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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 08:24

 

Blue Note 2014

 Enjoy.jpg

C’est pas comme ça que Blue Note devrait fêter son anniversaire. Certes Bobby Hutscherson fut l’un des héros du label dont il a signé parmi les plus belles plages. Mais avec cet album très classique jouant sur les fibres d'un hard bop un peu policé, Blue Note comme Hutcherson prennent de l'âge et peinent un peu à développer des idées neuves.

Heureusement il y a ici l'apport d'un Dave Sanborn ( c'est vraiment une année de come back pour lui) au son acéré et brut, qui enfonce les lignes avec une aisance toute aérienne et gracile. A l’instar d’un critique de Downbeat ( voir le numéro de juille), je pense que c’est une des meilleures prestations qu’on ait entendues de lui ces derniers temps. Avec Joey de Francesco à l'orgue on est en plein dans cette esthétique ces albums qui ont fait la légende du label ( on pense à ceux de Jimmy Smith ou ceux de Lou Donaldson, en, moins boogaloo).

Pourtant il y manque le feu. Chacun des intervenants fait le gig, sûr de son propre talent sans toutefois que l'énergie soit réellement au rendez-vous. On parle ici de l'énergie collective, de ce fluide du groove qui circule et se transmet d'oreille à oreille, de pieds en pieds. Peut-être à cause d'une rythmique un peu lourde qui ne parvient pas à épauler les trois solistes malgré les efforts louables de cet incroyable phénomène de Billy Hart qui semble faire pourtant ce qu’il peut. A moins encore que ce ne soient les arrangements qui soient finalement en cause. Un peu trop sages à notre goût.

Il y a une tonalité un peu désuète de jazz 90's qui à force endort un peu. La vue est certes belle, mais sur cette carte postale, elle est un peu passée.

Dommage

Jean-Marc Gelin

 

ps : ça c'etait bien, mais c'etait hier....

 

 

 

 

 

 

 


 


 

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 14:50

Plus Loin Music 2014

Thomas Savy ( clb), Michael Felberbaum (g), Pierre de Bethmann (p, fder), Stephane Kerecki (cb), Karl Jannuska (dms)


 Thomas-Savy-Bleu-300x300.jpg

Forcément Thomas Savy, grand amateur de rugby devant l’éternel a dû faire sien cet adage : "on ne change pas une équipe qui gagne".

 

Souvenez vous, il y a quelques années de cela, en 2006 nous nous étions enflammés pour la première édition d’Archipel dans ces colonnes mêmes (THOMAS SAVY: Archipel)

Le clarinettiste remet le couvert aujourd’hui avec la même équipe et surtout un nouvel archipel à découvrir. Un archipel aux couleurs bleutées des notes bleues du blues et d'un jazz aussi bleu que la jazz peut être bleu.

Digne héritier de Jimmy Giuffre parfois, d’Etic Dolphy d’autres fois, Thomas Savy donne le sentiment qu’avec une clarinette basse il parviendrait à jouer seul le son d’un orchestre tout entier. Il passe de la longue phrase mélodique glissante à l’apreté du blues avec une facilité confondante, alliant dans un même mouvement la saleté qui colle aux basques d’un jazz poisseux (Stones, Misterioso) aux élégantes ligne mélodiques ( Archipel, Father bear). C’est que Thomas Savy exprime la synthèse même de ce qu’il est : un musicien aussi classique que jazz. Ou aussi jazz que classique. C’est vous qui voyez. Lorsque l’énergie vient du plus profond  des poumons et du ventre et s’exprime dans des moments où la puissance de ce qui est dit se marie à sa légèreté des notes flottantes, Thomas Savy montre bien qu’il est vraiment l’un des très grands de l’instrument.

Sa complémentarité avec Michael Felberbaum est éclatante et chaque intervention de ce dernier est une sorte d’enluminure, comme le prolongement naturel du discours du clarinettiste, par d’autres moyens.

