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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 07:06

 

OKEH 2013

Michel Camilo ( piano solo)

camilo.jpg 

C’est le deuxième album pour la renaissance du célèbre label Okeh. Label légendaire s'il en est, qui a publié dans les heures glorieuses et primitives du jazz les célébrissimes enregistrements de Louis Armstrong et de bien d’autres. Si le premier album de ce label ressuscité est signé du pianiste John  Medeski, en solo (pianiste notamment du célèbre trio Martin, Medeski & Wood") on se réjouit que le suivant laisse encore la part belle à l’exercice solitaire du piano en y accueillant le grand Michel Camilo.

Un démarrage sur des chapeaux de roues ragtime histoire de montrer qu'il est bien un maître plasticien rythmicien et un clin d’œil à ceux qui l’ont précédé sur le mythique label. Aussi une très respectueuse version de Take Five de Paul Desmond en hommage peut être à la disparition de Dave Brubeck. Où l'on voit l'incroyable agilité du pianiste, la souplesse de son phrasé et la parfaite maîtrise des intentions. Dans l'exercice souvent introspectif du piano solo, Michel Camilo fait ici exception par

sa générosité. Qunad il joue, il donne. Aussi swinguant que tendre ou émouvant il sait se faire percussif ou rechercher des harmonies graves et belles. Ecoutez A sandra serenade, belle déclaration d'amour.

Il y a chez Camilo quelque chose de certains maîtres classiques. Erroll Garner pour quoi pas quand à son sens de la mélodie, ou Bill Evans ( Alone together) par son art de la sublimer. Petrucciani encore, avec sa précision rythmique exceptionnelle. Bien sur chez lui, prennent parfois le dessus ses airs de pianiste « latino » avec ce sens de la rumba et de la danse ( formidables Island beat, Paprika ou On fire) qui lui donnent cette capacité à groover. On n’est pas originaire de République Dominiquaine sans en garder quelques ADN du swing.

Et cette version de Chan Chande Compay Segundo dont la chanson est ici sauvegardée et nous renvoie au Buena Vista Social Club de Ry Cooder sans être dénaturée.

Michel Camilo sait donner de l'air à sa musique par surcroît de légèreté et de fluidité du langage. Prodigieuse main gauche, aussi alerte dans la puissance percussive que dans les renversements d'accord. Il faut l'entendre sur Alone Together, entendre son hommage aux mâitres du piano jazz pour comprendre quelle maestria ils lui ont transmise. Un peu d'Art Tatum dans son jeu quand il emprunte la vélocité des fioritures. Fort !

Toute l'affirmation de son identité de pianiste de jazz et de blues enfin dans cette version de Love Forsale aussi où derrière le reprise du thème, c'est toute l'inventivité de son discours qui éclate .

Et c'est au final une sorte de parenthèse enchantée dans l'avalanche des publications actuelles. Une façon de se ressourcer à un jazz bel et bien enraciné dont certains, comme Michel Camilo sont de flamboyants porteurs de flamme. Porteurs de grâce.

Jean-Marc Gelin

 

 

