Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 16:03

Barney Wilen (saxophones ténor & soprano), Michel Graillier (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Sangoma Everett (batterie)

Yerres, 24-26 juin 1987

Elemental Music 5990540 (double LP) 5990440 (CD) / Distrijazz

 

Une réédition, oui. Mais avec quatre inédits : quatre prises alternatives de thèmes qui figuraient sur le 33 tours et le CD originels, mais qui assurément méritaient de venir jusqu'à nous. Des versions qui musardent, ou qui font parfois un pas de côté. Et ce plaisir de voir revenir cette musique en LP, avec ce grand format qui rend justice à la très belle photo de Marie-Paule Nègre, différente de l'édition originale. Et, au-delà de l'attrait d'un bon pressage, l'intérêt de lire les souvenirs de Philippe Vincent, producteur de la séance pour son label IDA, sous lequel il accompagna les dernières années de la carrière de Barney  ; ainsi que le témoignage de Riccardo Del Fra, partenaire de ces aventures, et qui évoque aussi le rôle joué par le regretté Michel Graillier dans cette belle séance d'enregistrement. Sangoma Everett, qui égrène aussi quelques souvenirs de son arrivée en France, et de sa collaboration avec Barney. Et le poème de Marie Möör qui parle d'un monde presque rêvé, et pourtant là sous nos yeux, présent à notre écoute. Sans oublier la photo qui montre Hervé Le Guil, qui enregistra naguère la séance, et posait voici quelques mois devant la console de son studio, avec son assistant Daniel Cayotte, pendant le travail de remastérisation pour cette nouvelle édition. Et, pour couronner le tout, un texte d'Ashley Kahn, grand exhumateur de trésors (la première version en public du fameux A Love Supreme de Coltrane ; le récit de l'aventure du disque «Kind of Blue» de Miles Davis....). Un texte qui reprend les témoignages de Patrick Wilen, le fils de Barney, et de Martine Palmé, qui fut son agent durant les dix dernières années de sa vie. L'une et l'autre se sont considérablement investis pour que cette réédition, et récemment le coffret «La Note Bleue», voient le jour. Bref ce disque ravive la mémoire, en ouvrant à nouveau une très belle page de l'aventure de Barney.

Xavier Prévost

.

Chronique du coffret «La Note Bleue» par Jean-Louis Lemarchand sur le site des DNJ en suivant ce lien

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 14:52

L’année 2021 s’achève sous de bons auspices pour Yakir Arbib. Une situation pas si courante dans la jazzosphère en ces temps de crise sanitaire. Explications. Après deux soirées au Sunset, le pianiste israélo-italien vient de se produire salle Pleyel lors de la soirée annuelle de TSF. Certes, sa prestation était ce 13 décembre limitée à six minutes, le temps alloué à chacune de la quinzaine de formations invitées. Mais sa composition, Yellow Sonata, présentée ce soir-là, « tournait » depuis quelques semaines sur la playlist de la radio « 100 % jazz ». Un signe de reconnaissance pour un musicien arrivé à Paris voici près de trois ans et qui a déjà publié deux albums chez Jean-Marie Salhani (JMS), le premier en solo « My name is Yakir »(2020) et le second, « Three Colors » en trio avec Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (basse) en novembre 2021.

Yakir Arbib n’est pourtant pas un nouveau venu sur la scène jazzistique. A 19 ans, le pianiste était couronné en Italie par le prix Massimo Urbani avant une tournée aux Etats-Unis et une session au Berklee College de Boston. treize ans plus tard, lui qui a vécu dans cinq pays différents se trouve heureux d’être en France, « le pays où les musiciens, les artistes en général sont respectés » et de vivre à Paris, « une métropole mais pas immense » et où, souligne Yakir Arbib, aveugle de naissance, « les gens m’aident dans la rue ».

Côté expression artistique, le pianiste évoque pêle-mêle comme influences Jean Sébastien Bach, Charlie Parker, Art Tatum, Schoenberg ou Brahms. « A 15 ans j’étais obsédé par Erroll Garner et à 18 par Bill Evans, mais aujourd’hui, j’écoute aussi bien Elliot Carter, compositeur contemporain américain (1908-2012) que Brad Mehldau ou encore Eminem qui déploie un vrai sens rythmique ».


