https://www.youtube.com/watch?v=0RDtAAhW3h8
Pascal Schumacher (vibraphone, compositions)
Pol Belardi (basse, contrebasse)
Franz von Chossy (piano, fender)
Jens Düppe (batterie)
Sylvain Rifflet (saxophone)
Verniri Pohjola (trompette)
Guests : Magic Malik (flûtes) et Aliénor Mancip (harpe)
Ce LTR album du vibraphoniste Pascal Schumacher ne signifie pas « Long term relationship » mais LEFT TOKYO RIGHT. D’une voix douce, dans le petit film promotionnel du label Laborie, il explique la genèse de cet album à 8, conçu après une résidence au Japon. En bon occidental, il a vite été fasciné par la dualité de la civilisation japonaise prise entre tradition et modernité. Ce qu’il exprime dans un travail sur les contrastes dans le titre éponyme « Left Tokyo Right » au juste milieu de l’album. « Left » représentant les quartiers modernes de Tokyo, ceux des néons et du J pop, alors que « Right » fait référence aux temples, aux femmes en kimono, aux joueurs de taiko. Vraiment séduit, le vibraphoniste a ensuite fait des séjours privés reliant Tokyo à Kyoto et Nagano dans une découverte plus approfondie de l’âme de ce pays.
Après cinq disques sous le nom du Pascal Schumacher quartet, il était temps de faire évoluer sa musique : aussi au quartet belge initial, composé du batteur de Cologne Jens Düppe et du pianiste allemand Franz Von Chossy, s’est rajouté le bassiste électrique luxembourgeois Paul Belardi. Voulant ouvrir encore davantage à d’autres influences, Pascal Schumacher a fait venir le trompettiste finnois Verneri Pohjola, emblématique pour lui d’un renouveau de l’instrument, un son feutré mais moderne ; ayant déjà travaillé en duo avec le saxophoniste français Sylvain Rifflet, il lui demanda son concours pour alimenter en tant que souffleur mais aussi « percussionniste » la machine à jazz qui se créait.
Enfin deux invités, le flûtiste Magic Malik indispensable pour donner cette coloration japonaise de la flûte shinobue sur « Lilia » par exemple et la harpiste Alienor Mancip dont l’introduction de «Sakura -San » nous immerge dans une pluie de fleurs de cerisiers.
Ainsi aux commandes d’un nouvel équipage, Pascal Schumacher mène à bien un projet ambitieux, dévoilant un arrière-pays attachant, qui ne cache en rien un authentique travail de recherche, de placement et de répartition des rôles. On sent bien cette volonté délibérée de bousculer certaines lois du genre et d’imposer doucement sa manière mélancolique, parfois contrariée d’un entrain rebondissant.
La plupart des compositions sont du vibraphoniste mais il réussit une version envoûtante du thème principal du film Furyo d’Oshima, « Merry Christmas, Mr.Lawrence » (titre original) où la star de la pop japonaise Ryuichi Sakamoto, non seulement composait la B.O et ce tube planétaire à l’époque (1983) tout en affrontant David Bowie à l’écran.
Left Tokyo Right nous fait entendre une musique amoureuse et sérieuse, énergiquement rythmée tout en étant lyrique. Un savoir-faire « maillochique » poétique qui culmine peut-être dans « wabi-sabi », ce concept japonais qui combine harmonie et désordre. Un rêve de musique, sinon de vie.
Sophie Chambon