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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 10:31

Marc Benham (piano), John Hebert (basse) et Eric McPherson (batterie). Novembre 2018. SteepleChase Records/ Socadisc.

 

Biotope, quel drôle de nom pour un disque de jazz !. Consultons le Petit Robert : « Milieu biologique déterminé offrant à une biocénose (ensemble des êtres vivants d’un biotope) des conditions d’habitat relativement stables ». Diantre !  Dans l’esprit de Marc Benham, il s’agit du contexte organique favorable à son développement et dans le cas précis « le jazz qui swingue, qui chante et qui rit aussi ». Vaste programme.


Écoutons l’avis de Martial Solal : « Technique, feeling, sens harmonique et invention mélodique, Marc Benham possède à un très haut niveau toutes les qualités attendues d’un authentique musicien ».  


Sa palette est large : remarqué par un hommage à Fats Waller (Fats Good-Frémeaux.2016), le pianiste a emprunté un chemin plus contemporain dans un duo avec le trompettiste Quentin Ghomari (Gonam City-Neuklang.2018).


Pour son quatrième album, Marc Benham confirme de belle manière que son respect de la tradition n’exclut pas la connaissance des courants et styles qui ont modelé le jazz ce dernier demi-siècle. Admirateur de Fred Hersch, il a « kidnappé » sa rythmique de passage à Paris à l’automne 2018 - John Hebert, (contrebasse) et Eric McPherson (batterie) - pour boucler un album en une seule journée de studio, comme ce fut la règle dans les années 50 chez Blue Note.

 


La spontanéité est au rendez-vous pour un répertoire des plus œcuméniques : d’un classique de Fats Waller (Jitterbug Waltz, cheval de bataille d’Eric Dolphy à la flute) ou d’Ellington (Mood Indigo) à des titres emblématiques du be-bop (Con Alma, Airegin) et quatre compositions du pianiste lui-même, dont Pablo, référence au label, cocktail revigorant servi en ouverture.

 

Un album concentré (moins de 50 minutes, le temps d’un set en club), qui constitue d’ores et déjà une des belles surprises de 2020.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

©photo Klaproos Art & X. (D.R.)

 

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 10:58

Jeff Seffer (clarinette basse, saxophones ténor, soprano & sopranino), Siegfried Kessler (piano, piano électrique), Didier Levallet (contrebasse), Jacques Thollot (batterie)

Paris, Le Stadium, 17 juin 1977

Souffle Continu Records FFLCD 054 / l'autre distribution

 

Belle surprise, et grand souvenir, en découvrant ce disque paru en octobre sous le label des disquaires du Souffle Continu (25 rue Gerbier, 75011 Paris). Je venais acheter, en réédition vinyle, le seul disque du groupe Dharma que je n'avais pas écouté : celui en trio, avec à la batterie un Ami regretté, Jacques Mahieux. Ce fut aussi l'occasion de découvrir les rééditions en vinyle du groupe Perception publiées par ces merveilleux exhumateurs du jazz hexagonal le plus libre. Mais en sus de ces 33 tours, déjà présents dans ma discothèque (ou en copie dans ma mémoire numérique), il y avait cet inédit, en CD. J'avais découvert Perception à Lille (avec alors Jean-My Truong à la batterie) au début des années 70, et j'avais eu plusieurs occasions de réécouter le groupe. Mais pas dans ce lieu Parisien où j'étais pourtant venu quelques fois lors des virées, en 2cv ou en 4L, qui nous conduisaient de Lille à Paris pour humer la scène jazzistique parisienne : virées qui passaient souvent par les concerts du Musée d'Art Moderne, ceux du Nouveau Carré Silvia-Monfort et du Stadium, avant de finir vers la Montagne-Sainte-Geneviève au Caveau de la Montagne, multiplex en réduction, avec du 'vieux style' au sous-sol, du bop au rez-de-chaussée, et des duos plus contemporains à l'étage. Le charter d'amateurs aussi lillois qu'impécunieux (5 passagers, voire plus, dans une petite voiture) reprenait ensuite la route, évitant l'autoroute au tarif dissuasif, pour arriver dans le Nord pour le petit déjeuner....

