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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 00:16

Ils venaient de mondes totalement différents, Joachim Kühn - 1er concert de piano classique à 5 ans - et Ornette Coleman - saxophoniste texan ayant fait ses armes dans le rythm-and-blues. Le free les réunit en 1996 (Colors. Harmolodic), et ils se trouvèrent facilement sur scène une quinzaine de fois en duo. A chaque prestation, ils composaient de conserve une dizaine de morceaux qui n’étaient alors jamais plus joués.

Joachim Kühn & Ornette Coleman New York 1997 ©photo Austin Trevett


Ces 170 titres, Joachim Kühn les a conservés. En hommage à  son ami disparu en 2015, le pianiste allemand a sélectionné douze inédits (au sens littéral du terme, n’ayant jamais été publiés en disque), auxquels se joignent (passage obligé), le tube d’Ornette, 'Lonely Woman' (en deux versions, sur un rythme enlevé et traité comme une ballade), et en bonus une composition personnelle dédiée au saxophoniste, 'The End of The World', le plus long titre de l’album (plus de 7 minutes).

 

Dans le recueillement de son studio en son domicile d’Ibiza, Joachim Kühn a laissé parler son romantisme fougueux, celui qui s’était exprimé dans une de ses plus belles œuvres, ‘Thoughts about My Mother’. Sous ses doigts, le Steinway met en lumière le côté harmonieux de l’univers d’Ornette Coleman.


Un album hautement recommandable à deux titres : la découverte de compositions de l’auteur révolutionnaire de ‘The Shape of Jazz To Come’, et l’approche authentique, sensible, d’un artiste envoûtant qui porte haut l’étendard de la musique libre.


Joachim Kühn, (piano), ‘Melodic Ornette Coleman. Piano Works XIII’. Enregistré à Ibiza, janvier-mars 2018. ACT 9763-2.


Jean-Louis Lemarchand.

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 14:33

 

Dominique Mandin, Olivier Zanot (saxophones altos), Boris Pokora, André Villéger, Pierre Bertrand (saxophones ténors), Jean-François Devèze (saxophone baryton),

Hervé Michelet, Nicolas Giraud, Tony Russo, Julien Ecrepont, Vincent Echard, Sylvain Gontard (trompettes), Daniel Zimmermann, Philippe Georges, Jerry Edwards (trombones), Didier Havet (trombone, tuba), Stéphane Peter (cor)
Jérémy Dufort (tuba), Maxime Fougères (guitare), Christophe Cravero (piano), Kevin Reveyrand (guitare basse), André Ceccarelli, Matthieu Chazarenc, Loïc Ponthieux (batterie), Gérard Carocci, Adriano Do, Marc Chantereau (percussions)
invités : David Linx (voix), Didier Lockwood (violon), Stéphane Belmondo (trompette)

Paris, 17 avril 2016 & 4-5 janvier 2017

Cimaises, sans référence commerciale

Disponible auprès de l'Association Cimaises, 13 Grande Rue, 28700 Oysonville

 

Enregistré dans le légendaire (et désormais détruit....) studio qui donne à l'album son titre, c'est l'hommage de ses amis musiciens, et de ses proches, à l'arrangeur-chef d'orchestre (aussi trompettiste) qui enchanta des générations d'amateurs de jazz et tissa de belles orchestrations pour une foule de grands talents de la chanson (de Claude Nougaro à Charles Trenet en passant par Henri Salvador et Nicole Croisille....). Ivan Jullien, mort en janvier 2015, était familier du lieu où il dirigea tant de séances, et enregistrer cet album souvenir en cet endroit rend l'entreprise plus légitime encore. Écouter ce disque est pour moi, à titre personnel, une émotion particulière : le 24 octobre 2009, pour les concerts 'Jazz sur le Vif' que j'organisais alors pour Radio France, j'avais accueilli le grand orchestre d'Ivan Jullien. Et en regardant la liste des 30 musiciens qui se sont relayés aux séances d'enregistrement, je consate que 15 d'entre eux étaient en octobre 2009, au studio Charles Trenet de la Maison de la Radio, aux côtés d'Ivan, pour ce concert diffusé le mois suivant sur France Musique dans mon émission 'Le Bleu, la nuit'. Et en fouillant dans mes archives je m'aperçois que, sur les 9 titres du CD, 6 avaient été joués ce jour-là, pour la plupart des compositions encore inédites au disque, et que les amis d'Ivan Jullien ont projeté d'enregister dès la fin de l'année 2015 en faisant appel à un financement participatif via la plateforme Proarti.