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 20:06


seguron_solo_pour_trois.jpgAjmiseries

L’actualité du contrebassiste Guillaume Séguron est féconde en 2013 , car il voit arriver à maturité certains projets qui lui tenaient particulièrement à cœur.
Celui qui nous occupe ici est le Solo pour trois (titre malicieux), avec Lionel Garcin au saxophone alto et Patrice Soletti à la guitare sur le label de l’Ajmi, l’excellent Ajmiséries.
Il est vrai que dans le petit monde sudiste, le contrebassiste  nîmois est connu mais le coup de projecteur de la tournée de Jazz Migration (dans les festivals AFIJMA) devrait éclairer de façon significative, ce travail riche et précis. Pour notre part, nous l’avions découvert avec un album de 2003 (déjà de l’Ajmiseries) intitulé Witches, consacré aux musiques du groupe Police.
L’impression première à l’écoute de ce disque original et audacieux est l’éblouissement dû à la plongée dans une improvisation collective réussie. Il s‘agit en effet de trois hommes au travail dans un climat de « liberté surveillée ». Les compositions du contrebassiste révèlent en effet un trio très équitable, à l’énergie lumineuse, attentif à la matière (entrelacs des textures et  combinaisons des sons). Les instruments font entendre leurs vocalises et aussi leurs stridences, la tension est souvent à son comble n’esquissant aucune faiblesse d’intensité.
J’ai eu la chance de découvrir la musique du dernier opus de Guillaume Seguron en lisant un  de ses textes, assez personnel qui regroupe pistes, influences et sensations, où il s’interroge brillamment sur forme et fond. La richesse des associations, des recherches et références est telle qu’elle pourrait « masquer » l’écoute pure de la seule musique. L’étendue de la culture musicale  de Guillaume Séguron permet de brasser les influences les plus diverses,  du rock noisy au minimalisme, sans oublier le jazz évidemment.  Il n’en demeure pas moins vrai que de livrer quelques confidences sur  la fabrique de la création éclaire d’une façon évidente ce que l’on entend ensuite plus distinctement.
Suivons dès lors, dans une création labyrinthique et pourtant claire, les investigations de ces hommes de métier, absolument solidaires, qui se cherchent par solos interposés, dans des motifs soulignés, repris au vol, se prolongeant l’un l’autre.
 «  Waiting for Stewart » est l’ouverture idéale, prélude à ce qui va advenir sur la durée de l’album, dans une continuité essentielle . Disons pour comprendre le titre qu’il y a une double référence au musicien de Police, Stewart Copeland, le premier batteur qui ait compté pour le jeune contrebassiste, « par sa frappe de caisse claire sèche et implacable ». Référence d’autant plus marquante que le trio se passe (et fort bien) de batterie. Comme si les compères voulaient faire allégeance à la batterie absente, dernier  élément de ce quartet virtuel. A l’image de la beauté épurée des trios de Jimmy Giuffre qui expérimenta la formule du trio sans batterie dans les années cinquante. Le contrebassiste aime la simplicité apparente de cette musique  à l’«esthétique très sûre et incorruptible ». Ce premier titre est  une mélodie de plus en plus marquée (guitare et saxophone interviennent après la contrebasse) et  la fièvre monte comme dans un film de James Stewart, deuxième clin d’œil, non moins intéressant, à l’acteur nerveux des films d’Anthony Mann, dont les westerns illustrent la tragédie des grands espaces. Le  suspense  se conclut (provisoirement) sur une  ligne de basse en boucle. Comme dans une forme parfaite, « Waiting for Stewart » renvoie aussi à la fin de l’album. Un autre exemple de la richesse intertextuelle, le choix de Venise, lieu idéal rêvé pour accomplir un voyage à la Hugo Pratt, que l’on entend dans « Pal (Azzo) 7 », pièce tortueuse, « plastique » où est tenté quelque chose proche de la dé-mesure, dès la reconnaissance d’un thème, aussitôt irradié par glissements, bifurcations et changements de tempos. A la façon dont le contrebassiste aime se perdre dans les villes, avec un plan  paradoxalement.
Aucune règle ne détermine ce qui se produit là, si ce n’est la complicité alliée au travail le plus exigeant. Voilà un album inattendu, on pourrait presque dire inespéré, aux nombreuses  fulgurances. La musique parvient à toucher car dans sa complexité heureuse, elle reste immédiate. GuiIlaume Séguron semble en recherche alors qu’il sait où il va, dans ces compositions ouvertes . Une musique que l’on aime enfin pour ce qu’elle éveille dans notre imaginaire.