 L’album est tout simplement beau. Parfois touchant aussi comme sur ce Father Bear comes Home où l’on imagine quelle belle berceuse Thomas Savy doit jouer à ses enfants avant qu’ils ne s’endorment.  Archipel c’est aussi des climats entre chiens et loups qui s’installent parfois (Stones) Et puis il y a derrière Archipel un groupe tout entier qui interagit au quart de tour (écouter O’Mc Henry, thème composé par Karl Jannuska), totalement fusionnel.

Magnifique version aussi de Misterioso où les graves de la clarinette de Thomas Savy offrent une superbe lecture du thème de Monk qui ne dévoile entièrement et pudiquement qu’à la fin de ce long préliminaire.

 

Duke Ellington et Billy Strayhorn disait «  a drum is a woman ». Où l’on découvre ici qu’Archipel n’est pas un ensembe d’îles mais au contraire d ‘ « elles ». Avec cet album Thomas Savy donne à la clarinette basse des allure félines de femmes ensorcelantes, à la fois chanteuses et danseuses lascives, irrésistiblement sensuelles qui nous prennent sournoisement dans leurs filets.

Un acte d’amour en somme.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 09:11

 

joshuaredman trios cover

Nonesuch rcords 2014

 

Joshua Redman (ts, ss), Gregory Hitchinson (dms), Matt Penman (cb) ou Reuben Rodgers (cb)

 

Sur le chemin de votre bel été, vous aurez certainement l’occasion de croiser un festival de jazz. Et dans ce festival vous aurez peut être l’occasion de tomber sur le jour où Joshua Redman se produira sur scène.  Alors, si vous ne connaissez pas l’animal ( et que donc, vous habitiez sur la planète mars durant les 20 dernières années), ce disque est absolument fait pour vous et vous donnera un bel aperçu de ce qui vous attend.

Enregistré en trio pianoless, en live dans deux clubs américains , au Jazz Standard de New York ou au Blues Alley de Washington DC, cet album est la démonstration éclatante du talent fou du saxophoniste. Il sait à peu près tout faire avec son biniou. Il peut vous tuer avec ce son venu de toute sa tradition jazzistique, comme sur Mack The Knife ou Never let me go. Ce son qui vient de tous les grands ténors en passant par Rollins bien sûr mais aussi Coleman Hawkins qui, on le jurerait, lui fait des clins d’œil de sa tombe. Plus aucun ténor n’ose aujourd’hui jouer avec ce son si grave. Ce son qui se perd un peu aujourd’hui et qui ramène à toute la tradition.

L’ancien maître de L’Elastic Band ( où il faisait le monde plus funky) groove comme un Dieu, se permet des moments de folie douce ( Trinkle, tinkle), se fraye son chemn en mutin de l’improvisation alerte. L’auteur de  James Farm installe une proximité immédiate avec son public avec une belle générosité. Ca sent la chaleur moite et l’odeur un peu acre des verres d’alcools de clubs de jazz. On imagine le public debout, n’y tenant plus.

 

A 45 ans le fils de DeweyRedman est à son zenith et tutoie les étoiles du jazz. Parmi les plus grands ténors actuels. Joshua Redman montre qu’il ne se cantonne pas à ces grandes performances données partout dans le monde et organisées par des tourneurs qui lui font remplir des salles énormes mais qu’il reste aussi un jazzman de club, celui qui sait mettre le feu avec ses acolytes complices et tout aussi coupables.

 

Si vous l’avez loupé dans le début de l’été, Redman vous donne une autre chance

-       samedi 27 juillet en clôture du festival du Parc Floral à Paris

-       à Vannes le 29 juillet

-       à Jazz à la Villette le 9 septembre

 

 

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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 21:09

 

Greatest Songs

Label Cristal records/ harmonia mundi

http://www.cristalrecords.com/cristalrecords/fr/661 

 ColePorter.jpg

C’est dans la collection OSD (Original Sound De Luxe) du label Cristal que nous suivons fidèlement depuis des années que paraissent les meilleures compilations de jazz. Le concept de «compilation » est d’ailleurs magnifié dans cette collection dont le catalogue est concocté avec amour et érudition par Claude Carrière, l’un des meilleurs spécialistes de cette musique. Lire les notes de pochette de chaque album est d’ailleurs un bonheur à chaque nouvelle parution : précises, érudites et engagées, elles constituent un témoignage précieux sur la mémoire de cette musique aimée.