 

Parmi les anciennes compositions, Plastic à Gachiba, qui figurait sur le disque «L'Orchestre», publié en 1983 ; et Blues in the Night, du même 33 tours, alors avec la voix Lavelle. Cette fois c'est David Linx qui s'y colle, avec sa magnifique faculté de s'approprier un texte et une musique. Il fait aussi merveille sur une relecture de Don't Let Me Be Misunderstood (Nina Simone, The Animals, Joe Cocker....), sur un arrangement que je ne connaissais pas. Pas totalement inconnue à nos oreilles La Mazurka d'Eddy Louiss, que l'organiste avait enregistrée, sous le titre Mazurka Cacodou, sur un disque intitulé sobrement «Eddy Louiss», publié en 1968 chez Barclay : Didier Lockwood s'y livre avec fougue et lyrisme ; c'était lors de séances de janvier 2017, et 13 mois plus tard Didier disparaissait brutalement d'une crise cardiaque. Sa présence amicale compte pour beaucoup dans la réussite de ce disque, comme celle de Stéphane Belmondo sur Auntie Malibran, un des thèmes jusqu'alors inédits au disque. Pour les autres thèmes nouveaux venus au disque (mais entendus dans les dernières années de l'orchestre d'Ivan Julien), ce sont 1Léo 2 Loula, Pupet's Blues, Ballade pour Alain - dédié à l'Ami, regretté, Alain Guerrini- et L'Ancolie, courte mélodie pour les cuivres et les anches, sans section rythmique, qui met en évidence le talent d'orchestrateur d'Ivan Jullien. Au fil des plages Jerry Edwards, Daniel Zimmermann, Olivier Zanot, Boris Pokora, Maxime Fougères et Christophe Cravero se révèlent des solistes plus que convaincants dans ce très bel hommage collectif. Il fallait le faire, ils l'ont fait, et on les en remercie, du fond du cœur !

Xavier Prévost

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Sur Youtube, un avant-ouïr

https://www.youtube.com/watch?v=ZIQBOPk9Wok

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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 17:40

NAISSAM JALAL : «  « Quest of the invisible »
Les couleurs du son - L’autre Distribution - 2019
Naissam Jalal (fl, nay, vc); Leonardo Montana (p), Claude Tchamitchian (cb), Hamid Drake (dms)
 

Il ya des albums qui ont une âme. Des albums où la musique devient plus que de la musique. Devient une sorte d'expression mystique de l'univers avec ce qu’il porte d'intemporalité.
La flutiste Naissam Jalal, Syrienne née à Paris est ce des musicien(ne)s qui savent exprimer cela. Parce qu’elle est toujours restée liée à territoire musicale profondément ancré dans la spiritualité de l’Orient source de méditation et d’improvisation. Naissent Jalal a ainsi multiplié les collaborations avec de grands artistes comme le violoniste Abdu Dagher ou Fathi Salma. Mais aussi avec des musiciens reliés au jazz comme le génial batteur Hamid Drake (présent sur le disque), Méderic Collignon, Hervé Samb ou encore Nelson Veras. Tout ceux pour qui la musique ( et notamment le jazz) sont un moyen d’expression artistique de l’âme.
C’est à l’occasion d’une résidence à Banlieues Bleues que la flutiste a eu la possibilité de réunir Leonardo Montana (p) et Claude Tchamitchian (cb). Hamid Drake passant par là, l’occasion était trop belle.
L’occasion pour Naissam Jalal de signer un album absolument envôutant d'où émane une sorte de magie spirituelle. L'album de la tranquilité en quelque sorte. Et de l'espace. Et du temps donné au temps.
Il y a du souffle et du vent, du temps arrêté et de la contemplation. De la méditation aussi dans cette oeuvre qui se donne les moyens d'arrêter toute agitation juste pour écouter, voir et ressentir. C'est cela même . Un album à ressentir. Comme l’on ressent le vent sur la peau ou que l’on entend son bruissement dans les feuilles des arbres. Il s’agit d’un album aussi enraciné que volant.
Et c’est un album qui vit et qui vibre. Et c’est la sensibilité de la flutiste qui lui permet de passer dans un même mouvement des effluves du calme à la passion brûlante accompagnée par trois musiciens exceptionnels qui passent les vibrations et enracinent la musique.