Une approche sélective qui le conduit à effectuer « une synthèse personnelle de la musique classique et du jazz, deux genres essentiels pour moi » dans son jeu comme dans ses compositions (8 des 10 titres joués dans son dernier disque). Yakir Arbib refuse de se laisser « enfermer » dans un style. Et le solo demeure son exercice préféré, « là où je me sens le plus libre, le plus évident, le plus naturel, où je peux changer de rythme, de styles en cours de jeu ».


La complicité n’en est pas moins la règle avec le batteur Roberto Giaquinto, un compagnon régulier d’une dizaine d’années, ou, plus récemment avec Chris Jennings, un bassiste choisi à Paris (« un son profond et une connexion avec la musique orientale »).

Yakir Arbib : The Pink Kasbah

 

Quid de 2022 ? Au-delà des concerts escomptés, Yazir Arbib travaille à deux projets de composition, une sonate pour piano et violoncelle avec Vincent Segal, et une œuvre pour harmonica de verre destinée à Thomas Bloch, l’un des rares interprètes de cet instrument, une commande de l’institut culturel italien de New-York. Deux preuves supplémentaires de l’éclectisme de ce musicien, assurément l’une des révélations de l’année qui se clôt.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Yakir Arbib featuring Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (contrebasse), ‘’Three Colors’’.
Studio de Meudon, juin-juillet 2021.
JMS/PIAS.
www.disquesjms.com

 

 

Partager cet article
Repost0
19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 22:31

Keith Tippett, Matthew Bourne (pianos)

Leeds, 8-9 juillet 2019 & Londres 12 octobre 2019

double CD Discus 120 CD / https://discus-music.co.uk/catalogue/dis120-detail

 

À l'issue d'une série de concerts en duo, entreprise deux ans plus tôt, les deux pianistes nous livrent ce témoignage, en studio à Leeds, et en concert à Londres. Riche et passionnant dialogue entre deux musiciens qui, s'ils appartiennent à des générations différentes, ont l'un et l'autre tracé des voies singulières. Pour l'aîné, disparu l'an dernier, un parcours qui va du pharaonique big band 'Centipede' (50 musiciens = 100 pieds....) à des compositions pour quatuor à cordes en passant par le groupe King Crimson, le free jazz, Robert Wyatt, et j'en oublie.... Et pour le plus jeune toutes les aventures du jazz contemporain et de la musique improvisée, de Barre Phillips, Marc Ribot ou John Zorn à Laurent Dehors.... Une musique très vivante, audacieuse, libre mais richement pourvue de références. Et une richesse d'interaction remarquable, portée par une maîtrise des instruments (le son, la dynamique, le phrasé, les couleurs harmoniques....) qui force l'admiration. À découvrir d'urgence !

Sous le même label une œuvre insolite et magistrale de Keith Tippett «The Monk Watches The Eagle» (Discus 102 CD), enregistrée en 2004 par la BBC, et publiée récemment, avec une belle brochette de jazzmen britanniques (Paul Dunmal, Chris Biscoe....), mais aussi les BBC Singers, et la voix soliste de Julie Tippett, qui fut dans les années soixante, sous son nom de Julie Driscoll, l'une des très grandes voix soul d'Europe avant de devenir une figure de la musique expérimentale.

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 12:19
PIERRE FENICHEL QUINTET    FRENCH TOWN CONNECTION

PIERRE FENICHEL Quintet FRENCH TOWN CONNECTION

 

LABEL DURANCE

label durance (label-durance.com)

Frenchtown Connection teaser 1 - YouTube Music

 

Un CD assurément étonnant dès la pochette sombre au graphisme proche du Bauhaus et qui peut rappeler la tension de certains titres du mythique groupe anglais Joy Division; un titre qui joue habilement sur Trenchtown, le quartier musical de Kingston (ska, rock steady et reggae jamaïcains) et French Connection, le film emblématique de William Friedkin sur Marseille, capitale d’un certain banditisme lié à la drogue, dans les années 70. Un autre regard sur la cité phocéenne, bien différent de la vision pagnolesque un peu folklorique, reconnaissons-le, mais toujours très populaire. Citons un extrait des liner notes très précises et soignées:

L’imaginaire marseillais traverse cette musique Frenchtown Connection...Le film m’a fait comprendre que la cité phocéenne avait le potentiel de produire de la narration… Frenchtown rencontre Trenchtown, le quartier de Kingston, une musique se glisse entre deux mondes.”

