JJJJ FRANCOIS COUTURIER: “Nostalghia – Songs for Tarkovski”
ECM 2005
Régine Coqueran
JJJJ FRANCOIS COUTURIER: “Nostalghia – Songs for Tarkovski”
ECM 2005
Régine Coqueran
JJ nicolas FOLMER: “Fluides” Cristal 2006
Le trompettiste du Paris Jazz Big Band poursuit donc sa route somme toute très classique et l’on retrouvera ici les mêmes couleurs que celle qui prédominent dans la formation qu’il co-dirige avec Pierre Bertrand. Des compositions qui pourraient presque se concevoir pour grande formation. Portant c’est ici en quartet qu’évolue Nicolas Folmer avec des partenaires de choix. Le jeu subtil mais très présent de Pierre Alain Goualch au piano en fait un compagnon idéal, un sideman rêvé au lyrisme contenu. Idem pour Stéphane Huchard à la batterie. On est en revanche moins convaincus par l’apport des deux contrebassistes particulièrement absents de l’album. Exercice de style particulièrement élégant et raffiné qui, par son très grand classicisme ne bouleversera certes pas le genre des trompettistes de jazz. On n’est pas dans l’underground New Yorkais mais une scène pbien plus léchée. On croit parfois entendre certains albums du catalogue Criss Cross des années 90. Pas révolutionnaire, rien qui fâche, rien d’incorrect donc mais avec un goût suffisamment délicieux pour nous donner envie d’y revenir beaucoup. Jean Marc Gelin
JJJJ Domanchich, Avenel, Goubert : “ Dag” Cristal 2006
Une triangulaire, mais gagnante cette fois, un équilibre parfait qui se repère dès la pochette, puisque chacun des musiciens a apporté trois compositions au groupe. Sans révolutionner l'art du trio, ils créent ce qu'on n'a pas souvent l'occasion d'entendre. Cet album se déguste délicatement, le piano de Sophia fait retour à Monk parfois ( « Pourquoi pas? » , « Soliloques » ), grande figure solitaire qui sut se trouver de merveilleux partenaires. L'intériorité mélancolique de la musique de Sophia Domancich demeure mais elle a trouvé des couleurs et même des élans nouveaux ( « Rêve de singe ») avec le drumming fort et subtil de Simon Goubert ( «Somewhere we were »), et le boisé ferme de Jean-Jacques Avenel, qui nous prévient déjà, par un solo, d'une «Eclaircie» avant ce «Canoë», final de l'album, surprenant, plus léger, comme si le complice de Steve Lacy révélait une sérénité inconnue. Sophie Chambon
JJJ KenNY GARRETT: “Beyond the wall”
Nonesuch 2006
On reste coi car, en première réaction, cet opus suscite quelques interrogations: Kenny Garrett en quête de vénérabilité ? Kenny Garrett mystique? C’est quoi cette mièvrerie dégoulinante ? Pourquoi faire appel à Pharoah Sanders autrement que pour trouver une quelconque légitimité dans la démarche? On sait l’homme très intéressé par l’Asie, il parle même japonais. On connaît l’artiste très influencé par John Coltrane, il avait d’ailleurs consacré un album magnifique (« Pursuance ») à sa musique. Pour certains : quoi de plus normal que d’emprunter les mêmes chemins de son maître ? Pour d’autres, la question serait plus : quel tropisme a piqué Garrett à faire dans le mystique bouddhisant après un voyage en Chine ?
