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9 juin 2022 4 09 /06 /juin /2022 11:22

Jean-Michel Pilc (piano), Rémi-Jean LeBlanc (contrebasse), Jim Doxas (batterie)

Montréal, 26 juin 2021

Justin Time JUST 275-2 / Bertus

 

Plaisir de retrouver la musique de ce pianiste superlatif, qui combine la maîtrise de l’instrument et du langage avec une liberté, une fantaisie et un goût du risque propres à réjouir les amateurs de grands trios (dont fait partie l’auteur de ces lignes). Deux sets d’une soirée au Dièse Onze, un club de Montréal, la ville où Jean-Michel Pilc enseigne depuis 2015, après vingt années de vie professionnelle dans le jazz à New York, où il s’était installé après son départ de France en 1995. Le CD restitue le premier set, et la seconde partie du concert est disponible en format numérique.

Le trio est de type équilatéral et interactif : le pianiste est en communication presque télépathique avec ses confrères canadiens, et chaque liberté prise avec le thème suscite une réaction instantanée des partenaires, un rebond, l’ébauche d’un nouvel horizon.

C’est patent dès la première plage du CD, Softly As In A Morning Sunrise : après une intro mystère, le thème s’ébauche, déjà nourri d’altérations jouissives. Et le trio joue à cache-cache autour de ce matériau familier, avec une liberté insolente. Le piano s’envole et digresse, le tandem basse-batterie assure le continuum avant de réagir à d’autres sollicitations. Parfois les deux mains du pianiste jouent simultanément des phrases qui devraient se succéder. Vertige garanti !

Au début du second set (le complément téléchargeable), Freedom Jazz Dance est déconstruit, remodelé et subverti dans un esprit ludique avec la constante complicité de Rémi-Jean LeBlanc et Jim Doxas. Il serait vain de vouloir détailler chaque titre, tant les surprises abondent, et justifieraient chaque fois une tentative, forcément pauvre et probablement vaine, de description. Jean-Michel Pilc fait partie des très rares pianistes capables d’étonner encore sur All The Things You Are (et ses amis réagissent au quart de tour!)

Sur le CD (1er set) Nardis est nimbé de mystère, et ne se dévoile qu’au fil des digressions. Et les deux thèmes signés par le pianiste (une sorte de blues dévoyé, et une sorte de rêverie mélancolique autant qu’interactive) sont encore le lieu de belles surprises. Décidément, ce disque est un pur régal !

Xavier Prévost

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On espère que les clubs et les festivals français nous offriront bientôt le plaisir de retrouver en concert ce pianiste, et ce trio

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Des avant-ouïr sur Youtube

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8 juin 2022 3 08 /06 /juin /2022 15:53

LA MARMITE INFERNALE «Humeurs et vacillements»

Mélissa Acchiardi (vibraphone), Jean-Paul Autin (saxophone sopranino, clarinette, flûte), Olivier Bost (trombone), Clémence Cognet (violon, voix), Colin Delzant (violoncelle), Jean-Marc François (objets sonores), Xavier Garcia (clavier, échantillonneur), Christophe Gauvert (contrebasse, guitare basse), Clément Gibert (saxophone alto, clarinette basse), Félix Gibert (soubassophone), Damien Grange (voix), Guillaume Grenard (trompette, euphonium), Antoine Läng (voix), Marie Nachury (voix), Thibaut Martin (batterie, métallophone), Alfred Spirli (batterie, objets sonores)

Bourg-en-Bresse, septembre 2021

ARFI AM 073 / l’autre distribution

 

Telle qu’en elle-même l’éternité la préserve du changement, la phalange orchestrale de l’ARFI nous revient avec un album pluriel : pluralité des compositeurs/trices, arrangeurs/euses, auteurs/trices des textes, globalement la plupart des membres de l’orchestre. Et c’est une fois encore un festival d’inspirations diverses et d’éclats de liberté. Dans cette démocratie réalisée qu’est la Marmite, les surprises croisent les fondamentaux, et les saillies transgressives font écho à des valeurs amoureusement cultivées en matière d’esprit collectif. C’est joyeux souvent, grave quand il le faut, plein d’idées et de fantaisie, et le collectif avance en musique, parfois surgissant d’un solo mélancolique ou d’une prosodie syncopée qui se métamorphose en explosion instrumentale. Pour avoir souvent écouté cet orchestre sur scène, depuis la génération des fondateurs jusqu’aux dernières années, je dois dire que je retrouve, intacte, cette folie collective et cette passion assumée qui n'en finissent pas de me ravir.