Sophie Chambon
 



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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 07:36

 

JUST LOOKIN PRODUCTION 2013

David Linx (vc), Diederick Wissels (p), Donald Kontomanou (dms), Christophe Wallemme (cb) + Manu Codjia (g), Jacques Schwarz-Bart (ts), Ibrahim Maalouf (tp)

 windsofchangecover-web-mini.jpg

Entre David Linx et Diederick Wissels, c'est une vieille histoire. Une histoire de plus de 20 ans ! Plus exactement 25 ans de scène et 20 ans d'enregistrements.  Avec, à leur actif quelques plages qui marquent assurément l'histoire du jazz vocal avec des enregistrements déjà devenus mythiques comme « Up Close » en 1996 définitivement inscrit dans la catégorie des plus grands albums de jazz vocal. Autant dire que ce qui réunit ces deux musiciens est de l'ordre de l'intime et de l'indéfectible. Et si ces deux-là semblaient s'être ( discographiquement au moins) un peu perdu de vue au gré de leurs enregistrements respectifs, ces retrouvailles sont ici marquées par la grande tendresse qui semble les réunir. David Linx que l'on connaît souvent plus volubile y affiche un tout autre regard pour son compagnon. Un regard plus poétique où la musique importe autant que le texte de ce qu'ils se ( ou nous) racontent. Ayant composé ensemble l'intégralité du matériau, ils font ici œuvre littéraire autant que musicale, une œuvre de ce que l'on nomme communément des story tellers.  Quelle chose qui relève de bien plus que du simple plaisir de faire de la musique ensemble. Car c’est plus un ouvrage d'artisan d'art comme ceux qui fabriqueraient un livre contes aux  enluminures superbes. Et ils ont cette poésie de la langue anglaise qu'ils partagent avec quelques uns, rares, comme Norma Winston, cette poésie qui nous embarque dans des récits à la langue et à la musiques belles. Il y a même parfois une certaine mélancolie, comme sur ce « wind of change ». Quelque chose d'apaisé dans ces retrouvailles. Linx chante comme rarement. Comme une sorte de retour aux sources. Avec une liberté vocale extraordinaire où il semble avoir oublié toute démonstration pour porter le texte avec un supplément d'âme très émouvant. Loin de lui le souci du groove sacro-saint. Son groove à lui est porté par l’intelligence du texte. Ses crescendos sont des ponctuations, ses respirations des espaces textuels.

Quelques invités de prestige font leur apparition au gré de l'album: Ibrahim Maalouf, Jacques Scwharz-Bart ou encore Manu Codjia. Interventions aussi subtiles que délicates.

Quand à Diederick Wissels, il serait temps que l’on prenne le temps de le (re)découvrir sous nos contrées hexagonales. Et pour ceux qui en douterait il leur faut prêter l’oreille à la présence du pianiste et à son intervention sur  « On a slow train », profonde, juste et empreinte elle même d'une poésie rare. Car Diederick Wissels a ce talent non seulement de mettre en valeur son partenaire mais aussi d’exprimer beaucoup de choses en très peu d’espaces. Le sens de l’essentiel.

C’est rare et juste beau.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 07:28

 

Grolektif Productions 2013

 bigre.jpg

Bigre c’est d’abord l’énergie d’un big band élevé à cette sauce Lyonnaise qui en vu naître d’autres et des fameux, à l’image de cette infernale marmite qui naquit il y a quelques années dans le sillage de l’Arfi.

Et ce Big Band qui ne manque pas d’envie et de peps à l’image de ses glorieux prédécesseurs ne dérogent pas à la règle de ces grandes formations, véritables bouillons de culture portant à ébullition de grands talents émergents qui, il faut bien le dire avec une pointe d’esprit chauvin autant que cocardier, portent bien la marque de notre hexagonal savoir-faire.

Il y a un peu d'esprit festif dans ce big band comme sur ce thème un tantinet balkanisé (funky romania). Beaucoup d'intentions différentes se succèdent et animent un collectif au vrai sens du terme : celui où la masse orchestrale sert les solistes excellents au demeurant (écouter à cet égard le superbe Libramont). Beaucoup de couleurs qu’il s’agisse aussi de rythmes latinos, de valse ou encore de funk. J’ai bien des références qui me viennent en tête et il ne serait pas leur faire injure de leur dire que j’ai parfois pensé à Carla Bley. Mais, dans le même temps rien ne nous sort de nos habitudes des big band actuels. Là où des Ping machine interpellent, là où un Sacre du Tympan peut aussi irriter, là où un Alban Darche nous fait redécouvrir le genre, ici tout semble quand même assez convenu. L'orchestration et l'instrumentation restent classiques. et cela donne un côté un peu académique parfois. On n’est pas vraiment provoqués.

