. Mais avec cet album très classique jouant sur les fibres d'un hard bop un peu policé, Blue Note comme Hutcherson prennent de l'âge et peinent un peu à développer des idées neuves.

Heureusement il y a ici l'apport d'un Dave Sanborn ( c'est vraiment une année de come back pour lui) au son acéré et brut, qui enfonce les lignes avec une aisance toute aérienne et gracile. A l’instar d’un critique de Downbeat ( voir le numéro de juille), je pense que c’est une des meilleures prestations qu’on ait entendues de lui ces derniers temps. Avec Joey de Francesco à l'orgue on est en plein dans cette esthétique ces albums qui ont fait la légende du label ( on pense à ceux de Jimmy Smith ou ceux de Lou Donaldson, en, moins boogaloo).

Pourtant il y manque le feu. Chacun des intervenants fait le gig, sûr de son propre talent sans toutefois que l'énergie soit réellement au rendez-vous. On parle ici de l'énergie collective, de ce fluide du groove qui circule et se transmet d'oreille à oreille, de pieds en pieds. Peut-être à cause d'une rythmique un peu lourde qui ne parvient pas à épauler les trois solistes malgré les efforts louables de cet incroyable phénomène de Billy Hart qui semble faire pourtant ce qu’il peut. A moins encore que ce ne soient les arrangements qui soient finalement en cause. Un peu trop sages à notre goût.

Il y a une tonalité un peu désuète de jazz 90's qui à force endort un peu. La vue est certes belle, mais sur cette carte postale, elle est un peu passée.

Dommage

Jean-Marc Gelin

 

ps : ça c'etait bien, mais c'etait hier....

 

 

 

 

 

 

 


 


 

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 14:50

Plus Loin Music 2014

Thomas Savy ( clb), Michael Felberbaum (g), Pierre de Bethmann (p, fder), Stephane Kerecki (cb), Karl Jannuska (dms)


 Thomas-Savy-Bleu-300x300.jpg

Forcément Thomas Savy, grand amateur de rugby devant l’éternel a dû faire sien cet adage : "on ne change pas une équipe qui gagne".

 

Souvenez vous, il y a quelques années de cela, en 2006 nous nous étions enflammés pour la première édition d’Archipel dans ces colonnes mêmes (THOMAS SAVY: Archipel)

Le clarinettiste remet le couvert aujourd’hui avec la même équipe et surtout un nouvel archipel à découvrir. Un archipel aux couleurs bleutées des notes bleues du blues et d'un jazz aussi bleu que la jazz peut être bleu.

Digne héritier de Jimmy Giuffre parfois, d’Etic Dolphy d’autres fois, Thomas Savy donne le sentiment qu’avec une clarinette basse il parviendrait à jouer seul le son d’un orchestre tout entier. Il passe de la longue phrase mélodique glissante à l’apreté du blues avec une facilité confondante, alliant dans un même mouvement la saleté qui colle aux basques d’un jazz poisseux (Stones, Misterioso) aux élégantes ligne mélodiques ( Archipel, Father bear). C’est que Thomas Savy exprime la synthèse même de ce qu’il est : un musicien aussi classique que jazz. Ou aussi jazz que classique. C’est vous qui voyez. Lorsque l’énergie vient du plus profond  des poumons et du ventre et s’exprime dans des moments où la puissance de ce qui est dit se marie à sa légèreté des notes flottantes, Thomas Savy montre bien qu’il est vraiment l’un des très grands de l’instrument.

Sa complémentarité avec Michael Felberbaum est éclatante et chaque intervention de ce dernier est une sorte d’enluminure, comme le prolongement naturel du discours du clarinettiste, par d’autres moyens.

 L’album est tout simplement beau. Parfois touchant aussi comme sur ce Father Bear comes Home où l’on imagine quelle belle berceuse Thomas Savy doit jouer à ses enfants avant qu’ils ne s’endorment.  Archipel c’est aussi des climats entre chiens et loups qui s’installent parfois (Stones) Et puis il y a derrière Archipel un groupe tout entier qui interagit au quart de tour (écouter O’Mc Henry, thème composé par Karl Jannuska), totalement fusionnel.

