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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 21:18

 

Boris Blanchet (saxophones ténor & soprano), Gabrielle Koehlhoeffer (contrebasse), Mathieu Bec (batterie)

Novembre 2022

https://mathieubec.bandcamp.com/album/flyin-sufi

 

Un duo survolté auquel se joint la contrebassiste Gabrielle Randrian Koehlhoeffer, et une formidable traversée d’un univers exacerbé où pointe le souvenir de Coltrane et Rashied Ali. Le répertoire de Trane est présent par trois thèmes : The Inchworm, Alabama, et India. et de bout en bout c’est l’esprit de l’expressivité virtuose qui plane sur ce brûlot amoureux du grand saxophone (et du génial saxophoniste dont ce trio convoque les mânes). Des plages de douceur presque diaphane aussi, mais toujours l’effervescence guette, elle rôde comme une sentinelle qui veillerait sur la mémoire d’une beauté inquiète, forcément excessive, même quand la retenue montre le bout de son nez. De grands moments de liberté côtoient aussi l’intense recueillement d’Alabama, pour redonner cette sorte de requiem douloureux inspiré à Coltrane par l’attentat raciste qui coûta la vie à quatre jeunes filles afro-américaines à Birmingham (Alabama) en septembre 1963. Et en coda ce titre dont on ne sait comment il faut l’interpréter : Two Many Bars & No Money : trop de barres de mesures sur ce blues sans but lucratif, ou trop de bistrots dans la rue de la soif et pas un kopeck pour se rincer la dalle…

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert à Paris au Sunside le 31 janvier à 19h30, malgré la grève. Les lignes automatiques de métro, la 1 et la 14, conduiront ceux qui ne sont pas trop loin jusqu’à la rue des Lombards. Attention, la ligne 14 est en travaux à partir de 22h, mais comme le concert est à 19h30, ceux qui la prennent pourront regagner leurs pénates. Tarif préférentiel avec le code promo ci-dessous

 

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 09:01

Ed Cherry, (guitare), Darryl Hall (contrebasse) et Gregory Hutchinson (batterie).
Enregistré au Festival JAZZ EN TETE, Clermont-Ferrand, 21 octobre 2019.
Space Time Records – BG 2252 / Socadisc.
Paru le 20 janvier 2023.


   Sur la planète jazz, le nom de Cherry est associé inévitablement à Don, le trompettiste complice d’Ornette Coleman. Il serait bienvenu de citer également Ed. Sans lien de parenté aucun, mais avec un point commun, l’authenticité.


    Natif de New Haven (Connecticut), le guitariste a bien roulé sa bosse depuis ses débuts professionnels dans les années 70 et un apprentissage de haut vol, quinze ans chez Dizzy Gillespie, en petite et grande formation. De quoi vous assurer de solides bases et de vous familiariser avec le répertoire sous toutes ses formes (be-bop, latino, bossa-nova…) ... Tout en vous constituant un bon carnet d’adresses.


  Rencontré en ces temps-là, Xavier Felgeyrolles, alors jeune road manager de Dizzy, invitera quelques décennies plus tard Ed Cherry à se produire à « son » Festival Jazz en Tête.


    Capté lors d’un concert de l’édition 2019, l’album « PEACE », que Felgeyrolles publie sur son label Space Time Records nous donne à entendre un musicien en verve, détendu, à la sonorité lumineuse, cristalline. Certains y retrouveront des accents de Wes Montgomery et pas seulement dans Road Song, composition d’icelui. Le programme retenu dévoile l’éclectisme du guitariste, de Duke Ellington (In a Sentimental Mood) à Thelonious Monk (l’oxymoresque Ugly Beauty) en passant par Wayne Shorter (Edda), Horace Silver (Peace) et, belle surprise Rendaro Taki, compositeur japonais (1879-1903) avec une œuvre délicate, Kojo no tsuki.
 

    Cette heure de direct permet également aux comparses du guitariste, le bassiste Daryl Hall et le batteur Greg Hutchinson, de se mettre en valeur, apportant une contribution aussi élégante que percutante.