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=gd4xYryeRjU

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L’orchestre est en tournée en juin 2022 : le 12 à Mazan l’Abbaye (Ardèche), le 14 à Latour-de-France (Pyrénées-Orientales), le 15 à Simorre (Gers) et le 16 à Faux-le-Montagne (Corrèze)

 

XAVIER GARCIA - GUILLAUME GRENARD «Quidquib latet apparebit»

 

Xavier Garcia (traitement audionumérique), Guillaume Grenard (trompette)

Sathonay-Camp (Rhône), 31 août – 2 septembre 2021

ARFI Circuit Court CC 04 / Les Allumés du Jazz

Quand, au jugement dernier, le Commandeur officiera, «tout ce qui est caché apparaîtra». Dans cette musique, inspirée par les gravures de Gustave Doré pour une Bible publiée en 1868, le traitement sonore réalisé par Xavier Garcia révèle les arcanes surgis de la trompette de Guillaume Grenard. De la Vision de la vallée des os secs à la Sixième vision du prophète Daniel en passant par L’armée du Pharaon engloutie dans la Mer Rouge, ce sont autant de prétextes à comproviser, selon l’expression des deux musiciens, qui précisent que «rien n’est écrit mais tout pourrait l’être». Cela fait bien longtemps que Xavier Garcia pratique le traitement du son en temps réel, souvent sur scène, c’est ici, dans un studio de la Banlieue Lyonnaise, que s’opère la magie d’un imaginaire suscité par la musique vivante combinée à la technologie. C’est d’une sorte d’aventure sonore que nous sommes les témoins, et notre écoute active peut nous entraîner loin de nos bases sensorielles autant qu’esthétiques.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur le site de Xavier Garcia

https://xaviergarcia.ovh/disques/disque-44-quidquid-latet-apparebit/

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 20:56

Matthieu Marthouret (orgue), Julien Alour (trompette, bugle), Robby Marshall (saxophone ténor, clarinette basse), Thomas Delor (batterie)

Malakoff, 4-5 novembre 2021

WeSeeMusic / Absilone

 

Une instrumentation très singulière au service d’une musique qui fleure bon l’hommage au classicisme du jazz moderne. Le premier thème, Pigeon on a Chessboard, rappelle le goût de la segmentation, et cette sorte de claudication rythmique, que l’on trouvait chez Thelonious Monk. L’orgue mène la danse, mais en retrait. Les souffleurs ont la part belle, et la batterie veille constamment au rebond, à la tension, à la vie de la musique, en somme. Les cuivres et les anches ont carte blanche pour des envols expressifs, avec leur cortège de nuances et d’égarements contrôlés, et l’orgue leur donne la réplique, dans un langage qui privilégie les fines ressources sonores de l’instrument, avec sa palette de timbres, sans forcer sur les effets de masse que pourrait fournir l’instrument si l’on cédait à la facilité léguée par l’histoire. Pourtant le groove et le swing sont là, renforcés par les basses de l’orgue.

Dans Fragments, j’entends cette cursivité qui faisait merveille dans un standard comme You, and the Night, and the Music, et le thème devient tremplin pour chacun des solistes. On a aussi une version surprenante d’un Prélude de Chopin, affolé par les pleurs de la trompette en sourdine, de la clarinette basse, et de l’orgue qui, là encore, soigne le choix des registres. Je ne vais pas vous décrire le disque plage après plage, mais je dois dire que j’ai été charmé par la force et l’inventivité de ce disque, qui remet au goût du jour l’originalité surgie naguère de l’imagination de Gigi Gryce (par exemple). Hautement recommandable !