Dans le numéro dont il est question ici, Claude Carrière s’attaque à l’une des plus grandes figures de la comédie musicale à Broadway, auteur de centaines de standards (paroles et musique !) que nous ne savons pas toujours lui attribuer.

 Cole Porter est incontestablement avec Irving Berlin, l’auteur le plus prolifique, des années vingt jusqu’à la fin des années cinquante. Jugez plutôt: “Love for Sale”, “Night and Day”, “Anything Goes”, “Begin the Beguine”, “Easy to love”, “My Heart Belongs to Daddy”, “Every Time We Say Goodbye”, “All of You”. Notons que toutes ces chansons sont souvent gravées dans les mémoires dans l’interprétation qui les rendit célèbres, à Hollywood. Prenez Marilyn pour « My Heart Belongs to Daddy » dans Let’s Make Love ou Fred Astaire pour « Night and Day » dans l’une de ses séquences les plus «glamour» avec Ginger Rogers dans The Gay Divorcee. Pour Claude Carrière, j’ai cru comprendre qu’une de ses « madeleines » est le « All of me » de Silk Stockings où Fred Astaire a pour partenaire cette fois, la belle Cyd Charisse (aux jambes interminables, d’ailleurs plus grande que lui).

La sélection de Claude Carrière permet également aux amoureux du jazz vocal de retrouver des versions d’anthologie avec la fine fleur des jazzmen de l’époque où interviennent Carmen McRae, Julie London, Ella Fitzgerald, Peggy Lee, Billie Holiday, Anita O’Day, et pour les  «male singers» l’inoxydable Mel Torme, (« Get Out of Town ») ou Ray Charles sans oublier Louis Armstrong dans « Just One of These Things ».

 Vous l’aurez compris, cet album qui comporte 21 titres balaie la grande époque où jazz et comédie musicale étaient intimement liés, de 1934 « Miss Otis Regrets » avec Ethel Waters  et l’orchestre de Tommy Dorsey (la seule chanson de Cole Porter qu’elle ait enregistrée, un portrait de la journaliste-commère Elsa Maxwell) à 1962 avec le « Love for Sale » de Shirley Horn.

 Pour les plus anciens, voilà de quoi réveiller la nostalgie et donner une furieuse envie de réécouter ces merveilles. Avec cet opus, vous aurez de quoi cerner les fulgurances coleportiennes et vous en saurez plus qu’avec une longue biographie. Cet hommage est aussi hautement recommandé pour les plus jeunes qui découvriront ainsi d’où viennent certains airs populaires...

 

Sophie Chambon

En rappel, voir aussi le magnifique hommage, très actuel cette fois :

http://www.lesdnj.com/article-maria-laura-baccarini-furrow---a-cole-porter-tribute-98296140.html

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 21:58

 

ECM 2014

Keith Jarrett (p), Charlie Haden (cb).

 

 

 lastdance 

EMOTION !

 

Keith Jarrett et Charlie Haden c'est bien sûr une très longue histoire d'amitié. Depuis notamment ce fameux trio qui réunissait le pianiste, le contrebassiste et le regretté Paul Motian à la batterie. Lorsqu’ils enregistrent en duo en 2007, dans le studio de Keth Jarrett, les deux amis de longue date s’étaient éloignés depuis déjà quelque temps. Il s’agissait donc de retrouvailles en musique. Et de ces retrouvailles étaient nées un album magnifique, « Jasmine » que notre confrère Alex Dutilh avait chroniqué dans ces colonnes mêmes en 2010 (http://www.lesdnj.com/article-keith-jarrett-charlie-haden-jasmine-50132971.html)

Tout ce qui s’était joué durant ces trois jours ne figurait bien sûr pas sur cet album. ECM décide donc aujourd’hui d’en publier quelques nouveaux titres.