Bref, vous l'aurez compris, mon écoute n'est pas neutre, et même probablement est-elle partisane : j'assume.

Bonheur de découvrir cette mouture unique du quartette, avec la participation de Jacques Thollot. De quoi attiser encore ma passion, d'autant que j'ai eu le plaisir, au fil des années, de présenter sur scène les groupes de chacun d'eux. Et c'est bien de passion qu'il s'agit chez ces musiciens, et dans cette musique : passion exacerbée, audace formelle et instrumentale, folie collective qui nous vaut, me semble-t-il, d'entendre dans une plage le saxophoniste (que l'on appelait encore Jeff avant de lui rendre son prénom de Yochk'o) souffler simultanément dans le soprano et le sopranino tandis que 'Siggy' Kessler caracole au clavier, et que Levallet et Thollot poussent les feux jusqu'à la rupture d'équilibre. Compositions des trois réguliers du groupe (Jacques Thollot étant l'invité exceptionnel), et étonnement renouvelé à l'écoute de ces thèmes qui dérogent aux canons dominants de années 70. Hautement recommandable, que vous soyez comme moi contemporains de ces aventures musicales, ou plus jeunes adeptes. A l'écoute je me demande si, à un moment, 'Jeff' Yochk'o Seffer ne joue pas du taragot de sa Hongrie natale, tant ce son qui oscille entre cornemuse et cor anglais me paraît loin du sax soprano. Mais il fait partie de ces musiciens qui savent entraîner leur instrument loin de son timbre d'origine ; et peut-être aussi entends-je sous les doigts de Siggy, en plus du Fender, un Clavinet : alors mystère....

Xavier Prévost

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Sachez aussi que le Souffle Continu propose un coffret avec la réédition en vinyle des trois 33 tours d'origine, et cet inédit en CD

http://www.soufflecontinu.com/index.php?f=detail&ean=3505342611696&search=Perception

 

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22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 19:38

Vincent Courtois (violoncelle), Daniel Erdmann (saxophone ténor), Robin Fincker (saxophone ténor & clarinette)

Oakland (Californie), 26-27 juin 2019

Label La Buissonne RIAL 397034 / PIAS

 

Pour cette évocation de Jack London, que le trio avait donnée en concert plus d'un an avant de passer au disque, les musiciens ont choisi d'aller enregistrer à Oakland, où l'écrivain avait vécu à différents moments de sa vie. Ils étaient accompagnés dans ce voyage par Gérard de Haro, sorcier du son au studio La Buissonne, et animateur passionné du label éponyme. Les titres sont majoritairement signés par Vincent Courtois, qui cède la plume pour deux plages à Daniel Erdmann et à Robin Fincker. On trouve aussi un standard, Am I Blue. La musique oscillent entre une intense mélancolie (Love of Life, qui emprunte son titre à une nouvelle, et un recueil, de Jack London) et des moments de forte pulsation ; avec aussi souvent un vertige formel qui rappelle les musiques répétitives américaines. Le lyrisme des trois solistes est impressionnant et, loin de brider l'imagination des improvisateurs, il semble la stimuler. C'est une sorte d'effervescence collective qui s'épanouit dans un contexte où jazz, musique de chambre (voire musique irlandaise) se croisent pour notre plus grand bonheur d'écoute. Hautement recommandable !

Xavier Prévost

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Le disque paraîtra le 31 janvier. Le trio est à l'affiche du Festival Sons d'Hiver, le 23 janvier 2019 à 20h, au Théâtre de Choisy-le-Roi

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 15:34

Aymeric Avice (trompette en Si, trompette piccolo, bugle), Fred Roudet (trompettes en Si♭ & Mi♭, bugle), Simon Girard (trombone), Damien Sabatier (saxophones baryton, alto & sopranino), Gérald Chevillon (saxophones basse, ténor & soprano), Aki Rissanen (piano), Joachim Florent (contrebasse), Antoine Leymarie (batterie)

Pernes-les-Fontaines (Vaucluse), mai 2019

Compagnie Impérial CI/005/1/1 / Inouïe distribution

 