Magnifique version aussi de Misterioso où les graves de la clarinette de Thomas Savy offrent une superbe lecture du thème de Monk qui ne dévoile entièrement et pudiquement qu’à la fin de ce long préliminaire.

 

Duke Ellington et Billy Strayhorn disait «  a drum is a woman ». Où l’on découvre ici qu’Archipel n’est pas un ensembe d’îles mais au contraire d ‘ « elles ». Avec cet album Thomas Savy donne à la clarinette basse des allure félines de femmes ensorcelantes, à la fois chanteuses et danseuses lascives, irrésistiblement sensuelles qui nous prennent sournoisement dans leurs filets.

Un acte d’amour en somme.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 09:11

 

joshuaredman trios cover

Nonesuch rcords 2014

 

Joshua Redman (ts, ss), Gregory Hitchinson (dms), Matt Penman (cb) ou Reuben Rodgers (cb)

 

Sur le chemin de votre bel été, vous aurez certainement l’occasion de croiser un festival de jazz. Et dans ce festival vous aurez peut être l’occasion de tomber sur le jour où Joshua Redman se produira sur scène.  Alors, si vous ne connaissez pas l’animal ( et que donc, vous habitiez sur la planète mars durant les 20 dernières années), ce disque est absolument fait pour vous et vous donnera un bel aperçu de ce qui vous attend.

Enregistré en trio pianoless, en live dans deux clubs américains , au Jazz Standard de New York ou au Blues Alley de Washington DC, cet album est la démonstration éclatante du talent fou du saxophoniste. Il sait à peu près tout faire avec son biniou. Il peut vous tuer avec ce son venu de toute sa tradition jazzistique, comme sur Mack The Knife ou Never let me go. Ce son qui vient de tous les grands ténors en passant par Rollins bien sûr mais aussi Coleman Hawkins qui, on le jurerait, lui fait des clins d’œil de sa tombe. Plus aucun ténor n’ose aujourd’hui jouer avec ce son si grave. Ce son qui se perd un peu aujourd’hui et qui ramène à toute la tradition.

L’ancien maître de L’Elastic Band ( où il faisait le monde plus funky) groove comme un Dieu, se permet des moments de folie douce ( Trinkle, tinkle), se fraye son chemn en mutin de l’improvisation alerte. L’auteur de  James Farm installe une proximité immédiate avec son public avec une belle générosité. Ca sent la chaleur moite et l’odeur un peu acre des verres d’alcools de clubs de jazz. On imagine le public debout, n’y tenant plus.

 

A 45 ans le fils de DeweyRedman est à son zenith et tutoie les étoiles du jazz. Parmi les plus grands ténors actuels. Joshua Redman montre qu’il ne se cantonne pas à ces grandes performances données partout dans le monde et organisées par des tourneurs qui lui font remplir des salles énormes mais qu’il reste aussi un jazzman de club, celui qui sait mettre le feu avec ses acolytes complices et tout aussi coupables.

 

Si vous l’avez loupé dans le début de l’été, Redman vous donne une autre chance

-       samedi 27 juillet en clôture du festival du Parc Floral à Paris

-       à Vannes le 29 juillet

-       à Jazz à la Villette le 9 septembre

 

 

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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 21:09

 

Greatest Songs

Label Cristal records/ harmonia mundi

http://www.cristalrecords.com/cristalrecords/fr/661 

 ColePorter.jpg

C’est dans la collection OSD (Original Sound De Luxe) du label Cristal que nous suivons fidèlement depuis des années que paraissent les meilleures compilations de jazz. Le concept de «compilation » est d’ailleurs magnifié dans cette collection dont le catalogue est concocté avec amour et érudition par Claude Carrière, l’un des meilleurs spécialistes de cette musique. Lire les notes de pochette de chaque album est d’ailleurs un bonheur à chaque nouvelle parution : précises, érudites et engagées, elles constituent un témoignage précieux sur la mémoire de cette musique aimée.