Pour autant pas de quoi passer à côté bien au contraire. Il y a du vrai savoir-faire. ET l’énergie qu’il faut pour faire vivre une grande formation est si dense qu’il faut surtout encourager ces orchestres. En restant un peu lucides toutefois.

Jean-Marc Gelin

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 16:32

 

Fresh Sound New talent 2013

Nicolas Moreaux (cb), Bill Mc henry (ts), Pierre Perchaud (g), David Doruzka (g), Antoine Paganotti (dms), Karl Jannuska (dms), Christophe Panzani (ts), Olivier Bogé (as) + Tigran Hamsyan (p), Frida Anderson (vc)

 moreaux.jpeg

 

Gloire a Jordi Pujol producteur de génie et dénicheur de talents devant l'éternel. Talents qu’il va le plus souvent chercher dans les clubs de l’autre côté de l’Atlantique où ses pioches sont toujours assez géniales.

L'album qu’il nous présente du jeune contre bassiste Nicolas Moreaux ne fait pas exception à la règle. Il a, il faut bien le dire, un peu surpris son monde. D'abord parce que le contrebassiste avait un peu disparu des radars. On l’avait suivi certes au côtés de musiciens français que l’on aime bien, comme Pierre Perchaud ou Olivier Bogé et Tigran Hamasyan (trois musiciens que l’on retrouve ici) ou encore Sophie Alour.

Ensuite parce qu'il n'apparaissait pas véritablement comme un "leader d'opinion" jazzistique. Et enfin parce que, pour son 2ème opus ( après Beatnick aru en 2009) s’attaquer à un double album est un énorme pari.

Et force est bien de constater que le garçon réussi sur toute la ligne et frappe un grand coup son entrée dans sa propre discographie. Nicola Moreaux a de belles choses à dire et des musiciens exceptionnels pour  les exprimer. Mariage réussi, superbe, tout en harmonies raffinées. Avec un sens consommé de l'écriture et de l'arrangement dont il a confié en partie la charge aux musiciens, Nicolas Moreaux navigue subtilement entre un jazz mainstream et un jazz New-Yorkais subtil auxquels il ajoute une belle pincée de pop moderne assez judicieusement distillée. Il y a de l’émotion qui effleure. Il ya une sorte de poésie moderne.

3 saxs l'accompagnent dans cette affaire. 3 saxs qui triloguent sur des tramages superbes et sur les fonds bleutés de Pierre Perchaud ou de David Doruzka. Et si la musique s’accomode de ce jazz moderne il sait faire son affaire avec de bons vieux groove post bop a l'image des deux guitaristes tout en rondeurs swinguantes ( a joyful) et d’une rythmique aussi riche que gravitaire.

Il y a quelque chose d’enchanteur dans ce disque-là, de fascinant dans cette musique. Captivante et douce. Profonde et aérienne.

Un régal.

Jean-Marc Gelin

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 10:31

panossian-bbang.jpgRémi Panossian (p), Maxime Delporte (b), Frédéric Petitprez (dm)

www.plusloin.net

 

