JJJ VINCENT COURTOIS: “What do you mean by silence”
Le Triton 2006
JJJ ANTOINE HERVE: “Mozart la nuit”
Nocturne 2006
JJJ MAIDO PROJECT : « Safran »
Autoprod.
JJJJ ALFIO ORIGLIO: “Ascendances”
Cristal 2006
Voila un disque original, et qui ne renie pas ses origines latines… On est assez loin de la formule canonique piano-contrebasse-batterie, puisque l’on trouve une basse électrique, à la fois discrète et raffinée, celle de Laurent Vernerey, et Xavier Sanchez aux percussions, notamment au cajon.
Les percussions forment un écrin chaloupé aux compositions d’Alfio Origlio, dont la principale qualité est d’avoir un jeu romantique, au toucher remarquable, un phrasé subtil, non dénué de lyrisme et de punch si nécessaire. Alfio Origlio ne joue pas simplement du piano, il en joue, s’amuse avec, le fait briller, virevolter, ou au contraire l’étouffe parfois d’une main moqueuse sur les cordes (palm mute disent les guitaristes), bref il l’explore comme on partirait en voyage… On note surtout une réelle attention portée à la mélodie, à la respiration, la longueur des notes, qui donne à cet album une sorte de profondeur très appréciable. Et l’on comprend mieux dès lors le titre de l’album : « Ascendances »… Peut-être est-il question de nous élever un peu… La photo de la pochette incite il est vrai déjà à la rêverie…
Ainsi le titre « Alex la glisse » est-il une formidable ballade en duo, avec la contrebasse cette fois, et quelques nappes de synthé très discrètement ajoutées… on est ailleurs !
L’on retrouve juste après la chanteuse brésilienne Marcia Maria, dont on apprécie beaucoup la voix cristalline et caressante, donnant à ce « Bejo no final » un goût certain de nostalgie…
Il est toujours question de latinité – méditerranéenne cette fois - dans la reprise de « Tres Notas », composition enjouée du grand guitariste flamenco Vicente Amigo. Il me semble qu’on est dans un registre légèrement différent de celui du maître de Cordoba. Le ‘duende’ bien que présent n’est pas fougueux, l’on ressent ici comme dans tout l’album une sorte de secrète retenue… Après tout, au piano, il est bien normal d’obtenir d’autres climats… Toujours dans un registre flamenquiste, la superbe danseuse Sharon Sultan y va des ‘tacones’ sur « La blonde des rivoires ». Sorte de miniature légèrement inquiétante et sombre, cette plage semble vouloir nous questionner…
Alfio Origlio a un jeu et une approche bien personnels, il serait malvenu de le lui reprocher. Il aime semble-t-il promener son auditeur à travers maints paysages aux atmosphères contrastées, toujours sincères et élégantes. De part sa richesse émotionnelle, écouter ce disque donne envie de le passer en boucle et puis sûrement de voir son auteur en concert…
Jean-Denis Gil
JJJJ(J) PIERRICK PEDRON: “Deep in a dream”
Nocturne 2006
Quel pied mes amis ! Que Pierrick Pedron attaque le thème de Nightingale Song in Berkeley Square ou qu’il vous balance un bridge de la mort qui déchire grave sur Lover et là vous mourrez tout de suite étendu sur la carpette du salon le sourire béat aux lèvres, les oreilles en écoutilles, satisfaites et heureuses. Cherchez pas plus loin c’est largement pour ces moments là que l’on aime le jazz. De bons vieux standards qu’on connaît « Parker » avec un type qui joue comme un Dieu que l’on croirait Bird redescendu du ciel, une rythmique plus classe que ça tu meures et un pianiste qui vous balance de ces chorus venus de l’espace et tout ça avec l’air de ne pas y toucher. Et voilà, c’est pas plus compliqué que ça ! Les arrangements ont l’air simples mais pourtant développent un sens rare de la mise en scène et de la relance avec des intros du genre à commencer molo puis à tout balancer là où on s’y attend le moins sur des doublements de tempi et des renversements de direction. Un You’re Laughin at me qui tout à coup change d’orientation sous les doigts de Mulgrew Miller vers un latin jazz qui emprunte à My Little Suede Shoes de Parker pour revenir à une structure classique. Ou alors ce break évoqué précédemment sur un Lover qui tout à coup part avec Pedron et emporte au passage toute la rythmique avec lui pour un décollage immédiat. Tout au long on vit, on exalte, on danse, on pleure, on est amoureux mais d’un amour toujours heureux.