    Un album à classer d’ores et déjà parmi les découvertes de 2023 ... Du bonheur simple à l’état pur.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

 

Ed Cherry Trio - Live at Smalls Jazz Club
Ed Cherry Interview

Space Time Records

 

 

 

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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 11:55

 

CD 1 «À l’est du soleil»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

CD 2 «Programmes communs»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

invité.e.s : Kristof Hiriart (voix, textes), Catherine Delaunay (clarinette), Michele Rabbia (électronique & batterie), Daunik Lazro (saxophone baryton), Yaping Wang (yangqin), Christiane Bopp (trombone)

Reims, 4-6 mai 2022 ; Rouen, 8-9 juillet 2022

coffret in situ 250 / Orkhêstra International

 

À l’origine une aventure qui devait se tenir à Minneapolis, après une tournée états-unienne avec des invités de là-bas. Mais la pandémie a contrarié le projet, lequel s’est reconsidéré en deux phases : un duo de cordes frottées pour le CD 1, puis pour le CD 2 ces rencontres des deux en trio avec les invité.e.s.

Pour le duo, c’est la permanence d’une évidence : ces deux-là sont faits pour s’entendre, s’écouter, jouer avec cette entente et cette écoute dans un espace dont la liberté semble toujours plus vaste. Au commencement, sur un ostinato du violoncelle, l’alto part en lyrisme avec un timbre de saxophone baryton, avant de s’envoler en franchissant la balustrade du possible, bientôt rejoint par la voix. Expressivité tendue, chambrisme du vingtième siècle revu avec l’insolence du vingt-et-unième, escapades comme autant d’accidents délibérément provoqués, et résolus : le voyage est mouvementé, riche de mille paysages et surprises. C’est une expérience plus qu’intense des mystères de l’improvisation, du risque et de l’osmose.

Les trios du CD 2 se jouent à l’aune des invité.e.s. Du chuchotement à la profération en mots hachés, puis au chant, dans une dynamique très large, avec Kristof Hiriart. Dans l’infini mystère d’une libre musicalité avec Catherine Delaunay : dialogue, controverse, esquisse ou esquive, selon les instants …. Avec les sons ou percussions de Michele Rabbia, qui se mêlent à la montée en intensité des cordes, vers l’exacerbation de l’expression, comme une chemin vers un acmé attendu, espéré, qui se résoudra, decrescendo, dans une ultime sonorité, énigmatique. Quand survient le sax baryton de Daunik Lazro, c’est une autre couleur qui se fait jour, teintée de rage autant que de tendresse. Puis survient un autre mystère, avec le yangqin de Yaping Wang : lente procession de notes lancées, diapason flottant, comme autant d’appels à quoi les cordes frottées font écho, jusqu’au tumulte, avant le retour du mystère, toujours indéchiffrable, et une coda majestueuse. Retour de la voix Kristof Hiriart, en pleine liberté de langages imaginaires, avec chuchotements de paroles articulées. Et pour conclure en majesté, le trombone extra-terrestre de Christiane Bopp, fauteur de beautés insoupçonnées, de troubles esthétiques et de révolutions intranquilles, comme un point d’orgue pour une aventure fertile.

En écrivant ces lignes je réalise, comme souvent, la difficulté que l’on rencontre à parler de ces musiques : dans les livrets du coffret, de beaux textes signés Jean Rochard et Hervé Péjaudier vous en diront plus, et mieux.

Xavier Prévost

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Un concert intime de sortie aura lieu le vendredi 20 janvier 2023, à Paris, dans la boutique du disquaire ‘Au Souffle Continu’

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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 22:35

Baptiste Trotignon (piano solo)

Marseille, 7 février 2022

Paradis Improvisé / L'Autre Distribution

 