Naissam Jalal est une immense artiste qui, loin du tumulte dit quelque chose de la vie.
C’est peut être à cela que l’on reconnaît les albums essentiels. Celui-là l’est assurément. Jean-Marc Gelin

Naissam Jalal era en concert

- Le 28 mars au café de la Danse (Paris)

- le 30/03 aux Plages Magnétiques à Brest

- 17/05 : Tourcoing Jazz festival

 

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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 17:02

 

Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie)

Lugano, février 2018

ECM 2611 / Universal

 

Un disque sans fracas, et pourtant une entrée remarquée du pianiste sous l'étiquette ECM, où il avait déjà accompagné le trompettiste Avishai Cohen («Into The Silence» 2105 ; «Cross My Palm With Silver», 2016). Sur l'un des très beaux pianos de l'auditorium de la radio suisse de langue italienne, à Lugano, il livre un objet d'apparence minimaliste, mais d'une intensité rare. Cela commence, avec une sorte de révérence amoureuse, par le répertoire d'Ellington, et Mood Indigo. Plus que lentement, chaque instrument fait son entrée dans ce monument historique dont il caresse la charge patrimoniale nimbée d'émois anciens. Suivent des compositions originales où le recueillement et la retenue dominent. On retient son souffle, le bassiste et la batteur retiennent l'accès au temps, et l'on glisse sur un tapis de félicité. Le disque culmine peut-être avec When Things Fall Apart, inspiré de l'aveu même du pianiste par la composition qui donnait son titre au premier disque gravé avec Avishai Cohen. Et l'on conclut par un souvenir rythmique d'un voyage à Brazzaville, où le tempo s'anime, mais sans rompre le voile du mystère. Grandes émotions ; grand disque !

Xavier Prévost

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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 18:00

 

Françoise Toullec (piano Opus 102)

Villethierry (Yonne), octobre 2018

Gazul Records GA 8874 / Muséa

 

Un disque très singulier, inspiré par l'Opus 102, piano hétérodoxe de 102 notes, à cordes parallèles et fortes dimensions (le piano fait 3 m de longueur), un instrument surgi de l'imagination et de l'artisanat d'exception de Stephen Paulello. Après plusieurs mois de travail dans le studio du pianiste-facteur de pianos, au Hameau du Coquin, Françoise Toullec s'est sentie prête à exprimer, dans l'improvisation comme dans la composition, tout ce qu'elle a pu extraire de cet instrument d'exception. Plutôt que de faire parler les accessoires dont elle use couramment dans ses préparations du piano (vis, pinces et autres chevilles), la pianiste s'est tournée vers d'autres objets (baguettes de xylophone, verre, plectre, et aussi un archet électronique qui met en résonance les cordes, le e-bow, qui a inspiré le titre du CD, «Un Hibou sur les cordes». Et elle a surtout pris le parti de faire entendre au maximum les qualités de l'instrument : profondes résonances des cordes très longues, riches harmoniques sublimées par une structure dépourvue d'entretoises, et de belles couleurs dans tous les registres. On part de profondes oscillations dans les notes graves pour gagner des couleurs transparentes d'accords dans le haut médium, chaque son est comme une aventure pour la musicienne, et nous partons avec elle à la conquête de l'inouï. On s'aventure alors vers de sinueuses lignes qui jouent avec les tonalités avant de glisser dans monde des accords, pour bifurquer ensuite vers de nouveaux jeux sonores. Puis viennent des sons qui résonnent en majesté, sur tout le spectre : beauté du son, souci de laisser sonner et vivre. Vient un hululement qui laisse augurer quelque nouveau mystère, et l'excursion se poursuit dans les profondeurs de ce piano hors-norme. Et ainsi de suite de plage en plage, de traits contemporains en accords mystérieux : c'est fascinant, et d'une totale singularité, pour nous rappeler que le singulier est la voix d'accès, royale, qui conduit à l'art, l'art à l'œuvre.