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=FYtOC6GrmMQ&feature=youtu.be

 

https://www.youtube.com/watch?v=gcEqzWTH8yo&feature=youtu.be

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Le groupe sera en concert le 10 juin, à Paris au 360° Music Factory

https://le360paris.com/evenement/davis-marthouret

et aussi le 9 juillet au Saint Omer Jaaz Festival

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6 juin 2022 1 06 /06 /juin /2022 17:01

 

Frédéric Favarel (guitare)

invité sur 3 plages : Thomas Savy (clarinette basse)

Paris, décembre 2021

We See Music WSMD0015-22 / Baco (CD) & Absilone (téléchargement)

 

J’ai le souvenir d’avoir écouté très tôt Frédéric Favarel, à son retour des États-Unis, d’avoir chroniqué au mitan des années 90 son duo avec Richie Beirach, et d’avoir été, dès les premières écoutes, impressionné par sa formidable musicalité. En nous livrant aujourd’hui son premier disque en solo, il rappelle à mon souvenir ces anciennes impressions (souvent confirmées au fil des ans par sa présence dans quelques groupes de premier plan) : c’est décidément un virtuose de la musique. Je dis bien de la musique, car au-delà de la maîtrise de l’instrument et du langage, c’est une profonde musicalité qui s’impose. Difficile de dire ce que recèle ce mot, car c’est un mélange d’expression, de magie, d’intériorité et de capacité à communiquer, avec un force infinie, mais sans ostentation. Son art repose sur la réappropriation et la métamorphose : reprenant Monk, Ellington, Kurt Weil ou Wayne Shorter, il recompose le paysage harmonique et mélodique avec délicatesse et liberté, comme une sorte d’hommage amoureux à ces musiques. Des standards, mais aussi des compositions personnelles, dont deux en duo avec Thomas Savy, complice en science de l’interprétation et de l’improvisation. Leur relecture de Nefertiti de Wayne Shorter (thème immortalisé avec Miles), est un monument de liberté et de finesse. Vous l’aurez compris, c’est un GRAND disque, à savourer en de multiples écoutes pour ne rien perdre des subtilités qu’il recèle.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=SMten2kmd5g

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Frédéric Favarel jouera à Paris au Sunset le 9 juin à 19h30

https://www.sunset-sunside.com/2022/6/artiste/3576/8366/

et aussi le 10 juillet au Festival de Saint-Omer (Pas-de-Calais)

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 21:11

Marjolaine Reymond (voix, électronique, compositions), Christophe Monniot (saxophone sopranino, arrangements), Matthieu Metzger (saxophone alto), Jean-Brice Godet (clarinette), Armand Dubois (cor),François Thuillier) (tuba), Leonardo Montana (piano, piano électrique), Olivier Lété (guitare basse), Christophe Lavergne (batterie), Javier Leibiusky (récitant)

Meudon, 26-28 juin 2020

Label Kapitaine Phoenix KCP 2020346 / l’autre distribution

 

Une fois de plus Marjolaine Reymond nous surprend, nous étonne, et même nous éblouit par son talent, tellement singulier : conjuguer les univers du jazz, de la musique contemporaine, de la vocalité expressive et de la poésie. Tout cela en s’entourant de musiciens aussi aventureux que talentueux, qui se fondent dans son univers et le parent d’arrangements audacieux (Christophe Monniot) et d’improvisations hardies. Des emprunts à la poésie anglaise (Elizabeth Browning, Emily Brontë, William Wordsworth) et au Cantique des Cantiques. En référence à Splendour in the Grass (poème de Wordsworth, mais aussi magnifique mélo d’Elia Kazan – personnellement le seul film du cinéaste que j’aie vraiment aimé -) , la chanteuse-compositrice décline les couleurs de l’amour–passion, en le parant métaphoriquement des attributs du sang : Sang Passion, Sang Genèse, Sang Sacrifice, Sang Éternité, le tout se résolvant dans le projet global : «Splendour of Blood».

La diversité des langages musicaux utilisés ne doit pas oblitérer une sorte d’unité d’inspiration, conjugaison subtile d’ambition musicale, d’inventivité et de force expressive. La voix, aux multiples couleurs, s’épanouit dans un environnement orchestral finement élaboré, et magnifié par ses interprètes-solistes, de premier ordre. Bref ce fut pour moi un pur régal musical/artistique, suscité par une sorte d’Art Total qui prend force et forme dans l’audace du projet comme dans la richesse des collaborations convoquées. À écouter, et réécouter, pour en approcher tous les secrets, tous les émois.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=wMRgqS04-J8

 

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 15:03

   Le ZOOT COLLECTIF est apparu sur les écrans radars en 2016, à Alfortville (94140), impulsé par le saxophoniste Neil SAIDI et quelques complices, et a mené à bien des projets originaux au nombre desquels la ZOOT SUITE (Vol.1 et 2)*, PANNONICA**, dans le même temps qu’il préparait la première édition de son festival ‘ZOOTFEST’ (novembre 2021).