Un parti pris, presque un manifeste : un disque de standards, en solo, enregistré dans cet appartement de la Rue Paradis à Marseille, où se sont succédés quelques Maîtres du clavier pour graver un solo dans cette collection joliment baptisée ‘Paradis Improvisé’ : Alain Jean-Marie, Bojan Z, Pierre de Bethmann, Yonathan Avishai,Leonardo Montana, Carl-Henri Morisset…. Baptiste Trotignon ne prend pas le parti de la déstructuration, du passage à la moulinette ou de la lecture transgressive. Il choisit une certaine sobriété, donnant ici au thème un prélude, là une lecture presque littérale, avant de se lancer en toute liberté dans une interprétation-improvisation qui réharmonise à souhait, qui coule de source mais ouvre des chemins de traverse, en demeurant toujours dans un culte jaloux du son, de la nuance, des couleurs. Des standards de Broadway très connus, d’autres qui le sont moins, des ‘standards du jazz’ : classiques de Charlie Parker, comme Passport, dans une folie d’unisson des deux mains, avant un envol débridé ; un ‘tube’ du soul jazz, Moanin, de Bobby Timmons, immortalisé par les Jazz Messengers d’Art Blakey, joué dans l’esprit de l’idiome, mais orné de nuances auxquelles on n’était pas accoutumé ; ou encore, comme une prière à Bill Evans, Emily de Johnny Mandel, d’une douceur presque vénéneuse. C’est d’un considérable niveau musical et pianistique, sans une once d’ostentation, rien que l’amour inconditionnel de cette musique et de cet instrument. Grand disque !

Xavier Prévost

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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 18:24

Emmanuel Borghi (piano, composition), Théo Girard (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Les Lilas, 2-3 mai 2022

Le Triton TRI-22572 / l’autre distribution

 

Sans renier le trio qu’il constitue par ailleurs avec Jean-Philippe Viret et Philippe Soirat, le pianiste s’est lancé dans cette nouvelle aventure avec des partenaires de la nouvelle génération. Et après avoir improvisé avec eux de manière informelle, il leur a proposé d’enregistrer ces compositions. Ces petites graines de créativité, qu’il convient d’arroser pour en faire surgir le meilleur, il les a conçues, durant les confinements, à partir de ses réflexions sur la musique dodécaphonique. Le jazz a tenté, dès les années 30, et surtout après 1945, l’abandon du système tonal. Le compositeur et chef d’orchestre Rolf Liebermann formalisa cette démarche avec ambition par son Concerto pour jazz band et orchestre, créé en 1954 au festival de musique contemporaine de Donaueschingen par l’orchestre symphonique et le big band de jazz de la radio de Baden-Baden, avant d’être repris et enregistré aux USA et ailleurs par des chefs qui comprenaient mieux le jazz…. Une foule d’entreprises furent conçues par les jazzmen dans cette direction. Le grand intérêt de ce disque, et de sa musique, c’est de ‘penser jazz en trio’ tout en composant des lignes qui échappent à la tonalité. La qualité des partenaires n’est pas pour peu dans la réussite du projet : ils ne sont pas frileux, et se jettent à corps perdu dans l’aventure. Les thèmes sont tendus, car ils dérogent à nos repères en matière de mélodie, mais ils nous parlent de manière immédiate. Dans les improvisations, on voit resurgir parfois des centres de tonalité, mouvants et éphémères. Et ici ou là le souvenir du blues, ou le fantôme du grand Thelonious. Hardie mais pas ardue, cette musique accomplit son ambition car elle est pensée très artistement. Une réussite, à n’en pas douter.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

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7 janvier 2023 6 07 /01 /janvier /2023 18:51
  ICHIRO ONOE            MESSAGES FROM WATER 

MESSAGES FROM WATER   ICHIRO ONOE

 

PROMISE LAND / SOCADISC

Sortie 11 janvier 2023 et Concert le 11 Janvier au SUNSIDE.

 

 

On pourrait dire à l’instar du texte de présentation du dernier album du batteur japonais Ichiro Onoe que sa musique est comme l’eau vive qui change et se transforme en fonction de ce qu’elle rencontre...au fil des plages. 

Dans sa quête très personnelle What I Am qui tente d’augmenter sa compréhension du monde et de ses éléments, le musicien accompagné merveilleusement par un quartet très affûté suit la forme de l’eau à la recherche de signes, après s’être essayé au vent en 2014 avec Wind Child et au feu Miyabi en 2018. Raffinement et élégance continuent à imprégner les 9 compositions originales de Messages From Water sur le label Promise land, tant Ichiro Onoe fait chanter son percussif instrument. Construites avec soin, jamais trop longues, ses compositions adoptent le caractère essentiel de fluidité de l’élément qui inspire l’album.