BBANG
S’agit- il du Big bang ? D’une reprise de Bang Bang ? Quel titre énigmatique  pour ce  second album de Rémy Panossian après Add fiction. Le pianiste garde la formule du trio avec Maxime  Delporte à la contrebasse et Frédéric Petitprez à la batterie (on ne change pas une équipe qui joue bien). Avec  toujours cette volonté de raconter en musique des micro fictions,  comme cet intrigant  « Islay Smoky notes » , ces fragments  rock sur « Shikiori », du funk sur ce « BBQ » très caliente. Ou le final  au crescendo exposif justement, avec aussi des improvisations inspirées,  comme il se doit en jazz.
Beaucoup de ruptures de rythmes, d’embardées suivies de moments plus tendrement méditatifs.  Pour nous accrocher et nous entraîner dans ce tourbillon, car on ne connaît  pas l’ennui quand ça virevolte. Pas le temps. Quelle est la ligne conductrice ?  Le goût de la mélodie qui chante, dont la ligne claire se retient et permet autant de variantes que de volutes.
Il y a aussi cette énigmatique « Blue box »  dans laquelle les trois musiciens vont puiser, une boîte à idées, à outils,  un talisman : les musiciens semblent ne pas s’en séparer ou restent tout près même quand  ils plongent dans l’eau bleue de la piscine (photo de la pochette). C’est le coffre des souvenirs remisé au grenier. Ou la malle de voyage bien utile en tournée, pour enregistrer des sensations, surtout en Asie où l’on est vite happé, sujet à un certain flottement... Lost in translation
Le trio  y puise en tous les cas l’inspiration de ce plaisant story telling. Bien sûr, nous ne disposons que des images qu’éveillent la musique dans notre imaginaire et l’explication des titres de chacun d es morceaux ne nous en apprendra pas tellement plus. Peu importe !
On est vraiment emporté par l’irrésistible vigueur, la fougue musicale du  trio qui brasse intelligemment les influences. Très accessible au meilleur sens du terme, on se laisse prendre par ces climats changeants!
A noter une très belle qualité d’enregistrement, très équitable pour chaque instrument. La contrebasse n’est jamais étouffée et elle vibre superbement, aérienne et chantante, au côté d’un batteur  véloce, puissant et contrôlé, qui groove de la belle manière. Le piano est  lyrique, fluide. Intrépide même et séduisant.
La musique parvient à un certain équilibre dans la force et la simplicité apparente de son propos, et pourtant les compositions ont juste ce qu’il faut de petits décalages, de délicates surprises jouées par un groupe  qui fonctionne parfaitement en interaction, et non en progression parallèle.
Ce qui prouve que la leçon du jazz n’est ni perdue ni oubliée. Et c’est bien.

Sophie Chambon

 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 22:02

 

Fremeaux et associés 2013

Patrick Favre (p, fder), Pierre Perchaud (g), Gildas Boclé (cb), Karl Jannuska (dms)

patrick-favre-origines-copie-1.jpg

C'est un album qui aurait pu facilement passer inaperçu si quelques acharnés de la cause ne montaient régulièrement au créneau pour défendre le talent de Patrick Favre. Et ils ont raison les bougres ! Il faut parler de Patrick Favre et il faut parler de ce superbe album, « Origines » dont on ne finit pas dé découvrir les subtilités et les richesses écoute après écoute. Car le pianiste a fait ici un gros travail sur à peu près tous les compartiments de la musique, qu'il s'agisse des compositions, des arrangements, de l'espace donné aux solistes ( au premier rang desquels Pierre Perchaud fait sensation *) et enfin de la direction artistique. Tout est ici convoqué pour en faire un album juste beau. Il y a de la vie dans ces « Origines », comme dans ce Bigibop aux chacras grands ouverts comme au premier matin du monde. Ici tout n'est que luxe calme et volupté pourrait t-on dire à l'écoute de cet album qui exhale des parfums harmoniques d'une rare poésie.

Avec un sens du son et des textures sonores Patrick Favre crée là un album qui s'écoute comme on respire, brassant large l'air frais des grands espaces. Pas un album anecdotique. Un album essentiel du genre de celui que vous classez dans vos favoris et qui se réécoutent avec le même plaisir et surtout se redécouvre à chaque fois. Il y a chez Patrick Favre un sens du jouage qui s'appuie sur un réel collectif. Pensez ! L'association de Gildas Boclé, de Karl Januska et de Pierre Perchaud est en soit un casting de rêve et le gage d'une réelle cohésion tant ce quartet-là respire la musicalité.Un brin nostalgique ou reveur parfois comme sur tourne Solaux couleurs plus sombres qui s'appuie sur des ostinatos forts sur lesquels la tribu avance en éclaireur avant que Pierre Perchaud avec le bleuté de ses notes, économe et évanescent ne nous enveloppe dans quelques nappes Metheniennes.

C'est alors sur un titre comme celui-ci que l'on entend toute la mécanique rythmique qui se met en branle avec une efficacité redoutable ( mais combien sont-ils ?).

Une sorte de tribu ancestrale pour un rite primitif.