Xavier Prévost

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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 11:52

 

Fred Hersch (piano), Drew Gress (contrebasse), Tom Rainey (batterie)

New York, Village Vanguard, 18 juillet 1997

Palmetto 953957219233 / Bertus

 

Un inédit qui fait revivre le premier passage de Fred Hersch en leader au Village Vanguard, un club où il était maintes fois venu œuvrer en sideman. Un grand moment, pour un trio déjà très rôdé, qui nous émerveille par sa cohésion, sa réactivité, et cette profonde musicalité par quoi il n'est jamais question d'effet appuyé, de vaine ostentation ou de désir d'épater l'amateur : rien que le flagrant désir de 'faire musique ensemble'. Cinq standards richement parés d'aménagements originaux (par exemple l'intro et l'exposé de la première plage, Easy to Love), plus deux compositions du pianiste (dont Evanessence, issu de son hommage à Bill Evans en 1990) et un thème du contrebassiste. C'est brillant, intense, rythmiquement tendu dans une parfaite maîtrise, avec ce qu'il faut d'imprévisible pour nous tenir en haleine, par exemple au début de You Don't Know What Love Is, après intro et exposé très rythmiques, divergents sur le plan de l'accentuation mais près du texte harmo-mélodique, une escapade hors champ, comme un geste de liberté assumée. Très lyrique, sans jamais verser dans la sensiblerie ; très subtil, sans sombrer dans l'hermétisme. Bref du Grand Art Vivant. En 1997 Fred Hersch était déjà un soliste majeur.

Xavier Prévost

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Fred Hersch jouera en solo à la Maison de la Radio le samedi 9 mars 2019. Concert à 20h30, avec en première partie le quartette du saxophoniste Mark Turner

https://www.maisondelaradio.fr/fred-hersch-solo

Fred Hersch animera une classe de maître au Conservatoire National Supérieur de musique et de Danse de Paris, à l'issue de laquel il donnera un concert en solo, Salle Maurice Fleuret, le mercredi 13 mars à 19h

ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION à partir du 27 février - reservation@cnsmdp.fr


 

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 14:48
ANTONY SOLER QUARTET  MELODY TO MY SKULL

 

ANTONY SOLER QUARTET

MELODY TO MY SKULL

DURANCE AS012019/ABSILONE- SOCADISC

http://s198358153.onlinehome.fr/index.html

Voilà un excellent album qui est sorti le premier janvier dernier sur Label DURANCE, tout à fait étonnant car en regardant la pochette aux couleurs et rappels psychédéliques qui s’inspire beaucoup de celle de Sergent’s Pepper des Beatles, on ne s’attend pas du tout à ce qui va suivre. Cela commence par des reprises de chansons pop et disco d’ Earth Wind & Fire “ Star”, de Gainsbourg ( variation tonique au Fender de“La Javanaise” réussie ) et de Terry Moïse ( son premier single en 1996, “Les poèmes de Michelle” dans une reprise tendre et désolée).

Mais le répertoire devient plus original avec des chansons plus directement ancrées dans l’americana,  compositions de “songwriters” de la West Coast actuelle, par exemple  le duo “Pomplamoose” des jeunes époux très complices Jack Conte et Nataly Dawn... Ce qui permet au passage de découvrir une nouvelle génération de trentenaires, de quadras comme John Mayer “ Daughters”.