Dans le numéro dont il est question ici, Claude Carrière s’attaque à l’une des plus grandes figures de la comédie musicale à Broadway, auteur de centaines de standards (paroles et musique !) que nous ne savons pas toujours lui attribuer.

 Cole Porter est incontestablement avec Irving Berlin, l’auteur le plus prolifique, des années vingt jusqu’à la fin des années cinquante. Jugez plutôt: “Love for Sale”, “Night and Day”, “Anything Goes”, “Begin the Beguine”, “Easy to love”, “My Heart Belongs to Daddy”, “Every Time We Say Goodbye”, “All of You”. Notons que toutes ces chansons sont souvent gravées dans les mémoires dans l’interprétation qui les rendit célèbres, à Hollywood. Prenez Marilyn pour « My Heart Belongs to Daddy » dans Let’s Make Love ou Fred Astaire pour « Night and Day » dans l’une de ses séquences les plus «glamour» avec Ginger Rogers dans The Gay Divorcee. Pour Claude Carrière, j’ai cru comprendre qu’une de ses « madeleines » est le « All of me » de Silk Stockings où Fred Astaire a pour partenaire cette fois, la belle Cyd Charisse (aux jambes interminables, d’ailleurs plus grande que lui).

La sélection de Claude Carrière permet également aux amoureux du jazz vocal de retrouver des versions d’anthologie avec la fine fleur des jazzmen de l’époque où interviennent Carmen McRae, Julie London, Ella Fitzgerald, Peggy Lee, Billie Holiday, Anita O’Day, et pour les  «male singers» l’inoxydable Mel Torme, (« Get Out of Town ») ou Ray Charles sans oublier Louis Armstrong dans « Just One of These Things ».

 Vous l’aurez compris, cet album qui comporte 21 titres balaie la grande époque où jazz et comédie musicale étaient intimement liés, de 1934 « Miss Otis Regrets » avec Ethel Waters  et l’orchestre de Tommy Dorsey (la seule chanson de Cole Porter qu’elle ait enregistrée, un portrait de la journaliste-commère Elsa Maxwell) à 1962 avec le « Love for Sale » de Shirley Horn.

 Pour les plus anciens, voilà de quoi réveiller la nostalgie et donner une furieuse envie de réécouter ces merveilles. Avec cet opus, vous aurez de quoi cerner les fulgurances coleportiennes et vous en saurez plus qu’avec une longue biographie. Cet hommage est aussi hautement recommandé pour les plus jeunes qui découvriront ainsi d’où viennent certains airs populaires...

 

Sophie Chambon

En rappel, voir aussi le magnifique hommage, très actuel cette fois :

http://www.lesdnj.com/article-maria-laura-baccarini-furrow---a-cole-porter-tribute-98296140.html

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 21:58

 

ECM 2014

Keith Jarrett (p), Charlie Haden (cb).

 

 

 lastdance 

EMOTION !

 

Keith Jarrett et Charlie Haden c'est bien sûr une très longue histoire d'amitié. Depuis notamment ce fameux trio qui réunissait le pianiste, le contrebassiste et le regretté Paul Motian à la batterie. Lorsqu’ils enregistrent en duo en 2007, dans le studio de Keth Jarrett, les deux amis de longue date s’étaient éloignés depuis déjà quelque temps. Il s’agissait donc de retrouvailles en musique. Et de ces retrouvailles étaient nées un album magnifique, « Jasmine » que notre confrère Alex Dutilh avait chroniqué dans ces colonnes mêmes en 2010 (http://www.lesdnj.com/article-keith-jarrett-charlie-haden-jasmine-50132971.html)

Tout ce qui s’était joué durant ces trois jours ne figurait bien sûr pas sur cet album. ECM décide donc aujourd’hui d’en publier quelques nouveaux titres.