Le “Diabolus Surf” initial démarre avec un groove irrésistible, bancal mais jamais chancelant d'un pianiste très monkien. Morceau de bravoure, le titre éponyme est présenté une première fois avec le chant de Thierry Péala qui sculpte la mélodie, eau bondissante qui se fraie un chemin du ciel à la mer, des montagnes aux rivières et la version instrumentale souligne les sinuosités de ce parcours accidenté. Dans la ballade “Ermitage” interprétée avec un juste mélange de ferveur et de mélancolie, le saxophone ténor de Geoffroy Secco donne sa pleine mesure alors que le batteur lance une pluie d’étoiles avant de finir par des résonances plus sourdes.

D’une pièce à l’autre, on bascule dans des climats différents, intrigant dans ce “Still Emotion” qui porte bien son nom où le pianiste Ludovic Allainmat valorise les détails de variations atmosphériques. Dans le “Flap’n Flow” qui suit, on ressent les nombreuses ruptures rythmiques qui ne perturbent pas les envolées vibrionnantes et insistantes du saxophoniste. Dans“Resistant” le Fender constitue un alliage fort avec le saxophone. Car tous participent de l’éclat comme de la vitalité de cette musique sans négliger des respirations comme dans “Stabiliology” qui donne la main au contrebassiste Damien Varaillon auquel s’arriment les membres de l’équipage. Autour de cette source fraîche, entretenue avec aisance, style et tempérament, sensibilité et sensualité, les différentes compositions font une ronde qui nous enveloppe de bonnes vibrations jusqu’au final alerte et rebondissant.

Compositeur impressionniste, musicien poète, Ichiro Onoe sait nous éloigner du chaos du monde dans la persistance d’un chant qui sait monter en puissance avec le jeu de son groupe. Du jazz comme on l’aime vraiment !

Sophie Chambon

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22 décembre 2022 4 22 /12 /décembre /2022 11:43

Jean-Marc Larché (saxophones soprano & alto) , Yves Rousseau (contrebasse)

Paris, mai & juillet 2022

Label MCO / Socadisc

 

Ce disque prolonge une ancienne complicité, au sein d’un groupe, puis de ce duo que j’avais eu la chance d’écouter sur scène à deux reprises. On pourrait dire qu’il y là une tonalité générale assez mélancolique. En fait c’est plus que cela : l’attachement aux musiques du passé : Bach est l’un des inspirateurs, par sa science autant que par sa sensualité (je fais partie de ces hétérodoxes qui ne réduisent par l’illustre Jean-Sébastien à l’austère source religieuse….). L’attachement aussi à la liberté que fait naître le présent de l’improvisation, terrain de jeu des deux protagonistes (même si, dans le cas présent, l’écrit et le préconçu sont difficiles à distinguer l’un de l’autre). On y perçoit aussi le souvenir des musiques d’avant le baroque, d’une connivence surgie de la nuit des temps. Parfois le saxophone timbre comme une flûte : mystère d’une science musicale qui ne livre pas tous ses secrets. Deux instrumentistes hors-norme qui sont avant tout profondément musiciens. C’est par cette qualité précieuse, et pas si courante, qu’ils rendent évidente et simple une musique dont la complexité s’efface dans la force de l’expression. C’est tout simplement BEAU !

Xavier Prévost

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20 décembre 2022 2 20 /12 /décembre /2022 10:12

Avec Yotam Silberstein (guitare), Vitor Goncalves (piano, claviers, accordéon) et Daniel Dor (batterie, percussions).
Invites : Itai Kris (flûte), Carlos Aguirre (percussions), Grégoire Maret (harmonica) et Valerio Filho (pandeiro).
Big Orange Sheep, Brooklyn, NY, mai 2021.
Jazz & People/PIAS.


    Soyons sports au lendemain de cette rencontre épique qui vit le 18 décembre à Doha le couronnement de Lionel Messi et de ses co-équipiers de l’Albiceleste terrassant la bande de Kylian Mbappé pour brandir le trophée Jules Rimet.
  Ecoutons deux compositions du guitariste Yotam Silberstein : un hommage (Requiem for Armando) à deux de ses idoles récemment disparues lors de la pandémie du Covid 19, Chick Corea et Diego Maradona, gloire éternelle du ballon rond et quasiment déifé dans son pays natal, l’Argentine; une évocation de Parana (Entre Rios), cité où le jazzman israélien séjourna avec son ami Carlos Aguirre, percussionniste argentin.