Après Impérial Orphéon, Impérial Pulsar et Impérial Quartet, voici le GRIO, Grand Impérial Orchestra, octette qui sonne comme un big band. Le titre évoque l'autobiographie de Duke Ellington mais c'est surtout à Mingus que l'on pense, à cause de l'incroyable effervescence et de la liberté qui se dégagent de chaque plage. L'ombre des musiques répétitives et des combinaisons rythmiques en cascade plane également sur ce disque singulier et, il faut le dire, très réussi. Le groove et la pulsation sont la matière constante sur laquelle s'envolent les sections comme les solistes. Il y aussi des épisodes apaisés et concertants, des escapades lyriques et des rebonds inattendus. L'une des sources revendiquées est empruntée au peuple Banda Linda d'Afrique Centrale, mais tout se déroule comme une cérémonie de jazz vivant, où structures préétablies et improvisations se combinent et s'épousent en toute liberté. Solistes inspirés tout au long du CD, avec peut-être une mention spéciale au tromboniste Simon Girard dont l'expressivité exacerbée nous rappelle les grands frissons mingusiens. Vivant, vital, indispensable !

Xavier Prévost

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Le GRIO jouera le 18 janvier au théâtre de Viviers (Ardèche), le 19 janvier au Galpon de Tournus (Saône-et-Loire), et le 20 janvier à Paris au Pan Piper

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?11=&v=R7DZW496zAg

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 15:50

Claudia Solal (voix, textes, composition), Benoît Delbecq (piano préparé, composition)

Paris, mars 2018

Rogue Art ROG-0094 / https://roguart.com/product/hopetown/144

 

On entre, en écoutant ce disque, dans un univers de totale singularité. Après une tournée à Chicago dans le cadre de «The Bridge» (http://acrossthebridges.org/), avec 'Antichamber Music' (The Bridge #10), en quartette avec la bassoniste Katie Young et la violoncelliste Tomeka Reid autour des textes de James Joyce, ils ont souhaité prolonger en duo leur collaboration.

Ici les notes, les timbres inédits du piano préparé, les sonorités des textes en anglais, et leur prosodie, constituent une entité musicale et sonore dans laquelle le sens des textes, et le 'sens' de la musique (ses propriétés musicales identifiable.... ou non encore élucidées) constituent un univers poétique et sonore qui nous captive tout en nous entraînant loin de nos bases (références musicales connues, références poétiques perceptibles). Ici on retrouve l'inspiration de la Salomé d'Oscar Wilde, qui avait nourri un thème du groupe Spoonbox de la chanteuse, ailleurs les souvenirs d'anciennes sonorités, de rythmes asymétrique richement exploités par le pianiste. Mais en découvrant le disque de ces artistes dont je n'avais pas écouté sur scène le duo, j'ai l'impression de m'immerger dans une aventure sonore totalement inédite, alors que je les écoute, l'une et l'autre, depuis plus de vingt ans. On navigue en territoire inconnu, même si affleurent çà et là le souvenir des inflexions de la voix afro-américaine, les couleurs vocales et les intervalles extrêmes de la musique contemporaine, les sonorités telluriques de certaines musiques traditionnelles. Ce qui semble dominer surtout, c'est cette extrême liberté qui tend a prévaloir dans la musique improvisée, au sens large, et dans ses parentés avec le jazz. Une absolue singularité. Oui. Mais surtout une incontestable réussite artistique. On se précipite !

Xavier Prévost

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Le duo sera en concert au festival Sons d'hiver le 18 janvier à 20h30, à l'Auditorium Jean-Pierre Miquel de Vincennes, en première partie de Fred Frith

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5 janvier 2020 7 05 /01 /janvier /2020 18:52

Céline Bonacina (saxophones baryton & soprano, kayamb, voix), Chris Jennings (contrebasse, saz), Jean-Luc Di Fraya (batterie, percussions, voix). Invité sur 6 plages : Pierre Durand (guitare)

Rochefort-sur-Mer, mai 2019

Cristal Records CR 289 / Sony Music

 