Pierre Fénichel est un contrebassiste marseillais que l’on connaît ici depuis longtemps ( Compagnie Nine Spirit),  l’un des musiciens du quartet du saxophoniste Raphaël Imbert, aujourdhui directeur du Conservatoire Régional. Après une première expérience en leader avec ce Breittenfeld en 2016, autour de l’altiste Paul Desmond, en trio avec Alain Soler et Cedric Bec, le voilà qui se lance pour son deuxième opus dans une adaptation jazz de la musique jamaïcaine qui a ébloui sa jeunesse dans le quartier ouvrier et isolé (Marseille est tellement étendu) de St Marcel/ La Barasse. Et encore plus épatant, il déjoue les clichés autour de l‘icônique Bob Marley et du reggae, tant la production musicale de cette petite île, un peu plus grande que la Corse, mais bien plus peuplée ( près de 3 millions d’habitants) est étonnante de diversité. Ce n’est en effet pas le reggae que le contrebassiste veut évoquer. Il n’y en a qu’un et il n’est pas de Marley, c’est l’une des deux seules compositions originales sur les 8 titres de l’album qui comprennent donc 6 reprises, réminiscences des premières amours musicales mais aussi des découvertes récentes tant la musique jamaïcaine est riche d’influences métissées.

Enregistré dans les studios du label Durance (Alpes de Haute Provence) dont le guitariste Alain Soler est le directeur artistique, avec une prise de son fluide et rapide, les arrangements de Pierre Fenichel ont la spontanéité de l’original. Lisible et pourtant mystérieuse, cette musique interroge dès le premier titre, cérémonie lancinante qui vous emporte immédiatement, “Bongo Man” de Count Ossie, le premier musicien rastafari à accueillir cette pratique, “un Sun Ra jamaïcain des années quarante”. Retenez ce nom, un autre titre de sa composition nous balade dans l'ambiance d'une “Ethiopan Serenade”

Un autre crooner de l’île est à l’honneur, Ken Booth, un Marvin Gaye de la Jamaïque avec ce “I don’t want to see you cry”  dans un arrangement d’une douceur exquise, une rythmique dansante, un trombone gouleyant qui flirte avec la trompette. On retient instantanément la mélodie. Sans avoir besoin de vocaliste, le quintet est remarquable par la qualité des instrumentistes, l’alliage de leurs timbres: le trompettiste domine sur ce “Simple song” dont la facilité n’est que dans le titre : le son joufflu d’un vrai petit orchestre,  le trombone enjôleur, la guitare impeccable dans ses enluminures et la batterie au rythme combatif.

Si le contrebassiste connaît bien le guitariste Thomas Weirich, Braka le batteur (Simon Fayolle), et Romain Morello le tromboniste ( actuel professeur au Conservatoire), le trompettiste sud africain Marcus Wyatt est la révélation de cet album.

 Dans ses arrangements le contrebassiste fait revivre intelligemment la tradition sans renoncer à l’un des principes directeurs du jazz, laissant la part belle à l’improvisation du groupe dans un cadre aménagé, quelque peu détourné. Le groupe se réapproprie les originaux jamaïcains en changeant rythmes, couleurs et instruments, en opérant un rhabillage neuf et insolite. C’est bien l’oeuvre de jazzmen qui gardent l’empreinte d’une musique aimée, délaissée mais jamais oubliée. Quand elle fait retour, elle a une intensité et une force peu communes.

Le plus bluffant est peut être cet “Exodus” qui n’est pas, contre toute attente, une revisitation en trio (guitare, basse, batterie) du tube de Marley mais une recomposition à la fois nostalgique et épurée (il n’ y a pas d’autre terme, croyez moi ) du thème original d’Edmond Gould qui irrigue continûment le film d’Otto Preminger (1960) d’après Leon Uris.