A l’origine, cette œuvre était dédiée à Mc Coy Tyner, qui devait jouer sur cet album. Mais c’est Mulgrew Miller qui pose ses mains sur les touches d’un piano inspiré. En fait, il ne faut pas seulement considérer cette œuvre comme un disque de jazz. Il faut aussi se rappeler des deniers galas de Garrett en festivals et de la musique qu’il y présente. "Beyond the Wall » est un amalgame de passion pour l’Asie, de sujets à la mode, de tonalités et figures tirées de
« Qing Wen » et « Kiss the skies »: si on s’arrête aux chœurs « world », ces deux pièces font penser à de la mauvaise musique d’ascenseur… Voilà ! Vous vous dites que vous avez une idée, même superficielle, de la chose et que cela vous suffit. Permettez-moi de vous contredire … L’ensemble n’est finalement pas si mal ficelé, malgré ce qu’on vient de vous en dire. Il apporte des plaisirs simples comme celui de respirer l’herbe fraichement coupée : odeur ultra connue mais toujours agréable quand elle arrive a nos naseaux. Il faut dire qu’avec un tel line-up, le groupe joue terrible ! On ne peut pas reprocher grand-chose à l’interprétation. Bobby Hutcherson est particulièrement surprenant d’imagination et la combinaison Garrett / Sanders est inspirée et nous délivre de précieux et intenses moments. Sans compter la section rythmique percutante avec Brian Blade et les interventions habitées de Mulgrew Miller sur la belle et puissante composition « Beyond the Wall », dont on siffle immédiatement le thème, par exemple. Après quelques écoutes, on découvre d’autres délices comme « Now » qui est une pièce de jazz modal tout ce qui a de plus somptueuse, ou même « Gwo Ka », malgré les chœurs « houhouuuuu », ou la ballade « May Peace Be Upon Them » avec une mention spéciale à … tout le monde, car vraiment personne n’est en reste.
L’atmosphère de l’album est très coltranienne, parfois même très solennel et emphatique comme sur « Calling ». Le pire dans tout ça, c’est qu’on y prend goût, une fois l’effet de surprise évoquée au début de cette chronique. Justement, c’est un coup de cœur, un flash : on l’écoute en boucle…
Mais, dans notre cdthèque, quel place aura ce cd dans six mois ? En tout cas, pas sûr qu’il reste graver dans nos mémoires ad vitam aeternam.
Jerome Gransac
JJJJazz Hip Trio : « Douces Pluies »
Nocturne 2006
Le label sudiste varois Celp a ressorti récemment deux albums, l’un du Jazz Hip Trio, l’autre en quartet avec Barney Wilen, tous deux en live et à Chateauvallon. Ce «Barney Wilen et le Jazz Hip Trio», intitulé « Le jardin aux sentiers qui bifurquent » (un titre magnifique de Borgès) est un témoignage précieux, souvent oublié de la discographie officielle du saxophoniste.
Comment ces deux hommes ont-ils réussi à concilier cette double vie de musicien et de médecin ? Phénomène incompréhensible actuellement où la spécialisation est valorisée, mais peut-être cela explique-t-il le relatif désintérêt de la profession pour ces « dilettantes », sudistes, au parcours dispersé et quelque peu rebelle ?
Cette présentation n’est pas inutile pour révéler la suite de cette histoire à rebondissements avec dès 1957, la création d’une revue Jazz Hip, farfelue, non académique et d’un régionalisme impertinent, aventure qui devait durer dix ans. JB Eisinger, le pianiste du groupe, atteint d’une maladie invalidante, préféra s’éloigner de la scène en 1989. Son complice Roger Luccioni n’abandonna pas la partie pour autant et reforma un nouveau groupe, après d’assez longues recherches, en intégrant le pianiste Henri Florens et le batteur Jean Pierre Arnaud, tous deux attachés à leur sud natal.
Cet album sorti chez Nocturne est un retour dans la production discographique du Jazz Hip Trio, et aussi le signe d’une continuité réelle d’esprit et de forme. Les compositions sont souvent de JB Eisinger, certaines anciennes comme « Tableau de Daniel Humair», ou Starlight starbright », gravées en 68 sur les deux premiers disques du trio, d’autres très récentes comme ce « Douces pluies »qui donne son nom à l’album, ou «L’automne est arrivé». Dans le même temps, comme s’il reprenait goût à la vie, le pianiste s’est remis à composer. Anticipant un prochain retour en scène, il s’est attelé à la création d’un Cd auto-produit, sur le label Plein Sud, enregistré chez lui, de façon artisanale, en re-recording, fort justement intitulé « Virtual Trio ». Il faudrait donc écouter les deux albums en parallèle, car ils sont bien plus que complémentaires. Ils continuent, prolongent, renforcent cette histoire étonnante de musique et de complicité, qui court sur une vie. La qualité d’interprétation du trio irrigue d’un sang neuf les compositions de JB Eisinger qui révèlent une compréhension fine et intimement vécue du jazz. L’improvisation est parfois limitée au profit de l’exposition de thèmes d’un lyrisme souvent mélancolique. « L’automne est arrivé » s’inspire d’un texte de Mimi Perrin, l’amie de toujours, clin d’œil à Early Autumn dans la version des Double Six. Pendant les années soixante, JB Eisinger se référait volontiers à la musique classique ou contemporaine (« Shéhérajazz, CelloBritten »,) il aima aussi rendre hommage à ceux qui l’ont toujours inspiré comme Johnny Griffin (« Little Giant Steps »).