Quatre ans après «Crystal Rain», la saxophoniste enregistre dans une configuration différente : trio, et quartette avec guitare. Le répertoire se répartit entre Céline Bonacina et Chris Jennings, en parfaite cohérence. En ouverture une composition de la musicienne, qui dit son attachement à l'île de La Réunion, où elle a séjourné longuement, et enseigné au Conservatoire de Saint-Denis. Puis un thème du contrebassiste, composé en Bretagne, dénote aussi un souvenir d'ailleurs. Au fil des plages l'esprit du groupe, et de celle qui le dirige, s'affirme constamment, entre l'attachement au jazz et l'envie d'aller chercher, par les effets de chœur des voix, et par les rythmes, d'autres horizons. Mais on n'est pas ici dans un recours aux musiques du monde comme un succédané fédérateur. Le lyrisme, le sentiment de liberté, et l'intégrité formelle composent une succession de paysages qui demeurent habités par le beau souci de dire, d'exprimer, de (ra)conter. Quand la guitare de Pierre Durand fait son entrée, à la cinquième plage, c'est une autre porte encore qui s'ouvre, sur un autre espace. Et l'on se laisse ainsi embarquer, sans que jamais la densité musicale ne flanche. Il y aura aussi vers la fin deux compositions de Chris Jennings, l'une pour évoquer Joachim Kühn, au trio duquel il a participé, et l'autre en hommage à Ornette Coleman (Kühn n'est pas si loin) et à son partenaire de «Friends and Neighbors», Charlie Haden. Et en guise de conclusion, une mélodie qui respire encore les rythmes d'ailleurs, et fait entendre le luth d'un orient proche  : beau parcours musical, qui confirme une fois encore la pertinence artistique de la saxophoniste.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=xHQCQdseRLE

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Le groupe sera en concert le 17 janvier 2020 au Théâtre de Sartrouville (Yvelines). Au programme le même soir, André Villéger & Philippe Milanta, Benjamin Dousteyssier & Bruno Ruder.

 

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5 janvier 2020 7 05 /01 /janvier /2020 14:49

Paul Jost (chant, harmonica et guitare), Jim Ridl (claviers), Dean Johnson (basse), Tim Horner (batterie) et en invité Joe Locke (vibraphone). 'Simple Life'. Jammin’colors / L’autre distribution. Novembre 2019.

 

C’est une des découvertes due à la période de rangement habituelle de discothèque lors de la trêve des confiseurs : « Simple Life », disque du chanteur américain de Philadelphie, Paul Jost.  L’artiste était venu le présenter fin novembre au club parisien le Sunside. Une prestation rare dans l’hexagone pour cet artiste régulièrement à l’affiche des clubs new-yorkais (55 Bar, Smoke, Dizzy’s…) quand il n’effectue pas une tournée pour le Département d’Etat (une quinzaine de jours en avril prochain au Pakistan et au Liban).

 

 

 S’il est loin d’être « un perdreau de l’année », comptant de multiples collaborations comme chanteur mais aussi instrumentiste (guitare, harmonica, batterie…) auprès notamment de Billy Eckstine, Ron Carter ou encore Bucky Pizzarelli, Paul Jost n’a entamé qu’en 2014 une carrière de soliste (Breaking Through). Le répertoire retenu dans son tout dernier album illustre l’éclectisme du vocaliste, apte à séduire l’auditoire des clubs : des classiques appartenant aussi bien à la sphère du jazz à proprement parler ('Caravan', de Duke Ellington et Juan Tizol, 'Folks Who Live on the Hill', de Kern et Hammerstein...) qu’au monde de la pop ('Blackbird' et 'With a Little Help from My Friends' de Lennon/MacCartney…) et quelques compositions personnelles ('Bela Tristeza', 'Livin’in the Wrong Time').

 

 

La surprise vient de l’interprétation. Paul Jost se place indubitablement dans la droite ligne des chanteurs qui savent raconter une histoire et –surtout- expriment un swing infernal et dans un autre temps une joliesse sensible. Ainsi peut-on évoquer à son écoute Jon Hendricks, Mark Murphy ou de ce côté-ci de l’Atlantique, David Lynx ou André Minvielle.
Le scat trouve avec Paul Jost un de ses porte-paroles actuels les plus talentueux. La virtuosité est au rendez-vous et toujours payante surtout quand il peut compter (Blackbird) sur la fougue lumineuse du vibraphoniste Joe Locke, autre (re)découverte de cet album chaleureusement recommandé pour entamer la décennie avec allégresse.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

* Paul Jost, 'Simple Life'. Novembre 2019. Jammin’colors / L’autre distribution.