Et ce sont encore de véritables pépites ! Des traces de moment rares et d’une profonde sincérité. La marque de ce qui indéfectiblement réunit Keith Jarrett et Charlie Haden. Les deux se retrouvent donc sur un répertoire de standards comme ils les affectionnent. Paul Motian certes n’est plus là. Mais c’est comme si on entendait dans notre subconscient, en filigrane le drive fin du batteur new-yorkais planer sur cette rencontre. Chaque morceau est plus bouleversant que celui qui le précède. Une version renversante de Goodbye. Une autre très inattendue du be-bopien Dance of the Infidelsde Bud Powell où Keith Jarrett semble redécouvrir avec une joie non dissimulée le plaisir de jouer bop. Charlie Haden, redevenu clean y est énorme. Sur My Old flame par exemple, il faur entendre cette profondeur mélodique.

 

Assurément l'entente entre les deux hommes est au beau fixe. L'un étant une sorte de prolongement de l'autre dans un grand moment de musique fusionnelle. My ship est aussi un moment de musicalité et d'émotion intense où sous les doigts de ce génie de Jarrett la mélodie est exhalée avec un supplément d'âme, comme jamais. Chaque morceau prend des airs de chefs d’œuvre. Keith Jarrett est à son élément. Avec lui c'est tout l'art de la revisitation, de l'improvisation et du détour comme sur cette version de Round Midnight qui passe par toutes les couleurs et n'en vient au thème qu'au bout de 7 mn. Et puis, et puis, il y a ce moment, cette grâce inouïe sur It might as well be spring où Jarrett semble libéré de quelque chose, totalement aérien dans sa façon de survoler le thème. Avec cet art de pouvoir, par l'impro magnifier la mélodie avec émotion qui prend aux tripes. C’est juste sublime. Keith Jarett et Charlie Haden ont ce don de savoir le temps.

Keith-Jarrett-and-Charlie-009.jpg 

 

 

 

 

 

 

Dans ce last dance, on aime penser qu’il ne s’agit que de la dernière version publiée et qu’il y a aura encore après cet album une suite à cette histoire.

Une suite à ce jazz dont ils témoignent ici, toujours et encore qu’ils en ont écrit des pages exceptionnelles.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 14:28

 

Archiball 2014

Paul Abirached (g), Alain Jean-Marie (p)

 abirached.jpg

Le label Archiball créé par Archie Shepp s'ouvre aujourd'hui à des nouveaux talents avec " Rainbow collection". Pour inaugurer  cette collection, Shepp nous propose daller chercher des choses un peu inattendues, jeunes talents ou moins jeunes mais qui ont pu attirer son attention comme ce deuxième album de ce duo guitare/piano composé du jeune Paul Abirached et du moins jeune et indispensable Alain Jean-Marie. On comprend lorsque lon connaît l’élégance du saxophoniste quil ait pu être séduit par la grande classe de ce duo.

 

Car pour ce qui nous concerne cest un véritable Coup de coeur que nous avons eu pour ce duo qui sort totalement des sentiers battus en la matière. Même si le guitariste revendique son admiration pour la musique de Jim Hall ( cela s'entend vraiment ) on est quand même loin de la référence qui revient toujours concernant les duos guitare/piano, celle de Jim  Hall et de Bill Evans. Car ici les deux musiciens ont une personnalité forte et très différente. La musique est toute autre. Au gré de cet album dune rare finesse, les deux musiciens explorent ensemble des terrtoires très différents à la frontière du jazz, du blues et même parfois de la folk-country. Les deux musiciens délaissent parfois la trame mélodique pour se transformer en dénicheur, en chercheurs d'or à savoir l'harmonie parfaite, l'espace idéal et la respiration. Tous les deux sont là comme des dénicheurs visant à la fois à sa compléter mais aussi parfois à se distancier l'un l'autre, à se tourner le dos puis à se faire face à nouveau. Les deux musiciens atteignent alors des sommets et les chaleurs harmoniques du guitariste trouvent écho dans le phrasé et le sens mélodique dAlain Jean-Marie.

