JJJ Malcolm Braff Trio : « Yele »
Unit Records 2007
Cet album de compositions de Malcolm Braff est en majeure partie enregistré en live au cours du mois de Décembre 2000. Ce n’est qu’en 2006 que sort ce disque sous le nom du pianiste suisse. Ce trio est aussi une rencontre que le Jazz provoque entre le contrebassiste new-yorkais Alex Blake et le percussionniste burkinabais Yaya Ouattara. Dès les premières mesures apparaît avec l’immense énergie du regretté Michel Petrucciani, le coté africain en plus. L’originalité de ce Jazz est de ne pas trouver un batteur au rôle de rythmicien, mais un percussionniste, virtuose du Djembé. Ce rôle fonctionne à merveille lorsque le contrebassiste se met à chanter ses propres notes tel un Slam Stewart en pleine forme. On ressent une telle fougue et un entrain particulier du coté de l’engagement musical. La qualité d’enregistrement de ce concert est remarquable. La fantaisie des trois artistes peut prendre formes et couleurs, au service de la danse, souvent fortement aidée par le Blues. Il est malgré tout impossible de négliger le modernisme dont le pianiste fait preuve. Dans ce disque intitulé « Yele », ce trio laisse beaucoup de place à l’impro et aux joutes communicatives. C’est un disque assez peu « écrit » finalement. La Musique est produite par l’instinct de ses créateurs. Il y a de la bonne humeur à chaque coin de mélodie. Les trois baobabs arborant la pochette du disque témoignent de cet esprit comique et de cette touche africaine que Malcolm veut manifestement donner à son jeu de piano. Cette rencontre de gais lurons est explosive de passion, chacun s’exalte au maximum de son art. Il est à noter aussi l’excellente apparition en piano solo de Malcolm Braff sur quelques morceaux du disque. Cet étonnant pianiste encore trop méconnu n’a aucunement besoin de prouver son talent, car à chaque fois qu’il touche un piano, c’est pour en tirer le meilleur de cet instrument, ainsi que le meilleur de lui-même. Pas de concession. C’est du « rentre-dedans », pur et simple. Il faut parfois omettre les manières et se jeter dans une création dénudée d’appréhension, faite quand même de risques mais à la fois aussi de certitudes. Les musiciens de Jazz connaissent ce sentiment. Celui de l’envie. L’envie de jouer au maximum de ses capacités, dans le plus pur respect de notre passion pour la Musique, pour nous aussi, ceux qui écoutent. Un disque qui rassure avec esprit sur l’engagement de ces protagonistes.
Tristan Loriaut