Entre exercice et hommage, cet album est une vraie réussite,  originale, plaisante et surtout libre. Une découverte pour une Marseillaise native qui, si elle connaissait la French Connection, de la Jamaïque, hormis le reggae, ignorait totalement l’étendue de cette culture musicale insulaire si éloignée de la Méditerranée. Le jazz sait s’en emparer avec aisance. Alors merci Monsieur Fenichel!

 

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 22:03

Guillaume de Chassy (piano), Élise Caron (voix), Arnault Cuisinier (contrebasse), Thomas Savy (clarinette basse, clarinette)

Pernes-les-Fontaines, mars 2019 & Meudon, mai 2020

NoMadMusic NMM 086 / PIAS

 

Il est des artistes qui, en toute circonstance, donnent l'impression d'être en perpétuel pas-de-côté, mais tout en restant au cœur même de leur Art. Guillaume de Chassy, Élise Caron, Arnault Cuisiner et Thomas Savy sont de cette trempe, avec cet incroyable talent de métamorphoser en pépites des musiques que l'on aurait crues ternies par le temps. Des emprunts aux répertoires d'Yves Montand, Danielle Darrieux, Suzy Delair, Charles Trenet ; mais aussi des versions purement instrumentales de Bill Frisell ou Prokofiev -tuilé de Bill Evans- (avec clarinette basse et contrebasse, le tout traité comme si c'était du Schubert), de Trenet (L'Âme des poètes , en piano solo), pour conclure avec un lied de Schubert (mais sans la voix), manière de circonscrire le lieu d'où l'on s'exprime. Élise Caron est impériale, sur le fil de l'émotion, mais en pleine maîtrise de l'expression. De ces chansons marquées par des versions princeps qui les rendraient intouchables (mais aussi, pour L'Étang, une histoire balisée par une version de Blossom Dearie), la chanteuse-comédienne (ou comédienne-chanteuse, tant ces talents chez elle se confondent) fait son miel, ou plutôt son mercure, fascinant d'éclat, chatoyant, fluide, et vénéneux quand il s'insinue. Loin du jazz ? Pourquoi pas, et pourtant la liberté de phrasé, et la qualité de l'écoute interactive, nous plongent au cœur même du mystère qui préside à cette musique. Dans le livret du CD, Guillaume de Chassy écrit : «Nous avons peu répété, nous abandonnant face aux micros au risque de l'instant présent. Nous avons souhaité cette fragilité, marchant main dans la main au-dessus du vide». Tout est dit. Le résultat est d'une confondante beauté.

Xavier Prévost

.

En concert le 26 janvier 2022 à Paris au Bal Blomet

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 16:29

 

Kevin Norwood (voix, textes, composition), Rémi Ploton (piano, claviers, effets), Sam Favreau (contrebasse), Cédrick Beck (batterie, percussion numérique, effets)

Lieu et dates non précisés

Onde Music OND9 / Inouïe Distribution

 

Kevin Norwood poursuit une aventure musicale très singulière, frappée au coin de l'exigence musicale et de l'ambition artistique : ambition largement réalisée, et qualité musicale du plus haut niveau. Le chanteur était dans une première vie musicale saxophoniste, et cela s'entend dans la ductilité de ses phrases, la pertinence de ses ornementations, et la folle cursivité de certains de ses élans. Le disque n'est pas celui d'un chanteur accompagné, mais celui d'un groupe de jazz, en totale interactivité, en parfaite osmose. Le chanteur est aussi un compositeur, fervent adepte des sinuosités harmoniques, des chromatismes audacieux, et des intervalles distendus. Le compositeur œuvre sur ses propres textes, en Anglais (l'une de ses deux langues d'origine), textes richement évocateurs dont la musique épouse la prosodie singulière d'une manière presque miraculeuse. La voix se faufile avec une agilité confondante d'un registre à l'autre, sans perdre jamais ni la singularité de son timbre, ni sa formidable expressivité. Ses partenaires sont toujours en dialogue, et plus que cela, en parfaite connivence. Une reprise de Joni Mitchell, Both Sides Now, complète admirablement ce répertoire d'une exceptionnelle qualité. Depuis le disque «Reborn» (AJMI Series, enregistré en 2013) et quelques concerts auxquels j'ai assisté (notamment, en 2019, à l'un de ceux qui rôdaient ce nouveau répertoire, élaboré dans le cocon du Petit Duc d'Aix-en-Provence), ce musicien-chanteur-auteur-compositeur et improvisateur m'épate. Et c'est encore le cas avec ce qui est pour moi un GRAND disque.