Pierrick Pedron qui continue là son parcours un peu solitaire et loin des grandes aventures collectives fait chanter son alto comme pouvait le faire un Guy Laffitte au ténor ou plutôt Benny Carter à l’alto. Avec cette classe, cette élégance et cette petite pointe indicible de détachement qui fait glisser la note d’un quart de poil il nous mène au comble de l’émotion sur l’exposé du thème de Nightingale Song. Et lorsque le saxophoniste met le feu et emballe le tempo (il respire quand ?) ce n’est jamais dans la confusion ou dans la cacophonie furieuse. C’est au contraire d’une limpidité fluide qui coule comme de l’eau de source. Je pense alors à Cannonball dont la puissance et la vélocité avaient cette gracilité magique. Et ces moments où le lyrisme le dispute à l’émotion se produisent tout simplement parce qu’il y a une musique qui là est un juste plus habitée qu’ailleurs. Pourtant en s’attaquant à un répertoire très classique, celui des standards de Broadway, Pedron montre qu’il est homme à prendre des risques énormes. Car s’aventurer sur un terrain archi battu c’est comme monter dans l’arène des jams sessions sous le regard assassins de ses congénères. Et dans ce registre là il sort gagnant. Largement gagnant à l’égal de ce que le jazz compte aujourd’hui parmi les plus grands altistes actuels. Car autant on était resté dubitatif devant les copies notes pour notes qu’un autre génial alto livrait dans le même esprit il n’y a pas si longtemps (on pense ici à Stefano Di Battista sur les traces de Parker) autant Pedron imprime ici sa marque et sa personnalité au cours de cet enregistrement réalisé à New York sur les terres de Mulgrew Miller et de Lewis Nash. On ne sait pas si les pistes sont livrées dans l’ordre dans lequel elles ont été enregistrées mais tout se passe comme si cette rythmique et son pianiste au premier chef montaient véritablement en puissance au cours de l’album. Un peu sage, conventionnel et peut être dubitatif au début, Mulgrew Miller se lâche petit à petit, montre qu’il veut être aussi de la fête, prend des envolées à
Jean Marc Gelin
JJ Toots Thielemans : “One road for the movie”
Verve 2006
JJJJ FLORIAN WEBER: “Minsarah”
Enja 2006
Florian Weber (p), Jeff Denson (cb), Ziv Ravitz (dm)
JJJJJ Dave Douglas:” Meaning and mysteries” Greenleaf 2006 Depuis combien de temps n’avions nous pas ressenti un tel enthousiasme ! Jusqu’à la dernière note d’un album qui ne s’essouffle jamais, on assiste à un jazz emballant, riche, intelligent, toujours exalté. De ce jazz qui maîtrise les plus belles heures de son histoire, ne les renie pas et s’appuie sur elles pour mieux les porter à d’autres sommets. Cette aventure là, si collective soit elle porte avant tout la patte de Dave Douglas, le trublion New Yorkais, trompettiste de son état chez l’autre trublion du Massada quartet, John Zorn. Cette patte merveilleuse d’intelligence fait ici des étincelles mutines. Pourtant Dave Douglas a pu nous égarer et nous avions été dubitatifs l’an dernier devant le précédent album « Keystone ». Nous le retrouvions un peu plus tard dans un duo totalement inattendu avec Martial Solal (Quai de Seine) et il nous avait là totalement conquis. Nous attendions donc avec curiosité de voir ce que ce nouveau quintet allait donner. Et nous voilà devant un son et lumière de haute volée. Face à un quintet d’une telle qualité, d’une telle dévotion à la musique qu’ils jouent ensemble, face à la même intelligence partagée du rôle de chacun, face à un quintet qui parvient à créer une telle unité et puisqu’il faut toujours des références on ne peut s’empêcher de penser au quintet de Miles avec Wayne Shorter. C’ est d’ailleurs une référence pleinement revendiquée par Douglas lui-même. Sauf que Dave Douglas s’inspire en recréant pas et non pas en refaisant. Parce que sa sonorité à la trompette (qui emprunte selon nous bien plus aux des trompettistes Mainstream) n’a rien à voir et parce que ses compositions se situent dan une autre direction. Ici c’est Dave Douglas qui mène la charge. Derrière sa bannière se rallie le ténor Donny Mc Caslin (entendu chez Maria Schneider) avec force lumière. Outre son jeu, son association avec Douglas est une des grandes réussites de l’album. Complicité évidente des deux, dans les dialogues, les coupures, les crescendo, les contrepoints ou les unissons. L’entente du trompettiste et du saxophoniste est un régal tant les deux se trouvent totalement sur la même longueur d’onde. Douglas/Mc Caslin, ça marche ! Quand à Uri Caine qui n’est jamais meilleur qu’au Rhodes c’est un véritable tapis volant qu’il déroule sous les pieds de ses partenaires. Là encore une belle association émerge avec le contrebassiste James Genus avec qui il crée de géniales redondances. Quand à Clarence Penn à la batterie il confirme son rôle incontournable sur la scène américaine. Les compositions sont exceptionnelles de bout en bout et Dave Douglas y trouve l’occasion d’affirmer son grand respect pour l’histoire du jazz américain en y apportant une modernité intelligente et exaltante. On ne s’étonne pas que deux de ses compositions au blues prégnant ( Blues for Steve Lacy ou Elk’s Club) figuraient déjà dans le Solal/Douglas. Son swing énergique (The team) va chercher parfois dans des racines profondes. Ses constructions riches avec une maîtrise de la mise en espace, du supens et du revirement n’ennuient jamais. Quel sens de l’agencement que ce Culture Wars, thème de 12’41 qui constitue un des moments très fort de cet album : construction ouverte sur un exposé de Douglas soutenu par un ostinato de James Genus, mise en place progressive de la rythmique, effacement devant le chorus de Donny Mc Caslin et retour de tous les acteurs pour un crescendo contrapuntique saisissant. Le pied ! On pourrait décliner cela à chaque fois car chaque morceau qui se termine donne envie d’applaudir et donne surtout l’envie d’entendre le suivant. On se prend alors à rêver que le jazz soit toujours comme ça. Que le jazz parvienne à conjuguer toujours l’intelligence et le plaisir de jouer. Qu’il exalte notre enthousiasme toujours. Donne le sens encore du spectacle vivant même confortablement installés dans notre salon. Car ces musiciens là prennent le mot «jouer » au pied de la lettre, prennent leur jeu(x) avec autant de sérieux que de passion, nous racontent l’histoire que nous voulons entendre, celle d’un jazz en mouvement. Un jazz éclatant. Jean Marc Gelin
JJ WILDMIMI ANTIGROOVE SYNDICATE: “Groove-je ?”
Label Bleu 2006
Boris Boublil (p, org, vc), Rémi Sciuto (as, fl, vc, bass6rhodes et Scie), Antonin Leymarie (dm, glock, harmonium)
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