 

   Les deux années de restrictions pandémiques que nous venons de subir ont permis à Neil, au trompettiste Noé CODJIA et au batteur David PAYCHA de se consacrer au projet un peu fou (mais tellement bien mené) de Jazz Symphonique qu’ils nous présentent aujourd’hui.
   Associer Jazz et Musique Classique, l’idée n’est pas neuve ! nombre de musiciens et de courants s’y sont frottés, à commencer par le Third Stream des années 50/60, pensé par les Gunther Schuller, George Russell, John Lewis et autres Georges Handy, Jimmy Giuffre, Charles Mingus ... et Ran Blake, qui mine de rien, étendra plus tard le concept au mélange de tout genre musical avec le Jazz !

   La genèse du ZOOT SYMPHO qui nous est ici proposé débute en novembre 2019, lorsque Neil Saidi commence à composer une pièce symphonique pour octet de jazz et orchestre, comme ça, pour le plaisir ! Le hasard statistique (dans sa plus banale acception) lui fait croiser d’anciens camarades du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM) qui le persuadent de l’intérêt de la chose, et de fil en aiguille, après avoir ramené Noé Codjia et David Paycha dans ses filets et les avoir convaincus de se joindre à lui pour l’aventure, le projet se structure. Au bout de la route, une suite symphonique en trois mouvements, composés par …

   - Neil Saidi: The Baroness's Suite :
          . The Bird,
          . The Bear,
          . The Cats.
   - Noé Codjia : Symphonica,
   - David Paycha : Zoot Fugue,

   ... Qui sera interprétée par le « ZOOT SYMPHONIC ORCHESTRA° », dirigé par Léo MARGUE le 7 juin prochain au Théâtre des Champs Elysées …. Un vrai régal !

 

https://www.theatrechampselysees.fr/saison-2021-2022/orchestres-invites-1/zoot-symphonic-orchestra

 

Francis Capeau.

 

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*2017/2018, Associant le ZOOT Octet et un Quatuor à Cordes.

 

**2019/2020, avec Natalie DESSAY, narratrice, dans le rôle de la baronne du Jazz, spectacle créé à la Seine Musicale en 2019.

 

°Le Zoot Symphonic Orchestra est un jeune orchestre indépendant, né sous l’impulsion du Zoot Collectif et qui regroupe 70 jeunes musiciens parmi les plus talentueux de leur génération, dont la plupart se sont rencontrés sur les bancs du CNSM de Paris et débutent de brillantes carrières en tant que solistes, en musique de chambre, ou au sein d’orchestres prestigieux (Orchestre de Paris, Orchestre de Radio France, ONDIF).

 

https://www.zootcollectif.com/


https://www.zootcollectif.com/zoot-octet-1

 

   *°L’album et son complément DVD éponymes paraitront le lendemain du concert, le 8 juin, sur le label ZOOT RECORDS..

 

 

 

 

 

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25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 16:01

Ben Sidran (piano), Billy Peterson (contrebasse), Leo Sidran (batterie)

Madison (Wisconsin), 25-26 août 2021

Bonsaï / l’autre distribution

Le chanteur-pianiste (mais aussi chroniqueur, interviewer, analyste du jazz, producteur, auteur et compositeur) se fait ici, pour la première fois sur disque semble-t-il, pianiste en trio, délaissant sa voix et son phrasé si particulier pour se pencher, avec ce qu’il faut de nostalgie raisonnée, sur les pianistes (et les trios) qu’il aimait, dans sa jeunesse : Horace Silver, Bobby Timmons, Bud Powell, Sonny Clark…. «Aujourd’hui, dit-il, soixante ans plus tard, je voulais vivre ce que ces musiciens ressentaient à cette époque lorsqu’ils jouaient dans ce type de formation. Je sais que je ne peux pas jouer comme eux, mais je peux en revanche me sentir comme eux. C’est ce que j’appelle donc le ‘Swing State’ ». Et c’est exactement ce que nous livre, amoureusement, le musicien qui choisit ici de n’être ‘que’ pianiste, soutenu dans son entreprise, à la basse, par son fidèle compagnon de route Billy Peterson, et à la batterie par son fils Leo Sidran.