Le batteur Antony Soler a de qui tenir. Son père Alain SOLER, polyinstrumentiste et pédagogue réputé est fondateur de l’AMI(Atelier de musiques improvisées) lieu phare de création en PACA. Il est ingénieur son de formation et a fait partie du quartet d’André JAUME, une référence évidente. Il a su s’entourer de musiciens impeccables qui l’accompagnent avec un réel talent.

La musique est prenante : un groove lumineux, une certaine poésie folk et parfois un spleen très aérien. Sans déstructurations trop abruptes, ni fioritures inutiles mais un alliage fait des timbres de la basse électrique organique de Laurent David, clairement audible et du piano élégant d’Alexandre Saada. Thomas Puybasset aux divers saxophones est aussi impressionnant. Comparé aux chansons originales assez minimalistes, l’habillage jazz est tout indiqué pour donner de nouvelles couleurs, de la tendresse et de la chair à des mélodies simples sans être simplistes, un peu trop épurées peut être, interprétées à la guitare sèche. Elles prennent avec l’envol très haut perché du soprano, les ponctuations du piano, le drive énergique de la batterie, un autre sens, plus inventif et sophistiqué même, une réelle intensité. Elégance, subtilité et intelligence du jeu collectif, ces musiciens ont toutes ces qualités et ils accomplissent le tour de force de nous intéresser jusqu' au  final impressionnant qui poursuit bien après le dernier suspens.

Tout un art de petites pièces libres, vives mais aussi intimistes, caressantes. Une belle découverte "régionale" qui ne devrait pas rester confinée aux limites de la PACA. Vivement conseillé en disque et … en concert!

 

Sophie CHAMBON

 

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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 13:07
CHRISTIAN GAUBERT ANDRE CECCARELLI DIEGO IMBERT  LIGNE SUD  TRIO & GUESTS MUSIQUES DE FILMS ET JAZZ9

CHRISTIAN GAUBERT ANDRE CECCARELLI DIEGO IMBERT

LIGNE SUD   

MUSIQUES DE FILMS ET JAZZ

TRIO & GUESTS

ARRANGEMENTS CHRISTIAN GAUBERT

 

CRISTAL RECORDS DISTRIBUTION SONY MUSIC ENTERTAINMENT

 

https://www.cristalrecords.com/albums/musiques-de-film-et-jazz/

Les arrangeurs donnent de belles couleurs aux chansons qu’ils habillent, se mettant humblement au service des mélodies en authentique compositeurs. Il est bon de leur rendre hommage. Le pianiste compositeur et arrangeur marseillais Christian GAUBERT a toujours conjugué deux amours celui du jazz et du cinéma et cela tombe bien ! Son dernier album, le troisième du trio LIGNE SUD, avec le batteur niçois André CECCARELLI et le Contrebassiste Diego IMBERT qui remplace Jannnick TOP, également marseillais est consacré aux musiques des films qu’aime le pianiste et pas nécessairement ceux dont il a écrit la musique. Il fut l’ami et complice de Francis LAI, son arrangeur attitré, avec le tube planétaire de Love Story, sorti en 1971.

La formule gagnante du trio (piano, basse, batterie) http://lesdnj.over-blog.com/article-ligne-sud-trio-121873339.html#_edn1 est élargie au sextet avec l’adjonction de trois formidables “guests”, le clarinettiste et saxophoniste Thomas SAVY, le trompettiste, marseillais de coeur, Christophe LELOIL et son fils, le guitariste Julien GAUBERT. Comme le répertoire reprend de nombreuses chansons , une chanteuse est de la partie Karine MICHEL pour “Un homme et une femme de Francis Lai composée avec Pierre BAROUH, ou la cultissime “Chanson d’Hélène” (Les choses de la vie) ainsi que le non moins célèbre “Moon River” de Johnny MERCER et Henri Mancini pour Audrey HEPBURN dans Breakfast at Tiffany’s, le merveilleux film de Blake EDWARDS d’après Truman Capote. On voit que Karine MICHEL n’a pas la partie la plus facile.