Xavier Prévost

 

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2021 1 22 /11 /novembre /2021 09:36

Andy Emler (piano) , Thomas De Pourquery (saxophone alto, voix), Médéric Collignon (trompette, voix), Nguyên Lê (guitare), Laurent Blondiau (trompette), Philippe Sellam et  Guillaume Orti  (saxophones alto), Laurent Dehors (saxophone ténor), Eric Echampard (batterie),  Claude Tchamitchian (contrebasse), François  Thuillier (tuba), François Verly (percussions).
PeeWee!
Enregistré le 11 novembre 2019 au D’Jazz Nevers festival.

Marier le collectif et l’individuel. Ce cocktail dont chacun rêve dans sa vie, Andy Emler nous le sert, bien frappé, depuis plus de trois décennies avec son MegaOctet. Quand il compose pour son big band, le pianiste « écrit spécifiquement pour chacun des musiciens de son orchestre », souligne le saxophoniste Thomas de Pourquery. Et de cette somme d’individualités naît une cohésion qui donne à entendre une musique d’une grande spontanéité refusant toute classification.

Dernier exemple en date, cette captation d’un concert effectuée dans un festival réputé pour son ouverture d’esprit (D’Jazz Nevers). Pour l’occasion, trois jazzmen sont revenus au bercail, Thomas de Pourquery, Médéric Collignon et Nguyên Lê. Le programme inédit présenté sur scène et repris en disque offre quatre compositions d’Andy Emler pour une durée correspondant à un « set », environ 45 minutes. Un feu d’artifice ébouriffant.

 

teaser

aperçu

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Andy Emler MegaOctet sera en concert le 18 décembre au Triton (93260, Les Lilas).

 

©photo X. (D.R.)

 

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2021 7 21 /11 /novembre /2021 16:29

Bill Carrothers (piano), Vincent Courtois (violoncelle)

invité sur une plage : Éric Séva (saxophone baryton)

Pernes-les-Fontaines, 21 mai 2021

Label La Buissonne RJAL 397040 / PIAS

 

Une rencontre, suscitée par Gérard de Haro, le magicien du Studio La Buissonne et du label éponyme : c'est pour lui le désir de faire se rencontrer deux artistes très singuliers, qu'il a souvent enregistrés dans diverses configurations. Une rencontre impromptue, en ce sens qu'elle a lieu le jour même de l'enregistrement. Sous la houlette du Maître d'œuvre, et par la grâce des musiciens choisis, la magie opère. Une improvisation en duo, sans filet, habitée par l'horizon mémoriel de L'oiseau de Feu de Stravinsky. Une autre, du même climat, avec le concours, en trio, d'Éric Séva au baryton, et la douce rivalité de timbre entre le sax et le registre grave du violoncelle. De la musique improvisée, assurément cousinée par le jazz, la musique répétitive, et bien d'autres fantômes. Des reprises : Isfahan, crédité au seul Ellington quand le titre est co-signé par Billy Strayhorn ; Circle Game, de Joni Mitchell, chantant comme une composition folk, et vibrant comme une impro de jazz  ; Aqua y vino de Gismonti, dans deux versions fort différentes ; Deep Night de Charles E. Henderson, joué naguère sur un tempo et dans un style très différents, par Sonny Clark ; et des compositions respectives du violoncelliste (l'une est issue de son disque « West » de 2015) et du pianiste, empreintes de leurs lyrismes, si proches l'un de l'autre en vérité. De bout en bout, un hymne à la musique. C'est beau comme de la musique romantique resongée par des jazzmen !