Et ce sont encore de véritables pépites ! Des traces de moment rares et d’une profonde sincérité. La marque de ce qui indéfectiblement réunit Keith Jarrett et Charlie Haden. Les deux se retrouvent donc sur un répertoire de standards comme ils les affectionnent. Paul Motian certes n’est plus là. Mais c’est comme si on entendait dans notre subconscient, en filigrane le drive fin du batteur new-yorkais planer sur cette rencontre. Chaque morceau est plus bouleversant que celui qui le précède. Une version renversante de Goodbye. Une autre très inattendue du be-bopien Dance of the Infidelsde Bud Powell où Keith Jarrett semble redécouvrir avec une joie non dissimulée le plaisir de jouer bop. Charlie Haden, redevenu clean y est énorme. Sur My Old flame par exemple, il faur entendre cette profondeur mélodique.

 

Assurément l'entente entre les deux hommes est au beau fixe. L'un étant une sorte de prolongement de l'autre dans un grand moment de musique fusionnelle. My ship est aussi un moment de musicalité et d'émotion intense où sous les doigts de ce génie de Jarrett la mélodie est exhalée avec un supplément d'âme, comme jamais. Chaque morceau prend des airs de chefs d’œuvre. Keith Jarrett est à son élément. Avec lui c'est tout l'art de la revisitation, de l'improvisation et du détour comme sur cette version de Round Midnight qui passe par toutes les couleurs et n'en vient au thème qu'au bout de 7 mn. Et puis, et puis, il y a ce moment, cette grâce inouïe sur It might as well be spring où Jarrett semble libéré de quelque chose, totalement aérien dans sa façon de survoler le thème. Avec cet art de pouvoir, par l'impro magnifier la mélodie avec émotion qui prend aux tripes. C’est juste sublime. Keith Jarett et Charlie Haden ont ce don de savoir le temps.

Keith-Jarrett-and-Charlie-009.jpg 

 

 

 

 

 

 

Dans ce last dance, on aime penser qu’il ne s’agit que de la dernière version publiée et qu’il y a aura encore après cet album une suite à cette histoire.

Une suite à ce jazz dont ils témoignent ici, toujours et encore qu’ils en ont écrit des pages exceptionnelles.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 14:28

 

Archiball 2014

Paul Abirached (g), Alain Jean-Marie (p)

 abirached.jpg

Le label Archiball créé par Archie Shepp s'ouvre aujourd'hui à des nouveaux talents avec " Rainbow collection". Pour inaugurer  cette collection, Shepp nous propose daller chercher des choses un peu inattendues, jeunes talents ou moins jeunes mais qui ont pu attirer son attention comme ce deuxième album de ce duo guitare/piano composé du jeune Paul Abirached et du moins jeune et indispensable Alain Jean-Marie. On comprend lorsque lon connaît l’élégance du saxophoniste quil ait pu être séduit par la grande classe de ce duo.

 

Car pour ce qui nous concerne cest un véritable Coup de coeur que nous avons eu pour ce duo qui sort totalement des sentiers battus en la matière. Même si le guitariste revendique son admiration pour la musique de Jim Hall ( cela s'entend vraiment ) on est quand même loin de la référence qui revient toujours concernant les duos guitare/piano, celle de Jim  Hall et de Bill Evans. Car ici les deux musiciens ont une personnalité forte et très différente. La musique est toute autre. Au gré de cet album dune rare finesse, les deux musiciens explorent ensemble des terrtoires très différents à la frontière du jazz, du blues et même parfois de la folk-country. Les deux musiciens délaissent parfois la trame mélodique pour se transformer en dénicheur, en chercheurs d'or à savoir l'harmonie parfaite, l'espace idéal et la respiration. Tous les deux sont là comme des dénicheurs visant à la fois à sa compléter mais aussi parfois à se distancier l'un l'autre, à se tourner le dos puis à se faire face à nouveau. Les deux musiciens atteignent alors des sommets et les chaleurs harmoniques du guitariste trouvent écho dans le phrasé et le sens mélodique dAlain Jean-Marie.