Jean-Marc Gelin

 

(*) Pierre, les DNJ n'attendent que vous pour une interview prochaine.....

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 18:12

 

Francesco Bearzatti (ts, ss), Giovanni Falzone (tp), Danilo Gallo (cb), Zeno De Rossi (dms)

Cam Jazz 2013

 covermonk_n_roll.jpg

C'est surement une affaire de sales gosses hyper doués, trop respectueux de l'oeuvre de Monk pour accepter de le voir fossilisé dans une posture immuable. Ces bandilleros qui vont jusqu’à reprendre la couverture de Monk (de l'album "Underground") se livrent sans le moindre scrupule (manquerait plus que ça !) à un vrai détournement en plein vol de tout un répertoire monkien avec ses tubes et ses morceaux moins connus  sur l’aire d’autres tubes planétaires, pop et rock cette fois! Avec les memes allures révolutionnaires qu'un Thelonious dansant autour de son piano bastringue. Oui, Monk est aussi Rock et Blue et Monk peut être génialement massacrè à grand coup de riffs de guitare.Ca ne frise pas le mauvais gout, ça s'y vautre avec la gaieté des cochons dans la mare. Si Monk est armè sur la pochette d' "Undergound", Bearzatti manie lui, la dynamite avec un bel entrain. Monk is rck'n'roll et s'invite même au baloche du samedi soir.

Où l'on retrouve un Giovani falzone en génial trublion, pétulant, incisif. Oui Monsieur qui gardez le temple trois fois saint, le jazz peut bien rigoler un peu avec les morts qui, c'est sûr ne demandent pas mieux, pour peu que la musique et le talent soient au rendez vous. Et les exploits du saxophoniste et du trompettiste sur un Bye-ya forcent l'admiration de ceux qui disent "ça joue grave !".

Un Criss cross réarrangé avec un motif de basse á la Velvet Undergound le bien nommé ou un I mean you sur l'air de Billie Jean de Michael Jackson, un 'round midnight façon Walkin on the moon de Police. Pourquoi pas ? Ou encore, pourquoi ? Le problème c'est que si le procédé marche une fois, voire deux, à la longue il ressemble un peu à un manque d'inspiration et ne convainc pas toujours. On préfère en revanche ces 4 variations intéressantes sur Misterioso.

L'occasion est belle, outre l’énergie hallucinante déployée par ces 4 garçons dans le vent,  d'apprécier aussi les talents inoüis de Bearzatti à la clarinette ou encore au tenor sur Green Chimneys ( avec un arrangement (d)étonnant)

Mais, c'est la limite de l'exercice, si on marche dans ce coup de provoc, si l'on est emballés par l'audace, si on admire les numeros d'équilibristes au faux nez aussi géniaux que talentueux, on est en revanche un peu médusés par la portée musicale de l'ensemble qui quand même ne franchit pas vraiment la deuxieme écoute et va vite se ranger dans la categorie des curiosités que l'on ressortira dés que l'occasion s'en présentera.

Et faire pour faire du rock'roll avec Monk il faut véritablement des talents d'arrangeurs exceptionnels. Au risque d'en faire un objet totalement hybride.

Jean-Marc Gelin

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 17:44

Sunnyside records 2013

Ben Wendel (ts), Dan Tepfer (p, fder)

 tepfer-wendel.jpg

Dans la tradition des duos sax/piano, il y a quelques références. Le sommet pour moi ayant èté atteint par Lee Lonitz et Martial Solal.