Tout cela avec le sens de l'éhange et de la discussion .

il  y a dans cette musique beaucoup d'écoute ( bien sûr) mais aussi beaucoup de finesses et de d'intelligence du propos musical. Comme la compréhension de chacun vers lautre. Beaucoup de douceur et d’émotion aussi dans leurs échanges, à l'image de ce Down Antigua qui flotte avec légèreté dans l'air des harmonies d'AJ et de PA. Les deux musiciens s'emparent d'un répertoire qui va de Paul Motian à Joe Lovano en passant par Wayne Shorter et jusqu'à un Don't Expliain de Billie Holiday qui vient conclure cet album.


 

Cest un disque bleu qui vous enveloppe dans ses vapeurs suaves et qui révèle une douce poésie. Ce disque à côté duquel on pourrait passer si lon ne vous alertait, tourne en boucle depuis plusieurs semaines sur ma platine et, je ne sais pas pourquoi, me rend

indiciblement heureux. Il m'est devenu totalement indispensable. En ce sens cette rencontre entre le guitariste et le pianiste est dune immense humanité. De celle qui rend le monde un peu meilleur.

Jean-Marc Gelin

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 23:24

JEAN-LOUIS LEMARCHAND  : " Paroles de jazz"

ED. Jazz Impressions 2014

91 p., 12 euros

 couv-paroles-de-jazz.jpg

Oui, cela ne fait aucun doute, Jean-Louis Lemarchand est coupable ! Il doit être jugé ici même de multiples chefs d'accusation au titre desquelles on notera notamment ceux de polygamie et de recel aggravé et multirecidiviste.

 

Jean-Louis Lemarchand est en effet coupable de polygamie. Grand journaliste il n'hésite pas à user de sa notoriété justifiée pour se marier avec Les DNJ dans le même temps qu'il écrit à La Tribune ou encore à Jazzmagazine, passant ainsi d'une maîtresse à l'autre ( et encore j’en oublie ....)

 

Mais surtout Jean-Louis Lemarchand est un dangereux multirécidiviste accusé ici de recel de pépites d'or sournoisement subtilisées à ses propriétaires.

 

Non content d'avoir publié l'an dernier " Ce jour-là sur la planète jazz" émaillées d'interviews que les plus grands jazzmen lui avaient accordé, il publie aujourd'hui " paroles de jazz", que les lecteurs n'auront aucun mal à identifier comme autat de petits trésors volés à ses interlocuteurs au détour d'une brève conversation.

 

Et le butin n'est pas mince. Vous allez devoir le juger, alors notez bien l'inventaire du larcin. 32 chapardages : Ray Baretto, Lionel Belmondo, Dee Dee Bridgewtaer, Bill Carrothers, André Cecarrelli, Ornette Coleman ( rien que ça !), en passant par Herbie Hancock, Ahmad Jamal ou Joe Zawinul et les autres. Ces interviews-flash receuillis entre 1996 et  2013 ont d’ailleurs été publiées dans plusieurs revues  ( dont votre beinfaiteur DNJ).

Loin de grands et longs moments passés avec les interviewés, Jean-Louis Lemarchand capte au vol quelques petites et très courtes confidences, quelques paroles essentielles ou carrément intattendues, comme autant de minuscules moments de vérités précieux. Il faut dire que Jean-Louis Lemarchand est cash et n'hésites pas à poser les questions de front voire avec une pointe de provoc.

 

Morceau choisi : lorsque JLL demande à Ornette Coleman “ longtemps vous avez fait l’objet de critiques. Vous avez été même agressé physiquement par un spectateur irrascible” – Réponse d’OC : “ Il m’a dit  que je ne devais pas jouer du saxo comme ça, mais il ne m’a pas dit comment je devais jouer !”

 

 

N'hésitez pas un seul instant. ces 90 pages se lisent d’une seule traite et se déguste comme un petit bonbon sucré ou plutpot comme un verre de très bon vin partagé entre amis.