Le répertoire est celui transmis par son père, qui travaillait comme pianiste dans les années 30 : un recueil non-officiel des partitions de standards, recueil sur lequel Ben Sidran avait fait ses premières armes. Des thèmes qui ont traversé l’histoire, celle de la culture occidentale, et aussi celle du jazz. Et c’est ce jazz, dans toute la simplicité feinte de ses roueries, que nous offre le pianiste : swing implacable, tempo décontracté, liberté mélodique, c’est un régal de bout en bout. Déconstruction de Laura (2 prises) en doux déhanchement, un peu à la manière de Garner dans l’étirement des phrases ; traitement soul jazz from the fifties pour Lullaby of the Leaves ou Tuxedo Junction (qui pourtant datent de l’avant-guerre) ; le pont de Over the Rainbow, qui fait clignoter ses deux notes comme une sirène d’ambulance (vieille blague de musiciens) ; Ain’t Misbehavin’ et Stompin’ at the Savoy rajeunis tout en conservant le caractère de l’époque ; et un thème original, un peu ‘à la Bobby Timmons’, qui donne à l’album son titre.

Et peut-être pour rappeler l’époque où la qualité des instruments n’était pas toujours irréprochable pour le jazz, en studio comme un concert, un piano dont l’accord est loin d’être parfait ; mais cela contribue à l’indiscutable charme de l’ensemble….

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=kvu7a1v1AdI

https://www.youtube.com/watch?v=DHC2cBUw1lQ&t=10s

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Ben Sidran jouera, et chantera, 4 soirs consécutifs à Paris au Sunside, du 25 au 28 mai, en quartette, d’abord avec Rick Margitza (25-26) puis avec Stéphane Guillaume (27-28)

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23 mai 2022 1 23 /05 /mai /2022 21:44

Mark Turner (saxophone ténor), Jason Palmer (trompette), Joe Martin (contrebasse), Jonathan Pinson (batterie)

New York, novembre 2019

ECM 2684 / Universal

 

Des compositions extrêmement élaborées, sur le plan de la forme comme de l’harmonie, avec un espace de tensions qui magnifie les lignes mélodiques. Et par-dessus tout une extraordinaire interaction, dans l’écrit comme dans l’improvisé. L’effervescence rythmique, constante, jamais n’oblitère la richesse des lignes. Elle tend au contraire à la magnifier, par une sorte de parti pris de tension généralisée. Et la beauté des thèmes n’est pas un refuge mais au contraire une rampe de lancement pour ce fameux interplay, omniprésent : c’est entre les quatre membres du groupe que s’édifie ce mystère qui fonde toute musique digne de la plus grande attention. Il s’agit là de l’un de ces albums qui doivent s’écouter, et se réécouter, pour livrer tous leurs sortilèges. En cette matière Mark Turner est de longtemps passé Maître, Maître d’un grand Art qui force l’admiration. Les ingrédients d’un chef d’œuvre, en somme.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube 

 

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21 mai 2022 6 21 /05 /mai /2022 08:59
ENRICO PIERANUNZI QUINTET    THE EXTRA SOMETHING  LIVE AT THE VILLAGE VANGUARD

 

ENRICO PIERANUNZI QUINTET

THE EXTRA SOMETHING

LIVE AT THE VILLAGE VANGUARD

 

Un deuxième album toujours sur CAM JAZZ après le duo de Flavio BOLTRO et Fabio GIACHINO qui lui aussi ne manque pas de souffle avec ce live, le troisième du pianiste italien, icône du jazz transalpin, dans la Mecque du jazz, le Village Vanguard. Précisons que c’est à la demande de sa propriétaire, Lorraine Gordon, aujourd’hui disparue, qu’il put réaliser son rêve d’Européen, un Italien qui joue à New York.