   Ces deux cartes postales musicales, où s’expriment virtuosité et sensibilité, participent d’un périple sans frontières que nous propose le guitariste. Nous sommes conduits en Amérique latine (après l’Argentine, l’Uruguay, le Venezuela, le Brésil) mais aussi dans l’Espagne du flamenco, sans négliger son Proche Orient natal.
   Autant d’illustrations du penchant d’Yotam Silberstein pour les musiques folkoriques, qu’elles se nomment, pour se limiter à l’Amérique du Sud, merengue, samba, choro ou candombe.

     Ne boudons donc pas notre plaisir avec cet « Universos » qui nous invite à la découverte et à l’illustration de traditions revisitées et dynamisées.


Jean-Louis Lemarchand.

 

©photo X. (D.R.)

 

 

 

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15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 16:40

David Linx (voix, textes), Guillaume de Chassy (piano, transcriptions), Matteo Pastorino (clarinette & clarinette basse)

Udine (Italie)

Enja Yellow Bird / l’autre distribution

 

«Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants» : c’est en s’inspirant de cette phrase, rapportée par Jean de Salisbury et attribuée à Bernard de Chartres (philosophe néo-platonicien du Moyen-Âge, qui faisait ainsi référence aux sagesses anciennes) que David Linx et Guillaume de Chassy ont choisi de se lancer dans ce projet à peine raisonnable, et pourtant totalement convaincant : sur des pièces pour clavier (avec même un concerto pour piano et orchestre), et transcrites par le pianiste, poser les mots imaginés par le chanteur. Les clarinettes viennent en renfort de nuances (lesquelles sont déjà extrêmement développées par la voix et le piano). Rachmaninov, Schubert, Bach, Ravel, Chostakovitch, Chopin, Mompou et Scriabine sont à l’affiche de cette fête de la beauté. Ils se tiennent sur les épaules de ces géants avec une maestria confondante, apportant la richesse de leurs parcours respectifs de sculpteurs d’univers musicaux si chargés d’émois et d’esthétiques adoubées par l’histoire. Les textes de David Linx sont d’une grande poésie (on trouve l’un d’eux sur la vidéo Youtube ci-après). Je vais encore faire sourire certains de mes amis en usant d’une formule que j’affectionne, que j’emploie souvent, de manière anachronique, à propos du jazz (au sens large) : c’est beau comme du Schubert ! Et pour une fois je ne suis pas totalement hors sujet…. Ces lieder pour un temps présent chargé de mémoire sont une véritable Œuvre d’Art.

Xavier Prévost

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Des avant-ouïr sur Youtube

à partir de l’Étude-Tableau Op39 N°5 de Rachmaninov

à partir de la Sonate D537 de Schubert   

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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 17:14

Tim Berne (saxophone alto), Matt Mitchell (piano)

Montréal, 4 octobre 2021

Intakt CD 395 / Orkhêstra

 

Retour de ce duo qui a déjà publié dans cette formule ; le pianiste a en outre été maintes fois sideman dans les groupes du saxophoniste. Familiarité donc, avec la très grande liberté qui en découle. Le disque commence par un lyrisme très assumé de Tim Berne. Lyrisme très libre, qui part en de multiples circonvolutions, soulignées par le piano, avec des passages en unisson, des détours, des retraits, des bifurcations. C’est extrêmement élaboré, et cela paraît pourtant couler d’une source vive, celle de la liberté que donne la complicité. Des surprises, des écarts soudains, des moments de parfaite osmose. Les compositions sont de Tim Berne, sauf celle de deuxième plage, signée Julius Hemphill. Les parties écrites semblent relever de fondus-enchaînés avec les improvisations, sans qu’il soit vraiment possible (ni d’ailleurs utile) de faire le départ entre l’écrit et l’improvisé. Et de ce flux aventureux émergent d’indiscutables formes, soulignées par une intense dramaturgie. Captivant, émouvant : magnifique !

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Bandcamp

https://timberneintakt.bandcamp.com/album/one-more-please

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