 

 

VINCENT COURTOIS «East»

Vincent Courtois (violoncelle)

Label La Buissonne, collection Cuicatl, YAN 009 / PIAS

Simultanément Vincent Courtois publie ce disque en solo, une aventure musicale du violoncelliste qui, voici un peu plus de deux ans, ressentit le désir de parcourir les territoires de la musique pour violoncelle du vingtième siècle. Immersion profonde, travail, acharnement et plaisir confondus. Pour faire écho à son disque «West», disque de compositeur, avec des partenaires venu du jazz (Daniel Erdmann, Robin Fincker, Benjamin Moussay), le violoncelliste a choisi cette fois de s'en remettre au patrimoine du siècle précédent : Honegger, Hans Werner Henze, Penderecki, Ligeti, Berio, Hindemith, et aussi une pièce de son ami Dominique Pifarély. C'est d'un lyrisme et d'une qualité musicale qui nous entraînent loin de nos bases : magnifique ! À découvrir sur Bandcamp

https://labellabuissonne.bandcamp.com/album/east-cuicatl-collection-contemporary-music

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2021 2 02 /11 /novembre /2021 17:48


Studio de Meudon, avril 2021.

Camille Productions/Socadisc.
Sortie le 5 novembre.

===================================

Ce duo entre un pianiste et un guitariste mérite une attention particulière. Le premier, Pierre Christophe, a écrit pour cette rencontre avec le second, Hugo Lippi. Ils se connaissent depuis quelque 25 ans et partagent entre autres d’avoir décroché le prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz (Pierre en 2007, Hugo en 2019). Pierre Christophe « apporte un soin infini au choix des tonalités et aux tessitures… Il faudra considérer ce duo comme un tout, un orchestre de chambre », relève dans le livret Daniel Yvinec.

 

Ici point d’effets mais une écoute réciproque sur des compositions originales sollicitant le monde du jazz (Duke Ellington), du classique (Ravel), de la bossa nova (Carlos Jobim), de la pop (Paul McCartney).

En disciple de Jaki Byard, dont il suivit l’enseignement particulier à New-York et qu’il honora dans deux albums (Byard by Us , Black & Blue et Live at Smalls, Camille Productions), Pierre Christophe nous offre une palette encyclopédique du piano (jeu et composition).

 

Quant à Hugo Lippi, aux guitares (acoustique et électrique), il nous suffit de rappeler le jugement que portait à son égard son confrère (aujourd’hui disparu) Marc Fosset : « Le guitariste René Thomas, aurait particulièrement apprécié la finesse, l’humour et le feeling d’Hugo ».

 Un album à écouter (et réécouter) pour en saisir toutes les subtilités.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Pierre Christophe et Hugo Lippi seront en showcase le  21 novembre à 15 heures à la Seine Musicale (au Club Jazz) à Boulogne-Billancourt (92) pour le salon Musicora  et en concert le 1er décembre au Duc des Lombards (75001).

 

©photo Zoé Forget.

 

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 21:31

Craig Taborn (piano)

Vienne (Autriche), 2 mars 2020

ECM 2693 / Universal

 

Dix ans après le disque «Avenging Angel», enregistré en studio pour le même label, le pianiste revient avec un enregistrement de concert dans la prestigieuse Konzerthaus de Vienne. Je l'avais plusieurs fois écouté sur scène en sideman, mais je garde un souvenir ému de deux prestations solistes : en 2017 au festival Sons d'Hiver, en première partie d'Amina Claudine Myers, et en 2019 pour Jazz à Vienne (France cette fois.....) où, dans une soiré pilotée par John Zorn, il avait durant quinze minutes atomisé en solo un thème du saxophoniste-compositeur, qui était aussi le Monsieur Loyal de cet hommage... à la musique de Zorn. Et ce disque ravive les émerveillements passés : cette faculté de partir d'un élément que l'on jurerait peu orienté, presque indécis, et de nous embarquer par son imagination de l'instant dans son imaginaire le plus profond, le plus inattendu, et le plus constamment renouvelé. La musique suit son cours, introspective, mais aussi souvent folle (en apparence), et se construit ainsi, au fil du disque (et du concert, s'il nous est restitué dans sa chronologie), une forme mouvante qui semble inexorablement se diriger vers un point de cohérence qui ne serait pas un point de clôture (car il s'agirait d'une forme ouverte). Fascinant, jouissif, d'un niveau musical et pianistique hallucinant. Bref formidable, et même plus que cela !

Xavier Prévost

.

Craig Taborn est en tournée européenne, en trio. Il sera le 4 novembre à Genève (AMR), le 7 à Brest (Plages Magnétiques), le 12 à Strasbourg (festival Jazzdor), et le 13 à Bruxelles (Flagey)

Partager cet article
Repost0