Car ce nouvel enregistrement de 2016 souligne l’appétence du pianiste pour l’aventure américaine, sa soif de rencontre et de partage musical. Au sein de ce temple du jazz, il suit les traces du pianiste qu’il a révéré au point de lui dédier un livre en l’inoubliable Bill Evans. Nul doute que des frissons doivent le traverser à chaque fois dans ce lieu mythique mais Enrico Pieranunzi ne joue pas à l’exégèse, ne fait pas du Bill Evans en trio, il est le pianiste leader, volontiers accompagnateur, partie intégrante de la rythmique au sein d’un quintet survitaminé post bop, une jazz machine parfaitement huilée qui joue très librement les sept thèmes, tous de sa plume. S’il aime les ballades, il n’en abusera pas ici mais“The real you” a une élégance discrète.

The Extra something confirme la classe d’Enrico Pierannunzi qui se fond avec une aisance peu commune dans cet équipage cent pour cent ricain qui joue les codes du genre. Il a toujours cette obsession du plein sans saturation cependant, le sens de l’espace.

Un jazz accessible mais exigeant dont l’énergie suffirait à en garantir la cohérence. Si la tension ne baisse pas une seconde, la répétition des écoutes révèle plus qu’un hommage fougueux au jazz des années soixante. Enrico Pierannunzi poussant plus loin les transmutations, combinaisons de styles, variations et contrepoints classiques. Des motifs qui viennent rejoindre les partitions plus attendues d’un trompettiste éclatant qui manie aussi le trombone, l’Argentin Diego Urcola et d’un saxophoniste ténor, intense Seamus Blake. La rythmique composée du contrebassiste Ben Street et du batteur Adam Cruz n’est jamais en reste, solide et carrée, ardente dans ses emportements même. Comme la formation soudée, combative et habitée qui fait résonner de belle façon les murs du Vanguard qui pourtant en ont entendu d’autres.

 

Sophie Chambon

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13 mai 2022 5 13 /05 /mai /2022 19:59

   ‘CASSISTANBUL’* est le dernier en date des albums de Philippe GAILLOT (et Dieu sait qu’il ne nous les dispense qu’au compte-goutte !), guitariste, compositeur, improvisateur multi-instrumentiste installé à Pompignan (30170), à une portée de lance-pierre de Montpellier, dans un terroir dont on peut difficilement se passer, une fois que l’on y a goûté !

   C’est là que la fine fleur du jazz hexagonal et d’ailleurs se retrouve, s’installe (se vautre ?), tant il est agréable de vivre et de jouer dans ce délicieux endroit qu’est le Mas de Quintanel, où le maître des lieux a installé l’un des plus fameux studios d’enregistrement du pays** ! Hé oui, le bougre ne se contente pas de jouer sa propre musique, il est aussi un ingénieur du son hors pair.

 

    ‘CASSISTANBUL’, donc, est un album patchwork dont Philippe est le fil conducteur ; il s’y ballade en maître des lieux, avec des formations à géométrie variable, du duo (Soriba) au Septet (Lady Stroyed, African Trip), du quartet (Cassistanboul) au sextet (For Emma), en se jouant des atmosphères, pour la plupart d’allure festive, mais où l’affectif affleure, toujours présent (il s’en explique dans les notes de livret).
   On y côtoie beaucoup de noms connus, Jacky Terrasson, Mike Stern, Stéphane Belmondo, Pierre de Bethmann, Eric Serra ... Mais aussi des complices de longue date, les membres de son groupe EPICUREAN COLONY, dont Gérard Couderc (saxophones), Claude Bey (trompette & bugle), Emmanuel Beer (Orgue & Fender Rhodes), Philippe Panel (basse), Quentin Boursy (batterie, percussions) et nombre d’autres superbes musiciens, Jérome Dufour, Seda Seck, Roberto Valverde, Yoann Schmidt ... et c’est cette diversité qui fait l’unité de l’album !

   Alors, plutôt que d’essayer de coller une étiquette (Jazzfusion, électrique, world music ...) sur ce que vous entendez, ne vous fiez qu’à ce qui se passe entre vos deux feuilles et savourez-en donc les ambiances et les méandres, en même temps qu’un flacon de Pic Saint-Loup ... vous serez encore plus près de Pompignan !

 

Francis Capeau.

 

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*That Sound Records NRTSR202 1001 / Socadisc / Abilone
Parution le 13 mai.

 

**STUDIO RECALL, Mas de Quintanel, 30170-Pompignan.
Tél. : 06 11 15 87 58

 

©photo Vincent Bartoli

 

 

 

 

 

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