Tout cela avec le sens de l'éhange et de la discussion .

il  y a dans cette musique beaucoup d'écoute ( bien sûr) mais aussi beaucoup de finesses et de d'intelligence du propos musical. Comme la compréhension de chacun vers lautre. Beaucoup de douceur et d’émotion aussi dans leurs échanges, à l'image de ce Down Antigua qui flotte avec légèreté dans l'air des harmonies d'AJ et de PA. Les deux musiciens s'emparent d'un répertoire qui va de Paul Motian à Joe Lovano en passant par Wayne Shorter et jusqu'à un Don't Expliain de Billie Holiday qui vient conclure cet album.


 

Cest un disque bleu qui vous enveloppe dans ses vapeurs suaves et qui révèle une douce poésie. Ce disque à côté duquel on pourrait passer si lon ne vous alertait, tourne en boucle depuis plusieurs semaines sur ma platine et, je ne sais pas pourquoi, me rend

indiciblement heureux. Il m'est devenu totalement indispensable. En ce sens cette rencontre entre le guitariste et le pianiste est dune immense humanité. De celle qui rend le monde un peu meilleur.

Jean-Marc Gelin

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 23:24

JEAN-LOUIS LEMARCHAND  : " Paroles de jazz"

ED. Jazz Impressions 2014

91 p., 12 euros

 couv-paroles-de-jazz.jpg

Oui, cela ne fait aucun doute, Jean-Louis Lemarchand est coupable ! Il doit être jugé ici même de multiples chefs d'accusation au titre desquelles on notera notamment ceux de polygamie et de recel aggravé et multirecidiviste.

 

Jean-Louis Lemarchand est en effet coupable de polygamie. Grand journaliste il n'hésite pas à user de sa notoriété justifiée pour se marier avec Les DNJ dans le même temps qu'il écrit à La Tribune ou encore à Jazzmagazine, passant ainsi d'une maîtresse à l'autre ( et encore j’en oublie ....)

 

Mais surtout Jean-Louis Lemarchand est un dangereux multirécidiviste accusé ici de recel de pépites d'or sournoisement subtilisées à ses propriétaires.

 

Non content d'avoir publié l'an dernier " Ce jour-là sur la planète jazz" émaillées d'interviews que les plus grands jazzmen lui avaient accordé, il publie aujourd'hui " paroles de jazz", que les lecteurs n'auront aucun mal à identifier comme autat de petits trésors volés à ses interlocuteurs au détour d'une brève conversation.

 

Et le butin n'est pas mince. Vous allez devoir le juger, alors notez bien l'inventaire du larcin. 32 chapardages : Ray Baretto, Lionel Belmondo, Dee Dee Bridgewtaer, Bill Carrothers, André Cecarrelli, Ornette Coleman ( rien que ça !), en passant par Herbie Hancock, Ahmad Jamal ou Joe Zawinul et les autres. Ces interviews-flash receuillis entre 1996 et  2013 ont d’ailleurs été publiées dans plusieurs revues  ( dont votre beinfaiteur DNJ).

Loin de grands et longs moments passés avec les interviewés, Jean-Louis Lemarchand capte au vol quelques petites et très courtes confidences, quelques paroles essentielles ou carrément intattendues, comme autant de minuscules moments de vérités précieux. Il faut dire que Jean-Louis Lemarchand est cash et n'hésites pas à poser les questions de front voire avec une pointe de provoc.

 

Morceau choisi : lorsque JLL demande à Ornette Coleman “ longtemps vous avez fait l’objet de critiques. Vous avez été même agressé physiquement par un spectateur irrascible” – Réponse d’OC : “ Il m’a dit  que je ne devais pas jouer du saxo comme ça, mais il ne m’a pas dit comment je devais jouer !”

 

 

N'hésitez pas un seul instant. ces 90 pages se lisent d’une seule traite et se déguste comme un petit bonbon sucré ou plutpot comme un verre de très bon vin partagé entre amis.

 

A mettre absolument entre toutes les mains.

.....même si finalement, Jean-Louis Lemarchand c’est évident est bel et bien coupable.

 

Jean-marc Gelin

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