 

A mettre absolument entre toutes les mains.

.....même si finalement, Jean-Louis Lemarchand c’est évident est bel et bien coupable.

 

Jean-marc Gelin

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 14:18

 

Fresh Sound New Talent/ Socadisc

Concert officiel de sortie d’album 10 juin 2014  Sunset Paris / 21H

www.yoannloustalot.com 

www.fredericborey.com

 

luck-dog.jpg

Une pochette un poil surréaliste qui flirte avec l’absurde ... et qui ne dit pas si ce chien est « happy », juste qu’il est « lucky ». D’avoir de tels maîtres ou compagnons ? Sans aucun doute, car le saxophoniste Fred Borey, le trompettiste Yoann Loustalotforment, avec la paire rythmique de Yoni Zelnik et Frédéric Pasqua, un quartet sans piano remarquable, qui devrait faire date. D’ores et déjà, leur jazz ne laisse pas indifférent. Les deux soufflants s’épaulent mutuellement dans un registre intime, sur le versant d’une mélancolie qui n’est pas nostalgie larmoyante pour autant. Leur duo, absolument juste et coopératif, laisse entrevoir des fulgurances dès «The real all of me». On comprend que l’on pénètre dans une étrangeté parfois déroutante, par intermittence langoureuse («Sinful»). Le titre éponyme porte sa charge hypnotique et exaltée. D’un bout à l’autre de l’album, jamais la tension ne s’apaise. « Yonisation » débute comme de juste, par une intervention courte, intense du contrebassiste Yoni Zelnik, vieux complice de Yoann Loustalot. Particulièrement combattif, il entraîne son attelage en compagnie du batteur dans la plupart des titres comme «Jacky’s method » ou le survolté «Interférences». «Peaceful time» a la douceur d’une plainte qui n’en finit pas d’émerger, prélude à une échappée d’autant plus étonnante. C’est que Yoann Loustalot, traversé d’une urgence jamais démonstrative, impose de vifs changements de direction, contrariant ainsi un tempérament plutôt recueilli. Il s’interrompt au détour de longues phrases toutes en volutes, ose le suspens pour bifurquer de plus belle et reprendre son essor. Si Fred Borey semblait plus serein, tendrement lyrique dans ses disques précédents, il est ici, comme contaminé par les élans fiévreux de son partenaire et s’enhardit en livrant une musique grave et légère, souple et bondissante. Un désir catalyseur qui s’organise tout naturellement autour de l’engagement de musiciens aux prises avec la pureté du son, de l’enregistrement. Et de l’effet produit sur un auditeur attentif, en quête d’émotion directe, d’authenticité. C’est l’esprit, l’essence de leur musique qui touche, restituant au plus près la vérité de la performance. On aime ce Lucky dog pour le miroir d’ombres qu’il nous tend, la lumière noire d’un jazz aéré, riche en nuances.

Sophie Chambon 

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 07:32

Neuklang 2014

David Haudrechy, saxophones & direction - Ferdinand Doumerc, saxophones &

flûte - Gaël Pautric, saxophones & clarinette basse - Nicolas Gardel &

Nicolas Algans, trompettes - Olivier "Lapin" Sabatier, trombone - Lionel

Segui, trombone basse - Florent Hortal, guitare - Amaury Faye, claviers &

piano - Julien Duthu, basse & contrebasse - Pierre Pollet, batterie -

Florent "Pepino" Tisseyre, percussion

 initiative-h-album-300x300.jpg

Décidément Neuklang a toujours le chic pour révéler des talents qui pourraient passer inaperçu. Ce fut le cas avec Ping machine qui eut, avant d'être encensés par la presse, bien du mal à trouver label à son pied dans l'hexagone. Ce fut aussi le cas très récemment avec la superbe pianiste cubaine Marialy Pacheco dont nous faisions état dans ces colonnes.

