Marc Benham (piano), John Hebert (basse) et Eric McPherson (batterie). Novembre 2018. SteepleChase Records/ Socadisc.
Biotope, quel drôle de nom pour un disque de jazz !. Consultons le Petit Robert : « Milieu biologique déterminé offrant à une biocénose (ensemble des êtres vivants d’un biotope) des conditions d’habitat relativement stables ». Diantre ! Dans l’esprit de Marc Benham, il s’agit du contexte organique favorable à son développement et dans le cas précis « le jazz qui swingue, qui chante et qui rit aussi ». Vaste programme.
Écoutons l’avis de Martial Solal : « Technique, feeling, sens harmonique et invention mélodique, Marc Benham possède à un très haut niveau toutes les qualités attendues d’un authentique musicien ».
Sa palette est large : remarqué par un hommage à Fats Waller (Fats Good-Frémeaux.2016), le pianiste a emprunté un chemin plus contemporain dans un duo avec le trompettiste Quentin Ghomari (Gonam City-Neuklang.2018).
Pour son quatrième album, Marc Benham confirme de belle manière que son respect de la tradition n’exclut pas la connaissance des courants et styles qui ont modelé le jazz ce dernier demi-siècle. Admirateur de Fred Hersch, il a « kidnappé » sa rythmique de passage à Paris à l’automne 2018 - John Hebert, (contrebasse) et Eric McPherson (batterie) - pour boucler un album en une seule journée de studio, comme ce fut la règle dans les années 50 chez Blue Note.
La spontanéité est au rendez-vous pour un répertoire des plus œcuméniques : d’un classique de Fats Waller (Jitterbug Waltz, cheval de bataille d’Eric Dolphy à la flute) ou d’Ellington (Mood Indigo) à des titres emblématiques du be-bop (Con Alma, Airegin) et quatre compositions du pianiste lui-même, dont Pablo, référence au label, cocktail revigorant servi en ouverture.
Un album concentré (moins de 50 minutes, le temps d’un set en club), qui constitue d’ores et déjà une des belles surprises de 2020.
Jean-Louis Lemarchand.
©photo Klaproos Art & X. (D.R.)