Ces deux là sont plus jeunes ( même si Dan Tepfer à aussi officié aux côtés de l'altiste) et tous deux élevés au biberon de ce jazz new-yorkais où le maître mot de leur jeu est d'improviser dans l'élégance et le raffinement. Très classiques dans leur jeu. Même quand Tepfer joue en même temps du fender d'une main et du piano de l'autre. Cette forme de classisme du piano s'entend chez Dan Tefper dans sa façon de trouver certains accords dans le grave ou d'approcher la fugue et le contrepoint. Art du contrepoint qui trouve son apogée dans cette Variation 1 en Ré mineur où ce jeu académique ne l'empêche pas d'afficher sa grande liberté. Assurément la marque des grands pianistes. Mais aussi cette approche classique du clavier sur Gratitude, un des très beaux moments de l'album où cette gravité du clavier se combine avec le jeu très aérien de Ben Wendel tout en sensibilité douce. Car lui aussi fait partie de ces immenses talents émergents . De ceux qui peuvent s'affranchir de toute technique démonstrative pour laisser place á la sensibilité du jeu.  Si le propos se rapproche plus d'une sorte de séance improvisée autour de quelques bons vieux standards, il y a des moments magnifiques qui apparaissent dans cette causerie très intime. Ecouter ainsi le son très lesterien de Wendel sur ask me now. II y a chez lui quelque chose du storyteller comme dans ce Jean et Renata très beau, très émouvant avec une inspiration jouant autour de motifs simples. Idem pour ce chef d'oeuvre de Jimmy Van Heusen,  Darn that dream sur lequel Ben Wendel étend un drap de velours avec la tendresse de ceux pour qui il n'est pas la peine d'en rajouter. Un moment juste sublime.

Jean-Marc Gelin

 

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 17:33

 

Assai records

Stéphane Chausse (sax, cl, fl), Bertrand Lajudie (p, fder, synths), Larcus Miller (n), Mino Cinelu (perc), Sylvain Gontard (tp), Stéphane Guchard (dms), Marc Bertaux (b), Fred Soul (perc), Ousman Danedjo (vc), Nicolas Montazaud (perc), Bernard Paganotti (b), Franck Tortiller (mba, vbes), Jasser Haj Youssef (viole), Himiko Pganotti (vc), Patrice Héral ( vc),  André Cecarelli (dms), Dominique du Piazza (b), Steve Tavaglione (ss), Jude Miller ( effects), Rafael Mejias (perc), Joêl Chausse (tp), Philippe Goerges (tb),  etc.....

 chausse-lajudie.jpg

Cet album réalisé par Stéphane Chausse et Bertrrand Lajudie pourrait aisément donner le tournis si l’on en juge par ce véritable all stars qu’il réunit a gré d’une géométrie variable évoluant selon les morceaux.

Un premier morceau un peu en l'honneur de l'invité spécial, Marcus Miller qui sort sur November, très funk, son numéro habituel. On est d'emblée saisi par la qualité de la production, des arrangements et du traitement du son qui sont la marque d'un gros travail méticuleux. Cela sonne un peu retro 80's . Mais on marche à cette électricité là. L'album marqué par son continuum très électrique et jazz fusion mais aussi par la richesse de son instrumentation et des couleurs. On pense parfois au Tutu de Miles (d'ou peut être la présence de Marcus Miller). On note aussi la présence parmi toutes ces figues remarquables qui participent à l'album d'un Sylvain Gontard, incontournable figure actuelle sur la trompette, qui explose aussi littéralement avec une maestria exceptionnelle.

Un super groove parfois comme sur Don't turn around très réussi dans le mix des solistes et des accompagnements où Stephane Chausse marie un son très classique de clarinette (sur lequel il excelle) au tramage funky. Stephane chausse, sur divers soufflants est bluffant dans son intelligence du jeu. Idem sur un Zeeplin au groove rond et moelleux à la Weather Report. Là encore, arrangements impériaux et une masse orchestrale impressionnante.

Manque peut être à cette musique là un petit supplément d'âme qui, au delà de l'énorme performance puisse nous parler un peu au ventre et nous toucher en plein coeur. Car a en faire trop (comme cette coda totalement décalée sur Busy) on pourrait aussi bien rester un peu trop spectateurs.

Mais le groove ! Comme sur ce Mister T où l'ensemble du groupe semble s'être métamorphosé en une seule rythmique. Stephane Chausse, sur divers soufflants est bluffant dans son intelligence du jeu.

Il y a de l'envergure, il y a du souffle dans cet album et dans sa production artistique ( cf Across a tree)

Avec cet album il entre dans la cour des grands et surtout nous fait piaffer d'impatience à le(s) voir (tous) sur scene.

Jean-Marc Gelin 

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