Le livret de cet album, sorti chez Cristal records est de Stéphane LEROUGE l’un des plus grands experts de musiques de films, concepteur de la collection “ECOUTEZ LA MUSIQUE”, chez Universal Music France. Quand il écrit “une ligne de chant claire qui parle au coeur, aux sentiments mais troublée par une harmonisation complexe”, on ne saurait mieux dire.

Car ce qui plaît d’emblée, c ’est la façon dont Gaubert et ses amis reprennent “His eyes Her eyes”, l’un des passages les plus connus de la B.O L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison (1969) qui valut à Michel Legrand son premier oscar. Et une fois de plus, le miracle du jazz intervient : on reconnaît le thème immédiatement rafraichi, si plaisant quand saxophone et trompette font leur entrée, puis la variation naît, quand tous se mettent à improviser, avec cette surprenante familiarité qui est l’essence du jazz. Et cela est d’autant plus remarquable quand on connaît la version “princeps”, un peu plus emphatique.

Ainsi se laisse-t-on entraîner dans ces musiques de films qui sont un peu celles de sa vie, choisies par Christian GAUBERT : le Brésil d’ Orfeu Negro de Marcel CAMUS, la comédie délicieuse d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément, où le pianiste rejoue et transfigure la musique de Vladimir COSMA avec des accents proches parfois des mélodistes d’Hollywood comme David Raksin. Ça swingue plus assurément que dans la Bo du film!

Deux pépites complètement inconnues de Gaubert montrent aussi son talent de compositeur “The little girl who lives down the lane” du film éponyme de Nicolas Gessner, très jazz rock , époque oblige avec de belles interventions de son fils Julien à la guitare et “La puce et le privé”, film également éponyme de Roger Kay.

On redécouvre aussi l’un des thèmes très symphoniques du grand John WILLIAMS pour le non moins célèbre E.T et ce n’est pas mal non plus de réécouter cette version jazz pour finir cet album de coeur. Ce qui frappe à l’écoute complète de cet album est la diversité de talents de ce musicien méconnu dont celui de savoir s’entourer d’une aussi belle équipe n‘est pas le moindre!

Sophie CHAMBON

 

 

 

 

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 11:02

Crédit photo : Frt Photo / artwork : Jean-François Santarelli

 

Carine Bonnefoy (composition, arrangements, direction, piano), Jean-Michel Charbonnel (contrebasse), André Charlier (batterie, percussions), Frédéric Favarel (guitare), Claude Egea (trompette, bugle), Jean-Jacques Justafré (cor), Damien Verherve (trombone), Stéphane Guillaume (saxophones soprano & ténor, flûte), Stéphane Chausse (saxophone alto, clarinette, clarinette basse), Nelly Lavergne, Déborah Tanguy, Manu Domergue (voix), Johan Renard, Antoine Delprat (violons), Séverine Morfin (alto), Jean-Philippe Feiss (violoncelle), Shankar Kirpalani  (basse). Invités sur la dernière plage : Laura Littardi, Nathalie James, Georges Bloch (voix)

Videlles (Essonne), sans date

Music Box Publishing CB 004 

disponible en téléchargement sur les plateformes depuis le 8 février 2019

distribution à partir d'avril 2019 : Music Box Publishing / Socadisc

 

Un nouveau disque, et un nouveau projet qui prolonge le travail entrepris au début des années 2000 avec le Metropole Orchestra des Pays-Bas (concert au dans la salle Olivier Messiaen de Radio France en novembre 2004, sous la direction de Vince Mendoza, publié sur disque en 2007 «Outre-Terres/Overlands», Cristal Records). Après cette expérience en compagnie d'un effectif impressionnant (53 musicien-ne-s, dont 26 cordes, plus 6 solistes invités), le Large Ensemble prolonge l'aventure avec un effectif (relativement) plus modeste : 17 instrumentistes. Ce sera le disque «Tribal», enregistré en 2009 et publié l'année suivante.