Aujourd'hui c'est au tour de ce groupe INITIATIVE H jusqu'ici inconuu et

que  le label allemand nous permet de découvrir. Dans ce big band il y a une veine, un style qui pourrait justement s'inscrire à la croisée de quelques sympathiques big bands comme Ping Machine justement ou comme le sacre du Tympan dans ses premières versions pour le côté très cinoche de ce qu'ils disent. mais avec un côpté parfois

plus crépusculaire. L'écriture y est parfaite quoiqu'un poil conventionnelle parfois, associant l'acoustique et l'électrique à merveille. Les solistes sont tous hyper impliqués et jouent tous avec beaucoup de nuances avec des cuivres qui envoient en background. On a l'impression d'entendre la masse orchestrale légèrement emphatique se déployer ou au contraire d'entrer dans un univers plus intime. Le volume des cuivres laissant la place aux incises électriques des claviers ou des guitares.  On est dans l'expressif. dans le quasi-narratif par les climats et les paysages qu'ils évoquent, sorte de déambulation ultra contemporaine, violente et douce à la fois à l'image de cette magnifique envolée de

soprano d'un grand lyrisme sur Désillusion.

il y a  même des climats à la Miles comme cette ouverture sur Eastside par exemple qui débouche ensuite sur un format plus " big band". L'album est ponctué de moments jazz accolés à des rythmiques rock comme sur ce Murder drome p. ex. Il y a des "moments". Ils se succèdent même avec une certaine forme d'allégresse  ( In Benzin veritas). Sur the way of the sun on entre dans quelque chose qui relève plus d'une parenthèse charmante jouée en petite formation, sur une mélodie agréable. Visiblement ces jeunes musiciens toulousains au premier rang desquels figure David Haudrechuy qui écrit et dirige de main de maître, ont apporté un grand soin à la réalisation de cet album qui s'inscrit dans la lignée des belles réussite en la matière .

Jean-marc Gelin

 

 

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 22:06

 

Black and Blue record 2014

Laurent Marode (p), Ronald Baker (tp), David Sauzay (ts), Sarah Lancman (vc), Fabricio Nicolas (contrebasse) et Grégory Serrier (batterie),

 elephant-walk-web.jpg

 

Ce n'est pas la révolution du genre. N’empêche ça fait du bien par où ça passe. Le pianiste Laurent Marode signe ici un album de standards assumant à fond le fait qu'il n’y a absolument aucun mal à jouer ces bons vieux saucissons du moment qu'on les joue avec amour et qu’on les joue bien. Et de fait, Laurent Marode sait y faire. On est en terrain connu. On entre en toute confiance dans cette musique. On reconnaît les murs, le papier peint et la moquette, on reconnaît les meubles qui n’ont toujours pas vieilli et l’on prend doucement son pied dans cette demeure chaleureuse. Cette maison blue c'est celle du jazz des années 50, du hard bop et du swing qui groove un max.

Le trompettiste Ronald Baker et Sarah Lancman (lauréate du Montreux Jazz festival 2012) apportent leur voix qui ma foi se marient plutôt bien sur une langoureuse et simplissime version de Misty. David Sauzay comme toujours joue terrible de chez terrible, y est admirable dans cette connaissance de ce patrimoine jazzistique. On le croirait sorti tout droit d'un club de jazz new Yorkais, du Smalls ou un truc dans le genre. Il faut dire que le saxophoniste excelle dans ce swing tout en souplesse, en délié et en suave sensualité. On l'entend avec plaisir sur Wrap your trouble in dreams glisser sur le tempo et les harmonies. Quand à Ronald Baker, exilé en nos contrées, il est comme un poisson dans l'eau dans cette musique de l’après-bop où les maîtres comme Lee Morgan ou Kenny Dorham ne sont jamais très loin. Laurent Marode groove et swingue à merveille et la rythmique fonctionne aussi à la perfection.

C'est typiquement le genre d'album à mettre sur sa platine lorsque l'on a pas de courage de sortir en Club et que l'on veut inviter un combo dans son salon.

Rien que pour soi.

C’est peut être cela que l’on appelle le luxe.

Jean-Marc Gelin

 

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