 

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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 10:28
HERMIA-MOHY-GERTSMANS        THE LOVE SONGS

 lHERMIA-MOHY-GERTSMANS

THE LOVE SONGS

Back to the heart of jazz

Jazzavatars/L'autre Distribution

http://www.manuel-hermia.com

Manu Hermia (tenor and alto sax ), Pascal Mohy (piano), Sam Gerstmans (cb)

 

Voilà un album qui est arrivé à point sur le label JAZZAVATARS,  en cette fin décembre mouvementée et pour le moins compliquée. Avec ce trio bien établi outre-quiévrain, il n’est pas question de grève des sentiments, peut-être de quelques désordres de l’aorte, puisqu’ils reprennent quelques-unes des chansons d’amour du répertoire de Broadway, des standards intéressants à revisiter, plutôt que les plus rebattus… Le sous-titre est parfaitement explicite : " back to the heart of jazz".  Le choix demeure immense cependant et en choisir sept était une gajeure. Le saxophoniste Manu Hermia glisse une de ses compositions, délicatement, “I aime you”, en antépénultième position, qui ne dépare pas la cohérence de l'album. La mélodie évidemment figure dans les critères de choix, et elle se détache précisément, comme l’ envoûtant “Soul Eyes” inaugural du grand Mal Waldron, qui nous plonge immédiatement dans une atmosphère de film noir.

En 2012, sur Emouvance, Laurent Dehors et Matthew Bourne se lançaient aussi dans un programme de “Chansons d’amour” mais les compositions étaient de leur cru, hormis “La vie en rose”. Et leur échange les poussait à vivre sur le fil, plutôt radicalement. Ici, rien de tel, peu de tension, le trio sans batterie, (sax, piano, contrebasse) est en phase, jamais dans l’emphase, célébrant la douceur mélancolique du sentiment amoureux comme dans cette délicieuse ballade “The nearness of you”. On est en effet au plus près des musiciens comme dans un club de jazz quand on sent les vibrations, la musique en train de se faire. Toujours sobre, se calant avec bonheur dans ce registre intimiste, le saxophoniste garde une sonorité mate, sans trop de vibrato à l’alto et au ténor, dans un registre qui ne prétend pas à une modernité extrême, mais s’inscrit dans la tradition d’un jazz intense, royal à dire vrai. Tous trois (Pascal Mohy au piano et Sam Gerstmans à la batterie) arrivent à affiner le dosage de leur musique singulière, en suspens, fragile architecture minimaliste. Ils bâtissent une suite en équilibre dans une apparente simplicité. De grandes qualités qui jouent en faveur d’un album plutôt convainquant, authentique déclaration d’amour pour cette musique, à laquelle on ne peut rester insensible. C’est le coeur qui parle explicitement : on se laisse entraîner, comme en amour, le coeur bat plus vite et c’est bien...

 

 

 

Sophie Chambon

 

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1 janvier 2020 3 01 /01 /janvier /2020 18:24

Stéphane Payen (saxophone alto, composition), Olivier Laisney (trompette), Bo Van Der Werf (saxophone baryton), Nelson Veras (guitare), Guillaume Ruelland (guitare basse), Vincent Sauve & Thibault Perriard (batteries)

Villetaneuse, décembre 2018

Onze Heures Onze ONZ 036/ http://www.onzeheuresonze.com/

 