La vivacité inspirée de Henri Florens, qui apporte « Thème n°1 », encouragée par une section rythmique chaleureuse- Roger Luccioni signe deux belles compositions « Hyperespace » et « Rue du Chemin Vert »- renforce l’élan et la vigueur de ce jazz que l’on écoutait autrefois dans des caves ou en club, dans le bruit des couverts et des conversations, derrière un écran de fumée, pour dissiper son ennui ou masquer ses fêlures. Un certain état d’esprit et tout un art de vivre.
Sophie Chambon
JJJ PAT METHENY / BRAD MEHLDAU
Nonesuch 2006
Hier Metheny enregistrait avec son idole d’enfance (Ornette Coleman sur SONG X) désormais c’est à Brad Mehldau d’accomplir son rêve. Et logiquement dans ce rêve accompli où les deux hmmes ont apporté leurs compositions, il aurait dû émerger un album exceptionnel.
Et pourtant quelque chose nous incite à la retenue. En effet chacun des partenaires semble chercher une sorte de terrain d’entente minimum sans oser se livrer vraiment. Il faut attendre les trois premiers morceaux, où l’endormissement guette, pour qu’il se passe enfin quelque chose. Que la pâte veuille bien prendre. Car pour l’essentiel c’est plutôt un service minimum sans aucune prise de risque où l’on peine à retrouver chez l’un comme chez l’autre l’empreinte de leur style propre. Pour qu’il en fût autrement il aurait fallu aux deux hommes une terre commune à explorer. Comparaison n‘est certes pas raison mais l’on a tous encore en tête un autre duo publié l’an dernier par Cam Jazz entre Jim Hall et Enrico Pierannunzi qui partageait tous les deux un amour commun pour Bill Evans et qui se montraient capables chacun de dialoguer tout en explorant à tour de rôle des univers caché dans la musique inspirée par le pianiste. Ici on en et loin. Le dialogue est réduit à sa plus simple expression chacun jouant sa partie à tour de rôle, certainement avec brio mais sans plus. Et l’on est agréablement surpris lorsque la rythmique de Mehldau intervient sur deux titres, apportant alors un réel soutien à cette élégante musique qui vraiment ne dérangera personne.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Il y a quelques beaux moments comme ce Bachelors III composé par Metheny ou ce Ring of Life dans lequel Metheny livre un chorus stupéfiant. Et puis, et puis il y a en toute fin d’album un morceau admirable. « Make peace » commence mal et l’on pourrait craindre le pire mais les deux hommes parviennent à hisser ce morceau à un véritable chef d’œuvre pour conclure de façon magistrale dans un moment poignant cette session en demi teinte. Musique intime et raffinée, au moelleux lénifiant cet album est à savourer par un après midi d’automne glacial et pluvieux à l’heure du thé.
Jean-Marc Gelin
JJJJ THELONIOUS MONK: « classic Qartet »
Candid 2006
JJ LE DUO: “ Plays Jacques Brel”
Douglas 2006
Celui d’un joli dialogue où lorsque l’un fait chanter son instrument l’autre l’accompagne. Perrine Mansuy remarquée il y a quelque temps (3° pris d’orchestre à
Alan Douglas le producteur de cette session fait un choix étonnant. Lui qui après avoir produit des sommets comme le Money Jungle de Duke Ellington, les Last Poets, Billie Holiday ou Jimmy Hendricks s’était juré de ne plus produire d’album. C’est curieusement ave cet album qu’il revient en studio et autour du concept des songbooks français. Le prochain album enregistré par Le Duo sortira dans un mois autour de la musique de Charles Aznavour.
Jean Marc Gelin
JJJ PATRICIA BARBER: « Mythologie »
Nocturne 2006
Les Dernières Nouvelles du Jazz