Aujourd'hui l'effectif demeure, avec beaucoup des personnes impliquées depuis le début du Large Ensemble. L'une des sources d'inspiration musicale perdure, depuis Outre-Terres : l'origine polynésienne, par sa mère, de la pianiste-compositrice née à Toulon. On retrouve les grands espaces, les traversées océaniques, la pulsation des musiques du monde alliées à celles du jazz. Mais l'inspiration semble libérée des entraves de la mémoire pour se projeter dans une expression du présent, où la sensualité fait jeu égal avec l'ambition artistique. Bonheur des mélodies, turbulents méandres de l'orchestration, fine écriture pour le quatuor à cordes, liberté et inspiration des solistes : tout y est. On sent que les instrumentistes engagés dans le projet le sont pour la qualité de l'écriture, où ils puisent le terreau fertile de leurs improvisations. Et comme dans les précédents disques, les voix apportent une couleur singulière, quelque chose de lumineux qui exacerbe encore le lyrisme. Chaque plage poursuit le mouvement collectif qui paraît lier indissociablement la compositrice-pianiste et ses partenaires. Et après une respiration percussive signée André Charlier, c'est un final en apothéose où le chœur surgit des lignes et des acords du piano, ultime revendication d'un lyrisme réaffirmé. Belle réussite que ce disque qui rejoint dans sa réalisation l'idéal qui présidait au projet.

Xavier Prévost

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Le Large Ensemble célèbrera ma sorte de ce disque par un concert le mercredi

février à 20h30 au Bal Blomet, Paris XVème.

http://www.balblomet.fr/events/todaytomorrow/

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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 21:54

 

PIERRE de BETHMANN Medium Ensemble «Volume 3, Todhe Todhe»

Pierre de Bethmann (piano, piano électrique), Stéphane Guillaume (flûte, saxophone ténor), Sylvain Beuf (saxophone alto), David El-Malek (saxophone ténor), Thomas Savy (clarinette basse), Sylvain Gontard (trompette, bugle), Denis Leloup (trombone), David Patrois (vibraphone, marimba), Simon Tailleu (contrebasse), Karl Jannuska (batterie)

Paris, 10-11 juillet 2018

Aléa 011 / Socadisc


 

Ils étaient douze pour le précédent album («Exo, volume 2», chronique sur le site en suivant ce lien). Exeunt voix, cor et tuba, bienvenue au vibraphone/marimba, et au format tentet. Ce disque et son programme concluent deux années de résidence au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines. Changement de nomenclature, mais aucun renoncement au projet musical : un dialogue tendu entre les instrument(iste)s et l'orchestre. Tendu et exigeant, aventureux, très libre dans sa rigueur compositionnelle. Deux CD distincts, deux histoires d'apparence autonome qui cependant tissent des liens l'une avec l'autre. Ce qui semble prévaloir, c'est l'amour des solistes (et tous sont de grands solistes), immergés dans un déroulement subtilement directif : on n'est pas comme chez André Hodeir dans l'improvisation simulée, mais plutôt dans l'impro balisée : le contexte musical paraît guider chacun sur un sentier où il excelle et va s'épanouir.

CD1, on part sur un rythme marqué, et trompeur. La ligne mélodique est fragmentée, les timbres se mêlent et donnent de l'épaisseur au propos, attisant les tensions. Survient le piano qui, comme souvent chez Pierre de Bethmann, se garde bien de dérouler des valeurs rythmiques prévisibles : tout ça raconte déjà des histoires, plusieurs scénarios dont on peut penser qu'ils vont s'offrir une partie de cache-cache, et s'évertuer peut-être à nous égarer.... Je ne vais pas vous détailler le contenu de chacune des 4 plages du CD 1, et des 5 titres du CD 2 : je n'en ai ni la compétence musicologique, ni le courage. Sachez simplement que cette musique finement élaborée déploie des couleurs qui vous toucheront même si vous n'en élucidez pas tous les mystères, et que l'on est face à un disque qui va (peut-être) livrer ses secrets écoute après écoute. C'est le propre d'un art accompli.

Xavier Prévost

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Présentation du CD sur YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=1hAmsk15_B4

Le groupe jouera le vendredi 15 février à 20h30 au Stduio de l'Ermitage, à Paris

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