La suite de l'aventure du Workshop : après le quartette enregistré en 2014 et publié en 2015 («Conversations With The Drum», Onze Heures Onze ONZ 010, chroniqué ici  ), voici un octette, qui déploie en plus large instrumentation cette passion des couleurs, du rythme et du son qui sont le terrain de jeu favori de Stéphane Payen et de ses complices. Les sources d'inspiration sont multiples : mélodies sinueuses nimbées de rythmes obsédants, souvenir d'Ornette (Coleman), ombres tutélaires du jazz libre et des sources africaines, dissonances comme il s'en trouvait déjà chez Mingus à la fin des années 50, tension féconde entre les deux batteries.... Les membres du groupe font preuve en permanence d'une inventive liberté, et une sorte de souffle collectif plane sur cette cérémonie propulsée par un groove aussi libre que prégnant. À citer au fil des plages, le lyrisme très libre de Bo Van Der Werf ; l'inventivité permanente de Stéphane Payen dans les appuis rythmiques périlleux qui toujours font sens, et musique ; l'imagination intarissable de Nelson Veras, qui constamment nous emmène ailleurs, sans qu'il soit possible de s'égarer, car la base demeure à l'horizon ; la hardiesse exploratoire d'Olivier Laisney, qui nous écarte de l'attendu, mais se garde bien de nous perdre ; le tout porté par une rythmique dont le rôle est prépondérant, dans ce labyrinthe où l'on aimerait se perdre. Il en résulte une sensation de vitalité autant que de vivacité. Les lignes improvisées se croisent dans un flot pulsatoire irrépressible. Bref, c'est de la vraie belle musique VIVANTE, où l'élaboration souvent sophistiquée jamais n'étouffe une sorte d'élan vital. À déguster sans la moindre modération !

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Vimeo

https://vimeo.com/365499481

et sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=itQLRNhuRs0

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Le groupe jouera le 8 janvier 2020 à Paris, au Studio de l'Ermitage, dans une configuration légèrement différente : Stéphane Payen, saxophone alto ; Olivier Laisney, trompette ; Sylvain Debaisieux, saxophone ténor ; Bo Van Der Werf, saxophone baryton ; Tam De Villiers, guitare ; Jim Hart, vibraphone ; Guillaume Ruelland guitare basse & Vincent Sauve, batterie.

Au même programme le nouveau groupe de Sarah Murcia "Eyeballing", avec Benoït Delbecq, Olivier Py & François Thuillier    

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28 décembre 2019 6 28 /12 /décembre /2019 17:17

Pierre Christpophe (piano), Joel Frahm (saxophone ténor), Joe Martin (contrebasse)

New York, 22 août 2018

Camille Productions MS062109CD / Socadisc

https://www.lesallumesdujazz.com/produit-live-at-smalls,2858.html

 

Retour à New York du pianiste Pierre Christophe, qui avait longtemps séjourné dans cette ville où il fut, notamment, l'élève de Jaki Byard, dont il reprend dans ce disque 3 compositions, évoquant aussi, au fil des plages, un goût probablement issu de cette formation pour les traits pianistiques vifs et brillants. On est dans ce petit club de Greenwich Village, un endroit majeur de la vie jazzistique new-yorkaise, en dépit de la relative exiguïté du lieu. Deux blues (en do, l'un de Byard, Just Rollin' Along, l'autre d'Ellington, Flirtibird), des compositions de Pierre Christophe (dont African Beauty, belle valse qui évoque tout à la fois l'univers de Langston Hughes et l'esprit de In Your Own Sweet Way de Dave Brubeck). D'ailleurs il y a en fin d'album une composition de Brubeck, beaucoup moins connue, Softly , William, Softly (album «Time In», 1965). Pierre Christophe l'expose au piano avec une verve rhapsodique digne de son Maître Jaki Byard, et garnérise légèrement dans le solo final car c'est son péché mignon, et nous serions les derniers à le lui reprocher. Le choix d'un groupe sans batterie, et celui de partenaires de haut vol (qui ont en commun d'avoir enregistré avec Brad Mehldau), permet une totale réussite : beau disque de jazz, avec de l'espace pour le piano, sans toutefois que le leader ne tire à lui la couverture. Ce disque, paru à l'automne, a connu quelques échos, mais on aurait aimé qu'il fût plus entendu, écouté et apprécié. Alors vous savez ce qui vous reste à faire : précipitez-vous pour le découvrir.

Xavier Prévost

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African Beauty, un extrait du concert au Smalls sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=Ytrx3DAyvz0

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Pierre Christophe jouera en janvier son Hommage à Erroll Garner, en quartette avec Sébastien Girardot, contrebasse, Stan Laferrière, batterie et Laurent Bataille, percussions :

au Jazz Club de Courbevoie le 20 janvier

à Paris le 21 janvier au Duc des Lombards

au Jazz Club de Palaiseau le 31 janvier

et au Festival de Saint Saturnin (Charente) le 17 janvier

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